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samedi, 16 janvier 2016

Vatileaks 2: la chute de Chouaqui

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Vatileaks 2: la chute de Chouaqui

Unknown.jpeg"Dans ce procès, il ne manque que Lucrèce Borgia", se serait écrié le pape François.

Le fait est que l'affaire Francesca Chaouqui empoisonne le Saint-Siège et la noblesse romaine. Sexe, argent, pouvoir et prélats corrompus, l'intrigue ....

suite

(N.B, dans la presse anglaise, le sexe, l'argent et le sang (absent des procès Vatileaks) sont parmi les sujets qui alimentent les sagas médiatiques)

mercredi, 13 janvier 2016

Le Pape aux évêques: pas comme en Suisse !

droits_conference_des_eveques_suisses_b.jpgLe Pape aux évêques: pas comme en Suisse !

"...le Pape de nous dire son étonnement. Quelques semaines plus tard, en conversation avec les évêques de Lituanie, il leur dira de ne pas faire comme en Suisse ..."

Texte de Mgr de Raemy, publié pour le vicariat de Fribourg germanophone ("Deutschfreiburg") et diffusé à l'échelle diocésaine selon le souhait de Mgr Morerod.

À propos de la lettre pastorale des évêques suisses "sur la collaboration entre prêtres, diacres et laïcs dans le cadre de la célébration de l'Eucharistie"

Au nom de notre évêque Charles, voici quelques points de repère que nous tenons à relever.

Nous devons prendre au sérieux non seulement la foi et la discipline sacramentelle de l'Eglise universelle, mais aussi les fréquentes exhortations que les Successeurs de Pierre ont adressées aux évêques suisses, et cela encore tout récemment [1].

Au cours de notre rencontre avec le Saint-Père à l'occasion de la dernière visite " ad limina " en décembre 2014, le pape François nous a oralement cité en " mauvais exemple " l'expérience vécue par un ami prêtre, en visite en Suisse.

Cet ami du Pape, s'étant rendu un dimanche dans la paroisse la plus proche, va se présenter en sacristie. On lui apprend qu'il n'y pas de messe, mais une liturgie de la Parole présidée par un agent pastoral. Il propose alors de célébrer la Messe.

On lui rétorque un tranchant " nein " (que le pape a prononcé en langue originale alors qu'il nous parlait en italien), puisque l'agent pastoral laïc était là, c'était son tour... Et le Pape de nous dire son étonnement. Quelques semaines plus tard, en conversation avec les évêques de Lituanie, il leur dira de ne pas faire comme en Suisse...

Notre Eglise en Suisse est de plus en plus internationale et multiculturelle. Il devient ainsi encore plus évident que sa catholicité dépend de sa fidélité à la foi et à la discipline de l'Eglise universelle, notamment en ce qui concerne la célébration des sacrements. Nos frères et sœurs de langues et de cultures si diverses sont ici dans un autre pays, mais pas dans une autre Eglise. Ils ont droit à la célébration d'une même foi, même si ce n'est pas, pour ainsi dire, d'une même voix. Et c'est aussi pour nous une belle expérience de retrouver la même liturgie, lorsque nous sommes en voyage.

Le prêtre est ordonné non seulement pour célébrer les sacrements, mais tout autant pour conduire la vie et la foi des communautés chrétiennes [2]. La célébration de l'Eucharistie est le lieu où cela se traduit le plus clairement : le prêtre préside, consacre et prêche. Son ministère ne lui vient pas de sa formation (aussi indispensable soit-elle), mais de son ordination. Son être prêtre ne se limite pas à une seule partie de la messe. [3] Il en va aussi de l'image que nous en donnons pour les futures vocations. Et cela d'autant plus, que d'une manière générale, c'est dans les églises où l'on peut voir un amour de la liturgie de l'Eglise que l'on peut aussi observer un vrai renouveau de sa vie.

Le laïc, baptisé et confirmé, ou encore engagé dans le mariage ou la vie consacrée, nourri de l'Eucharistie célébrée par le prêtre, est appelé à prêcher l'évangile par toute sa vie, jusque dans les domaines de la formation des autres chrétiens -évêques, prêtres et diacres compris- ou de la traduction de l'évangile dans ses compétences professionnelles et sociales. C'était d'ailleurs un des plus forts appels adressés à tous les chrétiens par le Concile Vatican II.

Ainsi, dans notre diocèse aucun laïc n'a jamais reçu de l'évêque un mandat de prédication à la Messe [4]. Si un laïc a prêché à la Messe, cela s'est fait dans des circonstances particulières prévues par les normes de l'Eglise [5] ou alors dans une certaine interprétation, fausse mais bien intentionnée, de l'impulsion conciliaire pour un plus fort engagement des laïcs dans l'Eglise et dans le monde.

L'évêque pourra donc toujours, sur demande, prendre en compte des situations locales et ponctuelles, où la contribution exceptionnelle d'un laïc deviendrait souhaitable pour la prédication à la Messe, principalement en raison de problèmes de santé ou autres, du prêtre qui célèbre l'Eucharistie.

+Alain de Raemy, évêque auxiliaire et vicaire épiscopal du Deutschfreiburg

 

[1] " Il est bon de valoriser et de soutenir leur engagement (de laïcs), tout en maintenant bien la distinction entre le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel. Sur ce point j'encourage à poursuivre la formation des baptisés sur les vérités de la foi et leur implication dans la vie liturgique, paroissiale, familiale et sociale, en choisissant avec soin les formateurs. Vous permettrez ainsi aux laïcs de se situer en vérité dans l'Église, d'y prendre leur place et de faire fructifier la grâce reçue au baptême, pour marcher ensemble vers la sainteté et pour le bien de tous. (Discours remis à chaque évêque en main propre par le pape lui-même lors de la visite ad limina de décembre 2014)

[2] Le diacre, quant à lui, est ordonné pour exhorter à la plus vive charité évangélisatrice, ce qui s'exprime non seulement en général par une vie professionnelle civile et au plus près des plus pauvres, mais aussi par la possibilité de célébrer des baptêmes et des mariages, et de prêcher à la messe.

[3] Comme le rappelait encore en novembre de cette année le pape François aux évêques allemands en visite " ad limina " : " Il est tout aussi nécessaire de souligner toujours le lien intime entre Eucharistie et sacerdoce. Des projets pastoraux qui n'attribuent pas une importance adéquate aux prêtres dans leur ministère de gouverner, d'enseigner et de sanctifier en ce qui concerne la structure et la vie sacramentelle de l'Église, sur la base de l'expérience, sont voués à l'échec. La collaboration précieuse de fidèles laïcs, surtout là où manquent les vocations, ne peut remplacer le ministère sacerdotal ou même le faire sembler une simple " option ". Sans prêtre, il n'y a pas d'Eucharistie. Et la pastorale des vocations commence par l'ardent désir missionnaire dans le cœur des fidèles d'avoir des prêtres. "

[4] " Parmi les formes de prédication l'homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même et est réservée au prêtre ou au diacre, tient une place éminente... " Code de Droit Canonique, can. 767, §1. Et au can. 766 de préciser : " Les laïcs peuvent être admis à prêcher dans une église ou un oratoire si le besoin le requiert en certaines circonstances ou si l'utilité le suggère dans des cas particuliers, selon les dispositions de la conférence des évêques et restant sauf le ca. 767, §1. "

[5] On trouve dans le Directoire des messes d'enfants de 1973 ceci : " Rien n'empêche que les adultes présents à la messe des enfants leur adressent la parole après l'évangile, avec l'accord du curé, surtout si le prêtre qui célèbre s'adapte difficilement à la mentalité des enfants. " (n°24) Ce qui va dans le sens du témoignage auquel le prêtre célébrant peut faire place dans le cadre de son homélie et sous sa responsabilité en des circonstances particulières et exceptionnelles.

 

Eglise à Ratisbonne: des centaines d'enfants abusés ! Ratzinger innocent !

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Les "Regensburger Domspatzen", moineaux de la cathédrale de Ratisbonne, sont le plus prestigieux chœur catholique allemand, comparable au Thomanerchor de l'église protestante Saint-Thomas de Leipzig, dont le cantor avait été Jean-Sébastien Bach.

Des centaines d'enfants du fameux chœur de la cathédrale de Ratisbonne en Bavière ont été victimes dans l'après-guerre de sévices et abus sexuels. Pendant trente ans, de 1964 à 1994, Georg Ratzinger, frère du pape émérite Benoît XVI, a été maître de chapelle du chœur, mais non pas de l'internat où les choristes ont été maltraités.

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Mgr Georg Ratzinger: "Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose".

En anglais

Ratisbonne: des centaines d'enfants du choeur "Regensburger Domspatzen" abusés

Les abus sexuels sont un crime abominable, un péché qui crie jusque vers Dieu et une offense absolument effroyable. Le Pape François parlait de Messe noire ! 

En Allemagne, le célèbre choeur de Ratisbonne a connu un nombre plus effrayants de victimes (lien). C'est proprement épouvantable ! L'Eglise se doit d'être résolument avec et pour les victimes. 

Mgr Georg, le frère de Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI, dirigeait ces enfants. Un lien semble inévitable ?

"- Au cours de nos tournées de concert, certains collégiens m'ont raconté comment c'était pour eux à Etterzhausen. Mais ils ne m'ont rien dit qui me laisse penser que je me devais de faire quelque chose.

Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose. Bien sûr, on peut juger plus sévèrement aujourd'hui, alors qu'on est devenu plus sensibilisés. Cela vaut aussi pour moi. Mais en même temps, je m'excuse auprès de toutes les victimes".

Mgr Georg Ratzinger 2010

Mgr Georg Ratzinger absolument innocent

Ceci étant dit, Mgr Goerg Ratzinger n'a commis aucun crime, aucun abus. Il n'a nullement été complice et fut à l'obscure de ces crimes totalement condamnables qui se sont déroulés dans l'internat. 

La polémique visant à impliquer les Ratzinger"s" avait déjà eu lieu en 2010. 

Il faut rappeler, comme l'a fait le Pape François en conférence de presse: ce fut à partir du chemin de Croix du Colisée en mars 2005 que l'Eglise a commencé à parler de corruption en son sein. Le Cardinal Ratzinger fut un pionnier dans la lutte contre la pédophilie dans le clergé. 

Je suis donc assez stupéfait de voir les Ratzinger"s" convoqués à nouveau, notamment le frère du Pape Mgr Georg, dans des crimes abominables dont ils sont totalement innocents. La polémique se prépare à exploser. 

Archive:

3602georgebened_00000002917.jpgGeorg Ratzinger, Domkapellmeister de Ratisbonne de 1964 à 1994, a souligné dans un entretien avec PNP qu'il ne savait rien des abus sexuels désormais révélés, commis dans le milieu du Choeur de Ratisbonne.

En même temps, il prend ses distances avec les excès pédagogique dont un ancien directeur du pensionnat des enfants du chœur a été accusé. Ce prêtre, qui, dans l'interviewe est désigné sous le nom de Johann M. est décédé en 1992.

- Herr Domkapellmeister, comment avez-vous réagi aux informations sur les abus sexuels commis à l'encontre de certains élèves du Domspatzen?

- Au début, avec surprise, car les cas de la fin des années 50 et début des années 60 appartiennent à un passé assez éloigné maintenant. Puis je me suis senti préoccupé par la façon dont ces révélations pourraient influencer négativement le présent immédiat du Domspatzen aujourd'hui. Je regrette que les victimes aient été attaquées dans leur intégrité physique et spirituelle.

- Dans vos premières déclarations que vous avez dit que vous ne connaissiez pas de cas de violence sexuelle. Lorsque vous avez rejoint le Choeur en 1964, n'y avait-il aucune rumeur?

À la maison, nous n'avons jamais parlé de ces choses. Au début, quand je suis arrivé à Ratisbonne, il y avait beaucoup de problèmes avec la réorganisation de la chorale qui se dispersait parmi divers intérêts. Et non, les abus sexuels signalés n'ont jamais été soulevés.

- Croyez-vous que cette histoire d'abus sexuel va nuire à la réputation du Domspatzen?

- Des dégâts importants, certainement pas. Mais il est possible que certains parents concernés puissent en tenir compte, mais de réels dommages, je ne crois pas.

- Outre les accusations d'attouchements sexuels, il y a aussi des plaintes concernant les châtiments corporels qui faisaient partie de l'enseignement catholique. Quelle était la raison d'être alors d'une telle sévérité?

- La gifle sur le visage était autrefois la première réaction à une performance négative ou une défaillance. Et la sévérité de celle-ci était variable, souvent en fonction du caractère de celui qui la donnait. L'un pouvait réagir plus fortement, l'autre moins, et encore un autre pouvait être totalement insensible et vraiment rude. Quelquefois, l'énervement jouait également un rôle, comme quand il y avait trop d'enfants à faire face tous à la fois.

- En ce qui concerne l'école préparatoire des Domspatzen à Etterzhausen, plus tard à Pielenhofen, y a-t-il eu des plaintes concernant des coups excessifs et des coups de fouet administrés par des éducateurs trop sévères (disciplinarian), comme par exemple l'ancien directeur Johann M.?

- Aujourd'hui, on jugerait les choses tout autrement, alors que chaque démonstration de force est immédiatement considérée comme horrible. Moi aussi, je juge les choses différemment aujourd'hui. A propos de l'internat de l'école préparatoire, voilà ce que je peux dire: c'était une institution totalement indépendante, ainsi que mon prédécesseur, le Domkapellmeister Theobald Schrems, entendait qu'elle soit, de sorte que la maison de Ratisbonne n'avait pas à la gérer de loin. Le Directeur M. était une personnalité très sûre de soi, et intense et n'aurait jamais permis d'être dirigé à distance.

- Que saviez-vous personnellement sur l'ampleur des punitions corporelles dans l'internat?

- Je savais que le directeur, M. avait la réputation de donner des gifles très fortes, et même que ces gifles étaient souvent données pour des riens.

Mais comme je l'ai souligné, c'était une institution indépendante, et dans l'organisation, je n'avais pas le pouvoir d'examiner ces choses. Au départ, je n'étais même pas à la tête de la Fondation Regensburger Domspatzen - jusqu'en 1970, ce poste était occupé par le chef du Musikgymnasium de Ratisbonne. J'étais, en fait, un roi sans royaume, et je n'avais pas un statut dominant dans la maison, comme je l'ai eu plus tard vers la fin de mon service.

- Le Directeur Johann M. a été en fonction de 1953 à 1992, période pendant laquelle, apparemment, il a continué ces infractions. Avez-vous eu l'occasion d'intervenir contre lui?

- Par moi-même, non. J'aurais dû en parler à l'administration de la Fondation Domspatzen qui aurait eu le pouvoir d'intervenir. Et dans ce cas, le directeur de l'école préparatoire aurait eu le droit de dire: "Ce ne sont pas tes affaires". En tout cas, en 1992, le Directeur M. s'est retiré car alors, ses méthodes d'enseignement brutales commençaient à être connues par la presse. C'est pourquoi il a pris sa retraite avant qu'il ne le veuille vraiment.

- Lorsque vous apprenez maintenant que des enfants ont parfois été couverts de bleus, et que des témoignages ont été donnés, regrettez-vous que de telles choses aient pu arriver?

- Au cours de nos tournées de concert, certains collégiens m'ont raconté comment c'était pour eux à Etterzhausen. Mais ils ne m'ont rien dit qui me laisse penser que je me devais de faire quelque chose.
Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose. Bien sûr, on peut juger plus sévèrement aujourd'hui, alors qu'on est devenu plus sensibilisés. Cela vaut aussi pour moi. Mais en même temps, je m'excuse auprès de toutes les victimes.

- Vous et votre frère, avez-vous eu une expérience de châtiments corporels de la part de vos enseignants?

- J'ai reçu un savon, une fois. Un préfet de musique à qui il avait été demandé de superviser les divisions inférieures - j'étais encore parmi les plus petits - voulut regarder mon cahier de musique. Sans faire attention, je lui tendis le premier cahier sur la table. Il le regarda, me le jeta, furieux, et me donna une bonne gifle. À cette époque, je composais déjà, et dans mon enthousiasme, j'avais rempli ce cahier de mon travail. Ce qui le mit en colère et il m'a giflé. Mais je ne me souviens pas d'autres claques.

- Et votre frère?

- Mon frère est entré au séminaire beaucoup plus tard que moi - dans la septième classe (doit correspondre à notre 5ème). Je pense qu'avec les garçons plus âgés, les professeurs étaient plus prudent. En plus de cela, mon frère ne leur aurait jamais donné aucune raison de le punir.

- Dans votre temps, vous étiez considéré comme un chef de choeur aimé, mais aussi très sévère. Comment avez-vous exercé cette rigueur et quelles étaient les limites?

- Je dois dire que j'ai toujours été très heureux de venir à chaque répétition chorale. Mais parfois, je partais déprimé parce que je n'étais pas en mesure d'accomplir ce que je voulais. Au début, j'ai distribué des gifles à plusieurs reprises, mais j'ai toujours eu mauvaise conscience à ce sujet par la suite. J'ai donc été heureux quand en 1980, la loi a interdit totalement les châtiments corporels. J'ai suivi cela strictement, et je me suis senti soulagé. Parce qu'avant, la gifle était tout simplement une réaction réflexe aux fautes ou à la désobéissance. J'ai pensé qu'il était bon que l'interdiction de frapper soit devenue si complète et absolue.

- J'ai aussi demandé jusqu'où vous alliez. Avez-vous jamais battu un enfant au point qu'il ait des bleus?
- Non, je n’ai jamais fait ça.

- Que peuvent faire les autorités de l'Eglise - ou l'Église dans son ensemble - pour faire face de manière crédible au problème de la violence sexuelle et de la violence?

- Il n'y a rien d'autre à faire que d'en traiter ouvertement afin que tout soit transparent. Quiconque tente de briser physiquement une personne commet une grande injustice. Ainsi, dans l'éducation et l'éducation des enfants, il doit y avoir davantage d'efforts de persuasion. Cela signifie encourager enseigner et encourager le respect pour l'intégrité de chaque homme, d'une manière qui lui permette de maîtriser un tempérament débridé.

- Pourquoi ces choses ont-elles été gardés secrètes si longtemps dans l'Église?

- Je crois que ce n'était pas seulement l'Église qui se taisait. C'était la société aussi, et même surtout. Il n'était tout simplement pas pensable de parler de choses que les gens eux-mêmes n'avaient jamais eu à juger.

- Que peut faire votre frère, le Pape, faire afin d'aider les victimes et l'Eglise catholique en Allemagne dans cette affaire?

- Il ne peut qu'en appeler aux autorités catholiques dans chaque pays - également en Allemagne - et formulé avec eux une condamnation claire de tous les cas d'abus. Il leur demandera de prendre fermement la voie du profond respect pour l'intégrité humaine.

- Le Saint-Père, par sa proximité tout au long de plusieurs décennies, appartient en quelque sorte à la famille du Domspatzen. Comment a t-il été affecté par l'implication des Domspatzen dans toute cette affaire des abus sexuels?

