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Lors de la conférence de presse, le Pape François a donné les raisons du mariage entre deux stewards, non sans rappeler, avec le sourire, que l'un des journalistes à bord avait écrit qu'il était un peu fou.
Mariage en altitude: le pape François explique les circonstances
« Ils étaient préparés »
Paula Podest Ruiz Et Carlos Ciuffardi Elorriaga, Mariés Par Le Pape @Antoniospadaro
« Ils étaient préparés: le pape Françosi explique, à l’occasion de sa conférence de presse dans l’avion qui le ramenait de Lima à Rome (21-22 janvier 2018) les circonstances du mariage de Paula Podest Ruiz, 39 ans, hôtesse de l’air, et Carlos Ciuffardi Elorriaga, 41 ans, steward, dont le pape François a béni le mariage sacramentel dans l’avion qui le menait de Santiago du Chili à Iquique, le 18 janvier 2018.
Les époux ont témoigné de leur joie: « Notre mariage sera très significatif pour tous les couples du monde qui ne se sont pas mariés. Cela aidera et encouragera les personnes à se marier. Nous sommes du diocèse du ciel! »
Le pape a expliqué les circonstances aux journalistes: « L’un de vous m’a dit que je suis fou de faire ces choses. Mais la chose a été simple; Le steward avait participé au vol du jour précédent. Mais elle n’était pas là. Il m’a parlé. Et moi aussi j’ai parlé de la vie, comment je pensais la vie, puis de la vie de famille. Une telle conversation. Le jour suivant ils étaient là tous les deux et quand nous avons fait les photos, ils m’ont dit qu’il y a huit ans ils devaient de marier, à l’église, mais le jour précédent, l’église a été détruite par le tremblement de terre, et ainsi il n’y a pas eu de mariage. Ils ont dit: « On le fera demain, après-demain… »
Et puis la vie, une fille arrive puis une autre. Mais ils avaient toujours cela dans le coeur: « Nous ne sommes pas mariés. » Je les ai un peu interrogés et ils m’ont dit qu’ils avaient suivi la préparation au mariage pour arriver au mariage. J’ai jugé qu’ils étaient préparés. Alors pourquoi faire demain ce qui peut de faire aujourd’hui? Et si ce lendemain allait signifier encore dix ans de plus? Ils se sont préparés tous les deux devant le Seigneur par le sacrement de pénitence. Ils m’ont aussi dit qu’ils avaient confié à certains leur intention de me demander de les marier… Les sacrements sont pour les hommes, toute les conditions étaient claires. Par conséquent dites aux curés que le pape les a interrogés comme il faut. »
Abbé Cédric Burgun: mariage avec le Pape en plein vol, une histoire particulière
Abbé Cédric Burgun: mariage avec le Pape en plein vol, une histoire particulière
Pour quelques esprits chagrins, l’histoire de ce mariage célébré par le Pape dans l’avion qui le conduisait au Chili sera une occasion supplémentaire de critiques envers le Souverain Pontife. Que ce mariage étonne et interroge, je peux le comprendre ; mais certaines réactions m’ont laissé plus que dubitatif sur l’ecclésiologie qui les sous-tend : par exemple, l’évêque de Rome aurait-il besoin des facultés canoniques données par le curé pour célébrer validement un mariage ? Soyons un peu sérieux.
Vidéo: le premier mariage en avion avec le Pape François, les époux se sont confessés et voulaient déjà se marier
Le premier mariage en avion avec le Pape François: les époux se sont confessés et voulaient déjà se marier
Vive les mariés. La joie, le bonheur et le sourire se lisent sur leurs visages et dans la lumière de leurs yeux !
Alors qu'il rejoignait en avion Iquique, au nord du Chili, le Saint-Père a célébré en plein vol l'union d'une hôtesse et d'un stewart. Mariés civilement depuis 7 ans, la cérémonie religieuse de Paula Podesta Ruiz et Carlos Cuffando Elorriaga avait dû être reportée à cause du tremblement de terre survenu le 27 février 2010 au Chili.
"Ayant écouté leur histoire, le pape les a confessés, précise L’Osservatore Romano, et les a interrogés sur leurs intentions. Puis il a béni leur échange de consentements". (Zenit)
Semaine de prière pour l'Unité des chrétiens: réformés.ch et cath.ch reviennent tout au long de cette semaine sur les questions chaudes de la réflexion oecuménique
réformés.ch et cath.ch reviennent tout au long de cette semaine sur les questions chaudes de la réflexion oecuménique
Du 18 au 25 janvier, les rédactions .ch publient chaque jour de manière conjointe les réflexions et les points de vue de différentes personnalités catholiques et protestantes romandes autour de sept thématiques:
1. Purgatoire: mythe ou réalité?
2. Papauté: infaillible ou fragile?
3. Guillaume Farel: ange ou démon?
4. Sacerdoce des femmes: impossible ou incontournable?
Le Pape François au Chili: un mariage au plus haut des cieux
Le Pape François au Chili: un mariage au plus haut des cieux, avec les confessions des futurs époux
"Ayant écouté leur histoire, le pape les a confessés, précise L’Osservatore Romano, et les a interrogés sur leurs intentions. Puis il a béni leur échange de consentements". (Zenit)
photo: Vatican Media
Le Pape François au Chili: un mariage au plus haut des cieux
Une nouvelle initiative surprise du pape François, dans l’avion qui le menait de Santiago à Iquique, au Chili, ce 18 janvier 2018 : la bénédiction du mariage d’un steward et d’une hôtesse de l’air… en plein vol. Le sacrement du mariage est valide, a précisé le Saint-Siège (ndlr: il manquerait plus qu'il ne soit pas valide)
Durant le vol de deux heures de la compagnie Latam, qui franchissait les 1800 km entre la capitale et le nord du pays, dans le cadre de son 22e voyage apostolique, le pape a béni le mariage d’un couple chilien : Paula Podest Ruiz, 39 ans, et Carlos Ciuffardi Elorriaga, 41 ans, étaient mariés civilement depuis huit ans. En 2010, un séisme a détruit l’église où ils comptaient échanger leurs consentements.
D’après la presse présente à bord de l’avion, le couple a demandé au pape de bénir leurs alliances. Ce dernier leur a alors demandé s’ils souhaitaient se marier religieusement. « Ils étaient en train de parler au pape. Ils lui ont dit qu’ils ne s’étaient pas mariés à l’église. Le pape leur a demandé s’ils voulaient se marier immédiatement. Ils ont dit OUI », relate sur Twitter le jésuite Antonio Spadaro, qui accompagne le pape argentin dans tous ses voyages.
Les mariés se sont confessés
Ayant écouté leur histoire, le pape les a confessés, précise L’Osservatore Romano, et les a interrogés sur leurs intentions. Puis il a béni leur échange de consentements.
Le Vatican précise que l’acte de mariage religieux – rédigé sur une simple feuille blanche au format A4 – du couple, est valide : « Tout est officiel. Il y a des témoins, il y a un document », a précisé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Greg Burke.
photo: Vatican Media
Le pape a signé le document comme célébrant, et les deux époux ainsi que les témoins – Mgr Mauricio Rueda Beltz et le président de la compagnie Latam, Ignacio Cueto – ont également apposé leurs signatures. « Le 18 janvier 2018, peut-on lire sur l’acte, durant le vol papal de Santiago à Iquique, M. Carlos Ciuffardi Elorriaga et Mme Paula Podest Ruiz ont contracté le mariage, en présence du témoin Ignacio Cueto. Le Saint-Père a recueilli le consentement. »
Paula Podest Ruiz et Carlos Ciuffardi Elorriaga ont deux enfants : Rafaella, 6 ans, et Isabella, 3 ans. Et même si la mariée ne portait pas de robe blanche mais était en tenue d’hôtesse, les nouveaux époux ont confié à la presse leur « joie immense » : « Tout est arrivé de façon spontanée, il n’y avait rien de préparé », ont-ils assuré.
La cérémonie s’est déroulé dans la simplicité de la cabine avant de l’appareil à 10 000 mètres d’altitude. L’acte a été rédigé sur une simple feuille volante par un cardinal et signés par tous les protagonistes.
Note: Un prêtre, un évêque ou un cardinal ne pourraient pas célébrer un tel mariage. La présence du Pape et le tremblement de terre en 2010 ont été les circonstances qui ont rendu possible ce mariage au 7ème ciel. Vive les mariés !
LE PAPE FRANÇOIS CONFIRME SON SOUTIEN À MGR BARROS, ÉVÊQUE CONTESTÉ AU CHILI
LE PAPE FRANÇOIS CONFIRME SON SOUTIEN À MGR BARROS, ÉVÊQUE CONTESTÉ AU CHILI
" Le jour où vous m'apportez une preuve contre l'évêque (Juan) Barros, je vous parlerai. Il n'y a pas une seule preuve contre lui. Tout est calomnie. C'est clair ? "
En arrivant le 18 janvier 2018 à Iquique (Chili), le pape François a répondu à une question de la presse locale sur Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno, a informé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Greg Burke, le même jour.
Le pontife a défendu le prélat, à qui il est reproché de n’avoir pas dénoncé les abus sexuels d’un prêtre.
Le pape a rencontré, mardi à Santiago, des victimes d’abus sexuels.
Mais pour les associations, les paroles du pape « ne servent à rien si des actions ne suivent pas ».
Le pape François a rencontré, mardi, à la nonciature apostolique de Santiago du Chili, « un petit groupe de victimes d’abus sexuels perpétrés par des prêtres », a annoncé le porte-parole du Saint-Siège Greg Burke. Cette rencontre « s’est déroulée dans un cadre strictement privé ». « Personne d’autre n’était présent : seulement le pape et les victimes. Cela afin qu’elles puissent raconter leurs souffrances au pape François, qui les a écoutées et a prié et pleuré avec elles. »
Cette rencontre est intervenue alors que, quelques heures plus tôt, dans un discours au Palais de la Moneda, François avait dit, devant les autorités et la société civile chilienne sa « douleur » et sa « honte » face aux abus sexuels commis par des membres du clergé, demandant pardon aux victimes.
Cette nouvelle prise de parole contre la pédophilie a été toutefois accueillie fraîchement par les associations de victimes qui venaient de tenir un congrès à Santiago où elles ont annoncé la création d’un réseau international de victimes de prêtres pédophiles.
« Ce n’est pas la première fois que le pape emploie ces mots », relève le Britannique Peter Saunders qui se dit scandalisé par le fait que le pape a concélébré la messe avec tous les évêques chiliens, dont Mgr Juan Barros, un évêque chilien accusé de ne pas avoir dénoncé des abus sexuels.
« C’est un affront aux victimes », affirme cette victime d’abus sexuels et ancien membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs dont il a démissionné avec fracas en 2016.
« Le pape peut parler encore et encore, cela ne sert à rien si des actions ne suivent pas ses paroles », explique José Andrés Murillo, directeur de la fondation Pour la confiance.
Lui-même victime de Fernando Karadima, cet ancien curé d’une paroisse d’un quartier huppé de Santiago qui s’est révélé un redoutable prédateur sexuel et qui, dénoncé en 2004, n’a été renvoyé de l’état clérical qu’en 2011 ayant bénéficié de la clémence de plusieurs évêques. José Andrés Murillo regrette que les paroles du pape ne se traduisent pas plus en actes.
« Chez les jésuites, j’ai appris que l’amour doit se démontrer par des actions plus que par des paroles », raconte cet ancien novice de la Compagnie de Jésus dont François est lui-même issu. « Le pape a le pouvoir de changer les choses dans l’Église. Il peut chasser les prêtres sur lesquels pèse une suspicion d’abus sexuels. Il peut aussi renvoyer tout évêque ou supérieur religieux qui a couvert de tels abus. S’il ne le fait pas, c’est qu’il n’y a pas une vraie volonté », accuse-t-il.
Particulièrement en cause, la nomination, en 2015, de Mgr Juan Barros à la tête du diocèse d’Osorno : cet ancien disciple de Karadima est notamment accusé d’avoir été présent lors d’un des nombreux abus perpétrés par l’ancien prêtre et de s’être tu, même si les preuves de ces accusations font toutefois défaut.
Alors que, s’adressant aux prêtres dans la cathédrale de Santiago, le pape François a évoqué « la suspicion et la remise en cause » et « le manque de confiance » que les prêtres ont dû affronter, José Andrés Murillo estime que « le pape semble oublier la douleur des victimes et se préoccuper plus de la souffrance des prêtres qui ont perdu la confiance des gens ».
Dans son discours aux prêtres, le pape avait néanmoins évoqué aussi la « douleur pour le mal et la souffrance des victimes et de leurs familles, qui ont vu trahie la confiance qu’elles avaient placée dans les ministres de l’Église ».
« Pour moi, demander pardon, c’est une façon de neutraliser la voix de ceux qui, au-delà du pardon, veulent un changement réel dans l’Église », ajoute José Andrés Murillo, appelant à mettre fin au cléricalisme.
