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mardi, 30 avril 2019

Enquête d'Arte sur les religieuses abusées censurée ou la commedia dell'arte

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Vertigo, Radio Suisse Romande La Première

Lien écouter l'émission cliquer sur la flèche ci-dessous

C'était un véritable tsunami médiatique. Durant des semaines, l'opinion publique a été choquée, épouvantée et ébouillantée par les révélations médiatiques des abus au coeur de l'Eglise. Au niveau du fonctionnement des médias, une tempête ne peut pas durer trop longtemps, sinon elle finit par lasser. D'où l'importance de parler et de prendre la parole lorsque la vague arrive. 

Le reportage d'Arte, sur les religieuses abusées, fut un véritable tremblement de terre, au point de prolonger encore l'émoi.

Enquête d'Arte sur les religieuses abusées censurée

Et voici que Arte, par voie judiciaire, se voit contraint de retirer son reportage encore en ligne.  

En effet, suite à la plainte d'un prêtre allemand (même pas nommé dans le reportage) contre le documentaire "Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Eglise" diffusé récemment sur Arte, la chaîne franco-allemande a été contrainte par la justice de le supprimer de son site internet.

La Süddeutsche Zeitung, qui a dévoilé l'information, indique que la décision a été rendue le 20 mars par le tribunal d’instance de Hambourg. Il y est précisé que toute violation de l’ordonnance pourrait condamner la chaîne franco-allemande à "une amende pouvant aller jusqu’à 250'000 euros ou une peine d’emprisonnement jusqu’à deux ans".

RTS Radio Suisse Romande

Ras le bol des prêtres: marre d'être pris pour des bouffons

Unknown-1.jpegCette plainte acceptée risque encore de faire passer l'Eglise comme une institution hypocrite, surtout lorsque l'abuseur semble se cacher derrière un masque. Tout cela ressemble à une tragique comédie.

A force d'agir de façon voilée, l'immense majorité des prêtres commencent à ressentir fatigue et  lassitude de se faire passer pour des bouffons. L'article en question se trouve en plus sous la rubrique cinéma. 

Or, fin janvier 2019, la Croix publiait cette info: « En raison de ces gestes imprudents en deux occasions, qu’il a admis et pour lesquels il a demandé pardon, écrit le responsable de la Congrégation pour la doctrine de la foi dans une lettre que l’ancienne religieuse n’a pas pu consulter directement, mais par le biais d’une retranscription textuelle l’avocate.

Un documentaire aussi diffusé sur la RTS

"Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Eglise" avait été diffusé fin février dans l'émission "Temps Présent" sur RTS Un. Malgré un succès antenne - 223’000 téléspectateurs, soit 45,1% de part de marché - il n'est plus visible sur le site de la RTS. Une décision qui n'est pas juridique comme dans le cas d'Arte, mais qui concerne les mesures contractuelles. Lors de l'achat de ce documentaire, le contrat précisait que la durée du replay était de 30 jours. Une mesure tout à fait standard. 

Jean-Philippe Ceppi, producteur de l'émission "Temps Présent" précise que la RTS n'a subi aucune pression de la part de l'Eglise ou de prêtres concernant la diffusion ou la rediffusion de cette enquête.

La commedia dell'arte est un genre de théâtre populaire italien , né au XVI e siècle, où des acteurs masqués improvisent des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l'ingéniosité. Ce genre est apparu avec les premières troupes de comédie avec masques, en 1528.

lundi, 29 avril 2019

Camille Krafft et Constantin: la cocotte-minute n'explose pas et la journaliste remporte un Swiss Press Award

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Camille Krafft et Constantin: la cocotte-minute n'explose pas et la journaliste remporte un Swiss Press Award

Pour un sujet brûlant et explosif, Camille Krafft (déjà lauréate d'un prix en 2017) a remporté le premier prix dans la catégorie presse écrite. Elle a été distinguée pour son article «Le système Constantin», paru dans Le Matin Dimanche. Pour son portrait de six pages du président du FC Sion, Camille Krafft «ne s'est pas arrêtée à la légende que s'est construite ce personnage gouailleur et sans gêne».

Elle a décortiqué le système qu'il a mis en place et «qui repose sur trois piliers, football, immobilier et médias», peut-on lire sur le site du Swiss Press Award. Camille Krafft travaille depuis à 24 Heures.

Lien: Pierre Pistoletti, de Cath.ch, remporte un Swiss Press Award

 

Canal 9

 
 
Medialogues RTS
 

L'abbé en croisade contre les abus

12 septembre 2018-  Camille Krafft - 24 Heures

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Son sourire bonhomme est connu, l’abbé Rimaz est souvent passé à la télévision, et pour cause: c’est un communicant. En photo, on a pu le voir descendre d’un avion de chasse avec Claude Nicollier ou, plus récemment, sauter en parapente au-dessus du château de Chillon. Plus que tout, quand il sera au ciel, l’abbé rêve de voler. Mais ce prêtre en col romain, qui défend le pape avec ardeur tout en alignant les blagues potaches sur les réseaux sociaux, n’a pas la tête dans les nuages. Ces derniers mois, on l’a entendu également prendre position à la radio sur les affaires de prêtres abuseurs avec des termes très durs, comme «omerta» ou «mafia».

Il y a une semaine, la Conférence des évêques suisses annonçait avoir décidé l’obligation absolue pour les responsables ecclésiaux de dénoncer les cas d’abus sexuels à la justice civile. Dans le petit bureau de sa cure sise au cœur du Schönberg, à Fribourg, Dominique Rimaz précise d’emblée: «C’est exactement la démarche que j’ai entreprise il y a dix ans. C’était un devoir. Sinon, j’aurais fait quoi avec ma conscience?»

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Sur Facebook, en août, l’abbé a raconté pour la première fois sa «petite histoire» (lire encadré) : celle du conflit de loyauté qui l’a saisi, lorsqu’en 2008 il a dénoncé des prêtres soupçonnés d’abus à l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg, puis à la justice civile. Il souligne: «J’ai rédigé ce récit pour donner un peu d’espérance aux victimes. Pas pour régler des comptes.»

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Né à Neuchâtel d’un père fribourgeois et d’une mère italienne, l’homme a voulu devenir pilote, puis journaliste, avant d’être «rattrapé» par sa vocation, à l’âge de 25 ans. Au séminaire, la question des abus est abordée, mais «c’était théorique. On nous répétait surtout que la plupart des attouchements avaient lieu au sein des familles.»

«Un jour, une mère m’a dit: si on touche à mon enfant, je suis une lionne. Eh bien moi, si on fait du mal aux enfants du Bon Dieu, je deviens un lion.»

Seulement voilà. Une fois ordonné prêtre, Dominique Rimaz se frotte à l’humain, côté obscur. Et ce qu’il découvre est parfois très éloigné des voies du Seigneur. «Quand vous êtes habillé comme ça, les gens se confient à vous», explique l’abbé en désignant du doigt sa tenue. Très (trop) entier, très (trop) spontané, l’homme est une éponge émotionnelle, confirme un de ses ex-collègues. «Aujourd’hui, il y a des témoignages que je n’arrive pas à entendre. Je me les ramasse en plein ventre.» À l’époque, plusieurs victimes se confient à lui, une dizaine au total, dont «deux ou trois» étaient mineures au moment des faits. Trois prêtres sont concernés. L’abbé est bouleversé. «Un jour, une mère m’a dit: si on touche à mon enfant, je suis une lionne. Eh bien moi, si on fait du mal aux enfants du Bon Dieu, je deviens un lion.»

«Tout va péter»

En tant que responsable du Centre romand des vocations et doyen au Séminaire, il a alors déjà eu l’occasion d’organiser une réunion sur ces questions. «L’évêque de l’époque, Bernard Genoud, était très affecté par cette problématique. Un jour, il m’a appelé et il m’a dit: «Il faut que tu viennes, tout va péter.» C’était à la fin de 2007 et au début de 2008, aux prémices d’une médiatisation sans précédent. Un article publié dans la revue française «Golias» accuse alors l’évêché d’avoir acheté le silence de victimes d’abus sexuels. «J’ai raconté à l’évêque ce que je savais. Il m’a dit d’aller déposer ça devant un prêtre. J’ai répondu que je n’avais pas confiance. Alors il m’a demandé de le mettre par écrit. Je l’ai prévenu qu’un double devrait être envoyé à la Congrégation pour la doctrine de la foi, comme le préconisait un document de Ratzinger de 2001.»

Contacté à l’époque par le journal «Le Temps», Mgr Genoud confirmera l’existence de cette liste. Mais selon Dominique Rimaz, la missive ne reste pas confidentielle: elle est lue au sein du diocèse, où le prêtre s’attire les foudres de ses collègues. «À partir de ce moment, j’ai commencé à éprouver un grand stress.» Dans la foulée, l’abbé est mis en contact, par le biais d’une victime, avec la juge d’instruction qui enquête sur ces affaires. Elle aussi reçoit les noms. «On m’a beaucoup reproché de l’avoir fait.»

Comme plusieurs personnes en témoignent à l’interne, Bernard Genoud, décédé depuis, se recroqueville sous le poids des révélations. Très vite, l’évêché se met en position défensive et dénonce une presse vindicative. «J’essayais d’expliquer que le problème venait de l’intérieur, raconte Dominique Rimaz. Je m’accrochais aux mots de Benoît XVI sur la tolérance zéro, même si j’ai cru devenir fou. L’évêché était en retard par rapport au Vatican.»

Dominique Rimaz pense alors que sa démarche l’apaisera. Il n’en est rien. Comme le confirment deux de ses ex-collègues, l’homme est du genre «passionné» et peut se montrer colérique. Il a du reste été impliqué par deux fois dans des conflits de travail. «Ces histoires d’abus me rongeaient. J’étais comme une pile électrique. Je n’ai certes pas fait tout juste.» À la radio, le prêtre lit une lettre de l’évêque sans l’assentiment de ce dernier, selon un témoin de cette époque. Lui assure qu’il avait reçu l’autorisation et qu’il s’est fait avoir. «Suite à cela, j’ai eu l’interdiction de prendre la parole dans les médias. Peu de temps après, j’ai reçu un coup de fil de l’évêque. Il m’a dit: «Tu es trop précieux, il faut que tu ailles voir un psychiatre. Le comble de l’ironie.»

Rumeurs d’abus pédophiles

Persuadé que le problème ne vient pas de lui, l’abbé résiste. Mais des rumeurs d’abus pédophiles commencent à courir sur son propre compte. «J’ai été calomnié. On m’a vivement conseillé de quitter le diocèse. J’ai cru tout perdre. J’ai proposé à l’évêque d’aller étudier la communication à Rome. Il a fini par dire oui.» Depuis la capitale italienne, Dominique Rimaz ouvre un blog sur lequel il s’exprime sans censure. Malgré son implication auprès des victimes, il y défend le célibat obligatoire et affiche des opinions conservatrices. Mais dans un billet publié en 2010, l’abbé «manque de prudence» en dénonçant «entre les lignes» l’inaction de l’évêché, explique-t-il.

