dimanche, 30 novembre 2014
Turquie: le Pape demande aux musulmans une condamnation mondiale du terrorisme
“J’ai dit au président, qu’il serait beau que tous les leaders musulmans - qu’ils soient responsables politiques, religieux ou universitaires - le disent clairement, qu’ils condamnent cela (le terrorisme, ndlr), car cela peut aider la majorité du peuple musulman“.
Pape François
A bord de l'avion papal -le 30/11/2014 à 22:02:00 Agence I.Media
De retour de Turquie, le pape François demande aux musulmans “une condamnation mondiale“ du terrorisme.
A bord de l’avion qui le ramenait d’Istanbul (Turquie), le pape François a souhaité “une condamnation mondiale“ des actes de terrorisme de la part de “tous les leaders musulmans“, le 30 novembre 2014. Le pape a également dénoncé les actes de “christianophobie“, rappelant que chrétiens du Moyen-Orient étaient “chassés“. Au cours d’une longue conférence de presse, il a aussi évoqué sa prière “pour la paix“ à la Mosquée bleue ou encore le dialogue avec l’orthodoxie.
Entre Istanbul et Rome (Italie), le pape François a librement répondu aux questions des journalistes embarqués à bord, pendant 45 minutes. Interpellé sur l’islamophobie croissante évoquée devant lui deux jours plus tôt par le président turc Recep Tayyip Erdogan, le pape François a indiqué que de “nombreux musulmans“ étaient en effet “offensés“ et ne se reconnaissaient pas lorsque leur religion était associée aux “actes terroristes“. “Le Coran, a expliqué le pontife, est un livre prophétique de paix“.
“On ne peut pas dire que tous les musulmans sont des terroristes, comme on ne peut pas dire que tous les chrétiens sont des fondamentalistes… parce que nous en avons aussi ! Dans toutes les religions il y a des petits groupes“, a commenté le pape.
Une condamnation claire
“J’ai dit au président, a rapporté le pape, qu’il serait beau que tous les leaders musulmans - qu’ils soient responsables politiques, religieux ou universitaires - le disent clairement, qu’ils condamnent cela (le terrorisme, ndlr), car cela peut aider la majorité du peuple musulman“. Et le pape François de poursuivre : “Nous avons tous besoin d’une condamnation mondiale, y compris des musulmans (…) qui disent ‘nous ne sommes pas cela, le Coran ce n’est pas cela’“.
Le pape a également évoqué les actes de “christianophobie“. “Je ne veux pas utiliser de paroles doucereuses : les chrétiens sont chassés, au Moyen-Orient“, a affirmé le pape avant de poursuivre : “Certaines fois, comme on l’a vu en Irak, dans la région de Mossoul, ils doivent s’en aller, tout laisser, ou ils doivent payer la taxe, ce qui ensuite ne sert à rien“.
A la demande de savoir pourquoi il n’avait pas pu visiter un camp de réfugiés lors de son séjour en Turquie, le pape François a confié qu’il le souhaitait mais que le temps lui avait manqué et que cela n’avait pas été possible “pour de nombreuses raisons“. La Turquie, semble-t-il, ne voyait pas d’un très bon œil une telle visite. Le pape a aussi confirmé qu’il souhaitait toujours se rendre en Irak, mais que ce n’était pas possible “pour le moment“ et qu’il risquait de “créer un problème assez sérieux aux autorités“, notamment “de sécurité“.
Prière à la Mosquée bleue
(Note personnelle: rappel de l'intervention de Benoît durant la catéchèse suivant son voyage en Turquie: "la Divine Providence m'a donné d'accomplir, presque à la fin de mon voyage, un geste qui n'était pas prévu au début, et qui s'est révélé très significatif: la visite à la célèbre Mosquée bleue d'Istanbul. En m'arrêtant quelques minutes pour me recueillir en ce lieu de prière, je me suis adressé à l'unique Seigneur du ciel et de la terre, Père miséricorideux de l'humanité tout entière. Puissent tous les croyants se reconnaître comme ses créatures et rendre le témoignage d'une véritable fraternité!")
En termes de dialogue interreligieux, le pape a souhaité qu’ait lieu “un saut qualitatif“, souhaitant “un dialogue entre personnes religieuses d’appartenances diverses“, un échange “d’expérience religieuse“, et non de la “théologie“. Interpellé sur le sens de son temps de recueillement à la Mosquée bleue d’Istanbul, la veille, le pape François a d’abord confié être venu en Turquie “en pèlerin“ et non “en touriste“. “J’ai ressenti le besoin de prier“, a alors confié le pape à propos de sa visite de la célèbre et somptueuse mosquée, où l’accompagnait le Grand mufti de la ville.
“J’ai prié pour la Turquie, pour la paix, pour le mufti, pour tous, pour moi qui en ai besoin, mais j’ai surtout prié pour la paix“, a encore affirmé le pontife, confiant qu’il avait prié ainsi : “Seigneur, finissons-en avec les guerres“.
Au cours de sa rencontre avec la presse, le pape a également assuré ne pas avoir évoqué avec le président Erdogan la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Devant les journalistes, s’il a évité de se prononcer sur le génocide arménien, le pape a cependant espéré avec force la réouverture de la frontière entre la Turquie et l’Arménie.
L’unité sans les théologiens
Concernant l’aspect œcuménique de son séjour, le pape est revenu sur l’unité entre catholiques et orthodoxes, assurant qu’il ne fallait pas “attendre que les théologiens se mettent d’accord“ car “cela n’arrivera jamais“, mais favoriser “l’œcuménisme spirituel“, à savoir “prier ensemble, travailler ensemble, enseigner ensemble“. Il a aussi évoqué une nouvelle fois “l’œcuménisme du sang“ avec la présence de martyrs dans toutes les confessions chrétiennes.
Concernant le dialogue avec le Patriarcat orthodoxe russe, le pape François a indiqué avoir fait savoir au patriarche Cyril sa volonté de le retrouver. “Tu m’appelles, je viens“, a ainsi résumé le pape. “Tous les deux nous voulons nous rencontrer et aller de l’avant“, a-t-il encore assuré, confiant que le patriarche russe était actuellement empêché par la guerre en cours en Ukraine. Dans une référence aux difficultés avec Moscou, le pontife a aussi souhaité la fin de “l’uniatisme“. “Les Eglises orientales catholiques ont vraiment le droit d’exister, mais l’uniatisme est un mot d’une autre époque, a-t-il assuré, il faut trouver une autre voie“.
Pour favoriser le dialogue œcuménique, le pape François a aussi souhaité que chaque Eglise soit moins “autoréférentielle“, qu’elle “cesse de se refléter elle-même“ au risque de devenir “une ONG théologique“. Il a aussi souhaité que catholiques et orthodoxes puissent trouver “un point d’accord à la lumière du premier millénaire“ sur la “primauté“.
Enfin, interpellé sur les remous du récent synode sur la famille autour de l’attitude de l’Eglise à l’égard des homosexuels, le pape François a longuement répondu sur la méthode choisie lors de cette assemblée. Très habilement, il a cependant sciemment évité d’évoquer directement la question des personnes homosexuelles après avoir souhaité que les journalistes ne cherchent pas toujours “le plus éclatant“ car “les gens ont besoin d’être informés sur le voyage“
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“Le synode est un parcours, c’est un chemin“, a alors expliqué le pape François avant de poursuivre sur la méthodologie qui avait été sous le feu des critiques : “Ce n’est pas un parlement, c’est un espace protégé pour que l’Esprit saint puisse parler“. Avant de répondre à dix d’entre eux, le pape avait salué un à un les 65 journalistes qui l’accompagnaient. Au cours de cette rencontre, il a par ailleurs adressé ses “meilleurs vœux“ à la chaîne de télévision catholique française KTO qui s’apprête à fêter ses 15 ans.
A bord de l’avion papal, Antoine-Marie Izoard, I.MEDIA
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Turquie: le Pape François lance un appel pour résoudre les conflits qui causent l'émigration
A Istanbul, le Pape visite des enfants réfugiés
Le Pape François lance un appel pour résoudre les conflits qui causent l'émigration
Chers jeunes,
J’ai beaucoup désiré cette rencontre avec vous, qui provenez de la Turquie, de la Syrie, de l’Irak et de divers pays du Moyen Orient et de l’Afrique. Vous êtes ici des représentants de centaines de jeunes de votre âge, dont beaucoup sont réfugiés et déplacés, quotidiennement assistés par les Salésiens. Je veux vous manifester ma participation à votre souffrance et j’espère que ma visite, avec la grâce du Seigneur, pourra vous donner un peu de consolation dans votre situation difficile. Elle est la triste conséquence des conflits exacerbés et de la guerre, qui est toujours un mal et n’est jamais la solution des problèmes, mais plutôt en crée d’autres.
Les réfugiés, comme vous, se trouvent souvent privés, parfois pour longtemps, des biens fondamentaux : une habitation digne, l’assistance sanitaire, l’éducation, le travail. Ils ont dû abandonner non seulement des réalités matérielles, mais surtout la liberté, la proximité des membres de la famille, leur milieu vital et les traditions culturelles. Les conditions dégradantes dans lesquelles de nombreux réfugiés doivent vivre sont intolérables ! Pour cela, il faut tout mettre en œuvre pour éliminer les causes de cette réalité.
Le Pape François lance un appel pour résoudre les conflits qui causent l'émigration
Je lance un appel à une plus grande convergence internationale destinée à résoudre les conflits qui ensanglantent vos terres d’origine, à contrecarrer les autres causes qui poussent les personnes à laisser leur patrie et à promouvoir les conditions pour qu’elles puissent y rester ou y retourner. J’encourage tous ceux qui œuvrent généreusement et honnêtement pour la justice et la paix à ne pas perdre courage. Je m’adresse aux Chefs politiques, afin qu’ils tiennent compte du fait que la grande majorité de leurs populations aspire à la paix, même si parfois elle n’a plus la force ni la voix pour la demander !
De nombreuses organisations font beaucoup pour les réfugiés ; je suis heureux en particulier de l’œuvre efficace de beaucoup d’institutions catholiques, qui offrent une aide généreuse à de nombreuses personnes dans le besoin, sans aucune discrimination. Aux Autorités turques, je désire exprimer une vive reconnaissance pour le grand effort accompli dans l’assistance aux réfugiés, spécialement aux réfugiés syriens et irakiens, et pour l’engagement concret en vue de chercher à satisfaire leurs exigences. Je souhaite que le soutien nécessaire de la communauté internationale ne fasse pas non plus défaut.
Chers jeunes, ne vous découragez pas. Avec l’aide de Dieu, continuez à espérer dans un avenir meilleur, malgré les difficultés et les obstacles que vous affrontez maintenant. L’Église catholique, à travers le précieux travail des Salésiens aussi, vous est proche, et en plus d’autres aides, elle vous offre la possibilité de prendre soin de votre instruction et de votre formation. Souvenez-vous toujours que Dieu n’oublie aucun de ses enfants, et que les plus petits et les plus souffrants sont plus proches de son cœur de Père.
Pour ma part, avec toute l’Église, je continuerai à m’adresser avec confiance au Seigneur, en lui demandant d’inspirer ceux qui occupent des postes de responsabilité, afin qu’ils promeuvent la justice, la sécurité et la paix sans hésitation et de manière vraiment concrète. À travers ses organisations sociales et caritatives, l’Église restera à vos côtés et continuera à soutenir votre cause à la face du monde.
Que Dieu vous bénisse tous !
23:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Entrer en Avent avec la lecture de Jésus de Nazareth de Joseph Ratzinger-Benoît XVI
Oeuvres complètes de Joseph Ratzinger
Editions Parole et Silence
Joseph RATINER
Jésus de Nazareth – Œuvres Complètes
La figure et le message
Les éditions Parole et Silence, en partenariat avec la Libreria Editrice Vaticana, commencent la publication des Opera omnia de Joseph Ratzinger par le sixième volume qui regroupe les trois livres sur "Jésus de Nazareth" parus en 2007, 2011 et 2012 dans une édition des textes revue et corrigée.
«En y incluant les trois volumes sur Jésus de Nazareth, publiés durant le pontificat du Pape Benoît XVI - souligne dans la préface Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et responsable de la publication de l'Opera omnia - on a voulu rendre hommage à cette recherche inlassable qui a guidé Joseph Ratzinger dans la rédaction du manuscrit.
Depuis soixante ans, les différents thèmes de la christologie sont au centre de son activité et de son enseignement en tant que professeur, en tant qu'évêque et en tant que Pape».
L'ordre adopté pour recueillir et présenter les trois livres - ne correspond pas à l'ordre de leur publication : il suit la chronologie des Evangiles.
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Cette lecture nourrit notre foi et nous plonge dans le Jésus de l'histoire, le Jésus de la foi. Les Ecritures sont convaincantes. Bien qu'elles n'aient pas le style historique, telle que nous l'entendons aujourd'hui, elles nous permettent de nourrir l'intelligence de la foi.
Saint Augustin nous rappelle que nous recevons les saintes Ecritures de l'Eglise: "je ne croirais pas aux Ecritures si l'Eglise ne m'y invitait". En effet, l'Ecriture ne dit pas qu'est-ce que l'Ecriture. Il faut donc une source extérieure et homogène à celle-ci: Tradition et Ecritures sont liés. C'est bien l'Eglise qui a pour ainsi dire le "copyright" de l'ensemble de l'Ecriture. Autour de Pierre, l'Eglise a reconnu quels livres étaient inspirés par l'Esprit-Saint, laissant alors de côté de apocryphes.
Raisonnablement, on apprendra que Marie fut toujours vierge (avant, pendant et après l'enfantement), qu'elle n'a pas eu d'autres enfants. Jésus n'a pas eu des frères et soeurs de sang, si ce n'est des cousins, qualifiés de frères et soeurs dans le langage et la culture de l'époque. Cette manière de parler existe encore chez les chrétiens d'Irak, les Chaldéens.
Progressons ensemble par la lecture, la méditation et la prière. Bon en avant, Bon Avent !
16:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
samedi, 29 novembre 2014
Le Pape François n'a pas prié dans la Mosquée Bleue
RTS trouve des mots assez justes: "Au côté du mufti qui priait, le souverain pontife s'est livré à une méditation, les yeux fermés et les mains jointes, comme l'avait fait son prédécesseur Benoît XVI en 2006".
Dans la Mosquée Bleue d'Istanbul, le Pape François a prié intérieurement, dans son coeur
Pourtant, Reuters et le Figaro avancent que le Pape François aurait prié dans la Mosquée Bleue.
Pour être précis, afin de ne pas tomber dans l'opposition entre le Pape et le pape émérite et le syncrétisme ou le relativisme, François, tout comme Benoît XVI, a prié intérieurement dans un moment d'adoration silencieuse ( cf. adoration silencieuse, communiqué de presse de la salle de presse du Saint-Siège).
Lors du rassemblement d'Assise, saint Jean-Paul II avait convoqué toutes les religions du monde pour prier pour la Paix. Le Cardinal Ratzinger trouva la juste formule: "nous ne prions pas ensemble ( ndlr: nous ne confondons pas les dieux ), mais nous sommes ensemble pour prier".
Istanbul, Mosquée Bleue: le Pape François prie Dieu dans le temple de son coeur
L'adoration silencieuse, la prière du Pape fut dans le temple de son coeur.
Le Pape François est déformé, mais d'une autre manière que le Pape Benoît XVI, donnant ainsi l'illusion que "les lignes" ont changé. La polémique, le contraste sont bien le moteur ou l'essence de l'info.
Les images valent plus que les longs discours, les analyses subjectives qui engendrent ces clivages.
Halte à la polémique ! Qui peut dire si @Pontifex priait 'plus' que son prédécesseur dans la Mosquée bleue ?!? pic.twitter.com/SeuduzWimY
— I.MEDIA ن (@AgenceIMEDIA) 29 Novembre 2014
20:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Istanbul: le Pape François demande la bénédiction au patriarche orthodoxe: un geste et une photo pour l'histoire
Pape François au patriarche orthodoxe Bartholomée Ier :
"je vous demande une faveur: de me bénir moi et l'Eglise de Rome"
Œcuménisme : Au Phanar, le pape François s’incline devant le patriarche Bartholomée 1er
Au siège du Patriarcat de Constantinople, à Istanbul (Turquie), le pape François et le patriarche orthodoxe Bartholomée 1er ont présidé ensemble une prière œcuménique, le 29 novembre 2014 en fin d’après-midi. Au cours de ce temps de prière, dans l’église patriarcale Saint-Georges du Phanar, le pape s’est abaissé devant le patriarche en lui demandant sa bénédiction, dans un geste inédit.
© CTV
Au rythme des chants de la liturgie byzantine, un chœur orthodoxe a prié pour le pape, le patriarche et l’unité de l’Eglise. Prenant la parole, en grec, le patriarche Bartholomée 1er a souhaité que catholiques et orthodoxes puissent “retrouver la pleine communion“, en particulier “en des temps difficiles pour l’humanité et le monde“. “C’est une époque tourmentée pour le monde entier“, a confié par la suite à I.MEDIA le métropolite Emmanuel, métropolite orthodoxe grec de France présent à cette prière, évoquant en particulier la situation en cours au Moyen-Orient.
Bénissez-moi !
C’est devant l’imposante iconostase de l’église du Phanar que le pape a ensuite pris la parole. “Ce soir, a-t-il confié, mon âme est remplie de gratitude envers Dieu qui m’accorde de me trouver ici pour prier avec votre sainteté et avec cette Eglise sœur, au terme d’une intense journée de visite apostolique“.
Puis, alors qu’il concluait son intervention, le pape François a fait un geste inattendu. Il a ainsi demandé une “faveur“ au patriarche orthodoxe : “Bénissez-moi et bénissez l’Eglise de Rome“. Le patriarche a hésité un moment devant le pape qui baissait la tête, il l’a alors embrassé. Puis le pape a glissé quelque chose à l’oreille du patriarche qui l’a alors embrassé sur le haut du crâne, sur sa calotte blanche.
Les deux hommes ont ensuite récité le Notre-Père et béni religieux et fidèles présents avant de rejoindre les appartements du patriarche. Dans une ambiance particulièrement cordiale, avec nombre de métropolites et toute la suite papale, ils ont procédé à un échange de cadeaux au terme d’un entretien privé.
A Istanbul, Antoine-Marie Izoard, I.MEDIA
19:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Le Pape François en Turquie, sur les pas de Benoît XVI
François et Benoît XVI dans la Mosquée Bleue d'Istanbul
Le Pape, contrairement à l'affirmation de l'agence Reuters, n'a pas prié dans la Mosquée Bleue, sinon ce serait laisser la place au relativisme et au syncrétisme, mais il s'est recueilli intérieurement.
Le cliché de Benoît XVI avait mis fin à la polémique médiatique monidale du célèbre discours de Ratisbonne ( Photo I.Media )
19:31 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Le club de foot du Real de Madrid perd la croix face aux sponsors musulmans
Le club de foot du Real de Madrid perd la croix face aux sponsors musulmans
La croix figurant au sommet de l'écusson a été supprimée sur les cartes de crédit de la Banque nationale d'Abou Dhabi. [RTS]
17:12 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Turquie: le Pape, pèlerin de la paix, fustige le terrorisme
A l'instar de Benoît XVI, le Pape François s'est recueilli intérieurement dans la Mosquée Bleue (Photo I.Media)
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Le Pape en Turquie pour favoriser le dialogue et la paix
Cité du Vatican, 28 novembre 2014 (VIS). Pour son sixième voyage apostolique, le Saint-Père a quitté ce matin Rome à destination d'Ankara.
Pape François: le terrorisme et le fondamentalisme instrumentalisent la religion
Avec l’aide de Dieu, nous pouvons et nous devons toujours renouveler le courage de la paix. Cette attitude conduit à utiliser avec loyauté, patience et détermination tous les moyens de négociation, et à atteindre ainsi des objectifs concrets de paix et de développement durable. Pour atteindre un tel objectif, une contribution importante peut venir du dialogue inter-religieux et inter-culturel, de manière à bannir toute forme de fondamentalisme et de terrorisme, qui humilie gravement la dignité de tous les hommes et instrumentalise la religion.
Pour cela il faut opposer au fanatisme et au fondamentalisme, aux phobies irrationnelles qui encouragent incompréhensions et discriminations, la solidarité de tous les croyants, ayant pour piliers le respect de la vie humaine, de la liberté religieuse qui est liberté de culte et liberté de vivre selon l’éthique religieuse, l’effort de garantir à tous le nécessaire pour une vie digne, et la protection de l'environnement naturel.
C'est de cela qu’ont besoin, avec une urgence particulière, les peuples et les états du proche et moyen Orient, pour pouvoir finalement inverser la tendance et poursuivre avec succès un processus de pacification par le rejet de la guerre et de la violence, ainsi que par la recherche du dialogue, du droit et de la justice.
Malheureusement nous sommes encore témoins de graves conflits. En Syrie et en Irak, en particulier, la violence terroriste ne semble pas s’apaiser. On enregistre la violation des lois humanitaires les plus élémentaires à l'encontre des prisonniers et de groupes ethniques entiers. Il y a eu, et ont lieu encore, de graves persécutions aux dépens de groupes minoritaires, notamment chrétiens et les Yézidis.
Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes à abandonner leurs maisons et leur patrie pour pouvoir sauver leur vie et rester fidèles à leur credo. La Turquie, en accueillant généreusement un grand nombre de réfugiés, est directement impliquée à ses frontières par les effets de cette dramatique situation, et la communauté internationale a l’obligation morale de l'aider à prendre soin des réfugiés.
Pape François: Syrie, Irak licite d'arrêter l'agresseur, mais pas que réponse militaire
Avec la nécessaire assistance humanitaire, on ne peut pas rester indifférent face à ce qui a provoqué ces tragédies. En répétant qu’il est licite d’arrêter l’injuste agresseur, cependant toujours dans le respect du droit international, je veux aussi rappeler qu’on ne peut confier la résolution du problème à la seule réponse militaire.
Un engagement commun fort, fondé sur la confiance réciproque, est nécessaire, qui rende possible une paix durable et permette de destiner finalement les ressources, non aux armements, mais aux vraies luttes dignes de l’homme, celle contre la faim et les maladies, celle pour le développement durable et la sauvegarde de la création, contre de nombreuses formes de pauvreté et de marginalité qui ne manquent pas dans le monde moderne.
La Turquie, par son histoire, en raison de sa position géographique et à cause de l’importance qu’elle revêt dans la région, a une grande responsabilité. Ses choix et son exemple possèdent une portée spéciale et peuvent être d’une aide importante en favorisant une rencontre de civilisations et en indiquant des voies praticables de paix et d’authentique progrès. Que le Très Haut bénisse et protège la Turquie et l’aide à être un artisan de paix efficace et convaincu!".
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vendredi, 28 novembre 2014
Diocèse de Lausanne-Genève et Fribourg (Neuchâtel): Quête pour l'Université de Fribourg
Suite à la provocation du doctorat à Judith Butler, boycotter la quête serait se mettre un dramatique auto-goal, en donnant justement raison à ceux qui veulent supprimer le soutien et la présence catholique à l'intérieur de l'Université de Fribourg.
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Le diocèse de Lausanne-Genève et Fribourg soutient la quête pour l'Université
Source
En 1949, les évêques suisses s’engageaient à soutenir financièrement l’Université de Fribourg, université d’état fondée pour former les catholiques de Suisse. Ils ont alors signé une convention avec le Conseil d’Etat pour fixer les modalités de leur engagement. Cette convention scellait la constitution du Conseil de l’Université.
Le Conseil de l’Université est un organe consultatif du Conseil d’Etat, chargé de donner un préavis sur les questions stratégiques concernant l’Université de Fribourg. Il est aussi responsable de l’argent qui échoit à l’Université de Fribourg grâce à la quête du dimanche universitaire (1er dimanche de l’Avent).
Quête pour toute l'Université de Fribourg
Le produit de la quête est explicitement destiné à toute l’Université. Il n’est donc pas réservé à la seule faculté de théologie et a contribué à la réalisation de nombreux projets et instituts.
Les sommes récoltées chaque année servent notamment à la création d’un pôle de compétences en éthique chrétienne à l’Université de Fribourg, au programme interdisciplinaire d’études catholiques, à la cotisation à la Fédération internationale des Universités catholiques, à l’organisation du Forum des religions, à des bourses pour étudiants de pays en voie de développement, à l’accompagnement des étudiants en théologie, au département de théologie pastorale.
Plus d'info sur le site de l'Université de Fribourg
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mercredi, 26 novembre 2014
Les deux images de l'Europe du Pape François: l'arbre et le polyèdre
Autre discours résumé: devant le Parlement européen
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N.B. ( Le Conseil de l'Europe - la Suisse y participe - est distinct du Parlement européen - la Suisse n'est pas membre )
Devant le Conseil de l'Europe: extraits:
Dans un long discours, Le Pape François a utilisé deux images, symboles ou paraboles pour décrire l'Europe:
- la première provient d'un poète italien Clemente Rebora, qui a écrit un poème sur un peuplier.
- le seconde provient de la géométrie: le polyèdre.
L'Europe vu comme un arbre avec ses branches, son tronc et ses racines
... C’est pourquoi, en cette enceinte, je ressens le devoir de rappeler l’importance de l’apport et de la responsabilité de l’Europe dans le développement culturel de l’humanité.
Je voudrais le faire en partant d’une image que j’emprunte à un poète italien du XXème siècle, Clemente Rebora, qui, dans l’une de ses poésies, décrit un peuplier, avec ses branches élevées vers le ciel et agitées par le vent, son tronc solide et ferme, ainsi que ses racines profondes qui s’enfoncent dans la terre[7]. En un certain sens, nous pouvons penser à l’Europe à la lumière de cette image.
Rebora: « le tronc s’enfonce là où il y a davantage de vrai »[8]. Les racines s’aliment de la vérité, qui constitue la nourriture, la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire. ….
Il faut en suite garder bien présent à l’esprit que sans cette recherche de la vérité, chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, de sorte qu’à la conception de droit humain, qui a en soi une portée universelle, se substitue l’idée de droit individualiste. …..
Un tel individualisme rend humainement pauvre et culturellement stérile, parce qu’il rompt de fait les racines fécondes sur lesquelles se greffe l’arbre. De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés. Nous avons, de fait, trop de choses, qui souvent ne servent pas, mais nous ne sommes plus en mesure de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel.
Ainsi, aujourd’hui nous avons devant les yeux l’image d’une Europe blessée, à cause des nombreuses épreuves du passé, mais aussi à cause des crises actuelles, qu’elle ne semble plus capable d’affronter avec la vitalité et l’énergie d’autrefois. Une Europe un peu fatiguée, pessimiste, qui se sent assiégée par les nouveautés provenant d’autres continents.
À l’Europe, nous pouvons demander : où est ta vigueur ? Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et l’a rendue grande? Où est ton esprit d’entreprise et de curiosité ? Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion ?
De la réponse à ces questions, dépendra l’avenir du continent. D’autre part – pour revenir à l’image de Rebora – un tronc sans racines peut continuer d’avoir une apparence de vie, mais à l’intérieur il se vide et meurt. L’Europe doit réfléchir pour savoir si son immense patrimoine humain, artistique, technique, social, politique, économique et religieux est un simple héritage de musée du passé, ou bien si elle est encore capable d’inspirer la culture et d’ouvrir ses trésors à l’humanité entière. Dans la réponse à cette interrogation, le Conseil de l’Europe avec ses institutions a un rôle de première importance.
Je pense particulièrement au rôle de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui constitue en quelque sorte la ‘‘conscience’’ de l’Europe pour le respect des droits humains. Je souhaite que cette conscience murisse toujours plus, non par un simple consensus entre les parties, mais comme fruit de la tension vers ces racines profondes, qui constituent les fondements sur lesquels les Pères fondateurs de l’Europe contemporaine ont choisi de construire.