« Les abus sexuels ne sont qu’une forme d’abus de pouvoir : lutter contre les abus sexuels, c’est aussi remettre en question les différentes dynamiques de pouvoir au sein des communautés », explique-t-il. Un sujet sur lequel il rejoint le pape François, qui a d’ailleurs appelé mardi les évêques chiliens à lutter contre« toute forme de cléricalisme ».
Mais, là encore, « il manque une cohérence entre les mots et la réalité », estime José Andrés Murillo, qui reproche à François de ne pas avoir voulu écouter les fidèles du diocèse d’Osorno révoltés contre la nomination de leur évêque.
Crimes et abus par des prêtres: le Pape rencontre des victimes de la pédophilie et pleure
Le pape « a écouté leurs souffrances, a prié et a pleuré avec elles » Greg Burke
C’est pourquoi je vous invite à ce que nous demandions à Dieu de nous donner la lucidité d’appeler la réalité par son nom, le courage de demander pardon et la capacité d’apprendre à écouter ce que le Seigneur est en train de nous dire.
Crimes et abus par des prêtres: le Pape rencontre des victimes de la pédophilie et pleure
Le pape François a reçu des victimes d’abus sexuels de la part de prêtres à la nonciature apostolique de Santiago du Chili, ce mardi 16 janvier 2018: une rencontre « strictement privée » indique Greg Burke, ainsi le pape « a écouté leurs souffrances, a prié et a pleuré avec elles ».
“Le Saint-Père François a rencontré aujourd’hui à la nonciature apostolique de Santiago du Chili, après déjeuner, un petit groupe de victimes d’abus sexuels de la part de prêtres”, indique le directeur de la salle de presse du Saint-Siège dans un communiqué publié vers 0h58, heure de Rome, en italien et en espagnol.
“La rencontre, précise le communiqué, s’est déroulée de façon strictement privée. Personne d’autre n’était présent: seulement le Pape et les victimes. Et cela pour qu’elles puissent raconter leurs souffrances au Pape François, qui les a écoutées et a prié et pleuré avec elles.”
La question des abus a été présente dans les discours du pape François dès sa rencontre avec les autorités du pays au palais de la Moneda, ce 16 janvier: le pape François a exprimé « douleur » et « honte » pour les abus sexuels commis par des membres du clergé. Il a demandé pardon, devant les autorités du pays.
« Et ici, a-t-il déclaré, je ne peux m’empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l’Église. Je voudrais m’unir à mes frères dans l’épiscopat, car s’il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas. »
Ces 15 dernières années, 80 prêtres chiliens – dont 4 évêques – ont été condamnés, ce qui a contribué à une défiance des catholiques vis-à-vis du clergé. Parmi les membres de l’Eglise impliqués dans ces crimes : Fernando Karadima, aujourd’hui âgé de 87 ans, déclaré coupable d’abus sexuels et psychologiques par le Vatican en 2011. Il a été condamné à se retirer dans un monastère pour une vie « de prière et de pénitence », sans aucune mission pastorale, tandis que les faits étaient prescrits pour la justice chilienne.
La Fundación Para la Confianza avait demandé une rencontre avec le pape avant son voyage, mais Greg Burke avait soulignéque « les meilleures rencontres sont celles qui ont lieu en privé: c’est ce que le pape a donc choisi aujourd’hui.
Le pape a aussi évoqué “ce grave et douloureux mal” avec les consacrés, dans la cathédrale de Santiago en fin d’après-midi, en demandant la « lucidité d’appeler la réalité par son nom, le courage de demander pardon et la capacité d’apprendre à écouter ce que le Seigneur est en train de nous dire » : « Je connais la douleur qu’ont signifiée les cas d’abus commis sur des mineurs et je suis de près ce que l’on fait pour surmonter ce grave et douloureux mal.
Douleur pour le mal et la souffrance des victimes et de leurs familles, qui ont vu trahie la confiance qu’elles avaient placée dans les ministres de l’Église. Douleur pour la souffrance des communautés ecclésiales, et douleur pour vous, frères, qui, en plus de l’épuisement dû à votre dévouement, avez vécu la souffrance qu’engendrent la suspicion et la remise en cause, ayant pu provoquer chez quelques-uns ou plusieurs le doute, la peur et le manque de confiance.
Je sais que parfois vous avez essuyé des insultes dans le métro ou en marchant dans la rue, qu’être « habillé en prêtre » dans beaucoup d’endroits se « paie cher ».
C’est pourquoi je vous invite à ce que nous demandions à Dieu de nous donner la lucidité d’appeler la réalité par son nom, le courage de demander pardon et la capacité d’apprendre à écouter ce que le Seigneur est en train de nous dire. »
François cite Neruda dans son homélie. Est-il pour autant un Pape rouge ?
Un judoka utilise la force de l’autre pour que sa prise se retourne contre lui. François cite Pablo Neruda pour le bien et la conversion des communistes, mais en leur faveur.
François cite Neruda dans son homélie. Est-il pour autant un Pape rouge ?
Les mots exacts de la phrase de l'homélie du Pape citant Pablo Neruda:
"L’Espérance « est le nouveau jour, l'extirpation d'une immobilité, le rejet d'une prostration négative » (Pablo Neruda, L'habitant et son espoir, 5)"
Le verbatim exact du pape citant Neruda : " La esperanza «es el nuevo día, la extirpación de una inmovilidad, el sacudimiento de una postración negativa» (Pablo Neruda, El habitante y su esperanza, 5) "
source: Arnaud Bédat
Mise dans son contexte, l'intervention du Saint-Père dit ceci:
"Les béatitudes naissent d'un coeur miséricordieux qui ne se fatigue pas d'espérer. Et qui expérimente que l'espoir " est le nouveau jour, qui extirpe l'immobilité, qui secoue une prostration négative".
Le style du Pape consiste à construire des ponts. Tout ce qui est vrai, beau, juste et bon retient l'attention des catholiques. Parfois, selon les circonstances historiques, l'affrontement direct divise. Sur son continent, François est aussi un Pasteur prudent et habile.
Honnêtement, François fait également référence à l'écologie, est-il pour autant vert ? S'il reprend des propos de sportifs, est-il alors un marathonien ? ou un footballeur ?
Il m'est arrivé de reprendre un citation d'un joueur de tennis, sans être tennisman, ou de François Mitterand sans être de gauche.
Pablo Neruda est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, né le à Parral (province de Linares, Chili). Il est mort le à Santiago du Chili. Il est considéré comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne.
Mort officiellement d'un cancer 12 jours après le coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili, l'hypothèse d'un assassinat est de plus en plus évoquée dans les années 2010 par le gouvernement chilien et les experts.
Pourquoi le Pape François ne s'est pas encore rendu en Argentine ? Interview d'Arnaud Bédat
Pourquoi le Pape François ne s'est pas encore rendu en Argentine ? Interview d'Arnaud Bédat
C’est un pape hypersensible, qui le montre peu, évite de pleurer en public, mais qui est très émotif.
Arnaud Bédat
Arnaud Bédat, vous êtes l'auteur de deux livres sur François. Vous êtes également reconnu comme un fin et avisé connaisseur des années "argentines" de Bergoglio. Le Pape est actuellement au Chili. Pourquoi ne se rend-il toujours pas dans son pays natale, l'Argentine ?
La question d’un voyage du pape François dans son pays est une question récurrente depuis son élection en mars 2013. Lui-même montre parfois un certain agacement quand on lui en parle.
On sait que dès le moment où l’ancien archevêque de Buenos Aires est devenu souverain pontife, il était hors de question pour lui de se rendre dans la foulée en Argentine pour un voyage pastoral, comme un Jean-Paul II se précipitant en Pologne à peine élu, car il ne voulait donner aucune caisse de résonnance à la présidence de Cristina Krichner qu’il ne portait guère dans son cœur et contre laquelle il s’était souvent opposé comme cardinal.
En bleu, les 9 pays visités par François. L'Argentine est encore en gris (source: le Figaro)
Une fois que celle-ci a tourné les talons, en décembre 2015, les choses se sont compliquées quelque peu pour lui. D’abord parce qu’il avait dit qu’il ne ferait qu’un voyage en Amérique latine par année : 2016 a été pour Cuba et le Mexique, 2017 pour la Colombie et maintenant 2018 est réservée au Chili et au Pérou. En 2019, il ira au Panama, pour les JMJ. Donc, avant 2020, peu de chance qu’il aille à Buenos Aires, où les problèmes intérieurs sont devenus nombreux, compliqués, et lui échappent aussi un peu désormais. Il n’est plus là pour « sentir » les choses et doit se fier à ce qu’on lui rapporte.
Il y a d’autres raisons aussi sans doute, plus personnelles : il craint d’être instrumentalisé une fois sur place, ça semble une évidence. Et puis, au fond de lui-même, l’Argentine n’est déjà plus celle qu’il a connue au moment de son départ : beaucoup de ses amis sont morts, à commencer par ses vieilles amies Alicia Oliveira et Clélia Podesta, mais aussi des membres de sa famille.
Et puis, un Argentin reste un Argentin : retourner sur ses terres et devoir en repartir serait pour lui une véritable déchirure et une épreuve durant sa visite pastorale. C’est un pape hypersensible, qui le montre peu, évite de pleurer en public, mais qui est très émotif. Il ne pourrait, c’est certain, cacher ses larmes devant des caméras qui ne louperaient rien de chaque instant.
Vous avez votre idée, toute personnelle mais assez originale et pertinente, sur un éventuel retour de François en Argentine en 2020. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
On peut donc spéculer plutôt sur un retour définitif en Argentine, le moment venu, après avoir renoncé. Pourquoi pas en 2020. Il a toujours dit que son pontificat sera sans doute bref. En 2020, la géopolitique du conclave sera désormais composée d’une majorité de bergogliens au Sacré-Collège. Les grands chantiers auront été amorcé par lui. Il pourrait partir le cœur plus léger et laisser un successeur continuer de tracer son sillon… et vivre une vieillesse heureuse à Buenos Aires, à nouveau parmi les siens.
Le pape François est actuellement en visite d'une semaine au Chili et au Pérou, a déclaré que le monde était "à la limite" du risque de guerre nucléaire. Il a expliqué que la situation le terrifiait.
Le pape argentin s'exprimait dans l'avion au surlendemain d'une alerte au missile, qui s'est avérée sans objet, ayant semé la panique à Hawaï, alors que la Corée du Nord laisse planer la menace d'une attaque nucléaire.
Jorge Bergoglio a souvent évoqué les dangers d'une guerre nucléaire. Il a fait distribuer aux journalistes à bord de l'avion une petite carte illustrée d'une photo poignante prise en 1945 après l'explosion de la bombe atomique à Nagasaki montrant un enfant japonais portant sur le dos son petit frère mort.
Au dos de la carte, déjà diffusée par le bureau de presse du Vatican fin 2017, quatre mots écrits de la main du pape : "Le fruit de la guerre".
En visite au Chili, le pape François a exprimé mardi sa "honte" et sa "douleur" à propos des dizaines d'affaires de pédophilie impliquant des membres du clergé dans ce pays.
"Je ne peux m'empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l'Eglise", a-t-il dit, sous les applaudissements.
"Je voudrais m'unir à mes frères dans l'épiscopat, car s'il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas", a-t-il ajouté.
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La Croix Les associations de victimes se soutiennent mondialement. Tout ce qui peut être engagé avec force pour parvenir à la tolérance zéro et venir en aide aux victimes de ces crimes doit être entrepris.
Exclusif: interview de Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège
Exclusif: interview de Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège
Comme de coutume en début d'année, le Pape François a rencontré les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège. Son Excellence Mr Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse était présent.
Interview
Quelles furent vos impressions d'être avec quelques 180 ambassadeurs du monde entier, en présence du Pape ?
Pour qui n’en voit que les images, l’impression que donne la cérémonie des vœux est celle d’un cadre solennel : la grande Sala Regia avec ses fresques, le nombre des ambassadeurs en habit ou en uniforme, en face desquels se tient le souverain pontife.
Pour qui est sur place, la solennité est perceptible davantage encore dans le silence et l’attention qui caractérisent l’écoute d’un discours de politique extérieure très développé. La diplomatie vaticane a la réputation d’être extrêmement bien informée et de choisir ses mots, ce qui renforce l’intérêt des capitales pour le contenu de ce discours annuel, qui a duré près d’une heure.
La réflexion que développe le pape François sur les problèmes et les défis actuels est très nuancée, et souvent stimulante et originale. L’aspect protocolaire, très présent, n’étouffe pas la dimension humaine : à la fin de cette cérémonie, chacun échange personnellement salutations et vœux avec le Saint-Père et avec les principaux responsables de la Curie.
Une photo montrant les horribles conséquences de l'arme nucléaire, avec deux enfants, l'ainé portant son tout petit frère mort sur les épaules, a été publiée à la demande express de François. Face à un possible conflit nucléaire, avez-vous senti le successeur de Pierre plus inquiet que d'habitude ?
