Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 15 novembre 2016

Trump versus Hillary: Le NY Times reconnaît n'avoir pas fait du bon travail

New-York-Times-448x293.jpg

Trump versus Hillary: Le NY Times reconnaît n'avoir pas fait du bon travail

Dans une lettre à ses lecteurs, l’éditeur du New York Times Arthur Sulzberger Jr. s’excuse que l’icône emblématique du journalisme de gauche ait été malhonnête dans sa couverture de la campagne de Donald Trump.

«Nous entendons nous recentrer sur la mission fondamentale du journalisme du Times promet Sulzberger, et qui consiste à rapporter honnêtement ce qui se passe en Amérique et dans le monde, sans crainte ni faveur.» 

-----

Dans le journalisme, l'objectivité et l'impartialité n'existe pas. Seule la vérité est déterminante. 

Personnellement, je me réjouis de voir des catholiques avoir des opinions différentes, être de gauche ou de droite, avoir voté pour ou contre Hillary, pour ou contre Trump. Les laïcs, comme l'avance le Concile Vatican II, jouissent d'une juste et saine autonomie dans les questions temporelles. Vive la liberté. L'axiome de Charles Maurras, "la politique d'abord" est une funeste erreur. 

Amoris Laetitia et les 4 Cardinaux

Unknown-2.jpeg

Amoris Laetitia et les 4 Cardinaux

L'attitude est pour le moins contradictoire, comme si l'on voulait mettre de la fumée en espérant que les pompiers vont arriver. Revenons aux fondamentaux des cardinaux. 

Lors de leur création par le Pape durant un Consistoire, ils font leur profession de foi solennelle et prête serment ensemble « devant le peuple de Dieu » en disant en latin:

« Je promets et je jure de rester, à partir de maintenant et pour toujours tant que je vivrai, fidèle au Christ et à son Evangile, constamment obéissant à la Sainte Eglise apostolique Romaine, au bienheureux Pierre dans la personne du Souverain pontife François et de ses successeurs canoniquement élus; de conserver toujours en parole et en acte la communion avec l’Eglise catholique; de ne manifester à personne ce qui m’aura été confié de garder et dont la révélation pourrait porter préjudice ou déshonorer la Sainte Eglise; d’accomplir avec une diligence et fidélité les devoirs auxquels je suis appelé dans mon service de l’Eglise, selon les normes du droit. Que le Dieu tout-puissant me vienne ainsi en aide ».

Cardinaux: jusqu'à l'effusion du sang pour la paix et la tranquillité du peuple de Dieu

« Recevez la barrette rouge en signe de la dignité du cardinalat pour signifier que vous devez être prêts à vous comporter avec force, jusqu’à l’effusion du sang, pour la croissance de la foi chrétienne, pour la paix et la tranquillité du peuple de Dieu et pour la liberté et la diffusion de la Sainte Eglise Romaine ».

lundi, 14 novembre 2016

Amoris Laetitia et questions de quatre Cardinaux: et si le Pape ne répondait pas

Amoris Laetitia: questions de quatre Cardinaux ?

Questions ?

Matthieu 2, 23-27

Jésus était entré dans le Temple...

Unknown.jpeg...et, pendant qu'il enseignait, les chefs des prêtres et les anciens du peuple l'abordèrent pour lui demander : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t'a donné cette autorité ? » Jésus leur répliqua : « A mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d'où venait-il ? du ciel ou des hommes ? »

Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : 'Du ciel', il va nous dire : 'Pourquoi donc n'avez-vous pas cru à sa parole ?' Si nous disons : 'Des hommes', nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. »

Sandro Magister est-il le nouveau Magistère ?

Unknown.jpeg

Sandro Magister est-il le nouveau Magistère ?

Quatre Cardinaux auraient posé des questions au Pape sur Amoris Laetitia, l'exhortation apostolique sur la famille, notamment sur le chapitre VIII (blog de l'Homme Nouveau). Le Pape n'aurait pas répondu. Et il aurait sans doute bien fait. La missive daterait du mois de septembre et face au silence, ils auraient décidé de la publier. 

Quatre Cardinaux face à Amoris Laetitia

Les théologiens ne sont-ils pas au service du Magistère et les Cardinaux les plus proches collaborateurs et conseillers du Pape jusqu'à l'effusion du sang afin que le peuple de Dieu marche sur des près d'herbes fraîches ? Une théologie compliquée bloque la Miséricorde. 

Comme l'écrit fort bien le Pape François: "Il faut de l’ouverture d’esprit pour ne pas s’enfermer avec obsession dans quelques idées, et il faut de la souplesse afin de pouvoir modifier ou compléter ses propres opinions".

Il règne dans les esprits un soupçon (un zeste) de complot, une idéologie de la rupture, une sorte d'esprit malin qui opérerait par une main invisible, comme si le Pape François et les évêques en communion avec lui n'enseignaient plus la foi. L'exhortation apostolique ne renie en rien l'enseignement de Saint Jean-Paul II (le Pape de la famille) ou son Encyclique sur la morale"Veritatis Splendor". 

images-1.jpegLe Synode pour la famille, consultatif et présidé par Pierre, donc le Pape François, a donné lieu à des débats difficiles dans un climat de haute tension (discours de conclusion du Synode en 2014)

L'exhortation apostolique est la synthèse de tout le processus synodale qui reflète la pensée du Magistère de l'Eglise. Elle jette d'abord un regard sur la réalité concrète

"Je rends grâce à Dieu du fait que beaucoup de familles, qui sont loin de se considérer comme parfaites, vivent dans l’amour, réalisent leur vocation et vont de l’avant, même si elles tombent souvent en chemin. Un stéréotype de la famille idéale ne résulte pas des réflexions synodales, mais il s’en dégage un collage qui interpelle, constitué de nombreuses réalités différentes, remplies de joies, de drames, et de rêves. Les réalités qui nous préoccupent sont des défis". 

Amoris Laetitia est un manuel de pastorale pour aujourd'hui qui intègre la complexité de la vie, ou s'entremêle la vérité et la lumière libérantes de l'Evangile, comme la magnifique médiation de l'hymne à la charité de Saint Paul, ou des conseils pratiques (pardon, merci, s'il-te-plaît), ou encore la prise en compte des fragilités humaines qui nous touchent tous. Le ton est cependant rempli de joie et d'espérance. 

"Les Pères synodaux ont affirmé que le discernement des Pasteurs doit toujours se faire « en distinguant attentivement » les situations, d’un « regard différencié ». Nous savons qu’il n’existe pas de « recettes simples"". 

Il en résulte cependant un document du Magistère dont les réalités principales sont peut-être celles-ci: 

ACCOMPAGNER, DISCERNER ET INTÉGRER LA FRAGILITÉ

- la loi de la gradualité a été approfondie. Nous avançons vers le Christ aux pas de Dieu, sur un plan incliné, avec des petits pas (Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus dirait: "lever son petit pied"). 

"Dans ce sens, saint Jean-Paul II proposait ce qu’on appelle la ‘‘loi de gradualité’’, conscient que l’être humain « connaît, aime et accomplit le bien moral en suivant les étapes d'une croissance". 

- le discernement s'opère avec les lumières du Magistère. Les Pasteurs se retroussent les manches et ne craignent pas d'affronter les situations obscures de la vie, en se salissant les mains, afin de répandre la grâce de Dieu qui agira plus puissamment dans la vie concrète et réelle que n'importe quelles théories. Les situations de notre vie ne saurait se résumer à une théologie de tableau noir. L'Eglise n'est pas un salon théologique où l'on boit une tasse de thé. 

"Fidèles à l’enseignement du Christ, nous regardons la réalité de la famille aujourd’hui dans toute sa complexité, avec ses lumières et ses ombres ... "

"... ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église. Pour qu’il en soit ainsi, il faut garantir les conditions nécessaires d’humilité, de discrétion, d’amour de l’Église et de son enseignement, dans la recherche sincère de la volonté de Dieu et avec le désir de parvenir à y répondre de façon plus parfaite".

- la vérité de l'Evangile, la bonne nouvelle du saint sacrement du mariage, est attractive.

"l’Église doit accompagner d’une manière attentionnée ses fils les plus fragiles, marqués par un amour blessé et égaré, en leur redonnant confiance et espérance, comme la lumière du phare d’un port ou d’un flambeau placé au milieu des gens pour éclairer ceux qui ont perdu leur chemin ou qui se trouvent au beau milieu de la tempête".

images.jpeg

- la meilleure interprétation d'Amoris Laetitia se trouve sans aucun doute au confessionnal dans un dialogue patient et confiant entre la conscience et le Christ. La Miséricorde, est toujours liée à la Vérité. Le prêtre est l'artisan d'une rencontre, entre une personne avec sa vie difficile et le Christ en personne, qui est le chemin, la vérité et la vie.

"Certes, parfois « nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile".  

- si le prêtre discerne une toute petite ouverture de la porte du coeur, alors l'absolution sacramentelle est possible.

"Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements. Voilà pourquoi, « aux prêtres je rappelle que le confessionnal ne doit pas être une salle de torture mais un lieu de la miséricorde du Seigneur » Je souligne également que l’Eucharistie « n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles".  

La présence de la personne au confessionnal est déjà un beau signe, un pas. Si l'esprit est résolument fermé, alors un temps de prière et une bénédiction seront la marque de l'accueil bienveillant de l'Eglise. 

Unknown-1.jpeg"Le compagnon de la nièce du Pape François, mariée civilement avec "un homme extrêmement pieux, qui allait à la messe tous les dimanches, qui se connaissait disait au prêtre: "Je sais que vous ne pouvez pas me donner l'absolution, mais j'ai péché en ceci et en cela, donnez-moi une bénédiction". Cela est un homme religieusement formé conclut le Pape". Pape François, le nom de Dieu est Miséricorde 

dimanche, 13 novembre 2016

Non à l'acharnement thérapeutique et à Exit

Non à l'acharnement thérapeutique et à Exit

Le suicide d'un homme qui voulait partir avec Exit donne lieu à bien des commentaires sur les réseaux sociaux. Force est de constater déjà deux points communs: la volonté de soulager la souffrance et le refus de l'acharnement thérapeutique. 

L’acharnement thérapeutique désigne, dans le domaine médical, l'emploi de thérapies exagérément lourdes pour le patient, disproportionnées par rapport à l'amélioration attendue. L'Eglise est "farouchement"t contre l'acharnement. 

"La cessation de procédures médicales onéreuses, périlleuses, extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus peut être légitime. C’est le refus de " l’acharnement thérapeutique ". On ne veut pas ainsi donner la mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher".  Catéchisme de l'Eglise catholique

La divergence porte sur le moyen utilisé. Un soutien humain pour soulager promeut notre dignité humaine. Or, Exit propose d'avaler un poison mortel. Le serment d'Hippocrate, qui date d'avant Jésus-Christ, ne le conseillait pas: 

"Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion"

La difficulté provient surtout du fait que Mr N. n'était pas en fin de vie. Une aide pour continuer son chemin était adéquate. Nous avons surtout besoin d'humanité, d'amitié, de soutien, d'écoute et d'amour. Navrant de culpabiliser ses deux frères ou de les rendre responsables d'un suicide. Exit qui proposait assurément un suicide. 

15032683_1212880848750049_1154717338879399411_n.jpg

Les contradictions se révèlent: Sur quoi repose le volontariat ? la solidarité ? l'humanitaire ?

Pourquoi les campagnes contre la peine de mort ?

Pourquoi les campagnes sans-tabac ? un Noël solidaire ? la main tendue ? le numéro 143 ? pourquoi la ligne de coeur de Jean-Marc Richard sur la RTS ? pourquoi adressons-nous notre sympathie aux personnes qui ont perdu un être cher ? pourquoi devenir psychologue, psychiatre, médecin, infirmière  ? pourquoi s'engager dans l'humanitaire ? à la Croix-Rouge ? pourquoi Genève est-elle dépositaire de la convention des droits de l'homme ? pourquoi les cartons du coeur ? la prévention routière ? les campagnes médiatiques pour la lutte contre le cancer ?

Nous pourrions multiplier les exemples. Notre premier réflexe est pour la vie.

Exit fait la une car son action pour la mort fait sensation et agite les émotions. 

