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Sandro Magister et le Magistère du Pape François
Sandro Magister et le Pape François
Dans une interviewe (lire ci-dessous), le vaticaniste Sandro Magister avance la thèse de la confusion créée par le Pape François.
Or, ce n'est pas le Pape qui se contredit, mais bien plutôt l'article, dont les questions et les réponses sèment précisément cette confusion.
Un vaticaniste, un journaliste, se doit de raconter et d'expliquer.
Le Pape François ne désoriente pas les fidèles
(J'ai mis après les réponses de Sandro Magister des éclairages personnelles entre parenthèses, pour mettre en lumière les propos et les actions cohérentes du Pape. Le premier des droits est celui de la vérité, tout particulièrement le droit des fidèles et des lecteurs d'entendre les paroles et la pensée authentiques du Saint-Père. Ce droit est primordial, précède le droit d'auteur et fonde même ce droit d'auteur)
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LE PAPE DÉSORIENTE BEAUCOUP D'ÉVÊQUES
... parce qu'il joue sur plusieurs plans et souvent, il se contredit
source de la traduction en français
par Goffredo Pistelli
Question. Magister, le pape Bergoglio, ces derniers mois, a connu un succès planétaire, mais un certain nombre de décisions ont émergé, qui laissent songeurs. Par exemple, lui qui s'est présenté comme évêque de Rome, au Synode sur la famille a été jusqu'à rappeler les codes du droit canon qui affirment pouvoir pétrinien.
Réponse. Certes, dans son discours de clôture. (perso: le Pape est évêque de Rome et Pasteur universel de l'Eglise. Les deux sont unis, comme deux faces d'une même médaille)
Q. Il a tracé les lignes d'une vision partagée et ouverte du gouvernement de l'Eglise, et il a nommé un commissaire pour les Franciscains de l'Immaculée de façon plutôt dure et a muselé les conférences épiscopales ...
R. Certaines, comme celles d'Italie, sont de fait anihilées (anéanties).
(perso: c'est Benoît XVI qui a commencé les enquêtes; un commissaire a été envoyé à la demande des membres de l'Institut.
Le Motu Proprio libéralise la forme extraordinaire de l'unique rite romain pour tous les prêtres, sans permission pour la messe sans fidèle.
Pour les communautés religieuses et la messe de la communauté, cela dépend de leurs constitutions. Pour cet Institut, il n'est pas certain que la célébration de la forme ordinaire soit un acquis (d'où les plaintes internes adressées à Benoît XVI ? la célébration de la forme extraordinaire exige en effet la reconnaissance da la validité de la forme ordinaire, qui doit être célébrée au moins lors du Triduum pascal.
Les décisions du Pape François sont dans la ligne, et du Motu Proprio, et de l'Eglise. Sinon c'est insinuer une rupture entre les deux Papes, une non-continuité de l'Eglise avec la succession des Papes)
Q. Et parlant aux mouvements populaires, il a paru faire écho à certaines analyses de Toni Negri sur le travail, comme vous l'avez écrit dans le blog Settimo Cielo (cf. Le Pape activiste politique), puis il a accepté le «licenciement» de 500 calligraphes, peintres et imprimantes dont l'Aumônerie du Vatican a décidé de se passer.
R. En effet, cette histoire jure un peu ... (perso: lien ; ces bénédictions étaient un peu données trop facilement, et désormais l'office en charge donnera encore plus d'argent aux pauvres)
Q. ... tout comme jurent les positions «ultragarantistes» (ndt: dans le sens juridique, favorable à la garantie des droits civils), sur la justice et la prison, avec son choix de faire incarcérer préventivement l'ancien nonce à Saint-Domingue, en attente du jugement pour actes de pédophilie (cf. settimo Cielo)
R. C'est ce qui s'est passé. (perso: les actes du nonce apostolique sont graves et scandaleuses et le Pape suit la ligne de Benoît XVI)
Q. Eh bien, vous qui êtes vaticaniste de longue date, quelle idée vous êtes-vous faite?
R. Qu'il y a des contradictions et qu'elles représentent un jugement fondé, basé sur l'observation de plusieurs mois, inhérentes à la personnalité de Jorge Bergoglio.
(perso: hélas, c'est notre vaticaniste qui se contredit; au lieu d'expliquer, de raconter et de rendre compte, il se perd dans la confusion des idées)
Q. Et quelles conclusions en tirez-vous?
R. C'est une personne qui, tout au long de sa vie, et maintenant encore en tant que pape, agit simultanément sur plusieurs registres, laissant des portes ouvertes et, à première vue, a de nombreuses contradictions. Mais celles que vous avez mentionnées, toutefois, ne sont pas les seules.
Q. Pouvez-vous m'en signaler d'autres...
R. Voilà un pape extrêmement loquace, qui téléphone, qui accoste les personnes les plus diverses et les plus éloignées, mais qui reste muet sur le cas d'Asia Bibi.
(perso: le Pape est très exposé et veut éviter une confrontation, une croisade musulmans-chrétiens et agit par ses collaborateurs)
Q. Le pakistanaise condamnée à mort pour apostasie, depuis un certain temps en prison ...
R. Oui, sur cette histoire François n'a pas prononcé un mot. Tout comme sur les filles nigérianes enlevées, et sur l'acte incroyable d'il y a quelques jours au Pakistan, sur ces époux chrétiens, brûlés dans un four.
