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dimanche, 31 octobre 2010

Benoît XVI aux jeunes: avoir un grand coeur

Le pape dénonce « l'amour-marchandise » proposé par les médias et Internet

Rencontre avec 100.000 jeunes de l’Action catholique italienne

l177.jpgROME, Dimanche 31 octobre 2010 (ZENIT.org) - « Benoît XVI dénonce "l'amour-marchandise" proposé par les médias et internet », titre Radio Vatican.

Le pape a rencontré samedi, place Saint-Pierre, 100.000 jeunes de l'Action catholique italienne, âgés de 6 à 18 ans, venus de toute l'Italie.

« Je suis simplement heureux de vous voir aussi nombreux », a dit Benoît XVI.

« Quand j'étais enfant, j'étais parmi les plus petits de ma classe - a confié Benoît XVI - et cela m'incitait à devenir plus grand, mais pas seulement du point de vue physique. Etre vraiment grand, ce n'est pas une question de taille, cela veut dire avoir un grand cœur ».

« Aujourd'hui, trop souvent, l'amour se réduit à une marchandise à consommer sans aucun respect ni pour soi-même ni pour l'autre, en refusant la chasteté et la pureté, sous prétexte de liberté. C'est l'amour qui est proposé par les médias et par internet. C'est une forme d'égoïsme, une illusion passagère, quelque chose qui vous entrave comme une chaîne, qui étouffe la pensée et la force de l'amour qui, lui, exige aussi des sacrifices », a expliqué Benoît XVI.

« Sur le ton de la confidence - souligne Radio Vatican - le pape a raconté que quand il était jeune, il voulait plus que ce que lui offrait la société de son temps. C'est ce 'plus' qui est essentiel et le pape a ajouté sous les ovations : 'Quand je suis avec vous, je me sens plus jeune, je voudrais rester plus longtemps mais d'autres m'attendent' ».

vendredi, 29 octobre 2010

Benoît XVI en Espagne: jamais deux sans trois

Trois voyages en Espagne:  Valence en 2006; samedi 6 et dimanche 7 novembre 2010 à Saint Jacques de Compostelle et Barcelone (Sagrada Familia); JMJ à Madrid en 2011.

Pour un Pape qu'on disait peu voyageur en rapport à son prédécesseur, il s'agit pourtant d'un record. Benoît XVI rencontrera le premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapateropar, socialiste absorbé dans un laïcisme notoire, avec les lois sur l'avortement, le mariage gay et le divorce express.

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A Saint Jacques de Compostelle, les princes des Asturies, les héritiers du trône Felipe et Letizia accueilleront le Pape. Enfin, le 7 novembre, Benoît XVI célébrera la Messe pour la dédicace de la basilique de la Sagrada Familia, certes encore non terminée, projet de Antoni Gaudì. Il s'agit d'une véritable catéchèse moderne en pierre. Un procès en béatification est du reste en cours pour ce chrétien exemplaire.

Au tour de la Croatie

Ce n'est pas tout, le cardinal aerchevêque de Zagreb, Josip Bosanic, a annoncé ce matin que Benoît XVI visitera la Croatie dans la pemière moitié de l'an prochain. Durant son voyage le Pape se rendra en prèlerinage sur la tombe du bienheureux cardinal croate Stepinac.

 

jeudi, 28 octobre 2010

"Des hommes et des Dieux": le testament

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Vous êtes des Dieux, Des fils du Très-Haut ! Pourtant vous mourrez comme des hommes … comme les princes, tous, vous tomberez !

Psaume 82 cf. Jn 10, 34

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Testament spirituel du frère Christian


QUAND UN A-DIEU S'ENVISAGE...


S'il m'arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNEE à Dieu et à ce pays.

Qu'ils acceptent que le Maître unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande ? Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat. Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre. Elle n'en a pas moins non plus. En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance. J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui- là qui me frapperait aveuglément.

J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cour à qui m'aurait atteint.

Je ne saurais souhaiter une telle mort ; il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre.

C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut- être, la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l'islam qu'encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.

L'Algérie et l'islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit-fil conducteur de l'Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Eglise, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : « Qu'il dise maintenant ce qu'il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l'islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion, investis par le don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.

Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sours et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !

Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN !

Incha Allah !

Alger, l décembre 1993.
Tibhirine. l janvier 1994.

Pascal Décaillet

mardi, 26 octobre 2010

Lucerne et les préservatifs: pour une grammaire de l'Amour

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Opinion

Les souris dansent

Il y a tout d'abord les faits: certaines paroisses catholiques de Lucerne distribuent effectivement des préservatifs. De plus cela trouve place dans un contexte d’attente d’un futur évêque, d’un Bon Pasteur et cela donnera inévitablement au nouvel élu le devoir de répondre à la question. Le chat n’est pas là et les souris peuvent danser sur le pont …  Cela ne pouvait donc pas manquer de faire les titres des journaux et la une des médias. La nouvelle est répercutée même au Chili, en Espagne et dans bien des pays. Le contraste, le conflit et les luttes internes rendent cet acte très médiatique. C'est une sorte de défi et de provocation lancé au "Vatican" dont les informations raffolent. Enfin tout le monde se souvient des propos de Benoît XVI dans l'avion le menant vers l'Afrique et de la large polémique qui s'en était suivie. Pourtant, il avait agi comme un souverain pontife, comme celui qui construit des ponts entre un drame et sa solution.

Une division

Il y a ensuite un constat: la distribution des préservatifs contredit le rôle d'éducation de l'Eglise catholique. N'importe quelle institution ne peut pas vivre sereinement lorsque des divisions sont si manifestes. Abraham Lincoln, mythique président des Etats-Unis durant la guerre civile américaine l'a remarquablement souligné: "Toute nation divisée contre elle-même ne peut pas tenir". Il fut inspiré par la lecture de la Bible. Une action positive sera donc inévitable pour préserver naturellement l'unité.

Une société un peu perdue

Mais il y a surtout l'enseignement de l'Eglise qui est méconnue. Elle cherche à provoquer un changement de comportement. Fulton J.Sheen, évêque américain très médiatique durant les années 70, parvint à ce constat: lorsqu'un automobiliste est perdu, il roule plus vite. Lorsqu'une société perd le nord, qu'elle n'a plus de grand projet porteur, l'hyper activité sexuelle cherche  tout simplement à masquer le vide.

Et l'enseignement de l'Eglise ? Le Pape Benoît XVI a béatifié le Cardinal John Henry Newman qui a enseigné que la conscience est le premier vicaire du Christ. Que dit la conscience ? Que la sexualité s'exerce entre un homme et un femme à l'intérieur du sacrement du mariage dans la fidélité jusqu'à la mort, pour le bonheur des époux et pour donner la vie. C'est les premiers balbutiements de l'amour vrai.

La méthode ABC

Aussi, ce n'est pas à l'Eglise catholique de distribuer des préservatifs. Elle agit d'une toute autre manière pour protéger les âmes et le corps. La meilleure protection est la pureté du coeur qui est la pierre de touche de l'amour. L'Ouganda a pu enrayer la dramatique développement du sida avec un programme qui repose sur 3 lettres qui sont comme la grammaire de la lutte contre le sida et le Baba de la protection: 

ABC: A comme "Abstinence"/ B comme "be faithful"(en anglais)"sois fidèle"/ C comme "if not, use Codoms", "sinon met un préservatif".

Aussi, les opposants peuvent peut-être attendre des condamnations, mais cela n'est pas ce qui convient. Bien des évêques suisses, des prêtres, des religieux et religieuses, des papas et des mamans confirment par leurs vies, leurs actions et leurs enseignements, la conscience des jeunes  et des moins jeunes en les aidant à reconnaître concrètement la vérité murmurée dans le secret de leur conscience: seule la vérité rend libre et joyeux: "heureux les coeurs purs car ils verront Dieu". Les sportifs le savent, eux qui maîtrisent leur corps pour remporter des victoires.

dimanche, 24 octobre 2010

Interview du Cardinal Ratzinger

Source: Site de Benoît et Moi

Le Cardinal Ratzinger, interviewé par Radio Vatican à l’occasion de ses 75 ans (2002) répond aux questions de façon tout à fait personnelle. On y reconnaît sa timidité (cela a dû être une épreuve de se retrouver élu Pape) et son idée d'écrire un livre sur Jésus. Enfin, l'Eglise se regarde trop elle-même et doit être centrée sur le Christ.

