jeudi, 21 avril 2016
La convergence entre Benoît XVI et le Pape François
"Amoris laetitia": l'harmonie et la convergence entre les deux Papes
"La joie de l'amour" est un texte sur la famille qui appartient au Magistère ordinaire du Pape François.
Or, elle peut être lue avec deux lunettes, ou deux herméneutiques déjà évoquées par le Pape Benoît XVI: celle de la rupture ou celle de la réforme (discours à la curie romaine de Noël 2005).
Ce texte sur la famille semble concentrer ou résumer deux approches combatives qui existent depuis le début du pontificat de François.
L'interprétation de l'exhortation apostolique "Amoris laetitia" du Pape François vue comme une rupture est une fiction médiatique, largement répandue dans les blogs qui n'aiment pas ou qui récupèrent François. Elle est mère de deux attitudes: le progressisme ou le traditionalisme qui ont la même base commune, la même racine: la rupture. Ce deux interprétations sont erronées.
L'équilibre ou l'interprétation selon la réforme se situent du côté du développement ou de l'approfondissement de la loi de la gradualité. Les prêtres sont des pasteurs qui offrent aux âmes un plan incliné praticable. L'objectif est toujours identique (cf. Saint Jean-Paul II), mais la recherche de la porte ouverte des coeurs devient fondamentale. Il suffit de vouloir faire un petit pas pour s'ouvrir à l'aide de l'Eglise. Cela appelle le dialogue et le discernement.
L'interprétation droite et correcte est celle de la Miséricorde, celle de la réforme annoncée par le Pape Benoît XVI. De fait, "Amoris laetitia" doit être lue dans la continuité de l'enseignement de l'Eglise. Notamment depuis le Pape Saint Jean XXIII et le bienheureux Paul VI, la Miséricorde est centrale:
Les paroles riches de sens que saint Jean XXIII a prononçées à l’ouverture du Concile pour montrer le chemin à parcourir reviennent en mémoire: « Aujourd’hui, l’Épouse du Christ, l’Église, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité … L’Eglise catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se montrer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés ».
Dans la même perspective, lors de la conclusion du Concile, le bienheureux Paul VI s’exprimait ainsi : « Nous voulons plutôt souligner que la règle de notre Concile a été avant tout la charité … La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile…. Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne. Des erreurs ont été dénoncées. Oui, parce que c’est l’exigence de la charité comme de la vérité mais, à l’adresse des personnes, il n’y eut que rappel, respect et amour. Au lieu de diagnostics déprimants, des remèdes encourageants ; au lieu de présages funestes, des messages de confiance sont partis du Concile vers le monde contemporain : ses valeurs ont été non seulement respectées, mais honorées ; ses efforts soutenus, ses aspirations purifiées et bénies… toute cette richesse doctrinale ne vise qu’à une chose : servir l’homme. Il s’agit, bien entendu, de tout homme, quels que soient sa condition, sa misère et ses besoins ».
Pape François, Misericordiae vultus
Le Pape émérite Benoît XVI a reconnu, encore tout récemment, l'idée de la Miséricorde comme un signe des temps:
Pour moi, le fait que l'idée de la miséricorde de Dieu devienne de plus en plus centrale et dominante - à partir de Sœur Faustine - dont les visions, à bien des égards, reflètent profondément l'image de Dieu propre à l'homme d'aujourd'hui et son désir de la bonté divine - est un "signe des temps".
La parabole ou l'image de Raphaël
Au fond, François regarde le coeur la réalité ou la complexité de la pâte humaine et Benoît XVI montre l'objectif. L'image qui me vient en tête est celle de la peinture de Raphaël au musée du Vatican, qui met en image les écoles philosophiques grecs, notamment avec la représentation de Platon et d'Aristote; parabole limitée mais image sans doute parlante.
Platon tient dans sa main l'un de ses dialogues, qui s'appelle le Timée tandis qu'Aristote a son Éthique à la main. Les gestes des deux philosophes - le premier tend sa main vers le ciel tandis que le second désigne la terre - offrent une représentation symbolique de leurs conceptions philosophiques. Comparaison n'est pas raison dit le dicton; la parabole s'arrête là, car François et Benoît XVI ne s'oppose justement pas.
Les deux approches de François et de Benoît XVI ne s'opposent nullement, mais se revoient l'une à l'autre pour s'harmoniser et s'intégrer dans la synthèse de la recherche de la vérité.
La loi de la gradualité du Pape François, sorte de plan incliné proposé à la personne
Aristote et son Éthique désigne la terre, représentant le monde sensible et immanent;
ou le Pape François qui descend dans l'épaisseur de la faiblesse humaine
Le plan incliné, la loi de la gradualité ou la porte ouverte du coeur sont résumés dans le petit pas. Sainte Thérèse de Lisieux parlait de lever son petit pied. C'est l'appel à la conversion.