En ce mois de novembre, l'Eglise nous invite à prier pour les défunts. J'ai célébré la Messe pour Monsieur N. qui n'a pas choisi de nous quitter, mais fut emporté par son mal-être profond. Les propos manipulatoires d'Exit l'ont très certainement torturé. 

Soulager la souffrance ne consiste pas à supprimer la personne qui souffre. Avec ou sans Exit, l'issue est d'ailleurs identique: la mort par suicide. 

"Des troubles psychiques graves, l’angoisse ou la crainte grave de l’épreuve, de la souffrance ou de la torture peuvent diminuer la responsabilité du suicidaire".Catéchisme de l'Eglise catholique 

 Donne-lui Seigneur le repos éternel et que brille à ses yeux la lumière sans déclin et qu'il repose dans la Paix. 

Pape François: je voudrais qu’aujourd’hui soit la « journée des pauvres »

JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE

PERSONNES SOCIALEMENT EXCLUES

 

Source

Dimanche, 13 novembre 2016

Le pape François a célébré le 13 novembre 2016 à la basilique Saint-Pierre à Rome (Italie), la messe de conclusion du jubilé des personnes pauvres, organisé par l'association Fratello . Le Souverain pontife a expliqué que les pauvres sont la “vraie richesse“ de l’Eglise, parce qu’ils détournent de “l’esprit du monde“.

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

011-e1479031332914.jpg « Pour vous […] le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement » (Ml 3, 20). Les paroles du prophète Malachie, que nous avons entendues dans la première lecture, éclairent la célébration cette journée jubilaire. Elles se trouvent à la dernière page du dernier prophète de l’Ancien Testament et sont adressées à ceux qui ont confiance dans le Seigneur, qui mettent leur espérance en lui, en le choisissant comme le bien suprême de la vie et en refusant de vivre uniquement pour soi et pour ses intérêts personnels.

Pour ceux-là, pauvres de soi mais riches de Dieu, se lèvera le soleil de sa justice : ils sont les pauvres en esprit, à qui Jésus promet le royaume des cieux (cf. Mt 5, 3) et que Dieu, par la bouche du prophète Malachie, appelle « mon domaine particulier » (Ml 3, 17).

Le prophète les oppose aux superbes, à ceux qui ont mis la sécurité de la vie dans leur autosuffisance et dans les biens du monde. Derrière cette page finale de l’Ancien Testament, se cachent des questions qui interpellent sur le sens dernier de la vie : où est-ce que moi je cherche ma sécurité ? Dans le Seigneur ou dans d’autres sécurités qui ne plaisent pas à Dieu ? Vers où s’oriente ma vie, vers où se dirige mon cœur ? Vers le Seigneur de la vie ou vers des choses qui passent et ne comblent pas ?

Des questions similaires apparaissent dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui. Jésus se trouve à Jérusalem, pour la dernière et la plus importante page de sa vie terrestre : sa mort et sa résurrection. C’est aux alentours du temple, orné « de belles pierres et d’ex-voto » (Lc 21, 5). Les gens sont précisément en train de parler des beautés extérieures du temple, lorsque Jésus dit : « Ce que vous voyez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre » (v. 6). Il ajoute qu’il ne manquera pas de conflits, de famines, de bouleversements sur la terre et dans le ciel. Jésus ne veut pas effrayer, mais nous dire que tout ce que nous voyons passe inexorablement. Même les royaumes les plus puissants, les édifices les plus sacrés et les réalités les plus stables du monde ne durent pas pour toujours. Tôt tout tard, ils s’effondrent.

Celui qui suit Jésus ne prête pas l’oreille aux prophètes de malheur, aux vanités des horoscopes

CPsWCqTVEAAwNII-e1478943245863.jpgFace à ces affirmations, les gens posent immédiatement deux questions au Maître : « Quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » (v. 7). Quand et quel… Nous sommes toujours poussés par la curiosité : on veut savoir quand et avoir des signes. Mais cette curiosité ne plaît pas à Jésus. Au contraire, il exhorte à ne pas se laisser tromper par les prédicateurs apocalyptiques.

Celui qui suit Jésus ne prête pas l’oreille aux prophètes de malheur, aux vanités des horoscopes, aux prédications et aux prédictions qui suscitent peur, en distrayant de ce qui compte. Parmi les nombreuses voix qui se font entendre, le Seigneur invite à distinguer ce qui vient de lui et ce qui vient de l’esprit faux. C’est important : distinguer l’invitation sage que Dieu nous adresse chaque jour de la clameur de celui qui se sert du nom de Dieu pour effrayer, alimenter des divisions et des peurs.

Jésus invite fermement à ne pas avoir peur face aux bouleversements de chaque époque, même pas face aux plus graves et plus injustes épreuves qui arrivent à ces disciples. Il demande de persévérer dans le bien et dans la pleine confiance mise en Dieu, qui ne déçoit pas : « Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu » (v. 18). Dieu n’oublie pas ses fidèles, son précieux domaine, que nous sommes.

Mais il nous interpelle aujourd’hui sur le sens de notre existence. Par une image, on pourrait dire que ces lectures se présentent comme un ‘‘tamis’’ dans le déroulement de notre vie : elles nous rappellent que presque tout en ce monde passe, comme l’eau qui coule ; mais il y a de précieuses réalités qui demeurent, comme une pierre précieuse sur le tamis. Qu’est-ce qui reste, qu’est-ce qui a de la valeur dans la vie, quelles richesses ne s’évanouissent pas ? Sûrement deux : le Seigneur et le prochain. Ces deux richesses ne s’évanouissent pas. Voilà les plus grands biens à aimer. Tout le reste – le ciel, la terre, les choses les plus belles, même cette Basilique – passe, mais nous ne devons pas exclure de notre vie Dieu et les autres.

Néanmoins, précisément aujourd’hui, lorsqu’on parle d’exclusion, viennent à l’esprit immédiatement des personnes concrètes ; pas des choses inutiles, mais des personnes précieuses. La personne humaine, placée par Dieu au sommet de la création, est souvent rejetée, car on préfère les choses qui passent. Et cela est inacceptable, parce que l’homme est le bien le plus précieux aux yeux de Dieu. Et c’est grave qu’on s’habitue à ce rejet ; il faut s’inquiéter, lorsque la conscience est anesthésiée et ne prête plus attention au frère qui souffre à côté de nous ou aux problèmes sérieux du monde, qui deviennent seulement des refrains entendus dans les revues de presse des journaux télévisés.

C’est un symptôme de sclérose spirituelle lorsque l’intérêt se concentre sur les choses à produire plutôt que sur les personnes à aimer.

Unknown.jpegAujourd’hui, chers frères et sœurs, c’est votre jubilé, et par votre présence, vous nous aidez à nous harmoniser sur la longueur d’onde de Dieu, à regarder ce que lui regarde : il ne s’arrête pas à l’apparence (cf. 1 Sam 16, 7), mais dirige son regard vers « le pauvre, celui qui a l’esprit abattu » (Is 66, 2), vers les nombreux pauvres Lazare d’aujourd’hui. Que cela nous fait mal de feindre de ne pas apercevoir Lazare qui est exclu et rejeté (cf. Lc 16, 19-21) ! C’est tourner le dos à Dieu. C’est tourner le dos à Dieu !

C’est un symptôme de sclérose spirituelle lorsque l’intérêt se concentre sur les choses à produire plutôt que sur les personnes à aimer. Ainsi naît la contradiction tragique de nos temps : plus augmentent le progrès et les possibilités, ce qui est un bien, plus il y a de gens qui ne peuvent pas y accéder. C’est une grande injustice qui doit nous préoccuper, beaucoup plus que de savoir quand et comment il y aura la fin du monde. En effet, on ne peut pas rester tranquille chez soi tandis que Lazare se trouve à la porte ; il n’y a pas de paix chez celui qui vit bien, lorsque manque la justice dans la maison de tout le monde.

Aujourd’hui, dans les cathédrales et dans les sanctuaires du monde entier, se ferment les Portes de la Miséricorde. Demandons la grâce de ne pas fermer les yeux face à Dieu qui nous regarde et devant le prochain qui nous interpelle. Ouvrons les yeux sur Dieu, en purifiant la vue du cœur des représentations trompeuses et effrayantes, du dieu du pouvoir et des châtiments, projections de l’orgueil et de la crainte des hommes. Regardons avec confiance le Dieu de la miséricorde, avec la certitude que « l’amour ne passera jamais » (1 Co 13, 8). Renouvelons l’espérance de la vraie vie à laquelle nous sommes appelés, celle qui ne passera pas et qui nous attend en communion avec le Seigneur et avec les autres, dans une joie qui durera pour toujours, sans fin.

Notre Mère l’Église regarde « en particulier cette partie de l’humanité qui souffre et pleure, car elle sait que ces personnes lui appartiennent par droit évangélique »

Et ouvrons nos yeux sur le prochain, surtout sur le frère oublié et exclu, sur le « Lazare » qui gît devant notre porte. Sur eux pointe la loupe d’agrandissement de l’Église. Que le Seigneur nous libère du fait de diriger cette loupe vers nous-mêmes. Qu’il nous détache des oripeaux qui distraient, des intérêts et des privilèges, de l’attachement au pouvoir et à la gloire, de la séduction de l’esprit du monde. Notre Mère l’Église regarde « en particulier cette partie de l’humanité qui souffre et pleure, car elle sait que ces personnes lui appartiennent par droit évangélique » (Paul VI, Allocution inaugurale de la 2ème Session du Concile Vatican II, 29 septembre 1963). Par droit et aussi par devoir évangélique, car c’est notre tâche de prendre soin de la vraie richesse que sont les pauvres.

A la lumière de ces réflexions, Pape . Une antique tradition, concernant le saint martyr romain Laurent, nous le rappelle bien. Avant de subir un atroce martyre par amour pour le Seigneur, il a distribué les biens de la communauté aux pauvres, qu’il a qualifiés de vrais trésors de l’Église. Que le Seigneur nous accorde de regarder sans peur ce qui compte, de diriger notre cœur vers lui et vers nos vrais trésors.

Des Romands ont rencontré le Pape François. Reportage au 19.30 de la RTS par Valérie Dupont

vendredi, 11 novembre 2016

Le Pape parle de la victoire des martyrs, de la vraie politique, du pouvoir, de Donald Trump avec Scalfari dans la Repubblica

Interview du Pape François avec Scalfari: "ma préoccupation principale sont les réfugiés"

233615463-188441c9-e6c8-46f2-8071-1778db2f4603.jpg

Le Pape parle les réfugiés, de la victoire des martyrs, de la vraie politique, du pouvoir, de Donald Trump avec Scalfari dans la Repubblica

En italien 

Nous ne nous sommes pas embrassés depuis longtemps. "Il me semble que vous allez bien" me dit-il. 

Vous aussi vous semblez en pleine forme, malgré les déchirements dans votre vie.

C'est le Seigneur qui décide. 

Et notre soeur, la mort corporelle. 

Oui corporelle. 

Ce fut la conversation qui a nous a permis d'entrer aussitôt dans les choses plus profondes. 

Sainteté, que penser de Donald Trump ?

Je ne porte pas des jugements sur les personnes et sur les hommes politiques, je veux seulement comprendre quelles sont les souffrances que leurs modes de procéder causent aux pauvres et aux exclus. 

Quelle est alors, en ce moment tellement agité, votre préoccupation principale ?

Bergoglio_Scalfari.jpg"Celle des réfugiés et des immigrés. Une petite partie sont des chrétiens mais cela ne change pas la situation lorsqu'on regarde leurs souffrances et leurs embarras. Les causes sont multiples et nous faisons tout notre possible pour les enlever. Malheureusement, la plupart du temps se sont des mesures qui vont à l'encontre des populations qui craignent de perde leur travail et réduire leur salaire. 

L'argent est contre les pauvres, encore d'avantage contre les immigrés et les réfugiés, mais il y a aussi les pauvres des pays riches, lesquels craignent l'arrivée et l'accueil de leurs semblables provenant des pays pauvres. C'est un processus, un cercle pervers qui doit être arrêté. Nous devons abattre les murs qui divisent: tenter d'augmenter le bien-être et le répandre d'avantage, mais pour atteindre ce résultat nous devons abattre ces murs et construire des ponts qui puissent faire en sorte de diminuer les inégalités et accroître la liberté et les droits. Plus de droits et plus de liberté". 