L'Europe: des racines à la multipolarité
Avec les racines – qu’il faut chercher, trouver et maintenir vivantes par l’exercice quotidien de la mémoire, puisqu’elles constituent le patrimoine génétique de l’Europe – il y a les défis actuels du continent qui nous obligent à une créativité continue, pour que ces racines soient fécondes aujourd’hui et se projettent vers des utopies de l’avenir. Je me permets d’en mentionner seulement deux : le défi de la multipolarité .....
L’histoire de l’Europe peut nous amener à concevoir celle-ci naïvement comme une bipolarité, ou tout au plus comme une tripolarité (pensons à l’antique conception : Rome – Byzance – Moscou), et à nous mouvoir à l’intérieur de ce schéma, fruit de réductionnismes géopolitiques hégémoniques, dans l’interprétation du présent et dans la projection vers l’utopie de l’avenir.
Aujourd’hui, les choses ne se présentent pas ainsi et nous pouvons légitimement parler d’une Europe multipolaire. Les tensions – aussi bien celles qui construisent que celles qui détruisent – se produisent entre de multiples pôles culturels, religieux et politiques. L’Europe aujourd’hui affronte le défi de «globaliser» mais de manière originale cette multipolarité.
Les cultures ne s’identifient pas nécessairement avec les pays : certains d’entre eux ont diverses cultures et certaines cultures s’expriment dans divers pays. Il en est de même des expressions politiques, religieuses et associatives.
Globaliser de manière originale – je souligne cela : de manière originale – la multipolarité comporte le défi d’une harmonie constructive, libérée d’hégémonies qui, bien qu’elles semblent pragmatiquement faciliter le chemin, finissent par détruire l’originalité culturelle et religieuse des peuples.
Aujourd’hui, les choses ne se présentent pas ainsi et nous pouvons légitimement parler d’une Europe multipolaire.
Une Europe multipolaire, non comme une sphère, mais un polyèdre
Parler de la multipolarité européenne signifie parler de peuples qui naissent, croissent et se projettent vers l’avenir. La tâche de globaliser la multipolarité de l’Europe, nous ne pouvons pas l’imaginer avec l’image de la sphère – dans laquelle tout est égal et ordonné, mais qui en définitive est réductrice puisque chaque point est équidistant du centre – mais plutôt avec celle du polyèdre, où l’unité harmonique du tout conserve la particularité de chacune des parties. Aujourd’hui, l’Europe est multipolaire dans ses relations et ses tensions ; on ne peut ni penser ni construire l’Europe sans assumer à fond cette réalité multipolaire.
Le christianisme ne réduit pas la raison et la raison fait face au fondamentalisme religieux, ennemi de Dieu
C’est dans cette logique qu’il faut comprendre l’apport que le christianisme peut fournir aujourd’hui au développement culturel et social européen dans le cadre d’une relation correcte entre religion et société. Dans la vision chrétienne, raison et foi, religion et société sont appelées à s’éclairer réciproquement, en se soutenant mutuellement et, si nécessaire, en se purifiant les unes les autres des extrémismes idéologiques dans lesquelles elles peuvent tomber.
La société européenne tout entière ne peut que tirer profit d’un lien renouvelé entre les deux domaines, soit pour faire face à un fondamentalisme religieux qui est surtout ennemi de Dieu, soit pour remédier à une raison « réduite », qui ne fait pas honneur à l’homme.
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Autre lien: Famille Chrétienne / I.Media: le Pape a écrit une page de l'histoire
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Roger Federer: de la Coupe Davis à la coupe de la vie
De la Coupe Davis à la coupe de la victoire de la foi
Le sport est une parabole, une image ou une métaphore de la vie, sans oublier la vie chrétienne. J’ai aimé la victoire historique de l’équipe suisse, championne du monde de tennis, avec Roger Federer, Stan Wawrinka et toute l'équipe, parce que cela me renvoie à ma vie quotidienne.
La vie est faite de luttes, de chutes et de victoires. Nous avons tous notre propre Coupe Davis à remporter. Tout le monde a dans sa vie des deuils, des maladies, des épreuves qui nous sont lancés comme des défis à relever.
Roger Federer: du dimanche des Masters au dimanche de la Coupe Davis
La semaine de Roger peut être une illustration de notre propre semaine. Un coup dur, une blessure qu’il faut encaisser pour se remonter et être en forme le jour J.
La pratique de la vie chrétienne s'enracine dans le dimanche. Toute la semaine est orientée vers le dimanche suivant.
Chaque dimanche à la Messe, la vraie coupe est élevée. Pour les victoires sportives, le geste d'élever la coupe symbolise à peine la Messe, durant laquelle la victoire concrète, véritable et authentique du Christ, sur la mort, le péché, la souffrance et le mal nous est donnée dimanche après dimanche. C'est le Christ qui nous donne et nous partage Sa Victoire.
Ne nous privons par de cette coupe de la vie !
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Quelques idées clefs des deux discours du Pape à Strasbourg
Commentaire.
Andreas Gross, un homme politique socialiste et suisse, a plaisanté avec le Pape François, affirmant que Jésus était le premier socialiste ! Le Saint-Père a plutôt rappelé l'oeuvre des Jésuites !
Au-delà de l'humour, une partie de la gauche est devenue inhumaine ( pensons à François Hollande absent ), ne défendant plus les tout petits, les faibles, les personnes âgées ...
L'humanisme s'écroule lorsqu'il ne se réfère plus à la dignité de la personne humaine, en oubliant Dieu. Sans Dieu, les personnes sont oppressées.
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Les droits humains, la dignité de la personne, jetables si malades ou vieux
Aujourd’hui, la promotion des droits humains joue un rôle central dans l’engagement de l’Union Européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays.
Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux.
La dignité de la personne
Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques.
La solitude: maladie en Europe
Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir ; on la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes ; on la voit dans le regard perdu des migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur.
L’Europe fatiguée, une Europe grand-mère, pas féconde et vivante
D’un peu partout on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
Des êtres humains tués: malades, âgés, avant la naissance
L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître.
Une culture du déchet
Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé qui conduit inexorablement à la « culture du déchet ». Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance ; signifie prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité
Europe et christianisme: oubli de Dieu engendre la violence
De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence »
Des chrétiens, des personnes vendues, tuées, décapitées, crucifiées
Nous ne pouvons pas ici ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brûlées.
La famille, milieu chaleureux
Le premier domaine est surement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir.
Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir.
L’émigration: la Méditerannée un grand cimetière !
De même, il est nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide. L’absence d’un soutien réciproque au sein de l’Union Européenne risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles.
L’Europe et le christianisme: des erreurs, des péchés; mais désir du bien
Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, et aussi de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification humaine commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité.
Une Europe ouverte, avec la foi
Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux ; l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme ; l’Europe qui chemine sur la terre sûre et solide, précieux point de référence pour toute l’humanité !
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Conférence de presse du Pape François dans l'avion Strasbourg-Rome
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Discours du Pape François au Parlement européen: une visite éclair pour un discours du tonnerre
Le Pape François au source du vrai "socialisme"
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
AU PARLEMENT EUROPÉEN
Strasbourg
Mardi 25 novembre 2014
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-présidents,
Honorables Députés Européens,
Personnes qui travaillent à des titres divers dans cet hémicycle,
Chers amis,
Je vous remercie pour l’invitation à prendre la parole devant cette institution fondamentale de la vie de l’Union Européenne, et pour l’opportunité qui m’est offerte de m’adresser, à travers vous, à plus de cinq cents millions de citoyens des 28 pays membres que vous représentez. Je désire exprimer une gratitude particulière à vous, Monsieur le Président du Parlement, pour les paroles cordiales de bienvenue que vous m’avez adressées, au nom de tous les membres de l’Assemblée.
Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par le Pape Jean Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le monde entier. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent en deux n’existent plus, et le désir que « l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire »[1], se réalise lentement.
À côté d’une Union Européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins « eurocentrique ». À une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion.
En m’adressant à vous aujourd’hui, à partir de ma vocation de pasteur, je désire adresser à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement.
Un message d’espérance fondé sur la confiance que les difficultés peuvent devenir des promotrices puissantes d’unité, pour vaincre toutes les peurs que l’Europe – avec le monde entier – est en train de traverser. L’espérance dans le Seigneur qui transforme le mal en bien, et la mort en vie.
Encouragement pour revenir à la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union Européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent. Au centre de cet ambitieux projet politique il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante.
Je tiens avant tout à souligner le lien étroit qui existe entre ces deux paroles : « dignité » et « transcendante ».
La « dignité » est une parole-clé qui a caractérisé la reprise du second après guerre. Notre histoire récente se caractérise par l’indubitable centralité de la promotion de la dignité humaine contre les violences multiples et les discriminations qui, même en Europe, n’ont pas manqué dans le cours des siècles. La perception de l’importance des droits humains naît justement comme aboutissement d’un long chemin, fait de multiples souffrances et sacrifices, qui a contribué à former la conscience du caractère précieux, de l’unicité qu’on ne peut répéter de toute personne humaine individuelle. Cette conscience culturelle trouve son fondement, non seulement dans les évènements de l’histoire, mais surtout dans la pensée européenne, caractérisée par une riche rencontre, dont les nombreuses sources lointaines proviennent « de la Grèce et de Rome, de fonds celtes, germaniques et slaves, et du christianisme qui l’a profondément pétrie»[2], donnant lieu justement au concept de « personne ».
Aujourd’hui, la promotion des droits humains joue un rôle central dans l’engagement de l’Union Européenne, en vue de favoriser la dignité de la personne, en son sein comme dans ses rapports avec les autres pays. Il s’agit d’un engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux.
Quelle dignité existe vraiment, quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ? Quelle dignité est possible, sans un cadre juridique clair, qui limite le domaine de la force et qui fasse prévaloir la loi sur la tyrannie du pouvoir ? Quelle dignité peut jamais avoir un homme ou une femme qui fait l’objet de toute sorte de discriminations ? Quelle dignité pourra jamais avoir une personne qui n’a pas de nourriture ou le minimum nécessaire pour vivre et, pire encore, qui n’a pas le travail qui l’oint de dignité ?
Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques.
Mais il convient de faire attention pour ne pas tomber dans des équivoques qui peuvent naître d’un malentendu sur le concept de droits humains et de leur abus paradoxal. Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels – je suis tenté de dire individualistes –, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade » (μονάς), toujours plus insensible aux autres « monades » présentes autour de soi. Au concept de droit, celui - aussi essentiel et complémentaire - de devoir, ne semble plus associé, de sorte qu’on finit par affirmer les droits individuels sans tenir compte que tout être humain est lié à un contexte social dans lequel ses droits et devoirs sont connexes à ceux des autres et au bien commun de la société elle-même.
Par conséquent je considère qu’il est plus que jamais vital d’approfondir aujourd’hui une culture des droits humains qui puisse sagement relier la dimension individuelle, ou mieux, personnelle, à celle de bien commun, de ce « nous-tous » formé d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui s’unissent en communauté sociale[3]. En effet, si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences.
Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé[4] ; cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. Une des maladies que je vois la plus répandue aujourd’hui en Europe est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. On la voit particulièrement chez les personnes âgées, souvent abandonnées à leur destin, comme aussi chez les jeunes privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir ; on la voit chez les nombreux pauvres qui peuplent nos villes ; on la voit dans le regard perdu des migrants qui sont venus ici en recherche d’un avenir meilleur.
Cette solitude a été ensuite accentuée par la crise économique, dont les effets perdurent encore, avec des conséquences dramatiques du point de vue social. On peut constater qu’au cours des dernières années, à côté du processus d’élargissement de l’Union Européenne, s’est accrue la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions considérées comme distantes, occupées à établir des règles perçues comme éloignées de la sensibilité des peuples particuliers, sinon complètement nuisibles. D’un peu partout on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. Par conséquent, les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions.
À cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique[5]. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître.
C’est une grande méprise qui advient « quand l’absolutisation de la technique prévaut »[6], ce qui finit par produire « une confusion entre la fin et moyens »[7]. Résultat inévitable de la « culture du déchet » et de la « mentalité de consommation exagérée ». Au contraire, affirmer la dignité de la personne c’est reconnaître le caractère précieux de la vie humaine, qui nous est donnée gratuitement et qui ne peut, pour cette raison, être objet d’échange ou de commerce. Dans votre vocation de parlementaires, vous êtes aussi appelés à une grande mission, bien qu’elle puisse sembler inutile : prendre soin de la fragilité, de la fragilité des peuples et des personnes. Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé qui conduit inexorablement à la « culture du déchet ». Prendre soin de la fragilité de la personne et des peuples signifie garder la mémoire et l’espérance ; signifie prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité[8].
Comment donc redonner espérance en l’avenir, de sorte que, à partir des jeunes générations, on retrouve la confiance afin de poursuivre le grand idéal d’une Europe unie et en paix, créative et entreprenante, respectueuse des droits et consciente de ses devoirs ?
Pour répondre à cette question, permettez-moi de recourir à une image. Une des fresques les plus célèbres de Raphaël qui se trouvent au Vatican représente la dite École d’Athènes. Au centre se trouvent Platon et Aristote. Le premier a le doigt qui pointe vers le haut, vers le monde des idées, nous pourrions dire vers le ciel ; le second tend la main en avant, vers celui qui regarde, vers la terre, la réalité concrète. Cela me parait être une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite de la rencontre continuelle entre le ciel et la terre, où le ciel indique l’ouverture à la transcendance, à Dieu, qui a depuis toujours caractérisé l’homme européen, et la terre qui représente sa capacité pratique et concrète à affronter les situations et les problèmes.
L’avenir de l’Europe dépend de la redécouverte du lien vital et inséparable entre ces deux éléments. Une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet « esprit humaniste » qu’elle aime et défend cependant.
Précisément à partir de la nécessité d’une ouverture au transcendant, je veux affirmer la centralité de la personne humaine, qui se trouve autrement à la merci des modes et des pouvoirs du moment. En ce sens j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des États ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: la paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne.
Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Église catholique – à travers la Commission des Conférences Épiscopales Européennes (COMECE) – pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union Européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence »[9].