Quoi de plus déconcertant que de voir, sur une carte de vœux, un enfant portant son petit frère mort pour le faire incinérer ? L’image est moins effroyable que certaines scènes sanglantes diffusées sur internet, qui suscitent une horreur viscérale.
Cette photographie ne met pas l’accent sur la puissance du feu nucléaire mais sur l’impressionnante dignité des victimes. Le pape François a sans doute voulu provoquer une prise de conscience. Quelques jours plus tard, devant le Corps diplomatique, le souverain pontife a donné comme une lecture politique de son geste. Il a appelé les Etats à ratifier le Traité d’interdiction des armes nucléaires conclu en 2017. Il a aussi appelé à « soutenir toute tentative de dialogue dans la péninsule coréenne ».
Le pape François ne se limite donc pas à exprimer une inquiétude, mais il invite à « surmonter les oppositions actuelles, accroître la confiance réciproque et assurer un avenir de paix au peuple coréen et au monde entier ». En entendant ces mots, j’ai songé aux militaires suisses qui depuis des décennies sont présents sur la ligne de démarcation à Panmunjom, pour surveiller le cessez-le-feu.
Pensez-vous que la diplomatie du Saint-Siège inspire les actions de la Genève Internationale ? la diplomatie suisse du Conseil Fédéral ?
Lorsque le pape François diffuse la photo des enfants de Nagasaki, il invite à tourner les regards d’abord vers les victimes des conflits armés. Cette perspective est aussi celle des institutions de la Genève internationale, où la Suisse joue depuis longtemps un rôle qui va bien au-delà de celui d’Etat hôte.
Dans le domaine humanitaire et dans la promotion de la paix, on peut discerner de nombreuses convergences dans les principes et les objectifs du Saint-Siège et de la Suisse, qui sont des acteurs internationaux très engagés et, je crois, très écoutés dans les forums multilatéraux.
Vous allez remettre votre mandat à la fin de cette année 2018. Quels sont les réalités qui vous ont le plus marquées ? les 3 principes clefs de l'action diplomatique que vous emportez avec vous ?
Malgré toutes les différences entre la Genève internationale et le Vatican, on perçoit dans ces deux capitales diplomatiques une véritable universalité. Presque aucune région du monde, presque aucun des enjeux actuels n’y sont ignorés. Être ambassadeur près le Saint-Siège permet de vivre des moments, des rencontres et des échanges exceptionnels, notamment en accompagnant la visite plusieurs présidents de la Confédération ou des Chambres fédérales.
Représentant la Suisse, j’ai aussi le privilège de cultiver des relations très étroites avec la Garde suisse pontificale, une institution et des personnes dont notre pays peut être très fier ! Dans l’expérience acquise ou renforcée au Vatican, je retiendrai le caractère essentiel des relations personnelles, mais aussi l’importance des mots et de leurs nuances, pour bien comprendre et se faire comprendre. Une troisième leçon, peut-être plus spécifique au Saint-Siège, concerne la continuité temporelle voire historique : garder la mémoire et cultiver la patience voire une forme de ténacité, pour être à même de préparer ou de saisir le moment d’agir.
Les discours du Pape sur l'accueil des réfugiés secoue les consciences. Le Saint-Siège recommande le discernement et la vertu de prudence aux Etats. Le thème de la migration agite également la sphère médiatique. Que dit l'Eglise, la doctrine sociale de l'Eglise, le Pape, le Saint-Siège ?
Il est aussi important que puissent retourner dans leur patrie les nombreux réfugiés qui ont trouvé accueil et refuge dans les nations limitrophes, surtout en Jordanie, au Liban et en Turquie.
Le Pape François et l'accueil des migrants, des réfugiés
Dans les relations avec les Autorités civiles, le Saint-Siège ne vise rien d’autre que de favoriser le bien-être spirituel et matériel de la personne humaine et la promotion du bien commun.
Il est aussi important que puissent retourner dans leur patrie les nombreux réfugiés qui ont trouvé accueil et refuge dans les nations limitrophes, surtout en Jordanie, au Liban et en Turquie. L’engagement et les efforts accomplis par ces pays dans cette situation difficile mérite l’appréciation et le soutien de toute la communauté internationale, qui est en même temps appelée à œuvrer pour créer les conditions en vue du rapatriement des réfugiés provenant de la Syrie.
C’est un engagement qu’elle doit concrètement prendre en commençant par le Liban, afin que ce pays bienaimé continue à être un ‘‘message’’ de respect et de cohabitation ainsi qu’un modèle à imiter pour toute la région et pour le monde entier.
Aujourd’hui, on parle beaucoup de migrants et de migrations, parfois juste pour susciter des peurs ancestrales. Il ne faut pas oublier que les migrations ont toujours existé. Dans la tradition judéo-chrétienne, l’histoire du salut est essentiellement une histoire de migrations. Il ne faut pas non plus oublier que la liberté de mouvement, tout comme celle de quitter son propre pays et d’y retourner, fait partie des droits fondamentaux de l’homme (cf. Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 13). Il faut donc sortir d’une rhétorique répandue sur la question et aller au fait essentiel que devant nous, il y a d’abord et avant tout des personnes.
C’est ce que j’ai voulu réaffirmer par le Message pour la Journée Mondiale de la Paix, célébrée le 1er janvier dernier, consacré aux: ‘‘[Les] migrants et [les] réfugiés: des hommes et des femmes en quête de paix’’. Tout en reconnaissant qu’ils ne sont pas toujours tous animés des meilleures intentions, on ne peut pas oublier que la majorité des migrants préfèrerait rester dans leur propre pays, alors qu’elle se trouve contrainte à le quitter « à cause des discriminations, despersécutions, de la pauvreté et de la dégradation environnementale. […]
En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, « dans la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple, …[pour] s’intégrer »
Accueillir l’autre exige un engagement concret, une chaîne d’entraide et de bienveillance, une attention vigilante et compréhensive, la gestion responsable de nouvelles situations complexes qui, parfois, s’ajoutent aux autres problèmes innombrables déjà existants, ainsi que des ressources qui sont toujours limitées. En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, « dans la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple, …[pour] s’intégrer » (Pacem in terris, n. 106). Ils ont une responsabilité précise envers leurs communautés, dont ils doivent assurer les justes droits et le développement harmonieux, pour ne pas être comme le constructeur imprévoyant qui fit mal ses calculs et ne parvint pas à achever la tour qu’il avait commencé à bâtir (cf. Lc 14, 28-30)» (FRANÇOIS, Message pour la 51ème Journée Mondiale de la Paix, 13 novembre 2017, n. 1).
Je voudrais de nouveau remercier les Autorités de ces États qui se sont prodigués au cours de ces années pour fournir une assistance aux nombreux migrants parvenus à leurs frontières. Je pense d’abord à l’engagement de nombreux pays en Asie, en Afrique et dans les Amériques, qui accueillent et assistent un grand nombre de personnes. Je garde encore vivante dans le cœur la rencontre que j’ai eue à Dacca avec quelques membres du peuple Rohingya et j’aimerais renouveler aux autorités du Bangladesh mes sentiments de gratitude pour l’assistance qu’elles offrent, sur leur propre territoire, à ces personnes.
Je voudrais ensuite exprimer une gratitude spéciale à l’Italie qui, ces années, a montré un cœur ouvert et généreux et a su aussi donner des exemples positifs d’intégration. Mon souhait est que les difficultés que le pays a traversées ces dernières années, et dont les conséquences persistent, ne conduisent pas à des fermetures et à des verrouillages, mais au contraire à une redécouverte de ces racines et de ces traditions qui ont nourri la riche histoire de la Nation et qui constituent un inestimable trésor à offrir au monde entier. De même, j’exprime mon appréciation pour les efforts accomplis par d’autres États européens, en particulier la Grèce et l’Allemagne. Il ne faut pas oublier que de nombreux réfugiés et migrants cherchent à rejoindre l’Europe parce qu’ils savent qu’ils pourront y trouver paix et sécurité, qui sont d’ailleurs le fruit d’un long cheminement né des idéaux des Pères fondateurs du projet européen après la seconde guerre mondiale.
L’Europe doit être fière de ce patrimoine, fondé sur certains principes et sur une vision de l’homme qui plonge ses bases dans son histoire millénaire, inspirée par la conception chrétienne de la personne humaine. L’arrivée des migrants doit la pousser à redécouvrir son patrimoine culturel et religieux propre, de sorte que, reprenant conscience de ses valeurs sur lesquelles elle s’est édifiée, elle puisse en même temps maintenir vivante sa tradition et continuer à être un lieu accueillant, annonciateur de paix et de développement.
L’an passé, les gouvernements, les organisations internationales et la société civile se sont consultés réciproquement sur les principes de base, sur les priorités et sur les modalités les plus opportunes pour répondre aux mouvements migratoires et aux situations persistantes qui concernent les réfugiés. Les Nations Unies, suite à la Déclaration de New York pour les Réfugiés et les Migrants de 2016, ont initié d’importants processus de préparation en vue de l’adoption de deux Pactes Mondiaux (Global Compacts), respectivement sur les réfugiés et pour une migration sûre, ordonnée et régulière.
Le Saint Siège souhaite que ces efforts, grâce aux négociations qui s’ouvriront bientôt, conduisent à des résultats dignes d’une communauté mondiale toujours plus interdépendante, fondée sur les principes de solidarité et d’aide mutuelle. Dans le contexte international actuel, les possibilités et les moyens d’assurer à tout homme et à toute femme qui vit sur terre des conditions de vie dignes de la personne humaine ne manquent pas.
Dans le Message pour la Journée Mondiale de la Paix de cette année j’ai suggéré quatre ‘‘jalons’’ pour l’action : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer (Ibid., n. 4). Je voudrais m’arrêter en particulier sur ce dernier, sur lequel s’affrontent différentes positions à la lumière d’autant d’évaluations, d’expériences, de préoccupations et de convictions.
L’intégration est un “processus bidirectionnel”, avec des droits et des devoirs réciproques. Celui qui accueille est en effet appelé à promouvoir le développement humain intégral, alors qu’on demande à celui qui est accueilli de se conformer immanquablement aux normes du pays qui l’accueille, ainsi qu’au respect de ses principes identitaires. Tout processus d’intégration doit toujours maintenir au centre des normes qui concernent les divers aspects de la vie politique et sociale, la défense et la promotion des personnes, surtout de celles qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité.
Le Saint Siège n’a pas l’intention d’interférer dans les décisions qui reviennent aux Etats, lesquels, à la lumière de leurs situations politiques, sociales et économiques respectives, et aussi des capacités propres et des possibilités d’hospitalité et d’intégration, ont la première responsabilité de l’accueil.
Le Saint Siège n’a pas l’intention d’interférer dans les décisions qui reviennent aux Etats, lesquels, à la lumière de leurs situations politiques, sociales et économiques respectives, et aussi des capacités propres et des possibilités d’hospitalité et d’intégration, ont la première responsabilité de l’accueil. Cependant, il estime nécessaire de jouer un rôle pour le “rappel” des principes d’humanité et de fraternité qui fondent toute société unie et harmonieuse.
Dans cette perspective, il est important de ne pas oublier l’interaction avec les communautés religieuses, tant institutionnelles qu’au niveau associatif, qui peuvent jouer un rôle précieux de renfort dans l’assistance et la protection, de médiation sociale et culturelle, de pacification et d’intégration.
Moins d’un mois après son lancement, l e portail d’information du Saint-Siège Vatican News a atteint les 4 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, a informé le Secrétariat pour la communication le 8 janvier 2018.
“Le renforcement de notre présence sur les réseaux sociaux est un des effets de la grande réforme des médias du Vatican”, a commenté Mgr Dario Edoardo Viganò, préfet du Secrétariat.
La diplomatie du Saint-Siège: discours du Pape François aux ambassadeurs et message pour le 1er janvier 2018
La diplomatie du Saint-Siège: discours du Pape François aux ambassadeurs et message pour le 1er janvier 2018
Le droit à la vie, à la liberté et à l’inviolabilité de chaque personne humaine, le droit de former une famille, la liberté de mouvement, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, le droit au travail… le pape François a défendu ces droits fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce 8 janvier 2018, devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège.
Le pape a en effet consacré son traditionnel discours de vœux du Nouvel An à ce document, soixante ans après son adoption de la part de l’Assemblée Générale des Nations Unies (10 décembre 1948): « Après soixante ans, a-t-il déploré, il est regrettable de relever comment de nombreux droits fondamentaux sont aujourd’hui encore violés. »
Au fil de son long discours, le pape a formulé des vœux pour les pays ravagés par les conflits, notamment l’Irak, la Syrie, l’Ukraine, et divers pays d’Afrique. Il a plaidé pour « le désarmement intégral » : « La prolifération des armes aggrave clairement les situations de conflit et comporte des coûts humains et matériels considérables qui minent le développement ainsi que la recherche d’une paix durable. »
"Accueillir l’autre exige un engagement concret, une chaîne d’entraide et de bienveillance, une attention vigilante et compréhensive, la gestion responsable de nouvelles situations complexes qui, parfois, s’ajoutent aux autres problèmes innombrables déjà existants, ainsi que des ressources qui sont toujours limitées. En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, « dans la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple, …[pour] s’intégrer".