Stefan von KEMPIS

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- Monsieur le Cardinal, vous avez choisi comme devise épiscopale : “Nous sommes collaborateurs de la Vérité.” Et durant toute votre vie vous avez gardé sous les yeux ce fil conducteur. Pouvez-vous nous dire : “Qu’est-ce que la Vérité” ?

- C’est une question difficile. Elle a été posée jadis à Jésus par Ponce Pilate… D’abord, il y a une façon subjective de considérer la vérité : je dis ce que je pense. Ensuite, il y a un degré suivant qui consiste en ceci : Ce que je dis, ce que je pense doit correspondre à une réalité qui existe. C’est-à-dire : c’est lorsque ma pensée correspond à une réalité objective, c’est alors que je suis dans le vrai. Mais… est-il possible de penser, de dire ce qui est juste ? Y a-t-il une réalité qui dépasse ce qui est purement matériel et dont pourtant beaucoup de gens se contentent tout simplement ? Nous sommes devenus aveugles spirituellement, voilà pourquoi cette réalité ne saute plus aux yeux immédiatement. Mais Dieu, dans l’histoire du salut s’est efforcé à nous ouvrir les yeux de façon à nous apprendre à voir. La devise que j’ai choisie vise principalement Celui qui est la Vérité, c‘est-à-dire le Christ par qui l’invisible s’est rendu visible dans notre monde. Et non seulement pour que nous le voyions mais surtout pour que nous vivions selon ses critères. Car la Foi n’est pas d’abord une théorie, elle est surtout une norme, une règle de vie.


- Dès votre jeunesse, vous avez étudié la théologie pour mieux connaître le Christ et son Église. Dans vos recherches actuelles, y a-t-il un déplacement d’accent par rapport au passé ?

- Oui, mais dans la continuité. Certes, il y a des changements nécessités par les nouveaux défis de notre temps. Il y a 50 ans, la chrétienté était encore plus ou moins stable dans la société occidentale, c’est pourquoi, à l’époque, notre tâche a consisté à voir comment pouvions-nous améliorer par notre Foi la société. Mais aujourd’hui, la Foi est pratiquement mise de côté ; la personne du Christ est réduit à sa dimension purement humaine – cette mentalité se reflète dans l’appellation “Jésus”. Dieu se trouve refoulé dans la sphère privée. La question qui se pose actuellement, c‘est la suivante: Est-ce qu’il y a une réalité objective au-delà de ce que nous pouvons expérimenter ? Est-ce possible de parvenir à la connaissance de Dieu ? Or, si l’on ne peut pas concevoir l’existence de Dieu, cela entraîne comme consequence que chacun doit inventers sa propre vie. Voilà pourquoi toutes ces questions doivent être posées de façon plus radicale qu’il y a 50 ans.

- Monsieur le Cardinal, vous avez souvent deploré que l’Église s’occupait trop d’elle-même, avec le danger de l’introspection. Que conseillez-vous à l’Église maintenant qu’elle est entrée au 3e millénaire ?

- D’après Vatican II, l’Église doit se présenter comme une fenêtre par laquelle le monde devrait pouvoir avoir un apercu de Dieu. Elle doit trouver le langage adéquat pour parler de Dieu aux hommes du monde moderne. Et ceux qui travaillent au service de l’Église doivent être tout d’abord des croyants. Il est très important de cultiver d’abord sa propre relation au Christ pour pouvoir ensuite en témoigner. Car c’est la vie qui rend témoignage, avant les paroles. Il importe donc de vivre avec justesse.

- Selon l’avis de beaucoup, le Sermon sur la montagne notamment les Béatitudes, donnerait un portrait du Christ. Vous-mêmes, vous l’avez considéré comme un programme, un chemin à parcourir. Et vous avez analysé ce texte sans equivoque. Par exemple, lorsque vous aviez comme tâche de clarifier la théologie de la libération. Quel est le message du Sermon sur la montagne pour les chrétiens d’aujourd'hui ?

- Il ne s’agit pas, bien entendu, d’une recette politique. Cela veut signifier que nous sommes en relation avec Dieu que nous confessons. Et à partir de là, nous essayons de suivre le Christ de façon radicale. Je pense que les Béatitudes contiennent, en effet, une sorte d’auto-biographie du Christ reflétant son proprecheminement. C’est Lui qui est vraiment pauvre, doux, pacifique, etc. Par delà des détails il s’agit en fait de se rapprocher du Christ le plus près possible, d’exprimer par sa propre vie la communion avec Lui, en se laissant guider par Lui.

- Il y a quelques années on répétait la formule suivante : “Oui au Christ, non à l’Église.” Aujourd’hui on dit : “Oui à Jésus, non à l’Église.” Que pensez-vous de cette affirmation ? Comment doit-on poser la question de Dieu aujourd’hui avec justesse, Monsieur le Cardinal ?

- Tout dépend, bien sûr, de la présence de Dieu. Il y a beaucoup d’athées ou d’agnostiques qui mènent leur vie sans se poser la question de l’existence de Dieu. La réflexion théolo­gique doit prendre en considération cette nouvelle manière de vivre des incroyants, des sans-Dieu. La question de Dieu n’est pas d’abord une question théorique, Dieu ne concerne pas d’abord la pensée, comme s’Il pouvait être inventé par l’homme. Mais il s’agit de faire l’expérience de Dieu dans sa vie. Ensuite, dans l’Église il existe des catéchuménats qui introduisent progressivement les néophytes dans la vie de foi. Ce qui est important aujourd’hui, c’est qu’il y ait des lieux, des oasis où l’on ose faire ensemble l’expérience de Dieu de façon à vivre selon les normes de Dieu. Ensuite, nous pouvons penser et dire avec notre raison que Dieu existe, mais dans un premier temps, nous devons expérimenter Dieu en tant qu’Amour.

– Changeons de sujet. Certains pensent qu’en ce moment l’œcuménisme piétine au lieu d’avancer. Que conseillez-vous à ceux qui sont attelés à cette tâche ? Peut-on imaginer un temps où tous ces problèmes difficiles seront résolus pour l’Église ?

– Nous savons déjà par notre propre expérience personnelle que la vie connaît des difficultés souvent insurmontables. Une histoire multiséculaire ne peut pas être changée non plus sans souffrance. Je voudrais surtout dire qu’il nous faut être patients. Sans faire des calculs pour obtenir des succès rapides comme cela se fait dans la vie politique. Nous ne devons pas tenter Dieu en lui imposant notre façon de penser, mais bien au contraire, nous devons savoir qu’il s’agit bien de Son Église et non pas d’une association purement humaine comme c’est le cas dans le domaine politique.

– Et maintenant je vais poser au Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi une question brûlante : Le rôle des femmes et le gouvernement centralisé de l’Église. En effet, on parle souvent des femmes qui devraient avoir plus de place dans la vie de l’Église. Selon vous, l’Église serait-elle hostile aux femmes ?

– Si nous parcourons la longue histoire de l’Église, nous constatons le rôle important joué par les femmes. Lorsque j’étais jeune professeur, je me souviens d’avoir entendu ce grief en sens inverse, à savoir que l’Église était trop féministe par rapport aux hommes qui se sentaient lésés. Je voudrais donc dire que l’Église a toujours parlé au cœur des femmes, commençant par la Mère de Dieu, en passant par les grandes saintes, car le message évangélique semble être plus proche des femmes que des hommes.

Et le second aspect de la question ? Le gouvernement de l’Église, est-il trop centralisateur ?

– Le pape exerce une collégialité fraternelle avec les évêques. Vis à vis de la conférence allemande par exemple, le Saint Siège a usé de patience, pour trouver par le dialogue une entente, une harmonie.

Et maintenant quelques questions plus faciles. Quels sont les traits de caractères que vous appréciez chez les autres, et que, par conséquent, vous aimeriez posséder ? Etes-vous conscient d’un de vos défauts que vous reconnaîtriez publiquement ?

– Ce que je trouve bien chez les autres, ce sont : l’ouverture sans arrière-pensée, vérité et aussi cordialité, humour et bonté. Je me trouve en affinité avec les personnes qui disposent de ces qualités que j’aimerais avoir moi aussi. Je n’ai pas l’habitude de cataloguer mes vertus mais j’aimerais pratiquer celles qu’on appelle les “vertus cardinales”, à savoir : tempérance, justice, prudence et force. Ce sont les normes vers lesquelles j’essaie de tendre, et c’est aussi par rapport à elles que je reconnais mes limites. Quant à mes défauts, mon entourage les connaît mieux que moi ; du reste, je ne voudrais pas faire ici une confession publique. Mais j’ai un défaut dont les autres peut-être ne se rendent pas aussi bien compte que moi, c’est mon goût pour la tranquillité, pour une vie retirée loin de la vie publique, dans un monde idyllique de professeur. Mais le Seigneur me rappelle à l’ordre, il me corrige pour me remettre sans cesse face à mes responsabilités.

