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lundi, 29 novembre 2010

Asia Bibi: scandaleuse pression de la rue

Le diktat de la Haute Cour : « aucune grâce pour Asia Bibi ».

104319336-97f17e24-47bf-4137-97cb-e3a8c8767283.jpgIslamabad - Aucune grâce pour Asia Bibi. La Haute Cour de Lahore a empêché le gouvernement de Islamabad de se prononcer en faveur de la femme chrétienne condamnée à mort….  Plusieurs avocats ont en fait envoyé une pétition à la cour pour empêcher que le Président Asia Ali Zardari lui pardonne. Ce cas de cette maman, mère de 5 enfants, a mobilisé la communauté internationale et même Benoît XVI qui a demandé sa libération. La plus influente alliance sunnite pakistanaise est par contre descendue dans la rue lundi pour demander que ne soit pas conférée la grâce.

Source : la Repubblica

Cardinal-Tauran.jpgLe Cardinal français Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue intereligieux fut en visite au Pakistan. Reste encore à la Cour Suprême de se prononcer.

Note: commentaire laissé la semaine passée sur ce blog par une lectrice qui connaît très bien l'islam: "Assia ne sera pas libérée et si elle l'est, elle sera ainsi livrée à la loi sharia et du peuple qui fera son exécution lui même".

Le Figaro

dimanche, 28 novembre 2010

Entretien avec Peter Seewald

Source : La Croix, Frédéric Mounier

25/11/2010

Au fil de ses rencontres avec Benoît XVI, l’ancien journaliste du «Spiegel» et du «Bild, qui avait quitté l’Église, y est revenu.

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Le journaliste Peter Seewald, co-auteur du livre de Benoît XVI Lumière du monde, chez lui en Bavière, le 15 novembre 2010 (Photo : Katharina EBEL/KNA-BILD/CIRIC).

L’homme ne décolère pas. Mardi 23 novembre, au soir de son épuisante journée (conférence de presse au Vatican, audience avec le pape, nombreux entretiens avec les médias), Peter Seewald accuse le coup.

Il a du mal à supporter ses confrères journalistes, notamment ceux qui ont réduit son livre d’entretiens avec Benoît XVI (1) à la question du préservatif : « Lorsqu’on étroitise tellement une question, cela montre une crise du journalisme qui n’est plus capable de discerner l’essentiel et de le faire partager à ses lecteurs. » Et l’ancien journaliste du Spiegel, du Bild, du Süddeutschen Zeitung, insiste sur son objectif : «Modifier l’image du Panzerkardinal, faire connaître Benoît XVI en version originale.»

Ces cinq dernières années, il a dû s’y prendre à trois reprises pour arracher l’accord de Joseph Ratzinger. Pourtant, une ancienne complicité unit les deux hommes.
 

Il signe sa « sortie d’Église » en 1973


Géographique d’abord : Seewald est né en 1954 dans une famille catholique de Passau, aux confins de la Bavière et de l’Autriche, région chère au cœur du pape bavarois. Linguistique ensuite : « Entre nous, nous parlions en dialecte », confie Seewald.

Mais, plus profondément, ils partagent une même interrogation : où va notre société ? où prend-elle ses racines ? « Je crois au potentiel révolutionnaire du christianisme dans la société », assure Peter Seewald, dont les questions au pape sont pourtant souvent teintées de noir. « Il est plus optimiste que moi », sourit-il.

Ce questionnement essentiel, les deux hommes l’ont déjà partagé dans deux livres : Le Sel de la terre en 1997 (2) et Voici quel est notre Dieu en 2001 (3). Dans les années 1968, le jeune Seewald est séduit par le gauchisme révolutionnaire. Il signe sa « sortie d’Église » en 1973.

«Le pape ne s’est récusé devant aucune question»

Puis, peu à peu, il s’interroge : « J’entrais parfois dans une église. Bien que doutant et méfiant envers la Révélation, il me paraissait indéniable que le monde n’était pas dû au hasard, comme Marx et d’autres l’affirmaient. J’ai pris conscience que, derrière la liturgie, les prières, les commandements, il devait y avoir un fondement, une vérité. »

Et puis… « un jour, j’ai compris que les idéaux de ma jeunesse, je les retrouvais tous dans le message du Christ. Il suffit de lire l’Évangile. Les réponses y sont beaucoup plus radicales que celles du Manifeste de Marx. » Voyant grandir ses deux garçons, aujourd’hui âgés de 22 et 27 ans, en dehors de l’Église, il s’inquiète : « J’ai trouvé terrible qu’ils n’aient pas eu accès à cette culture séculaire. Paradoxalement, un jour, ils ne pourraient même pas faire le choix que j’avais pu faire : sortir de l’Église. »

C’est donc sur cet humus spirituel et culturel que s’est développée la relation, professionnelle et personnelle, entre le pape et le journaliste. « Pour moi, il est plus qu’un grand penseur intellectuel : un maître spirituel », confie Peter Seewald.

Le tout dans un climat de confiance : « Le pape ne s’est jamais récusé devant aucune de mes questions. Parfois, j’hésitais, je sentais le poids de sa charge. Mais finalement, j’ai posé toutes mes questions, sur toutes les affaires, même scandaleuses. » Pourtant, avoue-t-il, « six heures avec un pape, c’est court ».

Frédéric MOUNIER, à Rome

(1) Bayard, 276 p., 21€.
(2) Flammarion/Cerf
(3) Plon/Mame

La vie d'une personne dès le commencement

images-1.jpg.... Il y a des tendances culturelles qui cherchent à anesthésier les consciences avec de faux prétextes. En ce qui concerne l'embryon dans le sein maternel, la science elle-même met en évidence l'autonomie capable d'interaction avec la mère, la coordination des processus biologiques, la continuité du développement, la croissante complexe de l'organisme. Il ne s'agit pas d'un cumul de matériel biologique, mais d'un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonné, un nouvel individu de l'espèce humaine. C'est comme cela que Jésus a été dans le sein de Marie. Il en a été ainsi pour chacun de nous, dans le sein de notre mère. Avec l'antique auteur chrétien Tertullien, nous pouvons affirmer : « Est déjà un homme celui qui le sera » (" (Apologetico, IX, 8) ; il n'y a donc aucune raison pour ne pas le considérer comme une personne depuis la conception...

Benoît XVI, 1ères Vêpres de l'Avent, Prière mondiale pour la vie naissante

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samedi, 27 novembre 2010

Apprendre l'islam par ceux qui l'ont connu

images.jpgMohammed Moussaoui est l'un des dix frères d'une grande famille chiite irakienne. Lors de son service militaire, il est contraint de partager sa chambre avec un chrétien. Il vit alors dans l'espoir de convertir ce dernier à l'islam. Mais cette rencontre et la bienveillance de ce Massoud à son égard vont faire basculer sa vie. Il découvre le Christ petit à petit, et demande ensuite le baptême. Sa propre famille tente alors de l'éliminer. Mais avec sa femme, d'abord scandalisée avant de se convertir également, ils vivent cet enfer grâce à l'amour et à l'attente du « pain de Vie ». Ayant miraculeusement échappé à la mort, et toujours sous le coup d'une fatwa, il a fui l'Irak et vit désormais en France. Il a publié récemment le récit de sa conversion dans un ouvrage bouleversant intitulé Le prix à payer.

 

Propos recueillis par Faustine des Lys (source: L'Homme Nouveau)

Votre histoire est exceptionnelle, mais est-elle unique ?

 

Joseph Fadelle : Bien sûr que non, je ne suis pas un cas exceptionnel. Je ne suis pas le premier et ne serai pas le dernier à être persécuté parce que j'ai choisi le Christ. Tous les jours des gens sont tués pour leur foi dans les pays musulmans. Pendant neuf ans je n'ai pas pu donner mon témoignage, il y a sûrement aussi des situations comme la mienne, des gens qui ne peuvent pas parler. C'est pour ça que mon histoire semble exceptionnelle.

 

Votre femme est restée muette devant sa famille lorsqu'elle a appris votre conversion. D'autre part, votre oncle et vos frères vous ont laissé pour mort dans le désert de Jordanie, après vous avoir tiré dessus à bout portant. Parlez-vous de miracle pour ces épisodes de votre vie ?

 

Le vrai miracle c'est l'Eucharistie. Pourquoi en chercher partout ailleurs ? Ces deux évènements sont extraordinaires à nos yeux, mais rien n'est difficile à Dieu. Si nous avons la foi nous pouvons déplacer les montagnes… Dieu agit sur des choses qui nous échappent c'est vrai, mais notre problème est le manque de foi. Nous ne voyons plus le vrai miracle…

 

Qu'est-ce que vous risquez aujourd'hui en France ?

 

La mort, que je risquerai toute ma vie à cause de la fatwa prononcée à mon égard. Tout musulman qui suit la règle coranique a le devoir de me tuer puisque j'ai quitté l'islam pour embrasser la religion chrétienne.

 

Et pourtant, vous avez écrit ce livre, et vous donnez des conférences…

 

Témoigner de l'amour du Christ vaut la peine de pren­dre ces risques. Mais j'ai aussi parlé pour que la foi des autres se réveille en France. Et, à travers mon livre, j'ai également voulu parler de la situation des chrétiens au Moyen-Orient, dans le monde musul­man. C'est dangereux, mais pour le converti que je suis, parler est plus fort que tout !

Ce livre est le fruit de la Providence, j'aurais aimé l'écrire avant mais le Seigneur m'a fait attendre, peut-être parce qu'il n'aurait pas eu le même impact il y a neuf ans !

 

Revenons sur votre histoire. Comment considériez-vous les chrétiens alors que vous étiez musulman ?

 

Avant de rencontrer le Christ, je voyais les chrétiens à travers le Coran, je les considérais comme on me demandait de les considérer. C'est-à-dire comme des impurs qu'il faut combattre et tuer. La pire insulte que l'on peut recevoir dans ces pays-là, c'est « face de chrétien ». C'est amusant parce que la légende veut que les chrétiens sentent mauvais du fait de leur impureté. C'est la première chose qui m'a étonné chez Massoud, le chrétien qui partageait ma chambre lors de mon service militaire. Il sentait bon !

 

Et désormais, quel est votre regard sur l'islam ?

 

Je pense qu'il est vraiment important de distinguer avant toute chose les musulmans et l'islam. Les musulmans sont ma famille, nous sommes égaux dans l'humanité. J'aime profondément les musulmans. Mais l'islam comme religion ou comme idée est la plus mauvaise chose que l'humanité ait pu produire. C'est la seule religion qui ordonne de tuer l'autre. C'est donc évident que ce n'est pas bon pour l'humanité, c'est même un danger planétaire. D'abord pour les musulmans eux-mêmes. Ils sont même divisés entre chiites, sunnites, salafistes… et poussés à s'entretuer. Je l'ai dit une fois, bien inspiré, et je le répète : la seule chose bonne dans l'islam, ce sont les musulmans !

 

Les chrétiens aussi sont divisés… et l'histoire nous apprend qu'ils n'ont pas été les derniers à tuer…

 

C'est vrai mais il y a une différence majeure entre les deux. Les chrétiens s'entretuent, ou se sont entretués, mais la Bible n'appelle jamais à tuer l'autre, alors que la loi coranique et le Coran poussent à tuer. Si vous voulez, il existe des chrétiens « mauvais », ce sont ceux qui ne suivent pas la Bible. Les musulmans « mauvais » ou extrémistes sont justement ceux qui lisent et appliquent le Coran !

 

Cette différence entre musulmans modérés et extrémistes est donc selon vous caduque ?

 

Oui, c'est sûr. Il n'y a pas de différence, il y a un seul Coran, et donc un seul islam. Certains musulmans ignorent ce que dit l'islam et sont bons car leur humanité leur dicte de faire des choses bonnes. En France, les autres sont des musulmans qui connaissent le Coran. Ils semblent modérés parce qu'ils sont pour l'instant en minorité et ne peuvent donc pas appliquer le Coran. Mais ceux que l'on appelle « bons musulmans » seront poussés à tuer comme les autres lorsqu'ils liront le Coran, ou ils quitteront l'islam comme je l'ai fait. Mais dans les pays musulmans, mon histoire le montre, quitter l'islam est tellement difficile que certains continuent à vivre dans l'islam par peur.

Il y a en plus le danger de la démocratie en France. Les musulmans cherchent une identité qui ne soit pas la France et se réfugient donc dans l'islam. Le jour où ils seront majoritaires au Parlement, ils voteront la charia !

 

Votre oncle a essayé de vous tuer avec vos propres frères. Votre père vous a jeté en prison et mené devant l'ayatollah qui a déclaré la fatwa. Pensez-vous que cette mise à mort soit une souffrance pour votre famille ?

 

C'est évidemment très douloureux pour eux, notamment pour mon père qui, je le sais, m'aimait beaucoup. Mais c'est la règle, l'islam les y oblige. Lorsque mes frères ont voulu me tuer la première fois, mon père a préféré la prison, espérant me voir revenir. Lorsqu'il a envoyé mon oncle et mes frères, il leur a ordonné de me ramener mort ou vif… en espérant bien que la peur et leur force me ramèneraient vivant. J'ai attendu le baptême treize ans, et ce fut une grande souffrance, mais là encore le bon Dieu savait pourquoi il me faisait attendre. Lorsque je me suis retrouvé devant l'ayatollah, j'ai pu renier mon appartenance à l'Église, et ainsi éviter à mes parents d'être responsables de ma mort. Si j'avais été baptisé je n'aurais pu me taire, ils m'auraient tué. C'est la loi islamique, et ils en auraient souffert.