MESSAGE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS POUR LA CÉLÉBRATION DE LA LIe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
1er JANVIER 2018
Les migrants et les réfugiés : des hommes et des femmes en quête de paix
Meilleurs vœux de paix
Que la paix soit sur toutes les personnes et toutes les nations de la terre ! Cette paix, que les anges annoncent aux bergers la nuit de Noël,[1] est une aspiration profonde de tout le monde et de tous les peuples, surtout de ceux qui souffrent le plus de son absence. Parmi ceux-ci, que je porte dans mes pensées et dans ma prière, je veux une fois encore rappeler les plus de 250 millions de migrants dans le monde, dont 22 millions et demi sont des réfugiés. Ces derniers, comme l’a affirmé mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI, « sont des hommes et des femmes, des enfants, des jeunes et des personnes âgées qui cherchent un endroit où vivre en paix ».[2] Pour le trouver, beaucoup d’entre eux sont disposés à risquer leur vie au long d’un voyage qui, dans la plupart des cas, est aussi long que périlleux ; ils sont disposés à subir la fatigue et les souffrances, à affronter des clôtures de barbelés et des murs dressés pour les tenir loin de leur destination.
Avec un esprit miséricordieux, nous étreignons tous ceux qui fuient la guerre et la faim ou qui sont contraints de quitter leurs terres à cause des discriminations, des persécutions, de la pauvreté et de la dégradation environnementale.
Nous sommes conscients qu’ouvrir nos cœurs à la souffrance des autres ne suffit pas. Il y aura beaucoup à faire avant que nos frères et nos sœurs puissent recommencer à vivre en paix dans une maison sûre. Accueillir l’autre exige un engagement concret, une chaîne d’entraide et de bienveillance, une attention vigilante et compréhensive, la gestion responsable de nouvelles situations complexes qui, parfois, s’ajoutent aux autres problèmes innombrables déjà existants, ainsi que des ressources qui sont toujours limitées. En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, « dans la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple, …[pour] s’intégrer ».[3] Ils ont une responsabilité précise envers leurs communautés, dont ils doivent assurer les justes droits et le développement harmonieux, pour ne pas être comme le constructeur imprévoyant qui fit mal ses calculs et ne parvint pas à achever la tour qu’il avait commencé à bâtir.[4]
Pourquoi tant de réfugiés et de migrants ?
En vue du Grand Jubilé pour les 2000 ans depuis l’annonce de paix des anges à Bethléem, saint Jean-Paul II interpréta le nombre croissant des réfugiés comme une des conséquences d’« une interminable et horrible succession de guerres, de conflits, de génocides, de “ purifications ethniques ”»,[5] qui avaient marqué le XXème siècle. Le nouveau siècle n’a pas encore connu de véritable tournant : les conflits armés et les autres formes de violence organisée continuent de provoquer des déplacements de population à l’intérieur des frontières nationales et au-delà de celles-ci.
Mais les personnes migrent aussi pour d’autres raisons, avant tout par « désir d’une vie meilleure, en essayant très souvent de laisser derrière eux le “ désespoir ” d’un futur impossible à construire ».[6] Certains partent pour rejoindre leur famille, pour trouver des possibilités de travail ou d’instruction : ceux qui ne peuvent pas jouir de ces droits ne vivent pas en paix. En outre, comme je l’ai souligné dans l’Encyclique Laudato si’, « l’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation environnementale, est tragique».[7]
La majorité migre en suivant un parcours régulier, tandis que d’autres empruntent d’autres voies, surtout à cause du désespoir, quand leur patrie ne leur fournit pas de sécurité ni d’opportunités et que toute voie légale semble impraticable, bloquée ou trop lente.
Dans de nombreux pays de destination, une rhétorique s’est largement diffusée en mettant en exergue les risques encourus pour la sécurité nationale ou le poids financier de l’accueil des nouveaux arrivants, méprisant ainsi la dignité humaine qui doit être reconnue pour tous, en tant que fils et filles de Dieu. Ceux qui fomentent la peur des migrants, parfois à des fins politiques, au lieu de construire la paix sèment la violence, la discrimination raciale et la xénophobie, sources de grande préoccupation pour tous ceux qui ont à cœur la protection de chaque être humain.[8]
Tous les éléments dont dispose la communauté internationale indiquent que les migrations globales continueront à caractériser notre avenir. Certains les considèrent comme une menace. Moi, au contraire, je vous invite à les regarder avec un regard rempli de confiance, comme une occasion de construire un avenir de paix.
Avec un regard contemplatif
La sagesse de la foi nourrit ce regard, capable de prendre conscience que nous appartenons tous « à une unique famille, migrants et populations locales qui les accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la destination est universelle, comme l’enseigne la doctrine sociale de l’Église. C’est ici que trouvent leur fondement la solidarité et le partage ».[9] Ces mots nous renvoient à l’image de la Jérusalem nouvelle. Le livre du prophète Isaïe (ch. 60) et celui de l’Apocalypse (ch. 21) la décrivent comme une cité dont les portes sont toujours ouvertes, afin de laisser entrer les gens de toute nation, qui l’admirent et la comblent de richesses. La paix est le souverain qui la guide et la justice le principe qui gouverne la coexistence de tous en son sein.
Il nous faut également porter ce regard contemplatif sur la ville où nous vivons, « c’est-à-dire un regard de foi qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places [... en promouvant] la solidarité, la fraternité, le désir du bien, de vérité, de justice »[10] ; en d’autres termes, en réalisant la promesse de la paix.
En observant les migrants et les réfugiés, ce regard saura découvrir qu’ils n’arrivent pas les mains vides : ils apportent avec eux un élan de courage, leurs capacités, leurs énergies et leurs aspirations, sans compter les trésors de leurs cultures d’origine. De la sorte, ils enrichissent la vie des nations qui les accueillent. Ce regard saura aussi découvrir la créativité, la ténacité et l’esprit de sacrifice d’innombrables personnes, familles et communautés qui, dans tous les coins du monde, ouvrent leur porte et leur cœur à des migrants et à des réfugiés, même là où les ressources sont loin d’être abondantes.
Enfin, ce regard contemplatif saura guider le discernement des responsables du bien public, afin de pousser les politiques d’accueil jusqu’au maximum « de la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple »,[11] c’est-à-dire en considérant les exigences de tous les membres de l’unique famille humaine et le bien de chacun d’eux.
Ceux qui sont animés par ce regard seront capables de reconnaître les germes de paix qui pointent déjà et ils prendront soin de leur croissance. Ils transformeront ainsi en chantiers de paix nos villes souvent divisées et polarisées par des conflits qui ont précisément trait à la présence de migrants et de réfugiés.
Quatre pierres angulaires pour l’action
Offrir à des demandeurs d’asile, à des réfugiés, à des migrants et à des victimes de la traite d’êtres humains une possibilité de trouver cette paix qu’ils recherchent, exige une stratégie qui conjugue quatre actions : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.[12]
« Accueillir » rappelle l’exigence d’étendre les possibilités d’entrée légale, de ne pas repousser des réfugiés et des migrants vers des lieux où les attendent persécutions et violences, et d’équilibrer le souci de la sécurité nationale par la protection des droits humains fondamentaux. L’Écriture nous rappelle ceci : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges ».[13]
« Protéger » rappelle le devoir de reconnaître et de garantir l’inviolable dignité de ceux qui fuient un danger réel en quête d’asile et de sécurité, et d’empêcher leur exploitation. Je pense, en particulier, aux femmes et aux enfants qui se trouvent dans des situations où ils sont plus exposés aux risques et aux abus qui vont jusqu’à faire d’eux des esclaves. Dieu ne fait pas de discrimination : « Le Seigneur protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin ».[14]
« Promouvoir » renvoie au soutien apporté au développement humain intégral des migrants et des réfugiés. Parmi les nombreux instruments qui peuvent aider dans cette tâche, je désire souligner l’importance d’assurer aux enfants et aux jeunes l’accès à tous les niveaux d’instruction : de cette façon, ils pourront non seulement cultiver et faire fructifier leurs capacités, mais ils seront aussi davantage en mesure d’aller à la rencontre des autres, en cultivant un esprit de dialogue plutôt que de fermeture et d’affrontement. La Bible nous enseigne que Dieu « aime l’étranger et lui donne nourriture et vêtement » ; par conséquent, elle exhorte ainsi : « Aimez donc l’étranger, car au pays d’Égypte vous étiez des étrangers ».[15]
« Intégrer », enfin, signifie permettre aux réfugiés et aux migrants de participer pleinement à la vie de la société qui les accueille, en une dynamique d’enrichissement réciproque et de collaboration féconde dans la promotion du développement humain intégral des communautés locales. Comme l’écrit saint Paul : « Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu ».[16]
Une proposition pour deux Pactes internationaux
Je souhaite de tout cœur que cet esprit anime le processus qui, tout au long de l’année 2018, conduira à la définition et l’approbation par les Nations-Unies de deux pactes mondiaux : l’un, pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et l’autre concernant les réfugiés. En tant qu’accords adoptés au niveau mondial, ces pactes constitueront un cadre de référence pour avancer des propositions politiques et mettre en œuvre des mesures pratiques. Voilà pourquoi il est important qu’ils soient inspirés par la compassion, la prévoyance et le courage, de façon à saisir toute occasion de faire progresser la construction de la paix : c’est la condition pour que le réalisme nécessaire de la politique internationale ne devienne pas une soumission au cynisme et à la mondialisation de l’indifférence.
Le dialogue et la coordination constituent, en effet, une nécessité et un devoir spécifiques de la communauté internationale. Au-delà des frontières nationales, il est également possible que des pays moins riches puissent accueillir un plus grand nombre de réfugiés ou de mieux les accueillir, si la coopération internationale leur assure la disponibilité des fonds nécessaires.
La Section Migrants et Réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral a suggéré 20 points d’action[17] pouvant servir de pistes concrètes pour l’application de ces quatre verbes dans les politiques publiques, ainsi que pour le comportement et l’action des communautés chrétiennes. Ces contributions, comme d’autres, entendent exprimer l’intérêt de l’Église catholique envers le processus qui conduira à l’adoption de ces pactes mondiaux des Nations Unies. Cet intérêt confirme une sollicitude pastorale plus générale, qui est née avec l’Église et se poursuit à travers ses multiples œuvres jusqu’à nos jours.
Pour notre maison commune
Les paroles de saint Jean-Paul II nous inspirent : « Si le “ rêve ” d'un monde en paix est partagé par de nombreuses personnes, si l'on valorise la contribution des migrants et des réfugiés, l'humanité peut devenir toujours plus la famille de tous et notre Terre une véritable “ maison commune ” ».[18] Dans l’histoire, beaucoup ont cru en ce « rêve » et ceux qui l’ont vécu témoignent qu’il ne s’agit pas d’une utopie irréalisable.
Parmi eux, il faut mentionner sainte Françoise-Xavière Cabrini, dont nous fêtons en cette année 2017 le centenaire de sa naissance au ciel. Aujourd’hui, 13 novembre, de nombreuses communautés ecclésiales célèbrent sa mémoire. Cette grande petite femme, qui consacra sa vie au service des migrants, devenant ensuite leur patronne céleste, nous a enseigné comment nous pouvons accueillir, protéger, promouvoir et intégrer nos frères et sœurs. Par son intercession, que le Seigneur nous accorde à tous de faire l’expérience que « c’est dans la paix qu’est semé la justice, qui donne son fruit aux artisans de la paix ».[19]
Du Vatican, le 13 novembre 2017 En la fête de sainte Françoise-Xavière Cabrini, Patronne des migrants
[8] Cf. Discours aux Directeurs nationaux de la pastorale des migrants participant à la Rencontre organisée par le Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE), 22 septembre 2017.
[9] Benoît XVI, Message pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2011.
La direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris a eu connaissance des messages d’un des tueurs du père Hamel une semaine avant l’assassinat du religieux. Le terroriste y évoquait une attaque dans une église, mentionnait Saint-Étienne-du-Rouvray… Une fois le prêtre assassiné, la DRPP a alors postdaté deux documents afin de masquer sa passivité. Révélations sur les pratiques du service de renseignement parisien.
Adorateurs un jour, critiques acerbes le lendemain
Interview "malicieux" du Cardinal suisse Kurt Koch
Le cardinal suisse note avec une pointe de malice que pas peu de ceux qui soutiennent aujourd’hui le pape François et réclament l’obéissance critiquaient vivement naguère Benoît XVI et lui résistaient.
Et qu’à l’inverse ceux qui s’affirmaient fidèles au pape et loyaux envers Jean Paul II et Benoît XVI sont aujourd’hui les premiers à remettre en cause François.
Pour un aveu, c'est un aveu. La nébuleuse d'opposition au Magistère du Pape François est bien plus large, car elle s'étend jusqu'à une certaine contestation du Concile Vatican II.
