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samedi, 06 novembre 2010

Opinion sur "Des hommes et des dieux"

Opinion

thibirine les 7 moines.JPGLa nuit de l'enlèvement du 26 au 27 mars 1996 des 7 frères du monastère Notre-Dame de l'Atlas avait fait entrer dans l'histoire le nom de Tibhirine (Algérie). La découverte macabre de leurs têtes le 21 mai, après une attente angoissante, avait frappé les esprits: frère Christian, semble le plus connu, alors qu'il y a aussi Luc, Christophe, Célestin, Amédée, Jean-Pierre et Michel qui ne doivent pas être oubliés. Ils ne le pourront plus d'ailleurs, car ils sont désormais des martyrs.

Le film "Des hommes et des dieux", réalisé par Xavier Beauvois, primé au festival de Cannes est sorti sur les petits écrans français en septembre, puis suisses et italiens quelques semaines plus tard.

772533361.33.jpgCe fut un succès avec plus de 3 millions d'entrées en France. La scène du dernier repas avant l'enlèvement, sur fond de musique du "Lac des Cygnes", un peu sans doute comme la dernière Cène, a retenu l'attention de la critique. Après un parcours semé par bien des peurs, des tourments et des hésitations, soutenus par la prière commune, ils sont désormais tous fermes dans leur choix de rester malgré les menaces, résolus ensemble de ne pas reprendre leurs vies qu'ils avaient déjà données. Les moines fêtent dans une joie douloureuse cet accomplissement qui restera gravé à jamais dans leur fameux testament.

Comment la présence de Dieu s'enveloppe de la faiblesse, de la simplicité et de l'ordinaire.

C'est la première chose qui m'a frappé. La vie de ces moines est toute simple et monotone, sans grandeurs et sans exploits, toute repliée sur la prière en commun, l'étude et le travail quotidien, mais toute déployée au service des petites gens et concentrée avec force sur les malades. Face à cette faiblesse, le terrorisme sent bien qu'il s'y cache un secret et une force. La puissance du mal et des armes se sent menacée par ce dérisoire. C'est un combat sans aucune comparaison et sans proportion, dont l'offrande du bien en ressort pourtant mystérieusement vainqueur.

La faiblesse enracinée

med-tronc-ou-racines-visoflora-3016.jpgA l'heure où le débat sur les racines chrétienne de l'Europe agite les esprits, une image a ensuite éblouit mon esprit, Mais son fondement tout d'abord: "nous sommes comme des oiseaux sur une branche, nous ne savons pas si nous devons partir". Cette hésitation d'un moine en visite dans une famille au village trouve tout d'abord une réponse surprenante, par la suite magnifiquement mise en image. Une femme musulmane ose: " les oiseaux, c'est nous, la branche c'est vous. Si vous partez nous ne saurons plus où nous poser".

Suit donc cette scène magnifique et puissante qui illustre tout: frère Christian s'en va en promenade sous la fécondité de la pluie tombante toucher un arbre solidement enraciné dans la terre depuis des siècles.  Il est robuste, fort et large.  Les terroristes peuvent chercher à arracher l'écorce, à tuer les corps, mais l'arbre du christianisme est définitivement planté dans le champ de ce monde, profondément enraciné dans l'âme humaine.

Le film se termine dans le brouillard qui emporte les prisonniers marchant sur la neige. Image glaciale de la mort et de ce flou qui entoure encore les circonstances précises de leur assassinat. Elles ne sont à ce jour toujours pas établies.

Un regret 

Pour me remémorer ce film émouvant, il ne me reste hélas pas dans le coeur une mélodie à chantonner, tant, à mon goût, les hymnes sont trop élitistes et obscures. La vie liturgique et  les chants sont à mon avis bien trop faibles et ne reflètent pas la  réelle richesse de la beauté de la liturgie de l'Eglise.

peterundpaul2008-5.png

Car au fond, encore plus que dans un magnifique film, c'est bientôt autour de l'autel  de la croix que le souvenir de frères Christian, Luc, Christophe, Célestin, Amédée, Jean-Pierre et Michel doit être à jamais célébré.

 


Commentaires

Merci cher ami pour ce commentaire si beau et si profond!

Écrit par : Philippe Boehler | lundi, 08 novembre 2010

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