 

Vous avez déclaré lors d'une interview à l'Aide à l'Église en détresse (AED) que votre but était de détruire l'islam…

 

C'est une phrase choquante, en effet, sur laquelle je ne reviens absolument pas, mais qui mérite d'être bien comprise. Je veux détruire l'islam, d'abord pour sauver les musulmans. La distinction entre les deux est encore une fois primordiale. C'est le salut des musulmans qui m'importe. Le fondement est le Coran, il faut pousser les musulmans à comprendre le Coran, et plus seulement l'apprendre par cœur, car il ne peut pas être parole de Dieu. Voilà un moyen bien concret, mais difficile à mettre en place, je le sais. Tout doit commencer dans la prière. Nous sommes des instruments, ce n'est pas nous qui détruirons l'islam et les sauverons, mais bien la main de Dieu !

 

Et que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de vouloir imposer votre vérité et vous appellent à plus de tolérance ?

 

Oui, je crie ma vérité qui est la Vérité, le Christ. Où est-ce que cela peut blesser ? Cette vérité-là ne tue pas, elle aime. Je n'impose rien à personne, mais je parle de l'amour du Christ. Le Christ est la tolérance même : personne d'au­tre que Lui appelle à aimer

ses ennemis. Qui triomphe, l'amour ou la tolérance ? Comment peut-on parler de tolérance à l'égard de l'islam ?… L'islam en minorité est « tolérant », mais il n'y a pas un seul pays musulman qui le soit. Tolérer l'autre ne nous empêche pas de parler de l'amour du Christ !

 

Vous avez attendu treize ans avant de recevoir le baptême et le « pain de Vie », c'est très long…

 

C'est très long, mais cette attente a été possible grâce à la soif inépuisable que j'avais. Au début lorsque les prêtres me refusaient le baptême par précaution je souffrais, puis j'ai rencontré le père Gabriel qui m'a toujours dit que je serai baptisé mais a transformé cette attente en préparation. Je voulais être baptisé en Irak, il m'a habilement fait comprendre que je devais obéir à l'Église qui me demandait de partir.

 

En avez-vous voulu aux chrétiens qui vous fermaient systématiquement les portes au début ?

 

Bien sûr, lorsque j'étais en Irak je ne comprenais pas pourquoi on refusait de me parler, de me baptiser… Mais avec le recul que j'ai aujourd'hui je ne leur en veux plus du tout, je comprends leur prudence. Baptisé un converti en Irak est passible de mort. En me refusant le baptême ils protégeaient toute la communauté chrétienne, et moi-même qui encourait également la mort. Ils n'avaient pas le choix.

 

Avez-vous été heureux de rejoindre les chrétiens de France ?

 

J'ai retrouvé en France les chrétiens que j'avais connus en Irak ou en Jordanie. Mais pouvoir aller à la messe plusieurs fois par jour si je le voulais a été une joie ! Mais les chrétiens français doivent se réveiller, réveiller leur foi ! Ça fait trop longtemps qu'ils dorment. Maintenant il faut parler aux musulmans, c'est notre devoir. La situation est telle qu'on ne peut plus se permettre de dormir. Ce n'est plus seulement une question de charité, c'est désormais notre responsabilité d'enfants de Dieu !

 
 

À lire : Joseph Fadelle, Le Prix à payer, L'Œuvre éditions, 224 p., 18 e.


Témoignage d'un Irakien converti au Catholicisme

mardi, 23 novembre 2010

Savoir faire tourner l'information

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Opinion

Ce matin, en conférence de presse, le Père Federico Lombardi l'a admis: "samedi,  l'information des anticipations du livre de Benoît XVI par l'Osservatore Romano, “non è stata gestita bene”; nous n'avons pas bien géré la communication". Alors que le directeur de la salle de presse n'y est pour rien, cela démontre son humilité.

Toutes les cartes en main

images-1.jpgLe Consistoire était déjà une nouvelle en soi, il n'y avait pas besoin de sortir une seconde nouvelle, surtout que le Pape retient toujours l'attention. En connaissant la polémique suite à ses propos dans l'avion vers l'Afrique, l'attention et la crispation autour du thème du préservatif était prévisible. C'est comme au chibre, au jeu de carte, il ne faut évidemment jamais jouer en même temps le bourg sur le nel, soit la carte la plus forte sur un coup gagnant.

Préservatif dans certains cas: rien de nouveau

Ceci dit, il n'y a rien de nouveau dans les propos du Pape, sauf que c'est la première fois qu'un Pape en parle de façon informelle. Bien des théologiens, des évêques, des prêtres, et simplement des catholiques ou des personnes de bonne volonté tiennent le même discours depuis des années. Simplement, ils ont été critiqués en interne, donnant alors à croire que l'Eglise était toujours  absolument opposée au préservatif. Ceci n'était pas vrai, car comme le confirme bien Benoît XVI, il y a des cas  exceptionnels où il vaut mieux le mettre afin de minimiser les risques de la transmission de sida, lorsqu'un acte immoral est déjà commis, comme la prostitution. Mais ce n'est pas idéal, car encore très loin de la réalité de la chasteté.

"Spin doctor" ou des hommes d'influence

Andrea Tornielli et Paolo Rodari, dans leur livre "Attaco a Ratzinger" évoque le manque d'un "spin doctor" 041000.jpgpour la gestion de l'information du Saint Siège. Un film américain évoque cette figure de stratège, "des hommes d'influence". Le Président américain a provoqué une crise de communication pour avoir molesté sexuellement une femme. Alors, Robert de Niro débarque à la maison blanche et détourne l'attention (to spin) et invente une fausse nouvelle: une guerre... . Certes, les auteurs du livre ne voient pas un "spin doctor" de l'Eglise pour inventer des infos et mentir, mais un savoir faire dans la façon de donner la cadence des nouvelles, donc un expert en stratégie. Avec le Consistoire et le livre, c'était à nous de bien distribuer les cartes. Rien ne sert de blâmer les journalistes.

Aussi, pour la sortie d'un tel livre, la librairie éditrice du Vatican aurait du patienter sur les extraits du livre, même si cela était pour répondre à l'agence "Reuters" pour un journal de Berlin.

Toute la discussion autour du livre serait survenue aujourd'hui même, sans qu'elle s'étale sur trois jours, fasse passer à la trappe les cardinaux, et se concentre sur un seul aspect, en donnant dans la confusion.  Des thèmes comme l'islam, la liberté religieuse, le choc de la crise pédophile, la foi, la prière auraient trouvé une juste dimension.

Une lumière sans bougie

images.jpgCeci dit, on a parlé du livre, et ceci risque sans doute de "booster" les ventes, en ce sens, on peut se réjouir. Comme l'a dit un journaliste ce matin: "Benoît XVI parle plus clairement que ceux qui le commentent". Ce Pape Benoît XVI nous montre bel et bien le Christ, la Vérité ou la Lumière du monde. Pas besoin d'éclairer ses propos avec notre petite bougie. Comme quoi, finalement, ce qui reste de toutes nos analyses limitées et sombres, n'est-ce pas le simple fait que le livre entretien de Peter Seewald avec Benoît XVI est un livre éclairant, à lire absolument ?

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"J'espère que ce livre soit utile pour la foi de nombreuses personnes" Benoît XVI

Quand Benoît XVI parle ...

luce.jpg... tout devient plus simple.

Suite à la conférence de presse de 10h30 pour la présentation du livre entretien avec Benoît XVI, un journaliste a eu ce commentaire: c'est un fait, lorsqu'on laisse parler le Pape, tout devient plus clair. "Il parle plus simplement que tous ceux qui le commentent".

 

Donc, ce livre événement est à lire. Il devrait sortir en fin novembre en français.

dimanche, 21 novembre 2010

Précisions du Père Lombardi

images.jpgNote du P. Lombardi sur les paroles du Pape sur la question du préservatif
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À la fin du chapitre 10 du livre "Lumière du monde», le Pape répond à deux questions au sujet de la lutte contre le sida et l'utilisation des préservatifs, questions qui se rapportent à la discussion ayant suivi quelques mots prononcés par le Pape sur ce sujet au cours de son voyage en Afrique en 2009.

Le Pape confirme clairement qu'alors, il n'avait pas voulu prendre position sur la question du préservatif en général, mais qu'il voulait affirmer avec force que le problème du sida ne peut pas être résolu seulement avec la distribution de préservatifs, parce qu'il faut faire beaucoup plus: prévenir, éduquer, aider, conseiller, rester proche des gens, soit afin qu'ils ne tombent pas malades, soit quand ils sont malades.
Le Pape rappelle que même dans les milieux non ecclésiaux, il s'est développé une conscience analogue, tel qu'il ressort de la théorie dite ABC (Abstinence - Be Faithful - Condom), dans lequel les deux premiers éléments (l'abstinence et la fidélité) sont beaucoup plus cruciaux et fondamentaux pour le sida, tandis que le préservatif est en dernière place comme une échappatoire, quand les deux autres font défaut. Il doit donc être clair que le préservatif n'est pas la solution au problème.

Le Pape élargit ensuite le ragard et insiste sur le fait que se concentrer uniquement sur le préservatif revient à banaliser la sexualité, qui perd son sens comme une expression de l'amour entre les individus et devient comme une «drogue». La lutte contre la banalisation de la sexualité fait partie du "grand effort pour que la sexualité soit perçue de façon positive et puisse exercer son effet positif sur l'être humain dans sa totalité."

À la lumière de cette vision ample et profonde de la sexualité humaine et de sa problèmatique aujourd'hui, le Pape réaffirme que "bien sûr l'Eglise ne considère pas le préservatif comme la solution authentique et morale" du problème du sida.
De cette façon, le pape ne réforme ni ne change l'enseignement de l'Eglise, mais il le réaffirme, se mettant dans la perspective de la valeur et la dignité de la sexualité humaine comme expression d'amour et de responsabilité.

Dans le même temps, le pape considére une situation exceptionnelle dans laquelle l'exercice de la sexualité représente un vrai risque pour la vie de l'autre. Dans ce cas, le Pape ne justifie pas moralement l'exercice désordonné de la sexualité, mais estime que l'utilisation du préservatif pour réduire le risque d'infection est un "premier acte de responsabilité", un "premier pas sur la voie d'une sexualité plus humaine" plutôt que de ne pas l'utiliser en exposant l'autre au risque de sa vie.
En cela, le raisonnement du pape ne peut certes pas être défini comme une volte-face révolutionnaire.
Beaucoup de théologiens moraux et de personnalités ecclésiastiques faisant autorité ont soutenu et soutiennent des positions similaires; il est vrai, cependant, que nous ne les avions pas encore entendues aussi clairement de la bouche d'un pape, même sur un ton familier, et non pas magistral.

Benoît XVI nous donne donc avec courage une contribution importante de clarification et d'approfondissement d'une question débattue depuis longtemps. C'est une contribution originale, parce que d'un côté, elle tient à la fidélité, aux principes moraux et témoigne de lucidité en refusant un chemin aussi illusoire que "la confiance dans le préservatif"; de l'autre, cependant, elle manifeste une vision compréhensive et clairvoyante, attentive à découvrir les petits pas - même s'ils n'en sont qu'à leurs débuts, et encore confus - d'une humanité souvent très pauvre spirituellement et culturellement, vers un exercice plus humain et responsable de la sexualité.

Bulletin officiel du Saint-Siège

source de la traduction : Benoît et Moi

portrait_tornielli.jpgNote:

- "Qui a mis le préservatif au Consistoire?". C'est par ce titre clair, un brin provocateur, dont il s'excuse quelque peu par la suite, que le vaticaniste Andrea Tornielli exprime son regret pour la publication  samedi dernier par  l'Osservatore Romano (organe non officiel du Saint Siège) des extraits de l'excellent livre qui sera présenté en fait ce mardi en salle de presse. Cela a occulté le consistoire des cardinaux avec les magnifiques homélies du Saint Père.

- Les propos du Pape n'ont rien de proprement nouveau, sauf que le Pape cite en effet la pratique classique de l'Eglise qui permet des exceptions pour lutter contre le sida.

Martyrs d'Iraq: "santi subito"

00-2-f69e8-ed835.jpgAlors qu'aujourd'hui l'Italie prie pour les chrétiens persécutés en Iraq, une initiative est lancée pour la béatification des chrétiens martyrs d'Iraq. Pour l'Eglise, une âme tuée par haine de la foi, soit un martyr authentique, va directement au ciel, sans passer par le purgatoire. Enfin, pour un procès en béatification, pas besoin d'un miracle comme signe venant de Dieu. La preuve du martyr suffit.

samedi, 20 novembre 2010

Le préservatif a la dernière place ....

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Opinion

Dans le prochain livre entretien à paraître cette semaine avec Benoît XVI, le Pape s'exprimerait, entre autre, sur le préservatif. Il parle ensuite de tant d'autres sujets. N'oublions pas que le premier de tous les commandements est d'aimer Dieu par dessus toute chose, avec tout son coeur, toute son âme et toute sa force. Ne mettons pas, même s'il est évidemment exact, le sixième commandement en premier (tu ne commettras pas d'adultère).

Premièrement, il reste à attendre la lecture du livre et la découverte précise de la citation.

Rien de vraiment nouveau

Ceci dit, il n'y aurait rien de nouveau, car l'usage du préservatif a sa place dans la lutte contre le sida, mais il n'a simplement pas la première, bien au contraire, car il vient en fait en dernier. Ce qui est premier c'est la personne, sa capacité d'aimer, son comportement, non pas un simple bout de caoutchouc.