«J’ai été convoqué à Fribourg pour le lendemain. On m’a dit que ce que j’avais fait était grave. Et on a voulu de nouveau m’envoyer voir un psychiatre.» Conscient qu’il n’est pas encore temps de revenir, Dominique Rimaz part pour les États-Unis, où il restera jusqu’à la nomination de Charles Morerod comme évêque, en 2011. Il est aujourd’hui prêtre auxiliaire à la cathédrale de Fribourg et aumônier dans les hôpitaux. L’abbé assure que les cas qu’il a dénoncés à l’époque ont été «réglés. Il y a encore du travail au sein de l’Église, mais dans mon diocèse, tout a changé. J’ai à nouveau confiance.» (24 heures)

Intervention à la Radio Suisse Romande, en janvier 2008

Bio Express

1968 Naissance à Bôle (NE) d’un père fribourgeois et d’une mère italienne

1993 Entre au séminaire à 25 ans

2000 Ordonné prêtre par l’évêque Bernard Genoud

2007 Un article de la revue française «Golias» accuse l’évêché de Fribourg d’avoir acheté le silence de victimes d’abus sexuels

2008 Dominique Rimaz remet à sa hiérarchie, puis à la justice civile, une liste de noms de prêtres soupçonnés d’abus. Dans la foulée, il part pour Rome

2011 Exil dans un diocèse américain

2012 Retour à Fribourg

Contre le broyage des poussins et le vent souffle dans les ailes: mise au point

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Contre le broyage des poussins et le vent souffle dans les ailes : mise au point

 

Interessant reportage à Mise au Point (RTS)

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Dans un interview, un éleveur se sent coupable de mettre à mort de poussins mâles. Il doit admettre que le gazage est la moins mauvaise des solutions. Dieu merci, nous ne gazons pas les êtres humains !

Quant au broyage de ces petits choux, c'est inhumain, contraire à la dignité de l'animal, un être vivant. Au niveau de la météo médiatique, la cause animale est très tendance. Le vent de l'opinion publique souffle dans les ailes des végétariens et des véganes.  Si vous êtes contre le broyage des poussins, vous êtes un être rempli d'humanité. Même pour l'écologie, c'est l'homme le gêneur.

Pour la vie, contre l'avortement, et vous êtes conservateurs, extrémistes, fondamentalistes

Il suffit pourtant de transposer le vocabulaire vers un être humain, tels que: dignité, laisser une chance de vivre, agir avec humanité et le tour semble jouer ?

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Que nenni ! Un sérieux coup dans l'aile ! Vous allez êtes priés de rester tranquillement dans votre coquille et vos idées seront tuées dans l'oeuf.

Les partisans de la cause humaine sont classés à l'extrême droite, jugés sans compassion et sans respect de la liberté. Si vous êtes pour la défense de toutes personnes humaines, de leur conception à leur fin naturelle, vous risquez qu'on vous cloue le bec, ou au pilori. 

Au passage, le sexe des poussins, et non pas leurs genres, peut-être déjà détecté dans l'oeuf.

C'est vraiment trop injuste, disait Calimero. 

vendredi, 26 avril 2019

La commission théologique internationale publie un document sur la liberté religieuse

Vatican News

La liberté religieuse analysée à l’aune des défis contemporains

Avec l’approbation du Pape François, la Commission Théologique Internationale a rendu public ce 26 avril un document intitulé "La Liberté religieuse pour le bien de tous.

Approche théologique des défis contemporains". On y rappelle que la liberté religieuse ne doit pas favoriser une hégémonie ou des privilèges, mais le bien de tous. Une analyse du martyre chrétien est également proposée.

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Ce document de 37 pages constitue avant tout une mise à jour de la déclaration conciliaire Dignitatis humanae sur la liberté religieuse, publiée en 1965 «dans un contexte historique significativement différent du contexte actuel».

Pierre Pistoletti récompensé par un Swiss Press Award online : "lorsque le berger est un loup"

(Cath.ch)

Le journaliste Pierre Pistoletti, de cath.ch, est le lauréat du Swiss Press Award 2019 dans la catégorie ‘Press online’. La Fondation Reinhard von Graffenried a récompensé le 24 avril à Berne son dossier multimédia consacré aux abus sexuels dans l’Eglise: Lorsque le berger est un loup.

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Qui est le lauréat

Pierre Pistoletti, Journaliste, 1984

Rédacteur en chef de cath.ch depuis août 2018. Journaliste depuis 2014. Auparavant: master en théologie et philosophie à l'université de Fribourg. Formation initiale de médiamaticien. Activités professionnelles dans le monde de l'informatique et du web (2003-2008).

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Le travail réalisé par le journaliste récompensé

date: 12.03.2018 par Pierre Pistoletti

Le nombre de transgressions sexuelles dans l’Eglise catholique en Suisse a évolué depuis les années 50. Les cas de pédophilie ont diminué, mais les abus n’ont pas disparu pour autant. Chaque abus constitue un drame en soi. Mais quand il se déroule au pied de la croix, une terrible ambiguïté spirituelle s’ajoute à la souffrance des victimes.

Au-delà des faits, qu’est-ce qui peut pousser le berger à se transformer en loup? Quelles sont les causes structurelles qui, dans l’Eglise, favorisent ces abus? Quelle est la réponse de l’institution face aux attentes des victimes? Quels changements de perspectives pourraient amener la prise en compte effective de cette réalité?

cath.ch mène l’enquête.

Lien

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Avec le Swiss Press Award récompensant des productions de la presse écrite, online, radio, vidéo et photographie, la Fondation Reinhardt von Graffenried honore depuis plus de 30 ans les professionnels des médias qui ont réalisé des prestations remarquables dans le domaine du journalisme local ou de la photographie de presse en Suisse. Les six journalistes récompensés recevront chacun la somme de 20'000 francs.

mercredi, 17 avril 2019

Ls symbole de Notre-Dame et les sanctuaires profanés: Mgr Emmanuel de Moulins-Beaufort

Ls symbole de Notre-Dame et les sanctuaires profanés: Mgr Emmanuel de Moulins-Beaufort

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mardi, 16 avril 2019

Les 92 ans de Benoît XVI et ce “chemin pénitentiel” qui unit les deux pontificats

Les 92 ans de Benoît XVI et ce “chemin pénitentiel” qui unit les deux pontificats

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Cette année, l’anniversaire du Pape émérite est accompagné d’un débat autour de son dernier écrit sur les abus. Voici une lecture de trois documents-clés qui unissent les deux derniers évêques de Rome dans la lutte contre ce fléau.

Andrea Tornielli- Cité du Vatican

Le Pape émérite atteint l’âge de 92 ans et cette fois, son anniversaire s’accompagne d’un vif débat autour d’un de ses écrits, -quelques-unes de ses notes, comme lui-même les a appelées-,  dédié au thème des abus sur mineurs.

Dans ce texte, Benoit XVI se demande quelles sont les réponses justes à apporter à la plaie des abus et écrit: «l’antidote au mal qui nous menace, ainsi que le monde entier, ne peut que consister à nous abandonner» à l’amour de Dieu. Il ne peut exister  aucune espérance dans une Église faite par nous, construite de mains d’homme et qui se confie dans ses propres capacités. «Si nous réfléchissons à ce qu’il faut faire, il est clair que nous n’avons pas besoin d’une autre Église inventée par nous». Aujourd’hui, «l’Église est en grande partie vue comme une sorte d’appareil politique» et «la crise causée par de nombreux cas d’abus opérés par des prêtres pousse à considérer l’Église comme quelque chose de raté, que nous devrions décidément reprendre en main et reformer de manière nouvelle. Mais une Église faite par nous ne peut représenter aucune espérance».

Il est utile de souligner, en célébrant l’anniversaire de Joseph Ratzinger, l’approche que Benoît XVI et son successeur François ont eu face aux scandales et aux abus sur mineurs. Une réponse peu médiatique ou retentissante, qui ne peut être réduite à un slogan. C’est une réponse qui ne  repose pas sur les structures (même si nécessaires), sur de nouvelles normes d’urgence (tout aussi nécessaires), ou sur des protocoles toujours plus détaillés et soignés pour garantir la sécurité des enfants (indispensables au demeurant): soit des instruments utiles déjà définis ou en cours de définition.

Celle de Benoit d’abord, puis de François ensuite, est une réponse profondément et simplement chrétienne. Pour le comprendre, il suffit de relire trois documents. Trois lettres au Peuple de Dieu, en Irlande, au Chili et au monde entier, que deux Papes ont écrit au plus fort des tensions, en raison des scandales.

En écrivant aux fidèles d’Irlande, en mars 2010, le Pape Ratzinger expliquait que «les mesures pour faire face de manière juste aux crimes individuels sont essentielles, toutefois elles ne suffisent pas: il faut une nouvelle vision pour inspirer la génération présente et les générations futures à tirer profit du don de notre foi commune».

Benoît XVI invitait tous les fidèles «à consacrer (les) pénitences du vendredi, pendant une année entière, d'aujourd'hui jusqu'à la Pâque 2011, à cette fin. Je vous demande d'offrir votre jeûne, votre prière, votre lecture de la Sainte Ecriture et vos œuvres de miséricorde pour obtenir la grâce de la guérison et du renouveau pour l'Eglise qui est en Irlande. Je vous encourage à redécouvrir le sacrement de la Réconciliation et à recourir plus fréquemment à la force transformatrice de sa grâce».

«Une attention particulière, ajoutait-il, devra aussi être réservée à l'adoration eucharistique». Prière, adoration, jeûne et pénitence. L’Église n’accuse pas des ennemis de l’extérieur, elle est consciente que l’attaque la plus forte arrive de l’intérieur et du péché de l’Église. Et le remède proposé est la redécouverte de l’essentiel de la foi et d’une Église pénitente, qui reconnait avoir besoin de pardon et de l’aide d’En-Haut. Le cœur du message, empreint d’humilité, de douleur, de honte, de contrition, mais en même temps ouvert à l’espérance, est le regard chrétien, évangélique.

Huit ans lus tard, le 1er juin 2018, une autre lettre du Pape adressée à un pays frappé par le scandale de la pédophilie est rendue publique. Celle que François envoie aux Chiliens. «Faire appel à vous, écrit-il, vous demander de prier n’était pas un recours fonctionnel usuel, ni un simple geste de bonne volonté», mais au contraire, «je voulais placer les choses à leur place, précise et précieuse, et situer le problème là où il doit être: le statut du Peuple de Dieu qui ‘est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint’. Le saint peuple fidèle de Dieu est oint de la grâce du Saint-Esprit. (…) Nous sommes tenus de promouvoir conjointement une transformation ecclésiale qui nous concerne tous».

Le Pape Bergoglio insiste sur le fait que l’Église ne se construit d’elle-même: «Une Église avec des plaies ne se met pas au centre, ne se croit pas parfaite, ne cherche pas à couvrir et à cacher son mal, elle se remet plutôt au seul qui peut guérir les blessures et qui a pour nom Jésus-Christ».

On arrive ainsi au 20 août 2018, à la lettre de François au Peuple de Dieu sur le thème des abus. La première d’un Souverain Pontife adressée sur ce thème aux fidèles du monde entier. Ce nouvel appel au Peuple de Dieu se conclut de la même manière, en invitant à la prière et au jeûne « qui nous secoue et nous fasse nous engager dans la vérité et dans la charité envers tous les hommes de bonne volonté et envers la société en général, afin de lutter contre tout type d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience».