Nous ne pouvons pas ici ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brulées vives, sous le silence honteux et complice de beaucoup.
La devise de l’Union Européenne est Unité dans la diversité, mais l’unité ne signifie pas uniformité politique, économique, culturelle ou de pensée. En réalité, toute unité authentique vit de la richesse des diversités qui la composent : comme une famille qui est d’autant plus unie que chacun des siens peut être, sans crainte, davantage soi-même. Dans ce sens, j’estime que l’Europe est une famille des peuples, lesquels pourront sentir les institutions de l’Union proches dans la mesure où elles sauront sagement conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies. Mettre au centre la personne humaine signifie avant tout faire en sorte qu’elle exprime librement son visage et sa créativité, au niveau des individus comme au niveau des peuples.
D’autre part, les particularités de chacun constituent une richesse authentique dans la mesure où elles sont mises au service de tous. Il faut toujours se souvenir de l’architecture propre de l’Union Européenne, basée sur les principes de solidarité et de subsidiarité, de sorte que l’aide mutuelle prévale, et que l’on puisse marcher dans la confiance réciproque.
Dans cette dynamique d’unité-particularité, se pose à vous, Mesdames et Messieurs les Eurodéputés, l’exigence de maintenir vivante la démocratie, la démocratie des peuples d’Europe. Il est connu qu’une conception uniformisante de la mondialité touche la vitalité du système démocratique, affaiblissant le débat riche, fécond et constructif des organisations et des partis politiques entre eux.
On court ainsi le risque de vivre dans le règne de l’idée, de la seule parole, de l’image, du sophisme… et de finir par confondre la réalité de la démocratie avec un nouveau nominalisme politique. Maintenir vivante la démocratie en Europe demande d’éviter les « manières globalisantes » de diluer la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anhistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse[10].
Maintenir vivante la réalité des démocraties est un défi de ce moment historique, en évitant que leur force réelle – force politique expressive des peuples – soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. C’est un défi qu’aujourd’hui l’histoire vous lance.
Donner espérance à l’Europe ne signifie pas seulement reconnaître la centralité de la personne humaine, mais implique aussi d’en favoriser les capacités. Il s’agit donc d’y investir ainsi que dans les domaines où ses talents se forment et portent du fruit. Le premier domaine est surement celui de l’éducation, à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société. La famille unie, féconde et indissoluble porte avec elle les éléments fondamentaux pour donner espérance à l’avenir. Sans cette solidité, on finit par construire sur le sable, avec de graves conséquences sociales. D’autre part, souligner l’importance de la famille non seulement aide à donner des perspectives et l’espérance aux nouvelles générations, mais aussi aux nombreuses personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude et d’abandon parce qu’il n’y a plus la chaleur d’un foyer familial en mesure de les accompagner et de les soutenir.
À côté de la famille, il y a les institutions éducatives : écoles et universités. L’éducation ne peut se limiter à fournir un ensemble de connaissances techniques, mais elle doit favoriser le processus plus complexe de croissance de la personne humaine dans sa totalité. Les jeunes d’aujourd’hui demandent à pouvoir avoir une formation adéquate et complète pour regarder l’avenir avec espérance, plutôt qu’avec désillusion. Ensuite, les potentialités créatives de l’Europe dans divers domaines de la recherche scientifique, dont certains ne sont pas encore complètement explorés, sont nombreuses. Il suffit de penser par exemple aux sources alternatives d’énergie, dont le développement servirait beaucoup à la protection de l’environnement.
L’Europe a toujours été en première ligne dans un louable engagement en faveur de l’écologie. Notre terre a en effet besoin de soins continus et d’attentions ; chacun a une responsabilité personnelle dans la protection de la création, don précieux que Dieu a mis entre les mains des hommes. Cela signifie, d’une part, que la nature est à notre disposition, que nous pouvons en jouir et en faire un bon usage ; mais, d’autre part, cela signifie que nous n’en sommes pas les propriétaires. Gardiens, mais non propriétaires. Par conséquent, nous devons l’aimer et la respecter, tandis qu’« au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la “gardons” pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin»[11].
Respecter l’environnement signifie cependant non seulement se limiter à éviter de le défigurer, mais aussi l’utiliser pour le bien. Je pense surtout au secteur agricole, appelé à donner soutien et nourriture à l’homme. On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables. En outre, respecter la nature, nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. À côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne, que j’ai voulu rappeler aujourd’hui en m’adressant à vous.
Le deuxième domaine dans lequel fleurissent les talents de la personne humaine, c’est le travail. Il est temps de favoriser les politiques de l’emploi, mais il est surtout nécessaire de redonner la dignité au travail, en garantissant aussi d’adéquates conditions pour sa réalisation. Cela implique, d’une part, de repérer de nouvelles manières de conjuguer la flexibilité du marché avec les nécessités de stabilité et de certitude des perspectives d’emploi, indispensables pour le développement humain des travailleurs ; d’autre part, cela signifie favoriser un contexte social adéquat, qui ne vise pas l’exploitation des personnes, mais à garantir, à travers le travail, la possibilité de construire une famille et d’éduquer les enfants.
De même, il est nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide. L’absence d’un soutien réciproque au sein de l’Union Européenne risque d’encourager des solutions particularistes aux problèmes, qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine des immigrés, favorisant le travail d’esclave et des tensions sociales continuelles.
L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants ; si elle sait adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement sociopolitique et dans la résolution des conflits internes – cause principale de ce phénomène – au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits. Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets.
Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs les Députés,
La conscience de sa propre identité est nécessaire aussi pour dialoguer de manière prospective avec les États qui ont demandé d’entrer pour faire partie de l’Union Européenne à l’avenir. Je pense surtout à ceux de l’aire balkanique pour lesquels l’entrée dans l’Union Européenne pourra répondre à l’idéal de paix dans une région qui a grandement souffert des conflits dans le passé. Enfin, la conscience de sa propre identité est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement avec ceux qui bordent la Méditerranée, dont beaucoup souffrent à cause de conflits internes et de la pression du fondamentalisme religieux ainsi que du terrorisme international.
À vous législateurs, revient le devoir de protéger et de faire grandir l’identité européenne, afin que les citoyens retrouvent confiance dans les institutions de l’Union et dans le projet de paix et d’amitié qui en est le fondement. Sachant que « plus grandit le pouvoir de l’homme plus s’élargit le champ de ses responsabilités, personnelles et communautaires »[12]. Je vous exhorte donc à travailler pour que l’Europe redécouvre sa bonne âme.
Un auteur anonyme du IIème siècle a écrit que « les chrétiens représentent dans le monde ce qu’est l’âme dans le corps » [13].
Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’en être la conscience et la mémoire historique. Et une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme. Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, et aussi de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien. Nous le voyons dans la beauté de nos villes, et plus encore dans celle des multiples œuvres de charité et d’édification humaine commune qui parsèment le continent. Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. Et l’Europe a fortement besoin de redécouvrir son visage pour grandir, selon l’esprit de ses Pères fondateurs, dans la paix et dans la concorde, puisqu’elle-même n’est pas encore à l’abri de conflits.
Chers Eurodéputés, l’heure est venue de construire ensemble l’Europe qui tourne, non pas autour de l’économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables ; l’Europe qui embrasse avec courage son passé et regarde avec confiance son avenir pour vivre pleinement et avec espérance son présent. Le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux ; l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme ; l’Europe qui chemine sur la terre sûre et solide, précieux point de référence pour toute l’humanité !
Merci.
[1] Jean Paul II, Discours au Parlement Européen, 11 octobre 1988, n. 5.
[2] Jean-Paul II, Discours à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, 8 octobre 1988.
[3] Cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 7 ; Conc. Œcum. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 26.
[4] Cf. Compendiumde la Doctrine Sociale de l’Église, n. 37.
[5] Cf. Evangelii gaudium, n. 55.
[6]Benoît XVI, Caritas in veritate, n. 71.
[7]Ibid.
[8] Cf. Evangelii gaudium, n. 209.
[9] Benoît XVI, Discours aux Membres du Corps Diplomatique, 7 janvier 2013.
[10]Cf. Evangelii gaudium, n. 231.
[11]François, Audience générale, 5 juin 2013.
[12]Gaudium et spes, 34.
[13]Cf. Lettre à Diognète, 6.
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mardi, 25 novembre 2014
Le discours du Pape François à Strasbourg
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
AU CONSEIL DE L'EUROPE
Le Pape à Strasbourg: une visite éclair pour un discours du tonnerre !
Monsieur le Secrétaire Général,Madame la Présidente,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de pouvoir prendre la parole en cette Assemblée qui voit réunie une représentation significative de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, les Représentants des pays membres, les Juges de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et aussi les diverses Institutions qui composent le Conseil de l’Europe.
De fait, presque toute l’Europe est présente en cette enceinte, avec ses peuples, ses langues, ses expressions culturelles et religieuses, qui constituent la richesse de ce continent. Je suis particulièrement reconnaissant à Monsieur le Secrétaire général du Conseil de l’Europe, Monsieur Thorbjørn Jagland, pour la courtoise invitation et pour les aimables paroles de bienvenue qu’il m’a adressées. Je salue Madame Anne Brasseur, Présidente de l’Assemblée parlementaire, ainsi que les représentants des diverses institutions qui composent le Conseil de l’Europe. Je vous remercie tous de tout cœur pour l’engagement que vous prodiguez et pour la contribution que vous offrez à la paix en Europe, par la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’État de droit.
Dans l’intention de ses Pères fondateurs, le Conseil de l’Europe, qui célèbre cette année son 65ème anniversaire, répondait à une tension vers un idéal d’unité qui, à plusieurs reprises, a animé la vie du continent depuis l’antiquité. Cependant, au cours des siècles, des poussées particularistes ont souvent prévalu, caractérisées par la succession de diverses volontés hégémoniques. Qu’il suffise de penser que dix ans avant ce 5 mai 1949, où a été signé à Londres le Traité qui a institué le Conseil de l’Europe, commençait le plus cruel et leplus déchirant conflit dont ces terres se souviennent et dont les divisions se sont poursuivies pendant de longues années, alors que ce qu’on a appelé le rideau de fer coupait en deux le continent de la Mer Baltique au Golfe de Trieste.
Le projet des Pères fondateurs était de reconstruire l’Europe dans un esprit de service mutuel, qui aujourd’hui encore, dans un monde plus enclin à revendiquer qu’à servir, doit constituer la clef de voûte de la mission du Conseil de l’Europe, en faveur de la paix, de la liberté et de la dignité humaine.
D’autre part, la voie privilégiée vers la paix - pour éviter que ce qui est arrivé durant les deux guerres mondiales du siècle dernier ne se répète -, c’est de reconnaître dans l’autre non un ennemi à combattre, mais un frère à accueillir. Il s’agit d’un processus continu, qu’on ne peut jamais considérer pleinement achevé. C’est justement l’intuition qu’ont eue les Pères fondateurs, qui ont compris que la paix était un bien à conquérir continuellement, et qu’elle exigeait une vigilance absolue.
Ils étaient conscients que les guerres s’alimentent dans le but de prendre possession des espaces, de figer les processus qui progressent et de chercher à les arrêter ; par contre, ils recherchaient la paix qui peut s’obtenir seulement par l’attitude constante d’initier des processus et de les poursuivre.De cette manière, ils affirmaient la volonté de cheminer en murissant dans le temps, parce que c’est justement le temps qui gouverne les espaces, les éclaire et les transforme en une chaîne continue de croissance, sans voies de retour. C’est pourquoi, construire la paix demande de privilégier les actions qui génèrent de nouveaux dynamismes dans la société et impliquent d’autres personnes et d’autres groupes qui les développeront, jusqu’à ce qu’ils portent du fruit dans des événements historiques importants [1].
Pour cela, ils ont créé cet Organisme stable. Le bienheureux Paul VI, quelques années après, eut à rappeler que « les institutions mêmes qui, sur le plan juridique et dans le concert des nations, ont pour rôle - et ont le mérite - de proclamer et de conserver la paix, n'atteignent le but prévu que si elles sont continuellement à l'œuvre, si elles savent à chaque instant engendrer la paix, faire la paix »[2]. Un chemin constant d’humanisation est nécessaire, de sorte qu’« il ne suffit pas de contenir les guerres, de suspendre les luttes, (…) une paix imposée ne suffit pas, non plus qu'une paix utilitaire et provisoire; il faut tendre vers une paix aimée, libre, fraternelle, et donc fondée sur la réconciliation des esprits »[3]. C’est-à-dire poursuivre les processus sans anxiété mais certainement avec des convictions claires et avec ténacité.
Pour conquérir le bien de la paix, il faut avant tout y éduquer, en éloignant une culture du conflit qui vise à la peur de l’autre, à la marginalisation de celui qui pense ou vit de manière différente. Il est vrai que le conflit ne peut être ignoré ou dissimulé, il doit être assumé. Mais si nous y restons bloqués, nous perdons la perspective, les horizons se limitent et la réalité elle-même demeure fragmentée. Quand nous nous arrêtons à la situation conflictuelle, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité[4], nous arrêtons l’histoire et nous tombons dans les usures internes des contradictions stériles.
Malheureusement, la paix est encore trop souvent blessée. Elle l’est dans de nombreuses parties du monde, où font rage des conflits de diverses sortes. Elle l’est aussi ici en Europe, où des tensions ne cessent pas. Que de douleur et combien de morts encore sur ce continent, qui aspire à la paix, mais pourtant retombe facilement dans les tentations d’autrefois ! Pour cela, l’œuvre du Conseil de l’Europe dans la recherche d’une solution politique aux crises en cours est importante et encourageante.
Mais la paix est aussi mise à l’épreuve par d’autres formes de conflit, tels que le terrorisme religieux et international, qui nourrit un profond mépris pour la vie humaine et fauche sans discernement des victimes innocentes. Ce phénomène est malheureusement très souvent alimenté par un trafic d’armes en toute tranquillité. L’Église considère que « la course aux armements est une plaie extrêmement grave de l’humanité et lèse les pauvres d’une manière intolérable »[5]. La paix est violée aussi par le trafic des êtres humains, qui est le nouvel esclavage de notre temps et qui transforme les personnes en marchandises d’échange, privant les victimes de toute dignité.
