jeudi, 07 avril 2016
24 heures avant la sortie du document du Pape François: ce qu'enseigne l'Eglise pour le mariage
La famille: le Pape François deviendra l'homme qui déçoit l'attente de millions de catholiques
Il ne reste que 24 heures avant la publication du document du Pape François intitulé "Amoris laetitia" - la joie de l'amour, les deux premiers mots du document - sur le mariage et la famille.
Je ne suis pas prophète, mais la lecture et l'écoute attentive des médias du monde entier me permette d'entrevoir un clash et une tempête médiatique.
Par des pressions médiatiques complexes, le Pape François est devenu celui qui renverserait les tables. L'attention médiatique se porte presque exclusivement sur les personnes divorcées remariées.
Un courant majoritaire, dont le Cardinal Kasper est le leader, voit le Pape François changer les dispositions de l'Eglise, notamment la non-possibilité des personnes divorcées remariées de recevoir les sacrements (confession et communion), à moins qu' « ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux ».
La marque de la Miséricorde
J'ai lu presque toutes les interventions du Pape François, et rien n'indique qu'il désire changer l'Evangile de la famille. Par contre, la traduction pastorale de ce document est clairement annoncée - je pense à la bénédiction des personnes ou à la prière commune lors de la confession, la possibilité d'être catéchiste ou parrain lors du baptême, la gratuité de la procédure canonique en nullité ou un pouvoir accru de l'évêque diocésain pour alléger les recours ...
Il y aura donc des changements pratiques, un approfondissement de la ligne de la charité pastorale de l'Eglise, qui consiste à être avec les personnes en souffrance pour les amener à Jésus qui est le Bon Pasteur par excellence :
Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie.
On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu.
Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance!
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Avant de découvrir ensemble les quelques 200 pages de ce document "Amoris laetitia", qui suit les Synodes de 2014 et 2015, je reprend ci-dessous l'enseignement classique de l'Eglise, qui s'appuie sur le Synode de 1980 et de l'exhortation "Familiaris consortio" de Saint Jean-Paul II (22 novembre 1981):
Par le mariage valide, naît entre les conjoints un lien de par sa nature perpétuel et exclusif; le consentement est scellé par Dieu lui-même (Mc 10,9); le lien matrimonial d'un mariage conclu et consommé (par relations sexuelles) ne peut jamais être dissous; l'Eglise se base sur le paroles de Jésus, et le catéchisme (n°1640) l'avance:
pour ce lien matrimonial, "il n'est pas au pouvoir de l'Eglise de se prononcer contre cette disposition de la sagesse divine".
De ces prémisses découlent un document, une exhortation apostolique post-synodale intitulé "Familaris Consortio" de Saint Jean Paul II. Il fait suite au Synode pour la famille de 1980.
Le document du Pape François vient 36 ans après le Synode de 1980. A chaque génération, l'Evangile de la famille doit être annoncée en fonction des souffrances actuelles.
Comme les médias vont se focaliser sur les situations de souffrance, je mets ci-dessous les passages qui concernent "ces situations dites irrégulières":
Action pastorale devant certaines situations irrégulières
79. Dans le soin qu'il a mis à protéger la famille dans toutes ses dimensions - et pas seulement la dimension religieuse -, le Synode des Evêques n'a pas manqué de prendre attentivement en considération quelques-unes des situations qui sont irrégulières au plan religieux et souvent même au plan civil et qui, dans les changements rapides affectant aujourd'hui les cultures, sont en train, hélas, de se répandte même parmi les catholiques, avec un sérieux dommage pour l'institution familiale et pour la société dont elle constitue la cellule fondamentale.
a) Le mariage à l'essai
80. Une première situation irrégulière consiste dans ce que l'on appelle «le mariage à l'essai», que beaucoup aujourd'hui voudraient justifier en lui attribuant une certaine valeur. Qu'il soit inacceptable, la raison humaine le laisse déjà entendre par elle-même, en montrant combien il est peu convaincant de parler d'un «essai» quand il s'agit de personnes humaines, dont la dignité exige qu'elles soient toujours et seulement le terme de l'amour de donation sans aucune limite, de temps ou autre.
Pour sa part, l'Eglise ne peut admettre ce type d'union pour des motifs supplémentaires et originaux découlant de la foi. D'un côté, en effet, le don du corps dans le rapport sexuel est le symbole réel de la donation de toute la personne; une telle donation, d'ailleurs, dans le dessein actuel de Dieu, ne peut se réaliser dans sa pleine vérité sans le concours de l'amour de charité donné par le Christ. Et d'un autre côté, le mariage entre deux baptisés est le symbole réel de l'union du Christ avec l'Eglise, union qui n'est pas temporaire ou «à l'essai», mais éternellement fidèle; entre deux baptisés, il ne peut donc exister qu'un mariage indissoluble.