Ceci est un enseignement classique de l'Eglise catholique. Ce n'est pas le préservatif qui pose problème, ce sont les comportements à risque. Si une personne ne peut pas les éviter, puis les quitter de façon définitive, alors mieux vaut en effet user d'un préservatif. S'il n'est pas encore possible de vivre la chasteté ou l'abstinence, alors il existe la loi de la gradualité, une sorte de plan incliné qui permet de s'orienter avec le temps vers l'objectif fixé, une réalité praticable et libératrice. Cette noblesse est donnée par la nature humaine et murmurée silencieusement dans la conscience.

La sexualité est une réalité à sanctifier, entre un homme et une femme, unis par le sacrement du mariage, ouvert à la vie, dans la fidélité jusqu'à la mort, sans user la contraception. Avec la prière, la confession et la messe, c'est une réalité pratiquée par de très nombreuses personnes. Toutes les personnes non-mariées sont appelées à vivre le don de soi autrement que par la sexualité réservée au couple.

Une personne à aimer

L'Eglise ne propose pas d'abord des lois, mais en tout premier une personne à aimer. Bien plus, elle présente au monde le Sauveur: "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Comme le dit Saint Paul, la preuve que Dieu nous aime, c'est qu'alors que nous étions pécheur, il a donné sa vie pour nous. Laissons-nous aimer par Dieu et en retour aimons-le en acte et en vérité. Si nous aimons, alors le comportement juste et droit suivra comme un surcroît d'humanité. Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs dit la sagesse humaine. Mettons d'abord le Christ à la toute première place et notre vie prendra par le cours des évènements, guidés par la divine Providence, son orientation vers le bien, le beau et le vrai. Dieu est notre Père, il nous éduque patiemment.

Passer de la nuit noire à la lumière

Il faut en convenir, un engrenage périlleux est possible, avec une fausse compréhension de la sexualité, à laquelle peut s'ajouter un mauvais usage de la TV et d'Internet, sans oublier la multiplication parfois effrayante de la prostitution, c'est plutôt l'obscurité complète qui nous est proposée. Aussi, le débat sur le préservatif est une incompréhension qu'il faut clarifier.

Heureusement que l'Esprit Saint souffle dans les coeurs, les âmes et les esprits, Lui qui nous conduit vers la vérité toute entière. Le Christ qui parle dans son Eglise et dans la conscience de tous et chacun, est donc bien la lumière du monde.

N.B La citation

... "L'Eglise catholique n'est pas fondamentalement contre l'utilisation de préservatifs ?

... Dans certains cas, quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement". "Il peut y avoir des cas individuels, comme quand un homme prostitué utilise un préservatif, où cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut. Mais ce n'est pas la façon à proprement parler de venir à bout du mal de l'infection du VIH. Cela doit réellement se produire dans l'humanisation de la sexualité. Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils se fournissent eux-mêmes".

 

Le Cardinal Kurt Koch

vendredi, 19 novembre 2010

Cardinaux à Rome

L'islam radical inquiète Benoît XVI


Le Pape convoque des cardinaux ce vendredi matin à Rome, avant de créer, ce samedi, par «consistoire» vingt-quatre nouveaux cardinaux. (Crédits photo: Max Rossi/Reuters)
Le Pape convoque des cardinaux ce vendredi matin à Rome, avant de créer, ce samedi, par «consistoire» vingt-quatre nouveaux cardinaux. (Crédits photo: Max Rossi/Reuters)

Le Pape consulte ce vendredi le collège des cardinaux, sénat de l'Église, sur des questions cruciales dont les relations avec l'islam. 

• Les autres dossiers de Benoît XV

Il y a un mois, l'islam radical inquiétait à Rome, mais sur le papier. Il avait fait l'objet de multiples débats et déclarations, pendant les quinze jours du synode sur le Proche-Orient. Cette réunion des évêques et experts de dix pays de cette région du monde avait été volontairement convoquée par Benoît XVI pour tenter de protéger les chrétiens de Terre Sainte contre la montée de l'intolérance islamiste extrémiste. Et leur ménager un avenir.

 

Le cardinal Emmanuel III Dellys'est rendu, le 1er novembre, sur les lieux de l'attentat visant la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, qui a fait 53 morts le 31 octobre dernier.
Le cardinal Emmanuel III Dellys'est rendu, le 1er novembre, sur les lieux de l'attentat visant la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, qui a fait 53 morts le 31 octobre dernier. Crédits photo : ALI ABBAS/EPA/MAXPPP

Mais cette inquiétude a tourné à la confrontation depuis les attentats de Bagdad en Irak le 31 octobre, qui ont visé, deux semaines après la clôture du synode -dimanche pour dimanche- la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, faisant 53 morts. Sans parler, la semaine dernière, d'attaques au mortier et à la bombe, contre des maisons et des commerces de la même ville, appartenant à des catholiques. Bilan: 33 blessés et six morts. Le tout revendiqué par la branche irakienne d'al-Qaida qui considère les chrétiens comme des «cibles légitimes».

Le Vatican qui a déjà condamné, par la voix de Benoît XVI, ces «attaques barbares» ne veut pas tomber dans le piège de la surenchère mais après ce traumatisme, la question de l'islam radical a pris une tournure réaliste qu'elle n'avait pas, il y a encore peu, au Saint-Siège. Il n'est, dès lors, pas étonnant que le Pape ait placé cette question en priorité, parmi quatre autres dossiers à l'ordre du jour de la réunion exceptionnelle des cardinaux qu'il convoque ce vendredi matin à Rome, avant de créer, ce samedi, par «consistoire» vingt-quatre nouveaux cardinaux. Et qu'il ait confié l'analyse de cette question, à son bras droit, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'État.

 

Diplomatie oblige

Bien sûr, diplomatie oblige, le thème de cet atelier s'intitule «La liberté religieuse». Mais à regarder de près, ce problème de liberté religieuse ne se pose plus drastiquement dans les pays qui s'inspirent encore du communisme, la Chine ou le Vietnam. Il y a des difficultés mais elles sont surtout liées à l'étonnant dynamisme des communautés catholiques qui se heurtent aux scléroses du contrôle bureaucratique. Cuba vient même d'ouvrir officiellement un séminaire! Quant aux attaques antichrétiennes en Inde, elles sont liées à des questions de nationalisme politique.

Mais cela n'a rien à voir avec «le climat de peur» dont les chrétiens du Proche-Orient se plaignent et qu'ils assurent voir s'accentuer devant «la montée de l'intolérance de l'islam radical» comme entendu lors du récent synode. Une intolérance structurelle, juridique, fondée sur une application de plus en plus stricte de la loi islamique qui entend brimer la vie des chrétiens, interdire la construction d'églises, menacer de mort la conversion d'un musulman au christianisme.

Enfin, on a très mal vécu, à Rome, l'assassinat au poignard par son chauffeur -qui a expliqué son geste par une «révélation»- de Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique pour le sud de la Turquie. C'était le 3 juin dernier, la veille du voyage de Benoît XVI à Chypre. Là, le Pape venait remettre symboliquement aux Églises de Terre Sainte, le «document préparatoire» du synode du Proche-Orient. Mgr  Luigi Padovese, Italien, y avait notoirement travaillé.


Cliquez sur l'aperçu pour agrandir l'infographie.

 

• Les autres dossiers de Benoît XVI

 

Les anglicans

Il y a un an, Benoît XVI annonçait la création d'une structure ad hoc pour accueillir dans l'Église catholique des anglicans excédés par les évolutions internes de leur Église, notamment à propos de l'ordination de femmes évêques et du mariage homosexuel. Cette initiative de Rome, sollicitée en réalité par plusieurs évêques anglicans, a tout d'abord fâché l'Église anglicane, mais les relations ont repris. Malgré plusieurs annonces d'évêques faisant part de leur intention de rejoindre l'Église catholique en Australie et au Canada, il a toutefois fallu attendre la semaine dernière pour que cinq évêques anglais «passent» officiellement dans l'Église catholique. Cette nouvelle structure, en revanche, n'est pas «passée» dans les milieux qui travaillentà l'œcuménisme, à l'unité des chrétiens.

 


 

Les protestants

Il y a dix ans, le Saint-Siège publiait, sous la plume d'un certain cardinal Joseph Ratzinger, un document intitulé «Dominus Jesus» visant à réaffirmerla prééminence de l'Église catholique vis-à-vis des autres Églises chrétiennes, protestantes notamment. Dans ce texte, Rome affirmait que «l'Église du Christ» est d'abord «dans l'Église catholique» et récusait,aux Églises protestantes, le fait mêmede se dénommer «Église». Ce texte théologique passa largement au-dessusde l'attention des fidèles, mais il mit le feu aux poudres entre théologiens catholiques et protestants. La plaie est d'ailleurs toujours vive. Le fait que Rome décide ce vendredi, devant tous les cardinaux, de revenir sur ce texte, démontre que le Pape veut en réaffirmer l'actualité.

 


 

La réforme liturgique

Ce devait être une des grandes réformes du pontificat de Benoît XVI. Non pas tant pour rétablir la messe en latin -commeil le fit en 2007, à titre «extraordinaire»-, mais pour redonner à la liturgie de la messe, dite de Paul VI, issuedu concile Vatican II, un plus grand sensde la transcendance. Et plus de spiritualité. Cette «réforme de la réforme» liturgique est bel et bien en route,mais elle est conduite «en douceur», insiste-t-on à Rome, où l'on avance avec prudence sur ce terrain miné. Le cardinal Antonio Canizares Llovera, nommé il y a deux ans préfet pourla Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, va présenter ces perspectives aux cardinaux dans le contexte des discussions théologiques, toujours en cours, entre le Saint-Siège et les représentants des lefebvristes.

 


 

La crise pédophile

Ce sera le dernier dossier traité ce vendredi par les cardinaux mais pas le moins important, presque un an, jour pour jour, après le début de cette crise commencée en Irlande,puis en Allemagne, et largement répandue. L'exemple de la Belgique est symptomatique: l'explosion publique de ces révélations, touchant dans le monde moins de 1% des prêtres,a poussé certaines victimes à dénoncerdes prêtres, même des dizaines d'années après. L'Église d'Autriche, comme d'autres, a mis en place une cellule d'accueil: entre avril et octobre 2010, 636 victimes se sont ainsi manifestées.

L'Église catholique a tardé à mesurer l'ampleur de cette crise mais Benoît XVI est finalement intervenu à onze reprises sur ce thème en 2010, qui fera date dans l'histoire de l'Église catholique.

jeudi, 18 novembre 2010

Le danger ne vient pas des musulmans, mais du Coran

Joseph Fadelle a fui la persécution chrétienne en Irak. Il vit caché en France, témoigne de sa foi et met l’Europe en garde contre le Coran.

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Parce qu'il s'est converti au christianisme, Muhammad, devenu Joseph Fadelle, a dû s'enfuir d'Irak  - Photo NR (source Nouvelle République, France)

 

Chiite, Mohammed Moussaoui, 44 ans, vivait en Irak la vie facile que lui conférait son nom, héritier direct de la famille du prophète Mahomet : « Je n’avais pas besoin de travailler et on me baisait la main pour me saluer. » Et puis sa vie a basculé : Sa famille l’a rejeté, jeté en prison et a même tenté de l’assassiner.

« La plus haute autorité chiite d’Irak a lancé contre moi une fatwa de mort, ce qui signifie que n’importe quel chiite peut l’exécuter à tout moment. »


Motif : Mohammed, aujourd’hui Joseph Fadelle, s’est converti au christianisme. Il est réfugié en France (depuis août 2001) avec sa femme et ses quatre enfants, vit de l’aide sociale mais, surtout, vit caché.

Si ses propos sont rudes à l’égard du Coran et de l’islam, c’est qu’ils sont d’abord un témoignage personnel, celui d’un homme qui a souffert dans sa chair, mais aussi celui d’un nouveau converti.

NR. Comment vous êtes-vous converti au christianisme ?

Joseph Fadelle : « Lors de mon service militaire, en 1987, je partageais ma chambre avec un chrétien, ce qui me dégoûtait ! Il connaissait bien le Coran et m’a seulement invité à le lire pour le comprendre. Pour un musulman, lire ou réciter le Coran, même sans le comprendre, suffit à espérer être récompensé par Allah. Alors, pour mieux convertir ce chrétien, j’ai relu le Coran… Et j’ai compris. »

NR. Qu’avez-vous compris de nouveau ?

Joseph Fadelle : « J’ai découvert que ce livre contient tout et son contraire, ce qui permet toutes les interprétations (sunnites et chiites n’ont pas les mêmes), mais ce qui signifie, surtout, que ce livre n’est pas la parole de Dieu, mais celle d’un ou de plusieurs hommes. Dieu, lui, je le crois, est cohérent ! Si ce livre vient des hommes, quelle religion peut donc être l’islam ? Je fais une grande différence entre les musulmans et l’islam. J’aime les musulmans, mes frères, ma famille, mais je ne reconnais pas l’islam comme religion. Pire, j’ai fait le constat que ce sont plutôt les musulmans qui ne lisent pas le Coran qui sont bons, pleins d’une juste morale. Le problème, c’est donc le Coran, pas les musulmans. »

NR Comment peut-on dire que le Coran est un problème ?

Joseph Fadelle : « Vous avez raison, le Coran n’est pas un problème, c’est un danger, pas les musulmans ! Mais si vous ne possédez pas parfaitement la langue arabe, alors vous ne pouvez pas mesurer ce danger car vous ne pouvez pas savoir qu’il y a autant de » corans « que de traductions. Et les traductions occidentales sont très douces pour les non-musulmans alors qu’au fond, pour l’islam, il n’y a pas de place pour les non-musulmans.