Assez souvent, nous notons également comment ces phénomènes sont liés entre eux. Le Conseil de l’Europe, à travers ses Commissions et ses Groupes d’Experts, exerce un rôle important et significatif dans le combat contre ces formes d’inhumanité.
Cependant, la paix n’est pas la simple absence de guerres, de conflits et de tensions. Dans la vision chrétienne, elle est, en même temps, don de Dieu et fruit de l’action libre et raisonnable de l’homme qui entend poursuivre le bien commun dans la vérité et dans l’amour. « Cet ordre rationnel et moral s'appuie précisément sur la décision de la conscience des êtres humains à la recherche de l'harmonie dans leurs rapports réciproques, dans le respect de la justice pour tous»[6].
Comment donc poursuivre l’objectif ambitieux de la paix ?
Le chemin choisi par le Conseil de l’Europe est avant tout celui de la promotion des droits humains, auxquels est lié le développement de la démocratie et de l’État de droit. C’est un travail particulièrement précieux, avec d’importantes implications éthiques et sociales, puisque d’une juste conception de ces termes et d’une réflexion constante sur eux dépendent le développement de nos sociétés, leur cohabitation pacifique et leur avenir. Cette recherche est l’une des plus grandes contributions que l’Europe a offerte et offre encore au monde entier.
C’est pourquoi, en cette enceinte, je ressens le devoir de rappeler l’importance de l’apport et de la responsabilité de l’Europe dans ledéveloppement culturel de l’humanité. Je voudrais le faire en partant d’une image que j’emprunte à un poète italien du XXème siècle, Clemente Rebora, qui, dans l’une de ses poésies, décrit un peuplier, avec ses branches élevées vers le ciel et agitéespar le vent, son tronc solide et ferme, ainsi que ses racines profondes qui s’enfoncent dans la terre[7]. En un certain sens, nous pouvons penser à l’Europe à la lumière de cette image.
Au cours de son histoire, elle a toujours tendu vers le haut, vers des objectifs nouveaux et ambitieux, animée par un désir insatiable de connaissance, de développement, de progrès, de paix et d’unité. Mais l’élévation de la pensée, de la culture, des découvertes scientifiques est possible seulement à cause de la solidité du tronc et de la profondeur des racines qui l’alimentent. Si les racines se perdent, lentement le tronc se vide et meurt et les branches – autrefois vigoureuses et droites – se plient vers la terre et tombent. Ici, se trouve peut-être l’un des paradoxes les plus incompréhensibles pour une mentalité scientifique qui s’isole : pour marcher vers l’avenir, il faut le passé, de profondes racines sont nécessaires et il faut aussi le courage de ne pas se cacher face au présent et à ses défis. Il faut de la mémoire, du courage, une utopie saine et humaine.
D’autre part – fait observer Rebora – « le tronc s’enfonce là où il y a davantage de vrai »[8]. Les racines s’aliment de la vérité, qui constitue la nourriture, la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire. En outre, la vérité fait appel à la conscience, qui est irréductible aux conditionnements, et pour cela est capable de connaître sa propre dignité et de s’ouvrir à l’absolu, en devenant source des choix fondamentaux guidés par la recherche du bien pour les autres et pour soi et lieu d’une liberté responsable[9].
Il faut en suite garder bien présent à l’esprit que sans cette recherche de la vérité, chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, de sorte qu’à la conception de droit humain, qui a en soi une portée universelle, se substitue l’idée de droit individualiste. Cela conduit à être foncièrement insouciant des autres et à favoriser la globalisation de l’indifférence qui naît de l’égoïsme, fruit d’une conception de l’homme incapable d’accueillir la vérité et de vivre une authentique dimension sociale.
Un tel individualisme rend humainement pauvre et culturellement stérile, parce qu’il rompt de fait les racines fécondes sur lesquelles se greffe l’arbre. De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés. Nous avons, de fait, trop de choses, qui souvent ne servent pas, mais nous ne sommes plus en mesure de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel. Ainsi, aujourd’hui nous avons devant les yeux l’image d’une Europe blessée, à cause des nombreuses épreuves du passé, mais aussi à cause des crises actuelles, qu’elle ne semble plus capable d’affronter avec la vitalité et l’énergie d’autrefois. Une Europe un peu fatiguée, pessimiste, qui se sent assiégée par les nouveautés provenant d’autres continents.
À l’Europe, nous pouvons demander : où est ta vigueur ? Où est cette tension vers un idéal qui a animé ton histoire et l’a rendue grande? Où est ton esprit d’entreprise et de curiosité ? Où est ta soif de vérité, que jusqu’à présent tu as communiquée au monde avec passion ?
De la réponse à ces questions, dépendra l’avenir du continent. D’autre part – pour revenir à l’image de Rebora – un tronc sans racines peut continuer d’avoir une apparence de vie, mais à l’intérieur il se vide et meurt. L’Europe doit réfléchir pour savoir si son immense patrimoine humain, artistique, technique, social, politique, économique et religieux est un simple héritage de musée du passé, ou bien si elle est encore capable d’inspirer la culture et d’ouvrir ses trésors à l’humanité entière. Dans la réponse à cette interrogation, le Conseil de l’Europe avec ses institutions a un rôle de première importance.
Je pense particulièrement au rôle de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui constitue en quelque sorte la ‘‘conscience’’ de l’Europe pour le respect des droits humains. Je souhaite que cette conscience murisse toujours plus, non par un simple consensus entre les parties, mais comme fruit de la tension vers ces racines profondes, qui constituent les fondements sur lesquels les Pères fondateurs de l’Europe contemporaine ont choisi de construire.
Avec les racines – qu’il faut chercher, trouver et maintenir vivantes par l’exercice quotidien de la mémoire, puisqu’elles constituent le patrimoine génétique de l’Europe – il y a les défis actuels du continent qui nous obligent à une créativité continue, pour que ces racines soient fécondes aujourd’hui et se projettent vers des utopies de l’avenir. Je me permets d’en mentionner seulement deux : le défi de la multipolarité et le défi de la transversalité.
L’histoire de l’Europe peut nous amener à concevoir celle-ci naïvement comme une bipolarité, ou tout au plus comme une tripolarité (pensons à l’antique conception : Rome – Byzance – Moscou), et à nous mouvoir à l’intérieur de ce schéma, fruit de réductionnismes géopolitiques hégémoniques, dans l’interprétation du présent et dans la projection vers l’utopie de l’avenir.
Aujourd’hui, les choses ne se présentent pas ainsi et nous pouvons légitimement parler d’une Europe multipolaire. Les tensions – aussi bien celles qui construisent que celles qui détruisent – se produisent entre de multiples pôles culturels, religieux et politiques. L’Europe aujourd’hui affronte le défi de «globaliser» mais de manière originale cette multipolarité. Les cultures ne s’identifient pas nécessairement avec les pays : certains d’entre eux ont diverses cultures et certaines cultures s’expriment dans divers pays. Il en est de même des expressions politiques, religieuses et associatives.
Globaliser de manière originale – je souligne cela : de manière originale – la multipolarité comporte le défi d’une harmonie constructive, libérée d’hégémonies qui, bien qu’elles semblent pragmatiquement faciliter le chemin, finissent par détruire l’originalité culturelle et religieuse des peuples.
Parler de la multipolarité européenne signifie parler de peuples qui naissent, croissent et se projettent vers l’avenir. La tâche de globaliser la multipolarité de l’Europe, nous ne pouvons pas l’imaginer avec l’image de la sphère – dans laquelle tout est égal et ordonné, mais qui en définitive est réductrice puisque chaque point est équidistant du centre – mais plutôt avec celle du polyèdre, où l’unité harmonique du tout conserve la particularité de chacune des parties. Aujourd’hui, l’Europe est multipolaire dans ses relations et ses tensions ; on ne peut ni penser ni construire l’Europe sans assumer à fond cette réalité multipolaire.
L’autre défi que je voudrais mentionner est la transversalité. Je pars d’une expérience personnelle : dans les rencontres avec les politiciens de divers pays de l’Europe, j’ai pu remarquer que les politiciens jeunes affrontent la réalité avec une perspective différente par rapport à leurs collègues plus adultes. Ils disent peut-être des choses apparemment similaires, mais l’approche est différente. Les paroles sont semblables, mais la musique est différente. Cela s’observe chez les jeunes politiciens des divers partis. Cette donnée empirique indique une réalité de l’Europe contemporaine que l’on ne peut ignorer sur le chemin de la consolidation continentale et de sa projection future : tenir compte de cette transversalité qui se retrouve dans tous les domaines.
Cela ne peut se faire sans recourir au dialogue, même inter-générationnel. Si nous voulions définir aujourd’hui le continent, nous devrions parler d’une Europe en dialogue, qui fait en sorte que la transversalité d’opinions et de réflexions soit au service des peuples unis dans l’harmonie.
Emprunter ce chemin de communication transversale comporte non seulement une empathie générationnelle mais aussi une méthodologie historique de croissance. Dans le monde politique actuel de l’Europe, le dialogue uniquement interne aux organismes (politiques, religieux, culturels) de sa propre appartenance se révèle stérile. L’histoire aujourd’hui demande pour la rencontre, la capacité de sortir des structures qui « contiennent » sa propre identité afin de la rendre plus forte et plus féconde dans la confrontation fraternelle de la transversalité. Une Europe qui dialogue seulement entre ses groupes d’appartenance fermés reste à mi-chemin ; on a besoin de l’esprit de jeunesse qui accepte le défi de la transversalité.
Dans cette perspective, j’accueille positivement la volonté du Conseil de l’Europe d’investir dans le dialogue inter-culturel, y compris dans sa dimension religieuse, par les Rencontres sur la dimension religieuse du dialogue interculturel. Il s’agit d’une occasion propice pour un échange ouvert, respectueux et enrichissant entre personnes et groupes de diverses origine, tradition ethnique, linguistique et religieuse, dans un esprit de compréhension et de respect mutuel.
Ces rencontres semblent particulièrement importantes dans le contexte actuel multiculturel, multipolaire, à la recherche de son propre visage pour conjuguer avec sagesse l’identité européenne formée à travers les siècles avec les instances provenant des autres peuples qui se manifestent à présent sur le continent.
C’est dans cette logique qu’il faut comprendre l’apport que le christianisme peut fournir aujourd’hui au développement culturel et social européen dans le cadre d’une relation correcte entre religion et société. Dans la vision chrétienne, raison et foi, religion et société sont appelées à s’éclairer réciproquement, en se soutenant mutuellement et, si nécessaire, en se purifiant les unes les autres des extrémismes idéologiques dans lesquelles elles peuvent tomber.
La société européenne tout entière ne peut que tirer profit d’un lien renouvelé entre les deux domaines, soit pour faire face à un fondamentalisme religieux qui est surtout ennemi de Dieu, soit pour remédier à une raison « réduite », qui ne fait pas honneur à l’homme.
Les thèmes d’actualité, dans lesquels je suis convaincu qu’il peut y avoir un enrichissement mutuel, où l’Église catholique – particulièrement à travers le Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE) – peut collaborer avec le Conseil de l’Europe et offrir une contribution fondamentale, sont très nombreux. Avant tout, à la lumière de tout ce que je viens de dire, il y a le domaine d’une réflexion éthique sur les droits humains, sur lesquels votre Organisation est souvent appelée à se pencher. Je pense particulièrement aux thèmes liés à la protection de la vie humaine, questions délicates qui ont besoin d’être soumises à un examen attentif, qui tienne compte de la vérité de tout l’être humain, sans se limiter à des domaines spécifiques médicaux, scientifiques ou juridiques.
De même, ils sont nombreux, les défis du monde contemporains qui requièrent une étude et un engagement commun, à commencer par l’accueil des migrants, qui ontbesoin d’abord et avant tout de l’essentiel pour vivre, mais principalement que leur dignité de personnes soit reconnue. Il y a ensuite le grave problème du travail, surtout en ce qui concerne les niveaux élevés de chômage des jeunes dans beaucoup de pays – une vraie hypothèque pour l’avenir – mais aussi pour la question de la dignité du travail.
Je souhaite vivement que s’instaure une nouvelle collaboration sociale et économique, affranchie de conditionnements idéologiques, qui sache faire face au monde globalisé, en maintenant vivant ce sens de solidarité et de charité réciproques qui a tant caractérisé le visage de l’Europe grâce à l’action généreuse de centaines d’hommes et de femmes – dont certains sont considérés saints par l’Église catholique – qui, au cours des siècles, se sont dépensés pour développer le continent, tant à travers l’activité d’entreprise qu’à travers des œuvres éducatives, d’assistance et de promotion humaine. Surtout ces dernières représentent un point de référence important pour les nombreux pauvres qui vivent en Europe. Combien il y en a dans nos rues ! Ils demandent non seulement le pain pour survivre, ce qui est le plus élémentaire des droits, mais ils demandent aussi à redécouvrir la valeur de leur propre vie, que la pauvreté tend à faire oublier, et à retrouver la dignité conférée par le travail.
Enfin, parmi les thèmes qui sollicitent notre réflexion et notre collaboration, il y a la protection de l’environnement, de notre bien-aimée Terre qui est la grande ressource que Dieu nous a donnée et qui est à notre disposition non pour être défigurée, exploitée et avilie, mais pour que nous puissions y vivre avec dignité,en jouissant de son immense beauté.
Monsieur le Secrétaire, Madame la Présidente, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Le bienheureux Paul VI a défini l’Église « experte en humanité »[10]. Dans le monde, à l’imitation du Christ, malgré les péchés de ses enfants, elle ne cherche rien d’autre que de servir et de rendre témoignage à la vérité [11]. Rien d’autre que cet esprit ne nous guide dans le soutien du chemin de l’humanité.
Avec cette disposition d’esprit, le Saint-Siège entend continuer sa propre collaboration avec le Conseil de l’Europe, qui revêt aujourd’hui un rôle fondamental pour forger la mentalité des futures générations d’Européens. Il s’agit d’effectuer ensemble une réflexion dans tous les domaines, afin que s’instaure une sorte de « nouvelle agorà », dans laquelle chaque instance civile et religieuse puisse librement se confronter avec les autres, même dans la séparation des domaines et dans la diversité des positions, animée exclusivement par le désir de vérité et parcelui d’édifier le bien commun.