Une telle situation ne peut normalement être surmontée si la personne humaine n'a pas été éduquée depuis son enfance, avec l'aide de la grâce du Christ et sans crainte, à dominer la concupiscence naissante et à instaurer avec les autres des rapports d'amour véritable. Cela ne s'obtient pas sans une vraie formation à l'amour authentique et à l'usage correct de la sexualité, capable d'introduire la personne humaine selon toutes ses dimensions, et donc aussi son corps, dans la plénitude du mystère du Christ.
Il sera très utile d'enquêter sur les causes de ce phénomène, même dans son aspect psychologique et sociologique, pour arriver à trouver une thérapie adéquate.
b) Unions libres de fait
81. Il s'agit d'unions qui n'ont aucun lien institutionnel publiquement reconnu, ni civil, ni religieux. Ce phénomène, toujours plus fréquent, ne peut pas ne pas attirer l'attention des pasteurs d'âmes, d'autant plus qu'il provient d'éléments bien divers et qu'en agissant sur eux il sera peut-être possible d'en limiter les conséquences.
Certains, en effet, se considèrent comme contraints à cet état par des situations difficiles d'ordre économique, culturel et religieux, dans la mesure où, en contractant un mariage régulier, ils seraient exposés à un dommage, à la perte d'avantages économiques, à des discriminations, etc. Chez d'autres, on rencontre une attitude de mépris, de contestation ou de rejet de la société, de l'institution familiale, de l'ordre socio-politique, ou encore la seule recherche du plaisir. D'autres, enfin, y sont poussés par l'ignorance et la pauvreté extrêmes, parfois aussi par des conditions de vie dues à des situations de véritable injustice, ou encore par une certaine immaturité psychologique qui les rend hésitants et leur fait craindre de contracter un lien stable et définitif. En certains pays, les coutumes traditionnelles prévoient le mariage proprement dit seulement après une période de cohabitation et après la naissance du premier enfant.
Chacun de ces éléments pose à l'Eglise des problèmes pastoraux ardus, à cause des graves conséquences qui en découlent, soit au plan religieux et moral (perte du sens religieux du mariage, conçu à la lumière de l'Alliance de Dieu avec son peuple; privation de la grâce du sacrement; grave scandale), soit même au plan social (destruction du concept de la famille; affaiblissement du sens de la fidélité, même envers la société; traumatismes psychologiques possibles chez les enfants; affirmation de l'égoïsme).
Les pasteurs et la communauté ecclésiale s'appliqueront à bien connaître de telles situations et leurs causes concrètes, cas par cas; ils auront à cœur d'approcher avec discrétion et respect ceux qui vivent ainsi ensemble; de s'employer à les éclairer patiemment, à les reprendre avec charité, à leur donner un témoignage familial chrétien, autrement dit tout ce qui peut les acheminer vers la régularisation de leur situation. Par-dessus tout cependant, on fera une œuvre de prévention, en cultivant le sens de la fidélité dans toute l'éducation morale et religieuse des jeunes, en les instruisant sur les conditions et les structures qui favorisent cette fidélité sans laquelle il n'y a pas de vraie liberté, en les aidant à mûrir spirituellement, en leur faisant comprendre la riche réalité humaine et surnaturelle du mariage-sacrement.
Le peuple de Dieu interviendra aussi auprès des autorités publiques afin que celles-ci, résistant à ces tendances qui désagrègent la société elle-même et sont dommageables pour la dignité, la sécurité et le bien-être des divers citoyens, s'emploient à éviter que l'opinion publique ne soit entraînée à sous-estimer l'importance institutionnelle du mariage et de la famille. Et parce que, dans beaucoup de régions, à cause de l'extrême pauvreté découlant de structures économiques et sociales injustes et inadaptées, les jeunes ne sont pas dans des conditions leur permettant de se marier comme il convient, il faut souhaiter que la société et les autorités publiques favorisent le mariage légitime grâce à une série d'interventions sociales et politiques de nature à garantir le salaire familial, à prendre des mesures permettant une habitation apte à la vie familiale, à créer des possibilité adéquates de travail et de vie.
c) Catholiques unis par le seul mariage civil
82. Le cas de catholiques qui, pour des motifs idéologiques ou pour des raisons pratiques, préfèrent contracter un mariage civil, refusant ou repoussant à plus tard la célébration du mariage religieux, devient de plus en plus fréquent. On ne peut considérer que leur situation soit semblable à celle de ceux qui vivent ensemble sans aucun lien, car il y a au moins un certain engagement dans un état de vie précis et probablement stable, même si, souvent, la perspective d'un éventuel divorce n'est pas étrangère à cette décision. En demandant, de la part de l'Etat, la reconnaissance publique d'un tel lien, ces couples montrent qu'ils sont prêts à en assumer aussi les obligations en même temps que les avantages. Malgré cela, l'Eglise ne peut pas non plus accepter cette situation.