Je le sais, je l’ai vécu et le vis encore : qu’est donc cette religion qui interdit de la quitter ? L’islam interdit à un chiite de devenir sunnite (et réciproquement), mais punit de mort le musulman qui devient chrétien. C’est pourquoi les chrétiens (y compris arabes) habitant des pays musulmans vivent leur foi dans la plus totale clandestinité. J’ai dû m’enfuir secrètement d’Irak vers la Jordanie, quitter la Jordanie secrètement et je vis caché en France. Mais là, au moins, je peux vivre ma foi, aller à la messe tous les jours ! »

NR. Êtes-vous en guerre contre l’islam ?

Joseph Fadelle : « Si j’en avais les moyens, je ferais un procès contre le Coran qui appelle à la haine et par lequel sont possibles les fatwas de mort. Si je le pouvais, je ferais retirer du Coran tous les versets qui appellent à la haine et à la violence. Certains religieux ou érudits musulmans le souhaiteraient aussi, mais n’osent pas le dire : ils ont peur. Certains versets du Coran condamnent les chiites, d’autres les sunnites… L’islam une religion de paix ? Voyez ce qui se passe en Irak (*), et ce n’est pas fini : chiites et sunnites vont continuer de se combattre et ce sont les chrétiens qui seront les premières victimes. Ils devront mourir ou quitter le pays, alors qu’ils étaient en Irak avant même l’arrivée de l’islam. Et l’Irak perdra alors définitivement une partie de lui-même. Je voudrais que les Européens comprennent tout cela. J’essaie de le leur dire, mais veulent-ils entendre ? »

(*)L’interview a été réalisée avant la prise d’otages dans l’église de Bagdad, le 1er novembre 2010

mercredi, 17 novembre 2010

Benoît XVI et Asia Bibi

images.jpgLa communauté internationale suit avec préoccupation la délicate situation des chrétiens du Pakistan, souvent victimes de violences et de discrimination. Je veux en particulier exprimer ma solidarité spirituelle à Asia Bibi et à sa famille, demandant pour elle une prompte libération. Je prie aussi pour toutes les personnes se trouvant dans des situations analogues, afin que leur dignité humaine et leurs droits fondamentaux soient pleinement respectés

Benoît XVI, audience du mercredi 17 novembre 2010

source: VIS

lundi, 15 novembre 2010

Récit du massacre des chrétiens en Irak

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Les deux prêtres irakiens assassinés. Il y en a un 3 ème qui est également décédé de ses blessures.

Exclusif : des religieuses racontent le massacre des chrétiens le 31 octobre à Bagdad

source: Le Salon Beige

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Reçu par mail cette lettre de religieuses de Bagdad: en intégralité et telle qu'elle fut écrite (sans correction d'orthographe ou d'accent)

Chers frères et soeurs de partout,

Nous voulons commencer cette lettre par vous remercier de tous les messages de communion et de solidarité que nous avons reçus. Il y a beaucoup de catastrophes naturelles en ce moment dans le monde qui font des victimes bien plus nombreuses que chez nous, mais la cause n’en est pas la haine, c’est ce qui fait toute la différence.
Notre église est habituée aux coups durs, mais c’est la 1ere fois que c’est aussi violent et sauvage et surtout la 1ere fois que cela se passé a l’intérieur de l’église, d’habitude ils font exploser des bombes dans la cour des églises.
L’église Notre Dame du Salut est une des 3 églises syriaques catholiques de Bagdad, la plupart des gens qui la fréquentent sont des chrétiens de rite syriaque originaires de Mossoul ou des 3 villages chrétiens syriaques proches de Mossoul : Qaraqosh dont sont originaires nos ps. Virgin Hanan et Rajah Nour, Bartolla et Bashiqa dont est originaire ps. Mariam Farah. Grâces à Dieu aucune d’elles n’a eu de parents proches tués ou blessés gravement.

L’église a été prise d’assaut le Dimanche 31 Octobre après midi, juste après le sermon du Père Tha’er qui célébrait la messe. Le père Wasim, qui est le fils d’une cousine de ps. Lamia, confessait au fond de l’église près de la porte d’entrée, le père Raphael était dans le choeur. Les attaquants étaient de très jeunes gens (14-15 ans) non masques armes de mitraillettes, de grenades et ils portaient une ceinture explosive. Ils ont tout de suite ouvert le feu, tuant le père Wasim qui tentait de fermerla porte de l’église, puis ils ont tire aveuglement après avoir ordonne aux gens de se jeter a terre, de ne plus bouger et de ne pas crier. Certaines ont réussi a envoyer des messages par téléphone portable pour donner l’alerte, mais après les assaillants tiraient sur toute personne qu’ils voyaient utiliser son portable. Le pere Tha’er qui continuait à célébrer a été tue à l’autel dans ses habits sacerdotaux, son frère et sa mère ont été tués également.
Après, cela a été le massacre, nous ne pouvons pas raconter tout ce que les gens nous ont dit, même les enfants qui criaient étaient tués. Certaines personnes s’étaient réfugiées dans la sacristie en barricadant la porte, mais ils sont montes sur la terrasse de l’église et ont jeté des grenades par les fenêtres de la sacristie qui sont en hauteur.

Tout ceci laisse penser que c’était une attaque bien préparée et qu’ils avaient eu de l’aide a l’extérieur, comment ont-ils pu forcer le barrage de police(dans la rue qui va a l’église) et connaitre le chemin de la terrasse etc..? Ils ont mitraillé également les appareils d’air conditionné pour que le gaz en s’échappant asphyxie les gens qui étaient proches.
Ils ont mitraille la Croix en se moquant et en disant aux gens : “ dites lui de vous sauver “, ils ont aussi prié l’appel à la prière : Allah akbar, la ilah illallah… Et a la fin quand l’armée a été sur le point d’entrer, ils se sont faits exploser. L’armée et les secours ont mis presque 2 heures à arriver, ainsi que les américains qui survolaient en hélicoptère, mais l’armée n’est pas entrainée à gérer ce genre de situation et ils ne savaient pas bien quoi faire. Pourquoi ont-ils mis si longtemps à arriver?

Tout s’est termine vers 10 h 30- 11h du soir, cela a duré très longtemps et nous pensons que beaucoup de personnes sont mortes suite a l’hémorragie de leurs blessures.
Apres, les blesses ont été emmenés dans différents hôpitaux et les morts a la morgue. Les gens ont commence à arriver pour savoir ce qui s’était passé et prendre des nouvelles de leurs proches, mais l’église était interdite d’accès et les gens ont commencé a aller d’hôpital en hôpital à la recherche de leurs proches , nous avons vu des gens qui ont cherché leur proche jusqu’à 4 h du matin pour finalement le découvrir à la morgue.

Le lendemain ont eu lieu les obsèques dans l’église chaldéenne voisine, l’église était bondée, c’était très impressionnant, il y avait 15 cercueils alignés dans le choeur, les autres victimes ont été enterrées dans leur village ou séparément, selon les cas. Des représentants de toutes les communautés chrétiennes ainsi que du gouvernement étaient là, notre patriarche a parlé ainsi que le porte-parole du gouvernement et un religieux, chef d’un parti islamique ( Moammar el Hakim).

La prière a eu lieu dans une grande dignité et sans manifestations bruyantes. Le père Saad, responsable de cette église avait aidé les gens à prier à mesure qu’ils arrivaient, avant que ne commence la cérémonie.

Les 2 jeunes prêtres ont été enterrés dans leur église dévastée, il y a un cimetière sous l’église, avant d’être enterrés on a fait entrer les cercueils dans l’église pour qu’ils lui fassent leurs adieux.
Au début, nous ne savions rien des victimes, nous ne connaissions personne directement, sauf le père Raphael, prêtre très âgé, nous sommes allées à cet hôpital pour le visiter et visiter les blessés qui y étaient. Ce sont les familles qui nous conduisaient de chambre en chambre ainsi que les cadres de l’hôpital qui nous indiquaient les blessés. Par hasard tous étaient des femmes ou des jeunes filles, toutes blessées par balle, ce n’est pas comme dans une explosion ou on peut se faire arracher un bras ou une jambe. Nous sommes restées à côté d’eux sans parler beaucoup, c’était eux qui parlaient ou leur famille, chacun revivait son histoire en nous la racontant. Comme l’attaque a eu lieu un Dimanche à la messe, des membres d’une même famille ont été tués ou blessés, certains en protégeant leurs enfants. Nous avons été frappés par leur calme et leur foi quand ils racontaient, nous sentions que c’était des gens revenus d’un autre monde et qu’à ce moment là, plus rien ne comptait que la rencontre proche avec le Seigneur, ils ne pensaient plus à rien et priaient seulement, et cela a duré 5 heures…

Le Vendredi après midi les jeunes de plusieurs paroisses sont venus pour aider à déblayer et nettoyer un peu, et le Dimanche suivant le 7 Novembre tous les prêtres syriens et chaldéens de Bagdad qui étaient libres ont célèbré la messe dans cette église vide et dévastée sur une table de fortune, il y avait peu de monde car cette messe n’avait pas été annoncée, nous n’y sommes pas allées car nous ne l’avons pas su, c’était très émouvant.

Il y a un sursaut de foi et de détermination surtout chez les prêtres restant à Bagdad qui disent : ils veulent nous chasser et nous exterminer mais nous sommes là et nous resterons, depuis 14 siècles vous n’avez pas pu en finir avec nous. L’histoire des chrétiens d’Iraq est une longue histoire de persécutions, de martyrs, de chrétiens chassés et déplacés.

Nous pensons à la phrase du psaume 69 : « Plus nombreux que les cheveux de la tête, ceux qui me haïssent sans cause » et nous pensons surtout à Jésus, haï sans raison, alors qu’il passait en faisant le bien.

Nous terminons cette lettre avec le cri d’un enfant de 3 ans qui a vu tuer son père etqui criait : « çà suffit, çà suffit », avant d’être tué lui aussi ; oui vraiment avec notre peuple, nous crions aussi : çà suffit.

Vos petites soeurs de Bagdad Alice et Martine".

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Rappel


Chrétiens irakiens massacrés en pleine messe

samedi, 13 novembre 2010

Asia Bibi et la liberté religieuse

Asia Bibi, recours présenté contre la sentence de mort

images.jpgC'est le quotidien "The Time of India" qui l'annonce. De plus, les prises de positions se multiplient en faveur de la femme chrétienne condamnée à mort au Pakistan pour blasphème.

La famille d'Asia Bibi, la femme chrétienne condamnée à mort ainsi qu'au paiement d'une amende d'environ 3500 dollars pour blasphème, a présenté un recours contre la sentence à la Haute Cour de Lahore. "Parmi les différentes accusations contre Asia, il y a aussi celle d'avoir nié l'autorité du prophète Mahomet. Mais comment peut-on demander qu'une femme non musulmane suive le credo des musulmans s'est demandé l'avocat de la femme, S.K Shahid ?"

Source: La Stampa, quotidien italien.

Approfondir: Radio Vatican

N.B. Hier soir, au cours de journal de Tv 2000, le maire de Rome Gianni Alemanno a demandé la liberté religieuse et la fin des persécutions des chrétiens de par le monde.

Dans un communiqué, le mouvement des Focolaris annonce qu'il s'engage très activement en faveur de l'innocence d' Asia Bibi: "le mouvement des Focolaris, s'unissant à l'Eglise catholique et à tous les hommes de bonne volonté, adhère à la campagne en faveur d'Asia Bibi... Cette adhésion est la conséquence de notre agir, personnel et communautaire, en faveur de la vie, à 360 degrés, lequel est le fondement nécessaire pour la construction d'une société, vraie communauté pour tous les hommes... comme nous l'a enseigné le Pape Benoît XVI, recueillant l'héritage des Papes précédents, et comme tant d'autres personnalités d'autres religions ou partageant des convictions non religieuses l'ont exprimé, la liberté religieuse donne vitalité et cohérence à toute autre liberté humaine. Le droit de professer la propre foi est source de stabilité politique et sociale..."

Autre Lecture:

9782356310606.jpg"Le prix à payer" de Joseph Fadelle

Joseph, jeune Irakien de 23 ans, fait la connaissance, lors de son service militaire, de Massoud, un jeune chrétien. A son contact, Joseph, tout doucement, se transforme et chemine vers le baptême. Mais pour vivre sa foi toute neuve, Joseph doit se cacher de sa famille et de ses amis. Découvert, renié par les siens, il lui faut fuir pour être à nouveau rattrapé et échapper de justesse à la mort. Un témoignage absolument bouleversant.

vendredi, 12 novembre 2010

L'innocence d'Asia Bibi

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Ce soir, en Italie, la Tv 2000 (de la conférence des évêques italiens) diffusera tous ses journaux télévisés avec la photo d'Asia Bibi, condamnée à mort au Pakistan le 7 novembre dernier pour blasphème.

Asia a été arrêtée en juin 2009 après une discussion avec quelques collègues, ouvrières agricoles, durant laquelle elle avait défendu sa religion. Les autres femmes l'avaient poussé à renoncer à sa religion pour embrasser l'islam. Asia avait répondu que Jésus était mort sur la croix pour les péchés du monde. Elle a alors demandé aux autres ce que Mahomet avait fait pour elles. Elle fut alors frappée, ainsi que ses filles, et encouragés par l'imam local et un groupe d'hommes, elle fut dénoncée pour blasphème. Les chrétiens représentent le 4% des 162 millions habitants du Pakistan.