- Le pape se sent proche de toutes les victimes. Mais dans le cas du Domspatzen, il y a presque un aspect familial.

mardi, 12 janvier 2016

Benigni, Tornielli et la Miséricorde du Pape François: le nom de Dieu est Miséricorde

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source photo: Père Rosica

 

L'humour de Benigni et son amour pour le Pape de la Miséricorde

C'est un livre qui se lit comme une caresse, un Dieu qui nous "miséricorde". C'est comme avoir le Pape en poche, un dialogue avec lui. Il parle de la vie, qui est amour, compassion et miséricorde. La Miséricorde est la Justice la plus grande !

Lorsqu'on a peur on dit: "Miséricorde !", ce premier mot qui perce l'obscurité. David crie le psaume Miséricorde ! Un péché si grand! David tue son meilleur ami et fait l'amour avec sa femme! Dieu lui pardonne. 

Dans la Miséricorde il y a la joie. C'est une joie légère. Dans le livre du Pape il y a la joie et la douleur. La joie est le secret du christianisme. Là où il manque la joie, l'Esprit Saint est absent (Benoît XVI). Le secret du christianisme est la joie. 

Benigni assure le show pour la Miséricorde

Enfant, je disais vouloir être pape quand je serai grand, mais cela faisait rire tout le monde alors je suis devenu comique !

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Le Pape François aux personnes homosexuelles: je préfère qu'elles viennent se confesser

Pape aux personnes homosexuelles : 

 

"Il y a d’abord la personne, dans son intégrité et sa dignité.

 

Et la personne ne se définit pas seulement par sa tendance homosexuelle"

images-1.jpegAvant tout, j’aime que l’on parle de “personnes homosexuelles“ : il y a d’abord la personne, dans son intégrité et sa dignité. Et la personne ne se définit pas seulement par sa tendance homosexuelle ; n’oublions pas que nous sommes tous des créatures aimées de Dieu, destinataires de Son amour infini.

Je préfère que les personnes homosexuelles viennent se confesser, qu’elles restent proches du Seigneur, que nous puissions prier ensemble. On peut leur conseiller la prière, la bonne volonté, leur indiquer le chemin, les accompagner.

Le nom de Dieu est Miséricorde

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Pape François, Andrea Tornielli et "Le nom de Dieu est Miséricorde": 10 extraits par I.Media

La Miséricorde est la carte d'identité de Dieu (Radio Vatican)

Vatican - le 12/01/2016 à 10:51:00 Agence I.Media

“Le nom de Dieu est miséricorde“ : les 10 extraits à retenir du livre-entretien du pape François

livre-pape-1-800x450-l200-h200-rm.jpgS’il ne contient pas de grandes révélations, le livre d’entretiens entre le pape François et le vaticaniste italien Andrea Tornielli publié à travers le monde à compter du 12 janvier 2016 est un guide idéal pour vivre le Jubilé de la miséricorde.

Le nom de Dieu est miséricorde (éditions Robert Laffont et Presses de la Renaissance) permet d’approfondir l’intime conviction de ce pape pasteur d’une Eglise qu’il veut toujours plus au contact des pécheurs. Une Eglise “en sortie“, comme il l’aime à le répéter, tel un véritable “hôpital de campagne“ pour aider ceux qui tombent à se relever.

Voici 10 extraits significatifs de cet ouvrage qui sort dans plus de 80 pays.


La place centrale de la miséricorde

La miséricorde, qui représente pour moi le message le plus important de Jésus, a pris, peu à peu, une place de plus en plus centrale dans ma vie de prêtre ; elle est le fruit de mon expérience de confesseur, de toutes les expériences, belles et positives, que j’ai connues.

D’où vient le Jubilé de la miséricorde ?

Avant d’arriver ici, quand je vivais à Buenos Aires, j’ai participé à une table ronde avec des théologiens, et elle est restée gravée dans ma mémoire : nous nous demandions ce que pouvait faire le pape pour être plus proche des gens, face à une multitude de problèmes qui semblaient insolubles. L’un des participants a répondu : “Un jubilé du pardon“. Cette phrase m’a beaucoup marqué.

Définition de la miséricorde

La miséricorde, c’est l’attitude divine qui consiste à ouvrir les bras, c’est Dieu qui Se donne et qui accueille, qui Se penche pour pardonner. Jésus a dit qu’Il n’était pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Il n’est pas venu pour ceux qui sont en bonne santé, qui n’ont pas besoin d’un médecin, mais pour les malades. On peut donc dire que la miséricorde est la carte d’identité de notre Dieu.

Conseil aux confesseurs

Aux confesseurs, j’ai envie de dire : parlez, écoutez patiemment, dites avant tout, à ceux qui viennent vous voir, que Dieu les aime. Et si le confesseur ne peut pas absoudre, qu’il explique pourquoi, mais qu’il donne une bénédiction, quoi qu’il en soit, même sans absolution sacramentelle.

La curiosité des confesseurs

Un jour, j’ai entendu une femme, mariée depuis des années, dire qu’elle ne se confessait plus parce que, quand elle était une adolescente de treize, quatorze ans, le confesseur lui avait demandé où elle mettait les mains lorsqu’elle dormait. Il peut y avoir un excès de curiosité, surtout sur le plan sexuel. Ou une insistance qui pousse à expliciter des détails qui ne sont pas nécessaires.

Il est bon que celui qui se confesse ait honte de son péché : la honte est une grâce à demander, c’est un facteur positif, parce qu’elle nous rend humbles. Mais dans le dialogue avec le confesseur, on a besoin d’être écouté, pas interrogé. C’est ce que je voulais dire en parlant des confessionnaux qui ne doivent jamais être des chambres de torture.

Beaucoup pardonner

J’ai toujours essayé de consacrer mon temps aux confessions, même quand j’étais évêque ou cardinal. Aujourd’hui, je confesse moins, mais il m’arrive encore de le faire. Parfois, j’aimerais pouvoir entrer dans une église et m’asseoir de nouveau devant un confessionnal. (…) En ce qui me concerne, quand j’ai confessé, j’ai toujours pensé à mes propres péchés, à mon besoin de miséricorde ; et donc, j’ai cherché à beaucoup pardonner.

Les prisonniers

J’ai une relation spéciale avec ceux qui vivent en prison, privés de leur liberté. J’ai toujours été très attaché à eux, justement à cause de la conscience que j’ai d’être un pécheur. Chaque fois que je franchis le seuil d’une prison, pour une célébration ou pour une visite, je me demande toujours : pourquoi eux et pas moi ? Je devrais être ici, je mériterais d’y être. Leurs chutes auraient pu être les miennes, je ne me sens pas meilleur que ceux qui sont en face de moi.

Dire la vérité

L’Eglise condamne le péché parce qu’elle doit dire la vérité : ceci est un péché. Mais en même temps, elle embrasse le pécheur qui se reconnaît tel, elle est proche de lui, elle lui parle dans l’infinie miséricorde de Dieu. Jésus a pardonné même à ceux qui L’ont crucifié et méprisé.

Les homosexuels

Avant tout, j’aime que l’on parle de “personnes homosexuelles“ : il y a d’abord la personne, dans son intégrité et sa dignité. Et la personne ne se définit pas seulement par sa tendance homosexuelle ; n’oublions pas que nous sommes tous des créatures aimées de Dieu, destinataires de Son amour infini.

Je préfère que les personnes homosexuelles viennent se confesser, qu’elles restent proches du Seigneur, que nous puissions prier ensemble. On peut leur conseiller la prière, la bonne volonté, leur indiquer le chemin, les accompagner.

Les docteurs de la loi

Dès que quelqu’un se sent un peu plus sûr de lui, il commence à s’emparer de facultés qui ne sont pas les siennes, mais celles du Seigneur. (…) Et si quelqu’un est un ministre de Dieu, il finit par se croire différent du peuple, propriétaire de la doctrine, détenteur d’un pouvoir, fermé aux surprises de Dieu. La “dégradation de l’étonnement“ est une expression qui me parle particulièrement. Parfois, je me suis surpris à penser qu’une bonne glissade ferait du bien à certains personnages si rigides, car ainsi, en se reconnaissant pécheurs, ils rencontreraient Jésus.

I.MEDIA/AMI

 

Corps diplomatique: le tour du monde du Pape François

Comment ne pas voir dans tout cela le fruit de cette “culture du rejet” ....  surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap, si elles “ne servent pas encore” – comme les enfants à naître -, ou “ne servent plus” – comme les personnes âgées. Nous sommes devenus insensibles à toute forme de gaspillage, à commencer par le gaspillage alimentaire, qui est parmi les plus déplorables, quand il y a de nombreuses personnes et familles qui souffrent de la faim et de la malnutrition .

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je vous adresse une cordiale bienvenue à ce rendez-vous annuel, qui m’offre l’opportunité de vous présenter mes vœux pour la nouvelle année, me permettant de réfléchir avec vous sur la situation de notre monde, béni et aimé de Dieu, pourtant tourmenté et affligé de nombreux maux. Je remercie le nouveau Doyen du Corps diplomatique, Son Excellence Monsieur Armindo Fernandes do Espírito Santo Vieira, Ambassadeur d’Angola, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tout le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, alors que je désire rappeler d’une façon spéciale – à presqu’un mois de leur disparition – les regrettés Ambassadeur de Cuba, Rodney Alejandro López Clemente, et du Libéria, Rudolf P. von Ballmoos.

OSSROM15240_Articolo.jpgL’occasion m’est offerte aussi d’adresser une pensée particulière à tous ceux qui participent pour la première fois à cette rencontre, relevant avec satisfaction que, au cours de l’année passée, le nombre d’Ambassadeurs résidant à Rome s’est encore accru. Il s’agit d’une indication significative de l’attention avec laquelle la Communauté internationale suit l’activité diplomatique du Saint-Siège. Les Accords internationaux souscrits ou ratifiés au cours de l’année qui vient de s’achever en sont une preuve supplémentaire. Je désire, en particulier, citer ici les ententes spécifiques en matière fiscale signées avec l’Italie et les États-Unis d’Amérique, qui témoignent de l’engagement accru du Saint-Siège en faveur d’une plus grande transparence dans les questions économiques. Non moins importants sont les accords de caractère général, en vue de réguler des aspects essentiels de la vie et de l’activité de l’Église dans les différents pays, comme l’entente signée à Díli avec la République du Timor-Oriental.

Je désire également rappeler l’échange des Instruments de ratification de l’Accord avec le Tchad sur l’état juridique de l’Église catholique dans le pays, comme aussi l’Accord signé et ratifié avec la Palestine. Il s’agit de deux accords qui, avec le Mémorandum d’Entente entre la Secrétairerie d’État et le Ministère des Affaires étrangères du Koweït, montrent, entre autre, comment le vivre-ensemble pacifique entre des personnes appartenant à des religions différentes est possible, là où la liberté religieuse est reconnue et où la possibilité effective de collaborer à l’édification du bien commun, dans le respect réciproque de l’identité culturelle de chacun, est garantie.

D’autre part, chaque expérience religieuse authentiquement vécue ne peut que promouvoir la paix. Noël, que nous venons de célébrer et où nous avons contemplé la naissance d’un enfant sans défense, « appelé : Conseiller merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (cf. Is 9, 5), nous le rappelle. Le mystère de l’Incarnation nous montre le vrai visage de Dieu, pour qui puissance ne signifie pas force et destruction, mais bien amour ; justice ne signifie pas vengeance, mais bien miséricorde. C’est dans cette perspective que j’ai voulu proclamer le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, inauguré exceptionnellement à Bangui au cours de mon voyage apostolique au Kenya, en Ouganda et en République Centrafricaine. Dans un pays longuement éprouvé par la faim, la pauvreté et les conflits, où la violence fratricide des dernières années a laissé des blessures profondes dans les âmes, déchirant la communauté nationale et engendrant misère matérielle et morale, l’ouverture de la Porte Sainte de la Cathédrale de Bangui a voulu être un signe d’encouragement à élever le regard, à reprendre la route et à retrouver les raisons du dialogue.

Là où l’on a abusé du nom de Dieu pour commettre l’injustice, j’ai voulu rappeler, avec la communauté musulmane de la République Centrafricaine, que « celui qui dit croire en Dieu doit être aussi un homme, une femme de paix » [1], et donc de miséricorde, puisqu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu. Seule une forme idéologique et déviée de la religion peut penser rendre justice au nom du Tout-Puissant, en massacrant délibérément des personnes sans défense, comme cela est arrivé dans les attentats terroristes sanglants des mois derniers en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient.

La miséricorde a été comme le “fil conducteur” qui a guidé mes voyages apostoliques déjà au cours de l’année passée. Je me réfère surtout à la visite à Sarajevo, ville profondément blessée par la guerre dans les Balkans et capitale d’un pays, la Bosnie Herzégovine, qui revêt une signification spéciale pour l’Europe et pour le monde entier. Un tel carrefour de cultures, nations et religions s’efforce, avec des résultats positifs, de construire toujours de nouveaux ponts, de valoriser ce qui unit et de regarder les différences comme des opportunités de croissance dans le respect de tous. Cela est possible grâce au dialogue patient et confiant, qui sait faire siennes les valeurs de la culture de chacun et accueillir le bien provenant des expériences d’autrui [2].

Ma pensée va ensuite au voyage en Bolivie, en Équateur et au Paraguay, où j’ai rencontré des peuples qui ne se rendent pas face aux difficultés et affrontent avec courage, détermination et esprit de fraternité les nombreux défis qui les tourmentent, à commencer par la pauvreté diffuse et les inégalités sociales. Au cours du voyage à Cuba et aux États-Unis d’Amérique, j’ai pu embrasser deux pays qui ont été longuement divisés et qui ont décidé d’écrire une nouvelle page de l’histoire, en entreprenant un chemin de rapprochement et de réconciliation.

À Philadelphie, à l’occasion de la Rencontre mondiale des familles, comme aussi au cours du voyage au Sri Lanka et aux Philippines et avec le récent Synode des Évêques, j’ai rappelé l’importance de la famille, qui est la première et la plus importante école de miséricorde, où l’on apprend à découvrir le visage affectueux de Dieu et où notre humanité grandit et se développe. Malheureusement, nous connaissons les nombreux défis que la famille doit affronter en ce temps, où elle est « menacée par les efforts croissants de certains pour redéfinir l’institution-même du mariage à travers le relativisme, la culture de l’éphémère et un manque d’ouverture à la vie » [3].

Il y a aujourd’hui une peur diffuse face au caractère définitif que la famille exige et en font les frais surtout les plus jeunes, souvent fragiles et désorientés, et les personnes âgées qui finissent par être oubliées et abandonnées. Au contraire, « de la fraternité vécue en famille, naît (…) la solidarité dans la société » [4], qui nous porte à être responsable les uns des autres. Cela est possible seulement si dans nos maisons, de même que dans nos sociétés, nous ne laissons pas se sédimenter les peines et les ressentiments, mais donnons place au dialogue, qui est le meilleur antidote à l’individualisme si largement répandu dans la culture de notre temps.

Chers Ambassadeurs,

Un esprit individualiste est un terrain fertile pour la maturation de cette attitude d’indifférence envers le prochain, qui porte à le traiter comme simple objet d’achat et de vente, qui pousse à se désintéresser de l’humanité des autres et finit par rendre les personnes craintives et cyniques. Ces sentiments ne sont-ils pas ceux que nous éprouvons souvent devant les pauvres, les marginaux, les derniers de la société ? Et combien de derniers avons-nous dans nos sociétés ! Parmi ceux-ci, je pense surtout aux migrants, avec leur poids de difficultés et de souffrances qu’ils affrontent chaque jour dans la recherche, parfois désespérée, d’un lieu où vivre en paix et avec dignité.

Je voudrais donc aujourd’hui m’arrêter à réfléchir avec vous sur la grave urgence migratoire que nous sommes en train d’affronter, pour en discerner les causes, proposer des solutions, vaincre l’inévitable peur qui accompagne un phénomène aussi massif et imposant qui, au cours de 2015, a surtout concerné l’Europe, mais aussi différentes régions de l’Asie et le nord et le centre de l’Amérique.

« Ne crains pas, ne t’effraie pas, car le Seigneur ton Dieu sera avec toi où tu iras » (Jos 1, 9). C’est la promesse que Dieu fait à Josué et qui montre combien le Seigneur accompagne chaque personne, surtout celle qui est dans une situation de fragilité comme celle qui cherche refuge dans un pays étranger. En vérité, toute la Bible nous raconte l’histoire d’une humanité en chemin, parce que le fait d’être en mouvement est connaturel à l’homme.

Son histoire est faite de nombreuses migrations, parfois muries comme conscience du droit à une liberté choisie, souvent dictées par des circonstances extérieures. De l’exil du paradis terrestre jusqu’à Abraham en marche vers la terre promise ; du récit de l’Exode à la déportation à Babylone, la Sainte Écriture raconte peines et douleurs, désirs et espérances, qui sont communs à ceux des centaines de milliers de personnes en marche de nos jours, avec la même détermination que Moïse pour atteindre une terre dans laquelle coule “lait et miel” (cf. Ex 3, 17), où pouvoir vivre libres et en paix.

Et aussi, aujourd’hui comme alors, nous entendons le cri de Rachel qui pleure ses enfants parce qu’ils ne sont plus (cf. Jr 31, 15 ; Mt 2, 18). C’est la voix des milliers de personnes qui pleurent en fuyant des guerres horribles, des persécutions et des violations des droits humains, ou l’instabilité politique ou sociale, qui rendent souvent impossible la vie dans sa patrie. C’est le cri de tous ceux qui sont contraints de fuir pour éviter les barbaries indicibles pratiquées envers des personnes sans défense, comme les enfants et les personnes handicapées, ou le martyre pour la seule appartenance religieuse.

Comme alors, nous entendons la voix de Jacob qui dit à ses fils : « descendez là-bas et achetez-y du blé pour nous : ainsi nous ne mourrons pas, nous vivrons » (Gn 42, 2). C’est la voix de tous ceux qui fuient la misère extrême, à cause de l’impossibilité de nourrir la famille ou d’accéder à des soins médicaux et à l’instruction, de la dégradation sans perspective de quelque progrès, ou aussi à cause des changements climatiques et des conditions climatiques extrêmes. Malheureusement, on sait que la faim est encore une des plaies les plus graves de notre monde, avec des millions d’enfants qui meurent chaque année à cause d’elle. C’est douloureux de constater pourtant que souvent ces migrants ne rentrent pas dans les systèmes internationaux de protection sur la base des accords internationaux.

Comment ne pas voir dans tout cela le fruit de cette “culture du rejet” qui met en péril la personne humaine, sacrifiant des hommes et des femmes aux idoles du profit et de la consommation? Il est grave de s’habituer à ces situations de pauvreté et de besoin, aux drames de nombreuses personnes et de les faire devenir “normalité”. Les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger, surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap, si elles “ne servent pas encore” – comme les enfants à naître -, ou “ne servent plus” – comme les personnes âgées. Nous sommes devenus insensibles à toute forme de gaspillage, à commencer par le gaspillage alimentaire, qui est parmi les plus déplorables, quand il y a de nombreuses personnes et familles qui souffrent de la faim et de la malnutrition [5].

Le Saint-Siège souhaite que le Premier Sommet humanitaire mondial convoqué en mai prochain par les Nations Unies puisse réussir, dans le triste tableau actuel de conflits et de catastrophes, dans son intention de mettre la personne humaine et sa dignité au cœur de chaque réponse humanitaire. Il faut un engagement commun qui renverse résolument la culture du déchet et de l’offense à la vie humaine afin que personne ne se sente dédaigné ou oublié et que d’autres vies ne soient pas sacrifiées à cause du manque de ressources et, par-dessus tout, de volonté politique.