La prière et la pénitence, en outre, «nous aideront à sensibiliser nos yeux et notre cœur à la souffrance de l’autre et à vaincre l’appétit de domination et de possession, très souvent à l’origine de ces maux».

Encore une fois, François suggère un chemin pénitentiel, très loin de toute forme de triomphalisme, -ainsi qu’il l’a répété lors de l’homélie du dimanche des Rameaux-, et de l’image d’une Église forte et protagoniste, qui cherche à cacher ses faiblesses et son péché. La même proposition que son prédécesseur.

De l'incendie de Notre-Dame au sanctuaire sacré d'un enfant

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Je ne sais pas si c’est politiquement correct, mais les enfants innocents valent plus qu’une cathédrale, fut-ce t’elle Notre-Dame de Paris.

Le monde entier s’émeut, à juste titre, de dégâts matériels symboliquement très puissants.

Mais combien de silence complice face à un sanctuaire profané, une personne innocente bafouée, abusée et violée.

Cette émotion justifiée aurait dû être partagée, avec la sonnerie des cloches, depuis bien plus longtemps, en faveur de l’innocence, le sanctuaire sacré de l’enfant.

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vendredi, 12 avril 2019

Abus: les critiques contre le Pape émérite Benoît XVI et le texte

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Abus: les critiques contre le Pape émérite Benoît XVI et le texte

Les médias mainstream ont repris certains aspects de l'article publié par Benoît XVI. Dans la communication, l'objectivité n'est pas possible. Elle serait une simple photocopie, un copier-coller de tous les mots. 

Communiquer c'est choisir. Il est donc normal que seuls certains passages soient retenus. 

L'objectivité n'est pas possible, mais la vérité oui. C'est l'essence même de la communication. 

Je reprends donc quatre titres, en les comparants avec les propos textuels du Pape émérite. 

Aleteia, texte traduit en intégralité

1. - La crise de la pédophilie vient de mai 1968. 

Non. Joseph Ratzinger cite les paroles mêmes de Jésus. Les scandales existaient malheureusement à cette époque.

À la lumière de l’ampleur de l’inconduite pédophile, un mot de Jésus attire mon attention :  » Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer » (Mc 9,42).

L’expression « ces petits » dans le langage de Jésus désigne les croyants ordinaires, qui peuvent être ébranlés dans leur foi par l’orgueil intellectuel de ceux qui se pensent intelligents. Donc, Jésus protège le dépôt de la foi par une menace de punition pour ceux qui lui portent atteinte.

Mais il est de notoriété publique que des intellectuels comme Bernard Kouchner, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou Daniel Cohn-Bendit ont justifié intellectuellement la pédophilie. Aucun texte de l'Eglise ne va dans ce sens. 

... il apparaît alors soudainement comme une évidence que certaines choses sont mauvaises et détruisent l’humain. C’est notamment le cas de la pédophilie. La théorie voulait, encore assez récemment, qu’elle soit considérée comme une pratique autorisée, et elle n’a cessé de se répandre. Et nous découvrons désormais avec effroi que nos enfants et nos adolescents subissent des choses qui menacent de les détruire. 

2. - L'homosexualité est la cause de la pédophilie. 

Non. Benoît XVI parle de l'écroulement moral, de la faillite morale des évêques. 

En effet, dans de nombreuses parties de l’Église, l’attitude conciliaire était comprise comme une attitude critique ou négative à l’égard de la tradition jusqu’alors en vigueur, qui devait maintenant être remplacée par une nouvelle relation radicalement ouverte avec le monde. Un évêque, qui avait précédemment été recteur d’un séminaire, avait montré des films pornographiques aux séminaristes avec l’objectif présumé de les rendre résistants à des comportements contraires à la foi.

Paradoxalement, le roman Sodoma de Frédéric Martel confirme quelque peu le Pape émérite. Un prélat corrompu peut cacher son secret en exigeant que l'autre garde le sien. 

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3. - il ne fait aucune mention des victimes. 

Non. Le Pape émérite les a rencontrées et il évoque une jeune fille blessée en la comprenant. 

Au cours de conversations avec des victimes de la pédophilie, cette nécessité m’est apparue avec toujours plus de vigueur. Une jeune femme, ancienne servante d’autel, m’a confié que l’aumônier, qui avait en charge les servants d’autel, introduisait toujours ses attouchements sexuels par la phrase : « Ceci est mon corps, livré pour vous. »

Il est bien évident que cette femme ne peut plus entendre les paroles de la consécration sans revivre à nouveau la terrible souffrance de ces abus.

4. - médiatiquement, Benoît XVI enflamme les réseaux sociaux et se plante dans sa propre communication. 

Non. Ratzinger a écrit dans une revue théologique, à l'attention des prêtres. Ce format est différent qu'un article de presse, qu'un téléjournal qui traite d'un sujet en 2 minutes. Il faut donc remettre le texte dans son contexte et expliquer avec patience. Les réseaux sociaux permettent un dialogue et un échange rapide. 

... publier ce texte dans Klerusblatt [un périodique mensuel destiné au clergé dans la plupart des diocèses bavarois].

Aussi, un texte de 12 pages ne saurait résumé tout ce que Joseph Ratzinger a entrepris depuis 1984, depuis son entrée au "Vatican" au service du Pape et de l'Eglise universelle. 

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jeudi, 11 avril 2019

Abus: Benoît XVI sort de son silence

Dans un texte publié dans le mensuel allemand Klerusblatt et repris par le quotidien italien Corriere della Sera, le pape émérite Benoît XVI parle d’Église et de pédophilie. Cet écrit, long de 18 pages, met en cause les lourdes responsabilités de la hiérarchie ecclésiastique.

 

"Et dans tous les temps, il y aura et il y aura non seulement l'ivraie et le mauvais poisson, mais aussi l'ensemencement de Dieu et le bon poisson. Annoncer les deux avec la même force n'est pas une fausse apologétique, mais un service nécessaire rendu à la vérité"

 

(source : traduction non officielle)

- Zenit résumé

- Aleteia, traduction intégrale 

Abus: Benoît XVI sort de son silence

"donner un signal fort et essayer de recommencer pour redonner à l'Eglise une crédibilité en tant que lumière du peuple, en tant que force contribuant à la lutte contre les puissances destructrices".

04265_19082011.JPGDu 21 au 24 février 2019, à l'invitation du pape François, les présidents de toutes les conférences épiscopales du monde se sont réunis au Vatican pour réfléchir ensemble à la crise de la foi et de l'Église ressentie dans le monde entier à la suite de la diffusion de la nouvelle choquante de les abus commis par des religieux sur des mineurs. La taille et la gravité des informations sur ces épisodes ont profondément bouleversé prêtres et laïcs et, dans nombre d’entre eux, ont déterminé le questionnement de la foi de l’Église en tant que telle. Nous devions donner un signal fort et nous devions essayer de recommencer pour redonner à l'Eglise une crédibilité en tant que lumière du peuple et en tant que force contribuant à la lutte contre les puissances destructrices.

Ayant moi-même agi, au moment de l'explosion publique de la crise et au cours de son développement progressif, dans une position de responsabilité en tant que pasteur dans l'Église, je ne pouvais que me demander - bien que je n'eusse plus aucune responsabilité directe pour Emeritus - comment, à partir d'un coup d'œil rétrospective, je pourrais contribuer à cette reprise. Ainsi, dans l'intervalle de temps qui va de l'annonce de la réunion des présidents des conférences épiscopales à son véritable commencement, j'ai préparé quelques notes pour donner une indication qui pourrait être utile en ce moment difficile. Après des contacts avec le secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, et avec le Saint-Père lui-même, j'estime opportun de publier le texte ainsi conçu dans "Klerusblatt".

Mon travail est divisé en trois parties.

- Dans un premier point, j'essaie très brièvement de décrire de manière générale le contexte social de la question, sans lequel le problème est incompréhensible. J'essaie de montrer comment s'est déroulé un processus sans précédent dans les années 1960, un ordre de grandeur qui, dans l'histoire, est presque sans précédent. On peut affirmer que, dans les deux décennies écoulées entre 1960 et 1980, les critères jusque-là valables en matière de sexualité ont complètement échoué et qu’il en est résulté une absence de normes auxquelles nous avons tenté de remédier.

- Dans un deuxième point, j'essaie de mentionner les conséquences de cette situation sur la formation et la vie des prêtres.

- Enfin, dans une troisième partie, je développerai quelques perspectives pour une réponse correcte de la part de l’Église.

Le processus a commencé dans les années 1960 et la théologie morale

    La situation a commencé avec l’introduction, décrétée et appuyée par l’État, des enfants et des jeunes à la nature de la sexualité. En Allemagne, le ministre de la Santé de l'époque, Käte Strobel, avait réalisé un film destiné à informer, dans lequel tout ce qui ne pouvait pas être montré publiquement, y compris les rapports sexuels, était représenté. Ce qui à l’origine était uniquement destiné à informer les jeunes, a ensuite été admis, comme cela était évident, comme une possibilité générale.

Le "Sexkoffer" [valise sexuelle] édité par le gouvernement autrichien était également similaire. Les films sexuels et pornographiques sont devenus une réalité, au point d'être projetés même dans les cinémas des stations. Je me souviens encore qu’un jour, en me rendant à Ratisbonne, j’ai vu qu’il attendait une masse de gens devant un grand cinéma, comme on ne l’avait vu jusqu’alors en temps de guerre alors qu’il espérait une distribution extraordinaire. J'étais aussi impressionné par ma mémoire lorsque je suis arrivé dans la ville le vendredi saint en 1970 et que toutes les colonnes de publicité étaient couvertes d'affiches publicitaires qui présentaient en grand format deux personnes complètement nues, serrées dans leurs bras.

Parmi les libertés que la révolution de 1968 voulait conquérir, il y avait aussi la liberté sexuelle complète, qui ne tolérait plus aucune norme. La propension à la violence qui a caractérisé ces années est étroitement liée à cet effondrement spirituel. En fait, la projection de films sexuels n'était plus autorisée dans les avions, la violence ayant éclaté dans la petite communauté de passagers. Puisque même les excès vestimentaires ont provoqué de l'agressivité, les directeurs ont essayé d'introduire des vêtements scolaires qui pourraient permettre un climat d'étude.

Le fait que la pédophilie ait été diagnostiquée comme étant autorisée et commode fait également partie de la physionomie de la révolution de 1968. Au moins pour les jeunes de l'Église, mais pas seulement pour eux, ce fut à bien des égards une période très difficile. Je me suis toujours demandé comment, dans cette situation, les jeunes pouvaient aller vers le sacerdoce et l'accepter avec toutes ses conséquences. L'effondrement généralisé des vocations sacerdotales au cours de ces années et le nombre énorme de démissions de clercs étaient une conséquence de tous ces processus.

    Indépendamment de cette évolution, la théologie morale catholique s'est effondrée à la même époque, rendant l'Église sans défense face à ces processus de la société. J'essaie de décrire très brièvement le développement de cette dynamique. Jusqu'en Vatican II, la théologie morale catholique était largement fondée sur le droit naturaliste, tandis que la Sainte Écriture était utilisée uniquement comme arrière-plan ou comme support. Dans le combat mené par le Conseil pour une nouvelle compréhension de l'Apocalypse, l'option de la loi naturelle a été presque complètement abandonnée et une théologie morale entièrement fondée sur la Bible s'imposait. Je me souviens encore de la façon dont la faculté des jésuites de Francfort avait préparé un jeune père très doué (Bruno Schüller) à l’élaboration d’une morale entièrement fondée sur les Écritures. La belle thèse du père Schüller montre le premier pas dans l’élaboration d’une morale fondée sur les Écritures.