La culture, en effet, naît toujours de la rencontre réciproque, destinée à stimuler la richesse intellectuelle et la créativité de ceux qui y prennent part ; et cela, outre le fait quec’est la réalisation du bien, cela est beauté. Je souhaite que l’Europe, en redécouvrant son patrimoine historique et la profondeur de ses racines, en assumant sa vivante multipolarité et le phénomène de la transversalité en dialogue, retrouve cette jeunesse d’esprit qui l’a rendue féconde et grande.
Merci !
[1] Cf. Evangelii gaudium, n. 223
[2] Paul VI, Message pour la VIIIe Journée Mondiale de la Paix, 8 décembre 1974.
[3] Ibid.
[4] Cf. Evangelii gaudium, n. 226.
[5] Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2329 et Gaudium et spes n. 81.
[6] Jean-Paul II, Message pour la XVe Journée Mondiale de la Paix, 8 décembre 1981, n. 4.
[7] “Vibra nel vento con tutte le sue foglie / il pioppo severo; / spasima l’aria in tutte le sue doglie / nell’ansia del pensiero: / dal tronco in rami per fronde si esprime / tutte al ciel tese con raccolte cime: / fermo rimane il tronco del mistero, / e il tronco s’inabissa ov’è più vero”, Il pioppo in : Canti dell’Infermità, ed. Vanni Scheiwiller, Milano 1957, 32.
[8] Ibid.
[9] Cf. Jean-Paul II, Discours à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 8 octobre 1988, n. 4.
[10] Lett. Enc. Populorum progressio, n. 13.
[11] Cf. ibid.
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lundi, 24 novembre 2014
Le Cardinal Sarah nommé au culte divin
URGENT : LE CARDINAL ROBERT SARAH NOMMÉ PRÉFET DE LA CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS.
Vatican - le 24/11/2014 | Par Agence I.Media
Le pape François a nommé, dans la matinée du 24 novembre 2014, le cardinal guinéen Robert Sarah préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Ce dicastère n'avait pas de préfet à sa tête depuis août dernier. Le cardinal Robert Sarah était jusqu'alors président du Conseil pontifical Cor Unum.
I.MEDIA
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dimanche, 23 novembre 2014
Le Synode et le Synode des médias: guerre feutrée entre vaticanistes
Communication sur le "Vatican": ne pas critiquer, mais chercher à comprendre
Article fort intéressant du correspondant de l'AFP à Rome ( Agence France Presse - Jean-Louis de La Vassière ) qui nous explique comment fonctionne la communication sur le Pape.
Ces lignes me rappellent l'ambiance que j'ai eu la grâce de connaître durant mes trois années d'études romaines, culminant avec la licence, précisément sur la salle de presse comme source d'information durant le Synode de 2010.
La guerre feutrée entre vaticanistes
Les vaticanistes jouent un très grand rôle, faisant souffler le vent, tomber la pluie ou briller le soleil dans la météo médiatique du Vatican. Ce sont parfois ces spécialistes qui créent de toutes pièces les événements et pour ainsi dire habillent le Pape des adjectifs comme traditionaliste, progressiste, conservateur.
il n'y a parfois pas d'ambigüité dans les paroles du Saint-Père; pourtant, ce monde fascinant affectionne les intrigues vaticanesques.
Le site de Jean-Louis de La Vassière: guerre feutrée entre vaticanistes
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vendredi, 21 novembre 2014
N'oublions pas Asia Bibi
11:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Trois bonnes raisons pour venir à la Saint Nicolas 2014, cathédrale de Fribourg
Conception et réalisation de la vidéo pour l'Unité pastorale Notre-Dame à Fribourg: Isolde Cambournac
Doctorante en théologie de l'université de Fribourg, Isolde est une globetrotteuse qui a attrapé le virus de la vidéo lors d'un séjour à Washington en 2012. Depuis, pour aller au bout de sa passion, elle vit la caméra à la main et se perfectionne auprès de caméramans chevronnés de Suisse-romande. Isolde travaille aussi pour Attraction ...
09:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
mercredi, 19 novembre 2014
Le Pape François et La Vie: les interventions oubliées par "les mainstreams" médiatiques
Le Pape François et La Vie ( PMA, avortement, euthanasie, homme et femme pour la famille ... )
Deux interventions du Pape sont passées quasiment inaperçues dans les grands médias.
Les "mainstreams" sont les agences de presse mondiale - AFP, AP, Reuters, ANSA ... puis par exemple le New York Time, le Monde, CNN - qui sont repris ensuite par tout le circuit de l'information.
Ils sont les grands et principaux porteurs de l'information, ceux qui donnent la note, dictent le ton et qui décident des sujets dont le grand public va parler.
En langage technique, ils gèrent l'agenda setting, comme l'agenda du jour lors d'une réunion. Celui qui décide des sujets qui seront traités possèdent un réel pouvoir. Les médias ne peuvent toutefois pas décider de la façon dont les gens vont appréhender les thèmes.
Pape François: lorsque l'homme en blanc parle de La Vie, c'est la page blanche et le black out
"Il est toujours plus évident que le déclin de la culture du mariage est associé à une augmentation de la pauvreté et à une série de nombreux autres problèmes sociaux qui touchent de façon disproportionnée les femmes, les enfants et les personnes âgées".
"La crise de la famille est à l'origine d'une crise écologique humaine, "puisque les milieux sociaux, comme les milieux naturels, ont besoin d'être protégés" .. "qu'il est indispensable de promouvoir une nouvelle écologie humaine".
Pape François
Sur l'avortement, la PMA et l'euthanasie.
Sur l'homme et le femme, pour la famille.
Le Pape Benoît XVI aurait eu droit à une salve de critiques.
Le Pape François n'est ni écologiste, ni marxiste
Le Pape François n'est donc ni marxiste, ni défenseur de la théologie de la libération, car la pauvreté est d'abord causée par la crise de la famille, la crise de la culture du mariage, et non pas d'abord et en premier lieu par les conditions de l'économie .
Le Pape François promeut une écologie humaine. L'homme est un résumé de la Création, le sommet de la Création. Par voie de conséquence, l'écologie humaine va protéger également la création et la nature.
22:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
I.Media: réforme de la curie romaine pour février 2015
La réforme de la curie romaine devrait aboutir en février 2015.
Un peu moins de deux ans après avoir été élu par le collège cardinalice, le pape François devrait faire aboutir début 2015 la réforme de la curie romaine réclamée par nombre de cardinaux à la veille du conclave, a appris I.MEDIA de sources concordantes. Le 24 novembre 2014, révèle pour sa part le quotidien français La Croix, le pape réunira dans cet objectif l’ensemble des chefs des dicastères afin de les entendre sur un projet d’organigramme de la nouvelle curie romaine.
Avant une nouvelle réunion du Conseil des cardinaux chargés d’assister le pape dans le gouvernement de l’Eglise (C9) programmée du 9 au 11 décembre, le pontife réunira un ‘conseil des ministres’, confirme-t-on de sources vaticanes. Les préfets de congrégations et présidents de conseils pontificaux seront alors appelés à se prononcer sur le futur organigramme de la curie romaine.
Une nouvelle réunion du C9 aura lieu du 9 au 11 février 2015, lors de laquelle pourrait être adoptée la réforme de la curie romaine avec la publication d’une nouvelle constitution. La dernière réforme de l’appareil curial, sous le feu de nombreuses critiques après ‘l’affaire Vatileaks’ en 2012, remonte à 1988 avec la publication de la Constitution apostolique Pastor Bonus.
La réforme de la curie pourrait voir la fusion de certains dicastères mineurs, des conseils pontificaux, et pourquoi pas la disparition de certains d’entre eux. Deux dicastères importants pourraient alors voir le jour. L’un serait ainsi chargé des questions liées aux laïcs et à la famille, regroupant les deux conseils pontificaux concernés, l’autre serait en charge des différentes questions de société et rassemblerait alors au moins quatre conseils pontificaux : Justice et Paix, Cor Unum, la santé et les migrants.
La nouvelle constitution devra aussi définir avec plus de précisions les compétences précises des deux secrétariats placés à sa tête, la Secrétairerie d’Etat et le nouveau Secrétariat pour l’économie. D’aucuns jugent possible qu’un troisième secrétariat voit le jour pour englober les dicastères n’ayant pas trait aux affaires générales, à la diplomatie et à l’économie. Reste que la nouvelle constitution doit logiquement passer entre les mains du Conseil pontifical pour les textes législatifs. AMI
21:32 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Attraction: "quelle est votre expérience de la pauvreté ?" avec le Père Chauveau ( vidéo 2 )
Quelle est l'expérience personnelle de pauvreté du curé des prostitué(e)s et fondateur de l'Association Magdalena, le père Jean-Philippe Chauveau ?
Deuxième vidéo d'une série sur la pauvreté et l'évangélisation par Attraction Communication Services. ( première vidéo ).
A visionner dans le bus, dans le métro, un témoignage rempli d'affection par un homme de coeur, à la fois divin et tellement humain.
A voir et à revoir ...
21:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
mardi, 18 novembre 2014
Pape François: complot contre le Cardinal Burke ? Non ...
Dans la foulée d'un François comme un Pape de rupture, d'aucun avance la mise à l'écart des cardinaux conservateurs.
Aleteia prend de la hauteur et explique les raisons des changements, surtout celui du Cardinal américain Burke nommé par le Pape à l'Ordre de Malte.
Y a-t-il un complot mené par François pour purger l'église des conservateurs ?
"Non, et voici pourquoi.
Ceux qui contestent la théorie de la querelle soulignent que, si le cardinal Burke a été démis de sa fonction, le pape François n'a pas réagi suite à l'opposition menée par Burke au synode. Ce remaniement du Vatican était prévu depuis des mois. Il se peut qu'il fasse partie d'un changement de direction plus vaste et intentionnel de la part du Pape, comme le fait observer le père Mark Drew dans un excellent article du Catholic Herald britannique . Mais, en même temps, le cardinal Burke venait juste d'arriver au terme des cinq années traditionnellement prévues pour les préfets de la Signature apostolique". ...
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Dans la même idée d'une fausse perception du Pape François, le Cardinal émérite de Chicago s'explique dans une interviewe à John Allen
Le Cardinal George est archevêque émérite de Chicago, gravement malade et président émérite de la conférence épiscopale des USA
Le Cardinal George précise que le François dépeint comme "révolutionnaire" n'est pas le Pape François
"C'est ce qui m'inquiète, à un certain moment, les gens qui l'ont peint comme le héros de leurs scénarios de changements dans l'Eglise vont découvrir qu'il ne l'est pas."
23:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
lundi, 17 novembre 2014
Université de Fribourg, le Salon Beige, le gender et le doctorat honoris causa de Judith Butler
extrait du site internet de l'évêché: .... On voit particulièrement bien dans un tel contexte que c'est en argumentant, plutôt qu'en insultant (je pense à certains messages reçus), que l'on peut à la fois défendre ses propres idées et discuter celles des autres. L'insulte donne l'impression que l'on n'a pas d'argument.
+Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg
Judith Butler: le professeur Philippe Lefebvre, de l'Uni de Fribourg, met les choses O.P. (au point !)
Pour l'affaire Judith Butler, le Salon Beige a déteint sur Fribourg, au point d'engendrer les titres de la presse: des ultras-catholiques manifestent à Fribourg.
La RTS n'a heureusement pas pu qualifier les Veilleurs d'un tel adjectif très connoté. L'amalgame a été évité.
On sait maintenant pourquoi l'ordre des Frères Prêcheurs est abrégé o.p ( ordre frères prêcheurs - Ordo Fratrum Prædicatorum en latin).
Fribourg et Judith Butler: le professeur Lefebvre est au point
C'est bien à une belle mise "au point" à laquelle les lecteurs ont droit.
Le professeur d'Ancien Testament Philippe Lefebvre, dominicain, précise sur son mur Facebook:
"Le site Le Salon Beige continue sa désinformation sur l'Université de Fribourg, à l'occasion de la remise du doctorat honoris causa à Judith Butler par la fac des lettres de cette université.
- Contrairement à ce qui est suggéré par l'article de ce site, l'université de Fribourg est une université d'Etat, non une Université catholique.
- Contrairement à ce que dit ce site, les évêques de Suisse ne patronnent pas l'université de Fribourg. Seule la faculté de théologie, tout en délivrant des diplômes d'Etat, est reconnue par les autorités ecclésiastiques et elle est en partie sous la responsabilité et le contrôle de la conférence des évêques de Suisse.
- Contrairement à ce que dit ce site, le maître de l'Ordre des Dominicains n'est pas Chancelier de l'Université, mais de la seule faculté de théologie.
- Contrairement à ce que dit ce site, le frère dominicain à qui il demande à ses lecteurs d'écrire n'est plus prieur de son couvent depuis un an.
Le Salon beige, en dramatisant les choses, en laissant croire que l'Université jadis unanimement catholique, serait tombée aujourd'hui dans l'apostasie -elle et ses tuteurs ecclésiastiques-, fait quelque chose qui s'apparente à ce qu'on pourrait appeler un mensonge.
Pourtant toutes les informations que je viens de rappeler se trouvent sur le site de l'Université.
Quand on n'est pas fichu de lire une page pour avoir les informations de base, cela augure mal du reste : le Salon beige fait-il par ailleurs un travail d'information sérieux ? Sait-il exactement de quoi il parle ? Étonnante manière de prétendre sauver les valeurs chrétiennes tout en pratiquant, par la désinformation mensongère et l'approximation tendancieuse, l'inverse desdites valeurs.
Étonnante façon aussi d'esquiver tout débat d'idée en privilégiant l'invective et en prouvant au passage qu'on est très, très approximatif. C'est d'ailleurs pour cela qu'on évite le débat d'idées habituellement : parce qu'on se sait très approximatif".