Malheureusement, aujourd’hui comme alors, nous entendons la voix de Juda qui suggère de vendre son propre frère (cf. Gn 37, 26-27). C’est l’arrogance des puissants qui instrumentalisent les faibles, les réduisant à des objets pour des fins égoïstes ou pour des calculs stratégiques et politiques. Là où une migration régulière est impossible, les migrants sont souvent contraints de choisir de se tourner vers qui pratique la traite ou la contrebande d’êtres humains, même étant en grande partie conscients du danger de perdre durant le voyage les biens, la dignité et jusqu’à la vie. Dans cette perspective, je renouvelle encore l’appel à arrêter le trafic des personnes, qui exploite les êtres humains, spécialement les plus faibles et sans défense.

Et les images des enfants morts en mer, victimes de l’absence de scrupules des hommes et de l’inclémence de la nature, resteront toujours imprimées de façon indélébile dans nos esprits et dans nos cœurs. Celui qui peut survivre et aborder un pays qui l’accueille porte de manière indélébile les cicatrices profondes de ces expériences, outre celles liées aux horreurs qui accompagnent toujours guerres et violences.

Comme alors, aujourd’hui aussi on entend l’Ange répéter : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse » (Mt 2, 13). C’est la voix qu’entendent les nombreux migrants qui ne laisseraient jamais leur propre pays s’ils n’y étaient pas contraints. Parmi eux, il y a de nombreux chrétiens qui d’une façon toujours plus massive ont abandonné au cours des dernières années leurs terres, qu’ils ont pourtant habitées depuis les origines du christianisme.

Enfin, aujourd’hui aussi écoutons la voix du psalmiste qui répète : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion » (Ps 136 [137], 1). C’est la plainte de tous ceux qui retourneraient volontiers dans leurs propres pays, s’ils y trouvaient des conditions idoines de sécurité et de subsistance. Là aussi, ma pensée va aux chrétiens du Moyen-Orient, désireux de contribuer, comme citoyens à part entière, au bien-être spirituel et matériel de leurs nations respectives.

On aurait pu affronter une grande partie des causes des migrations depuis longtemps déjà. On aurait pu ainsi éviter beaucoup de malheurs ou, du moins, en adoucir les conséquences les plus cruelles. Encore aujourd’hui, et avant qu’il ne soit trop tard, on pourrait faire beaucoup pour arrêter les tragédies et construire la paix. Mais cela signifierait remettre en cause des habitudes et des pratiques établies, en commençant par les questions liées au commerce des armes, au problème de l’approvisionnement de matières premières et d’énergie, aux investissements, aux politiques financières et de soutien au développement, jusqu’à la grave plaie de la corruption.

Nous sommes conscients ensuite que, sur le thème de la migration, il convient d’établir des projets à moyen et à long terme qui aillent plus loin que la réponse d’urgence. Ceux-ci devraient d’un côté aider effectivement l’intégration des migrants dans les pays d’accueil, et en même temps favoriser le développement des pays de provenance par des politiques solidaires, mais qui ne soumettent pas les aides à des stratégies et à des pratiques idéologiquement étrangères ou contraires aux cultures des peuples auxquels elles s’adressent.

Sans oublier d’autres situations dramatiques, parmi lesquelles je pense en particulier à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis d’Amérique, que j’aborderai en me rendant à Ciudad Juarez le mois prochain, je voudrais dédier une pensée spéciale à l’Europe. En effet, au cours de l’année passée, elle a été concernée par un flux important de réfugiés – beaucoup d’entre eux ont trouvé la mort en essayant de l’atteindre –, qui n’a pas de précédent dans son histoire récente, pas même à la fin de la seconde guerre mondiale. Beaucoup de migrants venant de l’Asie et de l’Afrique, voient dans l’Europe un point de référence pour des principes comme l’égalité devant le droit et les valeurs inscrites dans la nature même de tout homme, dont l’inviolabilité de la dignité et de l’égalité de chaque personne, l’amour du prochain sans distinction d’origine ni d’appartenance, la liberté de conscience et la solidarité envers ses semblables.

Cependant, les débarquements massifs sur les côtes du vieux continent semblent faire vaciller le système d’accueil construit avec peine sur les cendres du second conflit mondial, qui constitue encore un phare d’humanité auquel se référer. Devant l’importance des flux et les inévitables problèmes connexes, de nombreuses questions sont sorties sur les possibilités réelles de réception et d’adaptation des personnes, sur la modification de la structure culturelle et sociale des pays d’accueil, comme aussi sur le remodelage de certains équilibres géopolitiques régionaux. De même, les craintes concernant la sécurité sont importantes, considérablement augmentées par la menace déferlante du terrorisme international. La vague migratoire actuelle semble miner les bases de cet « esprit humaniste » que l’Europe aime et défend depuis toujours. [6]

Cependant, on ne peut pas se permettre de perdre les valeurs et les principes d’humanité, de respect pour la dignité de toute personne, de subsidiarité et de solidarité réciproque, bien qu’ils puissent, à certains moments de l’histoire, constituer un fardeau difficile à porter. Je souhaite donc rappeler ma conviction que l’Europe, aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants. [7]

En même temps, je sens la nécessité d’exprimer de la gratitude pour toutes les initiatives prises pour favoriser un accueil digne des personnes, dont, parmi d’autres, le Fond Migrants et Réfugiés de la Banque de Développement du Conseil de l’Europe, et aussi pour l’engagement des pays qui ont eu une attitude généreuse de partage. Je fais référence avant tout aux nations proches de la Syrie, qui ont donné des réponses immédiates d’assistance et d’accueil ; surtout le Liban, où les réfugiés constituent un quart de la population globale, et la Jordanie, qui n’a pas fermé ses frontières bien qu’elle héberge déjà des centaines de milliers de réfugiés.

De même, il ne faut pas oublier les efforts d’autres pays engagés en première ligne, parmi lesquels spécialement la Turquie et la Grèce. Je souhaite exprimer une reconnaissance particulière à l’Italie, dont l’engagement décisif a sauvé beaucoup de vies en Méditerranée et qui prend encore en charge sur son territoire un nombre très important de réfugiés. Je souhaite que le traditionnel sens de l’hospitalité et de la solidarité qui distingue le peuple italien ne s’affaiblisse pas par les inévitables difficultés du moment, mais, à la lumière de sa tradition multimillénaire qu’il soit capable d’accueillir et d’intégrer l’apport social, économique et culturel que les migrants peuvent offrir.

Il est important que les Nations en première ligne pour affronter l’urgence actuelle ne soient pas laissées seules, et il est de même indispensable d’engager un dialogue franc et respectueux entre tous les pays impliqués dans le problème – de provenance, de transit ou d’accueil – pour que, avec une plus grande audace créative, on recherche des solutions nouvelles et durables. Dans la conjoncture actuelle, on ne peut pas penser, en effet, des solutions poursuivies de façon individualiste par chaque État, car les conséquences des choix de chacun retombent inévitablement sur la Communauté internationale tout entière.

Il est connu, en effet, que les migrations constitueront un élément fondamental de l’avenir du monde, plus qu’elles ne l’ont fait jusqu’à présent, et que les réponses pourront être seulement le fruit d’un travail commun, qui soit respectueux de la dignité humaine et des droits des personnes. L’Agenda de Développement adopté en septembre dernier par les Nations Unies pour les 15 prochaines années, qui affronte beaucoup des problèmes qui poussent à la migration, comme aussi d’autres documents de la Communauté internationale pour gérer la question migratoire, pourront trouver une application cohérente aux attentes s’ils savent remettre la personne au centre des décisions politiques à tous les niveaux, voyant l’humanité comme une seule famille et les hommes comme des frères, dans le respect des différences réciproques et des convictions de conscience.

En affrontant la question migratoire, on ne pourra pas négliger, en effet, les aspects culturels connexes, en commençant par ceux qui sont liés à l’appartenance religieuse. L’extrémisme et le fondamentalisme trouvent un terrain fertile, non seulement dans une instrumentalisation de la religion à des fins de pouvoir, mais aussi dans le vide d’idéaux et dans la perte d’identité – aussi religieuse – que connaît dramatiquement l’Occident. D’un tel vide nait la peur qui pousse à voir l’autre comme un danger et un ennemi, à se refermer sur soi-même en se retranchant sur des positions préconçues.

Le phénomène migratoire pose donc un sérieux problème culturel, auquel on ne peut se dispenser de répondre. L’accueil peut donc être une occasion propice pour une nouvelle compréhension et ouverture d’horizon, tant pour celui qui est accueilli, lequel a le devoir de respecter les valeurs, les traditions et les lois de la communauté qui l’héberge, que pour cette dernière, appelée à valoriser tout ce que chaque immigré peut offrir à l’avantage de toute la communauté. Dans ce cadre, le Saint Siège renouvelle son engagement dans le domaine œcuménique et interreligieux pour instaurer un dialogue sincère et loyal qui, valorisant la particularité et l’identité propre à chacun, favorise une cohabitation harmonieuse entre toutes les composantes sociales.

Distingués membres du Corps diplomatique,

2015 a vu la conclusion d’importantes ententes internationales, qui font beaucoup espérer pour l’avenir. Je pense avant tout à l’Accord sur le nucléaire iranien qui, je l’espère, contribue à favoriser un climat de détente dans la région, comme aussi la conclusion de l’accord attendu sur le climat, au cours de la Conférence de Paris. Il s’agit d’une entente significative qui représente un résultat important pour la Communauté internationale tout entière et qui met en lumière une forte prise de conscience collective à propos de la grave responsabilité que chacun, individus et nations, a de préserver la création, en promouvant une « culture de protection qui imprègne toute la société ». [8] Il est maintenant fondamental que les engagements pris ne soit pas seulement une bonne intention, mais constituent pour tous les États une obligation effective à réaliser les actions nécessaires pour sauvegarder notre Terre bien-aimée, au profit de l’humanité tout entière, surtout des générations à venir.

De son côté, l’année qui vient de commencer s’annonce pleine de défis et beaucoup de tensions se sont déjà manifestées à l’horizon. Je pense surtout aux graves divergences surgies dans la région du Golfe persique, comme aussi à la préoccupante expérience militaire menée dans la péninsule coréenne. Je souhaite que les oppositions laissent place à la voix de la paix et à la bonne volonté de chercher des ententes. Dans cette perspective, je relève avec satisfaction que des gestes significatifs et particulièrement encourageants ne manquent pas. Je fais référence en particulier au climat de cohabitation pacifique dans lequel se sont déroulées les récentes élections en République Centrafricaine et qui constitue un signe positif de la volonté de poursuivre le chemin entrepris vers une pleine réconciliation nationale. Je pense, en outre, aux nouvelles initiatives engagées à Chypre pour assainir une division de longue date, et aux efforts entrepris par le peuple colombien pour dépasser les conflits du passé et obtenir la paix ardemment désirée depuis longtemps.

Ensuite, nous regardons tous avec espérance les pas importants entrepris par la Communauté internationale pour atteindre une solution politique et diplomatique de la crise en Syrie, qui mette fin aux souffrances de la population, qui durent depuis trop longtemps. De même, les signes provenant de la Libye sont encourageants, ils font espérer un engagement renouvelé pour faire cesser les violences et retrouver l’unité du pays. D’autre part, il apparaît de plus en plus évident que seule une action politique commune et coordonnée pourra contribuer à endiguer le déferlement de l’extrémisme et du fondamentalisme, avec leurs aspects d’origine terroriste, qui font d’innombrables victimes, tant en Syrie, en Libye, que dans d’autres pays tels que l’Irak et le Yémen.

Que cette Année Sainte de la Miséricorde soit aussi une occasion de dialogue et de réconciliation orienté vers l’édification du bien commun au Burundi, en République Démocratique du Congo et au Sud Soudan. Qu’elle soit surtout un temps propice pour mettre définitivement un terme au conflit dans les régions orientales de l’Ukraine. Le soutien que la Communauté internationale, chaque État et les organismes humanitaires, pourront offrir au pays à de multiples points de vue afin qu’il résolve la crise actuelle, est d’une importance fondamentale.

Mais le défi qui, plus que tout autre, nous attend est celui de vaincre l’indifférence pour construire ensemble la paix [9], qui demeure un bien à poursuivre sans cesse. Malheureusement, parmi les nombreuses parties du monde bien-aimé qui la désirent ardemment, il y a la Terre que Dieu a aimée et choisie pour montrer à tous le visage de sa miséricorde. Mon souhait est que cette nouvelle année puisse guérir les blessures profondes qui séparent Israéliens et Palestiniens et permettre la cohabitation pacifique de deux peuples qui – j’en suis sûr – du fond du cœur, ne demandent rien d’autre que la paix !

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Au niveau diplomatique, le Saint-Siège ne cessera jamais de travailler pour que la voix de la paix puisse être entendue jusqu’aux extrémités de la terre. Je renouvelle donc l’entière disponibilité de la Secrétairerie d’État à collaborer avec vous pour favoriser un dialogue constant entre le Siège Apostolique et les pays que vous représentez au profit de toute la Communauté internationale, avec la profonde certitude que cette année jubilaire pourra être l’occasion propice pour que la froide indifférence de nombreux cœurs soit vaincue par la chaleur de la miséricorde, don précieux de Dieu, qui transforme la crainte en amour et nous rend artisans de paix. Avec ces sentiments je renouvelle à chacun de vous, à vos familles, à vos pays, mes vœux les plus fervents d’une année pleine de bénédictions.

Merci.

[1] Rencontre avec la communauté musulmane, Bangui, 30 novembre 2015.

[2] Cf. Rencontre avec les Autorités, Sarajevo, 6 juin 2015.

[3] Rencontre avec les familles, Manille, 16 janvier 2015.

[4] Rencontre avec la société civile, Quito, 7 juillet 2015.

[5] Cf. Audience générale, 5 juin 2013.

[6] Cf. Discours au Parlement Européen, Strasbourg, 25 novembre 2014.

[7] Ibid.

[8] Laudato si’, n. 231.

[9] Cf. Gagne sur l’indifférence et remporte la paix, Message pour la 49ème Journée Mondiale de la Paix, 8 décembre 2015.

lundi, 11 janvier 2016

Aimer le Pape

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"celui qui est saint ne peut être en dissentiment avec le Pape" (Saint Pie X)

"C'est pourquoi quand on aime le Pape, on ne discute pas au sujet des mesures ou des ordres qu’il donne; on ne recherche pas jusqu’où doit aller l’obéissance, et quelles sont les choses dans lesquelles on doit obéir.

Quand on aime le Pape, on n’objecte pas qu’il n’a pas parlé assez clairement, comme s’il était obligé de répéter à l’oreille de chacun ses volontés clairement exprimées, tant de fois, non seulement de vive voix, mais encore par des lettres et d’autres documents publics; on ne met pas en doute ses ordres, sous le prétexte, si facile pour celui qui ne veut pas obéir, que ce n’est pas le Pape qui commande, mais ceux qui l’entourent. On ne limite pas le champ où son autorité peut et doit s’exercer.

On ne préfère pas à l’autorité du Pape celle d’autres personnes, si doctes soient-elles, qui ne sont pas du même avis que le Pape: car, si elles ont la science, elles n’ont pas la sainteté, parce que celui qui est saint ne peut être en dissentiment avec le Pape"

(Saint Pie X, 18 Novembre 1912).

dimanche, 10 janvier 2016

Livre du Pape avec Andrea Tornielli: Le nom de Dieu est Miséricorde

“LE NOM DE DIEU EST MISÉRICORDE“ : EXTRAITS DU LIVRE-ENTRETIEN DU PAPE FRANÇOIS

Vatican - le 10/01/2016 | Par Agence I.Media

capture-d-e-cran-2016-01-10-a-09-23-27-l125-h81.pngLe nom de Dieu est Miséricorde : c’est le titre du tout premier ouvrage du pape François, une longue conversation avec le vaticaniste italien Andrea Tornielli, à paraître le 12 janvier 2016 en Italie ( Piemme, Mondadori ) et le 14 janvier en France ( Robert Laffont ).

Dans les premiers extraits dévoilés à la presse, le pape se confie sur la place déterminante de la confession dans sa vocation, son rapport particulier avec les détenus et du sens qu’il donne au Jubilé de la Miséricorde.

20 minutes.ch

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Radio Vatican

Unknown-3.jpeg(RV) Le nom de Dieu est miséricorde : c’est le titre du livre-interview du Pape François avec le vaticaniste Andrea Tornielli. Cet ouvrage sera publié ce mardi 12 janvier, en Italie, dans le cadre d'un lancement mondial dans 86 pays. L’édition française, au prix de 15 euros, sera publiée le jeudi 14 janvier. Elle est co-éditée par Robert Laffont et les Presses de la Renaissance.

Des extraits du livre ont été publiés ce dimanche dans quatre journaux italiens : La Stampa, Il Corriere della Sera, La Repubblica, et L’Avvenire.

«Le Pape est un homme qui a besoin de la miséricorde de Dieu.» Le Pape François le confie dans la conversation avec le vaticaniste Andrea Tornielli, dont est tiré ce livre. Le souverain pontife redit notamment son lien privilégié avec les prisonniers. «Chaque fois que je passe la porte d’une prison pour une célébration ou pour une visite, il me vient toujours à l’idée cette pensée : pourquoi eux et pas moi.» «Leurs chutes auraient pu être les miennes, je ne me sens pas meilleur de celui que j’ai en face de moi».

Comme Pierre, ses successeurs sont aussi pécheurs

«Cela peut scandaliser, mais je me console avec Pierre : il avait renié Jésus et néanmoins, il a été choisi.» Le Pape se souvient d’avoir été frappé en lisant certains textes de Paul VI et de Jean-Paul 1er, Albino Luciani, qui se définissait lui-même comme «de la poussière», dans le sens de la conscience des limites et des incapacités qui sont colmatées par la miséricorde de Dieu.

Saint Pierre a trahi Jésus. «Les Évangiles nous décrivent son péché, son reniement, et si Jésus lui a dit :" paie mes brebis", je ne crois pas que l’on doive s’émerveiller si aussi ses successeurs se décrivent eux-mêmes comme pécheurs». Dans un autre passage, François affirme qu’il peut «lire» sa vie à travers le chapitre 16 du Livre d’Ézéchiel, quand le prophète «parle de la honte».

La honte est une grâce qui nous fait sentir la miséricorde de Dieu

La honte, souligne le Pape, est une «grâce : quand on sent la miséricorde de Dieu, on a une grande honte de soi-même, de son propre péché». La honte, mise en évidence, «est une des grâces que Saint Ignace fait demander dans la confession des péchés devant le Christ crucifié». Ce texte d’Ézéchiel, confie-t-il, «t’apprend à avoir honte», mais «avec toute ton histoire de misère et de péché, Dieu te reste fidèle et te relève». François se souvient du père Carols Duarte Ibarra, le confesseur qu’il avait rencontré dans sa paroisse le 21 septembre 1953, journée en laquelle l’Église célèbre saint Matthieu.

