C'est un sérieux problème qui dure depuis au moins 50 ans. L'organisation juridique et économique de l'Eglise en Suisse ne correspond globalement pas exactement au droit canon. Ce dernier cherche à promouvoir ce qui est juste, autrement dit recherche ce qui est propre à une réalité, ce qui lui appartient et qui est sien.
Le Tribunal fédéral confirme le droit de l'Eglise
Les rapports Eglise-Etat en Suisse sont parfois sources de tensions. Pourtant, le Tribunal fédéral, par la sentence de 5 juges fédéraux, reconnait depuis fin 2007 la liberté religieuse et la liberté de conscience, et donne la vision de l'Etat sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Nul n'est besoin de dire qu'elle amène de l'eau au moulin à la position du droit canon (droit de l'Eglise).
Pour l'Eglise, et le Tribunal fédéral le confirme, on entre dans l'Eglise par le baptême et on y adhère par la profession de foi, la fréquentation des sacrements et la docilité au gouvernement du Pape et de l'évêque.
Une sorte de monstre à deux têtes
Or parfois, en Suisse, une organisation quelque peu parralèle, ecclésiatique, avec des lois parfois non-conformes au droit canonique, régit les finances et finalement pèse parfois sur la pastorale ( cf. cet article).
En 2006, une femme a souhaité sortir de l'Eglise ecclésiastique tout en restant membre de l'Eglise catholique romaine. Elle s'est adressée à la paroisse puis à l'Eglise cantonale, et enfin en 2007 a eu recours au Tribunal fédéral. Les 5 juges fédéraux lui ont donné raison, alors que les tenants des structures ecclésiastiques lui avaient dit non.
Le Tribunal fédéral rappelle que les corporations ecclésiastiques sont de droit ecclésiastique (et non de droit canonique) et l'Eglise catholique romaine est plus grande et large que ces structures. Il a donc accepté, au vu du droit, à la sortie juridique de la femme de ce système tout en restant membre de plein droit et à part entière de l'Eglise catholique romaine. La liberté est primordiale. On appartient à l'Eglise en conscience, en pleine liberté, car elle est de nature religieuse et non identique à l'Etat, en suivant le Credo. Sortir de l'Eglise est une conséquence canonique, et ce n'est pas à l'Etat d'entrer en matière, mais à l'Eglise.
Suite à cette décision, le diocèse de Bâle a émis une directive:
- un catholique soutient l'Eglise par l'impôt. Il est du devoir du chrétien de subvenir aux besoins de l'Eglise.
- il est possible de quitter les institutions ecclésiastiques, mais cela reste une exception.
- s'il y a un problème entre un chrétien et une Corporation, la personne peut demander de la quitter, sans pour autant quitter l'Eglise.
- le vicaire général la convoquera afin de parler avec elle. Si elle est convaincue, elle pourra sortir de la Corporation et contribuer à un fond de solidarité, un fond spécial pour le diocèse.
Titeuf dirait: "c'est pô juste!".
So,"is no good", ainsi "c'est pô bien" dirions-nous en anglais....
La bande dessinée "Iznogoud" parlait souvent du personnage qui voulait être Calife à la place du Calife. Une réalité à deux têtes est une sorte de petit monstre ingouvernable.
- si elle refuse, alors l'évêque peut émettre une sentence d'excommunicaiton ( ce qui est contraire au droit canon, car l'excommunication ne peut pas être prononcée pour des raisons financières )
Le diocèse de Coire a aussi émis des directives pastorales:
- il est du devoir d'un chrétien de contribuer au soutien économique de l'Eglise. Mais l'impôt n'est pas mentionné, ni les sanctions.
Différence entre l'Eglise catholique et les structures ecclésiatiques, qui sont comme un Cheval de Troie, ou une main invisible pour contrôler l'Eglise
Le Tribunal fédéral de Lausanne, en novembre 2007, a ainsi reconnu la différence entre l'Eglise catholique romaine, avec une nature propre, gouvernée par le droit canon, et les structures ecclésiastiques ( défendues becs et ongles par certains chrétiens ), dirigées par le droit ecclésiastique, ce dernier étant parfois en contradiction avec le droit canon et la sentence du Tribunal fédéral.
Le débat de la démission partielle ( qui est un mauvais concept, car soit on est dans l'Eglise, soit on ne veut plus en appartenir ) reste, après la fin des absolutions collectives, une des priorités pastorales du Saint Siège envers la Suisse.