– Quels sont vos projets d’avenir ? Vers quoi se dirige encore votre regard ?

– Depuis 25 ans, j’ai appris de ne pas faire trop de projets… Mais une chose me tient à cœur, j’aimerais bien écrire un livre sur Jésus Christ. Si je pouvais avoir suffisamment de temps pour cela, je l’accueillerais comme un vrai cadeau.

– Mais que signifie en fait la Vérité pour les hommes qui n’ont pas le regard de la Foi et auxquels pourtant manque cette foi ? Ils voudraient parvenir au ciel eux aussi. Vérité. Éternité. Vie après la mort. Ce sont des notions difficiles à imaginer et à comprendre même pour les croyants. Quels sont les ponts selon Vous, qui pourraient conduire de la Raison à la Foi?

– Bien sûr que c’est difficile si l’on veut les imaginer. Mais il y a beaucoup de choses dans la vie qu’on ne peut pas imaginer et qui pourtant existent. Nous savons bien que l’aspiration profonde de l’homme dépasse largement les quelques années qui lui sont données à vivre. Nous savons que l’Amour aspire à l’éternité et ce serait absurde si cette aspiration ne pouvait pas se réaliser.

– Mais que signifie l’Éternité ? Comment pouvons-nous l’imaginer pratiquement ?

– Il y a des réalités, comme l’amour et la vérité auxquelles nous pouvons nous attacher même au-delà de la mort. Si nous nous appuyons sur le Christ, Il nous fera traverser même la nuit ténébreuse de la mort. Et nous pouvons penser que dans l’éternité nous trouverons l’aboutissement de toutes nos aspirations d’ici-bas ; ce sera le bonheur qui ne finira pas.

– Mais, Mr le Cardinal, un but pareil, est-ce réalisable pour le commun des mortels ?

– Oui, cela devient possible si durant toute notre vie nous tenons à l’Amour. Alors, nous allons revoir ceux que nous avons aimés ici-bas ; et c’est là que nous serons vraiment chez nous ! C’est là que notre soif d’amour sera réellement étanchée.

– Mais revenons encore une fois sur la notion de Liberté, Mr le Cardinal. Dans l’Écriture nous lisons que “la Vérité nous rendra libres.” Pouvez-vous nous décrire en quoi consiste le pouvoir libérateur de la Vérité ?


– Liberté ne veut pas dire que chacun peut toujours faire ce qui lui passe par la tête, mais cela veut dire qu’intérieurement l’homme vit selon ce qu’il est en vérité. Il s’agit d’une liberté intérieure, même si l’homme ne peut pas toujours faire ce qu’il veut. Imaginons que nous sommes dans un filet qui nous tient captifs ; cela veut dire qu’on ne vit pas selon ce qu’on est réellement ; qu’on ne fait pas ce qui est juste mais qu’on vit selon le paraître, ce qui est à l’opposé de la vérité. Cela nous entraînera sans cesse dans de nouvelles dépendances. Voilà l’homme qui ne veut pas se laisser guider par des normes valables, qui ne veut pas correspondre à sa propre identité. En revanche, lorsque nous suivons le Christ nous sommes libérés des fausses valeurs à tel point que même les coups de bâton de l’opinion publique ne peuvent nous atteindre vraiment. Ce qui compte pour nous, c’est de vivre en faisant ce qui est juste et bon. Là je sais que je suis sur le bon chemin, libre de toutes les autres dépendances qui ne sont que des apparences.

– Est-ce que la religion peut cohabiter avec le fanatisme ?

– Hélas, cela se produit chaque fois que le croyant s’identifie avec le Dieu dont il professe la religion. Lorsqu’on croit que Dieu va prendre en main le cours de l’histoire. Contre ce mauvais usage de la notion de Dieu il existe un remède, c’est de regarder vers le Crucifié. Voilà la vraie image de Dieu. Celui qui regarde ce Dieu qui s’est laissé tuer pour nous, ne peut plus croire aux idées fanatiques. En Le regardant ainsi, nous apprenons de Lui la vraie vie, et aussi la façon dont nous pouvons servir la paix dans le monde.

– Peut-on confondre le fanatisme avec l’aspiration à l’Absolu ?

- Certes, non.

- Mais abordons un autre sujet. La publication assez récente du document “Dominus Jesus” a provoqué l’éloigne-ment de beaucoup de fidèles de l’Église catholique. Quelle est la véritable portée de ce document ?

– C’est d’abord le courage de reconnaître que nous n’avons pas inventé Dieu. Il s’est montré lui-même tel qu’Il est pour que nous n’ayons pas la tentation de le confondre avec les faux dieux. Il nous faut donc accepter ce Visage révélé de Dieu avec humilité, mais aussi sans fausse modestie. Nous n’avons pas le droit de dire que tout est relatif, que tout se vaut, car Dieu a un caractère absolu. Par conséquent, nous ne pouvons pas agir selon le caprice du moment, suivant notre bon plaisir. Puisque Dieu nous a révélé en quoi consiste la Vérité. Il ne s’agit pas d’opposer une sorte de fanatisme face aux autres religions, mais c’est vrai que cette acceptation de Dieu fixe une limite à ma propre volnté. Elle me donne une norme grâce à laquelle une lumière pourra aussi s’infiltrer dans le monde, pour nous aider à vivre avec justesse.

– De nouveau, changement de sujet, Mr le Cardinal. L’Église ne doit pas, bien entendu, trahir la mission que le Christ lui a confiée. Mais au niveau du dialogue interreligieux, voyez-vous quelques dangers de ce côté-là ?

– Lorsque je poursuis un dialogue avec quelqu’un, je peux le comprendre plus ou moins bien, selon le cas. Si nous regardons par exemple la personne du Christ tel qu’il apparaît dans l’Évangile de Jean, il déclare la Vérité, c’est une Vérité révélée. Nous devons écouter notre interlocuteur de façon à aller aussi loin que possible avec lui dans la même direction. Mais la mission demande aussi que je me fasse comprendre par l’autre. Et je dois reconnaître d’une certaine façon les traces du Christ dans sa religion. Mais je dois constater aussi ce qui serait à corriger dans cette religion au point de vue chrétien. Donc, le dialogue est nécessaire d’abord car il fait partie du travail missionnaire, mais ensuite il y a une seconde étape qui ne fixe pas d’autre intention que de faire connaître la vérité. Le problème surgit là où l’on transforme le dialogue en idéologie jusqu’à renoncer à soi-même, comme si la vérité nous avait été déjà donnée, comme si la religion de l’autre correspondait pleinement à ma propre foi.

– Une dernière question mais qui sera très importante. Jésus Christ, qui est-Il pour vous ?

– Il est pour moi la Référence selon laquelle j’essaie de vivre, en poursuivant un dialogue avec Lui. Il me relève chaque fois que j’avoue mon impuissance face à Lui. Il me remet sans cesse sur le bon chemin. Et je suis confus de constater combien Il me redonne confiance en m’acceptant tel que je suis de façon à continuer le chemin avec Lui. Cela me rappelle un film dans lequel j’ai vu le protagoniste en conversation avec le Crucifié. Pour moi cela se passe de façon moins spectaculaire, mais à un niveau non moins profond. J’essaie de mener ma vie chrétienne de façon à L’écouter vraiment ! S’il lui arrive parfois de me corriger, Il me donne aussi le courage de me remettre debout de façon à recommencer et à faire un peu mieux dans l’avenir. Je sais qu’Il est bon, et que sa sévérité ne diminue pas sa Bonté.

Il ne me laissera jamais tomber, avec Lui je peux continuer mon chemin en toute confiance.