«Je me suis senti accueilli par la miséricorde de Dieu en me confessant à lui». Une expérience tellement forte que, des années après, la vocation de Saint Matthieu décrite dans les homélies de Saint Bède le Vénérable deviendraient sa devise épiscopale : miserando atque eligendo.

L’Église existe pour permettre la rencontre avec la miséricorde de Dieu

François approfondit donc la mission de l’Église dans le monde. Avant tout, il met en évidence le fait que «l’Église condamne le péché parce qu’elle doit dire la vérité». En même temps, elle «embrasse le pécheur qui se reconnaît comme tel, elle se rapproche de lui, elle lui parle de la miséricorde infinie de Dieu». Jésus «a pardonné même ceux qui l’ont mis en croix et l’ont méprisé».

Le Pape rappelle la parabole du Père miséricordieux et de l’enfant prodigue. «En suivant le Seigneur, et sa réflexion, l’Église est appelée à diffuser sa miséricorde sur tous ceux qui se reconnaissent pécheurs, responsables du mal accompli, qui sentent avoir besoin du pardon». «L’Église, souligne François, n’est pas dans le monde pour condamner, mais pour permettre la rencontre avec cet amour viscéral qu’est la miséricorde de Dieu.»

Que le Jubilé fasse émerger toujours plus le visage d’une Église mère

Pour annoncer la miséricorde de Dieu, souligne le Pape, «il est nécessaire de sortir». «Sortir des églises et des paroisses, sortir et aller chercher les personnes là où elles vivent, où elles souffrent et où elles espèrent». Il revient donc à l’image de l’Église comme d’un «hôpital de campagne», et note que «l’Église en sortie a la caractéristique de surgir là où l’on combat : ce n’est pas la structure solide, dotée de tout, où l’on va se soigner pour les petites et grandes infirmités : il s’y pratique la médecine d’urgence, pas les check-up de spécialistes.» Il espère donc que «le Jubilé extraordinaire fasse émerger toujours plus le visage d’une Église qui redécouvre les entrailles maternelles de la miséricorde, et qui va à la rencontre de tant de blessés qui ont besoin d’écoute, de compassion, de pardon, d’amour.»

Pécheurs, oui, mais ne pas accepter l’état de corruption

François réfléchit ensuite sur la distinction entre péché et corruption. Celle-ci, observe-t-il, est «le péché qui au lieu d’être reconnu comme tel et de nous rendre humbles, est élevé comme un système, devient une habitude mentale, un mode de vie». «Le pécheur repenti, qui ensuite tombe et retombe dans son péché à cause de sa faiblesse retrouve à nouveau le pardon s’il reconnait avoir besoin de miséricorde. Le corrompu, au contraire, est celui qui pèche et ne se repent pas, celui qui pèche et fait semblant d’être chrétien, et crée du scandale avec sa double vie.»

«Il n’y a pas besoin d’accepter l’état de corruption comme s’il était seulement un péché de plus, insiste le Saint-Père, même si souvent on identifie la corruption avec le péché, en réalité il s’agit de deux réalités distinctes, bien que liées entre eux». «On peut être un grand pécheur et malgré cela, ne pas être tombé dans la corruption». François donne l’exemple de certaines figures comme Zachée, Matthieu, la Samaritaine, Nicodème, ou encore le bon larron. «Dans leurs cœurs pécheurs, tous avaient quelque chose qui les sauvait de la corruption. Ils étaient ouverts au pardon, leur cœur les avertissait de leur propre faiblesse, et ceci a été la faille qui a fait entrer la force de Dieu.»
(CV)

Drame à la Garde Suisse pontificale: ce qu'il s'est passé le 4 mai 1998

Carlotta ou la Vaticane

Unknown.jpegLe chanoine Chorderet fondateur de La Liberté a donné lieu à une biographie: "diffuser au lieu d'interdire".

(Opéra)

Pour ce drame de la Garde Suisse pontificale du 4 mai 1998, il faut diffuser plutôt que censurer. 

Le garde suisse a reçu sa médaille

Tout d'abord le garde suisse a reçu sa médaille. Non pas lors d'une cérémonie prévue le 6 mai, mais dans sa boîte aux lettres. Car il y a deux façons de recevoir la médaille Benemerenti: officielle ou par courrier. Ce fut le cas pour notre garde qui s'est tragiquement enlevé la vie, car médaille reçue mais sans les honneurs publics. Pour le commandant, la médaille se méritait.

Ensuite, le garde s'est mis en colère (publiquement) lorsqu'il n'a pas vu son nom pour la remise officielle de cette médaille du mérite (son nom bene merenti)

Ses amis de la garde l'ont tout de même invité à un apéritif le soir. Durant cet apéro, il a laissé entendre qu'il avait une affaire à régler et il est parti. Il a pris son arme pour aller à la porte des appartements. Lorsque les coups de feux ont retenti les gardes ont hélas compris ce dont il s'agissait.

La version officielle du Vatican est fondée 

Une personne a été témoin du drame car dans les escaliers, elle a entendu des cris avant de courir dans ces couloirs.

La version officielle du Vatican est donc tout à fait exacte et limpide. Il n'y a aucun mystère sur cette tragédie. Tout a été dit.

Comme cela provient du Vatican, les hypothèses les plus folles ont circulé. J'étais sur place le lendemain du drame et j'ai vu une huée de journalistes devant la porte Sainte Anne, l'entrée principale du Vatican. J'ai pu rentrer et parler avec mes amis de la Garde.

Je voyais des croquis du drame dans les journaux alors que les lieux étaient sous scellés ! Personne n'a eu accès. Donc le 90 % des informations était totalement infondé.
La voix claire et limpide de Navarro Valls, porte parole de Saint Jean- Paul II, psychiatre de surcroît, s'est fait entendre dans le monde entier.

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Aussi, c'est encore une fois vers la maman du garde, une femme meurtrie, et je la comprends, que s'élève ma prière.

C'est aussi vers les parents des victimes, qui sont arrivés le soir vers 21h, que mon esprit ému s'envole. Il venait pour saluer, féliciter et fêter leur fils, avec des centaines de suisses. Ils apprennent qu'il vient d'être assassiné avec son épouse, absolument innocente. Quelle douleur !

Le nouveau commandant et son épouse d'Amérique du Sud, formaient un beau couple, très croyants. Estermann avait encore assisté à la messe du jour.

Voilà ce dont je peux témoigner afin que la vérité l'emporte sur les spéculations insensées.

Unknown-2.jpegCarlotta n'est qu'une fiction, écrite avec un certain talent. Elle ne révèle en rien, comme l'a d'ailleurs dit Christophe Passer, des éléments nouveaux sur ce drame épouvantable.

jeudi, 07 janvier 2016

Le Pape François serait relativiste ?

images.jpegPape François: le syndrome de la peur ou la psychose de la rupture

La logique intrinsèque du complot et l'idéologie de la rupture nous permettaient de l'entrevoir: une fausse compréhension de la vidéo du Pape pour le dialogue interreligieux réveille des idées farfelues.

Le thème de la vidéo touche simplement, et cela est beaucoup, au dialogue interreligieux, avec de la musique, des images et successivement plusieurs représentants de différentes religions affirmer: “j’ai confiance en Bouddha“, “je crois en Dieu“, “je crois en Jésus Christ“, ou encore “je crois en Dieu, Allah“, avant d’assurer plus tard, face caméra, “je crois en l’amour“. Nous sommes enfin tous enfants de Dieu. 

Le Pape François, vicaire du Christ, successeur de Pierre qui vient après Saint Jean-Paul II et Benoît XVI, se situe dans leur héritage, dans lignée du Concile Vatican II et des rencontres interreligieuses d'Assise pour la Paix. Le dialogue oecuménique et interreligieux requiert cette ouverture interne de la vérité. 

Voilà  ... mais le Saint-Père est contesté.

François relativiste ?

François serait relativiste ! Alors que cet homme épris de vérité s'ouvre à l'amplitude de la Vérité et à la dimension  du partage, le voici soupçonné. 

François anti-Ratzinger ?

François serait ensuite celui qui rompt avec la clarté théologique de Ratzinger. Certes, François n'est pas un théologien. Il le concède lui-même sans aucun complexe. Dans un interview (non enregistré et mal transcrit) François aurait affirmé: «il n'existe pas un Dieu catholique» (La Repubblica, 1er Octobre 2013).

Joseph Ratzinger: l'Eglise est catholique

Précisions simplement que Joseph Ratzinger avait parlé en ce sens. Le mot catholique est adéquat pour l'Eglise et les chrétiens. En un certain sens Dieu n'est pas catholique. Cet adjectif ne convient pas pour parler de Dieu; mais de l'Eglise.

Nous sommes tous enfants de Dieu par la création et fils et fille de Dieu par le baptême. 

Dieu est le Père Tout Puissant, Créateur des enfants de Dieu. Le baptême en fait des fils dans le Fils. Nous sommes tous frères. Saint François d'Assise parlait à frère soleil, à soeur lune, à soeur eau ... et nous devrions cesser de considérer notre prochain comme un frère ? 

On peut tourner les choses dans tous les sens, le Pape est à comprendre avec un esprit touché par la grâce de la foi. Sinon, nous lui plaquons nos idéologies dont celle de la rupture.

Le traditionalisme incline toujours l'esprit vers le soupçon, une forme de crédulité, une sorte d'angoisse perpétuelle  et presque de psychose. La peur et le choc peuvent saisir certaines intelligences:  aie ! ce Pape a encore dit des bêtises .... Est-ce le Pape ?

La réalité est tout autre. 

Miséricorde: une vidéo d'une minute avec le Pape

mercredi, 06 janvier 2016

Le Pape François en video pour une nouvelle communication; François fait sensation

Ces vidéos du Pape François font sensation, pour une innovation de la communication

Video

Le thème touche au dialogue interreligieux avec de la musique, des images et successivement plusieurs représentants de différentes religions affirmer:  “j’ai confiance en Bouddha“, “je crois en Dieu“, “je crois en Jésus Christ“, ou encore “je crois en Dieu, Allah“, avant d’assurer plus tard, face caméra, “je crois en l’amour“.

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Habituellement les intentions mensuelles du Pape sont écrites. Désormais, ces vidéos papales serviront de nouveau moyen de communication. 

Le Cardinal Müller se confie à Die Zeit

INTERVIEW DU CARD. MULLER À DIE ZEIT

"Le pape François a son propre style de prédication et de pastorale, qui convainc des millions de gens.

Mais il souligne toujours que toutes ses paroles et tous ses gestes doivent être interprétés dans le cadre de la profession de foi catholique.

La doctrine de la foi n'est pas une théorie construite par les hommes".

N.B. Sans avoir le style ou le format médiatique, le Cardinal parle clairement à l'intelligence, aux intellectuels, avec un brio certain. 

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source: Benoît et Moi

Il aborde de multiples sujets, du Synode sur la famille à ses relations avec ses confrères allemands, du Pape à son rôle en tant que préfet, du fondamentalisme islamique à la théologie de la libération, sans esquiver les questions de la presse allemande (4/1/2016)

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« L’ÉGLISE N'EST PAS UN CLUB DE PHILOSOPHES »

Echange avec le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Gerhard Ludwig Müller à propos des vérités éternelles, de la découverte des scandales financiers, des sentiments anti-romains et de la raison pour laquelle le pape François n'est pas un hérétique.

Interview d'Evelyn Finger

Die Zeit

30 décembre 2015

Traduction par Isabelle

source: Benoît et Moi

DIE ZEIT: Monsieur le cardinal, pouvons-nous vous demander comment vous avez fêté Noël ?

Gerhard Ludwig Kardinal Müller: A Noël, j'étais là où je devais être : dans la basilique Saint-Pierre, aux côtés du Saint-Père. Avec les gens de ma maison, je célèbre toujours Noël avec des prières, des chants et la lecture de l'Evangile de la Nativité, d'une manière qui réjouit un cœur allemand.

ZEIT: Une année dramatique s'achève pour les chrétiens. Qu'est ce qui fut, pour vous, le plus important en 2015 ?

Le cardinal Müller: La chose la plus importante aux yeux de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) est toujours la même: nous avons le devoir de servir le Saint-Père dans sa fonction magistérielle et de nous préoccuper des « délits » commis contre la foi ou la sainteté des sacrements. Nous, c'est-à-dire non seulement les 45 collaborateurs de nos trois sections (doctrine de la foi, discipline et questions matrimoniales), mais aussi les quelque 25 cardinaux et évêques qui en sont membres, auxquels s'ajoutent 30 consulteurs théologiques à Rome.

ZEIT: C'est le pape Benoît XVI qui vous a appelé à la charge de préfet de la CDF. Qu'est ce qui a changé pour vous sous le pape François ?

Le cardinal Müller: Ma mission n'a pas changé. La Congrégation est au service du magistère universel de l’Église, une charge qu'elle reçoit du pape, selon des règles et des statuts approuvés. Chaque pape est le successeur de l'apôtre Pierre. Il représente « le principe et le fondement perpétuel et visible » de l’unité de l’Église dans la foi, comme l'a spécifié le Concile Vatican II. Mais de même que Jésus appela, en Pierre, une personne humaine particulière, avec ses forces et ses faiblesses, les papes eux aussi remplissent leur mission selon leurs personnalités. Ils ne sont pas des fonctionnaires interchangeables. Les deux papes pour lesquels je coordonne le travail de la Congrégation sont des personnalités différentes. Et cela enrichit l’Église.

ZEIT: Le pape François a entrepris de rénover son Eglise, et la Curie en particulier. Qu'est ce qui doit changer d'après vous ?

Le cardinal Müller: Le renouvellement de l'Eglise ne peut être le programme particulier d'un seul pape. Il constitue la mission permanente de tout chrétien, qui veut être un authentique disciple du Christ, par-delà un attachement purement extérieur au christianisme. Mais il y a aussi des défis spécifiques à une époque donnée que l’Église doit sans cesse relever.

ZEIT: Qu'est-ce que cela signifie pour la curie, dont le pape a répertorié les « maladies » à Noël 2014 ?

Le cardinal Müller: Celui qui a bien écouté aura remarqué qu'il était lui-même invité à un examen de conscience. Le pape a parlé de tentations spirituelles, comme un maître des exercices dans la tradition du fondateur de son ordre, saint Ignace de Loyola. Personne ne devrait donc se sentir conforté dans ses préjugés et ses clichés. La curie est un instrument qui doit aider au gouvernement de l'Eglise. Elle ne se trouve pas au centre de l’Église. Partout où est célébrée l'eucharistie, là se trouve le centre, – fût-ce dans une misérable hutte de la jungle. L'attention démesurée que les medias accordent à la curie plutôt qu'à l'Evangile est la meilleure preuve qu'un changement de perspective est nécessaire !

Les collaborateurs de la curie doivent être remplis de l'esprit de Pierre et le servir dans la personne des papes. Celui qui, en dépit de ses propres faiblesses, peut dire à Jésus avec Pierre : « Oui, Seigneur, tu sais bien que je t'aime », celui-là seul peut assister le pape, successeur de Pierre, avec des conseils et des jugements avisés.

ZEIT:Le processus des réformes romaines, en particulier la réforme des finances, fait sans cesse les gros titres. Dernièrement on a parlé de vous dans le magazine Bild (1) .

Le cardinal Müller: Cela me laisse indifférent. Je n'ai pas été appelé à la préfecture de la CDF pour me préoccuper d'une problématique aussi secondaire que les soi-disant « finances du Vatican », à plus forte raison dans des institutions séculières qui n'appartiennent pas à la curie. Pour cela, il y en a d'autres qui en sont plus capables et le font plus volontiers. Depuis 1965, notre Congrégation est presque entièrement libérée de la gestion de ses biens, jadis considérables, de manière à pouvoir se consacrer totalement à sa mission spirituelle et théologique.

ZEIT: Y a-t-il eu réellement une perquisition à la CDF ? Et une découverte suspecte de 20 000 Euro ?

Le cardinal Müller: Les élucubrations des journalistes-enquêteurs de la presse à sensation sont sans fondement et servent seulement à entraver notre véritable mission. Ce qui est significatif, c'est de voir cette promptitude à accorder du crédit à ce qui est ridicule plutôt qu'à ce qui est sérieux. Nous avons un message de joie pour les hommes de bonne volonté, pas un message d'une joie malsaine pour les méchants.

ZEIT: Votre Congrégation est la plus ancienne de la curie. Jadis elle était redoutée dans toute l'Europe, portant le nom de la « Sainte Inquisition ». Pourquoi existe-t-elle toujours ?

Le cardinal Müller: L'actuelle CDF diffère de l'ancienne Inquisition romaine, non seulement quant au nom mais aussi quant à ses missions. Elle existe sous cette forme depuis 1965, parce que de nos jours également le pape ne peut diriger seul l’Église universelle et s'appuie pour cela sur l'aide de l’Église romaine. Depuis le XVIe siècle, le Collège cardinalice, qui était auparavant collectivement compétent pour toutes les questions, a formé différentes sections. Il y a aujourd'hui dix congrégations ; une nouvelle congrégation pour le mariage et la famille vient d'être fondée. C'est vrai: quand notre congrégation vit le jour, en 1542, l’Église vivait des temps difficiles, les papes et les mouvements de la réforme s'affrontaient les uns les autres.

A propos de l'Inquisition historique, il faudrait opérer un discernement critique entre l'historicité des faits et les légendes anti-catholiques. Mais aujourd'hui, nous ne vivons plus à l'ère du confessionnalisme mais à l'ère de l'œcuménisme!

ZEIT: Vous dites cela en tant que gardien de la doctrine de la foi? Qu'est-ce que l'œcuménisme ?

Le cardinal Müller: L'œcuménisme signifie que les chrétiens de différentes confessions essaient de découvrir ce qui leur est commun et d'être ensemble témoins de Jésus Christ.

ZEIT: Malgré la phrase du credo de votre Eglise qui dit : « Je crois à la sainte Eglise catholique » ?

Le cardinal Müller: L'épithète « catholique » apparaît dans toutes les professions de foi de la chrétienté, bien avant la séparation du XVIe siècle. Cependant, ce sont précisément les grandes différences dogmatiques et liturgiques qui le montrent: la voie conduisant à une plus grande unité est nécessaire.

ZEIT: Que reste-t-il encore des débuts ?

Le cardinal Müller: Justement, ce qu'on ne lie pas immédiatement aux noms de Galileo Galilei et de Giordano Bruno. A l'époque, alors que naissait une compréhension nouvelle de la nature, il fallait délimiter les domaines de compétence propres des sciences empiriques, de la philosophie et de la théologie. Aujourd'hui, notre travail est un travail de théologiens, au service du magistère, une confrontation avec les grands tournants de l'histoire de la pensée.

Malgré tout ce que les gens dans leurs fantasmes continuent d'associer au mot « Inquisition », notre congrégation a subi une métamorphose et n'est plus d'abord un tribunal. Depuis le Concile Vatican II, notre tâche principale est de promouvoir la doctrine de la foi, sa compréhension et sa transmission. Nous avons pour cela deux commissions internationales: l'une pour la théologie systématique et une autre pour la théologie biblique. Les thèmes de leurs travaux sont, la plupart du temps, donnés par le pape lui-même, à moins qu'ils ne soient proposés par les membres.

ZEIT: Vous êtes maintenant à Rome depuis plusieurs années. Comme Allemand, vous êtes-vous bien acclimaté ici ?