L'appel de l'évêque de Lahore (Radio Vatican)

"Nous adressons un appel rempli d'affliction au Saint Père afin qu'il puisse prier, intercéder et puisse parler en faveur de Asia Bibi, femme chrétienne condamnée injustement à mort  pour blasphème". Ceci est l'appel lancé, au travers de l'agence vaticane Fides, par Monseigneur Bernard Shaw, évêque auxilaire de Lahore, le diocèse où se déroule ce drame. "Nous demandons - ajoute Monseigneur Shaw - que lui soit accordé le pardon et qu'elle soit libérée. Nous invitons la communauté internationale à élever la voix, faire pression et opérer à tous les niveaux pour le salut de cette femme, qui est une innocente. Nous disons à toutes les mères pakistanaises: Asia est une maman comme vous, défendez-la, ne permettez pas que ses enfants deviennent orphelins".

En savoir plus

jeudi, 11 novembre 2010

Benoît XVI raconté par Peter Seewald

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D'ici deux semaines, parution du livre entretien (Bayard) avec Benoît XVI réalisé par le journaliste Peter Seewald

 

 

 

 

 

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"Avec le Pape, on peut rire aux éclats -
Il a un grand sens de l'humour!

source: Benoît-et-moi / Forum Benedetto


Entretien avec Peter Seewald
RAFAEL POCH

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7 novembre 2010


Le journaliste bavarois Peter Seewald est considéré comme le principal biographe de Joseph Ratzinger. Seewald, qui vit à Munich, est né en 1954 dans une famille catholique de Passau (ndt: petite ville de Bavière, près de la frontière autrichienne, aux confluents de l'Inn et du Danube: fait partie de la "géographie du coeur" de Joseph Ratzinger).
Adolescent, il a été influencé par le mouvement gauchiste de 1968 en Allemagne, qui l'a amené à quitter l'Église catholique à l'âge de 19 ans.

Il a commencé comme journaliste en écrivant pour un hebdomadaire de gauche à Passau, et plus tard, il a commencé à travailler pour des périodiques de "l'établissement", comme les hebdomadaires Der Spiegel et Stern et le journal Süddeutsche Zeitung. En 1983, il a commencé à concentrer ses écrits, comme auteur de livres et journaliste, sur la religion.

En 1996, il publie son premier livre avec le Cardinal Joseph Ratzinger, Le sel de la terre, qui se basait sur plusieurs jours d'entretiens avec le cardinal. L'expérience l'a amené à revenir à sa foi catholique. Un second livre d'entretiens avec le cardinal, "Dieu et le monde" (en français: Voici quel est notre Dieu), a été publié en 2000. Les deux livres ont été traduits en 25 langues.

L'été dernier, Seewald s'est vu accorder une autre série d'entretiens, durant une semaine avec celui qui est désormais le Pape, à la résidence papale de Castel Gandolfo, et le résultat est le troisième livre-interviewe, La Lumière du monde, qui sort ce mois-ci dans 12 versions linguistiques.

C'est la première fois que le Pape Ratzinger répond à des questions spécifiques au sujet de son pontificat, y compris ses propres évaluations sur celui-ci, et sur le "scandale des abus sexuels" dans l'Eglise.

- Vous avez eu de longues conversations avec Joseph Ratzinger pour ces trois livres d'entretiens. Pourriez-vous le décrire comme personne?


- Il n'est pas facile de tracer son portrait. Certains ne le connaissent pas du tout, simplement parce qu'ils ne l'aiment pas, alors que beaucoup ont une idée de lui qui est basée sur les rapports des médias qui ont souvent peu d'informations. Mais le fait est que lorsque les gens ont l'occasion de l'observer en personne, comme cela s'est passé récemment au Royaume-Uni, ils obtiennent une image totalement différente de celle trouvée dans les rapports préfabriqués des médias souvent hostiles.
Depuis presque 20 ans maintenant, je me suis consacré de façon exhaustive à sa biographie, à suivre sa vie, ce qu'il dit et ce qu'il fait, et je peux dire qu'il est vraiment une personne extraordinaire, avec un charisme extraordinaire.
Comme professeur, il expliquait l'Evangile avec une fraîcheur telle que certains de ses élèves disent que c'était presque comme si Jésus lui-même était dans la salle de conférence.
Comme préfet pour la doctrine de la foi, il transmettait une autorité provenant d'une connaissance très détaillée de la modernité, y faisant face avec la vérité du christianisme.
Il aime à dire que la foi peut et doit être expliquée, car elle est raisonnable ...
Il a un esprit brillant, et est certainement le plus grand penseur de notre temps. Mais sa haute intelligence est unie à une profonde piété. Il peut escalader les plus hauts sommets intellectuels, tout en gardant les pieds sur terre, grâce à son éducation dans le catholicisme bavarois.

Il n'est pas de ceux qui ne pratiquent pas ce qu'ils prêchent, mais quelqu'un qui est saint et humble, et qui est authentique parce qu'il dit ce qu'il pense et fait ce qu'il dit.
Ceux qui le connaissent voient en lui une personne très aimable, très sage, mais humble, et très ouvert et moderne, quelqu'un qui reste très jeune, même à son âge. Parfois, il peut être trop réservé et trop prudent. Il n'est pas le genre d'homme à vous donner des tapes dans le dos, mais il est extrêmement fidèle et conserve et entretient ses amitiés de ses années d'étudiant.
Ce que j'admire le plus chez lui c'est sa simplicité, alliée à son courage. Il supporte l'inconfort sans se laisser être dérangé par lui. Il a presque toujours raison dans ses analyses et ses jugements. Il a également un grand sens de l'humour - avec lui vous pouvez rire aux éclats!

- Un changement des responsabilités peut déterminer beaucoup de choses. Le cardinal était-il très différent du pape aujourd'hui? Avez-vous noté des changements?


- Il ne voulait pas être évêque, mais il a dû l'accepter. Il ne voulait pas être dans la Curie romaine, mais il a dû l'accepter. Il ne voulait pas être pape, mais il a dû prendre la charge dans laquelle il était clair qu'il aurait à souffrir beaucoup.
Il suffit de penser aux efforts énormes qu'exige le fait d'être pape. Pensez au poids de tous les abus commis dans l'Église, qui ont été découverts. Il a pleuré avec des victimes et il a honte de la saleté qu'il y a dans l'Eglise.
Et pourtant, il porte ces fardeaux avec un sang-froid et un calme impressionnants, parce qu'il sait - comme il le dit souvent - qu'il ne peut pas tout faire, ni ne le doit. [Vous faites tout votre possible et ensuite vous vous confiez à Dieu pour le reste, a-t-il souvent dit à ses prêtres.]
Après un géant comme Karol Wojtyla, personne ne pensait qu'il pourrait y avoir une succession sans ruptures. Mais Ratzinger y a réussi. Il gouverne l'Eglise avec un style qui se caractérise par la collégialité, le dialogue et l'humilité.
Surtout, il enseigne, sans relâche et patiemment, comment retrouver la foi - non pas comme un système de théories, mais comme une invitation à entreprendre une relation personnelle avec Dieu.
En bref, il n'agit pas comme un prince de l'Eglise devant qui l'on doit trembler, mais comme un serviteur de l'Église, un grand intendant qui se consacre entièrement à sa mission.


A-t-il changé?

Bien sûr, sa fonction actuelle lui donne une aura particulière, mais dans son essence, dans sa conduite, dans ce qu'il fait et ce qu'il considère comme juste, Joseph Ratzinger n'a pas changé, mais on pourrait dire qu'il s'est perfectionné.
Je crois que sa tâche en tant que Successeur de Pierre a apporté à sa personnalité, à ses talents, à son charisme , la plénitude de leur épanouissement.

- Quelles sont les choses qui lui causent le plus de souffrance et d'inquiétude?


- Je pense que c'est l'évaporation de la foi dans une grande partie du monde occidental, et l'éloignement croissant de Dieu qui en résulte.
Il y a aussi la crise dans l'Église. Le manque d'engagement, et surtout, les cas d'abus sexuels qui ont jeté une ombre sur son pontificat. D'autre part, la crise dans la société. Et bien sûr, les deux crises sont liées.
À plusieurs reprises dans le passé, il y a eu des tentatives de déclarer que Dieu est mort, surtout quand il y a de nouveaux et concrets veaux d'or. La Bible est remplie de telles histoires. Celles-ci ont moins à voir avec un manque d'attraction vers la foi qu'avec la puissance de la tentation.
Mais où peut nous mener une société athée qui est éloigné de Dieu? Où peut aller l'Europe si elle se détache de ses racines? Et, tant à l'Est qu'à l'Ouest, n'a-t-on pas déjà vécu de telles expériences avec des conséquences terribles pour les peuples qui se déchirent, les cheminées des camps de concentration, et les champs de mort des goulags soviétiques? Ce Pape porte, comme personne ne l'a fait avant lui, tous les échecs, les erreurs et les péchés de l'Eglise, mais il appelle également l'attention sur les aberrations de la société et les dangers de la poursuite de telles aberrations.
L'athéisme n'est pas nécessairement inoffensif. Déjà en tant que cardinal, Joseph Ratzinger a mis en garde contre la perte d'identité, d'orientation et de vérité qui en résulterait, si jamais le nouveau paganisme prenait le contrôle des pensées et des actions des personnes. Aujourd'hui, nous pouvons observer que ces avertissements n'étaient pas sans fondement.

- Ratzinger a-t-il peur de Dieu?


- N'est-ce pas le cas de chaque croyant? Mais comme il s'est révélé à nous dans le Christ, Dieu est un être aimant, qui pardonne, qui réconcilie, et donne la liberté, qui connaît les besoins de chaque créature, et qui s'anéantit lui-même par amour au point de mourir sur la Croix .
Dieu s'est fait «petit», à la mesure de l'homme, afin que nous puissions le comprendre, mais néanmoins, il demeure incompréhensible dans son mystère et sa grandeur infinie, ainsi que dans sa puissance, ce qui peut arriver à faire peur.
Une fois, je demandai à Joseph Ratzinger, si parfois il ne ressentait pas la crainte de Dieu. Et il répondit: "Je ne dirais pas peur car nous savons que le Christ est Dieu et qu'il nous aime". Mais il souligne que, puique Dieu accepte l'homme avec toutes ses faiblesses, "en tant que prêtre, j'ai toujours essayé de maintenir ce sentiment ardent que Dieu a une idée de qui je suis, de ce que je peux faire, de ce que je peux donner" ... Eh bien, maintenant, au moins, nous la connaissons, l'idée que Dieu a de lui ...

- Comment voit-il l'humanité en ce nouveau siècle?


- On ne peut pas oublier le fait que, au début du troisième millénaire, l'humanité se trouve dans une crise aux proportions immenses, avec tous les problèmes complexes de l'environnement, de la crise dans l'économie financière, de l'effondrement de la société.
Les chrétiens se sont vus reprocher que leur religion est un monde illusoire, mais maintenant nous voyons tous les mondes vraiment illusoire: le mirage des marchés financiers, des moyens de communication, de la mode et des modes de vie tapageurs (Teresa a traduit "flashy").
Nous voyons un système bancaire non maîtrisé qui peut anéantir tous nos patrimoines nationaux. L'obsession de «l'optimisation» à tout prix, l'absence totale de scrupules, l'homme rendu "brut" par le secteur de la publicité et du divertissement - ce sont des choses qui, littéralement, font que notre société est malade.
Nous devrions nous demander: quand le progrès est-il vraiment progrès? Devrions-nous continuer à faire tout ce que nous pouvons, simplement parce que nous pouvons le faire? Et si nous nous tournons vers l'avenir, comment les futures générations feront-elles face aux problèmes que nous leur laissons? Auront-ils une base forte et solide pour surmonter les moments chaotiques qui les attendent?
Dans le nouveau livre, Benoît XVI exprime sa préoccupation active pour tout cela. Son message est un appel dramatique à l'Eglise et au monde, à tout le monde! "Nous ne pouvons pas continuer ainsi!"
L'humanité se trouve à un carrefour, nous avons pris un mauvais tournant, il est temps de réfléchir. Le temps est venu d'un changement fondamental, de se repentir, et il poursuit: «Il y a tellement de problèmes qui doivent être résolus, mais ils ne peuvent pas être résolus tant que (et si) Dieu n'est pas replacé au centre et rendu visible dans le monde ... "
Le christianisme n'est pas hors du temps, dit-il - au contraire, il peut être redécouvert. La révélation de Jésus donne la force et l'espoir. Il est la base pour formuler une vision de l'avenir pour une société qui veut se sauver de la tentation d'auto-destruction, par une réflexion sur des valeurs stables et fiables.

- Comment voit-il la mission de son pontificat?