L'action pastorale tendra à faire admettre la nécessaire cohérence entre le choix de vie et la foi que l'on professe, et elle s'efforcera de faire tout ce qui est possible pour amener ces personnes à régulariser leur situation selon les principes chrétiens. Tout en faisant preuve à leur égard d'une grande charité et en les amenant à participer à la vie des diverses communautés, les pasteurs de l'Eglise ne pourront malheureusement pas les admettre aux sacrements.
d) Personnes séparées, et divorcés non remariés
83. Divers motifs, tels l'incompréhension réciproque, l'incapacité de s'ouvrir à des relations interpersonnelles, etc., peuvent amener à une brisure douloureuse, souvent irréparable, du mariage valide. Il est évident que l'on ne peut envisager la séparation que comme un remède extrême après que l'on ait vainement tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour l'éviter.
La solitude et d'autres difficultés encore sont souvent le lot du conjoint séparé, surtout s'il est innocent. Dans ce cas, il revient à la communauté ecclésiale de le soutenir plus que jamais, de lui apporter estime, solidarité, compréhension et aide concrète afin qu'il puisse rester fidèle même dans la situation difficile qui est la sienne; de l'aider à cultiver le pardon qu'exige l'amour chrétien et à rester disponible à une éventuelle reprise de la vie conjugale antérieure.
Le cas du conjoint qui a été contraint au divorce est semblable lorsque, bien conscient de l'indissolubilité du lien du mariage valide, il ne se laisse pas entraîner dans une nouvelle union, et s'emploie uniquement à remplir ses devoirs familiaux et ses responsabilités de chrétien. Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Eglise; celle-ci doit plus que jamais lui apporter une aide pleine de sollicitude affectueuse, sans qu'il y ait aucun obstacle à son admission aux sacrements.
e) Les divorcés remariés
84. L'expérience quotidienne montre, malheureusement, que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidemment sans cérémonie religieuse catholique. Et comme il s'agit là d'un fléau qui, comme les autres, s'attaque de plus en plus largement aux milieux catholiques eux-mêmes, il faut d'urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude.
Les Pères du Synode l'ont expressément étudié. L'Eglise, en effet, instituée pour mener au salut tous les hommes, et en particulier les baptisés, ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui - déjà unis dans les liens du sacrement de mariage - ont voulu passer à d'autres noces. Elle doit donc s'efforcer, sans se lasser, de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens.
Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide.
Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance!
L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l'Eglise concernant l'indissolubilité du mariage.
La réconciliation par le sacrement de pénitence - qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie - ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par l'exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation, «ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux».
De la même manière, le respect dû au sacrement de mariage, aux conjoints eux-mêmes et à leurs proches, et aussi à la communauté des fidèles, interdit à tous les pasteurs, pour quelque motif ou sous quelque prétexte que ce soit, même d'ordre pastoral, de célébrer, en faveur de divorcés qui se remarient, des cérémonies d'aucune sorte. Elles donneraient en effet l'impression d'une célébration sacramentelle de nouvelles noces valides, et induiraient donc en erreur à propos de l'indissolubilité du mariage contracté validement.
En agissant ainsi, l'Eglise professe sa propre fidélité au Christ et à sa vérité; et en même temps elle se penche avec un cœur maternel vers ses enfants, en particulier vers ceux qui, sans faute de leur part, ont été abandonnés par leur conjoint légitime.
Et avec une ferme confiance, elle croit que même ceux qui se sont éloignés du commandement du Seigneur et continuent de vivre dans cet état pourront obtenir de Dieu la grâce de la conversion et du salut, s'ils persévèrent dans la prière, la pénitence et la charité.
22:49 | Lien permanent | Commentaires (3) | | |
Commentaires
Question à un prêtre.
Tout le monde sait que les divorcés remariés n'ont accès ni au sacrement de pénitence ni à la communion.
Peuvent-ils recevoir le sacrement des malades? C'est un point que l'on ne dit jamais.
Ce que vous publiez, avec un jour d'avance, est-il extrait de "Amoris Laetitia" ou s'agit-il d'un résumé de la doctrine enseignée par Jean-Paul II?
On reconnaît exactement ses documents.
Écrit par : B.C. | jeudi, 07 avril 2016
La deuxième question est sans objet. En relisant tout l'article, j'ai vu que vous avez voulu rappeler l'enseignement " classique "de l'Eglise.
Veuillez m'excuser.
Écrit par : B.C. | jeudi, 07 avril 2016
Pour la sacrement des malades, comme il est lié au sacrement de la réconciliation, normalement non. Mais le danger de mort fait sauter toutes les mesures de conversions de l'Eglise, car l'Eglise est une Mère et en danger de mort, on administre toujours les sacrements, tous, la confession, le sacrement des malades et le viatique s'il est possible.
Écrit par : Don Dom | jeudi, 07 avril 2016
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