Le cardinal Müller: L'Allemagne reste ma patrie, avec sa culture, sa langue et son histoire, mes amis et parents. Je ne me suis pas établi ici pour satisfaire une passion des voyages ou un amour exotique pour l'Italie, mais parce que j'ai été appelé à un service particulier. L'activité pastorale de prêtre ou d'évêque me comble d'ailleurs plus que l'étude des documents, la rédaction de textes ou même l'action en justice. Mais il me plaît aussi de renouer avec le travail scientifique qui m'a occupé longtemps, quand nous discutons de quelque point actuel par ex. dans la commission biblique.

ZEIT: Qu'appréciez-vous particulièrement dans le nouveau pape ?

Le cardinal Müller: Pour répondre à des questions aussi personnelles, je suis devenu de plus en plus prudent ces derniers temps. J'ai appris par l'expérience tout ce que l'on a pu inventer à ce propos. Son engagement pour les pauvres me réjouit. Comme son attachement inébranlable à la conviction que la périphérie, entendue théologiquement, n'est pas la marge, mais le centre. L'espérance de l'humanité est Jésus-Christ, – non pas la Bourse de New-York. La foi, fût-elle aussi petite qu'un grain de moutarde, a une portée éternelle. Et nous ne pouvons pas emporter l'argent avec nous, même dans les valises les plus grandes.

ZEIT: Vous êtes l'ami d'un grand théologien de la libération et vous avez récemment écrit avec lui un livre sur la pauvreté. Pourquoi ?

Le cardinal Müller: Si j'ai une grande estime pour l'engagement et pour l'œuvre de Gustavo Guttierez, ce n'est pas pour marquer des points dans les cercles de la gauche libérale en Allemagne. Mais parce que, au cours d'environ vingt longs séjours en Amérique latine, j'ai pu me convaincre, de mes propres yeux, de l'action bénéfique d'une théologie de la libération bien comprise. A l'occasion de mon élévation au cardinalat, j'ai reçu, au lieu de cadeaux, des dons pour environ 160 000 EURO et j'ai pu les verser pour des projets de coopération sur place.

ZEIT: En Allemagne, on vous perçoit souvent comme un conservateur et on vous critique pour cela. Cette étiquette vous dérange-t-elle ?

Le cardinal Müller: « Conservateur » est un slogan qui sert à disqualifier un adversaire supposé. Ou bien cela permet de se montrer comme un avant-gardiste brillant, en vertu de la croyance en un progrès linéaire. Ce dont l’Église doit se préoccuper, c'est de garder fidèlement la parole de Dieu et, dans le même temps, d'annoncer l'Evangile aujourd'hui. Nous devons donner des réponses à ceux qui nous interrogent sur ce qui fonde rationnellement notre espérance. C'est là le moment dynamique, dialogique et missionnaire de la tradition apostolique, dont le contenu est la présence de Dieu dans sa PAROLE. C'est en Lui que notre quête de la vérité et de la vie trouve sa fin.

ZEIT: La CDF définit, encore aujourd'hui, ce qui est vrai et donc catholique. Et elle sanctionne le cas échéant ce qui est non-catholique, parfois en retirant le droit d'enseigner.
Le cardinal Müller: Définir les expressions de la profession de foi de l’Église relève du magistère du pape et des évêques. Notre congrégation est à leur service. Ainsi nous protégeons aussi la foi contre les fausses doctrines ou les tendances schismatiques. Et nous devons élever la voix contre la sécularisation intérieure à l’Église. Jésus demande : « Qui dites-vous que je suis ? » Et Pierre répond, au nom de toute l’Église : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » – C'est là le cœur et le fondement de notre profession de foi. Cela ne peut pas être aplati.

ZEIT: Que signifie « aplatir » ?

Le cardinal Müller: Quand on dit : « Après tout, le christianisme est un ensemble de valeurs humaines, quelque peu teintées de sentiment religieux », je dis : « Très bien ! Mais ce n'est pas la substance de la foi chrétienne ! »

ZEIT: Mais plutôt ?

Le cardinal Müller: Que Jésus de Nazareth est vrai Dieu et vrai homme, parole éternelle de Dieu, qui a pris « notre chair » – avec tous les abîmes, avec notre condition mortelle. Mais il est aussi la cause de notre libération du péché et de la mort. Il a ouvert la porte de la vie éternelle. La CDF doit garder la cohérence interne de cette profession de foi. Elle garantit, pourrait-on dire, la qualité d'une théologie qui repose sur les fondements de la foi catholique.

ZEIT: Trouvez-vous cela, après deux ans d'affrontements virulents entre évêques catholiques sur le mariage et la famille, plus difficile qu'auparavant ?

Le cardinal Müller: Le synode des évêques était pénible, car ce qui était en jeu, c'était ce qui nous est prescrit par Dieu dans le sacrement de mariage et comment cela peut être fidèlement vécu au sein de la société actuelle. Le mariage est une idée de Dieu, qu'il a réellement gravée lui-même, en vertu de la création et de la rédemption, dans la nature sexuellement différenciée de l'homme et, au plan de la grâce, dans sa relation à Dieu. Ainsi, le mariage n'est pas un modèle sociologique du passé, qui doit être imposé à l'homme de l'extérieur ou même être infligé de force. Acte de foi et contenu de la foi sont liés l'un à l'autre, comme le but du voyage et l'itinéraire qui y conduit avec un système de navigation sans faille. Nous devions montrer que le mariage est le chemin dessiné par Dieu sur nos cartes routières, qui conduit à la perfection dans l'amour.

ZEIT: Qu'est-ce que l'amour ?

Le cardinal Müller: Ce n'est pas la simple possibilité de satisfaire des besoins physiques ou spirituels, mais la rencontre personnelle et totale de l'homme et de la femme, comme la forme la plus haute de la réalisation de la volonté du créateur. La Bible dit de l'homme qu'il quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme. Ce n'est pas un pur phénomène social ou un désir sexuel, mais un accomplissement spirituel et personnel, un abandon total et définitif à l'autre. C'est cet évangile du mariage que nous voulions à nouveau mettre en lumière

ZEIT: Le questionnaire du Vatican diffusé parmi les catholiques du monde avait donné comme résultat: oui, cet idéal vaut toujours, mais la réalité est différente. Il y a des catholiques homosexuels qui veulent vivre ensemble, des divorcés qui veulent communier. Eprouvez-vous de la fierté que le cercle synodal germanique, après une longue dissension, ait trouvé un compromis ?

Le cardinal Müller: Ce n'était pas un compromis. Cela serait une fausse catégorie, car la foi n'est pas la combinaison d'opinions humaines sur Dieu, mais l'obéissance de toute l’Église à la parole de Dieu. L'essence du mariage, c'est de pouvoir dire « oui » à une personne de l'autre sexe, exclusivement et pour toujours. Dans le mariage, on ne peut pas séparer amour et corporéité, fidélité et sexualité. A cela, les conceptions laïcisées du christianisme ne changent rien. Même lorsque, au plan humain, les conjoints vivent séparés l'un de l'autre, le mariage sacramentel n'en continue pas moins d'exister, exprimant la plus grande fidélité de Dieu. Cela dépasse la compréhension purement humaine.

ZEIT: Le pape François répète toujours qu'au centre de la vie chrétienne se trouvent, non pas la doctrine ni le dogme, mais Jésus et sa miséricorde. Êtes-vous d'accord avec lui ?

Le cardinal Müller: Le pape François a son propre style de prédication et de pastorale, qui convainc des millions de gens. Mais il souligne toujours que toutes ses paroles et tous ses gestes doivent être interprétés dans le cadre de la profession de foi catholique. La doctrine de la foi n'est pas une théorie construite par les hommes. Si importantes que puissent être la philosophie et la recherche scientifique pour la compréhension de la vérité révélée de Dieu, c'est Jésus qui est, dans sa personne, le maître et la doctrine du Royaume de Dieu. La doctrine de la foi ne signifie rien d'autre que la parole de Dieu – dans la profession et dans la vie de l’Église.

ZEIT: Qu'est-ce que l’Église ?

Le cardinal Müller: L’Église est la maison et le peuple de Dieu, elle est le corps du Christ et le temple de l'Esprit-Saint. Elle est ainsi tout autre chose qu'un groupement d'hommes qui personnifient leurs idéaux dans une idole. Dans l’Église, c'est le Christ lui-même qui parle et agit. Celui qui comprend correctement le pape François, surmonte des vues partielles et crispées. En aucune manière, le pape ne construit de nouveaux antagonismes. La foi et la vie, l'adhésion à la personne de Jésus et la conviction de la réalité des œuvres de Dieu comme nous le professons dans le credo, sont les deux faces d'une même médaille.

ZEIT: Le pape a allégé la procédure d'annulation du mariage.

Le cardinal Müller: Il y a toujours eu des mariages, conclus suivant le rite de l'Eglise, qui furent reconnus nuls par la suite, si des éléments constitutifs étaient absents. Le pape a maintenant, dans une nouvelle disposition qui est entrée en vigueur le 8 décembre, déterminé plus concrètement la possibilité de l'annulation. Il l'a adaptée aux situations d'aujourd'hui, sans porter atteinte à l'indissolubilité du mariage. Jésus dit que la volonté salvatrice de Dieu est le chemin qui conduit au but, même quand ce chemin paraît difficile. Pour nous catholiques, et aussi pour les chrétiens évangéliques, la parole de Dieu est la vérité. Et dans les questions qui touchent à la vérité, il n'y a pas de compromis. Car nous ne sommes pas des partenaires qui négocient avec Dieu, mais nous devons écouter sa parole.

ZEIT: Trois cents pères synodaux ont débattu pendant trois semaines. Ce qu'est la vérité semble donc tout de même avoir fait l'objet de discussions.

Le cardinal Müller: Lors d'un synode d'évêques catholiques, la révélation, y compris les vérités de foi déjà définies par l’Église, ne peut être mise en question quant à sa substance. Ce synode concernait la mise en œuvre pastorale. Je sais que d'aucuns trouvent plaisir à jouer les uns contre les autres et, selon une technique éprouvée, à donner le mauvais rôle à la CDF. Les Allemands ont toujours besoin d'un bouc émissaire, sur qui faire passer leurs sentiments anti-romains et le préfet est une cible parfaite. Qu'il est rassurant d'être soi-même déjà tellement plus avancé ! Mais la dogmatique et la pastorale ne se prêtent ni aux jeux de pouvoir ni aux intimidations. Il y va de la vérité de l'Evangile et du salut des hommes.

ZEIT: Précisément, entre vous-même et le cardinal de curie Walter Kasper, il semble qu'il y ait eu auparavant des désaccords théologiques.

Le cardinal Müller: Le cardinal Kasper et votre humble serviteur sont des théologiens catholiques, qui partent du fait de l'auto-révélation de Dieu fait dans le Christ. Mais nous ne sommes pas des politiciens qui cherchent le compromis en équilibrant leurs intérêts. En tant qu'évêques, nous avons le devoir de rendre justice à la vérité de Dieu et aux hommes dans leur quête de salut. La foi n'est pas un programme de parti, rédigé par des hommes, que l'on doit à chaque fois adapter à la volonté des électeurs.

ZEIT: Il n'empêche : la question de ce qu'est la vérité a toujours été débattue dans l'histoire de l’Église, même avec des armes. Dieu merci, ces temps sanguinaires sont révolus. Nous vivons maintenant avec un pape qui souligne sans cesse que la vérité doit être cherchée. Elle n'est pas comme un bien que l'on se contente de défendre. Mais qu'est-elle alors ?

Le cardinal Müller: Sans aucun doute, la vérité n'est pas un bien dont nous disposons mais un trésor confié à l’Église. L’Église n'est pas un club de philosophes qui tend vers la vérité, mais la révélation nous est donnée pour que nous la gardions et l'interprétions fidèlement. La vérité ne veut pas seulement être recherchée. Elle attend aussi qu'on se décide pour elle. Au cœur inquiet, ce n'est pas le fait de se tenir à distance, tout en finesse, qui donne la paix ; mais c'est la vérité seule qui me rend libre, si je me laisse saisir par elle. Au IVe siècle, on discuta âprement pour savoir si Jésus-Christ était Fils de Dieu et de même substance que le Père ou seulement la plus réussie des créatures de Dieu. C'était là la ligne de démarcation entre l'orthodoxie et l'hérésie. Aux sceptiques et aux agnostiques d'aujourd'hui qui refusent la possibilité de la révélation, ces controverses apparaissent tout juste comme des luttes de pouvoir maquillées en idéologies ou comme l'expression d'une conscience non encore éclairée.

ZEIT: Comment savez-vous ce qu'est la vérité ?

Le cardinal Müller: En interprétant la sainte Ecriture comme parole de Dieu, suivant les règles d'une herméneutique théologique et historique. Il ne s'agit donc pas de simples variantes d'interprétation, conservatrices ou libérales, pas plus que d'un ciment religieux de la société, légitimant une hiérarchie des valeurs élaborée par des hommes qui recourent à de vagues références à la transcendance. Mais il s'agit de l'Esprit de Dieu qui, depuis 2000 ans, maintient l’Église dans la vérité de sa parole.

ZEIT: Et les changements de l’Église ? Le pape vient de le dire dans son allocution de Noël : "Ecclesia semper reformanda "!

Le cardinal Müller: Mais pas pour dire quelque chose de beau et de gentil et faire plaisir aux gens ; pas pour être applaudi comme l'homme de l'année, sur les pages glacées des magazines mais plutôt par fidélité à Jésus-Christ. La parole de Dieu demeure éternellement. Et l’Église n'annonce pas d'autre message que celui que lui a confié le Seigneur. Nous n'avons pas de théorie du développement du dogme, des sacrements et de la liturgie, qui relativiserait le contenu de la foi en en faisant un simple reflet de la conscience subjective changeante des personnes et des groupes.

Dans l'histoire, la parole de Dieu demeure actuelle une fois pour toutes, cette parole s'empreint dans la vie de foi de l'Eglise et y déploie toute sa richesse. Dans cette mesure, nous avons une synthèse unique entre la permanence de l’Église dans la vérité et l'évolution de son expression. Nous devons proclamer la parole de Dieu, à temps et à contretemps. Nous mettons notre espérance dans le Dieu immortel, pas dans l'inconsistance des hommes.

ZEIT: Les critiques du nouveau pape lui reprochent de faire peu de cas de la doctrine et de nuire à son Eglise. Il y a même des catholiques qui l'insultent en le traitant d'hérétique. Que leur répondez-vous ?

Le cardinal Müller: Je dois leur donner tort, non seulement en vertu de ma fonction, mais par conviction personnelle. Selon la définition théologique, l'hérétique est un catholique qui s'obstine à nier une vérité révélée et que l’Église prescrit de croire. C'est tout autre chose lorsque les docteurs de la foi officiellement désignés s'expriment d'une manière peut-être malheureuse, vague ou qui prête à des malentendus. Le magistère du pape et des évêques n'est pas au-dessus de la parole de Dieu mais il est à son service. Ainsi l'a déclaré le Concile Vatican II dans la Constitution dogmatique sur la révélation divine. Comme le pape et les évêques ne reçoivent pas de nouvelle révélation, ils doivent se consacrer avec soin et avec l'aide des sciences théologiques à « sa juste élucidation et à la présentation qu'elle requiert ». C'est là encore ce que dit le Concile Vatican II. L'histoire de l’Église contient plusieurs exemples qui montrent que cela ne s'est pas toujours passé paisiblement. Les déclarations pontificales ont du reste un caractère contraignant différent – selon une échelle qui va de la décision ex-cathedra la plus contraignante jusqu'à l'homélie qui sert plutôt à l'approfondissement spirituel.

ZEIT: Est-il vrai que votre congrégation a été saisie de plaintes à propos d'hérésies du pape ?

Le cardinal Müller: Non ! Car la congrégation est au service du pape dans son ministère, pour rectifier une erreur dans la foi. Au Moyen Âge, on a discuté pour savoir si le pape, comme personne individuelle (pas comme institution!) pouvait devenir hérétique. Avant le premier concile Vatican, on a aussi fait valoir, contre le dogme de l'infaillibilité, la lutte historique sur l'orthodoxie des papes. Ce sont là aujourd'hui des questions plus théoriques. Le point central de cette question réside dans cette manière de comprendre la foi : une doctrine ne devient pas vraie parce que le pape la proclame. C'est tout le contraire : le pape la proclame parce qu'elle est révélée.

ZEIT: Et qu'en est-il de la conscience des croyants ?

Le cardinal Müller: L'obéissance formelle à une décision doctrinale définitive du pape et du concile œcuménique est ordonnée et subordonnée à l'obéissance au contenu de la parole de Dieu.

ZEIT: Où passe la frontière entre cette revendication de vérité et le fondamentalisme pur et dur ?

Le cardinal Müller: Le fondamentalisme était à l'origine une forme d'interprétation littérale de la Bible. Mais nous le savons: la parole de Dieu parvient jusqu'à nous en langage humain. Les deux ne sont pas identiques, même s'ils sont inséparables. C'est pourquoi, à la lumière de la foi globale en la révélation divine dans l'Ancien et le Nouveau Testament, on ne peut extraire quelques passages isolés, sans tenir compte de leur contexte historique, pour réduire la liberté de religion et de conscience fondée dans la morale naturelle. Nous n'attendons pas de l'Etat qu'il impose de force, avec les moyens dont il dispose, l'adhésion à une foi déterminée. C'est légitimement toutefois que tous les citoyens attendent de leur Etat la protection de leurs droits civiques, y compris la liberté religieuse individuelle et communautaire.

Le fondamentalisme, au sens d'une violence perpétrée contre autrui au nom de Dieu, est foncièrement anti-chrétien et immoral. Car celui qui, au nom de Dieu, blesse un autre être humain, dans son corps ou dans son âme, agit contre la volonté de Dieu, qui est le créateur de chaque vie humaine.

ZEIT: Il n'empêche : on a tué et on tue au nom de Dieu.

Le cardinal Müller: La « violence justifiée par la religion » est une contradiction en soi. Les actes de terrorisme et les attentats-suicides ne sont pas seulement un crime contre l'humanité mais ils sont un sacrilège commis envers le Dieu créateur. Cela vaut pour les trois religions: judaïsme, christianisme et islam. Je mentionne expressément l'islam, parce que Allah y est loué comme le créateur de la vie, le tout-miséricordieux et le très-miséricordieux. Et personne ne peut légitimer le fait de commettre le mal, parce que Dieu est l'auteur de tout bien. La religion est, comme vertu naturelle, culte rendu à Dieu. D'un point de vue chrétien, elle se concrétise dans l'amour de Dieu et du prochain. Et l'amour signifie toujours être pour et pas contre autrui.

ZEIT: Les jihadistes commettent donc une erreur de jugement ?

Le cardinal Müller: Dans l'islam, il y a en tout cas des autorités dignes de foi qui pensent que la violence est en contradiction interne avec le cœur de la foi musulmane. Celui qui, dans la première sourate, croit en Dieu, le miséricordieux, ne peut comprendre les sourates qui incitent à la violence contre les incroyants, que comme l'expression d'une interprétation du Coran imposée par des hommes, mais pas comme l'expression de la volonté d'Allah. Et se pose la question : quelle autorité légitimée par Dieu distingue entre les interprétations fausses et authentiques de la révélation originale ?