- Il dit lui-même qu'il a commencé son ministère avec l'idée «d'indiquer clairement que la Parole de Dieu doit être maintenue dans toute sa grandeur et sa pureté, de telle sorte qu'elle ne puissse être brisée par des changements constants dans les goûts".
Son engagement principal est le renouveau de l'Église. "L'Eglise et ses membres ont besoin de nettoyage constant", écrit-il dans son livre sur Jésus. "Ceux qui se sont fait trop grands doivent revenir à la simplicité et la pauvreté du Seigneur".
Ce qu'il veut, c'est que, après les terrible abus et les aberrations qui ont eu lieu, l'Eglise se soumette à une sorte de nettoyage en profondeur. Après tant de débats stériles, il est essentiel de revenir au mystère de l'Évangile, d'apprendre à connaître Jésus-Christ dans sa grandeur totale et cosmique. Mais la purification est un processus difficile qui a ses ennemis au sein de l'église.
Pour le mode de vie d'aujourd'hui, des positions telles que celles défendues par l'Église se sont transformées en une grande provocation. On nous a habitués à considérer les attitudes et les comportements traditionnels comme quelque chose qui doit être brisé, au profit des tendances actuelles à bon marché.
"Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas devant les loups", a-t-il demandé quand il a commencé son ministère pétrinien. Dans le même temps, il a confiance que l'ère du relativisme, où rien n'est reconnu comme valable au-delà de soi-même, touche à sa fin.
En fait, il y a de plus en plus de gens attribuent une valeur à l'Église, non seulement pour sa liturgie, mais aussi pour sa résistance. Il semble clairement qu'il y a une prise de conscience, évoluant de la simple conformité avec les apparences, vers la prise au sérieux de la pratique catholique, et le fait de vivre sa religion avec authenticité.
Mais dans la mission de ce pontificat, il y a beaucoup de grands objectifs, comme par exemple dans le domaine oecuménique, dans le dialogue inter-religieux, mais surtout, dans la ré-évangélisation de l'Occident.
Néanmoins, pour ce Pape, l'essentiel est de montrer Dieu à nouveau aux hommes, de leur dire la vérité, la vérité sur les mystères de la création, la vérité sur l'existence humaine, et la vérité sur l'espérance chrétienne qui va bien au-delà de la simple espérance terrestre.

- Que pensez-vous qu'ont été les moments les plus difficiles Joseph Ratzinger a expérimentés dans sa vie personnelle?


- Il y en a eu beaucoup, sans doute. Il vient d'une famille qui était anti-nazie, et il a eu une vie difficile pendant les années nazies. Nous avons ses souvenirs de la guerre, qu'il a vécue comme un jeune conscrit de 14 ans, son temps comme prisonnier de guerre, et les difficiles premières années de l'après-guerre. Quand il était enfant, il a failli se noyer dans un étang, et plus tard, il a survécu à une infection potentiellement mortelle pendant la guerre.
Un grand choc pour lui, ce fut crainte que sa thèse d'habilitation (qui lui donnait le statut de professeur d'université) ne passerait pas, parce que son directeur de thèse pensait que ses idées étaient trop «modernes». Crainte d'un échec d'autant plus grave qu'il venait juste de prendre ses parents avec lui dans son logement de fonction, dans l'espoir d'être en mesure de prendre soin d'eux [avec son salaire de professeur] ...
Puis il y a eu la mort de ses parents, et beaucoup plus tard, de sa soeur bien-aimée Maria.
Et juste au moment où il s'était installé dans le monde universitaire de Ratisbonne et où il pensait pouvoir vivre enfin la vie de théologien érudit à laquelle il aspirait, presque comme un coup de tonnerre, il y eut la nomination comme archevêque de Munich par Paul VI.
Et il n'a pas dû être facile de passer près de 25 ans à la CDF, d'être le «méchant flic», le bouc émissaire de tous ceux qui ont un grief contre l'Église, et d'être considéré comme un Panzerkardinal , qu'il n'a jamais été ...
Mais après tout cela, le moment le plus difficile pour lui a dû être pendant le dépouillement des votes lors du conclave. Il aspirait à la retraite, il n'a certainement pas voulu être pape. Comme il l'a dit lui-même, il pensait à son élection comme à la guillotine en équilibre au-dessus de sa tête.

- Pensez-vous que d'être allemand a introduit des nuances personnelles importantes dans son pontificat?


- Comme Bavarois, il n'est pas nécessairement un Allemand typique, mais il a apporté à son office des caractéristiques attribuées aux Allemands, comme la précision, la fiabilité, la persévérance et la diligence.
Bien sûr, il y a aussi une perspective historique. Pendant près de mille ans, les Allemands ont été un pilier du Saint Empire romain germanique. Et l'exploration profonde de la connaissance humaine, telle que celle incarnée par Maître Eckhart, Goethe, Kant, Hegel, est l'une des caractéristiques fondamentales du peuple allemand.
Mais l'Allemagne a été aussi une terre de schismes religieux, le berceau du communisme scientifique, et non des moindres, le cadre d'un régime diabolique qui a décrété l'extermination des Juifs.
Ratzinger est devenu le premier Allemand à être pape en 500 ans. Si l'on considère que deux grands schismes au sein de l'Eglise ont eu lieu sous un pape allemand, il est d'autant plus remarquable qu'il y ait une telle volonté claire de l'unité des chrétiens dans le pontificat de Benoît XVI.
En près de mille ans, il n'y a pas eu de grands progrès dans les relations entre les Églises romaines et orthodoxes, jusqu'à maintenant. Dans le même temps, les relations entre le Vatican et Israël sont meilleures que jamais, comme le président Shimon Peres l'a déclaré récemment.
Le Pape considère la circonstance qu'il soit allemand comme un point de réflexion. Dieu a voulu qu'un professeur allemand devienne le pape à cette époque, pour mettre en évidence l'unité entre la raison et la foi.
Cela me semble une chose magnifique qu'à une époque où aucune valeur n'est reconnue comme suprême, qui, si souvent prescrit la fausseté et même le mensonge pur, à un moment où souvent l'aveugle conduit l'aveugle, nous ayons un pape dont la voix et l'intégrité sont de sûrs indicateurs de la voie à suivre.

Après le Synode sur la Parole de Dieu

De A à Z (Par I.Media)

EXHORTATION APOSTOLIQUE "VERBUM DEI"
 
bibbia2.jpgCITE DU VATICAN, 11 NOV 2010 (VIS). Ce midi a été présentée près la Salle-de-Presse du Saint-Siège l'exhortation apostolique post-synodale Verbum Dei, consacrée à la Parole dans la vie et la mission de l'Eglise. Sont intervenus le Cardinal Marc Ouellet, PSS, Préfet de la Congrégation pour les évêques, Mgr.Gianfranco Ravasi, Président du Conseil pontifical pour la culture, Mgr.Nikola Eterovic, Secrétaire général du Synode des évêques, et Mgr.Fortunato Frezza, Sous Secrétaire. En date du 30 septembre, ce document composé en trois parties, est le fruit de la XII Assemblée ordinaire du Synode, tenue en octobre 2008.
 
  Le Secrétaire général du Synode a d'abord expliqué que, dans la première partie, Benoît XVI souligne la place fondamentale du Père, source même de la Parole, et de la dimension trinitaire de la Révélation". Le premier chapitre, intitulé "Dieu qui parle" met en relief "la volonté divine d'un dialogue constant avec l'homme. Il en prend l'initiative et se manifeste de plusieurs manières". Puis il souligne "le caractère christologique de la Parole et sa dimension pneumatologique", expliquant le lien entre Ecriture et Tradition mais aussi la question de l'inspiration et de la vérité biblique. "La réponse de l'homme à ce Dieu qui parle, occupe le second chapitre. "L'homme est appelé à l'alliance avec son Dieu, qui l'écoute et répond à ses questions. Dieu parle et l'homme lui répond par la foi. La meilleure prière se manifeste dans les paroles que Dieu a révélées directement et qui se manifestent dans les pages de la Bible".
 
  Le troisième chapitre est consacré à "l'herméneutique de l'Ecriture Sainte dans l'Eglise". L'Ecriture Sainte devrait être, comme le dit la Constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine, "l'âme de la théologie sacrée". Ainsi, "l'herméneutique biblique du Concile Vatican II doit être redécouverte afin d'éviter un certain dualisme de l'herméneutique sécularisée qui pourrait donner lieu à une interprétation fondamentaliste ou spiritualiste de l'Ecriture Sacrée. La ligne herméneutique exige la complémentarité du sens littéral et spirituel, une harmonie entre foi et raison. Quant à la relation entre chrétiens et juifs dans leur référence aux Ecritures, "elle est définie comme très spéciale car tous deux partagent une grande partie de l'Ecriture Sainte". La seconde partie s'intitule Verbum in Ecclesia. Dans le premier chapitre, "La Parole de Dieu et l'Eglise", il est souligné que "grâce à la Parole de Dieu et à l'action sacramentelle, Jésus-Christ est le contemporain des hommes dans la vie de l'Eglise". La Liturgie, lieu privilégié de la Parole de Dieu" est le titre de la seconde partie, dans laquelle est affirmé "le lien vital entre l'Ecriture Sainte et les sacrements, en particulier, l'Eucharistie". L'importance du lectionnaire et de la proclamation de la Parole et du ministère du lectorat est réaffirmée, en insistant surtout sur la préparation de l'homélie, thème de grande importance dans l'Exhortation apostolique post-synodale.
 
  Le troisième chapitre est consacré à "La Parole de Dieu dans la vie ecclésiale", où "l'importance de l'animation biblique de la pastorale, la dimension biblique de la catéchèse, la formation biblique des chrétiens, l'Ecriture sainte dans les grandes rencontres ecclésiales et la Parole de Dieu en rapport avec les vocations" est soulignée. "Une attention spéciale est portée à la Lectio Divina et à la prière mariale".La troisième partie, intitulée Verbum mundo, souligne "le devoir des chrétiens d'annoncer la Parole de Dieu dans le monde pour ceux qui y vivent et travaillent. Dans le premier chapitre, "La mission de l'Eglise: annoncer la Parole de Dieu au monde", il est dit que l'Eglise a été orientée dès la première nouvelle, "ad gentes", à ceux qui jusqu'ici ne connaissent pas le Verbe, la Parole de Dieu, mais aussi à ceux qui ont été baptisés...mais qui ont besoin d'une nouvelle évangélisation pour redécouvrir la Parole de Dieu". Parole de Dieu et engagement dans le monde, est le titre suivant, partie qui souligne que "les chrétiens sont appelés à servir le Verbe de Dieu chez les plus petits de leurs frères mais aussi à s'engager dans la société pour la réconciliation, la justice et la paix entre les peuples". La troisième partie est consacrée à "La Parole de Dieu et les cultures". Elle souligne "le souhait que la Bible soit mieux connue dans les écoles et les universités, et que les moyens de communication sociale utilisent toutes les possibilités techniques pour sa diffusion. Le thème de l'inculturation de l'Ecriture Sainte est lié aux traductions et à la diffusion de la Bible qu'il faut accroître". Parole de Dieu et dialogue interreligieux, tel est le thème du quatrième chapitre. "Après avoir mis en relief la valeur et l'actualité du dialogue interreligieux, Verbum Domini...présente quelques indications utiles sur le dialogue entre chrétiens et musulmans, et sur les appartenances à d'autres religions non-chrétiennes, dans le cadre de la liberté religieuse, qui implique non seulement la liberté de professer sa propre foi, en privé et en public, mais aussi la liberté de conscience c'est-à-dire de choisir sa propre religion".
 
  En conclusion, a dit Mgr.Eterovic, le Saint-Père réitère l'exhortation à tous les chrétiens "de s'engager à se familiariser davantage avec l'Ecriture".
EXOR/                                                  VIS 20101111 (850)

lundi, 08 novembre 2010

Benoît XVI cherche la rencontre

La note d'hier fut donc confirmée. Mais c'est étrange comment la seule idée que "le laïcisme agressif actuel est similaire aux années 30" est rentrée dans les esprits. J'en ai fait l'expérience ce matin en demandant à des amis espagnols: "si, il l'a dit; je ne sais pas ....". Or la réponse est simplement qu'il ne l'a pas dit. Un ami m'a ouvert une piste en disant que le guerre civile espagnole est une profonde blessure en Espagne et que  simplement évoquer les racines équivaut à en parler pour prendre une position politique.

Or, justement, le Pape est un chirurgien de la pensée. Il est très précis. A nous d'aller aux sources.

En Espagne, Benoît XVI a cherché la rencontre, et non l’affrontement

Point presse du père Federico Lombardi

spagna46.jpgROME, Lundi 8 novembre 2010 (ZENIT.org) - Benoît XVI n'a pas cherché la polémique en faisant référence à l'anticléricalisme des années 1930 en Espagne, parce que son objectif, comme il l'a lui-même expliqué, est celui de promouvoir « la rencontre et non l'affrontement » entre foi et laïcité, a déclaré le porte-parole du Saint-Siège.

Le père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a donné une conférence de presse après la messe célébrée le 6 novembre par Benoît XVI dans la Sagrada Familia, à Barcelone. Il a ainsi souhaité clarifier les interprétations de certains médias concernant les paroles que le souverain pontife a prononcées dans le vol qui l'emmenait de Rome à Saint-Jacques de Compostelle.

Le pape, a expliqué le père Lombardi, n'a pas fourni une analyse historique en parlant de l'anticléricalisme et du laïcisme des années 1930, mais il voulait seulement rappeler une période de l'histoire de l'Espagne et expliquer qu'aujourd'hui, l'Eglise cherche « la rencontre et non l'affrontement ».

« Il faut exclure la polémique des intentions du pape. Il a seulement commenté le sécularisme en Europe et en Espagne et a rappelé certains moments de l'histoire », a affirmé le père Lombardi.

Le porte-parole a aussi souligné la surprise du pape de voir ce samedi tant de fidèles qui l'attendaient à son arrivée à Barcelone et qui sont restés toute la nuit sous le palais archiépiscopal.

Benoît XVI a eu une « impression très positive » de sa visite en Espagne et a souligné combien la rencontre de ce dimanche avec le roi et la reine d'Espagne dans la basilique de la Sagrada familia avait été « très familière, pas du tout politique ».