Les propos de Mgr Négri lèvent quelque peu le voile sur les véritables raisons qui poussent une minorité très active dans les nouveaux médias à déformer les paroles du Vicaire du Christ.
Mgr Négri est l'un des deux évêques italiens qui viennent de signer la "Profession des Vérités immuables sur le mariage sacramentel"* initiée par trois évêques du Kazakhstan.
"Je ne veux pas me perdre dans des relectures hâtives et idéologiques de moments fondamentaux dans la vie de l'Église, comme l'a été le Concile par exemple: une expérience extraordinaire, complexe, articulée et - pourquoi pas - avec des aspects qui ne sont pas toujours clairs".
- Monseigneur Negri, qu'est-ce qui vous a poussé à signer cette lettre?
Compte tenu de la grave confusion qui règne dans l'Église sur le thème du mariage, je crois qu'il est nécessaire de rappeler la clarté de la position traditionnelle.
J'ai pensé qu'il était juste de signer parce que le contenu de cette position est ce que j'ai largement présenté ces dernières années, pas seulement ces derniers mois, dans toutes les mises au point que j'ai consacrées au thème de la famille, de la vie, de la procréation et de la responsabilité éducative envers les plus jeunes. Ce sont des questions d'une importance absolue pour lesquelles le monde catholique dans son ensemble ne témoigne pas beaucoup de sensibilité.
- Il y en a qui disent qu'on a trop parlé de la famille et de la vie...
Penser à une Église sans un souci explicite, systématique et je dirais quotidien de défendre et de promouvoir la famille et sa responsabilité missionnaire et éducative fait penser à une Église gravement et lourdement conditionnée par la mentalité mondaine.
Cette mentalité, qui domine largement nos sociétés, estime que toutes les questions "éthiquement sensibles", pour reprendre une expression devenue d'usage courant, relèvent de la responsabilité des institutions politiques et sociales, et d'abord des États. Tandis qu'avec la Doctrine Sociale de l'Église, je crois que la question de la personne et le développement de son identité et de sa responsabilité dans le monde est une tâche spécifique, première et indispensable de l'Église.
Une bataille est en cours entre la mentalité mondaine - celle que le Pape François appelait dans les premiers mois de son pontificat «la pensée unique dominante» - et la conception chrétienne de la vie et de l'existence. Si l'Église ne vit pas cette confrontation, elle finit en substance par se réduire à une position d'auto-émargination de la vie sociale.
- Dans la lettre, on parle beaucoup de la confusion qui existe dans l'Église, et vous l'avez également mentionnée. Et pourtant, il y en a qui nient qu'il y ait une telle confusion, certains prétendent qu'il n'y a que de la résistance à un chemin de renouveau de l'Église.
La confusion est là. Elle est là, et elle est très grave. Aucune personne sensée ne peut le nier. Je me souviens des paroles affreuses mais terribles du Cardinal Carlo Caffarra, quelque temps avant sa mort, lorsqu'il a dit: «Une Église avec peu d'attention à la doctrine n'est pas une Église plus pastorale, mais c'est une Église plus ignorante». Cette ignorance est source de confusion. Je cite également le Cardinal Caffarra, qui disait que «seul un aveugle peut nier qu'il y a une grande confusion dans l'Église».
Et je peux en témoigner par ce que j'ai vu surtout au cours des derniers mois de mon épiscopat à Ferrare-Comacchio. Chaque jour, j'étais interpelé par de bons chrétiens dans la conscience desquels il y avait une très forte déception, et qui vivaient avec beaucoup de souffrance. Je le dis clairement, une plus grande souffrance que beaucoup d'ecclésiastiques et beaucoup de mes confrères évêques. C'est la souffrance d'un peuple qui ne se sent plus soigné, soutenu dans le besoin fondamental de vérité, de bonté, de beauté et de justice qui constitue le cœur profond de l'homme, que seul le mystère du Christ révèle de manière profonde et extraordinaire.
Je ne veux polémiquer avec personne, mais je ne peux pas ne pas dire qu'il faut travailler pour que la splendeur de la tradition redevienne une expérience pour le peuple chrétien et une proposition que le peuple chrétien fait aux hommes. C'est pour moi une tâche qui me semble fondamentale.
- A propos de confusion, ces jours-ci, on a vu naître une nouvelle polémique avec l'accusation au pape Ratzinger pour des erreurs doctrinales qui n'ont jamais été corrigées et, une fois de plus, le Concile a été impliqué.
Je ne veux pas me perdre dans des relectures hâtives et idéologiques de moments fondamentaux dans la vie de l'Église, comme l'a été le Concile par exemple: une expérience extraordinaire, complexe, articulée et - pourquoi pas - avec des aspects qui ne sont pas toujours clairs.
Ou bien le grand et inoubliable Magistère de saint Jean Paul II, son engagement à re-proposer au monde l'annonce du Christ comme seule possibilité de salut et donc à proposer l'Église comme cadre de cette expérience - comme lui-même le disait - d'une vie renouvelée.
Ce sont là les jalons d'un chemin qui ensuite a trouvé, dans le grand Magistère de Benoît XVI, un point de synthèse, l'appel fort à cette continuité dans la transition entre la réalité pré-conciliaire, la réalité du Concile et la réalité du post-concile: ce fut une formulation d'une importance extraordinaire, dont l'Église vit encore.
Jean-Paul II et Benoît XVI ont élevé le Magistère catholique à des niveaux d'une ampleur extraordinaire. Il est absurde de plier l'interprétation de ces grands personnages de la vie de l'Église à des intérêts de boutiques.
Mais il est aussi absurde d'établir des comparaisons entre les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI et le magistère du Pape François. Dans l'histoire de l'Église, chaque Pape a sa propre fonction. La fonction de François n'est certainement pas de redéfinir l'intégrité et la portée du message chrétien, mais d'en tirer certaines conséquences nécessaires sur le plan éthique et sociale.
- Toujours à propos de confusion, en cette année où a été rappelé le 500e anniversaire de la Réforme protestante, des choses franchement déconcertantes ont été vues et entendues dans l'Église.
La confusion doctrinale et culturelle présente des aspects qui semblent difficiles à croire pour des personnes de bon sens, des personnes qui ont reçu une formation culturelle adéquate. Cette histoire de Luther est une histoire incroyable. Ce Luther, dont on parle tant, n'existe pas. Ce Luther réformateur, ce Luther évangélique, ce Luther dont la présence aurait été une réforme positive et bénéfique pour l'Église n'a aucun fondement historique ni critique.
C'est un tout autre discours si, en cette période de grave attaque contre la tradition religieuse de l'Occident, il devient nécessaire que tous les hommes religieux perçoivent qu'il est temps pour une nouvelle et grande unité opérationnelle. Nous devons travailler ensemble, bien sûr. Mais pour travailler ensemble, nous ne devons pas diluer notre identité, ni penser que l'existence de l'identité est un obstacle au travail.
C'est exactement le contraire: ceux qui s'engagent dans le dialogue religieux, dans le dialogue œcuménique, dans le dialogue avec la vie sociale avec une identité précise, donnent une contribution extrêmement significative. On ne coopère pas, on ne dialogue pas à partir de la confusion. On dialogue à partir de l'identité, et l'identité catholique, si elle est vécue à fond, apporte une contribution unique et irréductible à la vie sociale.
- Il y en a qui mettent en garde contre la tentation de l'hégémonie.
Je ne pense absolument pas à une hégémonie sur la vie sociale, comme beaucoup de catholiques irresponsables le considèrent. Ce n'est pas pour une volonté d'hégémonie, mais pour une volonté de mission. Une mission explicite, claire, significative, passionnée et donc polémique envers le monde. J'ai appris cela de Don Giussani en 50 ans de vie avec lui et c'est sur ce point, à mon avis, que se sont joués de manière positive les grands magistère de Jean-Paul et de Benoît, en accord avec le grand magistère de l'Église des XIXe et XXe siècles.
Les cas sont tous prescrits. Ils ont eu lieu entre les années 1950 pour les plus anciens et 1992 pour le plus récent.
Note: la prescription civile n'est pas identique à la prescription ecclésiale. Pour l'Eglise catholique, elle est de 20 ans, dès les 18 ans de la victime. Elle peut être également levée.
Jean-Marie Lovey, évêque du Diocèse de Sion, ici face aux représentants de la presse en 2015. [Sedrik Nemeth - Keystone]
Parmi la dizaine de prêtres pédophiles reconnus par le diocèse de Sion, trois sont toujours en vie. C'est le bilan établi un an après l'appel lancé par la Conférence des évêques suisses (CES), a annoncé mercredi Rhône FM.
Les cas sont tous prescrits. Ils ont eu lieu entre les années 1950 pour les plus anciens et 1992 pour le plus récent. Les faits ont été commis par une dizaine de prêtres, identifiés grâce aux témoignages d'une dizaine de victimes qui se sont annoncées auprès du diocèse de Sion, indique la radio valaisanne.
Selon Gérard Falcioni, qui fait partie de ces victimes, ces chiffres sont bien loin de la réalité. Il a affirmé à Rhône FM avoir rencontré une cinquantaine de victimes. Les anciens évêques de Sion étaient au courant de certains agissements mais ne sont pas intervenus, estime-t-il.
Jean-Marie Lovey, l'évêque actuel du diocèse de Sion, se dit lui convaincu que ses prédécesseurs ne lui ont rien caché. Dans les archives secrètes du diocèse, il n'y a aucun cas de prêtres pédophiles, a-t-il assuré tout en demandant pardon et en réitérant son appel aux victimes.
ats/ther
Publié à 16:41 - modifié à 17:15
Plus de 200 cas dénoncés en Suisse
En Suisse, 218 cas d'abus ont été annoncés entre 2010 et 2016, indique la dernière statistique des dénonciations de la CES, présentée début décembre 2016 à Valère.
Lors du déroulement des faits, la plupart des victimes étaient des enfants (fille ou garçon) jusqu'à 12 ans ou des garçons entre 12 et 16 ans.
La statistique des cas annoncés est établie chaque année depuis 2010 par une commission d'experts mise en place par la CES.
Amoris Laetitia: Mgr Schneider ne comprend toujours pas le Pape
Amoris Laetitia: Mgr Schneider ne comprend toujours pas le Pape
La juste interprétation du document magistériel du Pape François Amoris Laetitia continue d'agiter les esprits présents sur la toile.
Rappelons qu'AL n'a pas changé l'enseignement de l'Eglise. Pour communier, l'état de grâce est toujours requis (la conscience ne doit pas discerner de péchés graves ou mortels).
La conscience est formée par l'enseignement de l'Eglise. Il se peut que la conscience soit erroné d'une manière non-coupable, un classique dans la pratique du confessionnal.
Avec toute l'Eglise, le Pape François est un Pasteur qui désire intégrer les personnes, pour cheminer, discerner et trouver un chemin praticable pour avancer pas à pas vers la Vérité tout entière.
Malheureusement, Mgr Schneider, un évêque auxiliaire, ne comprend toujours pas la loi de la gradualité, la formation de la conscience et le discernement. Il entre malheureusement dans la nébuleuse numérique d'opposition au Pape François.
Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel (L'Homme Nouveau)
Rédigé par la rédaction L'Homme Nouveau le dans Religion
À la demande de Mgr Athanasius Schneider, Évêque Auxiliaire de l´archidiocèse de Saint Marie en Astana, nous publions cette profession de foi relative aux vérités touchant le mariage sacramentel. Elle est signée de trois évêques du Kazakhstan et rappelle la doctrine catholique traditionnelle concernant le mariage.
Cette profession de foi s’inscrit dans les débats soulevés par certains passages de l’exhortation apostoliqueAmoris Laetitia du pape François. Sa publication a lieu alors que la lettre du Saint-Père, félicitant les évêques de la région de Buenos Aires pour leur interprétation (large) d’Amoris Laetitia, a été rendue officielle par sa publication dans les Acta Apostolicae Sedes (AAS).
Après la publication de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (2016), divers évêques ont émané, au niveau local, régional et national, des normes d’application sur la discipline sacramentelle des fidèles, dits « divorcés-remariés » qui, bien que le conjoint auquel ils sont unis par un lien valide du mariage sacramentel vive encore, ont toutefois entamé une cohabitation stable à la manière des époux avec une personne autre que leur conjoint légitime.
Une conversation du journal avec l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
N.B. Les trois prêtres collaborateurs avaient rencontré le Pape lors d'un colloque. Afin de garder le bon esprit à l'intérieur même de la Congrégation, ils avaient reçu quelques recommandations de François.
DIE ZEIT : Eminence, puis-je vous demander comment vous avez passé la nuit de Noël ?
Gerhard Ludwig cardinal Müller: La nuit de Noël, j’étais évidemment à Saint-Pierre. A part cela, nous avons lu, dans la communauté où je vis, l’Evangile de la Naissance du Christ, nous avons prié et chanté des chants de Noël selon la bonne tradition allemande.
ZEIT : Avez-vous aussi prononcé vous-même une homélie pendant la période de Noël ?