ZEIT: Avez-vous déjà testé cet argument auprès de collègues musulmans ?

Le cardinal Müller: Sur ce point, je suis réticent. Car je ne veux pas faire la leçon aux autorités de l'islam avec l'argument des « Lumières », comme si je me situais à un point de vue plus élevé, fort de l'adage: « Nous sommes évolués, les autres en sont restés au Moyen Âge ». Cela serait paternaliste et contre-productif. Selon moi, il doit être possible de développer, à partir des principes internes de l'islam, un respect pour les croyants d'autres religions et reconnaître leur vie comme un don de Dieu, jusque dans la liberté de conscience. Les savants et les hommes politiques musulmans devraient dire clairement et avec force de loi que la violence s'oppose diamétralement à la volonté de Dieu. La légitimation de la violence ne fait pas partie des cinq piliers de l'islam : confesser Dieu, le prier, faire l'aumône, jeûner, faire le pèlerinage à La Mecque.

ZEIT: La violence n'est donc pas inhérente à la prétention des religions à la vérité ?

Le cardinal Müller: Les laïcistes aimeraient bien cela. Ils veulent évincer violemment la religion, sous toutes ses formes, de l'espace public, conformément à leur propre dogme : « la religion est une affaire privée ». Cela contredit diamétralement le droit de l'homme qu'est le libre exercice de la religion. Celui qui prétend que la vérité mène à la violence, se rend lui-même coupable de violence envers la vérité. La vérité ne menace pas, mais offre un fondement à toute morale individuelle et à toute éthique sociale. Dans la compréhension chrétienne, la vérité révélée de Dieu demeure aussi un mystère incompréhensible. Elle reste un mystère qu'on ne peut maîtriser rationnellement et qui ne légitime aucune prétention à une domination absolue de certains hommes sur d'autres hommes au nom de Dieu.

ZEIT: Comment un mystère peut-il être en même temps une vérité ?

Le cardinal Müller: La connaissance de Dieu dans sa révélation n'est pas de la nature d'une théorie mathématique, d'un code génétique déchiffré, etc. C'est seulement à la lumière de la foi et dans une libre adhésion que Dieu se révèle comme vérité et vie. Une interprétation positiviste de la révélation qui veut forcer l'adhésion contredit la transcendance permanente de Dieu et la finitude de la raison humaine. Nous ne pouvons pas connaître la parole de Dieu sans la lumière de la foi infusée par l'Esprit-Saint. La nature de la révélation et la manière dont les hommes l'ont reçue sont d'ailleurs significativement différentes dans le judaïsme et le christianisme d'une part, et dans l'islam d'autre part.

ZEIT: Que dites-vous à un combattant de l'« Etat islamique », qui soutient que combattre les incroyants est conforme à la volonté de Dieu ?

Le cardinal Müller: Que la volonté de Dieu ne va jamais contre son être, qui est la bonté, et contre son attitude toujours miséricordieuse. Nous avons aussi dans ce que l'on appelle le « volontarisme » des représentations absurdes de la volonté absolue de Dieu, selon lesquelles le bien ne représente pas son être mais est l'expression de sa volonté arbitraire. Par exemple : ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que Dieu la veut, mais c'est parce que Dieu la veut qu'elle est bonne. Or cela aurait une conséquence qui défie toute description : si Dieu voulait que je tue ma mère, je devrais le faire. Le pape Benoît, dans son discours de Ratisbonne, a soutenu au contraire que Dieu est en même temps la vérité et la bonté, la justice et la miséricorde. C'est parce que Dieu est amour que la foi dans la liberté est possible.

ZEIT: Benoît XVI a été violemment critiqué pour ce discours.

Le cardinal Müller: Mais il était prophétique ! Comme l'a expliqué le pape Benoît : nous pouvons seulement témoigner de la vérité, mais nous n'avons jamais le droit de l'imposer aux autres ou de les contraindre par des menaces. La foi comme communauté de vie avec Dieu ne peut s'épanouir que dans la liberté. Bref : foi et contrainte s'excluent l'une l'autre. Même si les chrétiens, les adeptes d'autres religions et les incroyants n'ont pas vu les choses ainsi à toutes les époques. La vérité absolutisée et imposée par la violence n'est pas la vérité, mais une idéologie, – comme la « terreur vertueuse » des jacobins ou les formes actuelles de lavage de cerveau et de rééducation médiatique.

ZEIT: Vous êtes entre autres membre de la Congrégation pour les églises orientales. Que devons-nous faire maintenant, nous, chrétiens d'Europe, pour les chrétiens persécutés du Proche-Orient ?

Le cardinal Müller: Nous pouvons aider les chrétiens persécutés, qui sont tout près de l'éradication violente de leur tradition bimillénaire en Orient, par la prière et par les actes. Surtout, nous devons nous engager aussi politiquement pour que soit garantie la liberté religieuse dans tous les états à population majoritairement musulmane. C'est la raison pour laquelle, à Dresde en 2015 , j'ai prononcé, avec un représentant musulman, l'éloge du président du Sénégal, Macky Sall : il œuvre à une cohabitation pacifique des religions dans son pays et veut montrer que cela est compatible aussi avec la tradition musulmane.

ZEIT: Le pape a récemment, offert, aux protestants de Rome, un calice pour la Cène. Cela signifie-t-il que les deux Eglises peuvent célébrer la Cène ensemble ?

Le cardinal Müller: C'était un signe d'espérance que le jour viendra où sera atteinte la pleine unité de l’Église visible: dans la profession de foi, dans les signes sacramentels du salut et dans la constitution épiscopale, avec à la tête le pape.

ZEIT: Les protestants doivent-ils reconnaître le pape ?

Le cardinal Müller: La pleine unité de l'Eglise n'est possible, dans la conception catholique, qu'avec l'évêque de Rome comme successeur de Pierre. C'est pourquoi la primauté du pape est un thème classique de la théologie œcuménique. Mais des malentendus ne cessent de se produire, parce qu'on ne prend pas en considération le fait (malheureux, mais bien réel) que catholiques et protestants ont une conception différente de l’Église. Ces différences ne relèvent pas seulement des concepts théologiques mais de la profession de foi. Et tel est justement l'objet le plus important du dialogue œcuménique : il ne doit pas fixer le statu quo ou « embellir les choses », mais conduire le mouvement œcuménique à sa fin, à savoir l'unité institutionnelle visible de l’Église.

ZEIT: Vous même connaissez fort bien depuis longtemps la pensée protestante, déjà depuis votre doctorat sur Dietrich Bonhoeffer. Que devraient faire les églises évangélique et catholique pour promouvoir l'œcuménisme ?

Le cardinal Müller: Dietrich Bonhoeffer vivait à une époque où monde catholique et évangélique n'avaient aucun lien et s'opposaient souvent de manière brutale dans la patrie commune. C'est précisément la volonté national-socaliste de déchristianiser l'Allemagne et de détruire le christianisme qui a, en dépit de son intention, mis en route un œcuménisme du témoignage commun.

ZEIT: Et aujourd'hui ?

Le cardinal Müller: Le pape François parle d'un œcuménisme du sang des martyrs de différentes confessions, qui se mêle et lance vers le ciel un même cri. Mais ce n'est pas un cri de vengeance, mais un appel puissant à la glorification de Dieu. Le sang des martyrs est un témoignage de la réconciliation, qui est possible même entre ennemis. Car c'est dans le sang du Christ, qui fut injustement mis à mort, que le monde est réconcilié avec Dieu. Nous pouvons vivre de la réconciliation dans les familles, les communautés, dans la vie publique et dans l'humanité. Nous devons cependant nous garder de forcer une unité, en faisant violence à la conscience de la vérité. Une unité sans vérité, où le christianisme serait réduit au statut d'une religion civile, ne peut pas réussir.

ZEIT: Le pape François fera probablement en 2016 un voyage en Allemagne. Le cardinal Maradiaga a déjà dit : nous, les chrétiens, nous pourrions « célébrer 2017 ensemble », c'est à dire comme une fête du Christ. Que pensez-vous : Pouvons-nous célébrer ensemble ? Même surmonter la séparation des églises ?

Le cardinal Müller: Dans tous les cas, en 2017, nous n'avons pas le droit d'entonner les vieux refrains confessionanalistes, politico-culturels, national-allemands et anti-romains. Les événements qui ont provoqué la scission du christianisme d'occident sont jugés différemment par les catholiques et par les protestants. Mais la distinction reste toujours importante entre ce qu'était la préoccupation des protagonistes de l'époque et ce que cela a eu comme résultat dans les circonstances politiques et culturelles.

ZEIT: Qu'est-ce que les églises ont en commun aujourd'hui ?

Le cardinal Müller: Dans le passé, aujourd'hui et en tous temps, la préoccupation commune doit être celle-ci : voir Jésus-Christ au centre de toute pensée, de toute action et de toute aspiration chrétiennes. Nous voulons, en commun, témoigner dans une société séculière et pluraliste, que Jésus Christ est l'unique Sauveur du monde. Si les chrétiens faisaient cette profession commune aujourd'hui, l'effet serait, pour l'histoire du monde, aussi puissant que la Réforme évangélique et la réforme catholique du XVIe siècle mises ensemble.

ZEIT: De quoi vous réjouissez-vous dans cette année nouvelle, l'année de la miséricorde ?

Le cardinal Müller: Je me réjouis si les nombreuses portes saintes qui ont été ouvertes deviennent pour nous un signe, qu'il faut ouvrir la porte de notre cœur au Fils de Dieu, qui vient à nous dans l'humilité et le silence. J'espère que la porte de la miséricorde de Dieu s'ouvrira pour beaucoup de gens, car elle seule peut sauver notre monde déchiré par la haine et la violence.

* * *

Le marketing de Charlie Hebdo

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J'éprouve un malaise certain face à la comm. de Charlie Hebdo. Se faire de l'argent sur le dos des morts ? Je peine à comprendre. 

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Quant à la une du dernier Charlie, le Cardinal de Paris a tout compris. 

Charlie Hebdo et le Cardinal de Paris

@avingttrois Charlie Hebdo?

"Comme c’est fait pour provoquer, je ne vois pas pourquoi je réagirais », a-t-il déclaré devant la presse.

Unknown-1.jpegLe Président Hollande, qui contribue au marketing, alterne le pathétique et le très bon (remerciements aux religions pour le message de Paix). 

 

lundi, 04 janvier 2016

Opéra La Vaticane ou Carlotta: Christophe Passer flirte avec la théologie du corps de Saint Jean-Paul II

L'Hebdo - Le Temps

Opéra Carlotta ou la Vaticane.

640.jpegL'effroyable drame du 4 mai 1998 (3 morts: le commandant de la garde suisse pontificale et son épouse brutalement assassinés et un garde qui s'enlève la vie) sert de prétexte et de toile de fond à cette fiction fort bien écrite. La plume de Christophe Passer se fait poétique pour décrire les passions humaines tels que la gloire, l'envie ou le pouvoir avec leurs ressorts psychologiques. 

Christophe Passer flirte avec la théologie du corps

10177420_636543656488632_8152140649069391066_n.jpgNotre journaliste romand se dit athée; cependant sa citation "le désir est Dieu" peut être, si elle est bien comprise, une introduction à la théologie du corps de Saint Jean Paul II.

Pour ce Pape, qui fut courageusement protégé par son officier suisse le 13 mai 1981 lors de l'attentat d'Ali Agca, le désir sexuel est saint. Reste à l'orienter vers le bien et le don de soi, dans le sacrement du mariage ou la virginité.

J'ai entendu dire que les textes étaient plutôt catholiques et la musique protestante, en tout cas très contemporaine. L'alliance entre le baroque et l'austérité est un véritable défi. En tout cas, Carlotta pourrait devenir un classique pour une pièce de théâtre.

La version officielle du "Vatican", meurtre sur un coup de folie du jeune garde, est toutefois véridique. Tant de fantasmes et de mensonges ont entouré ce drame, parfois sans aucun respect pour les victimes.

Pour avoir dû assister à un enterrement, au lieu d'une assermentation festive ce 6 mai 1998, je garde dans ma mémoire l'image de deux cercueils passant sous le baldaquin de la confession de Saint Pierre. Cette vision reste gravée dans mon esprit meurtri.

Pour ma part, je ne pourrai jamais toucher à la mémoire des 3 victimes, tout comme celle des familles, des gardes suisses et des nombreuses personnes présentes. C'est vers la souvenir émus des défunts que ma prière continue de s'envoler.

samedi, 02 janvier 2016

Le blog Le Suisse Romain sur Facebook et Twitter

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(photo Hunter avion collection 14 avril 2005)

Il faut décoller et continuer son envol pour l'année sainte 2016 

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Le blog est sur Facebook et Twitter

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jeudi, 31 décembre 2015

L'indulgence plénière en 1 minute

Jubilé de la Miséricorde et le trésor de l'indulgence plénière

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Les indulgences n'ont rien à voir avec l'argent. Cependant, elles restent un trésor et demeurent des perles précieuses. 

L'indulgence plénière: une petite histoire pour mieux comprendre en une minute :


C’est l’histoire d’un petit garçon. En jouant au ballon dans un jardin, il casse la fenêtre du voisin. Le lendemain, tout penaud, il va sonner à la porte du voisin. Il lui demande pardon et promet de réparer.

C’est notre histoire, à nous les hommes. Nous cassons parfois la fenêtre du voisin (nos péchés). Nous demandons pardon (la confession).

Le Père: au lieu d’être furieux, le bon et infiniment aimable voisin se réjouit de pardonner au petit garçon (la Miséricorde).

Le Fils: le Père dit que son Fils est vitrier et qu’il peut réparer entièrement la fenêtre, avec le petit concours du garçon et l'aide précieuse des amis à lui qui ont l’habitude de lui donner un coup de main.

L'Esprit Saint: le « trésor de l’Eglise » donné par le Père, soit toute la Passion ou le labeur de Jésus et de ses amis les saints,. 

Le petit garçon s’était engagé à ramasser quelques bris de verre (la pénitence proposée par le prêtre). Mais il n’en demeure pas moins qu’une fenêtre a été cassée. 

L'indulgence répare totalement la fenêtre cassée. L'indulgence partielle une partie. 

La confession et l'indulgence ?

- le petit garçon va dire au voisin qu'il a cassé la fenêtre (la confession)
- le petit garçon répare un bout de ce qu’il a fait (la pénitence)
- mais il reste que la fenêtre est cassée (les conséquences dues au péché, ces « résidus » qui appellent une réparation complète).

Vous voyez mieux ? avec la fenêtre: l'indulgence plénière répare tout. Elle remet les conséquences du péché, alors que la confession nous réconcilie avec Dieu notre Père, infiniment Bon, Aimable et Miséricordieux. 

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Un peu comme la chanson le Vieux Chalet

Au fond, c'est un peux comme "la vitre" ou le vieux chalet, le célèbre cantique bien suisse de l'Abbé Bovet, qui est plus beau qu'avant. Là-haut sur le calvaire, l'est un nouveau chalet, car l'enfant d'un coeur vaillant, par Jésus et avec les saints, l'a reconstruit plus beau qu'avant. 

Rien à voir avec l'argent des banques, les pièces de monnaies qui tombent à la quête ou qui s'envolent pour Rome. 

Pour recevoir l'indulgence plénière:

- la confession, le pardon reçu et la résolution de vouloir tendre vers la sainteté, de renoncer à tous péchés. 

- la Messe et la communion

- la prière aux intentions du Pape, car il ouvre le trésor, la passion de Jésus et des saints afin qu'elle nous touche ici et maintenant. 

- franchir la porte sainte

N.B. L'indulgence plénière peut être reçue pour nous mêmes, ou pour une personne défunte. 

 

Unknown.jpegLien (document à télécharger, explications théologiques des Papes)

Unité pastorale Notre-Dame de Fribourg

mercredi, 30 décembre 2015

Attraction, 3 bonnes raisons: le petit bêtisier de fin d'année

De tout coeur, bonne et sainte année sainte !

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Isolde, que dis-tu ! ?

lundi, 28 décembre 2015

Bon et Joyeux Noël et sainte année sainte 2016

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Le petit Nicolas d'Erythrée, enfant Jésus messe des familles

Le blog reprendra le 4 janvier 2016

Après ma licence en communication obtenue en 2011, puis mon séjour américain écourté par le départ inattendu de mon papa vers Dieu, voici que je vais quitter la mission italienne pour être à 100 %, dès le 1er janvier 2016, sur les paroisses de la cathédrale de Fribourg (Saint Paul/Saint Nicolas - Saint Maurice, Saint Jean et le Christ Roi)

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source photo: Alain Volery

Facebook: Alain Volery

 

Le salaire des prêtres en Suisse Romande RTS 19.30

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Contexte de la Suisse: les différentes professions et leurs salaires 

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19.30

Le salaire des prêtres en Suisse Romande RTS 19.30

Les prêtres voient leurs revenus varier selon les diocèses, révèle lundi la RTS. S'ils touchent 5000 francs mensuels dans le Jura, les prédicants reçoivent jusqu'à 8000 francs dans le Valais.


Les pratiques salariales varient en fonction des diocèses (voir encadré). Depuis 2005, celui de Lausanne, Genève, Fribourg et Neuchâtel paie 75'000 francs par année pour ses prélats, fussent-ils prêtres ou évêque, soit 6250 francs brut par mois.

Un forfait de 800 francs a été mis en place pour le logement, auquel peut s'ajouter des frais de ménage ou de repas. Au final, le prédicant gagne quelque 4000 francs net par mois.

Le Valais le plus généreux

En revanche, dans le diocèse du Valais, les salaires sont évolutifs. Ils sont compris entre 5900 et 8000 francs brut par mois, pour les prêtres comme pour l'évêque.

Le loyer, qui varie selon la grandeur du logement, oscille entre 800 fr. et 1200 fr. par mois. Au final, le salaire net d'un prêtre valaisan oscille de 4'800 fr. à 6'800 fr. net par mois.

Dans le Jura, rattaché au diocèse de Bâle, les prélats touchent en moyenne 5000 francs bruts par mois. Un supplément de 599 fr. peut leur être ajouté si le prêtre n'a pas d'autre aide.

Pierre Jenny/mac

Des différences salariales historiques

Les raisons de ces variations sont souvent historiques. Quelques cantons, à l'instar de Genève ou de Neuchâtel, ont séparé l'Eglise et l'Etat et ne paient donc pas directement les religieux.

Certains prêtres sont payés par les communes, d'autres par le canton, d'autres par un fonds alimenté par les communes, l'Etat et l'évêché.
Pas de voeu de pauvreté

Un prêtre diocésain n'ayant pas fait vœu de pauvreté, l'argent qu'il perçoit lui appartient et non à la communauté des religieux.

Au contraire des religieux de communautés qui sont pris en charge par cette communauté lors de leur retraite, le prêtre peut devoir aller dans un EMS et utilise ainsi sa solde afin de le payer.