Dans le livre "le nom de Dieu est Miséricorde", Andrea Tornielli raconte une jolie anecdote. Avant l'édition du livre François a demandé de changer une de ses phrases: "La médecine existe, la guérison aussi, si seulement nous faisons un petit pas vers Dieu". Après une relecture, le Pape demande à Andrea Tornielli d'écrire plutôt : " ... ou avons au moins le désir de faire ce petit pas".
François est le théologien de la vie, un grand spirituel, qui nous apprend à discerner les mouvement de nos âmes, avec un grand réalisme, conscient de la difficulté de chacune de nos vies. Pour les personnes qui vivent dans des situations irrégulières ou de ruptures fort difficiles, voici ce qu'il dit:
Amoris laetitia
§ 305. À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église.[351]
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[note de bas de page 351] Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements. Voilà pourquoi, « aux prêtres je rappelle que le confessionnal ne doit pas être une salle de torture mais un lieu de la miséricorde du Seigneur » : (Exhort. ap. Evangelii gaudium 24 novembre 2013, n. 44). Je souligne également que l’Eucharistie « n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles » (Evangelii gaudium, n. 47).
Lors de la confession, si le prêtre discerne une ouverture vers l'enseignement de l'Eglise, alors l'absolution est possible. En fait, tout comme dans son action pastorale, cela a toujours été ainsi dans l'enseignement classique de l'Eglise.
L'enseignement du Compendium de l'Eglise catholique de Benoît XVI
Platon et son Timée désigne le ciel;
ou le Pape Benoît XVI qui montre le but, l'objectif, la vie avec le Christ
Pour les personnes divorcées remariées, mais également pour tous et pour chacun, la réalité de l'amitié avec Jésus reste l'objectif final. Ce but, cet idéal est toujours valable.
Le Compendium de Benoît XVI, dans sa brièveté, sa clarté et son intégralité, s’adresse aussi à toute personne qui, vivant dans un monde incohérent et aux multiples messages, désire connaître le Chemin de la Vie, la Vérité, confiée par Dieu à l’Église de son Fils.
391. Qu’implique pour nous l’accueil de la miséricorde de Dieu ?
Elle implique la reconnaissance de nos fautes et le repentir de nos péchés. Dieu lui-même, par sa Parole et son Esprit, éclaire,nos péchés, nous assure la vérité de notre conscience et l’espérance du pardon.
392. Qu’est-ce que le péché ?
Le péché est « une parole, un acte ou un désir contraires à la Loi éternelle » (saint Augustin). Il est une offense à Dieu, par désobéissance à son amour. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Le Christ, dans sa Passion, éclaire pleinement la gravité du péché et il le vainc par sa miséricorde.
346. Quels sont les effets du sacrement de Mariage ?
Le sacrement de Mariage crée entre les époux un lien perpétuel et exclusif. Dieu lui-même ratifie le consentement des époux. Ainsi, le mariage conclu et consommé entre baptisés ne peut jamais être dissout. D’autre part, le sacrement donne aux époux la grâce nécessaire pour parvenir à la sainteté dans la vie conjugale, et dans l’accueil responsable et l’éducation des enfants.
347. Quels sont les péchés qui sont gravement contre le sacrement de mariage ?
Ce sont : l’adultère; la polygamie parce qu’elle s’oppose à l’égale dignité de l’homme et de la femme, à l’unité et l’exclusivité de l’amour conjugal; le refus de la fécondité, qui prive la vie conjugale du don des enfants; et le divorce, qui va contre l’indissolubilité.
349. Quelle est la position de l’Église à l’égard des divorcés remariés ?
Fidèle au Seigneur, l’Église ne peut reconnaître comme Mariage l’union des divorcés remariés civilement. « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari pour en épouser un autre, elle est coupable d’adultère » (Mc 10,11-12).
À leur égard, l’Église fait preuve d’une sollicitude attentive, les invitant à une vie de foi, à la prière, aux œuvres de charité et à l’éducation chrétienne de leurs enfants. Mais aussi longtemps que dure leur situation, qui est objectivement contraire à la loi de Dieu, ils ne peuvent recevoir l’absolution sacramentelle, ni accéder à la communion eucharistique, ni exercer certaines responsabilités dans l’Église *.
(* le Pape François a demandé de revoir l'exercice de certaines responsabilités )
Si la personne qui vient se confesser désire s'orienter vers cet objectif, cet idéal, le petit pas désiré ou accompli révèle alors la porte ouverte du coeur. La Miséricorde, tel en torrent, s'engouffre dans la moindre petite ouverture.
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