Le père Schüller fut alors envoyé aux États-Unis d'Amérique pour poursuivre ses études et revint avec la certitude qu'il n'était pas possible d'élaborer systématiquement une morale à partir de la Bible. Il a ensuite tenté d'élaborer une théologie morale plus pragmatique, sans toutefois pouvoir apporter de réponse à la crise de la moralité.

Enfin, la thèse selon laquelle la morale ne devait être définie qu'en fonction des finalités de l'action humaine a été largement affirmée. Le vieil adage "la fin justifie le moyen" n'a pas été répété sous cette forme brute, et pourtant la conception qu'il exprimait est devenue décisive. Par conséquent, il ne pouvait même pas y avoir quelque chose d'absolument bon, ni toujours de mal, mais seulement des évaluations relatives. Le bien n'était plus là, mais seulement ce qui est relativement meilleur à l'époque et selon les circonstances.

À la fin des années 1980 et dans les années 1990, la crise des fondements et la présentation de la morale catholique ont pris des formes dramatiques. Le 5 janvier 1989, la "Déclaration de Cologne" a été publiée. Elle a été signée par 15 professeurs de théologie catholique, qui se sont concentrés sur plusieurs points critiques de la relation entre l'enseignement épiscopal et la tâche de la théologie.

Ce texte, qui initialement n’allait pas au-delà du niveau habituel de griefs, a cependant grandi très rapidement jusqu’à devenir un cri de protestation contre le magistère de l’Église, rassemblant de manière visible et audible le potentiel d’opposition qui s’élevait contre le monde entier contre les textes magistraux attendus de Jean-Paul II (voir D. Mieth, Kölner Erklärung, LThK, VI3.196).

Le pape Jean-Paul II, qui connaissait très bien la situation de la théologie morale et la suivait avec soin, a fait en sorte que le travail commence sur une encyclique capable de résoudre ces problèmes. Il a été publié sous le titre Veritatis splendor le 6 août 1993, provoquant de violentes réactions de la part de théologiens moraux. Auparavant, il y avait déjà eu le Catéchisme de l'Église catholique qui avait systématiquement exposé de manière convaincante la morale enseignée par l'Église.

"il y a des actions qui doivent toujours être considérées comme mauvaises, en toutes circonstances"

Je ne peux pas oublier que Franz Böckle - alors parmi les principaux théologiens de langue allemande, qui après avoir été nommé professeur émérite, s'était retiré dans son pays d'origine suisse -, au vu des possibles décisions de la splendeur de la vérité, déclarait que si l'Encyclique avait décidé qu'il y a des actions qui doivent toujours être considérées comme mauvaises, en toutes circonstances, il aurait élevé la voix avec toute la force dont il disposait.

Le bon Dieu lui épargne la réalisation de son dessein; Böckle est décédé le 8 juillet 1991. L'encyclique a été publiée le 6 août 1993 et contenait en fait la déclaration qu'il existe des actions qui ne peuvent jamais devenir bonnes. Le pape était parfaitement conscient du poids de cette décision à cette époque et, précisément pour cette partie de son document, il avait de nouveau consulté des experts de niveau absolu qui n'avaient pas participé par eux-mêmes à la rédaction de l'encyclique. Il ne pouvait pas et aurait dû y avoir aucun doute que la moralité basée sur le principe de l'équilibrage des biens doit respecter une limite finale.

Il y a des biens qui ne sont pas disponibles. Il y a des valeurs qu'il n'est jamais permis de sacrifier au nom d'une valeur encore plus élevée et qui vont au-delà de la préservation de la vie physique. Dieu est encore plus que la survie physique. Une vie achetée au prix de la négation de Dieu, une vie basée sur un dernier mensonge, est une non-vie. Le martyre est une catégorie fondamentale de l'existence chrétienne. En fin de compte, dans la théorie soutenue par Böckle et de nombreuses autres, elle n’est plus moralement nécessaire, elle montre qu’il est ici question de l’essence même du christianisme.

Entre-temps, en théologie morale, une autre question était devenue urgente: la thèse avait été largement affirmée que le magistère de l'Église n'avait la compétence ultime et définitive ("infaillibilité") que sur les questions de foi, tandis que les questions de morale ils pourraient faire l'objet de décisions infaillibles du magistère ecclésiastique. Dans cette thèse, il y a certainement quelque chose de juste qui mérite d'être discuté plus en profondeur et approfondi. Et pourtant, il existe un minimum moral qui est inextricablement lié à la décision fondamentale de la foi et qui doit être défendu si nous ne voulons pas réduire la foi à une théorie et reconnaître au contraire l'affirmation selon laquelle elle avance par rapport à la vie concrète.

De tout cela ressortent comment l'autorité de l'Église dans le domaine moral est radicalement contestée. Celui qui, dans ce domaine, refuse à l’Église une dernière compétence doctrinale, l’oblige à garder le silence là où la ligne de démarcation entre vérité et mensonge est en jeu.

Indépendamment de cette question, la thèse développée dans de vastes domaines de la théologie morale que l'Église n'a ni ne peut avoir sa propre moralité. En affirmant cela, il est souligné que toutes les affirmations morales auraient des équivalents dans d'autres religions également et qu'un propum chrétien ne pourrait donc pas exister. Mais à la question de la propriété d'une morale biblique, on ne répond pas en affirmant que, pour chaque phrase, un équivalent peut être trouvé quelque part dans les autres religions.

Au lieu de cela, c'est l'ensemble de la moralité biblique qui, en tant que telle, est nouveau et différent des parties individuelles. La particularité de l'enseignement moral de la Sainte Écriture réside en définitive dans son ancrage à l'image de Dieu, dans la foi en l'unique Dieu qui s'est manifesté en Jésus-Christ et qui a vécu en homme. Le Décalogue est une application à la vie humaine de la foi biblique en Dieu: l'image de Dieu et la moralité vont de pair et produisent ainsi ce qui est spécifiquement nouveau dans l'attitude chrétienne envers le monde et la vie humaine. De plus, depuis le début, le christianisme a été décrit avec le mot hodòs.

La foi est un voyage, un mode de vie. Dans l’Église ancienne, le catéchuménat s’est établi comme un espace d’existence dans lequel une culture nouvelle et spécifique du mode de vie chrétien était enseignée et préservée dans le respect du mode de vie commun. Je pense qu’aujourd'hui encore, il faut quelque chose de similaire aux communautés catéchuménales pour que la vie chrétienne puisse s’affirmer dans sa particularité.

2 Premières réactions ecclésiales

    Le processus de dissolution de la conception chrétienne de la moralité, préparé de longue date et en cours de réalisation, dans les années 60, comme je l’ai essayé, a connu une radicalité sans précédent. Cette dissolution de l'autorité doctrinale de l'Église en matière morale devait nécessairement se répercuter également dans les différents espaces de vie de l'Église.

"Dans divers séminaires ont été formés des clubs homosexuels qui ont agi plus ou moins ouvertement et qui ont clairement transformé le climat des séminaires".

Dans le cadre de la réunion des présidents des conférences épiscopales du monde entier, il s'agit avant tout de la question de la vie sacerdotale et également de celle des séminaires. En ce qui concerne le problème de la préparation du ministère sacerdotal dans les séminaires, on observe en fait un vaste effondrement de la forme en vigueur jusqu’à ce moment de cette préparation.

Dans divers séminaires ont été formés des clubs homosexuels qui ont agi plus ou moins ouvertement et qui ont clairement transformé le climat des séminaires. Lors d’un séminaire dans le sud de l’Allemagne, des candidats à la prêtrise et à la présidence du ministère laïc ont cohabité. Pendant les repas communs, les séminaristes se tenaient aux côtés des partenaires pastoraux mariés, en partie accompagnés de leur femme et de leur fils et, dans certains cas, de leurs amies. Le climat au séminaire ne pouvait pas aider la formation sacerdotale. Le Saint-Siège était au courant de ces problèmes sans être informé en détail. Dans un premier temps, une visite apostolique a été organisée dans les séminaires des États-Unis.

Les critères de sélection et de nomination des évêques ayant également été modifiés après le Concile Vatican II, les relations des évêques avec leurs séminaires étaient également différentes. En tant que critère pour la nomination de nouveaux évêques, leur "conciliarité" était maintenant surtout valable, car les choses les plus diverses pouvaient être comprises naturellement avec ce terme. Dans de nombreuses parties de l'Église, le sentiment de réconciliation était en réalité compris comme une attitude critique ou négative à l'égard de la tradition en vigueur jusqu'à cette époque, qu'il fallait maintenant remplacer par une nouvelle relation radicalement ouverte avec le monde.

Un évêque, qui avait précédemment occupé les fonctions de recteur, avait montré des films pornographiques aux séminaristes, vraisemblablement dans l'intention de les rendre ainsi capables de résister à un comportement contraire à la foi. Certains évêques - et pas seulement aux États-Unis d'Amérique - ont rejeté la tradition catholique dans son ensemble, cherchant à développer dans leur diocèse une sorte de nouvelle "catholicité" moderne. Il convient peut-être de mentionner que, dans de nombreux séminaires, les étudiants surpris à lire mes livres étaient considérés comme inaptes à la prêtrise. Mes livres étaient cachés comme de la littérature nuisible et étaient pour ainsi dire des lits sous la table.

La visite qui a suivi n'a pas apporté d'informations nouvelles, car il est évident que plusieurs forces s'étaient unies pour dissimuler la situation réelle. Une deuxième visite a été organisée et a permis de recueillir beaucoup plus d’informations, mais dans l’ensemble, elle n’a eu aucune conséquence. Néanmoins, à partir des années 1970, la situation des séminaires en général a été consolidée. Et pourtant, de manière sporadique, les vocations se sont renforcées car, dans l’ensemble, la situation s’est développée différemment.

Si je me souviens bien, le problème de la pédophilie n'est devenu d'actualité que dans la seconde moitié des années 80. Aux États-Unis, dans l'intervalle, il avait déjà pris de l'ampleur et était devenu un problème public. Ainsi, les évêques ont demandé de l'aide à Rome parce que le droit canonique, tel qu'énoncé dans le nouveau code, ne semblait pas suffisant pour adopter les mesures nécessaires. Au début, Rome et les canonistes romains avaient des difficultés avec cette demande; à leur avis, pour obtenir purification et clarification, une suspension temporaire du ministère sacerdotal aurait dû suffire.

Cela ne pouvait pas être accepté par les évêques américains, car les prêtres restaient ainsi au service de l'évêque et étaient donc considérés comme des personnes directement liées à lui. Un renouveau et un approfondissement du droit pénal, intentionnellement construit de manière fade dans le nouveau code, ne pourraient que faire leur chemin.

A cela s’ajoute un problème fondamental concernant la conception du droit pénal. A présent, il était considéré comme "conciliant" uniquement le prétendu "garantie". Cela signifie que les droits de l'accusé devaient avant tout être garantis, au point d'exclure une condamnation. En contrepoids à la possibilité souvent insuffisante de se défendre contre les théologiens accusés, leur droit à la défense était tellement répandu dans le sens de la garantie que les peines devenaient presque impossibles.