J'ai demandé au Pape François si les raisons qui contraignent les personnes à immigrer disparaitront un jour ou l'autre. 

C'est difficile de comprendre pourquoi un homme, une famille et une communauté entière ou des peuples veulent abandonner leur propre terre, leurs lieux de naissances, leurs langues. 

Vous Sainteté, au travers des ces ponts à construire, cela favorisera le regroupement de ces personnes désespérés, bien que les inégalités sont nées dans les pays riches. Il existe des lois qui essaient d'en diminuer la portée, mais elles n'ont pas beaucoup d'effet. Est-ce que ce phénomène ne connaitra-t-il jamais une fin ?

Vous avez parlé et écrit souvent sur ce problème. Un des phénomènes provient des inégalités qui encouragent le mouvement de beaucoup de populations d'une pays vers un autre, d'un continent à un autre. Après deux, trois ou quatre générations, des peuples s'intègrent et leurs diversités tendent à disparaître dans le tout". 

Je l'appelle un métissage universel dans le sens positif du terme. 

mouvements-sociaux_650.jpg

Bravo, c'est la parole juste. Cela ne sera pas universel mais se sera cependant plus répandu qu'aujourd'hui. Ce que nous voulons, une lutte contre les inégalités, ceci est le mal majeur qui existe dans le monde. Et l'argent l'engendre et cela est contraire aux mesures qui tendent à égaliser la croissance et donc favoriser l'égalité". 

Vous m'avez dit il y a quelque temps que le précepte "Aime ton prochain comme toi-même" doit changer, étant donné les temps obscurs que nous traversons, et devenir "plus que toi-même". Vous songez à une société où l'égalité l'emporte. Ceci est, comme vous le savez, le programme du socialisme marxiste et puis du communisme. Vous pensez à une société de type marxiste ?

"On me l'a dit plusieurs fois, et ma réponse a toujours été que, alors, ce sont les communistes qui pensent alors comme les chrétiens. Le Christ a parlé d'une société où les pauvres, les plus faibles, les exclus puissent décider eux-mêmes. Non les démagogues, ni les Barabas, mais le peuple, les pauvres, ceux qui ont foi dans le Dieu transcendant ou non; ce sont eux que nous devons aider pour obtenir l'égalité et la liberté". 

Sainteté, j'ai toujours pensé et écrit que vous êtes un révolutionnaire et aussi un prophète. Mais il me semble comprendre que vous espérer que le Mouvement populaire et surtout le peuple des pauvres entre directement dans la vraie et réelle politique 

"Oui, c'est cela. Pas dans ce qu'on appelle la politique politicienne, la recherche du pouvoir, l'égoïsme, la démagogie, mais la haute politique, créative, les grandes visions. Ce qui se trouve dans l'oeuvre d'Aristote. 

J'ai vu que dans votre discours aux mouvements populaires de samedi dernier, vous avez décrit le Ku Klux Klan comme un mouvement honteux, tout comme celui qui lui est opposé bien qu'analogue la Pantère noire. Mais vous avez cité avec admiration Martin Luther King. Ce fut aussi un prophète, qui donne une sens à ce que vous disiez dans l'Amérique libre ? 

"Oui, je l'ai cité avec admiration". 

J'ai lu une citation: je pense qu'il est opportun de la rappeler également pour ceux qui lisent les propos de notre rencontre. "Lorsque tu t'élèves au niveau de l'amour, de sa grande beauté et de son pouvoir, l'unique chose que tu cherches à vaincre sont les mauvais systèmes. Les personnes qui sont prisonnières des ces systèmes tu les aimes, bien que tu cherches à vaincre ce système. La haine pour la haine augmente seulement la haine et le mal dans l'univers. Si je te frappe et que toi tu me frappes, et que je rends le coup et que tu me rends le coup, et ainsi de suite, il est évident que cela va continuer jusqu'à l'infini. D'une part ou de l'autre, quelqu'un doit avoir un peu de bon sens et cette personne est forte, avoir la capacité de casser la chaine de la haine, la chaine du mal".

Mais retournons à la politique et à votre désir que se soient les pauvres et les exclus qui transforment la politique dans une volonté démocratique de réaliser les idéaux et la volonté des mouvements populaires. Vous avez fait l'éloge de la politique car c'est le Christ qui le veut. "Les riches doivent passer par le trou d'une aiguille". Le Christ le désire, non car il est le Fils de Dieu mais parce qu'il est le fils de l'homme. Inévitablement, un affrontement il y aura, le pouvoir est en jeu, et le pouvoir comme vous l'avez dit, comporte une guerre. Aussi, les mouvements sociaux populaires devront soutenir une guerre, une guerre politique, sans arme, sans effusion de sang ?

"Je n'ai jamais pensé à la guerre et aux armes. Le sang peut éventuellement être versé, mais se seront les chrétiens qui seront martyrs comme il advient dans le monde entier, comme l'oeuvre de fondamentalistes de l'ISIS, les bourreaux. Ce sont des être terribles, et les chrétiens sont les victimes". 

Mai vous Saint-Père, vous savez bien que beaucoup de pays réagissent aussi avec les armes pour vaincre l'ISIS. Du reste les armes, les Juifs les utiliseront contre les arabes, et même entre eux. 

Et non, ce n'est pas ce type de conflit que les mouvements populaires chrétiens doivent porter en avant. Nous chrétiens, nous avons toujours été martyrs, et malgré cela, notre foi, au cours des siècles, a conquis une grande partie du monde. Certes, il y a eu des guerres soutenues par l'Eglise contre les autres religions et il y a eu des guerres jusque dans notre religion. La plus tragique fut celle de la Saint Barthélémy, et malheureusement d'autres assez semblables. Mais celles-ci se produisirent lorsque les différents religions et la nôtre, parfois plus que les autres, opposaient le pouvoir temporel à la foi et à la Miséricorde". 

Vous cependant, Sainteté, vous incitez les mouvements populaires à entrer en politique. Qui entre en politique se confrontent inévitablement avec des adversaires. Guerre pacifique, mais il s'agit bien de conflits et l'histoire nous enseigne que dans les conflits se jouent la conquête du pouvoir. Sans le pouvoir, on ne gagne pas. 

" Mais n'oubliez pas qu'il existe aussi l'amour. Souvent l'amour est convainquant, et il est vainqueur même avec le nombres que nous sommes actuellement. Les catholique sont 1,5 milliards, les protestants de différentes confessions 800 millions; les orthodoxes sont 300 milles, puis il y a les autres confessions comme les anglicans, les vaudois, les coptes. Tout compris, les chrétiens atteignent les 2,5 milliards de croyants et peut-être plus. Est-ce qu'il y a fallu les armes et la guerre ? Non ! Martyrs ? Oui, et beaucoup. 

Et ainsi vous avez conquis le pouvoir 

"Nous avons diffusé la foi en prenant l'exemple de Jésus Christ. Lui est le Martyr des martyrs et il a jeté dans l'humanité la semence de la foi. Mais moi , je me garde bien de demander le martyr à celui qui se fondera dans une politique orientée vers les pauvres, pour l'égalité et la liberté. Cette politique est différente de la foi et il y a beaucoup de pauvres qui n'ont pas la foi. Ils ont cependant un besoin urgent et vital et nous devons les soutenir comme nous soutiendrons tous les autres. Comme nous le pourrons et comme nous saurons le faire. 

Pendant que je vous écoute, plus je suis conforté dans ce que je ressens pour vous: d'un pontificat comme le vôtre, il y en a eu peu. D'ailleurs vous avez passablement d'adversaires dans votre Eglise. 

"Je ne dirais pas adversaires. La foi nous unifie tous. Naturellement, chacun de nous individualise et vois les mêmes choses d'une manière différente: objectivement, le cadre est le même, mais subjectivement il est différent. Nous nous le sommes dit plusieurs fois, vous et moi. 

Sainteté, je vous ai retenu trop longtemps et maintenant je vous laisse. 

A ce moment, nous nous sommes salués avec une accolade pleine d'affection. Je lui ai dit de se reposer un peu et il m'a répondu: "vous aussi vous devez vous reposer car un non croyant comme vous doit être le plus éloigné possible de la mort corporelle" C'était un 7 novembre.  

Il voulait se suicider avec Exit et finit par se suicider

15032683_1212880848750049_1154717338879399411_n.jpg

Infrarouge: Il voulait mourir, il n'a pas été entendu. EXIT Suisse romande nous apprend le suicide de Monsieur M., la nuit dernière. Il voulait partir avec l'aide d'Exit, ses deux frères s'y étaient opposés et avaient saisi la justice. Monsieur M. a choisi de mettre fin à ses jours seul. RTS

Note:

Lien

RIP. Une prière pour lui et ses frères. Le suicide n'est jamais une décision. La maladie peut nous emporter vers ce drame. Je prie aussi pour que les membres d'Exit cesse de proposer le suicide, en poussant, si je peux prendre une image, les personnes en bas d'un pont. Pourquoi Fribourg a-t-elle mis des téléphones sur certains ponts ? Pas pour qu'Exit nous pousse en bas, mais pour appeler au secours. Finalement, le résultat est le même: avec ou sans Exit, il s'agit d'un suicide. Je célébrerai une Messe pour cette intention douloureuse. 

De fait, tous les commentaires soit sur le site du Temps, soit sur le site Infrarouge ont un point commun: soulager la souffrance. Nous sommes tous d'accord. Nous divergeons sur le moyen. Supprimer la personne qui souffre (Exit) ou soulager sa souffrance sans acharnement thérapeutique, là est la divergence.  

 

Le Pape des pauvres: un Notre Père avec eux et pour eux

 

Quelques 4 000 hommes et femmes venus de 22 pays européens étaient ainsi réunis autour du Saint-Père ce vendredi matin salle Paul VI au Vatican, premier grand rendez-vous de ce pèlerinage inédit coordonné par l’association française Fratello

 

« Comme je voudrais une Église pauvre pour les pauvres ».

15032860_313747902351703_4384280842807849521_n.jpg(RV) « Comme je voudrais une Église pauvre pour les pauvres ». C’est le souhait qu’avait exprimé le Pape François en mars 2013. Une option préférentielle pour les plus démunis manifestée à l’aube de son pontificat.

Depuis, le Saint-Père n’a eu de cesse de multiplier les paroles et les gestes en faveur des exclus rappelant dans sa première exhortation apostolique Evangelii Gaudium, que « les pauvres ont une place de choix dans le cœur de Dieu ». C’est dans ce même esprit, ce souci des plus petits que le Pape François, à l’occasion de l’année de la miséricorde, a convié à Rome du 11 au 13 novembre les personnes en situation d’exclusion.

Quelques 4 000 hommes et femmes venus de 22 pays européens étaient ainsi réunis autour du Saint-Père ce vendredi matin salle Paul VI au Vatican, premier grand rendez-vous de ce pèlerinage inédit coordonné par l’association française Fratello et qui se tient sur le thème « nous les pauvres, avec François à Rome au cœur de l’Eglise». Avant de prendre la parole, dans sa langue natale, le Pape a écouté deux témoignages de personnes de la rue : celui de Christian, un français, schizophrène, pris en charge par l'association Lazare, et Robert un Polonais, aidé par la communauté des Camilliens.

Ils ont parlé de leurs difficultés mais dit aussi que Dieu avait toujours été aurprès d’eux, même dans les annèes de galère. « Nous ne sommes pas différents des grands de ce monde» a dit le Pape, en reprenant les paroles de Robert, nous allons de l’avant avec nos passions et nos rêves. Certaines des passions nous font souffrir, mais d’autres passions nous font rêver. La dignité de chaque pauvre Revenant sur la pauvreté qui est dans le cœur de l’Evangile, le Saint-Père a expliqué que «ceux qui n’ont pas de toit nous enseignent à ne pas nous satisfaire, ils nous apprennent à rêver à ce qui est au cœur de l’Evangile».

La lumière peut venir malgré chaque situation difficile a t-il poursuivi, en insistant sur la dignité. «Cette dignité que Jésus a eu Jésus face aux pauvres». «Je sais que vous avez rencontré des gens qui voulaient exploiter votre pauvreté a aussi dit le Saint-Père, mais que ce sentiment de dignité vous a sauvé de l’esclavage. L’esclavage, n’est pas dans l’Evangile sinon pour s’en libérer. François a également souligné que l'on rencontrait toujours des plus pauvres que nous, il a évoqué cette capacité d’être solidaire, difficile pour celui qui a beaucoup de richesses.