Fin de l'interviewe de Stefan von Kempis (Radio Vatican, 2002)

Benoît XVI: le timonier du Synode sur le Moyen-Orient

sinodo42.jpgLe Pape, lors de l'homélie de la Messe de clôture de ce matin, a plaidé  pour la liberté religieuse et lancé un vibrant appel pour la paix. Après la publication d'un message assez "bâteau" et plutôt décevant, qui ne reflétait pas vraiment la qualité et l'intensité du Synode sur le Moyen-Orient, Benoît XVI guide le petit troupeau des chrétiens vers un objectif qui doit le mobiliser dans la paix:

"Il ne faut jamais se résigner face à l’absence de paix. La paix est possible. La paix est urgente. La paix est la condition indispensable pour une vie digne de la personne et de la société. La Paix est enfin le meilleur remède pour éviter l’émigration du Moyen-Orient.... Il est nécessaire d’élargir l’espace de liberté religieuse qui dans de nombreux pays du Moyen-Orient est notablement limité".

Aussi, le souverain pontife à tracé la voie à adopter face à la montée de l'islam: pas de croisade, pas d'attaques verbales enflammées ou blessantes, mais une exhortation à suivre l'écho des paroles de Jean Paul II: "Duc in altum", "Avance au large!" La barque de Pierre continue d'avancer afin que les âmes puissent rencontrer le Christ et boire au source de la vie éternelle.

Pour illustrer son appel positif, Benoît XVI a décidé de dédier la prochaine Assemblée synodale de 2012 au thème de la nouvelle évangélisation : « la nouvelle Evangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ».

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Vénérés Frères,
Mesdames et Messieurs,
chers frères et sœurs!

Deux semaines après la Célébration d’ouverture, nous nous sommes à nouveau réunis en ce Jour du Seigneur autour de l’Autel de la Confession de la Basilique Saint-Pierre, afin de conclure l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques. Dans nos cœurs, il y a une profonde gratitude envers Dieu qui nous a fait don de cette expérience réellement extraordinaire, non seulement pour nous, mais pour le bien de l’Église, du Peuple de Dieu qui vit dans les terres qui s’étendent de la Méditerranée à la Mésopotamie. En tant qu’Évêque de Rome, je désire vous faire participer à cette reconnaissance, vénérés Pères Synodaux: Cardinaux, Patriarches, Archevêques, Évêques. Je remercie en particulier le Secrétaire général, les quatre Présidents délégués, le Rapporteur général, le Secrétaire spécial et tous les collaborateurs qui, durant ces jours, ont travaillé sans relâche. Ce matin, nous avons quitté la Salle du Synode et nous sommes venus “au Temple pour prier”; c’est pour cela que, la parabole du pharisien et du publicain racontée par Jésus et reprise par l’évangéliste saint Luc, nous concerne directement. Nous pourrions nous aussi être tentés, comme le pharisien, de rappeler à Dieu nos mérites, en pensant notamment à l’engagement de ces journées. Mais pour monter au ciel, la prière doit jaillir d’un coeur humble, pauvre. Et donc, nous aussi, au terme de cet événement ecclésial, nous voulons avant tout rendre grâce à Dieu, non pas pour nos mérites, mais pour le don qu’Il nous a fait. Nous nous reconnaissons petits et nous avons besoin de salut et de miséricorde; nous reconnaissons que tout vient de Lui et que, uniquement avec Sa grâce, se réalisera ce que l’Esprit Saint nous a dit. Seulement ainsi nous pourrons “retourner à la maison” véritablement enrichis, rendus plus justes et plus à même de cheminer dans les voies du Seigneur.

La première lecture et le Psaume responsorial insistent sur le thème de la prière, en soulignant qu’elle est d’autant plus puissante au sein de Dieu que celui qui prie est dans le besoin et dans l’affliction. “La prière de l'humble pénètre les nuées”, affirme le Siracide; et le psalmiste d’ajouter: “proche est Yahvé des cœurs brisés, il sauve les esprits abattus”. Ma pensée va vers ces nombreux frères et sœurs qui vivent dans la région du Moyen-Orient et qui se trouvent dans des situations difficiles, parfois très lourdes, tant à cause des difficultés matérielles et du découragement, qu’en raison de l’état de tension et parfois de la peur. La Parole de Dieu nous offre aujourd’hui aussi une lumière d’espérance consolante, là où elle présente la prière personnifiée et qui “ne renonce pas tant que le Très-Haut n'ait jeté les yeux sur lui, qu'il n'ait fait droit aux justes et rétabli l'équité”.

Ce lien entre prière et justice nous fait aussi penser à tant de situations dans le monde, en particulier au Moyen-Orient. Le cri des pauvres et des opprimés trouve un écho immédiat en Dieu qui veut intervenir pour ouvrir une issue, pour restituer un avenir de liberté et un horizon d’espérance.

Cette confiance dans le Dieu proche, qui libère ses amis, est celle dont témoigne l’Apôtre Paul dans l’Épître de ce jour, tirée de la Deuxième Épître à Timothée. Voyant désormais proche la fin de sa vie terrestre, Paul dresse un bilan: “J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi”. Pour chacun d’entre nous, chers frères dans l’épiscopat, il s’agit d’un modèle à imiter: que la Bonté divine nous accorde de faire nôtre un tel bilan! “Le Seigneur, lui - continue saint Paul - m'a assisté et m'a rempli de force afin que, par moi, le message fût proclamé et qu'il parvînt aux oreilles de tous les païens”. Il s’agit d’une parole qui résonne avec une force particulière en ce dimanche dans lequel nous célébrons la Journée missionnaire mondiale! Communion avec Jésus crucifié et ressuscité, témoignage de son amour. L’expérience de l’Apôtre est paradigmatique pour tout chrétien, spécialement pour nous Pasteurs. Nous avons partagé un moment fort de communion ecclésiale. Maintenant, nous nous quittons pour retourner chacun à sa propre mission, mais nous savons que nous demeurons unis, que nous demeurons dans Son amour. L’Assemblée synodale qui s’achève aujourd’hui a toujours tenu à l’esprit l’icône de la première communauté chrétienne décrite dans les Actes des Apôtres: “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme”. C’est une réalité expérimentée au cours de ces derniers jours, pendant lesquels nous avons partagé les joies et les peines, les préoccupations et les espérances des chrétiens du Moyen-Orient. Nous avons vécu l’unité de l’Église dans la variété des Églises présentes dans cette région. Guidés par l’Esprit Saint, nous sommes devenus “un seul cœur et une seule âme” dans la foi, dans l’espérance et dans la charité, surtout durant les Célébrations eucharistiques, source et sommet de la communion ecclésiale, comme également dans la Liturgie des Heures, célébrée chaque matin dans l’un des sept Rites catholiques du Moyen-Orient. Nous avons ainsi valorisé la richesse liturgique, spirituelle et théologique des Églises orientales catholiques, outre que de l’Église latine. Il s’est agit d’un échange de dons précieux dont ont bénéficié tous les Pères synodaux. Il est souhaitable qu’une telle expérience positive se répète également au sein des respectives communautés du Moyen-Orient, en favorisant la participation des fidèles aux célébrations liturgiques des autres Rites catholiques et leur permettant ainsi de s’ouvrir aux dimensions de l’Église universelle.

La prière commune nous a également aidé à affronter les défis de l’Église catholique au Moyen-Orient. L’un d’entre eux est la communion à l’intérieur de chaque Église sui iuris, tout comme dans les rapports entre les différentes Églises catholiques de différentes traditions. Comme nous l’a rappelé la page de l’Évangile d’aujourd’hui, nous avons besoin d’humilité pour reconnaître nos limites, nos erreurs et nos omissions, afin de pouvoir former véritablement “un seul cœur et une seule âme”. Une communion plus pleine au sein de l’Église catholique favorise également le dialogue œcuménique avec les autres Églises et Communautés ecclésiales. L’Église catholique a réaffirmé également durant cette Assise synodale sa profonde conviction de poursuivre ce dialogue afin que s’accomplisse pleinement la prière du Seigneur Jésus: “afin que tous soient un”.


Aux chrétiens du Moyen-Orient, peuvent s’appliquer les paroles du Seigneur Jésus: “Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s'est complu à vous donner le Royaume". En effet, même s’ils sont peu nombreux, ils sont porteurs de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour l’homme, amour qui s’est justement révélé en Terre Sainte en la personne de Jésus Christ. Cette Parole de salut, renforcée par la grâce des Sacrements, résonne avec une efficacité particulière dans les lieux où elle a été écrite, par Providence divine, et elle est l’unique Parole en mesure de rompre le cercle vicieux de la vengeance, de la haine, de la violence. D’un cœur purifié, en paix avec Dieu et avec son prochain, peuvent naître des résolutions et des initiatives de paix au niveau local, national et international. Dans cette œuvre, que toute la communauté internationale est appelée à réaliser, les chrétiens, citoyens de plein droit, peuvent et doivent apporter leur contribution avec l’esprit des béatitudes, en devenant des constructeurs de paix et des apôtres de la réconciliation au profit de la société tout entière.

