mardi, 23 novembre 2010
Savoir faire tourner l'information
Opinion
Ce matin, en conférence de presse, le Père Federico Lombardi l'a admis: "samedi, l'information des anticipations du livre de Benoît XVI par l'Osservatore Romano, “non è stata gestita bene”; nous n'avons pas bien géré la communication". Alors que le directeur de la salle de presse n'y est pour rien, cela démontre son humilité.
Toutes les cartes en main
Le Consistoire était déjà une nouvelle en soi, il n'y avait pas besoin de sortir une seconde nouvelle, surtout que le Pape retient toujours l'attention. En connaissant la polémique suite à ses propos dans l'avion vers l'Afrique, l'attention et la crispation autour du thème du préservatif était prévisible. C'est comme au chibre, au jeu de carte, il ne faut évidemment jamais jouer en même temps le bourg sur le nel, soit la carte la plus forte sur un coup gagnant.
Préservatif dans certains cas: rien de nouveau
Ceci dit, il n'y a rien de nouveau dans les propos du Pape, sauf que c'est la première fois qu'un Pape en parle de façon informelle. Bien des théologiens, des évêques, des prêtres, et simplement des catholiques ou des personnes de bonne volonté tiennent le même discours depuis des années. Simplement, ils ont été critiqués en interne, donnant alors à croire que l'Eglise était toujours absolument opposée au préservatif. Ceci n'était pas vrai, car comme le confirme bien Benoît XVI, il y a des cas exceptionnels où il vaut mieux le mettre afin de minimiser les risques de la transmission de sida, lorsqu'un acte immoral est déjà commis, comme la prostitution. Mais ce n'est pas idéal, car encore très loin de la réalité de la chasteté.
"Spin doctor" ou des hommes d'influence
Andrea Tornielli et Paolo Rodari, dans leur livre "Attaco a Ratzinger" évoque le manque d'un "spin doctor" pour la gestion de l'information du Saint Siège. Un film américain évoque cette figure de stratège, "des hommes d'influence". Le Président américain a provoqué une crise de communication pour avoir molesté sexuellement une femme. Alors, Robert de Niro débarque à la maison blanche et détourne l'attention (to spin) et invente une fausse nouvelle: une guerre... . Certes, les auteurs du livre ne voient pas un "spin doctor" de l'Eglise pour inventer des infos et mentir, mais un savoir faire dans la façon de donner la cadence des nouvelles, donc un expert en stratégie. Avec le Consistoire et le livre, c'était à nous de bien distribuer les cartes. Rien ne sert de blâmer les journalistes.
Aussi, pour la sortie d'un tel livre, la librairie éditrice du Vatican aurait du patienter sur les extraits du livre, même si cela était pour répondre à l'agence "Reuters" pour un journal de Berlin.
Toute la discussion autour du livre serait survenue aujourd'hui même, sans qu'elle s'étale sur trois jours, fasse passer à la trappe les cardinaux, et se concentre sur un seul aspect, en donnant dans la confusion. Des thèmes comme l'islam, la liberté religieuse, le choc de la crise pédophile, la foi, la prière auraient trouvé une juste dimension.
Une lumière sans bougie
Ceci dit, on a parlé du livre, et ceci risque sans doute de "booster" les ventes, en ce sens, on peut se réjouir. Comme l'a dit un journaliste ce matin: "Benoît XVI parle plus clairement que ceux qui le commentent". Ce Pape Benoît XVI nous montre bel et bien le Christ, la Vérité ou la Lumière du monde. Pas besoin d'éclairer ses propos avec notre petite bougie. Comme quoi, finalement, ce qui reste de toutes nos analyses limitées et sombres, n'est-ce pas le simple fait que le livre entretien de Peter Seewald avec Benoît XVI est un livre éclairant, à lire absolument ?
"J'espère que ce livre soit utile pour la foi de nombreuses personnes" Benoît XVI
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