Le Pape a aussi remercié ceux qui enseignent la solidarité au monde. Revenant sur la paix intérieur dont a parlé Christian, le Pape est revenu sur cette autre pauvreté qui détruit, celle de la guerre. «Nous avons besoin de paix dans le monde, nous avons besoin de paix dans l’Eglise et dans les autres religions. Les religions aident à faire grandir la paix.»

«Je vous remercie d’être venus me visiter et je vous demande pardon si parfois je vous ait offensé par mes paroles, si certains n’ont pas compris l’Evangile qui met la pauvreté au centre. Je vous demande pardon quand des chrétiens tournent le regard de l’autre côté en rencontrant un pauvre» a encore dit le Saint-Père avant de se lever pour réciter une prière: « Dieu Père de nous tous, de chacun de tes enfants, je te demande que tu nous donnes de la force, de la joie, que tu nous enseignes à rêver pour regarder de l’avant , que nous soyons solidaires, que tu nous aide à défendre notre dignité, tu es le Père de chacun de nous. »

Une rencontre qui s’est achevée par cette image très forte de ces gens de la rue imposant leurs mains sur la soutane du Saint-Père, priant avec lui le Notre-Père.

La photo du jour !

15032860_313747902351703_4384280842807849521_n.jpg

La photo du jour (Fratello et le Pape) qui dépasse celle d'hier (Trump, Obama). Le réel pouvoir est celui de l'Amour !

Cw6x6AkWIAAMCI7.jpg

Le Pape ne porte pas de jugement sur Donald Trump

Le Pape ne porte pas de jugement sur Donald Trump

images.jpegInterrogé par le quotidien italien La Repubblica sur le résultat de l'élection aux Etats-Unis, le chef spirituel de l'église catholique a répondu:

"Je ne porte pas de jugement sur les gens et les hommes politiques, je veux seulement comprendre quelles souffrances leur comportement cause aux pauvres et aux exclus."

source: Le Figaro - La Repubblica

jeudi, 10 novembre 2016

Les traces d'un Pasteur, les homélies du Cardinal Bergoglio par le Père Spadaro

Rite extraordinaire, homélies, populisme : nouvelles confidences du pape François

source. La Vie

Le Samaritain


Cw6FptxWQAI4etb.jpg-large.jpegDans tes yeux se trouve ma parole, tel est le titre du livre qui sort en Italie ce 10 novembre et regroupe tous les discours, textes, messages et homélies de la période pendant laquelle Bergoglio était archevêque de Buenos Aires.

Tout ou du moins ce dont il reste une trace écrite ou dont il était possible de faire la retranscription à partir d’un enregistrement.

Un pavé de 950 pages qui s’ouvre par une nouvelle interview, intitulée « Les traces d’un pasteur », donnée au père Antonio Spadaro, jésuite, directeur de la Civilta Cattolica et auteur du premier entretien du pontificat en 2013.

L'occasion pour François de revenir sur un certain nombre de sujets d'actualité.

Le rite extraordinaire

« La simplicité des enfants, m’évoque, avec les adultes, un rite direct, où tout le monde participe, elle m’évoque des messes paroissiales où on expérimente une telle piété. Me viennent à l’esprit des propositions visant à pousser les prêtres à tourner le dos aux fidèles, à repenser Vatican II, à employer le latin. Et cela pas seulement pour des petits groupes mais pour tous », explique le père Spadaro.

Réponse du pape : « Le pape Benoît XVI a posé un geste juste et magnanime pour aller à la rencontre d’une certaine mentalité présente dans certains groupes et parmi les personnes qui, nostalgiques, se sont éloignées. Mais c’est une exception. C’est pourquoi on parle de rite "extraordinaire". L’ordinaire de la messe, ce n’est pas cela. On doit aller à la rencontre de ceux qui sont liés à une certaine manière de prier, il faut être magnanime. Mais l’ordinaire ce n’est pas cela. Vatican II et Sacrosantum Consilium doivent être appliquées tels quels. Parler de la "réforme de la réforme" est une erreur. »

Notes:

Unknown.jpeg- le rite extraordinaire n'existe pas. Il n'y a dans l'Eglise latine qu'un seul et unique rite romain, sous deux formes: ordinaire (selon le bienheureux Paul VI) et extraordinaire (Saint Jean XXIII). Joseph Ratzinger disait bien: ce que l'Eglise a promu saintement durant des siècles ne saurait être abrogé. Il avait eu l'audace de le dire clairement et humblement au bienheureux Pape Paul VI. Dans son livre "derniers entretiens", le Pape émérite développe sa volonté de réconcilier l'Eglise avec elle-même. 

- il est avéré que le Pape Benoît XVI, et le Cardinal Ratzinger, grand spécialiste de la liturgie, n'a jamais utilisé le terme "réforme de la réforme". Sa ligne n'a nullement été de rendre la forme extraordinaire ordinaire. Comme le dit également le Pape François, c'est une exception. Le Cardinal Ratzinger a toujours été pour une diversité liturgique, dans la fidélité à l'Eglise. Il ne célébrait d'ailleurs que la forme ordinaire. 

- les textes de Benoît XVI sont totalement dans la ligne de Sacrosanctum Consilium, la première constitution du Concile Vatican II. Tout comme les interventions du Cardinal Sarah.

- le Cardinal Sarah, préfet de la congrégation pour la discipline des sacrements, va dans cette même ligne que le Pape émérite, dont les intuitions spirituels résident dans son livre "l'esprit de la liturgie", titre qui reprend celui de Romano Guardini. Pour le Cardinal Sarah, la réforme de la réforme, comprise comme une réécriture des normes liturgiques est bien-sûr une erreur. Le Cardinal Sarah et le Pape François se sont d'ailleurs rencontrés; cela à donner lieu à un communiqué du Père Lombardi (pas très clair). 

- L'expression réforme de la réforme est piégée, voilà ce que veut dire le Pape. Le Cardinal en charge de la liturgie s'est expliqué: réforme de la réforme n'est pas à prendre dans le sens d'une réécriture de la réforme liturgique opérée à la suite du Concile Vatican II, mais bien à une réforme de son application dans les faits. Les prêtres doivent se réformer, se convertir, se remettre dans le moule (reformer, remettre dans la forme originale) et célébrer la Messe selon la réforme authentique du Concile Vatican II et de ses applications postérieures, soit célébrer la liturgie de l'Eglise. L'enjeu de la réforme est là.  

Unknown-1.jpeg

- il est tout à fait dans l'esprit de la liturgie de Vatican II de célébrer en latin, en se tournant vers l'Orient, face à Dieu. Cela dépend des circonstances. Les deux manières sont possibles dans la forme ordinaire. Il suffit de lire les rubriques et le Missel romain. Les normes liturgiques sont tout à fait claires. La messe en latin et une mauvaise expression, car elle ne concerne pas que la forme extraordinaire, mais aussi le forme ordinaire.  

- il est donc important d'analyser la réalité désignée par des mots. Si on n'en reste qu'aux mots, l'idéologie prend le dessus, et on oppose le Cardinal Sarah au Pape. Cela ne laisse malheureusement pas transparaître la véritable pensée du Pape François, qui ne contredit ni le Cardinal Sarah, ni le Pape émérite Benoît XVI. Cela fera simplement couler beaucoup d'encre et nous compliquera la vie. 

Obama et Trump: la photo du jour

Le Cardinal Burke espère que Trump soit un bon président

"mais comment un homme de haine ? Comme président il défendra les valeurs de l'Eglise"

1478764547-cardinal-burke-ok.jpg

Raymond Leo Burke, Cardinal Patron de l'Ordre souverain de Malte depuis 2014, américain, vit au Vatican depuis de nombreuses années. Le 26 septembre, le Pape François l'a nommé membre de la congrégation pour la cause des saints.

Déclaration de la conférence épiscopale des USA

Liberté religieuse, système de santé et défense de la vie: le Cardinal américain Burke "bénit" le grand prince, l'homme d'affaire

Fabio Marchese Ragona - Il Giornale (source FarodiRoma - traduit de l'italien par le Suisse Romain)

Eminence, comment lisez-vous le résultat des élections américaines avec la victoire de Donald Trump ?

"Je pense que c'est le résultat d'une expression d'une longue crise qui traverse notre pays depuis de nombreuses années, avec une compagne électorale qui a échauffé les esprits et qui a démontré la volonté d'un grand changement désiré par le peuple américain. Certainement, la crise a beaucoup influencé le résultat, maintenant l'espérance et que l'Amérique puisse, avec ce président, retrouver une bonne route à parcourir". 

Selon vous, le résultat électoral a été influencé par la crise mais aussi par la peur de américain du terrorisme avec une marque islamique ?

"Certainement, il s'agit d'un moment d'une grande peur, pas seulement pour l'Amérique mais aussi pour le monde entier. Nous entendons chaques jours les nouvelles qui arrivent et qui sont dramatiques. Je suis convaincu que ce résultat provient également provenant en partie de la peur. J'espère que les choses puissent être désormais résolues". 

Vous pensez que Donald Trump tiendra compte des valeurs qui sont tellement précieuses pour l'Eglise catholique ?

"Pour ce que j'ai entendu lors de la campagne électorale, il me semble que le nouveau président comprend bien quelles sont les biens fondamentaux importants pour nous. En premier lieu, je suis convaincu que, comme vous venez de le dire, il aura à coeur la défense de la vie depuis son commencement et qu'il pourra mettre en oeuvre toutes les actions possibles pour s'opposer à l'avortement. Et je pense qu'il a également bien clair la valeur irremplaçable de la liberté religieuse. Enfin, je pense qu'il portera une amélioration pour le système de santé en Amérique, un sujet qui actuellement ne va pas très bien aux USA". 

Si d'un côté Trump s'occupera aussi de thèmes chers à l'Eglise, cependant d'un autre côté, il veut construire un mur contre les émigrés à la frontière du Mexique (ce sera un mur infranchissable, haut, imposant et beau. Et le Mexique le financera), une barrière, un mur, que le Pape François a toujours critiqué, en affirmant: "Il faut construire des ponts et non des murs de haine". 

"Je ne pense pas que le nouveau Président sera inspiré par la haine dans le traitement des questions de l'immigration, une question de prudence qui requiert la connaissance des immigrés, des raisons qui les poussent à émigrer et de la capacité des communautés locales à les accueillir. La charité doit toujours être intelligente, c'est pourquoi elle doit être nourrie d'une profonde connaissance de la situation, aussi bien de ceux qui veulent émigrer que de ceux qui doivent recevoir ces personnes". 

En plus de cela, la grande peur est la question de la politique extérieure de Trump, qu'il puisse accomplir une action insensée, en ayant à sa disposition un arsenal nucléaire impressionnant 

"Je n'ai pas peur de cela. Je crois que Donald Trump suivra la longue tradition de coopération et de communication des présidents américains avec les puissances internationales, et je doute qu'il puisse accomplir quelques actions unilatérales qui mettent en péril le monde. Je suis convaincu qu'il se confrontera avec les autres pays sur les thèmes les plus variés de la politique extérieure". 

Quant à la Russie, Trump a dit que Putin pourra être un bon partner dans la lutte contre le terrorisme islamique

" C'est vrai, il l'a dit, et nous espérons que les relations entre nos deux pays soient bonnes". 

Quelle est donc votre souhait pour le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique ?

"Je souhaite que Trump puissent suivre les principes et les exigences de notre Déclaration d'Indépendance et de notre Constitution, qu'il soit vraiment un bon président qui puisse s'occuper des divisions dans le pays (Clinton a d'ailleurs dit que le moment n'est pas à la division) et qu'il soit au service de la compréhension et de l'union inconditionnelle entre tous les citoyens américains".  

Lien : Cardinal Parolin, secrétaire d'Etat: pas de jugement hâtif

Note: D'après Fabio M. Ragona,, le Pape a demandé de voir en audience privée le Cardinal. 

Le FigaroTrump est vulgaire, grossier, égocentrique, un animateur de télé-réalité et un homme d'affaire. Le dessous des cartes, avant l'élection.