Depuis trop longtemps au Moyen-Orient les conflits, les guerres, la violence et le terrorisme perdurent. La paix, qui est don de Dieu, est aussi le résultat des efforts des hommes de bonne volonté, des institutions nationales et internationales, en particulier des États les plus engagés dans la recherche d’une solution aux conflits. Il ne faut jamais se résigner au manque de paix. La paix est possible. La paix est urgente. La paix est la condition indispensable pour une vie digne de la personne humaine et de la société. La paix est également le meilleur remède pour éviter l’émigration du Moyen-Orient. “Appelez la paix sur Jérusalem” nous dit le Psaume. Prions pour la paix en Terre Sainte. Prions pour la paix au Moyen-Orient, en nous engageant afin qu’un tel don de Dieu offert aux hommes de bonne volonté se répande dans le monde entier.

Une autre contribution que les chrétiens peuvent apporter à la société est la promotion d’une authentique liberté religieuse et de conscience, un des droits fondamentaux de la personne humaine que tout État devrait toujours respecter. Dans de nombreux Pays du Moyen-Orient, la liberté de culte existe, alors que l’espace de la liberté religieuse est souvent très limité. Élargir cet espace de liberté devient un besoin afin de garantir, à tous ceux qui appartiennent aux différentes communautés religieuses, la véritable liberté de vivre et de professer leur propre foi. Un tel argument pourrait faire l’objet d’un dialogue entre les chrétiens et les musulmans, un dialogue dont l’urgence et l’utilité ont été réaffirmées par les Pères synodaux.

Au cours des travaux de l’Assemblée, on a souvent souligné la nécessité de proposer à nouveau l’Évangile aux personnes qui le connaissent peu, voire qui se sont éloignées de l’Église. Le besoin urgent d’une nouvelle évangélisation, même pour le Moyen-Orient, a souvent été évoqué. Il s’agit d’un thème très répandu, surtout dans les Pays qui ont une christianisation ancienne. La création récente du Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation répond aussi à ce profond besoin. C’est pourquoi, après voir consulté l’épiscopat du monde entier et après avoir entendu le Conseil Ordinaire de la Secrétairerie générale du Synode des Évêques, j’ai décidé de dédier la prochaine Assemblée générale ordinaire, en 2012, au thème suivant: “Nova evangelizatio ad christianam fidem tradendam - La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne”.

Chers frères et soeurs du Moyen-Orient! Que l’expérience de ces jours vous assure que vous n’êtes jamais seuls, que vous accompagnent toujours le Saint-Siège et toute l’Église qui, née à Jérusalem, s’est diffusée au Moyen-Orient et ensuite dans le monde entier. Confions l’application des résultats de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient, tout comme la préparation de l’Assemblée générale ordinaire, à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la Paix. Amen.

samedi, 23 octobre 2010

Un homme converti par la lecture de Benoît XVI

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Un beau soir sur une terrasse romaine permet toujours un moment d'amitié échangé entre un garde suisse et un prêtre suisse de passage. La belle anecdote d'un homme heureux d'avoir trouvé la foi. L'ami raconte qu'il a assisté à un repas entre deux hommes politiques catholiques et un ancien protestant. Les premiers critiquent le Pape. Le Syndic témoigne: "Avez-vous pris le temps de lire les textes du Pape ? Ses encycliques ? Ses homélies ? Moi j'ai pris le temps de les étudier, de les lire. Et bien j'étais protestant, je me suis converti".

Nous en conviendrons, Benoît XVI est le Mozart de la théologie, le petit prince de la pensée du début de ce millénaire. Le monde médiatique tel que nous l'avons connu jusqu'à maintenant semble en crise, essouflé par la crise économique, et on ne sait pas quel modèle va l'emporter. Pendant ce temps, l'Eglise continue d'être l'artisane de la rencontre avec le Christ. Benoît XVI est un marathonien, qui tient la distance. Il est peut-être le premier Pape du nouveau continent digital, avec Internet qui vient changer les règles de la communication classique de la télévision, des journaux et de la radio. Ainsi, comme le pense le vaticaniste de la RAI Valli, le Pape a tout de même una large audience.

 

Le Suisse Romain référencé...

Stéphane Le Messin, prêtre étudiant, un blog à retenir.

lu sur son blog:

Bonjour à toutes et à tous. L’événement de la semaine, pour l’Eglise, c’est la nomination hier de 24 nouveaux cardinaux. Aucun français, mais un suisse, Mgr Kurt  Koch, et donc les bloggeurs helvètes s’en sont donnés à cœur joie. Cela nous permet de découvrir que la blogosphère chrétienne est bien vivante au pays du chocolat. « La Suisse en rouge » titre Le suisse romain sur son blog. Cet étudiant en communication à Rome tient un blog bien informé, et qui donne des repères sur la position officielle de l’Eglise. Il est précieux, ne perdez pas le lien. Sinon, Le Copiste revient lui aussi sur l’évènement. Mais on trouve également sur le blog de frère Dominique de nombreux éléments de formation et de réflexion. La Vie a sauvé la France mercredi matin en annonçant les nominations, se basant sur plusieurs blogs, et donnant un bon compte-rendu de ces nominations, avec en plus une vidéo. D’ailleurs le site internet propose chaque jour une revue de web très complète. Ne la manquez pas. Et puis pour plus d’informations, il y a comme toujours le site internet du journal La Croix et le blog de Frédéric Mounier.

En passant sur le blog de Patrice de Plunkett (plukett.hautetfort.com), vous aurez une petite analyse politique sur le problème des retraites en France. Rassurez-vous, je n’aborde pas le sujet politique sans précaution, mais bien parce que cette semaine, plusieurs bloggeurs ont fait le lien entre leur engagement dans la cité et la foi. Pneumatis a ouvert le bal en montrant comment l’engagement politique est compatible avec la Doctrine Sociale de l’Eglise.  Henry le Barde sur le blog du Temps d’y Penser nous invite à réfléchir sur le libéralisme, le lien social, etc… Et finalement, comment ne pas citer le billet de Jean-Baptiste Balleyguier, sur le site des Sacristains. Le titre est éloquent, et fait clairement référence à l’actualité : « Contre l’inconscience objecter la conscience ». Là encore, le lien foi/politique est clair quand on lit, entre autres : « Le chrétien s’inscrit ainsi dans son monde ». Et puis juste par plaisir, parce que c’est très reposant et instructif, je cite le billet du blog Thomas More sur, le titre n’est pas de moi, « Le schtroumpfage de la monnaie ». Une belle analyse sur l’origine et l’usage de la monnaie.

Le Synode accouche d'un message en demi-teinte ...

6a00d83451619c69e2013488693ca1970c-800wi.jpg ... mais annonce une initiative médiatique (Citadelle des Médias)

Cela montre que la clef réside non pas dans la luttre contre l'islam, mais dans l'engagement positif en faveur de l'évangélisation.

Un observateur attentif des débats a relevé le manque de souffle du message, sans aucun doute à cause de la peur que les patriarches et les évêques éprouvent face aux régimes islamiques. C'est au niveau politique que cela coince et les conflits viennent non pas de la religion mais d'une mauvaise politique. Le fait que les chrétiens tapent sur Israël démontre ou dévoile leurs craintes, car ils ne risquent pas grand chose dans cette revendication.

Le Message ne reflète pas ce Synode

Par contre, bien des Pères tiennent un tout autre discours en privé, sur les persécutions, parfois effroyables, terribles et sanglantes. Certains ne pourraient tout simplement pas retourner chez eux s'ils parlaient trop clairement. Les services secrets règnent tout simplement dans les alentours... Aussi, le contenu des discussions durant ces deux semaines est d'une toute autre envergure; la tenue même du Synode est déjà un grand don. Les patriarches et les évêques ont beaucoup reçus et ce message n'est pas un bon reflet de la qualité du Synode.

Cette situation se reflète dans ce message qui est très consensuel, car il y a clairement de tendances  dans l'assemblée du Synode, et le message est très, voir trop, diplomatique. Comme un confrère l'a exprimé, les Pères du Synode ne sont parfois pas assez proches de leur peuple et en ce sens ils doivent changer, se convertir. 

Attendre le Message du Pape

sinodo32.jpgSans doute que l'exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI aura un autre contenu; les prélats du Saint-Siège (dicastères) sont souvent bien plus libres et parfois un peu plus éclairants. Rome est un phare.