Müller : Depuis des années, le lendemain de Noël, je suis invité à la messe au Campo Santo Teutonico, avec une assemblée allemande. Le thème de l’homélie de ce jour est le martyre de saint Etienne, le premier martyr de l’histoire de l’Eglise. Noël, ce n’est pas seulement du romantisme et une ambiance particulière ; Noël indique aussi la croix du Christ qui s’approche, alors même qu’il est cet enfant nouveau-né couché dans la crèche.
ZEIT : Peu avant Noël, le pape a de nouveau sonné les cloches à la curie. S’il a fait l’éloge de ses collaborateurs fidèles et expliqué le sens spirituel profond de sa réforme de la curie, il a aussi fustigé ceux qui s’y opposaient. Il s’en est pris, entre autres, aux ecclésiastiques haut placés « qui se présentent comme des martyrs, lorsqu’ils ont été délicatement écartés du système ». – On a aussitôt fait le rapport avec vous. Vous êtes-vous senti visé ?
Müller : Certainement pas. Parce que je ne me suis pas présenté comme un martyr et que je n’ai pas été « délicatement » éloigné du « système » – lequel et de qui ? Un chrétien devient martyr par l’assistance de l’Esprit-Saint et pas en se présentant lui-même comme tel. Par mon baptême et ma confirmation, j’appartiens à l’Eglise de Jésus-Christ et pas à un quelconque système fait par des hommes.
ZEIT : Après que le pape vous a fait savoir en juillet que votre mandat ne serait pas prolongé, vous auriez, dit-on, critiqué sa manière d’agir. Est-ce juste et, si oui, qu’est-ce qui vous a dérangé ?
Müller : Il ne s’agissait pas de moi. J’ai voulu protéger trois des meilleurs collaborateurs de ma congrégation, qui ont été licenciés stante pede sans motif déclaré. Si on considère cela comme inacceptable ou imprudent, tant pis ! Je suis prêtre et pas courtisan. Basta !
ZEIT : Dans son discours de Noël à la curie, François a mis en garde contre les intrigues et a parlé d’« une logique du complot ». Etait-ce justifié ?
Müller : J’ignore, s’il était question de faits réels ou d’abstractions. En tout cas, intrigues et complots sont incompatibles avec l’honneur professionnel d’un ecclésiastique.
ZEIT : Plusieurs collaborateurs de la curie trouvent peu charitable que le pape les malmène avant la fête de Noël. Qu’avez-vous pensé du discours ?
Müller : Qui suis-je pour tout commenter ? En aucun cas, je n’aimerais que la presse allemande fasse de moi le portrait d’un adversaire du pape. J’étais présent et je n’ai pas oublié le souhait du pape demandant que l’on prie pour lui.
ZEIT : Avez-vous été surpris lorsque le pape François, durant l’été 2017, au terme de votre mandat de cinq ans, ne l’ait pas prolongé ?
Müller : Oui, vu l’absence d’indication de raisons tant objectives que subjectives.
ZEIT : Votre congrégation a été souvent âprement critiquée. N’y a-t-il pas aussi quelque chose que vous êtes soulagé d’avoir laissé derrière vous en même temps que votre charge de préfet ?
Müller : Dans une telle charge, le ressenti personnel ne compte pas ; ce qui importe c’est de remplir les devoirs liés à la charge. Que ce soit agréable ou pas, j’ai dirigé la Congrégation dans un esprit de service envers le magistère du pape.
ZEIT : Vous êtes originaire de Mayence et vous avez été longtemps évêque de Ratisbonne. Êtes-vous à présent de nouveau plus en Allemagne qu’à Rome ?
Müller : En tant que cardinal, à Rome, j’ai toujours une responsabilité un niveau de l’Eglise universelle. Je fais partie du Sacré-Collège, le sénat du pape et suis un membre actif de plusieurs congrégations de la curie. En plus, je reçois, du monde entier, trop d’invitations à contribuer à des publications scientifiques, des conférences et des colloques pour que je puisse les honorer toutes. Cela n’empêche : l’Allemagne reste ma patrie, où j’ai le plus de liens de famille et d’amitié. C’est tout à fait naturel. Mais je n’y remplis pas de mission spécifique dans l’Eglise.
ZEIT : Votre devise épiscopale est : Dominus Jesus – qui renvoie à un passage de la Lettre aux Romains et à un texte du pape Benoît. Qu’est-ce que cela signifie : Jésus est le Seigneur ?
Müller : Cette expression constitue la plus ancienne profession de foi chrétienne dans l’église primitive de Jérusalem. Jésus est reconnu comme « le Seigneur ». Dans l’Ancien Testament, Dieu se révèle comme « le Seigneur ». Il libère son peuple de l’esclavage de l’Egypte ; il conclut avec lui l’alliance du salut. La puissance de Dieu se manifeste dans le salut et la libération de son peuple élu. Appliquer à Jésus ce titre réservé à Dieu seul montre la spécificité de la foi chrétienne : en Jésus, le Messie, le royaume et la seigneurie de Dieu sont présents. Il libère l’homme des entraves de la maladie, de l’isolement, de la marginalisation. Il nous sauve du désespoir d’une vie sans espérance. Il nous apporte, comme on le lit dans la Lettre aux Romains, « la liberté et la gloire des enfants de Dieu ».
ZEIT : Vous étiez le gardien de la doctrine de la foi en un temps de rapides transformations sociales. La doctrine peut-elle se transformer ?
Müller : Toute la question est de savoir ce qu’on entend par « transformations ». Il y a une croissance de la foi et un approfondissement dans la manière dont on comprend la doctrine – parce que, au cours de l’histoire de l’Eglise, elle rencontre différentes cultures et philosophies. Ce que l’on ne peut pas entendre par « transformation », c’est une dilution de la confession de foi ou un rabais de l’éthique chrétienne. Le christianisme consiste à marcher à la suite du Seigneur crucifié et ressuscité. Il ne peut pas être réduit aux commodités d’une religion civile.
ZEIT: Le pape François utilise volontiers l’expression « Ecclesia semper reformanda », que les protestants revendiquent pour eux-mêmes. Rome deviendrait-elle aujourd’hui évangélique ?
Müller: En effet, l’expression vient du protestantisme et signifie la correction de la doctrine et des pratiques cultuelles que les réformateurs jugent en contradiction avec la parole de Dieu dans la Bible. Mais dans la conception catholique, au contraire, l’Esprit-Saint préserve l’Eglise de toute contradiction de sa doctrine avec la parole de Dieu. Cependant, nous, comme chrétiens, nous devons toujours, à titre individuel, nous laisser corriger dans notre vie spirituelle et morale. Nous devons toujours nous remettre sur le chemin de la conversion et du renouveau. L’Eglise, comme groupe humain, peut naturellement aussi faillir à sa tâche : devant les défis de le vie spirituelle et culturelle, les bouleversements sociaux, des développements politiques dangereux. Ici, un retour critique sur soi-même est nécessaire. Malheureusement, nous, les hommes, nous apprenons seulement de l’histoire profane et de l’histoire de l’Eglise à condamner l’échec de nos pères, pas à éviter nos propres erreurs.
ZEIT: Vous-même, sous le nouveau pontificat, avez souvent été attaqué en tant qu’antipode conservateur de François. Voyez-vous les choses ainsi ?
Müller : Par principe, je ne suis pas un antipode du pape. Et je ne proviens absolument pas d’un courant idéologique, qu’on l’appelle conservateur ou progressiste, de droite ou de gauche. Cette division de l’humanité en deux camps, que ce soit en fonction de visions du monde, de religions ou de partis politiques, n’est rien d’autre qu’une offense à la raison. Nous avons l’intelligence pour distinguer, argumenter, échanger. Ce n’est qu’ainsi que nous arrivons finalement à un jugement droit. Le plus grand savant dans sa propre discipline peut aujourd’hui, malgré toute sa science, être facilement disqualifié, si l’un ou l’autre dilettante l’accule à droite ou à gauche. L’absurdité de ce classement en tiroirs se révèle aussi quand on fait du stalinisme un marxisme orthodoxe, alors que l’Eglise orthodoxe en était la victime. Le pape François n’est ni libéral ni conservateur et il n’a pas besoin d’adversaire, ni conservateur ni progressiste.
ZEIT : Etes-vous un proche des cardinaux qui ont envoyé au pape une lettre ouverte avec leurs « dubia », leurs doutes, concernant son document Amoris Laetitia ?
Müller : Ce sont là des spéculations superflues. La seule vraie question ici est de savoir comment il est possible que le magistère de l’Eglise garde une fidélité sans réserve à la parole de Dieu, sans interprétations et détours sophistiques, et que soient en même temps réintégrés pleinement à la vie de l’Eglise les catholiques en situations familiales difficiles et qui connaissent souvent aussi des destins tragiques dans leur vie conjugale. Ici, il n’y a pas d’alternative « soit…soit » mais seulement un « en même temps ».
ZEIT : Que dites-vous à ceux qui insultent le pape François en le traitant d’hérétique ?
Müller : L’hérétique est un catholique qui, avec obstination, nie une des vérités de foi contenue dans la révélation et imposée par l’autorité de l’Eglise. Ce point devrait être strictement vérifié. En ce qui concerne les critiques du pape : on n’attend d’aucun catholique qu’il approuve toutes les déclarations, les mesures et le style des responsables de l’Eglise. A l’inverse, pour ceux qui critiquent ceux qui critiquent : celui qui vénère un haut dignitaire de l’Eglise comme une popstar n’a rien compris à la véritable nature de l’autorité dans l’Eglise. Toute espèce de culte de la personnalité ne pourrait être qu’une méchante caricature de la sympathie naturelle que tout catholique doit avoir pour le pape. Et d’ailleurs aussi pour son évêque et pour le curé de sa paroisse.
ZEIT : On peut aussi détourner cette sympathie, de façon très grave, par la violence et l’abus. Quand les cas d’abus dans l’Eglise catholique ont été rendus publics, les victimes vous ont reproché d’avoir favorisé l’étouffement de ces scandales. Rétrospectivement, qu’auriez-vous envisagé de faire autrement ?
Müller : Votre question est non pertinente, parce que le reproche sur lequel elle repose est dénué de fondement. On a manié le mot « étouffement » de façon très imprudente et parfois même démagogique, pour diffamer des personnes impopulaires. En réalité, l’étouffement d’un délit aussi grave que l’abus sexuel commis sur des enfants ou des jeunes revient à soustraire un criminel à la justice. Cela vaut aussi bien pour la procédure d’un tribunal civil que – de manière complémentaire et pas comme substitut d’une procédure pénale ! – pour la sanction canonique contre un clerc qui est accusé. Pour ce qui relève de ma responsabilité, à Ratisbonne comme à Rome, toutes les accusations contre des membres du clergé ont été soumises à la justice civile, pour autant qu’elles n’étaient pas prescrites. Et elles ont toujours été traitées, abstraction faite de la prescription, selon les normes du droit canonique en vigueur
ZEIT : L’image de « hard-liner » (tenant de la ligne dure, n.d.t.) et d’adversaire des réformes que vous avez en Allemagne vous dérange-t-elle ?
Müller : Par réforme j’entends le renouvellement religieux et spirituel de l’Eglise dans le Christ et non pas la réalisation d’un programme, à force d’agitation plutôt que d’arguments.
ZEIT : Votre carrière académique a commencé par une dissertation sur un héros protestant, Dietrich Bonhoeffer. Qu’avez-vous appris de lui ?
Müller : Je cite ce que Bonhoeffer lui-même disait en 1943 du national-socialisme, à savoir que : « Tout grand déploiement extérieur de puissance, qu’il soit de nature politique ou religieuse, frappe de stupidité une grande partie de l’humanité ». Ce qui compte, ce n’est pas d’emboîter le pas à la majorité, mais d’être à l’unisson de la vérité. C’est là l’attitude du chrétien.
ZEIT : A l’intérieur de l’Eglise universelle, vous passez pour un progressiste, d’autant plus que vous avez étudié de près la théologie de Luther. Avez-vous déjà été attaqué comme trop progressiste ?
Müller : Je ne me suis pas occupé de la théologie de Luther pour me faire décerner, au moins une fois dans ma vie, le titre flatteur de progressiste – mais parce que cela fait partie du programme standard de la dogmatique et de la théologie œcuménique. Aujourd’hui, on identifie volontiers le protestantisme avec la modernité, quoi que ce mot puisse recouvrir, et le catholicisme avec le moyen âge, quoi que ce mot puisse recouvrir. Cela a peu de rapport avec la réalité des confessions. Je tiens cela plutôt pour une projection. L’œcuménisme aujourd’hui ne peut en tout cas pas être une course pour arriver le premier à la modernité. Nous ne devons pas chercher à nous dépasser les uns les autres, mais nous retrouver dans le Christ et dans sa vérité, afin que devienne possible la pleine communion ecclésiale.
ZEIT : Après la « Christusfest » célébrée en commun par les catholiques et les protestants allemands en 2017, êtes-vous satisfait de la situation actuelle de l’œcuménisme ? A-t-on atteint tout ce qui pouvait l’être ?