Jean-Frédéric Poisson candidat à la primaire de droite et du centre en France 

La Parole Libérée salue la prise de conscience des évêques en France

Lien: Radio Vatican

"Quelle association peut-il y avoir entre le pot de terre et le chaudron?
Le chaudron heurtera le pot, et celui-ci sera brisé"

Ancien Testament, Siracide, chapitre 13, verset 2

6895_1395067930800638_7871966051775123882_n.jpgEglise catholique et la Parole libérée: le pot de fer contre le pot de terre

La fable de la Fontaine illustre cet affrontement d’un homme sans appui, qui a un démêlé avec un homme puissant.

Rien ne semble simple dans le dialogue entre l'association de la Parole Libérée et certains évêques de France. 

D'un côté, l'amour et la foi envers l'Eglise est un acquis chez bien des personnes catholiques et pratiquantes. Chez nous, il y a une sorte de blessure d'entendre des critiques et des reproches adressés à l'Eglise.

D'un autre côté, une victime a perdu confiance et porte en elle une véritable cassure, une  trahison. Une personne abusée a vécu un traumatisme, un abus de pouvoir. Son temple a été profané. Pas pour rien que l'ancien procureur du Vatican, Mgr Scicluna, avance que ces crimes tuent la foi. De fait, une victime gardera difficilement la confiance en l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique. 

images.jpeg

Un demi-cercle vert ?

Même si l'on doit saluer la démarche et les paroles des évêques en France, les images n'ont pas parlé suffisamment fort. La couleur verte n'évoquait rien. Des chasubles à la couleur violette correspond à la pénitence, à la demande de pardon.

962273-.jpg

La posture, en demi-cercle, semblait révéler un fonctionnement en vase clos. Où étaient les victimes ? 

jean-paul-ii_repentance_largeur-620x349.jpg

Saint Jean Paul II lors du Jubilé de l'an 2000, demandant pardon pour les péchés des chrétiens

La Parole Libérée : "Une chose est sûre, c'est que quand on a trahi la confiance d'un ami, on ne peut la recouvrir que par des actes forts et inscrits dans la durée.
Les paroles et les promesses ne peuvent suffire. Sinon, c'est à minima de la naïveté, au pire une emprise psychologique".

J'espère simplement que des pas supplémentaires auront lieu. Il revient aux évêques, les Bons Pasteurs, de faire les premiers pas, par compassion. 

Je me souviens de cette affirmation libératrice: "Dieu préfère que l'on aime la vérité, car il est La Vérité". L'amour de la vérité est en jeu. Sa recherche est fondatrice de notre crédibilité, que la vérité soit favorable ou défavorable à notre institution. L'Eglise ne cherche pas son propre bien, mais celui des autres. La pire des réactions est la défense de l'institution. 

La meilleure attitude: l'écoute des victimes et la recherche de la vérité

Unknown.jpeg

Isabelle de Gaulmyn, histoire d'un silence, pédophilie à Lyon: une catholique raconte. 


Un livre qui nous arrache les larmes, dont la lecture nous recentre sur l'écoute de la parole des victimes.

"Notre Eglise doit d'abord écouter l'horreur, s'arrêter, désarmée, au côté des victimes". Entreprise difficile, parfois insupportable, mais nécessaire, parce que "devant l'horreur on se protège et si l'on se protège, on n'écoute pas".

citation d'un prêtre, dans Isabelle de Gaulmyn, Histoire d'un silence, p.24

"Pour cela, il m'a semblé d'emblée qu'il fallait d'abord écouter les victimes, longuement, parce trop longtemps, l'Eglise, les a ignorées. Ce sont elles qui doivent désormais être au centre des nos questionnements"

Isabelle de Gaulmyn, p.23

Sur Facebook et Twitter, Donald Trump avait course gagnée

proxy.jpgDonald Trump: les chiffres de Facebook et de Twitter

En résumé: le post le plus populaire de Trump, publié le 20 octobre, a totalisé plus de 1'800 000 interactions. Celui de Hillary, du 8 novembre en a obtenu la moitié, soit 900 000. 

Sur Twitter, Trump avait 3 000 000 de followers de plus que Clinton (13 millions à 10 millions). Le plus grand retweet pour Trump fut de 344 000 contre 128 000 pour Hillary. 

C'est sans doute la leçon a retenir de cette élection, outre la prudence et la grande difficulté de saisir les phénomènes sociaux, les médias traditionnels n'ont plus la même influence. La révolution numérique a bien eu lieu, dans le sens que la communication marche désormais sur deux jambes: les médias traditionnels (TV, Radio et journaux) et les réseaux sociaux avec Internet.

Notons tout de même que Clinton a remporté la majorité des votes (200 000 de plus que Trump) et que les sondages ont une marge d'erreur. Selon un suffrage universel comme en France, Hillary serait présidente (voir le système des grands électeurs)

Cette rapide étude contredit l'enquête de l'EPFL - 19.30 RTS dès 11 minutes  (51,8 pour Clinton 48,2 pour Trump). Ceci étant dit, Darius Rochebin n'a fait que son travail de journaliste en invitant à la prudence. Ne se croit-on pas toujours plus intelligent après coup ? 

Source

Lien: la spirale du silence, l'opinion publique

Commémoration de la Réforme

Unknown-1.jpeg

Le Pape François et la Miséricorde: un signe des temps 

Tels sont les mots que le Pape émérite Benoît XVI a prononcé lors d'une interview: 

"Le Pape François est totalement en accord avec la ligne de la Miséricorde de Saint Jean-Paul II. Sa pratique pastorale s'exprime justement dans le fait qu'il nous parle continuellement de la Miséricorde de Dieu.

Benoît XVI (source)

Pour moi, le fait que l'idée de la miséricorde de Dieu devienne de plus en plus centrale et dominante - à partir de Sœur Faustine - dont les visions, à bien des égards, reflètent profondément l'image de Dieu propre à l'homme d'aujourd'hui et son désir de la bonté divine - est un "signe des temps".

Le Pape Jean-Paul II était profondément imprégné par cette impulsion, même si cela n'émergeait pas toujours explicitement"

L'Esprit-Saint qui guide l'Eglise depuis sa fondation à la Pentecôte, continue de la guider par le Concile Vatican II. Comme écrit précédemment, la source de ces critiques à l'égard du Pape François jailli de l'opposition à ce même Concile. Désormais, sans changer la Vérité, l'attitude pastorale de l'Eglise est positive, attractive, pro-active ou offensive (sans offenser ). Elle ne rejette en rien les dogmes et les vérités. Elle a mis un terme aux condamnations, aux anathèmes, en faisant confiance à la douce force de la vérité qui brille et qui attire. 

Le Pape François l'écrit dans la bulle d'indiction du Jubilé de la Miséricorde:

Les paroles riches de sens que saint Jean XXIII a prononçées à l’ouverture du Concile pour montrer le chemin à parcourir reviennent en mémoire:

Saint Jean XXIII et la Miséricorde 

« Aujourd’hui, l’Épouse du Christ, l’Église, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité … L’Eglise catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se montrer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés ». Discours d'ouverture du CVII

Bienheureux Paul VI et le Bon Samaritain 

Dans la même perspective, lors de la conclusion du Concile, le bienheureux Paul VI s’exprimait ainsi :

« Nous voulons plutôt souligner que la règle de notre Concile a été avant tout la charité … La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile…. Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne. Des erreurs ont été dénoncées. Oui, parce que c’est l’exigence de la charité comme de la vérité mais, à l’adresse des personnes, il n’y eut que rappel, respect et amour.

Au lieu de diagnostics déprimants, des remèdes encourageants ; au lieu de présages funestes, des messages de confiance sont partis du Concile vers le monde contemporain : ses valeurs ont été non seulement respectées, mais honorées ; ses efforts soutenus, ses aspirations purifiées et bénies… toute cette richesse doctrinale ne vise qu’à une chose : servir l’homme. Il s’agit, bien entendu, de tout homme, quels que soient sa condition, sa misère et ses besoins ». Discours de clôture du CVII

Luther et l'Ecriture

Aussi, il n'y plus de raison de s'offusquer à ce que l'Eglise regarde désormais ce qu'il y a en commun avec les Luthériens. Luther avait une grande vénération pour l'Ecriture:

"Pour Luther, la bonne façon d'étudier la théologie de fait en trois étapes:

-oratio (prière)

-mediatio (méditation)

-tentatio (affliction ou mise à l'épreuve)

martin-junge-cardinal-koch_2_0-740x493.jpgDemandant la direction de l'Esprit Saint, on devrait lire les Ecritures dans la présence de Dieu, dans la prière, et tout en méditant les paroles de la Bible, être attentif aux situations de la vie qui si souvent semblent les contredire. A travers cette démarche, l'Ecriture démontre son autorité en permettant de vaincre ces épreuves. 

Comme disait Luther, "Remarquez que la force de l'Ecriture réside en ceci qu'elle ne se transforme pas en celui qui l'étudie, mais c'est elle qui transforme celui qui l'aime à sa ressemblance et lui donne sa force". 

Du conflit à la communion, commémoration commune catholique et luthérienne de la Réforme en 2017, n°197

En cela, on comprend que le Pape François ai accepté une statue de Luther, portant les Ecritures, appartenant à un groupe oecuménique venu dans la salle des audiences, la salle Paul VI. Il ne s'agit pas de la statue de Saint Luther. C'est simplement l'attitude de quelqu'un qui accueille les personnes, en reconnaissant les bienfaits de la lecture de l'Ecriture. Luther y a contribué. En ceci Luther a réalisé, disons-le avec un brin d'humour, une bonne oeuvre. 

Unknown.jpeg

En mettant la Parole de Dieu dans les mains du peuple, Luther a réalisé “un grand pas”.

Pape François (interview) 

 

mercredi, 09 novembre 2016

Election de Donald Trump: le vote catholique n'existe pas

Unknown.jpegLe vote des catholiques, 25% de l’électorat américain: ils sont 52 % à avoir donné leur voix à Trump contre 45 % à Clinton.

Les catholiques étaient placés devant un choix cornélien: élire un président fantasque, une sorte de bouffon, certes pro-vie, pro-famille ? ou une candidate corrompue, farouche partisane de l'avortement ? 

Le résultat nuancé démontre la difficulté du choix.  

L'archevêque de Philadelphie, Mgr Chaput résumait avec raison

Voici le point de vue d’un de mes amis sur le choix qui nous est proposé pour les élections du mois de novembre : d’un côté un homme vulgaire, un rustre incapable de se contrôler et qui ne respecte pas les femmes ; de l’autre une personne manipulatrice, froide, menteuse, assoiffée de pouvoir depuis toujours et entourée d’anti-catholiques primaires.

 

Élection de Trump : pas de jugement hâtif selon le cardinal Parolin

Élection de Trump : pas de jugement hâtif selon le cardinal Parolin

EPA2230585_Articolo.jpg
(Radio Vatican)

Le cardinal Pietro Parolin s’est exprimé ce mercredi 9 novembre 2016 sur le résultat de la présidentielle américaine. Interrogé par des journalistes, le secrétaire d’État du Saint Siège a félicité le président élu Donald Trump et pris note de la grande affluence aux urnes. Le cardinal Pietro Parolin a souhaité que l’action du futur président américain puisse être véritablement fructueuse.

« Nous prenons note avec respect de la volonté exprimée par le peuple américain »

« Nous l’assurons de nos prières afin que le Seigneur l’illumine et l’aide dans le soutien de sa patrie, naturellement, mais aussi au service du bien-être et de la paix dans le monde. »

« Une chose est d’être candidat, une autre est d’être président, d’être aux responsabilités », relativisait déjà mercredi le cardinal Parolin "saluant le fait que, dans son premier discours après sa victoire, le futur président américain semblait s’être exprimé « en dirigeant ».

C’est ce qu’a déclaré le cardinal Parolin dans la matinée. « Je crois qu’il est nécessaire, poursuit le secrétaire d’État que tous travaillent pour changer la situation mondiale, qui est une situation de profondes lacérations et de graves conflits ».