"Quiconque scandalise un de ces petits qui y croient, il vaut mieux pour lui qu'un âne lui soit mis à la nuque et jeté à la mer" (Mc 9,42)

Permettez-moi à ce stade un bref excursus. Devant l'extension des péchés de pédophilie, un mot de Jésus me vient à l'esprit: "Quiconque scandalise un de ces petits qui y croient, il vaut mieux pour lui qu'un âne lui soit mis à la nuque et jeté à la mer" (Mc 9,42). Dans son sens original, ce mot ne parle pas de la sollicitation d’enfants à des fins sexuelles.

"Jésus protège alors le bien de la foi par une menace péremptoire de punition pour ceux qui l’offensent".

Le terme "les petits", dans le langage de Jésus, désigne de simples croyants, qui pourraient être ébranlés dans leur foi par l'orgueil intellectuel de ceux qui se croient intelligents. Jésus protège alors le bien de la foi par une menace péremptoire de punition pour ceux qui l’offensent. L'utilisation moderne de ces mots en soi n'est pas fausse, mais elle ne doit pas dissimuler leur sens originel. Dans cette déclaration, il est clair, à l’évidence, qu’il est important et non seulement le droit de l’accusé à garantir. Les biens précieux comme la foi sont tout aussi importants. Un droit canonique équilibré, qui correspond au message de Jésus dans son intégralité, ne doit donc pas être garanti uniquement en faveur de l'accusé, dont le respect est un bien protégé par la loi. Il doit également protéger la foi, qui est également un atout important protégé par la loi.

Un droit canon construit correctement doit donc comporter une double garantie: protection juridique de l'accusé et protection juridique du bien en cause. Quand aujourd'hui ce concept est clairement énoncé, nous nous heurtons en général à la surdité et à l'indifférence sur la question de la protection juridique de la foi. Dans la conscience juridique commune, la foi ne semble plus avoir le rang d'un bien à protéger. C'est une situation préoccupante à laquelle les pasteurs de l'Église doivent réfléchir et réfléchir sérieusement.

Aux brèves références à la situation de la formation sacerdotale au moment de l'explosion publique de la crise, j'aimerais maintenant ajouter quelques indications sur l'évolution du droit canonique dans cette question. En soi, la Congrégation pour le clergé est responsable des crimes commis par les prêtres. Cependant, comme à cette époque le cautionnement dominait largement la situation, nous avons convenu avec le pape Jean-Paul II de la possibilité d'attribuer la compétence sur ces crimes à la Congrégation pour la doctrine de la foi, sous le titre "Delicta maiora contra fidem".

Avec cette attribution, la peine maximale était également possible, c'est-à-dire la renvoi de l'état clérical qui, en revanche, n'aurait pas été applicable à d'autres titres légaux. Ce n’était pas un stratagème de pouvoir imposer la peine maximale, mais une conséquence du poids de la foi pour l’Église. En fait, il est important de garder à l’esprit que, dans des péchés similaires, la foi est finalement endommagée: ce n’est que lorsque la foi ne détermine plus les actes des hommes que de tels crimes sont possibles.

Cependant, la sévérité de la peine suppose également une preuve claire du crime commis: c'est le contenu de la garantie qui reste en vigueur. En d'autres termes: pour pouvoir légitimement appliquer la peine maximale, un véritable procès pénal est nécessaire. Et pourtant, de cette manière, on a trop demandé aux diocèses et au Saint-Siège. Nous avons donc établi une forme minimale de procès pénal et laissé ouverte la possibilité que le Saint-Siège lui-même prône le processus si le diocèse ou la métropole n’était pas en mesure de le mener à bien. En tout état de cause, le procès devait être vérifié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et il y avait des retards qu'il fallait éviter à cause de cela, le pape François entreprit de nouvelles réformes.

Quelques perspectives

    Que devrions-nous faire? Avons-nous besoin de créer une autre église pour que les choses puissent s'adapter? Cette expérience a déjà été faite et a déjà échoué. Seuls l'amour et l'obéissance à notre Seigneur Jésus-Christ peuvent nous montrer la bonne voie. Essayons d’abord de comprendre d’une manière nouvelle et profonde ce que le Seigneur voulait et veut de nous.

"L'antidote au mal qui nous menace, à nous et au monde entier, ne peut que consister en le fait que nous nous abandonnons à cet amour. C'est le véritable antidote au mal. La puissance du mal provient de notre rejet de l'amour pour Dieu"

Tout d’abord, je dirais que si nous voulions vraiment synthétiser au maximum le contenu de la foi fondée dans la Bible, nous pourrions dire: le Seigneur a commencé une histoire d’amour avec nous et veut résumer en elle la création tout entière. L'antidote au mal qui nous menace, à nous et au monde entier, ne peut que consister en le fait que nous nous abandonnons à cet amour. C'est le véritable antidote au mal. La puissance du mal provient de notre rejet de l'amour pour Dieu. Ceux qui nous font confiance sont rachetés. Notre non-remboursement repose sur notre incapacité à aimer Dieu. Apprendre à aimer Dieu est donc le moyen de racheter les hommes.

Si nous essayons maintenant d'exploiter un peu plus largement ce contenu essentiel de la Révélation de Dieu, nous pourrions dire: le premier don fondamental que nous offre la foi consiste dans la certitude que Dieu existe. Un monde sans Dieu ne peut être qu'un monde sans signification. En fait, d’où vient tout ce qui est? En tout cas, il manquerait de fondement spirituel. À certains égards, il serait simplement là et serait dépourvu de tout but. Il n'y aurait plus de critères du bien et du mal. Par conséquent, seul le plus fort aurait de la valeur. Le pouvoir devient alors le seul principe. La vérité n'a pas d'importance, en réalité elle n'existe pas. Seulement si les choses ont un fondement spirituel, seulement si elles sont désirées et pensées - seulement s'il y a un Dieu créateur qui est bon et qui veut le bien - même la vie de l'homme peut avoir un sens.

Que Dieu existe en tant que créateur et que la mesure de toutes choses est avant tout une exigence originale. Mais un Dieu qui ne se serait pas manifesté du tout, qui ne se serait pas fait connaître resterait une hypothèse et ne pourrait donc pas déterminer la forme de notre vie. Pour que Dieu soit réellement Dieu dans la création consciente, nous devons nous attendre à ce qu'il se manifeste sous une forme ou une autre. Il l'a fait à bien des égards et de manière décisive dans l'appel qui a été adressé à Abraham et a donné cette orientation à l'homme, dans la recherche de Dieu, qui surmonte toutes les attentes: Dieu devient une créature lui-même, nous parle en tant qu'homme .

Alors finalement, la phrase "Dieu est" devient vraiment une bonne nouvelle, précisément parce que c'est plus que de la connaissance, car elle génère de l'amour et c'est de l'amour. Rendre les gens conscients de cela est la première et fondamentale tâche que le Seigneur nous confie.

Comment la pédophilie pourrait-elle atteindre une telle dimension? En fin de compte, la raison réside dans l’absence de Dieu et même nous, chrétiens et prêtres, nous préférons ne pas parler de Dieu car c’est un discours qui ne semble pas avoir d’utilité pratique. Après les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne, nous avons adopté notre Constitution, nous déclarant explicitement responsables devant Dieu, en tant que critère directeur. Un demi-siècle plus tard, il n'était plus possible, dans la Constitution européenne, d'assumer la responsabilité devant Dieu en tant que critère de mesure. Dieu est considéré comme une affaire de parti d'un petit groupe et ne peut plus être pris comme critère de mesure de la communauté dans son ensemble. Cette décision reflète la situation en Occident, dans laquelle Dieu est devenu une minorité privée.

La première tâche qui doit découler des bouleversements moraux de notre temps consiste à recommencer à vivre de Dieu, tourné vers lui et lui obéissant. Avant tout, nous devons nous-mêmes réapprendre à reconnaître Dieu comme le fondement de notre vie et à ne pas le laisser de côté comme un mot vide. Je reste impressionné par l'avertissement que le grand théologien Hans Urs von Balthasar a écrit sur l'une de ses cartes: "Le Dieu trine, Père, Fils et Saint-Esprit: ne le présuppose pas, mais le met avant!". En fait, même en théologie, on suppose souvent que Dieu est une évidence, mais cela ne le concerne pas vraiment. Le thème "Dieu" apparaît si irréel, si loin des choses qui nous occupent. Et pourtant tout change si Dieu n'est pas présupposé, mais est placé devant lui. Si vous ne le laissez pas en arrière-plan mais que vous le reconnaissez comme le centre de notre pensée, de notre parole et de notre action.

Dieu est devenu homme pour nous. La créature humaine est si proche de son cœur qu'elle y a adhéré, en entrant concrètement dans l'histoire. Parlez-nous, vivez avec nous, souffrez avec nous et pour nous, il s'est pris à mort. Nous en parlons certainement en théologie dans une langue et avec des concepts appris. Mais c’est précisément le danger que nous nous imposions comme seigneurs de la foi, au lieu de nous laisser renouveler et dominer par la foi.

Considérons cela en réfléchissant sur un point central, la célébration de la Sainte Eucharistie. Notre relation avec l'Eucharistie ne peut que susciter l'inquiétude. Vatican II avait justement l'intention de placer ce sacrement de la présence du corps et du sang du Christ, de la présence de sa personne, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection au centre de la vie chrétienne et de l'existence de l'Église. C'est en partie ce qui s'est réellement passé et pour cela, nous voulons remercier le Seigneur de tout notre cœur.

Mais une autre attitude est largement dominante: il n'y a pas de nouveau respect profond pour la présence de la mort et de la résurrection du Christ, mais une façon de traiter avec lui qui détruit la grandeur du mystère. La participation décroissante à la célébration dominicale de l'Eucharistie montre à quel point nous, chrétiens d'aujourd'hui, sommes peu à même d'évaluer la grandeur du don qui consiste en sa présence réelle.

L’Eucharistie est ramenée au rang de geste cérémonial quand il est considéré évident que les bonnes manières exigent qu’elle soit distribuée à tous les invités en raison de leur appartenance à la famille, à l’occasion de vacances en famille ou d’événements tels que les mariages et les funérailles. L’évidence avec laquelle, à certains endroits, les présents, simplement parce qu’ils reçoivent le Saint Sacrement, montre qu’on ne voit dans la communion qu’un geste cérémonial.

Si nous réfléchissons à ce qu'il faut faire, il est clair que nous n'avons pas besoin d'une autre église inventée par nous. Ce qui est nécessaire à la place, c’est le renouvellement de la foi en la réalité de Jésus-Christ qui nous a été donnée dans le sacrement.

Au cours de conversations avec les victimes de pédophilie, j'ai pris de plus en plus conscience de ce besoin. Une jeune fille qui a servi d'autel à l'autel m'a dit que le vicaire paroissial, qui était son supérieur depuis qu'elle était clerc, avait présenté l'abus sexuel qu'il lui avait infligé avec ces mots: "Ceci est mon corps qui est donné pour vous ».

Il est évident que la jeune fille ne peut plus entendre les paroles de la consécration sans se sentir terriblement fâchée contre elle-même face à toutes les souffrances de la victime. Oui, nous devons implorer de manière urgente le pardon du Seigneur et surtout le supplier et le prier de nous apprendre à tous à comprendre à nouveau la grandeur de sa passion, de son sacrifice. Et nous devons tout faire pour protéger le don de la Sainte Eucharistie des abus.