16:56 | Lien permanent | Commentaires (6) | | |
Le Pape François n'est ni progressiste, ni conservateur; le Pape est le Pape
Je paraphrase François, repris par @AgenceIMEDIA :" il n'y a pas de Pape conservateur ou progressiste. Le Pape est le Pape".
— LeSuisseRom@in (@LeSuisse_Romain) 17 Novembre 2014
Pape François, s'exprimant sur la famille: “On ne peut pas parler aujourd’hui de famille conservatrice ou de famille progressiste : la famille est la famille“
14:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
dimanche, 16 novembre 2014
Sandro Magister et le Magistère du Pape François
Sandro Magister et le Pape François
Dans une interviewe (lire ci-dessous), le vaticaniste Sandro Magister avance la thèse de la confusion créée par le Pape François.
Or, ce n'est pas le Pape qui se contredit, mais bien plutôt l'article, dont les questions et les réponses sèment précisément cette confusion.
Un vaticaniste, un journaliste, se doit de raconter et d'expliquer.
Le Pape François ne désoriente pas les fidèles
(J'ai mis après les réponses de Sandro Magister des éclairages personnelles entre parenthèses, pour mettre en lumière les propos et les actions cohérentes du Pape. Le premier des droits est celui de la vérité, tout particulièrement le droit des fidèles et des lecteurs d'entendre les paroles et la pensée authentiques du Saint-Père. Ce droit est primordial, précède le droit d'auteur et fonde même ce droit d'auteur)
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LE PAPE DÉSORIENTE BEAUCOUP D'ÉVÊQUES
... parce qu'il joue sur plusieurs plans et souvent, il se contredit
source de la traduction en français
par Goffredo Pistelli
Question. Magister, le pape Bergoglio, ces derniers mois, a connu un succès planétaire, mais un certain nombre de décisions ont émergé, qui laissent songeurs. Par exemple, lui qui s'est présenté comme évêque de Rome, au Synode sur la famille a été jusqu'à rappeler les codes du droit canon qui affirment pouvoir pétrinien.
Réponse. Certes, dans son discours de clôture. (perso: le Pape est évêque de Rome et Pasteur universel de l'Eglise. Les deux sont unis, comme deux faces d'une même médaille)
Q. Il a tracé les lignes d'une vision partagée et ouverte du gouvernement de l'Eglise, et il a nommé un commissaire pour les Franciscains de l'Immaculée de façon plutôt dure et a muselé les conférences épiscopales ...
R. Certaines, comme celles d'Italie, sont de fait anihilées (anéanties).
(perso: c'est Benoît XVI qui a commencé les enquêtes; un commissaire a été envoyé à la demande des membres de l'Institut.
Le Motu Proprio libéralise la forme extraordinaire de l'unique rite romain pour tous les prêtres, sans permission pour la messe sans fidèle.
Pour les communautés religieuses et la messe de la communauté, cela dépend de leurs constitutions. Pour cet Institut, il n'est pas certain que la célébration de la forme ordinaire soit un acquis (d'où les plaintes internes adressées à Benoît XVI ? la célébration de la forme extraordinaire exige en effet la reconnaissance da la validité de la forme ordinaire, qui doit être célébrée au moins lors du Triduum pascal.
Les décisions du Pape François sont dans la ligne, et du Motu Proprio, et de l'Eglise. Sinon c'est insinuer une rupture entre les deux Papes, une non-continuité de l'Eglise avec la succession des Papes)
Q. Et parlant aux mouvements populaires, il a paru faire écho à certaines analyses de Toni Negri sur le travail, comme vous l'avez écrit dans le blog Settimo Cielo (cf. Le Pape activiste politique), puis il a accepté le «licenciement» de 500 calligraphes, peintres et imprimantes dont l'Aumônerie du Vatican a décidé de se passer.
R. En effet, cette histoire jure un peu ... (perso: lien ; ces bénédictions étaient un peu données trop facilement, et désormais l'office en charge donnera encore plus d'argent aux pauvres)
Q. ... tout comme jurent les positions «ultragarantistes» (ndt: dans le sens juridique, favorable à la garantie des droits civils), sur la justice et la prison, avec son choix de faire incarcérer préventivement l'ancien nonce à Saint-Domingue, en attente du jugement pour actes de pédophilie (cf. settimo Cielo)
R. C'est ce qui s'est passé. (perso: les actes du nonce apostolique sont graves et scandaleuses et le Pape suit la ligne de Benoît XVI)
Q. Eh bien, vous qui êtes vaticaniste de longue date, quelle idée vous êtes-vous faite?
R. Qu'il y a des contradictions et qu'elles représentent un jugement fondé, basé sur l'observation de plusieurs mois, inhérentes à la personnalité de Jorge Bergoglio.
(perso: hélas, c'est notre vaticaniste qui se contredit; au lieu d'expliquer, de raconter et de rendre compte, il se perd dans la confusion des idées)
Q. Et quelles conclusions en tirez-vous?
R. C'est une personne qui, tout au long de sa vie, et maintenant encore en tant que pape, agit simultanément sur plusieurs registres, laissant des portes ouvertes et, à première vue, a de nombreuses contradictions. Mais celles que vous avez mentionnées, toutefois, ne sont pas les seules.
Q. Pouvez-vous m'en signaler d'autres...
R. Voilà un pape extrêmement loquace, qui téléphone, qui accoste les personnes les plus diverses et les plus éloignées, mais qui reste muet sur le cas d'Asia Bibi.
(perso: le Pape est très exposé et veut éviter une confrontation, une croisade musulmans-chrétiens et agit par ses collaborateurs)
Q. Le pakistanaise condamnée à mort pour apostasie, depuis un certain temps en prison ...
R. Oui, sur cette histoire François n'a pas prononcé un mot. Tout comme sur les filles nigérianes enlevées, et sur l'acte incroyable d'il y a quelques jours au Pakistan, sur ces époux chrétiens, brûlés dans un four.
(perso: le Pape a écrit une lettre vigoureuse au G20, en demandant aux gouvernants d'agir contre les djihadistes)
Q. Ce sont des histoires qui concernent la relation avec l'islam, sur laquelle nous reviendrons. Mais ces contradictions, certains commencent à les définir comme «jésuitisme» dans le sens d'une pensée changeante.
R. Dit ainsi, c'est une qualification péjorative et inacceptable, même s'il est vrai que la spiritualité des jésuites a démontré dans le passé savoir s'adapter aux situations les plus différentes et parfois en conflit les unes avec les autres.
Q. La gestion du récent Synode est également apparue comme contradictoire...
R. Une gestion soigneusement calculée par le Pape et non pas laissée au hasard comme on a voulu nous le faire croire, et qui enregistre d'autres éléments contradictoires.
Q. Comme quoi?
R. Bergoglio a dit, et à plusieurs reprises, qu'il ne voulait pas transiger avec la doctrine, rester dans la tradition de l'Eglise. Mais ensuite, il a ouvert des discussions, comme celles sur la communion pour les personnes remariées, qui touchent les pierres angulaires du magistère.
Q. Pourquoi?
R. Parce qu'il est inexorable que la communion aux remariés débouche sur l'acceptation des secondes noces et donc la dissolution du lien sacramentel du mariage.
(perso: le Pape veut que ceux qui s'opposent se parlent droit dans les yeux. Il n'a jamais parlé contre l'enseignement de l'Eglise, ni prononcé une seule parole en faveur des thèses pour la communion des divorcés remariés. Il veut que l'Eglise soit accueillante pour tous et chacun)
Q. Je ne suis pas vaticaniste, mais le sentiment, vu de l'extérieur est qu'il se répand un peu de confusion, et pas seulement dans les hiérarchies. Mais aussi dans des milieux qui ne peuvent certainement pas être définis comme traditionalistes ...
R. Ceci ne fait aucun doute. Il y a des personnalités d'importance notable, et certainement pas lefebvristes, qui le font comprendre, même si elles ne le disent pas en termes drastiques d'opposition. Même le cardinal Raymond Leo Burke, l'ancien préfet de la Signature apostolique, récemment démis, ne l'a pas fait, parce qu'il n'y a pas de courant hostile a priori au pape. Bien sûr, il y a des manifestations évidentes de malaise.
(perso: sans doute que la Capamagna (très long habit rouge des Cardinaux) n'est plus guère d'actualité)
Q. Quelques exemples?
R. Prenons l'épiscopat des Etats-Unis, c'est-à-dire les évêques de l'un des pays qui compte le plus de catholiques au monde. Cette conférence épiscopale, au cours des dernières années, a exprimé une ligne cohérente et combative sur le terrain public, y compris contre certaines décisions de Barack Obama sur les questions éthiques. Une ligne partagée par de nombreux prélats d'importance.
Un collectif, plutôt qu'une somme d'individus, disons un noyau dirigeant. (perso: le Pape a parlé clairement pour la vie devant des médecins et veut parler de ces thèmes dans des circonstances bien précises, pour ne pas être monothématique)
Q. Et donc, les Américains ? ..
R. Ils sont plutôt mal à l'aise. C'est le cas de cardinaux et d'archevêques, Timothy Dolan de New York, Patrick O'Malley de Boston, Jose Gomez à Los Angeles ou Charles Chaput à Philadelphie. Un épiscopat dont provient Burke lui-même, qui n'est certainement pas confiné à des circuits traditionalistes marginaux, mais qui continue de faire partie d'une des plus solides Églises nationales.
Q. Et également la CEI, comme nous l'avons dit précédemment, semble un peu en difficulté.
R: Il y en a, des difficultés, pour se mettre au pas de ce pape. Avec un président, Angelo Bagnasco, qui semble le plus en difficulté de tous.
Q. Aussi parce que son successeur a déjà été désigné en la personne de l'archevêque de Pérouse, Gualtiero Bassetti, créé cardinal par Bergoglio.
R. Mais il me semble que même Bassetti est parmi les évêques italiens qui sont mal à l'aise.
Q. Parmi les italiens, les plus explicites ont peut-être été le Milanais Angelo Scola et le bolognais Carlo Caffara.
R. Ils l'ont été en s'exprimant avant et pendant le Synode. Mais c'était inévitable compte tenu de la décision du pape de confier au cardinal Walter Kasper, l'ouverture de la discussion, et donc, en pratique, l'ouverture des hostilités.
Q. Pourquoi ?
R. Parce que Kasper repropose aujourd'hui, telles quelles, les thèses vaincues en 1993 par le binôme Jean-Paul II et Joseph Ratzinger, ce dernier dans le rôle de préfet du Saint-Office.
(perso: ces deux géants de l'Eglise étaient en grande union et nous manquent sans aucun doute. Tentons toutefois de nous mettre à leur niveau)
Q. Oui, le Pape a lancé Kasper, il a fait secrétaire spéciale du synode Mgr Bruno Forte, qui, durant les travaux a pesé, au point de susciter les réactions de certains père du synode, mais ensuite, à la fin, François est intervenu, fustigeant les uns et les autres. Presque comme un vieux DC (démocrate chrétien) contre les extrémistes des deux bords.
R. C'est un autre des formes récurrentes d'expression de ce pontife: bastonner d'un côté et de l'autre. Pourtant, si l'on veut faire un inventaire, ses bastonnades aux traditionalistes, aux légalistes, aux défenseurs rigides de la doctrine aride, semblent beaucoup plus nombreuses et ciblés. Mais quand il s'en prend aux bien-pensants (buonisti), on ne sait jamais de qui il parle.
(perso: le Pape touche et réforme la vie concrète de nous tous. La foi est d'abord une vie intérieure, avec des actes qui sont avant tout des enseignements. L'Eglise ne s'explique pas avec des critères d'ordre politiques)
Q. Le Synode a lancé de plus en plus le directeur de la Civiltà Cattolica, le père Antonio Spadaro.
R. Il se pose désormais comme porte-parole du Pape et le magazine jésuite, qui avait entamé un déclin progressif (déjà sous sa direction, alors qu'il s'occupait beaucoup du web et des réseaux sociaux), est à présent l'expression du sommet suprême du Vatican. Surtout après la première grande interview avec le pape jésuite. Tandis que le «nègre» de François est Manuel Fernandez, le recteur de l'Université catholique de Buenos Aires, que le pape a fait archevêque.
C'est avec Fernandez que François a écrit Evangelii Gaudium, tout comme dans le passé, il avait écrit avec lui le document d'Aparecida, au Brésil, en 2007, quand l'ex-archevêque de Buenos Aires conduisit au port la conférence des évêques latino-américains, un document qui pour beaucoup, est l'anticipation de cette papauté.
(perso: ce document d'Aparecida est fondamental pour l'Amérique latine, une révolution pour une nouvelle pastorale, une évangélisation sans critères politiques importés par la théologie de la libération)
Q. Face à un grand consensus, il y en a aussi, comme l'écrivain Antonio Socci, qui contestent la validité de l'élection du pape. Avez-vous lu son livre 'Non è Francesco?'
R. Je l'ai lu en une soirée, d'une seule traite, bien qu'il compte plus de 300 pages. Et pas pour la thèse de l'invalidité de l'élection, à cause de l'annulation d'un tour de scrutin au conclave, en raison d'un bulletin blanc en trop. Une thèse à mon avis inconsistante.
(perso: la théorie du complot fascinera toujours les esprits. Heureusement, Sandro Magister n'y succombe pas)
Q. Alors, pourquoi la lecture était-elle intéressante ?
R. Pour ce qui fait le succès du livre, au point de le propulser au sommet des ventes, dépassant même les livres de et sur Bergoglio. A savoir qu'il reconstruit, avec des faits et des mots incontestables, les contradictions que nous avons mentionnées.
Q. Un livre dont personne ne parle, comme s'il risquait de nuire à la popularité de François, qui est énorme. Malgré ce consensus, cependant, la pratique religieuse n'augmente pas, et on voit même une aversion croissante, y compris publique, au catholicisme. Bergoglio oui, le reste non.
R. Même la popularité de ses prédécesseurs, ne l'oublions pas, était très forte. Jean-Paul II a connu un succès dans le monde entier et pas seulement quand il a affronté la maladie. Et Benoît XVI, entre 2007 et 2008, a atteint des sommets dans les sondages, même si on l'oublie. Son voyage aux États-Unis a été le point culminant, avec une réception ample et positive, y compris par l'opinion publique laïque.