Arnaud Bédat et les coulisses de l'événement Solar Impulse

Lien

Deux transmissions radio de l'histoire de l'aviation et du premier vol de Solar Impulse dans:

"du mythe d'Icare au rêve de Piccard"

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RTS 1, mercredi 23 décembre 20h10

Film réalisé avec le prestigieux Jacob Berger

(le seul réalisateur d'un film réunissant au cinéma Gérard Depardieu et son fils, "Aime ton Père")

Notre journaliste jurassien n'est pas seulement un expert attentif du Pape François, mais il suit avec attention le happening suisse de l'année, le défi de Solar Impulse 

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Lien

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Les coulisses de Solar Impulse: l'exploit suisse de l'année

Solar Impulse : l'exploit suisse de l'année La saga « Solar Impulse » aura rythmé ce printemps 2015, pourtant, le public ignore presque tout de cet avion insolite qui possède la carrure d'un Boeing 747, le poids d'une voiture et la puissance d'un scooter.

Quant aux deux pilotes, André Borschberg et Bertrand Piccard, ils risquent autant aux commandes de cet étrange aéronef qu'un astronaute en route pour une planète inconnue.


Le site internet de Les coulisses de l'événement

vendredi, 25 décembre 2015

Noël n'est plus vraiment la fête de la Paix mais la célébration de toutes les religions

Message du Pape (I.Media)

Pour Noël et Pâques, le Pape est médiatiquement omniprésent, urbi et orbi dirions-nous. Il booste le génie médiatique des chrétiens. Le monde entier envie cette centralisation papale, sauf parfois certains catholiques. 

Noël est une fête oecuménique, pour tous

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Médiatiquement, je constate que les fêtes musulmanes n'invitent pas vraiment les chrétiens, pas plus que celles de nos frères Juifs. 

Pour Noël, les médias convoquent certes les chrétiens, mais désormais toujours avec l'imam. Il ne faut pas faire trop catholique, mot qui signifie cependant pour tous, universel, ouvert. 

Cela rend honneur à l'oecuménisme et au dialogue inter-religieux, désormais si chers à l'Eglise catholique.

N'empêche que la réciproque n'est pas toujours d'actualité. Puis, le relativisme n'est jamais loin. La vérité n'existe pas, sauf dans l'expression de la diversité ou des contraires. 

La naissance de la Paix ?

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Dans les articles de presse, on tente également de nous faire douter de la victoire de cet enfant Jésus sur le mal. Ils insistent d'avantage sur les attentats, le terrorisme, les guerres, les drames ou les horreurs. 

2 exemples de titres:

- Le Pape célèbre Noël sous un arrière fond terroriste

- Terre Sainte: Noël et le conflit israël-palestinien

Le contraste entre la lumière et les ténèbres, la paix et la guerre, le bien et le mal peut mettre en valeur la venue de Jésus, l'innocence de l'enfant. Mais j'entrevoie comme une volonté de faire douter de la victoire du Bien, du Beau et du Vrai sur ces atrocités. Comme si le mal devait être comme médiatiquement exagéré !

En ce jour plus que les autres, c'est comme s'il fallait orchestrer d'avantage l'agitation, le bruit des bottes et des armes, afin de mettre en sourdine l'avalanche de bien qui se déroule quotidiennement dans la vie concrète et ordinaire.

De Noël à Star Wars

Le mal fait plus de bruit que le bien; pas de place alors pour l'espoir, ou mieux encore l'espérance et la joie. 

La foi n'est plus vraiment au rendez-vous, comme si "l'intelligentia des grands médias" (les spins doctors) cherchaient d'avantage les angoisses, le pathétique ou le morbide. L'appel à ces puissances cachés, ou le réveil de la force obscure, stimulent les passions. Cela fait vendre et pousse à la consommation disent les psychologues. 

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La médiatisation de Noël donne ainsi d'avantage dans le Star Wars, avec le réveil du mal, de la force obscure, encore plus visible lorsque la victoire est toute proche. 

Une star, une étoile nous guidera cependant, un peu comme les aventuriers les Rois Mages, vers le vainqueur des ténèbres, de la mort et de la violence.

Normalement, Hollywood arrivent à faire croire que les fictions finissent toujours bien.

En Occident, Noël est inscrit dans les étoiles, car les jours rallongent, une céleste illustration de la victoire de la lumière solaire sur l'obscurité. 

Bénédiction urbi et orbi: la seule rupture est visuelle

La rupture artistique entre Benoît XVI et François

Il n'y a aucune rupture entre Benoît XVI et François. Toutefois, l'art liturgique, le sacré, "la mise en scène" ou le visuel ont totalement été bouleversés.

Deux clichés l'illustrent: 

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jeudi, 24 décembre 2015

Mgr Morerod dans la Gruyère et Mgr Alain de Raemy sur cath.ch

Interview de Mgr Charles Morerod, la Gruyère, sa terre natale. 

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Mgr Alain de Raemy: "La divinité est à vivre maintenant"

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Cath.ch 23.12.2015 par Rédaction

Dieu s’est fait homme il y a 2’000 ans. C’est là un mystère qui n’a pas pris une ride pour Mgr Alain de Raemy.

Comme Marie et Joseph, l’homme d’aujourd’hui continue de parcourir les routes du monde, pressé par un contexte qu’il n’a pas choisi. Et comme le Verbe fait chair, il est appelé à vivre en plénitude à l’intérieur même de ces limites, selon le mot de saint Irénée de Lyon: “Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu”. Interview.

mercredi, 23 décembre 2015

Voici l'histoire de WWW au Vatican (par I.Media)

Vatican - le 23/12/2015 à 13:14:00 Agence I.Media


Le Vatican et le World Wide Web, 20 ans d’histoire


Unknown.jpegVoici 20 ans que le Vatican s’est lancé dans l’aventure alors naissante d’Internet, ouvrant le 25 décembre 1995 le site officiel www.vatican.va. Le simple site de l’époque, aujourd’hui reconnaissable entre tous à sa couleur de fond beige, propose désormais pas moins de 500 000 documents en neuf langues différentes.

Deux ans après l’apparition du premier navigateur web, le site officiel du Vatican est ainsi né fin 1995 sous l’impulsion de l’Espagnol Joaquin Navarro-Valls, alors directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, et d‘un consultant informatique italien, avec les encouragements de Jean-Paul II (1978-2005). Pour diriger l’équipe naissante du site Internet, le Vatican embauche une religieuse américaine dynamique et déterminée, la franciscaine Judith Zoebelein.

Les premières pages du site sont aux couleurs du Vatican, blanc et jaune. Au jour de sa naissance, le 25 décembre 1995, il propose seulement le texte du message Urbi et Orbi du pape polonais. Les mois suivants, on y trouve les actualités du Vatican Information Service, sous la responsabilité du Bureau de presse du Saint-Siège. C’est à compter de Pâques 1997 que le site Internet commencera à s’étoffer avec la publication des textes et discours officiels du pape, avec l’embauche de quelques collaborateurs en différentes langues.

Entre un immense coffre-fort contenant les médailles du Vatican et le bureau des payes de l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA), le service Internet est d’abord installé dans la Cour du Triangle, sous les appartements du pape. Les bureaux abritent alors les trois premiers serveurs, qui portent le nom des archanges Gabriel, Michel et Raphaël. Après le Jubilé de l’an 2000, le service s’agrandit et déménage dans de grands bureaux à l’extérieur du petit Etat, sur la Via della Conciliazione. Il passe aussi sous la responsabilité de la direction des télécommunications de l’Etat de la Cité du Vatican. Avec la réforme des médias, actuellement en cours, il doit désormais passer sous la responsabilité du Secrétariat pour la communication, récemment créé.

S’adresser aux jeunes générations

En 20 ans, le site du Vatican n’a cessé de prendre de l’ampleur. Son personnel est passé de quatre à une trentaine de personnes, dont de très nombreux techniciens. Il est aujourd’hui disponible en neuf langues : français, anglais, italien, portugais, espagnol, allemand, arabe, chinois et latin.

“Le fait de prendre et de parcourir les voies numériques doit pousser l’Eglise à entrer dans ce monde où se trouvent surtout les jeunes générations, c’est un chemin missionnaire et pastoral“, assure l’Argentin Mgr Lucio Adrian Ruiz, actuel responsable du Service Internet du Vatican et secrétaire du nouveau Secrétariat pour la communication.

Si le Vatican a longtemps veillé à ce que les différents dicastères de la curie romaine ne créent pas de pages propres à l’extérieur du site officiel, nombre d’entre eux possèdent désormais une page indépendante. Avec le temps, d’autres sites ont vu le jour, et sont plus ou moins fréquentés. C’est ainsi que le Conseil pontifical des communications sociales, L’Osservatore Romano, l’Etat de la Cité du Vatican ou encore le Centre de télévision du Vatican possèdent leur propre site. Le plus visité d’entre tous est celui de Radio Vatican, créé dès 1997 et aujourd’hui disponible en près de 40 langues.

Initialement créé pour fédérer l’ensemble des sites d’informations du Vatican, le site News.va n’a, en revanche, jamais réellement décollé. Ces dernières années, le Vatican s’est également lancé sur les réseaux sociaux. Timide avec Facebook, il est cependant particulièrement présent sur Twitter. Le compte du pape décliné en neuf langues, né avec Benoît XVI en décembre 2012, totalise actuellement pas moins de 25,6 millions d’abonnés.

AMI


© 2015 I.MEDIA

Non pas la "Françoismagna", mais le prix Charlemagne pour le Pape François

Non pas la Françoismania, mais ...

Le prix Charlemagne pour le Pape François

Sans savoir vraiment pourquoi, le Saint-Père n'a pas été "nobelisé". Sans en comprendre les raisons, il est accusé d'exciter les foules, au point d'engendrer une sorte de "Françoismania" pour son ego personnelle. Voilà pour les clichés. 

En revenant à la réalité, le Pape accompli sa mission de Paix et de Miséricorde pour notre monde. Cependant, sans "capamagna" (ce long habit rouge des cardinaux) et sans "papamania", François reçoit le prix Charlemagne. 

(Radio Vatican)

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Le prix Charlemagne 2016 a été attribué ce mercredi 23 décembre au Pape François. Ce prix international décerné par la ville allemande d’Aix-La-Chapelle, est un prix annuel décerné aux personnalités ayant fait preuve de mérites particuliers en faveur de l’intégration et de l’union en Europe. Le comité estime que le souverain pontife a envoyé «un message d’espoir et d’encouragement» dans une temps dans lequel «de nombreux citoyens en Europe sont en train de chercher une orientation».


Ce prix, habituellement décerné lors d’une cérémonie à Aix-La-Chapelle, lui sera remis directement à Rome dans le courant de l'année 2016, à une date qui n’a pas encore été précisée. Avec l’attestation est aussi remise une médaille représentant l’image de Charlemagne sur son trône. Ce prix porte le nom de Charlemagne, empereur d'Occident de 800 à 814, et considéré comme le précurseur d’une Europe unie.
Le Pape François succède au président du Parlement européen, Martin Schulz, qui avait justement reçu le Saint-Père dans l’hémicycle à Strasbourg le 25 novembre 2014.


François après Churchill, Frère Roger et Jean-Paul II


Parmi les récipiendaires de ce prix fondé en 1950 figurent des personnalités aussi diverses que Winston Churchill (1955), le roi Juan-Carlos d’Espagne (1982), Frère Roger, fondateur de la communauté œcuménique de Taizé (1989), ou encore l’historien italien et fondateur de la communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi (2009).
Saint Jean-Paul II avait lui reçu en 2004 un prix international extraordinaire comme reconnaissance de l’engagement personnel du souverain pontife et du Saint-Siège en faveur de l’unité entre les peuples d’Europe, sur la base des valeurs enracinées dans la nature humaine commune et promues efficacement par le christianisme.
Un prix symbolique de la reconstruction de l'Europe. 


En automne 1944, Aix-la-Chapelle fut la première grande ville de l’Allemagne de l’Ouest à avoir été libérée par les forces alliées. Alors que la guerre et la persécution durèrent jusqu’au 8 mai 1945 dans d’autres régions d’Allemagne, une ambiance de renouveau régnait à Aix-la-Chapelle. Après les années de domination nazie, de nouvelles idées politiques et sociales firent leur apparition. Alors que la vie quotidienne était marquée par la misère matérielle, les gens étaient en quête de nouvelles orientations morales et spirituelles.


Aucun projet commun d’une Europe future n’était né de la collaboration des alliés à la fin des années 40. Au lieu de cela, l’Allemagne et l’Europe furent divisées en une moitié est et une moitié ouest. Après la triste expérience de deux guerres mondiales, c’était l’époque de la Guerre froide, mais aussi des premiers points de départ d’une coopération européenne.

Déjà avant 1949, les premières organisations au sein desquelles les pays de l’Europe de l’Ouest coopérèrent au niveau économique, politique et militaire virent le jour, telles que le Conseil de l’Europe, l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) et le Pacte de Bruxelles. Lorsqu’en 1948, les Britanniques abandonnèrent leurs négociations avec le gouvernement français concernant une union douanière et qu’ils bloquèrent l’année suivante le renforcement du Conseil de l’Europe, les efforts d’intégration de l’Europe de l’Ouest étaient tombés dans une crise profonde.

Cela fut le cadre dans lequel, le 19 décembre 1949, un groupe de citoyens aixois suggéra qu’Aix-la-Chapelle contribue à l’unification européenne de manière bien visible. L’initiateur, Kurt Pfeiffer, tira habilement parti de la fête de Noël imminente et de l’Année sainte proclamée par le Pape Pie XII pour 1950 pour proposer un «prix à décerner chaque année, récompensant la contribution la plus précieuse pour l’entente en Europe de l’Ouest».

L’idée de Pfeiffer eut un succès rapide. Quelques jours après seulement, la proclamation du prix eut lieu, et, en mars 1950, la Société du Prix Charlemagne fut fondée. Le 18 mai 1950, le prix fut décerné pour la première fois. Le lauréat était le fondateur du mouvement paneuropéen, le comte Richard Coudenhove-Kalergi.

Le Prix Charlemagne était le premier prix politique dans la République fédérale d’Allemagne créé peu de temps auparavant.


(CV- Site francophone du prix Charlemagne)

lundi, 21 décembre 2015

Greg Burke, "le spin doctor" de la communication, nommé à la salle de presse (number 2)

Unknown.jpegGreg Burke nommé à la salle de presse du Saint-Siège

Le "spin doctor" de la communication du Saint-Siège, Greg Burke, est nommé à la salle de presse du Saint-Siège au côté du Père Lombardi. 

Il est encore pour un mois conseiller médiatique à la secrétairerie d'Etat, organe qui pilote la salle de presse.

Dès le 1er février, le Père Lombardi sera accompagné par ce journaliste américain. Un jésuite et un journaliste de l'Opus Dei, un sacré tandem ! 

Greg Burke fut l'invité des journées de la presse française à Annecy

Laïc numéraire, il succèdera au religieux passioniste Ciro Benedettini, à ce poste depuis 1995.

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Une nouvelle nomination pour la CTV /centre télévisé du Vatican:

 

 

Miséricorde pour Sandro Magister

N.B. Cadeau de Noël au pied du sapin pour le bouillonnant Sandro Magister. Le Père Lombardi lui a remis son accréditation pour la salle de presse du Saint-Siège. L'année de la Miséricorde est passé par là. Bonne nouvelle !

 

Discours du Pape à la curie romaine de 2015: des tentations aux vertus

Saint Ignace enseignait que « c'est le propre du mauvais esprit de tourmenter, de causer de la tristesse, d'élever des obstacles, de troubler par de fausses raisons, afin d’empêcher de progresser; au contraire, c'est le propre du bon esprit de donner courage et forces, donner consolations et larmes, inspirations et sérénité, diminuant et écartant toute difficulté, afin d’avancer sur le chemin du bien »

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L'an passé, le Pape avait décrit les 15 tentations, les 15 maladies cléricales, qui pouvaient parfois tenter les hommes d'Eglise, de la curie romaine au monde entier. 

Cette année, François continue avec les vertus. 

1. Le caractère Missionnaire et pastoral.

Le caractère missionnaire est ce qui rend, et montre la curie fructueuse et féconde ; elle est la preuve de la vigueur, de l’efficacité et de l’authenticité de notre action.

2. Aptitude [Idoneità] et sagacité.

L’aptitude demande l’effort personnel d’acquérir les qualités nécessaires et requises pour exercer au mieux ses propres tâches et activités, avec l’intelligence et l’intuition.

3. Spiritualité et humanité.

La spiritualité est la colonne vertébrale de tout service dans l’Église et dans la vie chrétienne. 

4. Exemplarité et fidélité.

Le Bienheureux Paul VI a rappelé à la Curie – en 63 – « sa vocation à l’exemplarité » [5]. Exemplarité pour éviter les scandales qui blessent les âmes et menacent la crédibilité de notre témoignage. 

5. Rationalité et amabilité.

La rationalité sert à éviter les excès émotifs et l’amabilité à éviter les excès de la bureaucratie et des programmations et planifications. 

6. Innocuité et détermination.

L’innocuité qui nous rend prudents dans le jugement, capables de nous abstenir d’actions impulsives et précipitées. 

7. Charité et vérité.

Deux vertus indissolubles de l’existence chrétienne : « Faire la vérité dans la charité et vivre la charité dans la vérité » (cf. Ep 4, 15) [7] ; au point que la charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle.

8. Honnêteté [Onestà] et maturité.

L’honnêteté est la rectitude, la cohérence et le fait d’agir avec sincérité absolue avec soi-même et avec Dieu.

9. Déférence [Rispettuosità] et humilité.

La déférence est le talent des âmes nobles et délicates ; des personnes qui cherchent toujours à montrer un respect authentique envers les autres, envers leur propre rôle, envers les supérieurs, les subordonnés, les dossiers, les papiers, le secret et la confidentialité ; les personnes qui savent écouter attentivement et parler poliment. L’humilité, de son côté, est la vertu des saints et des personnes remplies de Dieu qui, plus elles acquièrent de l’importance, plus grandit en elles la conscience de n’être rien et de ne rien pouvoir faire sans la grâce de Dieu (cf. Jn 15, 8).

10. Générosité [Doviziosità] - j’ai le vice des néologismes - et attention.

Plus nous avons confiance en Dieu et dans sa providence plus nous sommes généreux d’âme et plus nous sommes ouverts à donner, sachant que plus on donne plus on reçoit.

11. Impavidité et promptitude.

Être impavide signifie ne pas se laisser effrayer face aux difficultés comme Daniel dans la fosse aux lions, comme David face à Goliath ; cela signifie agir avec audace et détermination et sans tiédeur « comme un bon soldat » (2 Tm 2, 3-4) ; cela signifie savoir faire le premier pas sans tergiverser, comme Abraham et comme Marie.

12. Et finalement fiabilité [affidabilità] et sobriété.

Celui qui est fiable est celui qui sait maintenir ses engagements avec sérieux et crédibilité quand il est observé mais surtout quand il se trouve seul ; c’est celui qui répand autour de lui un climat de tranquillité parce qu’il ne trahit jamais la confiance qui lui a été accordée. 

 

Pape François: les vertus de la curie romaine, des prêtres et des hommes d'Eglise pour le monde entier

Chers frères et sœurs,

Unknown.jpegJe vous demande de m’excuser de ne pas parler debout, mais depuis quelques jours je suis sous l’influence de la grippe et je ne me sens pas très fort. Avec votre permission, je vous parle assis.