"L’Église meurt dans l’âme".

    Et enfin voici le mystère de l'Église. Les mots avec lesquels Romano Guardini, il y a près de cent ans, exprimait la joyeuse espérance alors affirmée en lui et dans de nombreux autres restent gravés dans la mémoire: "Un événement d'une importance incalculable a commencé: l'Église s'éveille dans les âmes". Il entendait par là que l'Église n'était plus, comme auparavant, simplement un appareil qui se présente à nous de l'extérieur, expérimenté et perçu comme une sorte de bureau, mais qui commençait à se sentir vivant dans les cœurs eux-mêmes: non pas comme quelque chose d'extérieur. mais cela nous a touché de l'intérieur.

Environ un demi-siècle plus tard, après avoir réfléchi de nouveau à ce processus et examiné ce qui venait de se passer, j’ai été tenté de renverser la phrase: "L’Église meurt dans l’âme". En fait, aujourd'hui, l'Église n'est généralement perçue que comme une sorte d'appareil politique. En fait, cela ne parle que d'utiliser des catégories politiques et cela est vrai même pour les évêques qui formulent leur idée de l'Église de demain dans une large mesure, presque exclusivement en termes politiques. La crise provoquée par de nombreux cas d'abus commis par des prêtres nous amène à considérer l'Église comme une chose misérable que nous devons absolument prendre en main et former différemment. Mais une église faite par nous ne peut représenter aucun espoir.

"Et dans tous les temps, il y aura et il y aura non seulement l'ivraie et le mauvais poisson, mais aussi l'ensemencement de Dieu et le bon poisson. Annoncer les deux avec la même force n'est pas une fausse apologétique, mais un service nécessaire rendu à la vérité".

Jésus lui-même a comparé l'Église à un filet de pêche dans lequel se trouvent des bons et des mauvais poissons, puisque c'est Dieu lui-même qui devra éventuellement se séparer les uns des autres. À côté, se trouve la parabole de l'Église en tant que champ sur lequel pousse le bon grain que Dieu a semé, mais aussi l'ivraie qu'un "ennemi" a semée secrètement au milieu du blé. En effet, l'ivraie dans le champ de Dieu, l'Église, attire l'attention par sa quantité et même le mauvais poisson dans le filet montre sa force. Mais le champ reste toujours le champ de Dieu et le filet reste le filet de pêche de Dieu. Et dans tous les temps, il y aura et il y aura non seulement l'ivraie et le mauvais poisson, mais aussi l'ensemencement de Dieu et le bon poisson. Annoncer les deux avec la même force n'est pas une fausse apologétique, mais un service nécessaire rendu à la vérité.

Dans ce contexte, il est nécessaire de se référer à un texte important de l'Apocalypse de Saint Jean. Ici, on appelle le diable l'accusateur qui accuse nos frères devant Dieu jour et nuit (Ap 12,10). De cette manière, l’Apocalypse reprend une pensée qui est au centre de l’histoire qui encadre le livre de Job (Go 1 et 2, 10; 42, 7-16). Ici, on dit que le diable essaie de discréditer la rectitude et l'intégrité de Job comme étant purement externes et superficielles. C'est précisément ce dont parle l'Apocalypse: le diable veut prouver qu'il n'y a pas d'hommes justes; que toute justice humaine n'est qu'une représentation extérieure.

Si davantage pouvait être testé, l’apparence de la justice disparaîtrait bientôt. L'histoire commence par une dispute entre Dieu et le diable dans laquelle Dieu a indiqué dans Job un véritable droit. Il va maintenant être le banc d'essai pour déterminer qui a raison. "Enlevez ce qu'il a - argumente le diable - et vous verrez qu'il ne restera plus rien de son dévouement". Dieu lui permet cette tentative dont Job sort de manière positive. Mais le diable continue et dit: "Peau pour peau; tout ce qu'il a, l'homme est prêt à le donner pour sa vie. Mais tendez un peu votre main et touchez-la dans les os et dans la chair et vous verrez comment elle vous bénira au visage "(Job 2: 4f).

Ainsi, Dieu accorde une seconde chance au diable. Il est également autorisé à tendre la main à Job. Il est seulement empêché de le tuer. Pour les chrétiens, il est clair que ce travail qui, pour toute l'humanité, est un exemple devant Dieu est Jésus-Christ. Dans l'Apocalypse, le drame de l'homme est représenté dans toute son ampleur. Le diable s'oppose à Dieu créateur qui discrédite toute la création et l'humanité tout entière. Il s’adresse non seulement à Dieu mais surtout aux hommes en disant: "Mais regardez ce que ce Dieu a fait. Apparemment, une bonne création. En réalité, il est rempli de misère et de dégoût ». Le dénigrement de la création est en réalité un dénigrement de Dieu: le diable veut prouver que Dieu lui-même n'est pas bon et veut nous éloigner de lui.

La réalité de ce que dit l'Apocalypse est évidente. L’accusation portée contre Dieu aujourd’hui vise avant tout à discréditer son Église dans son ensemble et à s’éloigner de celle-ci. L'idée d'une meilleure église créée par nous-mêmes est en réalité une proposition du diable avec lequel il veut nous éloigner du Dieu vivant, en utilisant une fausse logique dans laquelle nous tombons trop facilement. Non, même aujourd'hui, l'Église ne consiste pas uniquement en poissons et enivrants diaboliques.

"oui, il y a du péché et du mal dans l'Église"

L'Église de Dieu est aussi aujourd'hui et aujourd'hui encore, c'est l'instrument avec lequel Dieu nous sauve. Il est très important d'opposer toute la vérité aux mensonges et demi-vérités du diable: oui, il y a du péché et du mal dans l'Église. Mais même aujourd'hui, il y a aussi la sainte Eglise qui est indestructible. Même aujourd'hui, il y a beaucoup d'hommes qui croient humblement, souffrent et aiment et en qui le vrai Dieu, le Dieu aimant, se montre à nous. Même aujourd'hui, Dieu a ses témoins ("martyres") dans le monde. Nous devons juste être vigilants pour les voir et les écouter.

Le terme martyr est emprunté au droit procédural. Dans le procès contre le diable, Jésus-Christ est le premier et authentique témoin de Dieu, le premier martyr, auquel d'innombrables ont suivi depuis. L’Église d’aujourd’hui est comme jamais devant une Église de martyrs et donc un témoin du Dieu vivant. Si nous regardons autour de nous et que nous écoutons partout, parmi les gens simples, mais aussi dans les hautes hiérarchies de l'Église, nous pouvons trouver des témoins qui, par leur vie et leurs souffrances, sont dévoués envers Dieu. d'entre eux. Parmi les grandes tâches fondamentales de notre proclamation, il existe, dans les limites de nos possibilités, la création d’espaces de vie pour la foi, et surtout la recherche et la reconnaissance de ces espaces.

Je vis dans une maison dans laquelle une petite communauté de personnes découvre sans cesse, dans la vie de tous les jours, des témoins du Dieu vivant, en me les faisant remarquer avec joie. Voir et trouver l’Église vivante est une tâche merveilleuse qui nous renforce et qui nous fait toujours nous réjouir dans la foi.

"Merci au Pape François"

À la fin de mes réflexions, je voudrais remercier le pape François pour tout ce qu'il a fait pour nous montrer la lumière de Dieu qui, même aujourd'hui, ne s'est pas éteinte. Merci, Saint Père!

lundi, 08 avril 2019

Le secret ? les guérisseurs ? Le diable est un menteur (dossier Cath.ch)

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Alain Chardonnens: "Par prudence, l'Eglise demande de s'abstenir"

08.04.2019 par Raphaël Zbinden - Cath.ch

L’Eglise catholique ne voit pas d’un bon œil les pratiques de guérisons ou de secrets. Pas parce qu’elle n’y croit pas, bien au contraire, mais principalement pour préserver les personnes d’éventuelles dommages à l’âme ou au porte-monnaie, explique le chanoine Alain Chardonnens, prêtre à Versoix (GE).

Après avoir fait appel à un faiseur de secret, la personne rêvait régulièrement que toute sa famille périssait dans l’incendie de sa maison. Elle ne ressentait certes plus de douleurs, mais s’était mise à faire d’effroyables cauchemars.

L’histoire racontée par Alain Chardonnens entend faire comprendre qu’il “ne faut pas jouer avec le feu” en matière de pratiques de guérison “ésotériques”. Pour le curé de Versoix, il est important de “toujours savoir qui agit, au nom de qui et pour qui”.

Spécialiste de l’ésotérique “malgré lui”

L’ancien vicaire général de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) n’est pas spécialement attiré par l’ésotérisme. Il est venu à se pencher sur le sujet presque par hasard. Au séminaire, l’une de ses amies, qui avait reçu une prière du secret, était mal à l’aise avec cela. Elle voulait connaître la position de l’Eglise à ce sujet. Alain Chardonnens avait ainsi étudié la question pour lui rendre service. Plus tard, il a continué à se renseigner, à travers des ouvrages ou en assistant à des conférences du prêtre français Joseph Verlindes, un spécialiste des activités ésotériques qui a ses entrées au Vatican.

Il s’est à nouveau penché sur ces pratiques à la suite de la parution du livre Le guide des guérisseurs de Suisse romande, de Magali Jenny, en 2008. Une première édition mentionnait le témoignage de deux guérisseurs affirmant que leur don avait été authentifié par Mgr Bernard Genoud, ancien évêque de LGF, décédé en 2010. Une information erronée, comme l’ont signalé des lecteurs. En tant que vicaire général du diocèse, Alain Chardonnens avait alors contacté l’auteur pour une rectification. Dans ce cadre, Magali Jenny l’avait longuement interviewé sur la position de l’Eglise catholique en la matière. Des réflexions dûment reprises dans une réédition de 2012.

“Tout charisme est un don de Dieu, et en tant que tel, il est gratuit”

Au fil de son travail pastoral dans divers lieux de Suisse romande, le prêtre a en outre été confronté à de nombreuses reprises à des pratiques de secret et de guérison bien ancrées dans le paysage. “Vous rencontrez des personnes qui peuvent être de fervents catholiques, engagés en paroisse, et qui en même temps utilisent régulièrement le secret reçu d’un proche”, souligne-t-il.

Efficacité suspecte

Face aux divers témoignages et observations, le curé a été convaincu de l’action réelle et puissante de ces pratiques. Pour lui, les effets ne proviennent pas d’une forme d’autosuggestion. “Lorsque ça fonctionne pour une personne qui n’est pas au courant, qui est inconsciente ou même pour des animaux, on ne peut pas croire que ça se passe juste dans la tête”.

Mais pour l’ancien vicaire général, cette efficacité presque systématique est justement suspecte. “Il est étrange que les secrets fonctionnent mieux que les démarches proposées par l’Eglise, comme les pèlerinages ou les sacrements, alors que l’on est sûr que c’est Dieu qui agit”. En filigrane: les guérisons accordées par le Christ-médecin ne se réalisent que dans la perspective d’un gain de foi, soit pour le cheminement de la personne guérie, soit en tant que signe de la présence de Dieu. D’autres forces, pas forcément recommandables, seraient donc à l’œuvre dans les pratiques ancestrales de guérison qui habitent les campagnes romandes. Le chanoine Chardonnens en veut pour preuve que les prières intègrent souvent, parmi des éléments typiques de la tradition catholique, des allusions “insolites” à la figure de Judas, à la lampe du Tabernacle ou au sang.