Müller : C’est une question trop vaste, à laquelle on peut difficilement répondre par oui ou par non. Je suis en tout cas heureux que, pour la première fois depuis 1517, ait eu lieu une fête jubilaire de l’affichage des thèses qui était une commune confession de Jésus Christ, le fils de Dieu et l’unique médiateur du salut. Tel est le point central qui nous liait et nous obligeait tous.
ZEIT : Depuis le début, vous vous êtes toujours résolument prononcé contre les tendances de droite radicale de la Fraternité-Pie-X. Pourquoi était-ce important pour vous ? Est-il vrai que le pape régnant soit plus tolérant sur ce point ?
Müller : Pour moi, il ne s’agissait pas d’abord de positions politiques peut-être douteuses, mais de la négation de l’holocauste par un représentant de cette communauté, un acte moralement monstrueux. Grâce à Dieu, il a été exclu depuis lors. Au-delà de cette question, voici qui me semble important : l’Eglise catholique, dans ses relations avec le judaïsme, ne peut revenir en-deçà de la position nouvelle décidée au concile Vatican II. Au contraire ! Nous devons continuer à développer tout le positif qui fut inauguré alors. Et cela en dépit d’un long et douloureux passé d’antisémitisme. Le pape partage cette vision.
ZEIT : L’Eglise devrait-elle faire encore plus contre les populistes de droite, en Pologne par exemple ?
Müller : Nous les Allemands, moins que tout autre, ne devrions nous ériger en professeurs de démocratie à l’égard de nos voisins polonais. Cela ne peut que nuire à la confiance réciproque des pays en Europe. Car, pour les Polonais, l’enjeu est aujourd’hui de maintenir l’identité d’une grande nation de culture à l’intérieur de la Communauté européenne. Considérez que, pendant 123 ans, des états européens se sont partagé la Pologne et qu’ils ont voulu anéantir culturellement et physiquement ce pays. Ce que des Allemands ont fait aux Polonais pendant l’occupation, de 1939 à 1945, doit nous remplir de honte. Au lieu d’envisager des mesures de rétorsion politique envers la Pologne, on ferait mieux de rechercher le dialogue. Et les Polonais nous apprendront aussi comment accepter le sacrifice pour la liberté et la démocratie.
ZEIT : Les chrétiens d’Orient se plaignent que l’Europe, et les chrétiens d’Europe, ne s’intéressent pas à la persécution qu’ils subissent. Faisons-nous assez pour ceux qui sont persécutés ?
Müller : Non ! Une fois de plus, nous manquons scandaleusement à notre devoir !
ZEIT : Vous avez dit un jour que la supposée tolérance des « tenants du pluralisme religieux et ecclésial » est en réalité une intolérance envers Dieu et l’expression d’une « arrogance de la créature ». Qu’est-ce qui vous dérange dans le pluralisme ?
Müller : Vous avez fondu ici deux déclarations en une seule. J’ai dit que ceux qui exigent des autres la tolérance, de manière souvent vigoureuse et catégorique, ne sont pas aussi pointilleux quand il s’agit de la liberté d’expression des autres. Quel est le chrétien qui se moque de gens d’autres croyances ou même des athées dans des cabarets, des émissions de télévision satiriques et au théâtre ? C’est bien la foi des chrétiens que l’on ridiculise au nom la liberté d’expression. Livrer quelqu’un à la risée publique, c’est blesser sa dignité d’être humain. Personne aujourd’hui ne peut plus se permettre de dénigrer collectivement tout un groupe pour la méconduite de quelques individus – sauf quand il s’agit « des » prêtres catholiques.
ZEIT : Voilà pour la tolérance. Un mot à présent sur « l’arrogance de la créature », si vous voulez bien ?
Müller : Par cette expression, je vise la théorie philosophique selon laquelle l’homme serait incapable de connaître la vérité – raison pour laquelle il ne pourrait y avoir de témoignage légitime de la vérité de la révélation de Dieu. La foi, dans cette hypothèse, ne peut être qu’imposture ou illusion. Toute prétention à la vérité d’une religion révélée serait à priori une idéologie de domination, et une blessure infligée à la liberté de tous ceux qui ne croient pas. Je m’inscris en faux contre cela ! Les sceptiques métaphysiques ne peuvent prétendre à la vérité de leurs prémisses sans se mettre en contradiction avec eux-mêmes. Leur scepticisme ne leur donne pas le droit d’accuser les croyants de fondamentalisme et de leur attribuer, en bloc, une propension latente à la violence.
ZEIT : Puisque nous parlons de violence … Nous faisons actuellement l’expérience que, dans les pays plutôt marqués par le laïcisme, règne la liberté religieuse et qu’en revanche, les pays où l’empreinte de la foi est forte connaissent des troubles, notamment dans le monde musulman. L’Eglise doit-elle en tirer la conclusion : mieux vaut un peu moins de piété, mais la paix ?
Müller : Les chrétiens ont eu, dans l’ancien empire romain, de mauvaises expériences avec le pluralisme religieux pacifique. Et que la liberté religieuse soit mieux garantie dans les pays fortement laïcisés me semble relever du « on-dit ». Il y a trop d’exemples du contraire. Il suffit de penser à la révolution française et aux batailles culturelles anticléricales du XIXe siècle, en Prusse et en Italie. Ou encore aux dictatures athées en Allemagne, en Union Soviétique, en Albanie, en Corée du Nord. Ce n’est pas l’attitude laïciste des puissants, mais la reconnaissance générale des droits fondamentaux dans une démocratie libre qui garantit la liberté religieuse.
ZEIT : Et qu’en est-il de la reprise en force des militants islamistes ?
Müller : Le terrorisme sanglant au nom de Dieu foule aux pieds la dignité humaine. Celle-ci, d’après la conviction chrétienne, est fondée sur le dessein inconditionnel du Créateur à l’égard de chaque être humain. C’est précisément parce que je suis, comme chrétien, convaincu de la vérité de la foi en Jésus-Christ, que je défends la dignité humaine, l’état de droit démocratique qui n’impose à personne ce qu’il doit croire et penser. Si, dans une démocratie, les laïcistes revendiquent l’espace public et veulent cantonner les chrétiens dans une sous-culture privée, cela n’est pas la neutralité de l’état mais le début de sa destruction.
ZEIT : La Place-Saint-Pierre est, depuis quelque temps, protégée contre le terrorisme. Que dites-vous aux fondamentalistes religieux ?
Müller : Qu’ils ne sont pas religieux. Car la religion est un culte rendu à Dieu et, par-là, respect de l’homme, de sa liberté et de sa vie. C’est pourquoi le cinquième commandement dit : « Tu ne tueras pas ! » En langage chrétien, rendre un culte à Dieu signifie : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même ».
ZEIT : A la fin de l’année, vous fêterez vos 70 ans. Le pape Benoît vous a félicité. Le voyez-vous encore souvent ?
Müller : Régulièrement, et aussi souvent que sa santé le permet. J’édite ses œuvres complètes en 16 volumes chez Herder. Il y a donc beaucoup à discuter ensemble.
ZEIT : Vous était-il plus facile d’être préfet sous le pontificat de Benoît ou sous celui de François ?
Müller : Le premier m’a appelé à cette charge, et le second a mis un terme à mon mandat.
ZEIT : Depuis bientôt six mois, vous n’êtes plus préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Quel point positif voyez-vous au fait de ne plus occuper une telle position de pouvoir ?
Müller : Le concept de pouvoir est ambivalent. Dans la position d’autorité ecclésiale ou profane, le pouvoir est la possibilité de soutenir les autres et de bien conduire une communauté. Mais nous savons aussi que les puissants abusent de leur pouvoir sur les hommes. Jésus à dit à ses disciples : « Parmi vous il ne doit pas en être ainsi » (Matthieu 20, 26). Remplir sa tâche et son devoir à l’égard de l’Eglise est autre chose que suivre la logique du pouvoir dans le mauvais sens du terme.
ZEIT : Quel est l’aspect de votre mandat de préfet qui vous manque le plus ?
Müller : C’était un mandat temporaire. J’ai travaillé pour l’Eglise en tant que prêtre et évêque et continuerai à la faire. Je suis reconnaissant aux membres de la Congrégation, cardinaux et évêques, collaborateurs, théologiens, canonistes et aussi aux personnes de bonne volonté parmi le personnel non scientifique. Ensemble, nous avons fait un excellent travail.
ZEIT : Vous avez d’étroits liens d’amitié avec le fondateur de la théologie de la libération [G. Gutierrez, n.d.t.]. N’était-ce pas là, pour vous, un pont vers François, le pape des pauvres ?
Müller : Mes contacts avec l’Amérique Latine ont commencé en 1988. Ainsi ne peut-on pas me soupçonner d’opportunisme quand je trouve très important le fait que le pape François place les pauvres au centre de la société universelle.
ZEIT : Quelle est la tâche la plus difficile que l’Eglise d’aujourd’hui aura à affronter ?
Müller : La mission de l’Eglise est la même à toute époque : gagner les hommes au Christ. Nous sommes convaincus que Dieu nous donne l’orientation décisive – dans la question du sens de la vie, dans la détresse de la mort mais aussi quand nous donnons forme, dans notre société, aux principes de liberté et de justice.
ZEIT : Qu’est ce qui peut, pour nous tous, chrétiens ou non, être signe d’espérance en 2018 ?
Müller : Le nouveau-né dans sa crèche de Bethléem avec la paix qui vient de lui.
Préface du Pape émérite Benoît XVI pour les 70 ans du Cardinal Müller
Préface du Pape émérite Benoît XVI pour les 70 ans du Cardinal Müller
«Le Dieu Trinitaire – La foi chrétienne à l'époque séculière»
Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie – celle du Préfet et du Secrétaire – ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie.
Benoît XVI
- en ne prolongeant pas le mandat du Cardinal Müller, le Pape François n'a pas réglé ses comptes avec le Cardinal Müller.
- le non-renouvellement d'une charge romaine était déjà prévu par le bienheureux Paul VI.
- le conflit avec Marie Collins, victime de la pédophilie, pourrait éventuellement être à l'origine de la décision du Pape François.
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Le Pape émérite Benoît XVI a écrit préfet émérite de la CDF dans la préface d'un livre publié en Allemagne pour célébrer son 70ème anniversaire.
Dans la préface, Benoît XVI dresse les louanges du cardinal Müller et souligne la consonance théologique qui l'unit à lui :
"Eminence, cher confrère,
Ton 70e anniversaire approche, et bien que je ne sois plus en mesure d'écrire une véritable contribution scientifique pour le recueil d'analyses qui te sera consacrée pour cette occasion, je voudrais y participer malgré tout avec un mot de salutation et de remerciement.
Vingt-deux ans se sont écoulés depuis que tu m'as offert ton Katholische Dogmatik für Studium und Praxis der Theologie en mars 1995. Ce fut pour moi à ce moment-là un signe encourageant que même dans la génération théologique post-conciliaire, il y avait des penseurs avec le courage d'oborder la totalité, c'est-à-dire de présenter la foi de l'Église dans son unité et son intégralité.
En effet, tout comme l'exploration des détails est importante, il n'est pas moins important que la foi de l'Église apparaisse dans son unité interne et dans son intégrité, et qu'en fin de compte la simplicité de la foi émerge de toutes les réflexions théologiques complexes.
Parce que le sentiment que l'Eglise nous charge d'un fardeau de choses incompréhensibles, qui finalement ne peuvent intéresser que les spécialistes, est le principal obstacle à la proclamation du oui au Dieu qui nous parle en Jésus-Christ. À mon avis, on ne devient pas un grand théologien parce qu'on est capable de traiter des détails minutieux et difficiles, mais parce qu'on est en mesure de présenter l'unité ultime et la simplicité de la foi.
Mais ton Dogmatik en un volume m'a également intéressé pour une raison autobiographique. Karl Rahner avait présenté dans le premier volume de ses écrits un projet pour une nouvelle construction de la dogmatique, qu'il avait élaboré avec Hans Urs Von Balthasar. Ce fait éveilla évidemment en nous tous une soif incroyable de voir ce schéma rempli de contenu et mené à son terme. Le désir d'une dogmatique signée Rahner-Balthasar, qui nacquit à cette occasion, se heurta à un problème éditorial. Dans les années 1950, Erich Wewel avait convaincu le père Bernard Häring d'écrire un manuel de théologie morale qui, après sa publication, devint un grand succès.
Alors, l'éditeur eut une idée: que dans la dogmatique aussi, quelque chose de semblable devait être fait et qu'il était nécessaire que ce travail soit écrit en un seul volume, d'une seule main. Il s'est évidemment adressé à Karl Rahner, lui demandant d'écrire ce livre. Mais Rahner s'était entre-temps empêtré dans une telle masse d'engagements qu'on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il accomplît une si grande entreprise. Curieusement, il conseilla à l'éditeur de s'adresser à moi qui, au début de mon chemin, enseignai la théologie dogmatique et fondamentale à Freising.