Je suis heureux de vous adresser mes vœux les plus cordiaux de saint Noël et d’heureuse nouvelle année, que j’étends à tous les collaborateurs, aux Représentants pontificaux et particulièrement à ceux qui, au cours de l’année passée, ont terminé leur service pour avoir atteint la limite d’âge. Nous nous souvenons aussi des personnes qui ont été rappelées à Dieu. Ma pensée et ma gratitude vont à vous tous et à vos proches.

Dans ma première rencontre avec vous, en 2013, j’ai voulu souligner deux aspects importants et inséparables du travail curial : le professionnalisme et le service, indiquant la figure de saint Joseph comme modèle à imiter. Par contre, l’an passé, pour nous préparer au Sacrement de la Réconciliation, nous avons affronté quelques tentations et “maladies” – le “catalogue des maladies curiales” ; aujourd’hui au contraire je devrais parler des “antibiotiques curiaux” – qui pourraient frapper chaque chrétien, curie, communauté, congrégation, paroisse et mouvement ecclésial. Maladies qui demandent prévention, vigilance, soin et, malheureusement dans certains cas, interventions douloureuses et prolongées.

Certaines de ces maladies se sont manifestées au cours de cette année, causant beaucoup de douleur à tout le corps et blessant beaucoup d’âmes, avec aussi du scandale.

Il semble juste d’affirmer que cela a été – et le sera toujours – l’objet d’une sincère réflexion et de mesures déterminantes. La réforme ira de l’avant avec détermination, lucidité et résolution, parce que Ecclesia semper reformanda.

Toutefois, les maladies et même les scandales ne pourront pas cacher l’efficacité des services que la Curie romaine avec effort, avec responsabilité, avec engagement et dévouement, rend au Pape et à toute l’Église, et cela est une vraie consolation. Saint Ignace enseignait que « c'est le propre du mauvais esprit de tourmenter, de causer de la tristesse, d'élever des obstacles, de troubler par de fausses raisons, afin d’empêcher de progresser; au contraire, c'est le propre du bon esprit de donner courage et forces, donner consolations et larmes, inspirations et sérénité, diminuant et écartant toute difficulté, afin d’avancer sur le chemin du bien » [1].

Ce serait une grande injustice de ne pas exprimer une vive gratitude et un juste encouragement à toutes les personnes saines et honnêtes qui travaillent avec dévouement, dévotion, fidélité et professionnalisme, offrant à l’Église et au Successeur de Pierre le réconfort de leur solidarité et de leur obéissance ainsi que de leurs prières généreuses.

De plus, les résistances, les fatigues et les chutes des personnes et des ministres sont aussi des leçons et des occasions de croissance, et jamais de découragement. Ce sont des opportunités pour revenir à l’essentiel qui consiste à faire le point avec la conscience que nous avons de nous-mêmes, de Dieu, du prochain, du sensus Ecclesiae et du sensus fidei.

De ce revenir à l’essentiel je voudrais vous parler aujourd’hui alors que nous sommes au début du pèlerinage de l’Année Sainte de la Miséricorde, ouverte par l’Église il y a peu de temps, et qui représente pour elle et pour nous tous un fort appel à la gratitude, à la conversion, au renouveau, à la pénitence et à la réconciliation.

En réalité, Noël est la fête de la Miséricorde infinie de Dieu. Saint Augustin d’Hippone dit : « Quelle miséricorde saurait l'emporter pour des malheureux sur celle qui a fait descendre du ciel le Créateur du ciel, qui a revêtu d'un corps de terre le Fondateur de la terre, égalé à nous dans notre nature mortelle Celui qui demeure l’égal de son Père dans son éternelle nature, donné une nature d'esclave au Maître du monde, condamné le Pain même à avoir faim, la Plénitude à avoir soif, réduit la Puissance à la faiblesse, la Santé à la souffrance, la Vie à la mort; et cela pour apaiser en nous la faim, étancher la soif, soulager nos souffrances, éteindre l'iniquité, enflammer la charité?» [2].

Donc, dans le contexte de cette Année de la Miséricorde et de la préparation à Noël, désormais à nos portes, je voudrais vous présenter une aide pratique pour pouvoir vivre fructueusement ce temps de grâce. Il s’agit d’un “catalogue des vertus nécessaires” non-exhaustif, pour qui prête service à la Curie et pour tous ceux qui veulent rendre féconde leur consécration ou leur service à l’Église.

J’invite les Chefs de Dicastères et les Supérieurs à l’approfondir, à l’enrichir et à le compléter. C’est une liste qui part d’une analyse acrostiche de la parole « misericordia » - le père Ricci, en Chine, faisait cela - , afin qu’elle soit notre guide et notre phare :

1. Le caractère Missionnaire et pastoral.

Le caractère missionnaire est ce qui rend, et montre la curie fructueuse et féconde ; elle est la preuve de la vigueur, de l’efficacité et de l’authenticité de notre action. La foi est un don, mais la mesure de notre foi se prouve aussi par la capacité que nous avons de la communiquer [3]. Chaque baptisé est missionnaire de la Bonne Nouvelle avant tout par sa vie, par son travail et par son témoignage joyeux et convaincu. Le caractère pastoral sain est une vertu indispensable spécialement pour chaque prêtre. C’est l’engagement quotidien à suivre le Bon Pasteur qui prend soin de ses brebis et donne sa vie pour sauver la vie des autres. C’est la mesure de notre activité curiale et sacerdotale. Sans ces deux ailes nous ne pourrons jamais voler et ni atteindre la béatitude du serviteur fidèle (cf. Mt 25, 14-30).

2. Aptitude [Idoneità] et sagacité.

L’aptitude demande l’effort personnel d’acquérir les qualités nécessaires et requises pour exercer au mieux ses propres tâches et activités, avec l’intelligence et l’intuition. Elle s’oppose aux recommandations et aux faveurs. La sagacité est la rapidité d’esprit à comprendre et à affronter les situations avec sagesse et créativité. Aptitude et sagacité représentent aussi la réponse humaine à la grâce divine, quand chacun de nous suit ce célèbre dicton : “Tout faire comme si Dieu n’existait pas et, ensuite, laisser tout à Dieu comme si je n’existais pas”. C’est le comportement du disciple qui s’adresse au Seigneur tous les jours avec ces paroles de la très belle Prière universelle attribuée au Pape Clément XI : « Guide-moi par ta sagesse, soutiens-moi par ta justice… encourage-moi par ta bonté, protège-moi par ta puissance. Je t’offre, ô Seigneur : mes pensées, pour qu’elles soient dirigées vers toi ; mes paroles, pour qu’elles soient de toi ; mes actions, pour qu’elles soient selon toi ; mes tribulations, pour qu’elles soient pour toi » [4].

3. Spiritualité et humanité.

La spiritualité est la colonne vertébrale de tout service dans l’Église et dans la vie chrétienne. Elle est ce qui nourrit toute notre conduite, la soutient et la protège de la fragilité humaine et des tentations quotidiennes. L’humanité est ce qui incarne la véridicité de notre foi. Celui qui renonce à son humanité renonce à tout. L’humanité est ce qui nous rend différents des machines et des robots qui n’entendent pas et ne s’émeuvent pas. Quand il nous est difficile de pleurer sincèrement ou de rire franchement – ce sont deux signes – , alors notre déclin a commencé ainsi que notre processus de transformation d’“hommes” en autre chose. L’humanité c’est savoir montrer tendresse et familiarité, courtoisie avec tous (cf. Ph 4, 5). Spiritualité et humanité, tout en étant des qualités innées, sont toutefois des potentialités à réaliser entièrement, à atteindre continuellement et à manifester quotidiennement.

4. Exemplarité et fidélité.

Le Bienheureux Paul VI a rappelé à la Curie – en 63 – « sa vocation à l’exemplarité » [5]. Exemplarité pour éviter les scandales qui blessent les âmes et menacent la crédibilité de notre témoignage. Fidélité à notre consécration, à notre vocation, rappelant toujours les paroles du Christ : « Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup » (Lc 16, 10). Et « Mais si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer. Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! » (Mt 18, 6-7).

5. Rationalité et amabilité.

La rationalité sert à éviter les excès émotifs et l’amabilité à éviter les excès de la bureaucratie et des programmations et planifications. Ce sont des talents nécessaires pour l’équilibre de la personnalité : « L'ennemi – et je cite saint Ignace une autre fois, excusez-moi – considère attentivement si une âme est grossière, ou si elle est délicate. Si elle est grossière, il tâche de la rendre délicate à l'extrême pour la jeter plus facilement dans le trouble et l'abattre » [6]. Tout excès est l’indice de quelque déséquilibre, aussi bien l’excès de rationalité que d’amabilité.

6. Innocuité et détermination.

L’innocuité qui nous rend prudents dans le jugement, capables de nous abstenir d’actions impulsives et précipitées. C’est la capacité de faire émerger le meilleur de nous-mêmes, des autres et des situations en agissant avec attention et compréhension. C’est faire aux autres ce que tu voudrais qu’il te soit fait (cf. Mt 7, 12 et Lc 6, 31). La détermination c’est agir avec une volonté résolue, avec une vision claire et dans l’obéissance à Dieu, et seulement pour la loi suprême de la salus animarum (cf. CIC, can. 1725).

7. Charité et vérité.

Deux vertus indissolubles de l’existence chrétienne : « Faire la vérité dans la charité et vivre la charité dans la vérité » (cf. Ep 4, 15) [7] ; au point que la charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle.

8. Honnêteté [Onestà] et maturité.

L’honnêteté est la rectitude, la cohérence et le fait d’agir avec sincérité absolue avec soi-même et avec Dieu. Celui qui est honnête n’agit pas avec droiture seulement sous le regard du surveillant ou du supérieur ; celui qui est honnête ne craint pas d’être surpris, parce qu’il ne trompe jamais celui qui lui fait confiance. Celui qui est honnête ne se comporte jamais en maître sur les personnes ou sur les choses qui lui ont été confiées à administrer, comme le “mauvais serviteur” (Mt 24, 48). L’honnêteté est la base sur laquelle s’appuient toutes les autres qualités. La maturité vise à atteindre l’harmonie entre nos capacités physiques, psychiques et spirituelles. Elle est le but et l’aboutissement d’un processus de développement qui ne finit jamais et qui ne dépend pas de l’âge que nous avons.

9. Déférence [Rispettuosità] et humilité.

La déférence est le talent des âmes nobles et délicates ; des personnes qui cherchent toujours à montrer un respect authentique envers les autres, envers leur propre rôle, envers les supérieurs, les subordonnés, les dossiers, les papiers, le secret et la confidentialité ; les personnes qui savent écouter attentivement et parler poliment. L’humilité, de son côté, est la vertu des saints et des personnes remplies de Dieu qui, plus elles acquièrent de l’importance, plus grandit en elles la conscience de n’être rien et de ne rien pouvoir faire sans la grâce de Dieu (cf. Jn 15, 8).

10. Générosité [Doviziosità] - j’ai le vice des néologismes - et attention.

Plus nous avons confiance en Dieu et dans sa providence plus nous sommes généreux d’âme et plus nous sommes ouverts à donner, sachant que plus on donne plus on reçoit. En réalité il est inutile d’ouvrir toutes les Portes Saintes de toutes les basiliques du monde si la porte de notre cœur est fermée à l’amour, si nos mains sont fermées à donner, si nos maisons sont fermées à héberger, si nos églises sont fermées à accueillir. L’attention c’est soigner les détails et offrir le meilleur de nous-mêmes, et ne jamais baisser la garde sur nos vices et nos manques. Saint Vincent de Paul priait ainsi : “Seigneur aide-moi à m’apercevoir tout de suite : de ceux qui sont à côté de moi, de ceux qui sont inquiets et désorientés, de ceux qui souffrent sans le montrer, de ceux qui se sentent isolés sans le vouloir”.

11. Impavidité et promptitude.

Être impavide signifie ne pas se laisser effrayer face aux difficultés comme Daniel dans la fosse aux lions, comme David face à Goliath ; cela signifie agir avec audace et détermination et sans tiédeur « comme un bon soldat » (2 Tm 2, 3-4) ; cela signifie savoir faire le premier pas sans tergiverser, comme Abraham et comme Marie. De son côté, la promptitude c’est savoir agir avec liberté et agilité sans s’attacher aux choses matérielles provisoires. Le Psaume dit : « Aux richesses quand elles s’accroissent n’attachez pas votre cœur » (61, 11). Être prompt veut dire être toujours en chemin, sans jamais s’alourdir en accumulant des choses inutiles et en se fermant sur ses propres projets et sans se laisser dominer par l’ambition.

12. Et finalement fiabilité [affidabilità] et sobriété.

Celui qui est fiable est celui qui sait maintenir ses engagements avec sérieux et crédibilité quand il est observé mais surtout quand il se trouve seul ; c’est celui qui répand autour de lui un climat de tranquillité parce qu’il ne trahit jamais la confiance qui lui a été accordée. La sobriété – dernière vertu de cette liste, mais pas en importance – est la capacité de renoncer au superflu et de résister à la logique consumériste dominante. La sobriété est prudence, simplicité, concision, équilibre et tempérance. La sobriété c’est regarder le monde avec les yeux de Dieu et avec le regard des pauvres et de la part des pauvres. La sobriété est un style de vie [8], qui indique le primat de l’autre comme principe hiérarchique et exprime l’existence comme empressement et service envers les autres. Celui qui est sobre est une personne cohérente et essentielle en tout, parce qu’elle sait réduire, récupérer, recycler, réparer, et vivre avec le sens de la mesure.

Chers frères,

La miséricorde n’est pas un sentiment passager, mais elle est la synthèse de la Bonne Nouvelle, elle est le choix de celui qui veut avoir les sentiments du “Cœur de Jésus”,[9] de celui qui veut suivre sérieusement le Seigneur qui nous demande : « Soyez miséricordieux comme votre Père » (Lc 6, 36 ; cf. Mt 5, 48 ). Le père Ermes Ronchi affirme : « Miséricorde : scandale pour la justice, folie pour l’intelligence, consolation pour nous qui avons une dette. La dette d’exister, la dette d’être aimés se paie seulement par la miséricorde ».

Donc, que la miséricorde guide nos pas, inspire nos réformes, éclaire nos décisions. Qu’elle soit la colonne vertébrale de notre action. Qu’elle nous enseigne quand nous devons avancer et quand nous devons faire un pas en arrière. Qu’elle nous fasse lire la petitesse de nos actions dans le grand projet de salut de Dieu et dans la majesté et le mystère de son œuvre.

Pour nous aider à comprendre cela, laissons-nous fasciner par la splendide prière communément attribuée au bienheureux Oscar Arnulfo Romero, mais qui a été prononcée pour la première fois par le Cardinal John Dearden :

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Il est bon parfois de prendre du recul et de regarder derrière soi.
Le Royaume n’est pas seulement au-delà de nos efforts, il est aussi au-delà de notre regard.
Durant notre vie, nous n’arrivons à accomplir qu’une petite partie de cette entreprise magnifique qui est l’œuvre de Dieu.
Rien de ce que nous faisons n’est complet.
C’est dire que le Royaume se trouve toujours au-delà de nous-mêmes.
Aucune affirmation ne dit tout ce que l’on peut dire.
Aucune prière n’exprime complètement la foi.
Aucun credo n’apporte la perfection.
Aucune visite pastorale n’apporte avec elle toutes les solutions.
Aucun programme n’accomplit pleinement la mission de l’Église.
Aucun but ni objectif n’atteint la plénitude.
Voilà de quoi il s’agit :
Nous plantons des graines qui un jour germeront
Nous arrosons les graines déjà plantées sachant que d’autres en prendront soin.
Nous posons les bases de ce qui se développera.
Nous mettons le levain qui multipliera nos capacités.
Nous ne pouvons pas tout faire, mais commencer nous apporte un sentiment de libération.
Cela nous donne la force de faire quelque chose, et de la faire bien.
Cela peut rester incomplet, mais c’est un début, un pas sur un chemin.
Une opportunité pour que la grâce de Dieu entre et fasse le reste.
Nous pouvons ne jamais voir son achèvement, mais c’est la différence entre le contremaître et l’ouvrier.
Nous sommes des ouvriers, non pas des contremaîtres, des serviteurs, non pas le messie.
Nous sommes les prophètes d’un avenir qui ne nous appartient pas.

Et avec ces pensées, avec ces sentiments, je vous souhaite un bon et saint Noël et je vous demande de prier pour moi. Merci.

[1] Exercices spirituels, 315.

[2] Cf. Sermon 207, 1 : PL 38, 1042.

[3] « Le caractère missionnaire n’est pas seulement une question de territoires géographiques mais de peuples, de cultures et de personnes, parce que justement les « frontières » de la foi ne traversent pas seulement des lieux et des traditions humaines mais le cœur de tout homme et de toute femme. Le Concile Vatican II a souligné de façon particulière la manière dont le devoir missionnaire, le devoir d’élargir les frontières de la foi, est le propre de tout baptisé et de toutes les communautés chrétiennes » (Message pour la Journée missionnaire mondiale 2013, n. 2)

[4] Missale Romanum de 2002.

[5] Pape Paul VI, discours à la Curie romaine, 21 septembre 1963, AAS 55 (1963), 793-800.

[6] Exercices spirituels, 349.

[7] « L’amour dans la vérité, dont Jésus s’est fait le témoin dans sa vie terrestre et surtout par sa mort et sa résurrection, est la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière… C’est une force qui a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue » (Benoît XVI, Lett. enc. Caritas in veritate, 29 juin 2009, n. 1 : AAS 101 [2009], 641), C’est pourquoi il faut « conjuguer l’amour avec la vérité non seulement selon la direction indiquée par saint Paul: celle de la “veritas in caritate” (Ep 4, 15), mais aussi, dans celle inverse et complémentaire, de la “caritas in veritate”. La vérité doit être cherchée, découverte et exprimée dans l’“économie” de l’amour, mais l’amour à son tour doit être compris, vérifié et pratiqué à la lumière de la vérité. » (Ibid. n. 2).

[8] Un style de vie empreint de sobriété restitue à l’homme cette « attitude désintéressée, faite de gratuité et de sens esthétique, suscitée par l'émerveillement pour l'être et pour la splendeur qui permet de percevoir dans les choses visibles le message de Dieu invisible qui les a créées » (Centesimus annus n. 37) ; cf. AA.VV. Nouveaux styles de vie au temps de la globalisation, Fond. Apostolicam Actuositatem, Roma 2002.

[9] Jean-Paul II, Angelus du 9 juillet 1989 : « L’expression « Cœur de Jésus » fait immédiatement venir à l’esprit l’humanité du Christ et en souligne la richesse des sentiments, la compassion envers les infirmes ; la prédilection pour les pauvres ; la miséricorde envers les pécheurs ; la tendresse envers les enfants ; la force dans la dénonciation de l’hypocrisie, de l’orgueil, de la violence ; la mansuétude devant les adversaires ; le zèle pour la gloire du Père et la joie pour ses desseins de grâce, mystérieux et providentiels… elle rappelle ensuite la tristesse du Christ pour la trahison de Judas, son désarroi dans la solitude, l’angoisse devant la mort, l’abandon filial et obéissant entre les mains du Père. L’expression renferme surtout l’amour qui jaillit sans cesse de ce cœur : l’amour infini envers le Père et l’amour sans limite envers l’homme ».

publié le : 21 décembre 2015

Noël solidaire à Fribourg, avec les réfugiés