Le diable est menteur

“Pour cette raison, l’Eglise applique une extrême prudence en la matière, explique-t-il. Elle déconseille de se diriger vers ces pratiques et demande que les personnes qui y ont recours aillent s’en confesser”, indique le curé. “Il s’agit de faire attention, même quand les apparences sont positives. Car le diable est séducteur et il n’hésite pas à prendre un aspect bienveillant”. Pour Alain Chardonnens, les fidèles doivent en premier lieu se fier à leurs connaissances de base de la foi pour discerner. “Souvent, les prières de guérison commencent bien, mais ne tardent pas à ‘partir en vrille’, avec justement des allusions ‘bizarres’. En général, il n’est pas difficile de comprendre que ‘quelque chose cloche'”.

“L’Eglise est contre les ‘raccourcis'”

La prudence de l’Eglise vise aussi à protéger les personnes d’éventuels charlatans en voulant à leur portefeuille, dans des milieux où ils ne sont pas rares. “Le fait même que cela soit ‘secret’ est louche, ajoute le curé, car un véritable don de l’Esprit Saint n’a pas peur de se montrer au jour”. Il relève, face au foisonnement de faiseurs de secret en Suisse romande, que les authentiques charismes de guérison sont extrêmement rares.

Des solutions alternatives

Alain Chardonnens rappelle que l’Eglise n’est pas opposée à ce genre de charismes. Ces derniers doivent simplement être authentifiés par l’autorité ecclésiastique. Le chanoine précise qu’il existe, outre les sacrements, des personnes ayant de tels dons de guérison authentifiés et des cérémonies spéciales vers lesquelles les fidèles peuvent se diriger avec confiance. Il mentionne en particulier les sécances de prière menées par le prêtre valaisan Olivier Bagnoud.

Pour q’un charisme soit authentifié, il existe toute une série de critères de discernement. Il faut, en règle générale, que les activités soient réalisées pour le bien de l’Eglise, de la foi et de l’âme de la personne. Dans cette perspective, toute forme de lucrativité est à bannir. “Car tout charisme est un don de Dieu, et en tant que tel, il est gratuit”, rappelle le curé de Versoix. Il relève que les fidèles, pour y voir plus clair, peuvent se référer à divers textes, notamment les écrits du Père Joseph Verlindes, ou encore des documents officiels du Saint-Siège tels que Charisme et institution ou Jésus, porteur d’eau vive.

“En règle général, l’Eglise est contre les ‘raccourcis’, insiste Alain Chardonnens. Elle préfère que la personne réalise une démarche de guérison peut-être moins immédiate et moins efficace, mais plus profonde et plus pertinente pour le salut de son âme”. (cath.ch/rz)

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Le soir approche et déjà le jour baisse, entretien du Cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat

Le soir approche et déjà le jour baisse, entretien du Cardinal Robert Sarah avec Nicolas Diat

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Présenté faussement comme un Cardinal de l’ultra-droite, Robert Sarah écrit un troisième livre. Après « Dieu ou rien », et « La force du Silence », le préfet guinéen désire nous faire entrer dans l’espérance. Le titre de son opus évoque la tristesse des disciples d’Emmaüs. L’état de l’Eglise peut nous donner envie de la quitter pour prendre une autre direction. Au fil des pages, le cœur se met à brûler par la proximité de Jésus Ressuscité.

La fidélité à la foi (la doctrine), la loyauté envers le successeur de Pierre et la Charité fraternelle sont comme les trois points d’une espérance qui ne déçoivent pas. Avec son style direct et ses phrases courtes, les mots font mouches. Le célibat des prêtres est solidement remis en lien avec les temps apostoliques, la culture chrétienne est clairement l’avenir de l’Occident décadent et, afin de ne pas trahir, la prière est indispensable.

La page de couverture reflète la teneur du livre : alors que Judas s’enfonce dans la nuit pour trahir, l’ombre de Jésus recouvre la fragilité humaine des prêtres. La Messe et la confession sont les lieux de la rencontre de Dieu sur le chemin de notre vie.

Les idées ne sont pas toujours politiquement correctes, mais ont l’avantage de nourrir la vie intérieure. La lecture de ce livre permet de voir le jour poindre à l’horizon; l’intensité des ténèbres du Vendredi Saint baisse, le jour de Pâques est tout proche.

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Le soir approche et déjà le jour baisse, entretien du Cardinal Sarah avec Nicolas Diat, Fayard 2019

vendredi, 05 avril 2019

Les Padreblog: "Christus Vivit", le Christ vit, exhortation apostolique de François pour les jeunes.

Les Padreblog: "Christus Vivit", le Christ vit, exhortation apostolique de François pour les jeunes.

canape-600x411.jpgDepuis le synode de la jeunesse qui s’est déroulé à Rome en octobre 2018, l’Église a connu de grands troubles, dont les retentissements en France ont été particulièrement éprouvants et violents. Au milieu du tumulte, nous avons eu de la peine et nous avons eu peur.

Nous en avions presque oublié cette assemblée à Rome, à laquelle le pape avait convoqué des jeunes du monde entier pour venir réfléchir avec lui sur leurs souffrances, leurs attentes et leurs espérances. Ce mardi 2 avril le monde a reçu l’exhortation apostolique « Christus Vivit » par laquelle le pape François tire les conclusions du synode sur la jeunesse qui s’est déroulé à Rome au mois d’octobre dernier.

Dans ce texte fort, le pape François ouvre l’horizon en poussant la jeunesse à l’audace et à la liberté pour s’engager dans le monde en annonçant le Christ vivant.

Comme toujours, le pape nous livre un texte abondant et foisonnant. Essayons de proposer ici quelques lignes de force et une traversée de l’ensemble du texte pour inviter chacun à le lire et le travailler (c’est pourquoi nous mettons au long du texte les numéros qui renvoient aux paragraphes du pape, au risque d’alourdir le texte ici).

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Un débat inédit à Lyon autour du film « Grâce à Dieu »

Un débat inédit à Lyon autour du film « Grâce à Dieu »

Le père Yves Baumgarten, vicaire général modérateur du diocèse de Lyon, François Devaux, président de la Parole libérée et le réalisateur François Ozon vont débattre samedi 6 avril après la projection du film « Grâce à Dieu ».

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suite La Croix

Conférence des évêques en France: le vent tourne avec Mgr de Moulins-Beaufort

Mgr de Moulins-Beaufort à France Inter : "Je pense que le procès Barbarin a eu un effet très bénéfique"

source: Patrice de Plunkett

"Le nouveau président de la Conférence des Évêques de France, l'archevêque de Reims Eric de Moulins-Beaufort, qui prendra ses fonctions dans quelques mois, a réservé sa première parole radiophonique à France Inter.

Il était ce vendredi l'invité du journal de 13h de Bruno Duvic"

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Quelle est l'ambiance en ce moment au sein de l'Église de France ?

Au sein de la Conférence des évêques de France, l'ambiance est bonne, nous sommes unis et déterminés dans ce que nous voulons faire. Dans l'Église de France, il est certain que les mois de février et de mars ont été difficiles. On a senti la confiance des chrétiens les plus fidèles être ébranlée, et non sans motif, il faut bien le reconnaître, sous l'accumulation de révélations, la sortie du livre 'Sodoma', ou encore la diffusion du reportage fait par Arte.

La réputation qui vous précède est celle de vouloir affronter de face les scandales sexuels. Il y a eu beaucoup de mots ces derniers mois, au Vatican ou en France, pour les dénoncer. Ce que les fidèles, et pas seulement, attendent maintenant, ce sont des actes. Derrière cette expression de tolérance zéro, que mettez-vous, cela signifie-t-il que le moindre signalement d'un cas suspect doit désormais être transmis à la justice ?

Personnellement, je n'aime pas beaucoup cette expression, c'est une sorte de slogan un peu facile qui permet de se donner bonne conscience. Ce qui est clair en revanche, c'est que si quelqu'un reçoit une dénonciation d'un prêtre qui aurait commis des actes à l'encontre de mineurs, il faut pouvoir aboutir à un signalement au procureur. J'emploie ces expressions, car ça dépend de chaque cas : ça dépend si la victime est mineure aujourd’hui, si on est en lien avec ses parents, etc.

Ce n'est pas la même chose si c'est un adulte qui vient raconter une histoire qui s'est passée des années auparavant. Mais de toute façon, aujourd'hui, nous savons que nous ne pouvons pas laisser en place des gens qui représentent un danger potentiel pour d'autres en essayant de traiter ce cas nous-mêmes : il faut pouvoir s'appuyer sur la justice civile.

Comment réagissez-vous face à la décision du pape François de refuser la démission du cardinal Barbarin ?

Elle m'a étonné au sens où tout le monde s'attendait à ce que le pape accède à cette demande du cardinal Barbarin. Après, la position du pape s'explique. Donc, oui, cela nous a étonnés : mais cela ne veut pas dire qu'on la conteste d'une façon ou d'une autre. Ce qui est sûr, c'est que cela met le diocèse de Lyon et le cardinal Barbarin dans une position délicate.

Il faut clarifier davantage les choses ?

Je pense que le procès a eu un effet très bénéfique. D'une part, il a permis aux victimes de s'exprimer dans un lieu qui a une signification symbolique forte : une salle de tribunal, c'est une manière de s'adresser à la société tout entière et de se faire entendre, de faire entendre ce qu'elles ont vécu. Je me suis rendu compte que beaucoup de gens, qui avaient suivi ces affaires de très loin jusque-là, en écoutant le procès, ont réalisé ce que vivaient les victimes. Le film de François Ozon sert aussi à cela.


Et puis d'autre part cela a permis de faire entendre, de faire sentir, que le cardinal Barbarin et ses collaborateurs à Lyon ont pu commettre des erreurs d'appréciation, en particulier dans ce qu'attendaient les victimes, et dans ce que représentait le père Preynat. Maintenant, est-ce que c'est un délit ? C'est à la justice de l'apprécier.

Il y a eu récemment une exhortation apostolique du pape dans laquelle il est question d'une large trame d'autoritarisme masculin dans l'histoire de l'Église. Comment faire plus de place aux femmes ?

L'autoritarisme masculin ne concerne pas que l'Église, c'est une grande thématique qui vient sur le devant de la scène. On se rend compte que les rapports hommes-femmes sont des rapports complexes. Là où on pouvait penser qu'il y avait un certain équilibre, une certaine harmonie, un respect mutuel, il y a en fait de la violence, de la pression plus ou moins masquée. Dans l'Église, les femmes ont une bonne place : dans le conseil épiscopal de Reims, il y a maintenant deux femmes pour quatre hommes, on progresse, et elles savent se faire entendre. Dans beaucoup de nos instances, il y a même maintenant plus de femmes que d'hommes.