Interrogé sur les questions d’immigration aux États unis, le cardinal Parolin a précisé qu’il était par ailleurs prématuré de porter un jugement sur les intentions de Donald Trump en la matière. Pendant la campagne électorale, le candidat républicain promettait de construire un mur à la frontière entre le Mexique et les États Unis pour arrêter le flux de l’immigration clandestine.

Sur ce sujet, le secrétaire d’État du Saint Siège a fait remarquer: « Nous verrons quels seront ses choix » a-t-il conclu. (XS-JCP)

Elections américaines, sondages et opinion publique

Elections américaines, sondage et opinion publique

Unknown-1.jpeg

Je me souviens des quelques thèses de mon professeur d'opinion publique Norberto Gaitano. 

- l'opinion publiée n'est pas l'opinion publique. Autrement dit, ce que nous entendons à la radio, voyons à la TV ou lisons dans les journaux n'est pas toujours ce que pensent les gens, en gros l'opinion publique. Un sondage a aussi une marge d'erreur.

Unknown.jpeg

- dans la communication, l'objectivité n'existe pas, pas plus que la neutralité. Si l'on regarde la carte des votes aux USA, les grands centres de la communication sont la Californie (Hollywood), Chicago et New York (le centre nerveux de la communication mondiale). En gros, ces lieux (bleus-verts) ont voté pour Clinton. Les médias mainstream européens se sont alignés principalement sur ces zones pro-Clinton. Comme les médias sont aussi un moyen de pression (d'influence), il ne définisse par vraiment la pensée des personnes. Les grands médias ont le pouvoir de décider les objets ou les sujets dont les gens vont débattre, mais très peu la réponse à ces thèmes.

- l'opinion publique est d'une certaine manière notre peau sociale qui réussit à percevoir l'ambiance majoritaire, sorte de pression atmosphérique. Nous sommes capable de percevoir la température générale, ou la pression sociale que les opinions exercent sur nous. Pour se démarquer, il faut du courage, une force de caractère (un exemple: être pro-Benoît XVI demandait une bonne dose de force de caractère, alors que d'être avec le Pape François est assez facile)

- se produit alors l'effet de la spirale du silence. Nous aurons tendance à taire une opinion minoritaire. Personne n'aime être qualifié de fou, d'extrémiste ou de malade (aucune personnalité américaine de Suisse Romande ayant voté pour Trump n'est venue sur le plateau d'Infrarouge) Aussi, l'être humain va comme cacher publiquement une idée pour ne pas subir l'effet désagréable de la pression sociale. Cette réaction complexe peut justement cacher une intention de vote et précisément influencer le sondage des communications analysées par l'EPFL (cette recherche donnait Clinton vainqueur)

Tentatives d'explications d'un phénomène très complexe et difficile à saisir, qui nous échappe comme le vent: l'opinion publique.

Interview d'une femme très peu connue dans le monde francophone (date de 1999).

images.jpegElisabeth Noëlle-Neumann, né en 1916, est politologue, professeur en science de la communication à l’université de Mayence. Après avoir fait des études aux États-Unis, c’est elle qui a introduit les sondages d’opinion en Allemagne. Elle est la fondatrice et directrice de L’Institut de sondage à Allensbach, l’un des instituts de sondage les plus importants dans le monde. Auteur de sondages d’opinion, elle a permis à plusieurs générations d’étudiants l’initiation à tous les secrets de cette technique de recherche.

Mais son chef d’oeuvre, "The Spiral of Silence - Public Opinion: our social skin" (La spirale du silence - L'opinion public: notre peau sociale), bien qu’il ait connu un succès international (il est déjà traduit en cinq langues et deux autres sont sous presse), n’est malheureusement toujours pas disponible en français.


Question: Vous travaillez depuis presque soixante ans sur l’opinion publique et sur les sondages d’opinion. Vous connaissez mieux que n’importe qui ses écueils, les difficultés de la saisir et de les interpréter. Vous avez publié d’innombrables articles, rapports et livres sur la question.

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est votre thèse, connue dans le monde entier, la spirale du silence, que je considère comme l’une des thèses les plus originales et aussi les plus opérationnelles non seulement en étude politique, mais de manière générale dans les sciences sociales. Pouvez-vous nous expliquer comment l’idée de cette thèse est née?

Spiral-of-Silence-640x350.jpg

La thèse de la spirale du silence est fondée sur l’hypothèse que les hommes ont une double nature: un caractère individuel et une nature sociale. La nature sociale de l’homme a besoin d’assentiment, d’approbation, de reconnaissance, de popularité; et cela non seulement avec les personnes de l’environnement immédiat, mais aussi avec le public anonyme. Les individus scrutent constamment leur environnement, observent sans cesse ce que les autres pensent. Ils souhaitent savoir avec quel comportement et avec quelles opinions ils se feront accepter et avec quel comportement et avec quelles opinions ils seront refusés, en conséquence isolés. S’ils remarquent que leurs opinions sur des questions controversées et moralement chargées rencontrent l’approbation, ils les prononcent fort, en parlent beaucoup.

Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsqu’ils ont l’impression que leur opinion diffère de celle qu’ils estiment être l’«opinion légitime», ils deviennent prudents, en parlent de moins en moins. Et comme une partie des individus parle fort – ceux qui pensent être du côté de l’«opinion légitime», comme l’on n’entend parler qu’eux, cette partie semble plus importante qu’elle ne l’est en réalité. Et comme la contre-partie se tait de plus en plus (car les individus de ce camp se sentent minoritaires), ce camp semble plus faible qu’il ne l’est réellement. Ce mouvement se poursuit en rotation de spirale jusqu’à ce que l’un des deux camps maitrise complètement l’opinion et que l’autre soit pour ainsi dire noyé.

Deux impulsions résultaient de cette conception. L’une a été un résultat scientifique qu’à l’époque je n’ai pas pu m’expliquer. En effet, en 1965 ont eu lieu des élections pour le Bundestag, notre Parlement national. Pendant neuf mois, les intentions de vote pour les deux grands partis politiques, les chrétiens- démocrates (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD), demeurèrent à peu près égales. C’est-à-dire entre décembre 1964 et août 1965 les deux étaient au coude à coude. Et alors le tableau se brouilla. À savoir, l’attente que le parti des chrétiens- démocrates vaincrait monta d’environ 35% en décembre 1964 à plus de 50% en août 1965. Et parallèlement, les chances du parti des sociaux-démocrates ont été en décroissance. Je n’ai pu expliquer ce phénomène que six ans plus tard. En fait, les deux camps, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates, différaient dans leur disposition de parler en public.

Le camp parlant fort (à cette époque il s’agissait des chrétiens- démocrates) était beaucoup et toujours surestimé dans sa vigueur, le camp devenant de plus en plus silencieux (à cette époque les sociaux-démocrates) étant de plus en plus sous-estimé. La raison pour laquelle j’ai pu trouver cette explication, six ans plus tard, était la suivante. Comme professeur à l’université de Mayence, j’ai dû lutter avec des manifestations étudiantes à partir de 1968. J’y observais que les étudiants qui me soutenaient, me déclaraient leur sympathie personnellement. Mais en public, ils se taisaient. Mes adversaires par contre parlaient fort et on a pu les entendre sur tout le campus.

Question: Vous affirmez dans votre thèse que l’«homme en tant qu’être social», donc constamment à l’affût de ce que les autres pensent, est un aspect encore peu étudié dans la recherche. Qu’entendez-vous exactement par là?

Unknown.jpegLe besoin des hommes d’être accepté par d’autres semble être enraciné tellement profondément dans la nature humaine, qu’il en résulte une sorte de crainte d’isolement. Cette crainte détermine tout leur comportement en public. Il en découle un conformisme qui tient l’ensemble d’une société; on peut parler d’intégration. Comme dans la culture occidentale on s’intéresse avant tout à l’individu, à la personnalité, l’aspect «nature sociale» n’est pas un sujet de recherche, à la rigueur il constitue un objet de mépris: «l’homme de masse», «le suiveur».

Question: Pensez-vous que dans les sociétés industrielles les médias interviennent de manière décisive dans la structuration de l’opinion publique? Quelles en sont les conséquences?

Les hommes acquièrent leurs informations sur les opinions (je pense toujours aux opinions concernant les questions controversées et moralement chargées, et je ne parle pas d’opinions générales) de deux sources: d’une part de leur observation – il s’agit des observations faites par leurs propres yeux et oreilles. Ils peuvent capter des signes d’assentiment et/ou de refus avec une finesse extraordinaire. L’autre source est constituée par des mass médias, surtout ceux qui jouissent d’un prestige particulier, comme la télévision ou certains médias primés – je pense aux «leaders des médias» ou «donneurs de ton» – qui sont cités par d’autres médias.

L’effet de média sur le procès de la «spirale du silence», c’est- à-dire sur le renforcement et la chute de l’opinion public, est très fort. La conséquence de ce phénomène est que le procès de l’opinion publique ne se réalise pas à travers les échanges d’arguments rationels – comme on l’avait espéré dans le siècle des Lumières – mais plutôt sous une pression sociale.

Question: Vous admettez que les médias sont des entreprises, avec leurs lois, leurs règles, etc., comme n’importe quelle autre organisation. Peut-on dans ce contexte prétendre que le(s) journaliste(s) n’est (ne sont) qu’un maillon dans la chaine de fabrication des messages ou bien, malgré cela, est-il (sont-ils) capable(s) d’intervenir, disons d’«agir» sur les messages ou de les«modifier»?

D’après les résultats des chercheurs de communication américains et allemands, des journalistes sont soumis à une «peer orientation» (ndlr: to peer: regarder très attentivement, scruter) inhabituellement rigoureuse. Le livre scientifique classique dans lequel cela a été décrit pour la première fois est Warren Breed (1955): "Social Control in the Newsroom". Le journaliste, en tant qu’individu, ne souhaite pas s’isoler par rapport à ses collègues. C’est pourquoi il dépend tellement du consensus, du respect de ses collègues (ce que les autres pensent de lui) et ainsi on peut même parler d’un «effet de suivisme» qui se produit parmi les journalistes.

Question: Que peut-on dire sur le rôle des intellectuels dans la définition du climat? Notamment, en ce qui concerne les dernières années, de l’ambiance dans les pays post-industriels? Peut-on dire que les intellectuels ont joué un rôle par exemple dans l’apparition du «nouveau mouvement» appelé «politiquement correct»?

«Political correctness» est un moyen de domination des intellectuels. Il s’agit en quelque sorte de l’autre face de ce qu’on a appelé longtemps tabou. «Tabou» = «on ne peut pas dire cela» - «political correctness» = «il faut dire cela». Tous les deux appartiennent au processus de l’opinion publique: ce qu’on peut dire dans le domaine d’une controverse moralement chargée sans s’isoler, ou ce qu’il faut dire si on ne veut pas s’isoler et être rejeté.

 

 

mardi, 08 novembre 2016

Beauté à Rome

CwxLHPGWQAAEMBu.jpg

source: Ashley Noronha

Magnifique homélie du Pape François pour le Jubilé des prisonniers

JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE

JUBILÉ DES PRISONNIERS

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Vaticane
Dimanche, 6 novembre 2016

source: site du Vatican

En apprenant des erreurs du passé, on peut ouvrir un nouveau chapitre de la vie. 

Le message que la Parole de Dieu veut nous communiquer aujourd’hui est certainement celui de l’espérance, celui de cette espérance qui ne déçoit pas.

110724488-db318f46-1cf7-4a00-a70a-07cba89ae487.jpg

L’un des sept frères condamnés à mort par le Roi Antiocos Épiphane dit : « On attend la résurrection promise par Dieu » (2M 7, 14). Ces paroles manifestent la foi de ces martyrs qui, malgré les souffrances et les tortures, ont la force de regarder au-delà. Une foi qui, tandis qu’elle reconnaît en Dieu la source de l’espérance, révèle le désir d’attendre une vie nouvelle.

De même, dans l’Évangile, nous avons entendu comment Jésus, avec une simple réponse mais parfaite, efface toute la banale casuistique que les Saducéens lui avaient soumise. Son expression : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui » (Lc 20, 38), révèle le vrai visage du Père, qui ne désire que la vie de tous ses enfants. L’espérance de renaître à une vie nouvelle est donc ce que nous sommes tous appelés à faire nôtre pour être fidèles à l’enseignement de Jésus.