Avant la conférence de presse, le père Lombardi avait fait un bilan de la messe de dédicace de la basilique de la Sagrada Familia, la définissant de « vraiment extraordinaire pour l'ambiance dans laquelle elle s'est déroulée ».

« Ce Temple, très original mais aussi riche de significations et de symboles, est un univers tout entier de la vie chrétienne », a-t-il ajouté au micro de Radio Vatican.

Le pape, en parlant de Gaudi et de sa vision, a bien mis en relief « la lecture du livre de la nature, du livre des Ecritures et du livre de la liturgie et vraiment, en entrant dans cette église, on le remarque très bien ».

« Je crois que le pape, qui est aussi un grand chercheur en liturgie, a vécu cette célébration avec une intensité particulière, parce que c'est une célébration qui exprime beaucoup de dimensions : celle de la communauté inscrite dans l'Eglise, celle de la nature inscrite dans l'histoire du salut ».

« Comme pape, Benoît XVI avait déjà consacré un autel à Sydney. Il a consacré d'autres églises mais, naturellement, moins grandes et moins importantes que celle-ci », a-t-il observé. « A travers cette célébration, il a vraiment pu exprimer la signification principale de ce voyage, c'est-à-dire le Primat de Dieu ».

Lors de la dédicace de la basilique de la Sainte Famille de Nazareth, a par ailleurs affirmé le père Lombardi, la « référence à la famille a été spontanée ». « C'est un thème de grande actualité et il était logique que le pape y fasse référence ».

« C'est aussi un des grands thèmes de son pontificat, a-t-il indiqué : rappeler continuellement cette vision chrétienne de l'homme qui a dans la famille un point absolument fondamental pour la construction de la société, pour le développement intégral de la personne humaine, pour l'accueil de la vie... Voilà toutes les dimensions que la vie familiale permet et qui souvent ne sont pas assez protégées et rappelées dans notre culture et dans nos sociétés ».

dimanche, 07 novembre 2010

Quelle petite phrase de Benoît XVI en Espagne ?

Ce que le Pape a dit dans l'avion :

... Mais il est vrai aussi qu'est née en Espagne une laïcité, un anticléricalisme et une sécularisation forte et agressive, comme nous l'avons vu dans les années trente et cette dispute, ce choc entre foi et modernité, toutes deux très vives, se réalise de nouveau aujourd'hui en Espagne. C'est pourquoi, la culture espagnole a pour point central l'avenir de la foi et de la rencontre, non de la collision, mais de la rencontre entre foi et laïcité ...

Ce que le Pape n'a pas dit dans l'avion:

... En Espagne, il y a aussi un mouvement laïc et un anticléricalisme fort et agressif qui rappellent les années 30 …

Pour le reste, il y a certes un désaccord sur le mariage, sur la famille, sur la promotion de la vie ... Mais le Pape ne veut pas de confrontation, mais une rencontre.

La Sagrada Familia

samedi, 06 novembre 2010

Benoît XVI rencontre les journalistes

 

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Comme de coutume, le Pape a rencontré, un brin amusé, les journalistes dans l'avion. A lire (Benoît-et-moi)

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Opinion sur "Des hommes et des dieux"

Opinion

thibirine les 7 moines.JPGLa nuit de l'enlèvement du 26 au 27 mars 1996 des 7 frères du monastère Notre-Dame de l'Atlas avait fait entrer dans l'histoire le nom de Tibhirine (Algérie). La découverte macabre de leurs têtes le 21 mai, après une attente angoissante, avait frappé les esprits: frère Christian, semble le plus connu, alors qu'il y a aussi Luc, Christophe, Célestin, Amédée, Jean-Pierre et Michel qui ne doivent pas être oubliés. Ils ne le pourront plus d'ailleurs, car ils sont désormais des martyrs.

Le film "Des hommes et des dieux", réalisé par Xavier Beauvois, primé au festival de Cannes est sorti sur les petits écrans français en septembre, puis suisses et italiens quelques semaines plus tard.

772533361.33.jpgCe fut un succès avec plus de 3 millions d'entrées en France. La scène du dernier repas avant l'enlèvement, sur fond de musique du "Lac des Cygnes", un peu sans doute comme la dernière Cène, a retenu l'attention de la critique. Après un parcours semé par bien des peurs, des tourments et des hésitations, soutenus par la prière commune, ils sont désormais tous fermes dans leur choix de rester malgré les menaces, résolus ensemble de ne pas reprendre leurs vies qu'ils avaient déjà données. Les moines fêtent dans une joie douloureuse cet accomplissement qui restera gravé à jamais dans leur fameux testament.

Comment la présence de Dieu s'enveloppe de la faiblesse, de la simplicité et de l'ordinaire.

C'est la première chose qui m'a frappé. La vie de ces moines est toute simple et monotone, sans grandeurs et sans exploits, toute repliée sur la prière en commun, l'étude et le travail quotidien, mais toute déployée au service des petites gens et concentrée avec force sur les malades. Face à cette faiblesse, le terrorisme sent bien qu'il s'y cache un secret et une force. La puissance du mal et des armes se sent menacée par ce dérisoire. C'est un combat sans aucune comparaison et sans proportion, dont l'offrande du bien en ressort pourtant mystérieusement vainqueur.

La faiblesse enracinée

med-tronc-ou-racines-visoflora-3016.jpgA l'heure où le débat sur les racines chrétienne de l'Europe agite les esprits, une image a ensuite éblouit mon esprit, Mais son fondement tout d'abord: "nous sommes comme des oiseaux sur une branche, nous ne savons pas si nous devons partir". Cette hésitation d'un moine en visite dans une famille au village trouve tout d'abord une réponse surprenante, par la suite magnifiquement mise en image. Une femme musulmane ose: " les oiseaux, c'est nous, la branche c'est vous. Si vous partez nous ne saurons plus où nous poser".

Suit donc cette scène magnifique et puissante qui illustre tout: frère Christian s'en va en promenade sous la fécondité de la pluie tombante toucher un arbre solidement enraciné dans la terre depuis des siècles.  Il est robuste, fort et large.  Les terroristes peuvent chercher à arracher l'écorce, à tuer les corps, mais l'arbre du christianisme est définitivement planté dans le champ de ce monde, profondément enraciné dans l'âme humaine.

Le film se termine dans le brouillard qui emporte les prisonniers marchant sur la neige. Image glaciale de la mort et de ce flou qui entoure encore les circonstances précises de leur assassinat. Elles ne sont à ce jour toujours pas établies.

Un regret 

Pour me remémorer ce film émouvant, il ne me reste hélas pas dans le coeur une mélodie à chantonner, tant, à mon goût, les hymnes sont trop élitistes et obscures. La vie liturgique et  les chants sont à mon avis bien trop faibles et ne reflètent pas la  réelle richesse de la beauté de la liturgie de l'Eglise.

peterundpaul2008-5.png

Car au fond, encore plus que dans un magnifique film, c'est bientôt autour de l'autel  de la croix que le souvenir de frères Christian, Luc, Christophe, Célestin, Amédée, Jean-Pierre et Michel doit être à jamais célébré.

 


Le Pape en Espagne

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liens. Le Salon Beige / Eucharistie Miséricorde / Benoît et Moi

vendredi, 05 novembre 2010

Mgr Léonard: sida, homosexualité et pédophilie

ZF10110312 - 03-11-2010

http://www.zenit.org

Sida, homosexualité, pédophilie : Lettre de Mgr André-Joseph Léonard

images.jpg« Eclaircissements » à propos de « remous récents »

ROME, Mercredi 3 novembre 2010 (ZENIT.org) - « Voilà l'éclaircissement que je pensais devoir donner concernant les remous récents. Il me semble que je devais cette explication à ceux que j'ai involontairement fait souffrir en étant l'occasion de tant de critiques, de malentendus et d'incompréhensions. J'espère ainsi contribuer à la paix des cœurs » : c'est en ces termes que l'archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr André-Joseph Léonard, rétablit la vérité sur les propos qui lui ont été prêtés récemment ce qui a provoqué de vives polémiques. Mgr Léonard retient trois cas précis dans sa lettre publiée par les évêques de Belgique: le sida, l'homosexualité et la gestion de la pédophilie.

Lettre de Mgr André-Joseph Léonard

Je vous dois quelques explications...

La vague de réactions, plus que négatives, suscitées par ce qu'on appelle « mes propos » a sans doute secoué certains d'entre vous. Peut-être même ces réactions d'indignation étaient-elles aussi les vôtres... Moi-même je réagirais vivement à ces « propos » tels qu'ils vous ont été présentés.

Parmi tant d'autres possibles, trois « propos » scandaleux ont été mis en avant par les médias : 1) un concernant le sida, que je présenterais comme une juste punition envoyée par le ciel à ceux qui adoptent certains comportements sexuels osés ; 2) un concernant les homosexuels que je stigmatiserais comme des êtres anormaux ; 3) un concernant les prêtres ou religieux, coupables d'abus sexuels graves, auxquels je voudrais épargner un procès en justice civile, quand ils sont âgés ou malades. Examinons l'un après l'autre ces trois griefs.

Le sida : une punition divine bien méritée ?

Dans la presse, on s'est beaucoup ému de mes « déclarations » sur le sida. En fait, je n'ai fait récemment aucune « déclaration » sur le sujet ! Simplement, a paru voici quelques jours la traduction néerlandaise (Mgr. Léonard. Gesprekken, Lannoo) d'un ouvrage de Louis Mathoux, publié en français il y a quatre ans, sous le titre « Monseigneur Léonard. Entretiens avec Louis Mathoux », aux Editions Mols, à Bruxelles. Ce livre avait à l'époque été recensé par quelques journaux, sans susciter la moindre émotion. Mais, le jour même de sa parution en néerlandais, une vague médiatique se déchaînait concernant les pages 173-174 (édition néerlandaise) de ce livre.

Je m'explique. Dans un livre d'entretiens, la personne interrogée dépend cruellement des préoccupations, voire des obsessions de celui ou celle qui l'interroge. Dans ma dernière réponse rapportée par l'original français, je disais en substance (p. 340), non sans taquinerie, que je remerciais mon « interviewer » de son intérêt, même s'il m'avait très peu interrogé sur ce qui est vraiment le cœur de ma vie et le cœur de la foi chrétienne. Spontanément, je ne parle que très rarement de tous ces sujets, mais la politesse m'impose de répondre aux questions qui me sont posées...

Je n'ai donc fait, je le répète, aucune « déclaration » sur le sida. J'ai simplement répondu, en 2005 (date des interviews), à une question et ma réponse d'alors a été, partiellement, citée récemment dans la presse. Telle était la question : « Que pensez-vous du sida ? Y voyez-vous une punition de Dieu suite à la libération sexuelle ? » Rien de plus instructif que de lire la réponse que j'ai donnée aux pages 173-174 (243-244 de l'édition française). Je vais la résumer, mais en soulignant d'abord le contexte de la question.

Il s'agissait de savoir si l'éclosion de cette maladie était un châtiment du ciel. Il était donc bien question de la première propagation du sida dans l'espèce humaine. Pas question, dans ce contexte, de la contamination par des transfusions sanguines, ou par des seringues contenant de la drogue et encore moins de la contagion passant de la mère à son enfant !

Alors que l'interviewer aurait peut-être été heureux (je n'en sais rien) que je dise que le sida était une punition divine, je commençais par souligner que je ne raisonne jamais et en aucune manière dans ces termes et que je ne considère d'aucune façon l'éclosion du sida comme un châtiment céleste. Mais comme le journaliste semblait tenir, par la nature même de sa question, à cette catégorie de « punition », j'ai ajouté que, « tout au plus », on « pourrait éventuellement » considérer la première propagation de cette maladie comme « une sorte » de « justice immanente ». Trois précautions donc (les expressions entre guillemets), pour introduire ce concept classique de « justice immanente ».

Je concède que l'expression n'est pas connue de tout le monde. Mais, quand on répond à un journaliste, on répond à une personne, par définition, cultivée, qui travaille du matin au soir et du soir au matin avec les mots et connaît donc parfaitement leur sens. Or le concept de « justice immanente » a précisément pour sens d'exclure toute idée d'une « punition » venant d'en haut ou du dehors. C'est ce que signifie l'adjectif « immanent », qui signifie « intérieur à la chose même » (du latin manere in = « demeurer au dedans »), sans qu'il faille invoquer une cause extérieure ou « transcendante ». Si donc « justice » il y a, ce n'est, dans cette expression, absolument pas celle qui résulte d'une « justice » divine ou humaine, mais celle qui découle de la nature même des actes que nous posons. Pour illustrer le sens de cette expression (que je n'utilise jamais spontanément, mais que j'ai utilisée en 2005 pour essayer de me mettre dans le cadre de pensée de celui qui m'interrogeait), je donnais des exemples (qu'on a eu soin de ne pas citer). Si nous malmenons la Terre par des comportements environnementaux irresponsables, il faut s'attendre à ce qu'en retour la Terre finisse par nous malmener (changement climatique, montée des eaux, disparitions d'espèces, etc). Pour cela, il ne faut aucune décision divine ; cela découle de la nature même de nos comportements. Semblablement, quand des ministres de la santé font écrire sur les paquets de cigarettes : « le tabac nuit gravement à la santé », leur idée n'est pas que votre bronchite chronique ou votre cancer du poumon résulteront d'un châtiment divin et encore moins de leur décision, mais simplement qu'il résulte de votre tabagie. Ils invoquent donc implicitement le concept de « justice immanente ». Or, d'après un certain nombre d'articles que j'ai lus, il semble que la première diffusion du sida a été due, au moins pour une part, à une contamination liée à des pratiques sexuelles risquées (partenaires multiples, sodomie, etc.).