Cela dit, il reste la question plus large du travail des évêques et des prêtres, et du travail de l'ensemble des fidèles, parmi lesquels les femmes. C'est un point sur lequel nous pouvons avancer, c'est ce que recouvre le terme de 'synodalité', le fait de travailler ensemble, quels que soient les avis, les responsabilités, le fait d'être ordonné ou pas : et je pense que nous pouvons progresser. J'espère que nous allons pouvoir avancer assez vite là-dessus.

jeudi, 04 avril 2019

Lorsqu'il était impossible de parler des abus ou de l'omerta à la parole libérée.

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Lorsqu'il était impossible de parler des abus ou de l'omerta à la parole libérée.

Pour les abus, tout le monde semble monter dans le train en marche. Désormais, grâce à Dieu, la parole est libérée, par le courage des victimes et par la pression médiatique, un renversement s'est opéré. Il n'en fut pas toujours ainsi. Ce phénomène peut s'expliquer par la spirale du silence (lien1 - lien 2)

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Avant ce bouleversement, à l'intérieur même de la structure ecclésiastique, il était impossible de prendre la parole, même publiquement. La consigne était: "Tais-toi !". Il fallait payer le prix pour oser l'ouvrir ...

En 11ans, le changement de paradigme: 2008-2019

Séquence archive: interview en janvier 2008, à "Radio Publique" sur la Radio Suisse Romande la Première. Après cette séquence publique, la parole fut interdite: (cliquer ci-dessous - certains passages ont été coupés afin d'assurer l'anonymat des personnes)


podcast

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lundi, 01 avril 2019

Maroc: la conférence de presse aérienne du Pape François sur KTO

François de retour du Maroc : les murs enferment, les ponts font avancer

(source Vatican News)

En parlant avec les journalistes du vol papal à son retour du Maroc, François évoque le dialogue avec les musulmans et la déclaration sur Jérusalem comme un pas en avant fait par des frères. Sur les migrants, il en appelle à la générosité de l’Europe.

C’est une habitude, à chaque retour de voyage apostolique, le Pape quitte son siège pour s’adresser aux journalistes qui ont suivi son déplacement. Sur le vol qui le ramenait de Rabat jusqu’à Rome, il s’est attardé pendant plus d’une demi-heure pour répondre aux questions. 

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Les relations avec l'Islam

Ainsi les premières posées sont sur les relations avec les musulmans. «On peut voir des fleurs» répond-il, «les fruits arriveront plus tard». Mais il est optimiste et revient sur la déclaration conjointe signée en février à Abou Dhabi comme un signe de paix et de fraternité. Au Maroc, explique le Pape, cette fraternité était palpable. Cependant, il faudra poursuivre inlassablement le dialogue car, reconnait-il, il y aura certainement des obstacles sur le parcours. Chaque religion a en son sein des groupes intégristes qui préfèrent construire des murs plutôt que des ponts. Or, pour le Pape, celui qui construit un mur se condamne à l’isolement et à s’enfermer entre ses propres murs. Celui qui au contraire construit des ponts, parvient à avancer, à progresser.

Cela demande de l’énergie, mais c’est essentiel pour la communication entre les hommes. L’appel sur le libre accès à Jérusalem pour les trois grandes religions monothéistes, signé peu après son arrivée au Maroc samedi soir avec le roi Mohammed VI, est un pas en avant. Ce n’est pas un document signé par une autorité marocaine d’un côté et d’une autorité vaticane de l’autre. C’est un document explique François, signé par «des frères croyants qui souffrent de voir cette ville d’espérance manquer de l’universalité que tous réclament : juifs, musulmans et chrétiens». Le dialogue n’est pas «un laboratoire» pour le Pape. Bien au contraire, le dialogue est «humain».

Sur la liberté de conscience et de conversion dans les pays musulmans

«Je peux dire qu’au Maroc, il y a liberté de culte, il y a la liberté religieuse, il y a la liberté d’appartenance à une religion. Ensuite, la liberté se développe toujours, elle croît. Pensez à nous chrétiens, il y a 300 ans, il y avait cette liberté que nous avons aujourd’hui ? La foi grandit dans la conscience, dans la capacité de se comprendre soi-même», a affirmé le Pape, citant le moine français Vincent de Lérins pour montrer comment croître dans la foi: «Croître dans l’explicitation de la foi et de la morale doit être 'Ut annis scilicet cosolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate'. C’est-à-dire que la croissance doit être consolidée dans les années, élargie dans le temps, mais c’est la même foi, sublimée par les années».

Les migrants : plus de générosité, moins de force

«Je n’arrive pas à accepter autant de cruauté et de noyades en méditerranée» dit François ajoutant comprendre que certains pays se soient retrouvés avec «la patate chaude» tandis que les autres tournaient le dos. La solution doit être humaine pour le Pape. Elle ne peut être faite de fils barbelés, de centre de rétention plus ou moins officiels, de trafiquants qui revendent femmes et enfants et réduisent les hommes en esclaves. «J’ai rencontré un dirigeant, un homme que je respecte» dit le Pape. Il s’agit d’Alexis Tsipras, premier Ministre grec, qui lui faisait part des difficultés d’appliquer les accords pour freiner l'entrée des migrants. «Il m’a parlé avec son cœur» poursuit le souverain pontife. «Il m’a dit cette phrase : ‘les droits de l’homme passent avant les accords’. Et cette phrase mérite un prix Nobel».

Pour le Pape, l’accueil, l’accompagnement et l’intégration restent les valeurs clés de la solution à élaborer. François cite aussi Angela Merkel. La Chancelière allemande qui prône une politique d’investissements européens dans les pays d'émigration afin de relever le niveau d’éducation. Une façon de contrer par la générosité les phénomènes migratoires issus de la faim, de la soif et de la guerre.

Dossier Barbarin : pas de justice médiatique

Vient également une question sur le cardinal Philippe Barbarin, dont le procès en appel confirmera ou infirmera la condamnation en première instance pour non dénonciation d’abus sur mineurs. En attendant, François insiste sur le fait que l’archevêque de Lyon doit être considéré innocent. «Peut-être qu’il ne l’est pas» dit François qui refuse de céder à la pression médiatique. «Lorsque la sentence du procès en appel arrivera, on verra» dit-il. Pour l’instant, il invite les médias à réfléchir à deux fois avant de condamner «superficiellement»  le cardinal, qui rappelle-t-il, «a pris un congé volontaire» en attendant la conclusion de l’appel.

L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg est en première ligne devant la crise de confiance de la communauté catholique

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source: Le Temps

Charles Morerod: «Nos structures légales nous aident vraiment»

L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg est en première ligne devant la crise de confiance de la communauté catholique.

Le Temps: Face à ce que certains ont appelé un 11-Septembre de l’Eglise catholique, comment pouvez-vous restaurer la confiance, quand la crise est mondiale?

Charles Morerod: J’ai publié une lettre pastorale qui a été lue dans les églises, je l’ai lue moi-même au Mont-Pèlerin et à Fribourg et il y a eu du soulagement, il fallait parler. Les prêtres et les laïcs qui travaillent pour l’Eglise veulent aborder deux questions – leur expérience des abus de pouvoir, et comment ils vivent la crise. La rencontre du pape avec les présidents des conférences épiscopales sur les abus montre un désir de transparence qu’il n’y avait pas avant.

Il faut changer la culture interne, s’habituer à ne plus penser à protéger d’abord la réputation de l’Eglise mais les victimes, et éviter qu’il y en ait d’autres. Mais l’Eglise est organisée au niveau mondial, c’est une force et une faiblesse. En Suisse, nous avons une mentalité égalitaire et cela aide beaucoup, mais dans certains pays le prêtre est encore mis sur un piédestal. Il est difficile de prendre des mesures universelles.

Pensez-vous avoir pris toutes les mesures possibles pour éviter les abus en Suisse?

C’est la tolérance zéro qui s’impose. Toute personne qui a connaissance d’un abus doit immédiatement en référer à la justice ou à la police, qui sont bien formées et ont les moyens et le droit de mener une enquête. Cette collaboration avec l’Etat est acquise et nécessaire. En matière de prévention, nous avons une charte depuis le 1er janvier, et depuis mars, les personnes qui sont en contact avec des mineurs dans l’Eglise doivent nous fournir deux extraits de casier judiciaire, le général et le spécial, (introduit par la loi interdisant à vie aux pédophiles de travailler avec des enfants).

On le demande à titre rétroactif et on le redemandera périodiquement. Il y a une forte augmentation de ces demandes aussi dans les ONG. Nos structures légales nous aident vraiment, je suis content qu’on ait des obligations demandées par l’extérieur, cela donne une direction à certains débats internes.

Pouvez-vous nous assurer qu’aujourd’hui les archives diocésaines sont totalement ouvertes sur ces sujets aux journalistes?

Oui, dans le cadre légal. Nous avons les mêmes normes que les archives cantonales, concernant la protection des données touchant des personnes encore vivantes. On veut la clarté mais on ne peut pas courir le risque qu’une victime voie son nom dans un journal alors qu’elle n’en a peut-être même pas parlé à sa famille, on est obligé de la protéger.

Mais l’Eglise est mondiale, la crise pourrait durer?

Pendant longtemps, je me suis dit que ces affaires étaient absolument scandaleuses, mais qu’elles étaient marginales. Mais je me rends compte que cela implique plus largement que je ne le pensais. On n’est pas à la fin des scandales, il y a des pays où rien n’est encore sorti car la structure ecclésiale y est très forte.

Le côté positif de ces scandales au-delà de la transparence est que je n’ai jamais reçu, autant que ces temps, de messages de remerciements de fidèles concernant des prêtres. Heureusement, je vois l’action de Dieu dans l’Eglise, sinon on pourrait se demander quel est notre avenir. Mais c’est la vérité qui nous rendra libres.

Le pape François a salué l'un des deux rescapés de Tibhirine

Le pape François a salué le Père Jean-Pierre Schumacher, l'un des deux rescapés de Tibhirine. En signe de respect, le pape s'est levé pour aller vers lui et lui a embrassé la main.

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Le Pape François reverra sa décision après l'issu judiciaire de l'appel du Cardinal Barbarin

Lors d'une conférence de presse en vol, le pape François a annoncé qu'il reconsidérerait sa décision de ne pas accepter la démission du cardinal français, reconnu coupable d'avoir dissimulé des abus, après l'audition de l'appel du prélat

Barbarin : pas de justice médiatique

Vient également une question sur le cardinal Philippe Barbarin, dont le procès en appel confirmera ou infirmera la condamnation en première instance pour non dénonciation d’abus sur mineurs. En attendant, François insiste sur le fait que l’archevêque de Lyon doit être considéré innocent. « Peut-être qu’il ne l’est pas » dit François qui refuse cependant de céder à la pression médiatique ».

Lorsque la sentence du procès en appel arrivera, on verra » dit-il. Pour l’instant, il invite les médias à réfléchir à deux fois avant de condamner « superficiellement » le cardinal, qui rappelle-t-il, « a pris un congé volontaire » en attendant la conclusion de l’appel.

source: Vatican News

Aspect juridique, médiatique et pastoral

Pour le volet juridique, les victimes ont choisi la voie judiciaire. Il est donc légitime de laisser le processus aller jusqu'à son terme. 

Pour l'aspect médiatique, cette affaire Barbarin dure depuis bien trop longtemps. La crédibilité de l'Eglise est durement touchée. Enfin, du côté pastoral, les représentants des prêtres, des diacres et des laïcs du diocèse de Lyon ont voté le départ rapide et définitif du cardinal.

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