Cependant, bien que j'en fusse à mes débuts, j'étais moi aussi impliqué dans de nombreux engagements et je ne me sentais pas capable d'écrire un travail aussi imposant en un temps acceptable.
Alors je demandai de pouvoir impliquer un collaborateur – mon ami le père Alois Grillmeier. Dans la mesure du possible, j'ai travaillé sur le projet et j'ai rencontré le Père Grillmeier à plusieurs reprises pour une consultation approfondie. Cependant, le Concile Vatican II requit tous mes efforts, en plus de me demander de réfléchir d'une manière nouvelle à toute l'exposition traditionnelle de la doctrine de la foi de l'Église. Lorsque je fus nommé archevêque de Münich-Freising en 1977, il était clair que je ne pouvais plus penser à une telle entreprise.
Quand en 1995 ton livre m'est arrivé entre mes mains, je vis de façon inattendue qu'un théologien de la génération suivant la mienne avait réalisé ce qui avait été souhaité plus tôt, mais qu'il n'avait pas été possible d'accomplir.
J'ai pu ensuite te connaître personnellement, quand la Conférence épiscopale allemande te proposa comme membre de la Commission théologique internationale. Tu t'y distinguas avant tout pour la richesse de ton savoir et pour ta fidélité à la foi de l'Église qui jaillissait de toi. Lorsque le Cardinal Levada quitta son poste de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour des raisons d'âge en 2012, tu apparus, après diverses réflexions, comme l'évêque le plus apte à recevoir cette charge.
Quand j'acceptai cet office en 1981, l'archevêque Hamer – alors secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – m'expliqua que le Préfet ne devait pas nécessairement être un théologien, mais un sage qui, en abordant les questions théologiques, ne fît pas d'évaluations spécifiques, mais reconnût ce qu'il fallait faire à ce moment pour l'Église. La compétence théologique devait plutôt se trouver chez le secrétaire qui dirige les Consulta, c'est-à-dire les réunions d'experts, qui ensemble donnent un jugement scientifique précis.
Mais comme en politique, la dernière décision n'appartient pas aux théologiens, mais aux sages, qui connaissent les aspects scientifiques et, en plus de ceux-ci, savent considérer l'ensemble de la vie d'une grande communauté. Durant les années de mon office, j'ai cherché à répondre à ce critère. Dans quelle mesure j'y ai réussi, d'autres peuvent en juger.
Dans les temps confus que nous vivons, l'ensemble de compétence théologique et scientifique, et de sagesse, de celui qui doit prendre la décision finale me semble très important. Je pense, par exemple, que dans la réforme liturgique, les choses se seraient terminées différemment si la parole des experts n'avait pas été la dernière instance, mais si, en plus, une sagesse capable de reconnaître les limites de l'approche d'un "simple" spécialiste avait jugé.
Au cours de tes années romaines, tu t'es toujours employé à ne pas agir seulement comme spécialiste, mais aussi comme sage, comme père dans l'Église. Tu as défendu les traditions claires de la foi, mais selon la ligne du Pape François, tu as cherché à comprendre comment elles peuvent être vécues aujourd'hui.
Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie – celle du Préfet et du Secrétaire – ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie. Entre-temps, ton contrat quinquennal dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a pris fin. De cette façon, tu n'as plus de charge spécifique, mais un prêtre et surtout un évêque et un cardinal ne part jamais en retraite.
C'est pour cette raison que tu peux, et que tu pourras aussi à l'avenir servir publiquement la foi, à partir de l'essence intime de ta mission sacerdotale et de ton charisme théologique. Nous sommes tous heureux qu'avec ta grande et profonde responsabilité et le don de la parole qui t'est fait, tu seras aussi présent dans le futur, dans la lutte de notre temps pour une juste compréhension de la condition d'homme et de chrétien. Que le Seigneur te soutienne.
Enfin, je tiens également à exprimer un remerciement tout personnel. En tant qu'évêque de Ratisbonne, tu as fondé l'Institut Papst Benedikt XVI, qui – dirigé par l'un de tes élèves – accomplit un travail vraiment louable pour maintenir publiquement présent mon travail théologique dans toutes ses dimensions. Que le Seigneur te récompense de tes efforts.
L’opinion publique suisse, en s'appuyant sur des valeurs chrétiennes, était pour l'accueil des Juifs
L’opinion publique suisse, en s'appuyant sur des valeurs chrétiennes, était pour l'accueil des Juifs
La thèse de l’historienne Ruth Fivaz-Silbermann sur l’accueil des réfugiés juifs durant la 2eGM constate 8x moins de refoulements aux frontières suisses que le rapport Bergier. Mais comment expliquer un tel décalage ? Son itv ici! https://t.co/c7Kv4DOuYA
Bonne année 2018 à tous ! Et bon vent ! selon la Providence de Dieu !
Bonne année 2018 à tous ! Et bon vent ! selon la Providence de Dieu !
C'est Dieu qui est la source de toute bénédiction, qu'il vous entoure de sa grâce et vous garde tout au long de cette année 2018.
Qu'il nourrisse en vous la foi implantée par le Christ, qu'il entretienne en vous l'espérance du Christ, qu'il vous ouvre à la patience et à la charité du Christ.
Que l'Esprit de paix vous accompagne partout, qu'il obtienne ce que vous demanderez et vous achemine vers le bonheur sans fin.
(source: Missel romain, bénédiction solennelle, Fête de Sainte Marie, Mère de Dieu)
"Sedevacantistes" de Francesco Antonio Grana: l'élection du Pape François est invalide (Antonio Socci)
"Sedevacantistes" de Francesco Antonio Grana: l'élection du Pape François est invalide (Antonio Socci)
Que cela soit dans les commentaires laissés au-bas des notes de ce blog, sur Facebook et dans une moindre mesure sur Twitter, je me trouve parfois embêté, contredit et même verbalement agressé par une minorité assez jeune et très active sur les réseaux sociaux.
Mon adhésion au magistère papal me crée parfois des ennuis, des ennemis parfois assez agressifs et féroces.
J'ai longuement réfléchi aux origines et aux causes de cette sourde et lourde opposition au Pape François.
Une lecture me fut très profitable.
Francesco Antonio Grana est vaticaniste "Il Fattto Quotidiano".
Le livre de Francesco Antonio Grana « Sedevantisti » est très éclairant. Autour de la théorie de complot contre Bergoglio initiée par Antonio Socci, lancée dans son livre devenue un best-seller, des idées farfelues se sont ajoutées pour développer, sur internet et les réseaux sociaux, ce que l'on peut appeler la nébuleuse « sedevantistes ».
Chapitre I: le noyau dur de la comète
Sedevacantistes: l’élection du Pape François est invalide
Un article d’Elisabetta Piqué, paru en Argentine dans La Nacion, révèle quelques indiscrétions sur l’élection de Bergoglio. Un simple fait est déformé et amplifié par les détracteurs de François. Il finit comme une certitude: Benoît XVI est toujours le Pape régnant.
Dans la chapelle Sixtine, lors de la quatrième votation, la première de l’après-midi du 13 mars 2013, Bergoglio archevêque de Buenos Aires effleure les 77 votes nécessaires pour l’élection.
Pour la cinquième votation, les cardinaux électeurs déposent leur bulletin dans l’urne. Mais quelque chose ne fonctionne pas. Le Cardinal chargé de compter les bulletins se rend compte qu’il y en a un de trop: 116 au lieu de 115. Un des cardinaux ne s’est pas rendu compte qu’il avait glissé deux bulletins. Sous celui de son vote, un bulletin blanc est resté collé.
Les bulletins ne sont pas dépouillés mais immédiatement brûlés, comme cela est prévu par la constitution apostolique « Universi Dominici gregis » publié par Saint Jean Paul II en 1996. Il s’en suit immédiatement un nouveau scrutin, comme prévu. Bergoglio est élu en effleurant les 90 suffrages (cf. Elisabetta Piqué Francesco Vita e rivoluzione).
Dans son livre « il n’est pas François », Antonio Socci soutient que les règles du conclave ont été violées et par conséquent l’élection du nouveau Pape est invalide. Selon Socci, les cardinaux électeurs aurait dû renvoyer le tour suivant, le sixième, au lendemain, soit le 14 mars.
Or, le numéro 68 de « Universis Gregis » stipule: « … si le nombre des bulletins ne correspond pas au nombre des électeurs, il faut tous les brûler et procéder immédiatement à une seconde votation … ».
Contrairement aux fausses affirmations de Socci, le conclave s’est déroulé selon les règles prévues. Si le scrutin avait été renvoyé au lendemain, comme l’affirme Socci, alors l’élection de Bergoglio aurait été inévitablement invalide.
Ni le simple rappel objectif des faits, ni les démentis officiels (Lorenzo Baldisseri, à l’époque secrétaire du conclave), n’ont réussi à juguler le noyau nébuleux et fumeux des théories « sedevacantistes ». Le livre de Socci s’est tellement vendu, que cette idée est comme logée, ou incrustée dans certaines têtes.
Elle est très loin d'être la seule et l'unique.
Dans mes prochaines notes, je vais simplement identifier, décliner et réfuter une par une les racines idéologiques de cette forte contestation (la canonisation de Martin Luther, les dubia concernant Amoris Laetitia, les 200 affiches dans la ville de Rome ou encore l'ordre de Malte...)
Le Cardinal Müller n'a pas été débarqué par François. “Le cardinal Müller a défendu la tradition dans l’esprit du Pape” affirme Benoît XVI
Le Cardinal Müller n'a pas été débarqué par François. “Le cardinal Müller a défendu la tradition dans l’esprit du Pape” affirme Benoît XVI
Zenit“Le cardinal Müller a défendu la tradition dans l’esprit du pape François”, écrit le pape émérite Benoît XVI, dans la préface d’un livre publié à l’occasion des 40 ans de sacerdoce du cardinal Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et son 70 e anniversaire, le 31 décembre prochain.
Le livre, qui réunit, dans ses 696 pages, des contributions de plus de trente théologiens, dont le préfet actuel de la Doctrine de la foi, Mgr Luis Ladaria SJ, s’intitule “Le Dieu trinitaire. La foi chrétienne à l’ère de la sécularisation”, est publié en allemand chez Herder (Der dreifaltige Gott. Christlicher Glaube im säkularen Zeitalter. Für Gerhard Kardinal Müller).
“Un prêtre – et certainement un évêque et un cardinal – n’est jamais simplement à la retraite”, écrit avec non sans humour le pape émérite.
Benoît XVI rappelle que c’est le pape Paul VI qui a voulu qu’une haute charge de la curie vaticane ne soit confiée que pour cinq ans: celle du cardinal Müller n’a pas été renouvelée, comme nous l’indiquions le 1er juillet dernier, sans qu’il y ait pour autant de désaccord entre eux.
Devant les commentaires négatifs, le Vatican avait d’ailleurs voulu faire à ce sujet une mise au point, le 14 juillet dernier, déplorant des allégations « totalement fausses »: pas de désaccord entre le cardinal allemand et le pape François.
C’est maintenant le pape émérite, qui avait appelé Müller de Ratisbonne à Rome, qui monte au créneau: “Le cardinal Müller continuera à servir publiquement la foi”, en tant que prêtre et en tant que théologien.
Le pape émérite qui a été lui aussi préfet de la Doctrine de la foi, souligne que cette charge est un rôle où la « sagesse » ne vient pas seulement des compétences en la matière, mais de la capacité à reconnaître la « limite » de la connaissance théologique.
Et c’est justement ainsi que le cardinal Müller à cherché à exercer sa charge à Rome, souligne encore le pape émérite Benoît XVI : « Il a défendu les claires traditions de la foi, mais dans l’esprit du pape François: il a cherché à comprendre comment elles peuvent être vécues aujourd’hui. »
Dans ce livre, les théologiens constatent la difficulté de la transmission de l’image de Dieu de la foi chrétienne, étant donné la pluralité des religions et des visions du monde. Les auteurs ont donc cherché à éclairer le Dieu trinitaire depuis différentes perspectives comme par exemple la nostalgie de Dieu, la foi dans la Trinité comme un défi pour cette époque, les caractéristiques de Dieu et l’image chrétienne de Dieu dans le dialogue avec l’Islam.
Le volume réunit les contributions de : Dirk Ansorge, George Augustin (éditeur), Franz Joseph Baur, Christoph Binninger, Achim Buckenmaier, Enrico dal Covolo, Rino Fisichella, Bruno Forte, Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz, Krzysztof Gózdz, Helmut Hoping, Kurt Koch, Felix Körner SJ, Thomas Krafft, Luis F. Ladaria, Ulrich L. Lehner, Thomas Marschler, Reinhard Marx, Karl-Heinz Menke, Heiko Merkelbach, Philipp Müller, Wolfgang W. Müller, Veit Neumann, Gianfranco Ravasi, Christian Schaller, Markus Schulze, Angelo Scola, Jörg Splett, Thomas Söding, Karl OCist Wallner, Ralph Weimann, Marc Witzenbacher, Wlodzimierz Wolyniec.