(perso: le Pape a écrit une lettre vigoureuse au G20, en demandant aux gouvernants d'agir contre les djihadistes)
Q. Ce sont des histoires qui concernent la relation avec l'islam, sur laquelle nous reviendrons. Mais ces contradictions, certains commencent à les définir comme «jésuitisme» dans le sens d'une pensée changeante.
R. Dit ainsi, c'est une qualification péjorative et inacceptable, même s'il est vrai que la spiritualité des jésuites a démontré dans le passé savoir s'adapter aux situations les plus différentes et parfois en conflit les unes avec les autres.
Q. La gestion du récent Synode est également apparue comme contradictoire...
R. Une gestion soigneusement calculée par le Pape et non pas laissée au hasard comme on a voulu nous le faire croire, et qui enregistre d'autres éléments contradictoires.
Q. Comme quoi?
R. Bergoglio a dit, et à plusieurs reprises, qu'il ne voulait pas transiger avec la doctrine, rester dans la tradition de l'Eglise. Mais ensuite, il a ouvert des discussions, comme celles sur la communion pour les personnes remariées, qui touchent les pierres angulaires du magistère.
Q. Pourquoi?
R. Parce qu'il est inexorable que la communion aux remariés débouche sur l'acceptation des secondes noces et donc la dissolution du lien sacramentel du mariage.
(perso: le Pape veut que ceux qui s'opposent se parlent droit dans les yeux. Il n'a jamais parlé contre l'enseignement de l'Eglise, ni prononcé une seule parole en faveur des thèses pour la communion des divorcés remariés. Il veut que l'Eglise soit accueillante pour tous et chacun)
Q. Je ne suis pas vaticaniste, mais le sentiment, vu de l'extérieur est qu'il se répand un peu de confusion, et pas seulement dans les hiérarchies. Mais aussi dans des milieux qui ne peuvent certainement pas être définis comme traditionalistes ...
R. Ceci ne fait aucun doute. Il y a des personnalités d'importance notable, et certainement pas lefebvristes, qui le font comprendre, même si elles ne le disent pas en termes drastiques d'opposition. Même le cardinal Raymond Leo Burke, l'ancien préfet de la Signature apostolique, récemment démis, ne l'a pas fait, parce qu'il n'y a pas de courant hostile a priori au pape. Bien sûr, il y a des manifestations évidentes de malaise.
(perso: sans doute que la Capamagna (très long habit rouge des Cardinaux) n'est plus guère d'actualité)
Q. Quelques exemples?
R. Prenons l'épiscopat des Etats-Unis, c'est-à-dire les évêques de l'un des pays qui compte le plus de catholiques au monde. Cette conférence épiscopale, au cours des dernières années, a exprimé une ligne cohérente et combative sur le terrain public, y compris contre certaines décisions de Barack Obama sur les questions éthiques. Une ligne partagée par de nombreux prélats d'importance.
Un collectif, plutôt qu'une somme d'individus, disons un noyau dirigeant. (perso: le Pape a parlé clairement pour la vie devant des médecins et veut parler de ces thèmes dans des circonstances bien précises, pour ne pas être monothématique)
Q. Et donc, les Américains ? ..
R. Ils sont plutôt mal à l'aise. C'est le cas de cardinaux et d'archevêques, Timothy Dolan de New York, Patrick O'Malley de Boston, Jose Gomez à Los Angeles ou Charles Chaput à Philadelphie. Un épiscopat dont provient Burke lui-même, qui n'est certainement pas confiné à des circuits traditionalistes marginaux, mais qui continue de faire partie d'une des plus solides Églises nationales.
Q. Et également la CEI, comme nous l'avons dit précédemment, semble un peu en difficulté.
R: Il y en a, des difficultés, pour se mettre au pas de ce pape. Avec un président, Angelo Bagnasco, qui semble le plus en difficulté de tous.
Q. Aussi parce que son successeur a déjà été désigné en la personne de l'archevêque de Pérouse, Gualtiero Bassetti, créé cardinal par Bergoglio.
R. Mais il me semble que même Bassetti est parmi les évêques italiens qui sont mal à l'aise.
Q. Parmi les italiens, les plus explicites ont peut-être été le Milanais Angelo Scola et le bolognais Carlo Caffara.
R. Ils l'ont été en s'exprimant avant et pendant le Synode. Mais c'était inévitable compte tenu de la décision du pape de confier au cardinal Walter Kasper, l'ouverture de la discussion, et donc, en pratique, l'ouverture des hostilités.
Q. Pourquoi ?
R. Parce que Kasper repropose aujourd'hui, telles quelles, les thèses vaincues en 1993 par le binôme Jean-Paul II et Joseph Ratzinger, ce dernier dans le rôle de préfet du Saint-Office.
(perso: ces deux géants de l'Eglise étaient en grande union et nous manquent sans aucun doute. Tentons toutefois de nous mettre à leur niveau)
Q. Oui, le Pape a lancé Kasper, il a fait secrétaire spéciale du synode Mgr Bruno Forte, qui, durant les travaux a pesé, au point de susciter les réactions de certains père du synode, mais ensuite, à la fin, François est intervenu, fustigeant les uns et les autres. Presque comme un vieux DC (démocrate chrétien) contre les extrémistes des deux bords.