Q. Alors, quelle est la différence ?
R. Que ses prédécesseurs étaient populaires, surtout dans l'Eglise, même s'ils étaient âprement contestés par les pointes dures de l'opinion publique non chrétienne. Tandis que la popularité la plus frappante de François est hors de l'Eglise, même si elle ne cause pas de vagues de convertis. Et même, avec lui il y a une certaine complaisance dans la culture étrangère ou hostile au christianisme.
Q. Dans quel sens ?
R. En voyant que le chef de l'Eglise se déplace vers leurs positions, qu'il semble comprendre et même accepter. L'histoire des entretiens répétés avec Eugenio Scalfari l'illustre: le pape accepte que le fondateur de la République, autrefois le plus dur opposant du pape, puisse publier tout ce qu'il veut de ces entretiens.
(Scalfari a reconnu n'avoir pris ni enregistrement ni de note durant son entretien. Ces interviews, même publiées dans un livre, ne sont pas des documents du Magistère)
Q. En fait, Scalfari lui-même a déclaré qu'il avait également publié ce que Bergoglio n'avait pas dit.
R. Tout à fait. Mais dans tout cela, il n'y aucune approche du christianisme. Le christianisme mis dans la bouche de Bergoglio n'est plus provocateur, il ne pose pas de problème comme avant, il peut être traité avec courtoisie, supériorité, détachement. Le christianisme compte moins. Qu'il suffise de dire que le président du conseil, Matteo Renzi, un catholique, se moque (se fiche) de ce que fait la CEI. En somme, d'une situation de confrontation ou de conflit, nous sommes passés au désintérêt.
Q. Avec le monde musulman, François est silencieux. Et le secrétaire d'État Pietro Parolin, parlant récemment à l'ONU, a été très prudent. Certains parlent d'une grande prudence et, quand ils le font, ils citent le discours de Benoît XVI à Ratisbonne, qui a provoqué des réactions et même des morts (ndt: un mort, en fait).
R. C'est une prudence poussée à l'extrême, mais, dans la pratique, je n'en vois pas les avantages, je ne pense pas qu'elle soit une aide, même petite ou partielle, pour les chrétiens de ces régions. La crainte, on peut la comprendre, si on la mesure à la proportionnalité de l'effet, elle ne vaut que si elle produit moins de dégâts. La situation me rappelle le silence de Pie XII sur les juifs.
(perso: la prudence est le propre des hommes de gouvernements. Parolin est un fin diplomate. La diplomatie du Saint-Siège continue d'être un phare puissant pour notre monde)
Q. Une controverse historique, mais récente ...
R. Papa Pacelli a tout fait pour sauver les Israélites, également personnellement au Vatican, maintenant nous le savons. Mais il hésitait à dénoncer ouvertement la chose, craignant que cela passe comme aux Pays-Bas, où la dénonciations de quelques évêques a été suivie de persécutions encore pires.
Q. Pourtant, le silence persiste.
R. Sauf le cardinal Jean-Louis Tauran, préfet du dialogue interreligieux, qui ne ménage pas les jugements, même sévères. (le Cardinal agit avec l'assentiment du Pape)
Q. Quel est le problème ?
R. Il est qu'il y a dictateurs comme l'Isis, dont on s'empresse de dire qu'ils n'ont rien à voir avec l'islam, mais qui sont alimentés par un islamisme radical qui n'a pas résolu la question de la rationalité et donc de la relation entre la foi et la violence. Voilà exactement ce qu'a dénoncé Papa Ratzinger à Ratisbonne. Et en effet, le seul véritable dialogue entre le christianisme et l'islam est né de ce discours, avec la lettre des 138 savants musulmans.
Q. Bien que la visite de la Mosquée bleue à Istanbul, l'année suivante, ait été considérée comme une réparation de Benoît XVI.
R. Ratzinger pouvait faire ce geste, justement pour avoir dit ces choses à Ratisbonne. Son jugement n'était pas énigmatique, on le comprenait très bien, il l'avait exprimé avec une clarté cristalline.
Q. Et François, il est clair ?
R: Parfois pas. Quand à Bethléem il s'arrête devant le mur qui sépare Israël des territoires et reste en silence absolu: on ne sait pas ce qu'il veut dire. Et quand à Lampedusa il crie «honte!», et on ne sait pas qui devrait avoir honte. L'Italie qui a sauvé des milliers de vies? Pourquoi ne le dit-il pas? Souvent, il y a des mots et des gestes qui sont délibérément laissés dans l'incertitude.
(perso: les murs sont une honte et mieux vaut construire des ponts ! L'image à fait le tour du monde, grâce à un Pape, un génie de la comm. ! Lampedusa est une honte, mais pour tous ! aussi bien pour les pays qui n'arrivent pas à assurer la sécurité de ceux qui doivent fuir - il existe aussi une droit de ne pas immigrer - comme pour ceux qui les ignorent de façon inhumaine. D'où l'expression de la "globalisation de l'indifférence")
Q. On n'a pas le temps de parler des affaires vaticanes, comme celle d'Ettore Gotti Tedeschi, qui a été démis de l'IOR sous la Secrétairerie du cardinal Tarcisio Bertone, mais dont l'honnêté a émergé à plusieurs reprises. Y compris par le non-lieu de la justice italienne.
R. On lui refuse la réhabilitation. Il a demandé une entrevue au pape mais elle lui a été refusée (perso: Ettore Tedeschi a obtenu justice et il a pu déjà démasquer le mobbing qu'il avait subi)
Q. L'Eglise «hôpital de campagne» garde parfois ses portes bien fermées.
A. Tout à fait.
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samedi, 15 novembre 2014
RTS Radio Suisse Romande: Judith Butler, les Veilleurs et le doctorat honoris causa pour le gender qui engendre ...
Judith Butler: les Veilleurs sont pacifiques et réfléchis
La RTS n'a pu que le relever ( écouter le 12.30 et regarder le 19.30 ).
Les mails et les articles précédents le doctorat de Judith Butler n'ont finalement réussi qu'à mettre le feu aux poudres et donner un climat agressif.
Judith Butler ou les deux attitudes: l'agressivité ou la paix de la réflexion
Car toute autre est la médiatisation des Veilleurs (qui s'inspire de Ghandi). Il est impossible de les ranger parmi les ultras, les extrémistes et les personnes agressives et revendicatrices. Les tenants de l'union indissoluble et fécond entre un homme et une femme n'appartiennent en aucun cas à cette caricature.
Les images parlent d'elles-mêmes: la réflexion, la bienveillance, la lecture de textes et les bougies ne laissent aucune place au doute. Même chose pour la prière.
L'évêché de Fribourg, au travers de son communiqué pondéré et circonstancié, a donné le ton pour indiquer la bonne ligne.
Même le 19.30 (le titre est trompeur !), qui a certes laissé une toute petite place à la paix et aux Veilleurs (quelques secondes à la fin des 2 minutes) n'a pu que constater qu'il existe un fossé entre les extrémistes, les opposants et les ultras et l'évêché de Fribourg et les Veilleurs.
Butler et le paradoxe du doctorat honoris causa à Fribourg: le gender engendre !
Cette provocation du doctorat honoris causa a finalement permis la naissance d'un mouvement positif et pro-actif. Ils sont tous jeunes et pleins d'avenir.
RTS, Judith Butler et les Veilleurs
Le 12h30
Le 19.30
20:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
Le Pape François pour la vie: avortement, euthanasie, procréation médicalement assistée et cellules souches ...
Le Pape François: la vie humaine est sacrée
“Il n’existe pas de vie humaine plus sacrée qu’une autre“ ... “La vie humaine est toujours sacrée, valide et inviolable, et comme telle elle doit être aimée, défendue et soignée“.
Pape François: fausse compassion pour l'avortement, la PMA et l'euthanasie
“La pensée dominante propose parfois une fausse compassion, celle qui considère que c’est une aide à la femme de favoriser l’avortement, un acte de dignité de procurer l’euthanasie, une conquête scientifique de ‘produire’ un enfant considéré comme un droit au lieu de l’accueillir comme un don, ou d’utiliser une vie humaine comme un cobaye de laboratoire pour en sauver probablement d’autres“.
Pape François: fabriquerdes enfants est un péché contre Dieu Créateur
“Fabriquer des enfants au lieu de les accueillir comme un don… on joue avec la vie, c’est un péché contre Dieu créateur“.
Pape François: l'avortement est un problème scientifique
L’avortement “n’est pas un problème religieux, ni philosophique, c’est un problème scientifique“
Pape François: l'euthanasie est un péché contre Dieu Créateur
l’euthanasie, même “l’euthanasie cachée“ dont sont victimes de “nombreuses personnes âgées“, est “un péché contre Dieu créateur“.
Avortement, euthanasie, PMA, cellules souches : Le pape dénonce avec force les atteintes à la vie humaine.
“La vie humaine est toujours sacrée“. C’est ce que le pape François a soutenu avec force devant plusieurs milliers de médecins catholiques italiens, le 15 novembre 2014 au Vatican, assurant que les atteintes à la vie étaient “un péché contre Dieu créateur“. Le pape a particulièrement fustigé la “pensée dominante“ qui propose une “fausse compassion“ pour justifier des pratiques comme l’avortement, l’euthanasie, la PMA ou encore la recherche sur les embryons.
© I.MEDIA
Recevant en audience les membres de l’Association des médecins catholiques italiens, venus célébrer au Vatican les 70 ans de la fondation de leur association, le pape François a tout d’abord reconnu que grâce aux “progrès scientifiques et techniques, les possibilités de guérison physique avaient considérablement augmenté“. Pour le pontife, “les conquêtes de la science et de la médecine peuvent contribuer à l’amélioration de la vie humaine“, mais à condition de ne pas s’éloigner “des racines éthiques de ces disciplines“.
“Il n’existe pas de vie humaine plus sacrée qu’une autre“, a alors rappelé le pape, avant d’insister : “La vie humaine est toujours sacrée, valide et inviolable, et comme telle elle doit être aimée, défendue et soignée“.
“La pensée dominante propose parfois une ‘fausse compassion’, a ensuite dénoncé le pape, celle qui considère que c’est une aide à la femme de favoriser l’avortement, un acte de dignité de procurer l’euthanasie, une conquête scientifique de ‘produire’ un enfant considéré comme un droit au lieu de l’accueillir comme un don, ou d’utiliser une vie humaine comme un cobaye de laboratoire pour en sauver probablement d’autres“.
Quittant son texte des yeux, et visiblement ému, le pape François a déploré : “on vit un temps d’expérimentation de la vie humaine, mais on l’expérimente mal“. “Fabriquer des enfants au lieu de les accueillir comme un don… on joue avec la vie, a-t-il insisté, c’est un péché contre Dieu créateur“.
L’avortement “n’est pas un problème religieux, ni philosophique, c’est un problème scientifique“, a repris le pape en improvisant. “Il n’est pas licite de rejeter une vie humaine pour résoudre un problème“, a-t-il poursuivi. De la même façon, a estimé le pontife, l’euthanasie, même “l’euthanasie cachée“ dont sont victimes de “nombreuses personnes âgées“, est “un péché contre Dieu créateur“.
Dans ces circonstances, le pape a invité les médecins catholiques à faire des “choix courageux et à contre-courant“, en vertu de “l’objection de conscience“.
Des paroles rares
Convaincu que le monde connaît la “pensée de l’Eglise“ sur ce type de questions, le pape François intervient rarement dans ce domaine. “Il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence“, expliquait-il ainsi durant l’été 2013 dans un entretien accordé aux revues jésuites, tout en tempérant : “Lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis“.
C’est ainsi à de très rares reprises que le pape François a jusque-là évoqué directement l’avortement ou l’euthanasie, préférant fustiger avec force “la culture du rejet“ dont sont victimes des enfants et des personnes âgées, ou encore “la culture de la mort“.
En janvier dernier, cependant, le pape François avait assuré devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège que l’avortement lui faisait “horreur“. Deux mois plus tôt, dans son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, il indiquait de façon très claire que l’Eglise n’entendait pas changer de position sur la défense de la vie, en particulier dans son opposition à l’avortement et à l’euthanasie.
BL/AMI
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vendredi, 14 novembre 2014
Judith Butler, le gender et le doctorat honoris causa à Fribourg: résultat des courses
Judith Butler et la tactique médiatique
Dans la sphère médiatique, la réaction est toujours perdante. Face à la provocation du doctorat honoris causa de Judith Butler, la stratégie gagnante est celle de la patience, du sourire, de la bonté et de la réflexion.
Majoritairement, cela n'a pas toujours été suivi, même avec les meilleurs intentions du monde. Manifestations ? avalanches de mails ... Face à notre clavier, la précipitation et l'agitation sont un gros risque.
La logique médiatique des tenants du gender consiste à révéler les soi-disant agressivité, intolérance et surtout la pseudo violence des opposants. Du moment qu'on leur prête le flanc, ils finissent inévitablement par nous caricaturer.
Résultat des courses ( La Liberté du 14 novembre 2014 )
Judith Butler: service de sécurité engagé
Résultat: la conférence que donnera Judith Butler vendredi soir à l’Université de Fribourg sera encadrée par un service de sécurité, explique l’organisateur François Gauthier, professeur associé en sciences des sociétés, des cultures et des religions.
La conférence des évêques suisse au travail
L'évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg Mgr Morerod, philosophe, théologien et dominicain agissent avec sagesse et pro-activité: "soucieuse de la polémique autour des études de genre, une commission des évêques suisses suit actuellement la question et communiquera ultérieurement sur le sujet". cf: site Internet
14:22 | Lien permanent | Commentaires (0) | | |
mercredi, 12 novembre 2014
RTS découverte: la sonde Rosetta expliquée en quelques secondes
RTS découverte: la sonde Rosetta expliquée en quelques secondes
La sonde #Rosetta expliquée par @AndrBrahic, professeur à l'Université Diderot et au @CEA. Brillant! http://t.co/lh7G0fJoxC
— Chytil Tania (@TaniaChytil) 12 Novembre 2014
Lien RTS
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