L’espérance est un don de Dieu. Nous devons la demander. Elle est mise au plus profond du cœur de chaque personne afin qu’elle puisse éclairer de sa lumière le présent, souvent obscurci et assombri par tant de situations qui portent tristesse et douleur. Nous avons besoin d’affermir toujours davantage les racines de notre espérance, pour qu’elles puissent porter du fruit. En premier lieu, la certitude de la présence et de la compassion de Dieu, malgré le mal que nous avons accompli. Il n’y a pas d’endroit dans notre cœur qui ne puisse pas être atteint par l’amour de Dieu. Là où il y a une personne qui a commis une faute, là se fait encore plus présente la miséricorde du Père, pour susciter le repentir, le pardon, la réconciliation, la paix.

Aujourd’hui, nous célébrons le Jubilé de la Miséricorde pour vous et avec vous, frères et sœurs détenus. Et c’est à cette expression de l’amour de Dieu, la miséricorde, que nous sentons le besoin de nous confronter. Certes, le manquement à la loi a mérité la condamnation ; et la privation de la liberté est la forme la plus lourde de la peine qui est purgée, car elle touche la personne dans son fond le plus intime. Et pourtant, l’espérance ne peut s’évanouir. Une chose, en effet, est ce que nous méritons pour le mal fait ; autre chose, en revanche, est le fait de ‘‘respirer’’ l’espérance, qui ne peut être étouffé par rien ni par personne. Notre cœur espère toujours le bien ; nous le devons à la miséricorde avec laquelle Dieu vient à notre rencontre sans jamais nous abandonner (cf. Augustin, Sermon 254, 1).

Dans la Lettre aux Romains, l’apôtre Paul parle de Dieu comme du « Dieu de l’espérance » (Rm 15, 13). C’est comme s’il voulait nous dire, à nous également : ‘‘Dieu espère’’ ; et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il en est précisément ainsi : Dieu espère ! Sa miséricorde ne le laisse pas tranquille. Il est comme ce Père de la parabole, qui espère toujours le retour de son fils qui a commis une faute (cf. Lc 15, 11-32). Il n’y a ni trêve ni repos pour Dieu jusqu’à ce qu’il retrouve la brebis qui s’était perdue ( cf. Lc 15, 5).

Donc, si Dieu espère, alors l’espérance ne peut être enlevée à personne, car elle est la force pour aller de l’avant ; elle est la tension vers l’avenir pour transformer la vie ; elle est un élan vers demain, afin que l’amour dont, malgré tout, nous sommes aimés, puisse devenir un chemin nouveau…. En somme, l’espérance est la preuve intérieure de la force de la miséricorde de Dieu, qui demande de regarder devant et de vaincre, par la foi et l’abandon à lui, l’attraction vers le mal et le péché.

C_2_fotogallery_3006284_0_image.jpgChers détenus, c’est le jour de votre Jubilé ! Qu’aujourd’hui, devant le Seigneur, votre espérance soit allumée. Le Jubilé, de par sa nature même, porte en soi l’annonce de la libération (cf. Lv 25, 39-46). Il ne dépend pas de moi de pouvoir la concéder ; mais susciter en chacun de vous le désir de la vraie liberté est une tâche à laquelle l’Église ne peut renoncer. Parfois, une certaine hypocrisie porte à voir en vous uniquement des personnes qui ont commis une faute, pour lesquelles l’unique voie est celle de la prison. Moi, je vous dis : chaque fois que j’entre dans une prison, je me demande : ‘‘Pourquoi eux et pas moi ?’’. Tous, nous pouvons commettre des fautes : tous !

D’une manière ou d’une autre, nous avons commis des fautes. Et par hypocrisie, on ne pense pas qu’il est possible de changer de vie : il y a peu de confiance dans la réhabilitation, dans la réinsertion dans la société. Mais de cette manière, on oublie que nous sommes tous pécheurs et que, souvent, nous sommes aussi des prisonniers sans nous en rendre compte. Lorsqu’on s’enferme dans ses propres préjugés, ou qu’on est esclave des idoles d’un faux bien-être, quand on s’emmure dans des schémas idéologiques ou qu’on absolutise les lois du marché qui écrasent les personnes, en réalité, on ne fait rien d’autre que de se mettre dans les murs étroits de la cellule de l’individualisme et de l’autosuffisance, privé de la vérité qui génère la liberté. Et montrer du doigt quelqu’un qui a commis une faute ne peut devenir un alibi pour cacher ses propres contradictions.

Nous savons, en effet, que personne devant Dieu ne peut se considérer juste (cf. Rm 2, 1-11). Mais personne ne peut vivre sans la certitude de trouver le pardon ! Le larron repenti, crucifié avec Jésus, l’a accompagné au paradis (cf. Lc 23, 43). Que personne d’entre vous, par conséquent, ne s’enferme dans le passé ! Certes, le passé, même si nous le voulions, ne peut être réécrit. Mais l’histoire qui commence aujourd’hui, et qui regarde l’avenir, est encore toute à écrire, avec la grâce de Dieu et avec votre responsabilité personnelle. En apprenant des erreurs du passé, on peut ouvrir un nouveau chapitre de la vie. Ne tombons pas dans la tentation de penser de ne pouvoir être pardonnés. Quelle que soit la chose, petite ou grande, que le cœur nous reproche, « Dieu est plus grand que notre cœur « (cf. 1Jn 3, 20) : nous devons uniquement nous confier à sa miséricorde.

La foi, même si elle petite comme un grain de sénevé, est en mesure de déplacer les montagnes (cf. Mt 17, 20). Que de fois la force de la foi a permis de prononcer le mot pardon dans des conditions humainement impossibles ! Des personnes qui ont subi des violences ou des abus dans leur propre chair ou dans leurs proches ou dans leurs biens… Seule la force de Dieu, la miséricorde, peut guérir certaines blessures. Et là où on répond à la violence par le pardon, là aussi le cœur de celui qui a commis une faute peut être vaincu par l’amour qui l’emporte sur toute forme de mal. Et ainsi, parmi les victimes et parmi les coupables, Dieu suscite d’authentiques témoins et artisans de miséricorde.

Aujourd’hui, nous vénérons la Vierge Marie dans cette statue qui la représente comme la Mère qui porte dans ses bras Jésus avec une chaîne rompue, la chaîne de l’esclave et de la détention. Qu’elle tourne vers chacun de vous son regard maternel ; qu’elle fasse jaillir de votre cœur la force de l’espérance pour une vie nouvelle et digne d’être vécue dans la pleine liberté et au service du prochain.

Personnalités narcissiques et manipulateurs: interview du Père Pascal Ide dans la Croix

Personnalités narcissiques et manipulateurs: interview du Père Pascal Ide dans la Croix

Unknown.png

Dans un livre qui vient de paraître , le P. Pascal Ide, prêtre de l’Emmanuel donne des clés pour détecter les personnalités narcissiques dans les communautés catholiques.

La Croix 

Comment se fait-il qu’on semble en trouver autant parmi les fondateurs de communautés nouvelles ?

P. I. : D’abord, on n’en trouve pas seulement là, mais aussi dans les congrégations religieuses, les paroisses, le clergé diocésain… En fait, partout où il y a des postes de pouvoir, où elles peuvent vampiriser les autres pour remplir leur béance narcissique qui est un trou sans fond. Ensuite, ce sont généralement des personnes douées, charismatiques. Mais derrière le soleil de talents réels, il y a un trou noir : la personnalité narcissique prend tout et ne redonne rien. Cela étant, rappelons que le pourcentage de ces personnes est faible au sein de la population.

 

Lourdes: les évêques de France jeûnent, prient, demandent pardon et écoutent des victimes

lundi, 07 novembre 2016

Lyon: 600 personnes réunies en hommage aux victimes du Père Preynat et des victimes de prêtres pédophiles

images.jpeg"Je viens pour vous demander pardon en mon nom, en votre nom à tous paroissiens, au nom de mon église qui n'a pas écouté et qui a encore tant de mal à écouter, qui a couvert d'un silence coupable ces crimes et qui a tant de mal à sortir de ce silence qui a laissé les victimes à leur solitude", a déclaré le père de Nattes.

26 minutes: la fondation Pape François avec Soeur Marie Rachel du Valais

La rencontre avec Martin Luther, ce que nous avons en commun

pape-francois-luther-473x360.jpg

Unknown.jpeg

Unknown-1.jpeg

Ces trois photos résument l'opposition que nombres de sites traditionalistes vouent au Pape François. La statue de Luther était à la salle des audiences, la salle Paul VI (et non pas dans la basilique Saint Pierre) et le Pape François a reçu les thèses de Luther (audience du 13 octobre). Le Pape a simplement accueilli un groupe avec la statue de Luther. 

Avant de parvenir aux conclusions, citons deux phrases: 

La rencontre avec Martin Luther

Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie. La question : quelle est la position de Dieu à mon égard, comment je me situe moi devant Dieu ? - cette question brûlante de Luther doit devenir de nouveau, et certainement sous une forme nouvelle également notre question, non de manière académique mais réellement. Je pense que c’est là le premier appel que nous devrions entendre dans la rencontre avec Martin Luther.

Ce que nous avons en commun

C’était l’erreur de l’âge confessionnel d’avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de la Sainte Écriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est pour moi, que nous nous soyons rendu compte de cette communion, que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement commun et impérissable dans la prière et le chant communs, dans l’engagement commun pour l’ethos chrétien face au monde, dans le témoignage commun du Dieu de Jésus Christ en ce monde.

Qui a écrit ces textes ? Le Pape François ? Et bien c'est Benoît XVI* ! lors de sa rencontre avec les Luthériens en Allemagne en 2010. 

Aussi, les reproches qui sont faits au pape François s'adressent aussi à Benoît XVI, et de fait in fine au Concile Vatican II. La foi est toujours la même. L'Esprit Saint nous place dans un nouvel équilibre: la capacité de dialoguer, de proposer la vérité de la foi, non plus par des condamnations mais par la confiance en la vérité tout entière vers laquelle Dieu nous conduit. 

... aujourd'hui, l'Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité.

Unknown-2.jpeg"Au moment où s'ouvre ce IIe Concile œcuménique du Vatican, il n'a jamais été aussi manifeste que la vérité du Seigneur demeure éternellement. En effet, dans la succession des temps, nous voyons les opinions incertaines des hommes s'exclure les unes le autres, et bien souvent à peine les erreurs sont-elles nées qu'elles s'évanouissent comme brume au soleil.

L'Eglise n'a jamais cessé de s'opposer à ces erreurs. Elle les a même souvent condamnées, et très sévèrement. Mais aujourd'hui, l'Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité. Elle estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine.

Certes, il ne manque pas de doctrines et d'opinions fausses, de dangers dont il faut se mettre en garde et que l'on doit écarter; mais tout cela est si manifestement opposé aux principes d'honnêteté et porte des fruits si amers, qu'aujourd'hui les hommes semblent commencer à les condamner d'eux-mêmes".

Saint Jean XXIII, discours pour l'ouverture du Concile Vatican II

 

VOYAGE APOSTOLIQUE EN ALLEMAGNE
22-25 SEPTEMBRE 2011

*RENCONTRE AVEC LES REPRÉSENTANTS
DU CONSEIL DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE EN ALLEMAGNE

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

Salle du Chapitre de l'ex-couvent augustinien de Erfurt
Vendredi 23 septembre 2011

(Vidéo)

 

Mesdames et Messieurs,

Unknown-3.jpegPrenant la parole, je voudrais tout d’abord remercier de tout cœur parce que nous pouvons nous rencontrer ici. Ma gratitude va particulièrement à vous, chère frère et Président Schneider qui, par vos paroles, m’a donné la bienvenue et m’a reçu parmi vous. Vous avez ouvert votre cœur, et exprimé la foi vraiment commune, votre désir sincère d’unité. Et nous nous réjouissons également, que cette rencontre, notre rencontre commence comme la fête de la foi que nous avons en commun. Je désire vous remercier, vous tous, pour le cadeau que représente le fait de pouvoir parler ensemble dans ce lieu historique.