Enfin, le Pape a parlé du Synode comme une polyphonie de la foi unique.

1. Les propositions

2. Synode des évêques du Moyen-Orient : Message au peuple de Dieu

Le 23 octobre 2010  Au cours de la Quatorzième Congrégation générale d’hier après-midi, vendredi 22 octobre 2010, les Pères synodaux ont approuvé le Nuntius , le Message au Peuple de Dieu en conclusion de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques.

Nous publions ci-dessous la version française du texte intégral (rédigé en arabe, français, italien et anglais):


« La multitude de ceux qui devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme »



À nos frères les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, à toutes les personnes consacrées, à tous nos bien-aimés fidèles laïcs et à toute personne de bonne volonté.

Introduction

1. La grâce de Jésus Notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soit avec vous.

Le Synode des Évêques pour le Moyen-Orient a été pour nous une nouvelle Pentecôte. « La Pentecôte est l’événement originaire, mais est aussi un dynamisme permanent. Le Synode des Évêques est un moment privilégié dans lequel peut se rénover le chemin de l’Église et la grâce de la Pentecôte » (Benoît XVI, Homélie de la Messe d’ouverture du Synode, 10.10.2010).

Nous sommes venus à Rome, nous les patriarches et les évêques des Églises catholiques en Orient, avec tous nos patrimoines spirituels, liturgiques, culturels et canoniques, portant dans nos cœurs les soucis de nos peuples et leurs attentes.

Pour la première fois, nous nous sommes réunis en Synode autour de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, avec les Cardinaux et les Archevêques responsables des Dicastères romains, les Présidents des Conférences épiscopales du monde qui sont concernées par les questions du Moyen-Orient, et des représentants des Églises Orthodoxes et communautés évangéliques, et des invités juifs et musulmans.

Nous exprimons à sa Sainteté Benoît XVI notre gratitude pour sa sollicitude et ses enseignements illuminant la marche de l’Église en général et celle de nos Églises orientales en particulier, surtout pour la question de la justice et de la paix. Nous remercions les Conférences épiscopales pour leur solidarité, leur présence parmi nous lors de leur pèlerinage aux Lieux saints et leur visite à nos communautés. Nous les remercions pour leur accompagnement de nos Églises dans les différents aspects de notre vie. Nous remercions les Organisations d’Église qui nous soutiennent par leur aide efficace.

Nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l’Écriture Sainte et de la Tradition vivante, sur le présent et l’avenir des chrétiens et des peuples du Moyen-Orient. Nous avons médité sur les questions de cette région du monde que Dieu a voulu, dans le mystère de son amour, être le berceau de son plan universel du salut. De là, en effet, partit la vocation d’Abraham. Là, le Verbe de Dieu, Jésus-Christ, s’est incarné de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint. Là, Jésus proclama l’Évangile de la vie et du Royaume. Là, il mourut pour racheter le genre humain et le libérer du péché. Là, il ressuscita d’entre les morts pour donner la vie nouvelle à tout homme. Là, naquit l’Église et c’est de là qu’elle partit proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.

Le but premier du Synode est d’ordre pastoral, aussi avons-nous porté dans nos cœurs la vie, les souffrances et les espérances de nos peuples et les défis qu’ils ont à affronter chaque jour avec la « grâce de l’Esprit-Saint et son amour répandus en nos cœurs » (Rm 5, 5). C’est pourquoi nous vous adressons ce message, bien-aimés frères et sœurs, et nous voulons qu’il soit un appel à la fermeté dans la foi, fondée sur la Parole de Dieu, à la collaboration dans l’unité et à la communion dans le témoignage de l’amour, dans tous les domaines de la vie.

I. L’Église au Moyen-Orient: communion et témoignage à travers l’histoire

Cheminement de la foi en Orient

2. En Orient est née la première communauté chrétienne. De l’Orient partirent les Apôtres après la Pentecôte pour évangéliser le monde entier. Là, a vécu la première communauté chrétienne au milieu des tensions et des persécutions, « [assidue] à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42), et personne n’était dans le besoin. Là, les premiers martyrs ont arrosé par leur sang les fondations de l’Église naissante. À leur suite, les anachorètes ont rempli les déserts du parfum de leur sainteté et de leur foi. Là vécurent les Pères de l’Église orientale qui continuent à nourrir par leurs enseignements l’Église d’Orient et d’Occident. De nos Églises partirent, aux premiers siècles et aux siècles suivants, les missionnaires vers l’Extrême-Orient et vers l’Occident portant la lumière du Christ. Nous en sommes les héritiers et nous devons continuer à transmettre leur message aux générations futures.

Nos Églises n’ont pas cessé de donner des saints, des prêtres, des consacrés, et de servir d’une façon efficace dans les nombreuses institutions, contribuant à la construction de nos sociétés et de nos pays, se sacrifiant pour tout homme, créé à l’image de Dieu et porteur de son image. Certaines de nos Églises ne cessent aujourd’hui encore d’envoyer des missionnaires, porteurs de la parole du Christ dans les différents coins du monde. Le travail pastoral, apostolique et missionnaire nous demande aujourd’hui de penser à une pastorale pour promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses et assurer l’Église de demain.

Nous nous trouvons aujourd’hui devant un tournant historique : Dieu qui nous a donné la foi dans notre Orient, depuis 2.000 ans, nous appelle à persévérer avec courage, assiduité et force à porter le message du Christ et à témoigner de son Évangile qui est un Évangile d’amour et de paix.

Défis et attentes

3.1. Nous sommes aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. Le premier vient de nous-mêmes et de nos Églises. Ce que le Christ nous demande c’est d’accepter notre foi et de la vivre en tout domaine de la vie. Ce qu’il demande à nos Églises c’est de renforcer la communion dans chaque Église sui iuris et entre les Églises catholiques de diverses traditions, de faire tout notre possible dans la prière et la charité pour atteindre l’unité de tous les chrétiens, et réaliser ainsi la prière du Christ : « Père, que tous soient un comme toi, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).

3.2. Le deuxième défi vient de l’extérieur, des conditions politiques et de sécurité dans nos pays ainsi que du pluralisme religieux.

Nous avons exploré ce qui concerne la situation sociale et la sécurité dans tous nos pays du Moyen-Orient. Nous avons eu conscience de l’impact du conflit israélo-palestinien sur toute la région, surtout sur le peuple palestinien, qui souffre des conséquences de l’occupation israélienne : le manque de liberté de mouvement, le mur de séparation et les barrières militaires, les prisonniers politiques, la démolition des maisons, la perturbation de la vie économique et sociale et les milliers de réfugiés. Nous avons aussi réfléchi sur la souffrance et l’insécurité dans lesquelles vivent les Israéliens. Nous avons médité sur la situation de la ville sainte de Jérusalem. Nous sommes préoccupés des initiatives unilatérales qui risquent de changer sa démographie et son statut. Face à tout cela, nous voyons qu’une paix juste et définitive est l’unique moyen de salut pour tous, pour le bien de la région et de ses peuples.

3.3. Nous avons réfléchi, dans nos réunions et nos prières, aux souffrances sanglantes du peuple irakien. Nous avons fait mémoire des chrétiens assassinés en Irak, des souffrances permanentes de l’Église de l’Irak et de ses fils déplacés et dispersés de par le monde, qui portent avec eux les soucis de leur terre et de leur patrie. Les Pères synodaux ont exprimé leur solidarité avec le peuple et les Églises en Irak et ont exprimé le vœu que les émigrés, forcés à quitter leur pays, puissent trouver là où ils arrivent les secours nécessaires, afin de pouvoir retourner dans leurs pays et y vivre en sécurité.

3.4. Nous avons réfléchi aux relations entre concitoyens, chrétiens et musulmans. Nous voudrions ici affirmer, dans notre vision chrétienne des choses, un principe primordial qui devrait gouverner ces relations : Dieu veut que nous soyons chrétiens dans et pour nos sociétés moyen-orientales. C’est le plan de Dieu sur nous, et c’est notre mission et notre vocation que de vivre ensemble chrétiens et musulmans. Nous nous comporterons dans ce domaine guidés par le commandement de l’amour et par la force de l’Esprit en nous.


Le deuxième principe qui gouverne ces relations est le fait que nous sommes une partie intégrante de nos sociétés. Notre mission, basée sur notre foi et notre devoir envers nos patries, nous oblige à contribuer à la construction de nos pays avec tous les citoyens, musulmans, juifs et chrétiens.