Je ne vois donc vraiment pas ce qu'il y a d'inconvenant à dire que nos comportements polluants risquent de nous jouer à terme de mauvais tours sur le plan écologique, ou à avertir que la consommation immodérée d'alcool peut nuire à notre cerveau ou à notre foie ou à considérer que la contamination par le HIV a été liée, à ses débuts, pour une part, à des comportement sexuels risqués.

Mais, me dit-on, par là vous avez stigmatisé et discriminé les malades du sida ! C'est ici que les lecteurs, parvenus à la page 174 du livre, auraient bien fait de lire aussi la page 175 (p. 245 dans l'édition française), où je dis explicitement et avec force que les malades du sida ne peuvent jamais être discriminés ! Depuis quand la mise en garde contre les ravages causés par le tabac autorise-t-elle à discriminer et à stigmatiser les fumeurs ? Même chose concernant la problématique du sida.

Les homosexuels : des anormaux ?

Déjà dans le passé, on a tenté de me faire dire cette monstruosité, à savoir que les homosexuels seraient des anormaux ou des malades ! M'étant déjà expliqué plusieurs fois sur cette problématique (dont je ne parle quasi jamais spontanément, mais seulement en réponse à des questions que l'on m'impose), je serai plus bref. Je pense, d'un point de vue philosophique, qu'il y a dans la tendance et dans la pratique homosexuelles, une orientation qui n'est pas cohérente avec la logique objective de la sexualité. Cette logique de la sexualité (végétale, animale et aussi humaine) consiste à « différencier » et, en quelque sorte, à « séparer » le masculin et le féminin en permettant ainsi leur complémentarité. C'est d'ailleurs le sens même du mot « sexe », qui vient très probablement du latin « secare », verbe qui signifie « couper », « scinder ». La « sexualité » consiste à scinder le masculin et le féminin, en vue de leur réunion (dans l'accouplement, pour les animaux, ou la rencontre amoureuse interpersonnelle, chez l'être humain) à travers un geste (l'union sexuelle) qui permet aussi la transmission de la vie. Le problème philosophique posé par l'homosexualité, c'est que, dans ce cas, la tendance sexuelle biffe en quelque sorte la polarité du masculin et du féminin et se tourne vers une personne de même sexe.

Certains expriment cela en disant que la tendance homosexuelle n'est pas « normale » ou est « anormale ». Pour ma part, je fuis comme la peste ce langage, sauf quand le « questionneur » l'utilise avec insistance. A la rigueur, on pourrait, si l'on y tient vraiment, risquer de dire que cette tendance n'est pas normale, en ce sens qu'elle n'est pas en cohérence avec la logique objective de la sexualité. Mais il vaut mieux l'éviter en raison de l'ambiguïté du terme. Et, de toute façon, cela n'autorise en aucune manière de dire que les homosexuels sont des « anormaux », ce qui serait gravement injurieux.

Pour faire comprendre cette différence entre jugement philosophique sur la « tendance homosexuelle » et la discrimination injurieuse à l'égard des « personnes homosexuelles », j'ai risqué, sur un plateau de télévision, une comparaison entre l'attitude que nous adoptons à l'égard des personnes anorexiques et celle que nous devons avoir à l'égard des personnes homosexuelles. Certaines organes de presse ont fait semblant de croire que j'assimilais ainsi l'homosexualité à l'anorexie et traitais donc les homosexuels de malades !

Mais je n'ai jamais comparé l'homosexualité avec l'anorexie, ce qui n'aurait aucun sens. J'ai comparé seulement les attitudes que nous adoptons ou pouvons adopter à l'égard des personnes vivant ces deux situations totalement différentes. Eh bien ! La plupart d'entre nous estiment que l'anorexie est un développement de l'appétit qui n'est pas cohérent avec la logique objective de l'appétit, qui est de nous pousser à manger, ce qui permet de refaire nos forces. Mais j'espère que les gens qui raisonnent ainsi ne vont jamais pour autant considérer les anorexiques comme « des anormaux » ! Semblablement, même si vous pensez que l'homosexualité n'est pas cohérente avec la logique objective de la sexualité, cela ne vous autorise en aucune manière à traiter les homosexuels d'« anormaux » ou de « malades ».

Les pédophiles âgés ou malades : soustraits à la justice humaine ?

Une récente émission a présenté l'une de mes réponses comme si je voulais soustraire à la justice civile les prêtres ou religieux coupables d'abus sexuels quand ils sont malades ou âgés. Mais me croit-on vraiment incohérent à ce point, alors que, comme les autres évêques, je n'ai cessé de répéter, depuis le 23 avril dernier, que les victimes doivent toujours s'adresser par priorité à la justice civile, qui seule est habilitée à déterminer la réalité et la gravité des faits et à définir s'ils sont prescrits ou non ? Tout cela est du ressort exclusif de la justice. Et, pour que cela soit bien clair, nous avons renoncé à la mise en place d'une quelconque nouvelle « Commission-Adriaenssens », malgré les grands services que celle-ci a rendus à de nombreuses victimes. Nous renvoyons donc systématiquement les plaignants à la justice civile et aux organismes publics agréés pour recevoir ce genre de plaintes.

Sur le plan interne de l'Eglise, nous devons cependant, en plus des procédures civiles, rédiger, pour chaque cas d'abus sexuel grave, un dossier que nous sommes tenus d'envoyer à Rome. La Congrégation pour la doctrine de la foi tient en effet à s'assurer que, dans chaque diocèse concerné, l'évêque accomplira son devoir. Elle déterminera les peines canoniques (c'est-à-dire prévues par le droit de l'Eglise) qui devront éventuellement être infligées aux abuseurs (retrait de toute charge pastorale, interdiction de célébrer la messe, perte de l'état clérical, etc.). Un tel dossier a été envoyé à Rome concernant l'ancien évêque de Bruges, Roger Vangheluwe. En attendant les décisions romaines pour chaque cas, l'évêque doit, bien sûr, si les faits semblent établis, prendre les mesures préventives immédiates qui s'imposent, surtout quand il y a risque de récidive.

C'est dans ce contexte qu'il me fut demandé ce que je souhaitais prendre comme mesures concernant des prêtres, souvent très âgés, qui se sont rendus coupables de tels abus. Préalablement, j'avais bien sûr, comme toujours, souligné qu'il est prioritaire que les victimes s'adressent à la justice et/ou aux organismes publics agréés. Mais que faire si les plaintes ont été classées par la justice parce que les faits étaient prescrits à ses yeux, ou quand les victimes se refusent obstinément à s'adresser à la justice ? Dois-je, en apprenant les faits, souvent très anciens, imposer aussitôt une punition canonique publique, sans même attendre le jugement de Rome ?

En répondant à cette question délicate, j'avais dans le cœur l'expérience bouleversante que j'avais vécue récemment. Des victimes étaient venues me raconter leur tragique histoire vécue avec un prêtre qui avait gravement abusé d'elles. Elles m'ont dit explicitement : « nous ne voulons pas aller en justice ; c'est d'ailleurs de toute façon trop tard ; nous ne voulons pas non plus que ce prêtre, vieux et malade, soit mis publiquement au pilori ; nous demandons seulement que vous alliez le trouver et que, devant vous, il reconnaisse le mal qu'il a nous a fait et dont nous souffrons encore aujourd'hui ». J'ai donc pris contact avec ces prêtres, vieux, malades, un peu confus, mais encore capables de s'exprimer. L'un d'eux m'a dit, après que je lui eus raconté ma rencontre avec la victime : « Je n'avais jamais parlé à quiconque de ce chapitre noir de ma vie ; je suis heureux de pouvoir le reconnaître devant vous avant de mourir ». Je lui ai demandé s'il accepterait de rencontrer la victime et d'enfin reconnaître devant elle le mal qu'il lui avait infligé. Il m'a dit que « oui » et que ce serait un grand soulagement de pouvoir le faire, enfin, avant sa mort. J'ai repris contact avec les victimes, qui m'ont dit leur joie profonde en entendant cela et m'ont confirmé leur intention de rencontrer ce prêtre. J'en ai été profondément ému. Jusqu'aux larmes.

Je ne sais pas si j'ai bien fait en procédant de la sorte. Mais je pense que, dans des cas semblables, quand aucune procédure civile n'est possible ou du moins voulue par la victime, il n'est pas déraisonnable d'estimer que permettre enfin à l'abuseur de reconnaître son forfait en présence de l'abusé est peut-être plus profitable pour l'un et l'autre que d'interdire simplement à ce vieux prêtre de concélébrer désormais à la messe célébrée par l'aumônier de sa maison de repos. Dans les cas que j'ai vécus personnellement, les victimes ne souhaitaient manifestement pas cette punition publique in extremis, cette espèce de vindicte finale. Elles souhaitaient surtout que la vérité odieuse des faits soit enfin reconnue par leur auteur même.

C'est justement la responsabilité pastorale de l'Eglise que, la justice civile ayant accompli son travail quand il est encore possible, les victimes soient écoutées avec un infini respect et que les abuseurs reconnaissent enfin leur crime. Si je me trompe, on ne manquera pas de me le dire...

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Voilà l'éclaircissement que je pensais devoir donner concernant les remous récents. Il me semble que je devais cette explication à ceux que j'ai involontairement fait souffrir en étant l'occasion de tant de critiques, de malentendus et d'incompréhensions. J'espère ainsi contribuer à la paix des cœurs. Je redis ma vive compassion à l'égard de toutes les victimes d'abus et réitère ma confiance à l'égard de tous les acteurs pastoraux, prêtres, religieux ou laïcs, qui s'acquittent consciencieusement de leur tâche. Je sens combien l'Eglise est fragilisée pour le moment et je redis toute ma confiance et ma reconnaissance à tous les chrétiens. Merci pour leur prière et leur engagement, merci à tous ceux et celles « qui bâtissent jour après jour un monde plus humain et plus juste, qui proclament l'Evangile et qui contribuent à l'édification d'une Eglise porteuse d'avenir » (Déclaration des évêques de Belgique du 19 mai 2010). Je désire humblement que nous puissions nous tourner vers le Christ Ressuscité, cœur de notre foi, source de notre espérance, force d'amour.

Mgr A.-J. Léonard,

Archevêque de Malines-Bruxelles.

lundi, 01 novembre 2010

La compassion du Père Lombardi

images.jpgHier après-midi manifestations de victimes de la pédophilie entre Castel Sant'Angelo et Place Saint Pierre. A la fin une rencontre entre une délégation et le Père Lombardi (chef de la salle de presse du Saint Siège) a eu lieu.

Hier après-midi s'est tenue, comme annoncée, une manifestation organisée par le groupe "Survivor's Voice", des représentants des victimes d'abus sexuels de la part de membres du clergé provenant de différents pays. Etaient présent quelques dizaines de personnes, entre 60 et 100, qui se sont rassemblées au Château Saint-Ange puis ont accompli une marche aux flambeaux vers la Place Saint Pierre. Quelques représentants ont ensuite consigné quelques lettres à la Porte de Bronze.

Après la manifestation, le Père Federico Lombardi a rencontré une délégation de 8 personnes dont les organisateurs. Le Père Lombardi leur a parlé durant environ 1 heure les recevant au siège de Radio Vatican.

Il a écouté leurs paroles et leur a exprimé la douleur et la préoccupation de l'Eglise en expliquant aussi l'engagement pris par l'Eglise en ce qui concerne la lutte contre la plaie de la pédophilie et des abus sexuels et la protection des jeunes.

Le Père Lombardi leur également remis un texte écrit dans lequel on peut lire entre autre qu'en prêtant attention à la manifestation le porte parole se "sent encouragé dans les choix du Pape Benoît XVI d'écouter en beaucoup d'occasions quelques victimes d'abus et de manifester la volonté de faire tout son possible afin que les horribles crimes d'abus sexuels ne se reproduisent plus".

Avant de recevoir la délégation, le directeur de la salle de presse s'était approché du groupe des manifestants. A ce moment, quelques expressions de contrariétés ont été entendues de la part de quelqu'uns. Les manifestants ont dit vouloir "demander au Pape d'agir sérieusement et d'ordonner aux évêques de dénoncer les prêtres pédophiles".

© Copyright Radio Vaticana (Traduit de l'italien par le Suisse Romain)

Benoît XVI: violence féroce et atroce à Bagdad

Le pape Benoît XVI dénonce le violent attentat de Bagdad

ange31ottobre8.jpgAprès avoir récité la prière de l'Angelus place saint Pierre, le pape Benoit XVI a lancé un appel pour dénoncer l'attentat contre une église en Irak, hier soir.

"Hier soir, lors d'un attentat très grave dans la cathédrale siro-catholique de Bagdad, il y a eu des dizaines de morts et de blessés, parmi lesquels deux prêtres et un groupe de fidèles réunis pour la Sainte messe dominicale.

Je prie pour les victimes de cette  violence absurde, d'autant plus féroce puisqu'elle a frappé des personnes sans défense, recueillies dans la maison de Dieu, qui est une maison d'amour et de réconciliation. J'exprime en outre ma proximité affectueuse à la communauté chrétienne, frappée de nouveau, et encourage tous les pasteurs et fidèles à être forts et solides dans l'espérance.

Devant ces épisodes de violence atroces, qui continuent à déchirer les populations du Moyen Orient, je voudrais renouveler mon appel pour la paix : c'est un don de Dieu, mais c'est aussi le résultat des efforts des hommes de bonne volonté, des institutions nationales et internationales. Que tous unissent leurs forces pour que toute violence cesse!"