Une statistique dynamique pour un petit troupeau
Tout comme à Genève et Lausanne, Mgr Charles Morerod a été accueilli à la Basilique Notre Dame de Neuchâtel, dite "église rouge". La bise et le froid n'ont rien pu faire contre la chaleur humaine, et ni la neige ni le vergla n'ont pas pu s'unir pour empêcher un accueil chaleureux.
Avec 17 prêtres et presque autant d'assistants pastoraux, l'Eglise qui est à Neuchâtel représente 10% des catholiques du diocèse. C'est le plus petit vicariat, qui a aussi des grands soucis financiers. Mais, comme l'a souligné l'évêque, "Neuchâtel a le plus grand nombre de séminaristes actuellement au Séminaire. Preuve d'une vitalité certaine pour l'Eglise dans ce canton".
Humour, prières bien accompagnées par la chorale et chaleur humaine étaient au rendez-vous avec "un beau temps qui ne fait jamais défaut à Neuchâtel lorsqu'elle est en fête pour accueillir" a souligné avec joie le vicaire épiscopal l'abbé Jean Jacques Martin. La Messe fut en effet fort belle, priante, à la liturgie romaine sobre grâce aussi au service liturgique du séminariste neuchâtelois François Perroset, avec des chants, des enfants de choeur, qui ont enchanté et réchauffé toutes les personnes présentes. Quatre gardes suisses, du cru, honorèrent l'évêque et le Saint Sacrement, pour nous rapeller que toute Messe se célèbre en communion avec le Pape.
Un coeur dans une intelligence
Charles Morerod est dominicain, de l'Ordre des Frères Prêcheurs. Cela s'entend, se sent et se ressent. L'ancien professeur est un homme qui a pour ainsi dire un coeur dans son intelligence.
Dans son homélie, le nouveau Pasteur du diocèse a souligné que "l'Evangile du jour n'avait pas été choisi pour cette heureuse circonstance, et que personellement il en aurait sans aucun doute choisies d'autres".
En effet, le récit de la décapitation de Saint Jean Baptiste par Hérode, sous l'instigation d'Hérodiade, a résonné dans l'église, bien pleine, avec des représentants des communautés réformés et catholique chrétienne, mais aussi les autorités politiques et religieuses. "Pourtant la Parole du Seigneur était bel et bien les lectures prévues objectivement par la liturgie. Aussi mieux vaut modeler sa vie et sa pensée sur la Parole de Dieu que l'inverse" a précisé l'évêque. Ce dernier a dès lors brossé le portrait de David, de Saint Jean Baptiste et de Jésus.
Dieu, cet éducateur patient
"La violence des récits de l'AT pourrait nous pousser à rejetter ces textes. David a tué plus de 10 000 hommes. Or Dieu nous prend tel que comme nous sommes, pour nous mener progressivement vers le bien. C'est un pédagogue qui parle selon notre mode humain, comme des enfants avec des enfants, comme des adultes avec des adultes. Dieu nous fait faire des progrès. Dans toute vie, il y a du bien et du mal, celle de David, tout comme la nôtre, ne fait pas exception.
Saint Jean Baptiste fut décapité, à cause d'une promesse somme toute bien stupide, mais surtout parce qu'il a dit courageusement à Hérode qu'il ne pouvait pas prendre comme épouse la femme de son frère. On lui en voulait pour cela. Tous les prophètes ont été persécutés et critiqués. Mais cela n'est pas parce que nous sommes critiqués que nous sommes prophètes. Il nous faut nous poser la question".
L'Eglise fait mieux que le foot
Avant Madame le curé de l'église catholique chrétienne et un représentant de l'EREN, la présidente de la Fédération catholique Neuchâteloise Mme Sylvie Perrinjaquet a "ouvert les feux" pour les discours. Ayant pour mission d'offrir les conditions cadres pour l'annonce de la foi, la Présidente a souhaité la bienvenue à l'homme de l'Eglise, "longtemps attendu et désiré, qui suite au décès de Mgr Genoud, laissait les chrétiens orphelins Beaucoup d'attente sont placées en l'évêque pour réchauffer la foi des chrétiens. Si des moments de solitudes pourraient s'emparer de son esprit, il doit être certain des prières à Dieu et à Marie pour le soutenir et l'encourager".
Dans cette partie officielle, le très médiatique Conseiller d'Etat Jean Studer, ancien servant de messe et élève des écoles catholiques, a rappelé que "de son bureau au Château il pouvait voir le clocher de l'église rouge. Durant longtemps c'était, avec la Collégiale, le point le plus haut de la ville, avant que les projecteurs illuminent un stade au terrain vert où 22 joueurs courent après un ballon. Or, actualité oblige, force est de constater que l'Eglise par son histoire, et l'Etat, ont une plus grande stabilité que des divertissements parfois futiles".
Un accueil toujours chaleureux
L'évêque n'a pas manqué d'illustrer la devise de son épiscopat qui le soutient: "vivere Chritus est ; pour moi vivre c'est le Christ". Montrant du doigt le Christ en croix du Calvaire au maître autel, dont la fin pourrait nous effrayer, or il est Ressuscité, le dominicain a entre autre souligné qu'il a bien apprécié la citation du bienheureux Jean Paul II par Jean Studer: "N'ayez pas peur!".
L'évêque s'en est retourné à Fribourg avec des cadeaux, des produits du terroire, dont la fameuse absinthe, mais légale!, accompagnée de vins rouges, de saucissons, de chocolats et de cartes humoristiques.
Mgr Morerod s'est senti vraiment chez lui, en se demandant toutefois avec l'humour qui est le sien, "comment le canton allait garder un tel niveau d'accueil pour sa prochaine venue..."
Le curé de la Basilique, l'abbé Vincent Marville, n'a pas manqué d'annoncer cette prochaine venue de Charles Morerod dans la capitale du canton, puisque le spécialiste de l'unité des chrétiens y est attendu* à nouveau en avril pour un conférence sur l'oecuménisme.
*Mercredi 25 avril 2012: Matinée de travail sur l'oecuménisme à destination principalement des "professionnels", et conférence tout public le soir à 20h00.