II. Communion et témoignage au sein des Églises catholiques du Moyen-Orient

Aux fidèles de nos Églises

4.1. Jésus nous dit: « Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde » (Mt 5, 13.14). Votre mission, bien-aimés fidèles, est d’être, par la foi, l’espérance et l’amour, dans vos sociétés, comme le « sel » qui donne saveur et sens à la vie, comme la « lumière » qui illumine les ténèbres par la vérité, et comme le « levain » qui transforme les cœurs et les intelligences. Les premiers chrétiens à Jérusalem étaient peu nombreux. Ils ont pu malgré cela porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, avec la grâce du « Seigneur qui agissait avec eux et qui confirmait leur Parole par les signes » (Mc 16, 20).

4.2. Nous vous saluons, chrétiens du Moyen-Orient, et nous vous remercions pour tout ce que vous avez réalisé dans vos familles et vos sociétés, dans vos Églises et vos nations. Nous saluons votre persévérance dans les difficultés, les peines et les angoisses.

4.3. Chers prêtres, nos collaborateurs dans la mission catéchétique, liturgique et pastorale, nous vous renouvelons notre amitié et notre confiance. Continuez à transmettre à vos fidèles, avec zèle et persévérance, l’Évangile de la vie et la Tradition de l'Église, par le moyen de la prédication, de la catéchèse, de la direction spirituelle et du bon exemple. Consolidez la foi du Peuple de Dieu pour qu’elle se transforme en une civilisation de l’amour. Prodiguez-lui les sacrements de l’Église pour qu’il aspire au renouvellement de sa vie. Rassemblez-le dans l’unité et la charité par le don de l'Esprit Saint.

Chers religieux, religieuses et consacrés dans le monde, nous vous exprimons notre gratitude, et avec vous nous remercions Dieu pour le don des conseils évangéliques - de la chasteté consacrée, de la pauvreté et de l’obéissance – avec lesquels vous avez fait le don de vous-mêmes, à la suite du Christ, auquel vous désirez témoigner votre amour de prédilection. Grâce à vos initiatives apostoliques diversifiées, vous êtes le vrai trésor et la richesse de nos Églises et un oasis spirituel dans nos paroisses, nos diocèses et nos missions.

Nous nous unissons en esprit aux ermites, aux moines et aux moniales qui ont consacré leur vie à la prière dans les monastères contemplatifs, sanctifiant les heures du jour et de la nuit, portant dans leurs prières les soucis et les besoins de l’Église. Vous offrez au monde, par le témoignage de votre vie, un signe d'espérance.

4.4. Nous vous exprimons, fidèles laïcs, notre estime et notre amitié. Nous apprécions tout ce que vous faites pour vos familles et vos sociétés, vos Églises et vos patries. Restez fermes au milieu des épreuves et des difficultés. Nous sommes remplis de gratitude envers le Seigneur pour les charismes et les talents dont il vous a comblés, et avec lesquels vous participez, par la force de votre baptême et de votre confirmation, au travail apostolique et à la mission de l’Église, imprégnant le domaine des choses temporelles avec l’esprit et les valeurs de l’Évangile. Nous vous invitons au témoignage d'une vie chrétienne authentique, à une pratique religieuse consciente et aux bonnes mœurs. Ayez le courage de dire la vérité avec objectivité.


Vous les souffrants dans votre corps, votre âme et votre esprit, les opprimés, les expatriés, les persécutés, les prisonniers et les détenus, nous vous portons dans nos prières. Unissez vos souffrances à celles du Christ Rédempteur, et cherchez dans sa croix la patience et la force. Par le mérite de vos souffrances, vous obtenez pour le monde l'amour miséricordieux de Dieu.

Nous saluons chacune de nos familles chrétiennes, et nous regardons avec estime votre vocation et votre mission, comme cellule vivante de la société, école naturelle des vertus et des valeurs éthiques et humaines, et église domestique qui éduque à la prière et à la foi de génération en génération. Nous remercions les parents et les grands-parents pour l’éducation de leurs enfants et de leurs petits-enfants, à l’exemple de l'Enfant-Jésus qui « grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Nous nous engageons à protéger la famille par une pastorale familiale, grâce à des cours de préparation au mariage, et aux centres d’accueil et de consultation, ouverts à tous et surtout aux couples en difficulté, et par nos revendications des droits fondamentaux de la famille.

Nous nous adressons d’une manière spéciale aux femmes. Nous exprimons notre estime pour ce que vous êtes dans les divers états de votre vie : comme jeunes filles, mères, éducatrices, consacrées et travaillant dans la vie publique. Nous vous rendons hommage, car vous protégez la vie humaine depuis son début, lui offrant soin et affection. Dieu vous a donné une sensibilité particulière pour tout ce qui se rapporte à l’éducation, au travail humanitaire et à la vie apostolique. Nous rendons grâce à Dieu pour vos activités et nous aspirons à ce que vous exerciez une plus grande responsabilité dans la vie publique.

Nous vous regardons avec amitié, jeunes gens et jeunes filles, comme l’a fait le Christ avec le jeune homme dans l’Évangile (cf. Mc 10, 21). Vous êtes l'avenir de nos Églises, de nos communautés, de nos pays, leur potentiel et leur force rénovatrice. Faites le projet de votre vie sous le regard aimant du Christ. Soyez des citoyens responsables et des croyants sincères. L'Église se joint à vous dans vos soucis pour trouver un travail en fonction de vos compétences, ce qui contribuera à stimuler votre créativité, et à assurer l'avenir et la formation d'une famille croyante. Surmontez la tentation du matérialisme et du consumérisme. Soyez fermes dans vos valeurs chrétiennes.

Nous saluons les chefs des établissements d’éducation catholiques. Dans l’enseignement et l’éducation recherchez l’excellence et l’esprit chrétien. Ayez pour but de consolider la culture de la convivialité, le souci des pauvres et de ceux qui souffrent de handicaps. Malgré les défis et les difficultés dont souffrent vos institutions, nous vous invitons à les maintenir pour assurer la mission éducatrice de l'Église, et à promouvoir le développement et le bien de nos sociétés.

Nous nous adressons avec grande estime à ceux qui travaillent dans le secteur social. Dans vos institutions vous êtes au service de la charité. Nous vous encourageons et soutenons dans cette mission de développement, guidée par le riche enseignement social de l’Église. Par votre travail, vous renforcez les liens de fraternité entre les hommes, en servant les pauvres, les marginalisés, les malades, les réfugiés et les prisonniers, sans discrimination. Vous êtes guidés par la parole du Seigneur Jésus : « Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25, 40).

Nous regardons avec espoir les groupes de prière et les mouvements apostoliques. Ils sont des écoles d'approfondissement de la foi pour la vivre dans la famille et la société. Nous apprécions leurs activités dans les paroisses et les diocèses et leur soutien aux pasteurs en conformité avec les directives de l'Église. Nous remercions Dieu pour ces groupes et ces mouvements, cellules actives dans la paroisse et pépinières pour les vocations sacerdotales et religieuses.

Nous apprécions le rôle des moyens de communication écrite et audio-visuelle. Nous vous remercions, vous les journalistes, pour votre collaboration avec l'Église dans la diffusion de ses enseignements et dans ses activités, et en ces jours pour avoir couvert les nouvelles de l'Assemblée du Synode sur le Moyen-Orient dans toutes les parties du monde.

Nous nous félicitons de la contribution des médias internationaux et catholiques. Pour le Moyen-Orient, mérite une mention particulière le canal de Télé Lumière-Noursat. Nous espérons qu’il puisse continuer son service d’information et de formation à la foi, son travail pour l’unité chrétienne, la consolidation de la présence chrétienne en Orient, le renforcement du dialogue interreligieux, et la communion entre les Orientaux répandus dans tous les continents.

À nos fidèles dans la diaspora

5. L’émigration est devenue un phénomène général. Le chrétien, le musulman et le juif émigrent, et pour les mêmes causes provenant de l’instabilité politique et économique. En outre, le chrétien commence à se sentir dans l’insécurité, bien qu’à des degrés divers, dans les pays du Moyen-Orient. Que les chrétiens aient confiance dans l’avenir et continuent à vivre dans leurs chers pays.

Nous vous saluons, bien-aimés fidèles, dans vos différents pays de la diaspora. Nous demandons à Dieu de vous bénir. Nous vous demandons de garder le souvenir de vos patries et de vos Églises vivant dans vos cœurs et vos préoccupations. Vous pouvez contribuer à leur évolution et à leur croissance par vos prières, votre pensée, vos visites, et par divers moyens, même si vous en êtes loin.