Pour moi, en tant qu’Évêque de Rome, c’est un moment d’émotion de vous rencontrer ici, dans l’antique couvent augustinien d’Erfurt. Nous avons entendu précédemment que Luther a étudié ici. Ici, il a célébré sa première messe en 1507. Contre le désir de son père, il ne continua pas ses études de droit, mais il étudia la théologie et se mit en marche vers le sacerdoce dans l’Ordre de saint Augustin. Sur ce chemin, ce n’était pas ceci ou cela qui lui importait. Ce qui l’a animé, c’était la question de Dieu, qui fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de son itinéraire tout entier. « Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? » Cette question lui pénétrait le cœur et se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et chaque lutte intérieure. Pour Luther, la théologie n’était pas une question académique, mais la lutte intérieure avec lui-même, et ensuite c’était une lutte par rapport à Dieu et avec Dieu.

« Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? » Que cette question ait été la force motrice de tout son chemin, me touche toujours à nouveau profondément. Qui, en effet, se préoccupe aujourd’hui de cela, même parmi les chrétiens ? Que signifie la question de Dieu dans notre vie ? Dans notre annonce ? La plus grande partie des gens, même des chrétiens, tient aujourd’hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s’occupe plus de nos péchés et de nos vertus. Il sait, en effet, que nous sommes tous que chair. Et si on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous nous présupposons en pratique que Dieu doit être généreux, et, qu’à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos petites fautes. La question ne nous préoccupe plus. Mais nos fautes sont-elles vraiment si petites ? Le monde n’est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts ? N’est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d’argent d’une part, et de l’autre, par l’addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées ? N’est-il pas menacé par la disposition croissante à la violence qui se revêt souvent de la religiosité ? La faim et la pauvreté pourraient-elles dévaster autant de parties entières du monde si, en nous, l’amour de Dieu et, à partir de Lui, l’amour pour le prochain, pour les créatures de Dieu, les hommes, étaient plus vivants ? Les questions en ce sens pourraient continuer. Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie. La question : quelle est la position de Dieu à mon égard, comment je me situe moi devant Dieu ? - cette question brûlante de Luther doit devenir de nouveau, et certainement sous une forme nouvelle également notre question, non de manière académique mais réellement. Je pense que c’est là le premier appel que nous devrions entendre dans la rencontre avec Martin Luther.

Et alors, est important : Dieu, le Dieu unique, le Créateur du ciel et de la terre, est quelque chose d’autre qu’une hypothèse philosophique sur les origines du cosmos. Ce Dieu a un visage et il nous a parlé. Dans l’homme Jésus Christ, il est devenu l’un de nous – à la fois vrai Dieu et vrai homme. La pensée de Luther, sa spiritualité tout entière était complètement christocentrique : « Ce qui promeut la cause du Christ » était pour Luther le critère herméneutique décisif dans l’interprétation de la Sainte Écriture. Cela suppose toutefois que le Christ soit le centre de notre spiritualité et que l’amour pour Lui, le vivre ensemble avec Lui oriente notre vie.

Maintenant pourrait-on peut-être dire : c’est bien et bon ! Mais qu’a à voir tout cela avec notre situation œcuménique ? Tout cela n’est peut-être seulement qu’une tentative d’éluder, avec tant de paroles, les problèmes urgents dans lesquels nous attendons des progrès pratiques, des résultats concrets ? A ce sujet, je réponds : la chose la plus nécessaire pour l’œcuménisme est par-dessus tout que, sous la pression de la sécularisation, nous ne perdions pas presque par inadvertance les grandes choses que nous avons en commun, qui en elles-mêmes nous rendent chrétiens et qui sont restées comme don et devoir. C’était l’erreur de l’âge confessionnel d’avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de la Sainte Écriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est pour moi, que nous nous soyons rendu compte de cette communion, que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement commun et impérissable dans la prière et le chant communs, dans l’engagement commun pour l’ethos chrétien face au monde, dans le témoignage commun du Dieu de Jésus Christ en ce monde.

Le danger de la perdre n’est pas irréel, bien sûr. Je voudrais faire remarquer rapidement deux aspects. Ces derniers temps, la géographie du christianisme a profondément changé et est en train de continuer à changer. Devant une forme nouvelle de christianisme, qui se diffuse avec un immense dynamisme missionnaire, parfois préoccupant dans ses formes, les Églises confessionnelles historiques restent souvent perplexes. C’est un christianisme de faible densité institutionnelle, avec peu de bagage rationnel et encore moins de bagage dogmatique et aussi avec peu de stabilité. Ce phénomène mondial –dont me parlent toujours des Évêques du monde entier- nous place tous devant la question : Qu’est-ce-que cette nouvelle forme de christianisme a à nous dire de positif et de négatif ? En tous cas, elle nous met de nouveau face à la question de savoir ce qui demeure toujours valable, et ce qui peut ou doit être changé, par rapport à la question de notre choix fondamental dans la foi.

Plus profond et plus sensible dans notre Pays, est le second défi pour la chrétienté tout entière, dont je voudrais vous parler. Il s’agit du contexte du monde sécularisé, dans lequel nous devons vivre et témoigner aujourd’hui notre foi. L’absence de Dieu dans notre société se fait plus pesante, l’histoire de sa Révélation, dont nous parle l’Écriture, semble reléguée dans un passé qui s’éloigne toujours davantage. Faut-il peut-être céder à la pression de la sécularisation, devenir modernes moyennant une édulcoration de la foi ? La foi doit être repensée, naturellement, et surtout elle doit être vécue aujourd’hui d’une manière nouvelle pour devenir quelque chose qui appartient au présent. Mais ce n’est pas l’édulcoration de la foi qui aide, mais seulement le fait de la vivre entièrement dans notre aujourd’hui. C’est une tâche œcuménique centrale dans laquelle nous devrions nous entraider à croire de façon plus profonde et plus vivante. Ce ne seront pas les tactiques qui nous sauveront, qui sauveront le christianisme, mais une foi repensée et vécue d’une façon nouvelle, par laquelle le Christ, et avec Lui le Dieu vivant, entre dans notre monde. Comme les martyrs de l’époque nazie nous ont conduits les uns vers les autres, et ont suscité la première grande ouverture œcuménique, ainsi aujourd’hui encore, la foi, vécue à partir du plus profond de nous-mêmes, dans un monde sécularisé, est la force œcuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l’unité dans l’unique Seigneur. Et nous le prions afin que nous puissions apprendre à vivre la foi à neuf, et afin qu’ainsi nous puissions devenir un.

Pédophilie: écouter d'abord le calvaire des victimes

Pédophilie: sortir du trop long silence coupable de l'Eglise

"Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà"

Jésus

Réunis en assemblée plénière à Lourdes, les évêques de France observent aujourd'hui une journée inédite de jeûne et de prière pour les victimes de prêtres pédophiles. Cette démarche a été initiée par le Pape François. 

 

Pédophilie: sortir du trop long silence coupable de l'Eglise

Unknown.jpeg

Et nous, évêques, nous devons nous y engager fermement et prendre toute notre part à cette lutte contre ces actes scandaleux et criminels qui touchent les plus petits.


Mgr Luc Crépy, évêque du Puy-en-Velay, le texte de l'homélie prononcée lors de la messe de ce jour à Lourdes.

Evangile du jour

Jésus disait à ses disciples : « Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà. Prenez garde à vous-mêmes ! Si ton frère a commis un péché, fais-lui de vifs reproches, et, s’il se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet un péché contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : “Je me repens”, tu lui pardonneras. » Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi.

----

Chers Amis,

Les paroles du Christ nous touchent tout particulièrement ce matin par leur actualité et par leur vérité : « il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute mais malheureux celui par qui cela arrive ! » (Lc 17, 1) Oui, il nous faut oser regarder en face les scandales du péché qui atteignent l’Eglise toute entière. Oui, il nous faut sortir du trop long silence coupable de l’Eglise et de la société et entendre les souffrances des victimes : les actes pédophiles, ces crimes si graves, brisent l’innocence et l’intégrité d’enfants et de jeunes. Oui, il nous faut oser prendre tous les moyens pour que la Maison Eglise devienne un lieu sûr. Oui, il nous faut comme le demande le Pape François, « demander pardon pour les péchés commis par les autorités ecclésiastiques qui ont couvert les auteurs d’abus et ignoré la souffrance des victimes ».

Quand il s’agit des plus fragiles, des plus faibles, des « petits », Jésus parle haut et fort. Ainsi les enfants sont la figure même des vrais disciples : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. » (Mc 10,14) D’où, dans l’évangile que nous venons d’entendre, cette condamnation si claire et si vigoureuse de ceux qui scandalisent et méprisent les petits : « Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite dans la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà. » (Lc 17, 2). Il n’y pas d’excuses ou de demi-mesures pour les actes commis sur un seul de ces petits ! Il y a cette condamnation sans appel du Christ face au scandale vis-à-vis d’un seul de ces petits. L’Evangile ne transige pas avec ce qui porte atteinte et méprise la dignité de tout homme, et plus encore quand il s’agit des plus faibles.

Ainsi Jésus invite ses disciples à la vigilance : « Prenez garde à vous-mêmes ! » (Lc 17, 3). Tenez-vous sur vos gardes, gardez votre cœur en éveil, maintenez vive votre volonté et forte votre conscience face à ce mal qui brise la vie d’un être fragile. Ce mal, nous avons pu en être complices, nous évêques, par notre silence, notre passivité ou notre difficulté à entendre et à comprendre la souffrance que nous pensions oubliée chez ceux qui avaient été blessés dans leur chair, il y a longtemps. Nous avons voulu sans doute sauvegarder l’image de respectabilité de l’Eglise, par peur du scandale, en oubliant qu’elle est sainte et composée de pécheurs. En cela, nous avons failli à notre mission en n’étant pas meilleurs que le reste de la société qui gardait aussi le silence.

Dans l’évangile, face à ceux qui commettent le scandale, Jésus en vient à parler du pardon : il nous demande d’interpeller vivement le frère qui a péché, de l’inviter à reconnaître sa faute, aussi grave soit-elle, et, seulement alors, s’il se repent, de lui pardonner. « Si ton frère a commis un péché, fais-lui de vifs reproches et, s’il se repent, pardonne-lui. » (Lc 17, 3) Par deux fois, Jésus affirme que le pardon ne peut être accordé au pécheur que s’il se repent.

Unknown-1.jpeg

Ce pardon, comprenons bien que pour les victimes, il est souvent si difficile, parfois impossible, à donner. Car ce pardon s’écrit au terme d’un long chemin, dans la mémoire douloureuse des souffrances qu’ont vécues les victimes. Pardonner n’est pas oublier. Pardonner demande, d’abord, ce temps nécessaire où peu à peu se fait la vérité, où peu à peu des mots sont possibles pour dire l’indicible douleur, où la justice et le droit sont convoqués et désignent clairement la faute et le coupable. Pardonner est en premier lieu l’affaire des victimes, mais cela n’est possible que si les auteurs sortent de tout déni, prennent véritablement conscience du mal commis et manifestent un repentir qui ne soit pas seulement des mots, mais une profonde repentance et une volonté ferme d’un travail profond sur eux-mêmes.

En écoutant le Christ nous parler ainsi du scandale, du mépris des plus petits mais aussi du pardon et de la repentance des pécheurs, nous avons envie de dire - peut-être même de supplier - comme les disciples : « Augmente en nous la foi ! » (Lc 17, 5) Chez Luc, la foi peut déraciner les arbres, chez Matthieu et Marc la foi peut déplacer les montagnes. Aussi petite qu’un grain de moutarde, la foi au Christ, peut nous aider à déraciner l’arbre du mal qui parfois pousse sans vergogne dans nos communautés.

La foi au Christ peut nous aider à transporter les montagnes qui obscurcissent la lumière dans notre Eglise et barrent le chemin de la vie. La foi au Christ, mort et ressuscité pour le pardon de nos péchés et le salut de tous, est une force qui nous donne d’avancer sur un chemin de purification, sur un chemin de justice et de vérité face aux abus sexuels, sur un chemin où la souffrance des victimes est pleinement entendue. Ce chemin demande beaucoup d’écoute et d’attention. Et nous, évêques, nous devons nous y engager fermement et prendre toute notre part à cette lutte contre ces actes scandaleux et criminels qui touchent les plus petits.

Faisons nôtre cette prière :

Seigneur, fais de ton Église

un lieu de vérité et de liberté,

de justice et de paix,

pour que l´humanité tout entière

renaisse à l´espérance

Mgr Luc Crépy