"Va, François, et répares mon Eglise, qui tu le vois tombe en ruine."
Pour la petite histoire franciscaine, en 1207, c'est cette église que Innocent VII vit en songe, tombant en ruine, et soutenue par un petit religieux qui empêchait qu'elle ne s'écroule. Il s'agissait de St François à qui Jésus avait dit à travers le Crucifix de San Damiano la fameuse phrase.
La primauté du politique sur la spécificité de l'Eglise
Lors de l'exposé de son Excellence Mgr Jean-Louis Bruguès, bibliothécaire de la Sainte Eglise romaine, il fut relevé avec sagesse que les critères politiques sont dominants pour analyser la vie de l'Eglise.
Cela provient sans aucun doute du manque de culture religieuse qui a disparu de notre culture générale. Nous utilisons alors les idées communes, les idées politiques, pour rendre compte d'une institution autre, qui n'est justement pas politique.
Obama l'anti Bush
Souvenons-nous de la médiatisation d'Obama. Il fut l'anti-Bush. Tout récemment, Hollande fut l'alternative de Sarkozy.
Ce critère politique est projetté sur les deux Papes, Benoît XVI et le Pape François. Le nouveau Pape devient enfin l'alternative ou l'opposé d'un Pape allemand, rigide, traditionaliste, habillé en dentelles et portant des souliers rouges... Pour paraphraser notre Pape, ce sont des critères en marge, auto-référentiels, au frontières et à la périphérie de l'Eglise qui prennent le devant de l'analyse. Hélas, ils deviennent dominants.
Des accidents au lieu de la substance
Ce premier mois du Pape François est passé à la moulinette de ces critères politiques, qui en ferait un Pape de rupture en rapport avec son prédécesseur. La férule est différente, la croix pectorale est autre, le lieu d'habitation est différent ...
Je compare cela en disant: avec le Pape émérite l'Eglise était une voiture à la couleur d'or baroque. Avec François, c'est exactement la même Eglise, la même marque de voiture, le même modèle, toutefois la couleur est blanche. Or, la majorité y semble y voir une autre Eglise.
La foi qui éclaire la raison
Souvenons-nous que lors de la rencontre du Pape François, le nouveau Pape a invité les journalistes, en plein coeur de l'année de la foi, à lire la vie de l'Eglise avec la lumière de la foi. Le changement de gouvernance de la curie romaine ne sera que la conséquence d'une vision de foi portée sur toute l'Eglise: "sans la foi, la réforme de l'Eglise tant désirée ne portera aucun fruit" (Ratzinger)
La nouvelle évangélisation
L'invitation de Jésus à saint François de reconstruire son Eglise prolonge le constat de Ratzinger: l'Eglise est une barque prête à couler. Mais cette phrase, peu d'ecclésistiques l'appréciaient, alors que celle-ci passe presque sans problème.
Le mouvement afin de mener l'Eglise au coeur de la foi se nomme la nouvelle évangélisation. Le dernier Synode évoqua justement cette nouvelle évangélisation que notre Pape poursuit magistralement.
L'Eglise de Rome préside
Qui se souvient de la phrase patristique du nouveau Pape sur le balcon, "l'Eglise romaine préside à la Charité?". On ne retient presque exclusivement qu'il ne se présente que comme l'évêque de Rome, pour exalter une fausse collégialité et une décentralisation éronnée.
La confession
Enfin le sacrement de la confession, mis sous le boisseau en Occident, est dominant chez notre Pape. Le sacrement de la réconciliation, de la pénitence, de la conversion est prioritaire dans les interventions de "Papa Bergoglio". La vraie réforme dont l'Eglise a besoin est bien celle de la conversion personnelle.
Une fausse impression
Il y a ainsi une connivence entre la vision politique projetté sur l'Eglise et l'hérméneutique de la rupture intra-ecclésiale qui prédomine. Le Christ de la foi semble se séparer du Christ de l'histoire, le François des idées se détache du Saint François historique canonisé par l'Eglise, l'esprit du Concile apparaît l'emporter sur les textes du Concile.
Blanc bonnet et bonnet blanc
Aussi François et Benoît c'est blanche soutane et soutane blanche
L'ouverture du coeur
Sous cette cendre superficielle d'analyse, je constate avec joie la braise d'un nouvel enthousiasme pour la foi, un intérêt majeur pour l'Eglise avec une ouverture des coeurs chez de très nombreuses personnes. Cela me réjouit énormément !! Aussi, regardons notre Pape avec les yeux de la foi. C'est un Pasteur exceptionnel, un homme de gouvernement, un géant spirituel et enfin un coeur proche des gens, avec nous et pour nous.