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mercredi, 13 janvier 2016

Le Pape aux évêques: pas comme en Suisse !

droits_conference_des_eveques_suisses_b.jpgLe Pape aux évêques: pas comme en Suisse !

"...le Pape de nous dire son étonnement. Quelques semaines plus tard, en conversation avec les évêques de Lituanie, il leur dira de ne pas faire comme en Suisse ..."

Texte de Mgr de Raemy, publié pour le vicariat de Fribourg germanophone ("Deutschfreiburg") et diffusé à l'échelle diocésaine selon le souhait de Mgr Morerod.

À propos de la lettre pastorale des évêques suisses "sur la collaboration entre prêtres, diacres et laïcs dans le cadre de la célébration de l'Eucharistie"

Au nom de notre évêque Charles, voici quelques points de repère que nous tenons à relever.

Nous devons prendre au sérieux non seulement la foi et la discipline sacramentelle de l'Eglise universelle, mais aussi les fréquentes exhortations que les Successeurs de Pierre ont adressées aux évêques suisses, et cela encore tout récemment [1].

Au cours de notre rencontre avec le Saint-Père à l'occasion de la dernière visite " ad limina " en décembre 2014, le pape François nous a oralement cité en " mauvais exemple " l'expérience vécue par un ami prêtre, en visite en Suisse.

Cet ami du Pape, s'étant rendu un dimanche dans la paroisse la plus proche, va se présenter en sacristie. On lui apprend qu'il n'y pas de messe, mais une liturgie de la Parole présidée par un agent pastoral. Il propose alors de célébrer la Messe.

On lui rétorque un tranchant " nein " (que le pape a prononcé en langue originale alors qu'il nous parlait en italien), puisque l'agent pastoral laïc était là, c'était son tour... Et le Pape de nous dire son étonnement. Quelques semaines plus tard, en conversation avec les évêques de Lituanie, il leur dira de ne pas faire comme en Suisse...

Notre Eglise en Suisse est de plus en plus internationale et multiculturelle. Il devient ainsi encore plus évident que sa catholicité dépend de sa fidélité à la foi et à la discipline de l'Eglise universelle, notamment en ce qui concerne la célébration des sacrements. Nos frères et sœurs de langues et de cultures si diverses sont ici dans un autre pays, mais pas dans une autre Eglise. Ils ont droit à la célébration d'une même foi, même si ce n'est pas, pour ainsi dire, d'une même voix. Et c'est aussi pour nous une belle expérience de retrouver la même liturgie, lorsque nous sommes en voyage.

Le prêtre est ordonné non seulement pour célébrer les sacrements, mais tout autant pour conduire la vie et la foi des communautés chrétiennes [2]. La célébration de l'Eucharistie est le lieu où cela se traduit le plus clairement : le prêtre préside, consacre et prêche. Son ministère ne lui vient pas de sa formation (aussi indispensable soit-elle), mais de son ordination. Son être prêtre ne se limite pas à une seule partie de la messe. [3] Il en va aussi de l'image que nous en donnons pour les futures vocations. Et cela d'autant plus, que d'une manière générale, c'est dans les églises où l'on peut voir un amour de la liturgie de l'Eglise que l'on peut aussi observer un vrai renouveau de sa vie.

Le laïc, baptisé et confirmé, ou encore engagé dans le mariage ou la vie consacrée, nourri de l'Eucharistie célébrée par le prêtre, est appelé à prêcher l'évangile par toute sa vie, jusque dans les domaines de la formation des autres chrétiens -évêques, prêtres et diacres compris- ou de la traduction de l'évangile dans ses compétences professionnelles et sociales. C'était d'ailleurs un des plus forts appels adressés à tous les chrétiens par le Concile Vatican II.

Ainsi, dans notre diocèse aucun laïc n'a jamais reçu de l'évêque un mandat de prédication à la Messe [4]. Si un laïc a prêché à la Messe, cela s'est fait dans des circonstances particulières prévues par les normes de l'Eglise [5] ou alors dans une certaine interprétation, fausse mais bien intentionnée, de l'impulsion conciliaire pour un plus fort engagement des laïcs dans l'Eglise et dans le monde.

L'évêque pourra donc toujours, sur demande, prendre en compte des situations locales et ponctuelles, où la contribution exceptionnelle d'un laïc deviendrait souhaitable pour la prédication à la Messe, principalement en raison de problèmes de santé ou autres, du prêtre qui célèbre l'Eucharistie.

+Alain de Raemy, évêque auxiliaire et vicaire épiscopal du Deutschfreiburg

 

[1] " Il est bon de valoriser et de soutenir leur engagement (de laïcs), tout en maintenant bien la distinction entre le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel. Sur ce point j'encourage à poursuivre la formation des baptisés sur les vérités de la foi et leur implication dans la vie liturgique, paroissiale, familiale et sociale, en choisissant avec soin les formateurs. Vous permettrez ainsi aux laïcs de se situer en vérité dans l'Église, d'y prendre leur place et de faire fructifier la grâce reçue au baptême, pour marcher ensemble vers la sainteté et pour le bien de tous. (Discours remis à chaque évêque en main propre par le pape lui-même lors de la visite ad limina de décembre 2014)

[2] Le diacre, quant à lui, est ordonné pour exhorter à la plus vive charité évangélisatrice, ce qui s'exprime non seulement en général par une vie professionnelle civile et au plus près des plus pauvres, mais aussi par la possibilité de célébrer des baptêmes et des mariages, et de prêcher à la messe.

[3] Comme le rappelait encore en novembre de cette année le pape François aux évêques allemands en visite " ad limina " : " Il est tout aussi nécessaire de souligner toujours le lien intime entre Eucharistie et sacerdoce. Des projets pastoraux qui n'attribuent pas une importance adéquate aux prêtres dans leur ministère de gouverner, d'enseigner et de sanctifier en ce qui concerne la structure et la vie sacramentelle de l'Église, sur la base de l'expérience, sont voués à l'échec. La collaboration précieuse de fidèles laïcs, surtout là où manquent les vocations, ne peut remplacer le ministère sacerdotal ou même le faire sembler une simple " option ". Sans prêtre, il n'y a pas d'Eucharistie. Et la pastorale des vocations commence par l'ardent désir missionnaire dans le cœur des fidèles d'avoir des prêtres. "

[4] " Parmi les formes de prédication l'homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même et est réservée au prêtre ou au diacre, tient une place éminente... " Code de Droit Canonique, can. 767, §1. Et au can. 766 de préciser : " Les laïcs peuvent être admis à prêcher dans une église ou un oratoire si le besoin le requiert en certaines circonstances ou si l'utilité le suggère dans des cas particuliers, selon les dispositions de la conférence des évêques et restant sauf le ca. 767, §1. "

[5] On trouve dans le Directoire des messes d'enfants de 1973 ceci : " Rien n'empêche que les adultes présents à la messe des enfants leur adressent la parole après l'évangile, avec l'accord du curé, surtout si le prêtre qui célèbre s'adapte difficilement à la mentalité des enfants. " (n°24) Ce qui va dans le sens du témoignage auquel le prêtre célébrant peut faire place dans le cadre de son homélie et sous sa responsabilité en des circonstances particulières et exceptionnelles.

 

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