Gardez les biens et les terres que vous avez dans la patrie, ne vous hâtez pas à les abandonner et à les vendre. Gardez-les comme patrimoine pour vous et comme un morceau de la patrie à laquelle vous restez attachés, que vous aimez et soutenez. La terre fait partie de l’identité de la personne et de sa mission ; elle est un espace vital pour ceux qui y restent et pour ceux qui, un jour, y retourneront. La terre est un bien public, un bien de la communauté, un patrimoine commun. Elle ne saurait être réduite à des intérêts individuels, de la part de celui qui la possède et qui seul décide à son gré de la garder ou de l’abandonner.

Nous vous accompagnons de nos prières, vous les enfants de nos Églises et de nos pays, forcés à émigrer. Portez avec vous votre foi, votre culture et votre patrimoine, afin d’enrichir vos nouvelles patries qui vous procurent paix, liberté et travail. Regardez l’avenir avec confiance et joie. Restez toujours attachés à vos valeurs spirituelles, à vos traditions culturelles et à votre patrimoine national, afin d’offrir aux pays qui vous ont accueillis le meilleur de vous-mêmes et le meilleur de ce que vous avez. Nous remercions les Églises des pays de la diaspora qui ont accueilli nos fidèles et qui ne cessent de collaborer avec nous pour leur assurer le service pastoral nécessaire.

Aux migrants dans nos pays et nos Églises

6. Nous saluons tous les immigrés, de diverses nationalités, venus dans nos pays pour raison de travail.

Nous vous accueillons, bien-aimés fidèles, et nous voyons en votre foi un enrichissement et un soutien à la foi de nos fidèles. C’est avec joie que nous vous procurerons toute l’aide spirituelle dont vous avez besoin.

Nous demandons à nos Églises de prêter une attention spéciale à ces frères et sœurs et à leurs difficultés, quelle que soit leur religion, surtout lorsqu’ils sont exposés à des atteintes à leurs droits et à leur dignité. Car ils viennent chez nous non seulement pour trouver les moyens de vivre, mais aussi pour procurer des services dont nos pays ont besoin. Ils tiennent leur dignité de Dieu et, comme toute personne humaine, ils ont des droits qu’il faut respecter. Il n’est permis à personne d’y porter atteinte. C’est pourquoi nous invitons les gouvernements des pays d’accueil à respecter et à défendre leurs droits.

III. Communion et témoignage avec les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques au Moyen-Orient

7. Nous saluons les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques en nos pays. Ensemble nous travaillons pour le bien des chrétiens, pour qu’ils restent, croissent et prospèrent. Nous sommes sur la même route. Nos défis sont les mêmes et notre avenir est le même. Nous voulons porter ensemble le témoignage comme disciples du Christ. C’est uniquement par notre unité que nous pouvons accomplir la mission que Dieu nous a confiée à tous, malgré la diversité de nos Églises. La prière du Christ est notre soutien, et c’est le commandement de l’amour qui nous unit, même si la route vers la pleine communion reste encore longue devant nous.

Nous avons marché ensemble dans le Conseil des Églises du Moyen-Orient, et nous voulons continuer cette marche avec la grâce de Dieu et promouvoir son action, ayant comme but ultime le témoignage commun à notre foi, le service de nos fidèles et de tous nos pays. Nous saluons et nous encourageons toutes les instances de dialogue œcuménique dans chacun de nos pays.

Nous exprimons notre gratitude au Conseil Œcuménique des Églises et aux diverses organisations œcuméniques qui travaillent pour l’unité des Églises et pour leur soutien.

IV. Coopération et dialogue avec nos concitoyens juifs

8. La même Écriture Sainte nous unit, l’Ancien Testament, qui est la Parole de Dieu à vous et à nous. Nous croyons en tout ce que Dieu y a révélé, depuis qu’il a appelé Abraham, notre père commun dans la foi, père des juifs, des chrétiens et des musulmans. Nous croyons dans les promesses de Dieu et son alliance données à lui et à vous. Nous croyons que la Parole de Dieu est éternelle.

Le Concile Vatican II a publié le document Nostra aetate, concernant le dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l’islam et les autres religions. D’autres documents ont précisé et développé par la suite les relations avec le judaïsme. Il y a d’autre part un dialogue continu entre l’Église et des représentants du judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays.

Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Tout deux sommes interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu « qui parle de paix » : « J’écoute. Que dit Dieu ? Ce que Dieu dit c’est la paix pour son peuple et ses amis » (Ps 85, 9). Il n’est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l’autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c’est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous.

V. Coopération et dialogue avec nos concitoyens musulmans

9. Nous sommes unis par la foi en un Dieu unique et par le commandement qui dit : fais le bien et évite le mal. Les paroles du Concile Vatican II sur les rapports avec les religions posent les bases des relations entre l’Église catholique et les musulmans : « L’Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant […] miséricordieux et tout-puissant, qui a parlé aux hommes » (Nostra aetate 3).

Nous disons à nos concitoyens musulmans : nous sommes frères et Dieu nous veut ensemble, unis dans la foi en Dieu et par le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ensemble, nous construirons nos sociétés civiles sur la citoyenneté, la liberté religieuse et la liberté de conscience. Ensemble, nous travaillerons pour promouvoir la justice, la paix, les droits de l’homme et les valeurs de la vie et de la famille. Notre responsabilité est commune dans la construction de nos patries. Nous voulons offrir à l’Orient et à l’Occident un modèle de convivialité entre les différentes religions et de collaboration positive entre les diverses civilisations, pour le bien de nos patries et celui de toute l’humanité.

Depuis la parution de l’islam au VIIe siècle et jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu ensemble, et nous avons collaboré à la création de notre civilisation commune. Il est arrivé par le passé, comme cela arrive aujourd’hui encore, quelques déséquilibres dans nos rapports. Par le dialogue, nous devons écarter tout déséquilibre ou malentendu. Le Pape Benoît XVI nous dit que notre dialogue ne peut pas être une réalité passagère. Il est plutôt une nécessité vitale dont dépend notre avenir. (cf. Discours aux représentants des communautés musulmanes à Cologne, 20.8.2005). Il est donc de notre devoir d’éduquer les croyants au dialogue interreligieux, à l’acceptation du pluralisme, au respect et à l’estime réciproques.

VI. Notre participation à la vie publique : appels aux gouvernements et aux responsables politiques de nos pays

10. Nous apprécions les efforts que vous déployez pour le bien commun et le service de nos sociétés. Nous vous accompagnons de nos prières et nous demandons à Dieu de guider vos pas. Nous nous adressons à vous au sujet de l’importance de l’égalité entre les citoyens. Les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s’acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu’ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte, de la liberté dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement et dans l’usage des moyens de communication.

Nous vous demandons de redoubler d’efforts que vous déployez pour établir une paix juste et durable dans toute la région, et pour arrêter la course à l’armement, ce qui mènera à la sécurité et à la prospérité économique, arrêtera l’hémorragie de l’émigration qui vide nos pays de ses forces vives. La paix est un don précieux que Dieu a confié aux hommes et ce sont les « artisans de paix qui seront appelés les fils de Dieu » (Mt 5, 9).

VII. Appel à la communauté internationale

11. Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l’O.N.U., pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l’application des résolutions du Conseil de Sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l’occupation des différents territoires arabes.

Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L’État d’Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux États devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve.

L’Irak pourra mettre fin aux conséquences de la guerre meurtrière et rétablir la sécurité qui protègera tous ses citoyens avec toutes leurs composantes sociales, religieuses et nationales.

Le Liban pourra jouir de sa souveraineté sur tout son territoire, fortifier son unité nationale et continuer sa vocation à être le modèle de la convivialité entre chrétiens et musulmans, par le dialogue des cultures et des religions et la promotion des libertés publiques.

Nous condamnons la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent et tout extrémisme religieux. Nous condamnons toute forme de racisme, l’antisémitisme, l’antichristianisme et l’islamophobie, et nous appelons les religions à assumer leurs responsabilités dans la promotion du dialogue des cultures et des civilisations dans notre région et dans le monde entier.

Conclusion: Continuer à témoigner de la vie divine qui nous est apparue dans la personne de Jésus

12. En conclusion, Frères et Sœurs, nous vous disons avec l’apôtre Saint Jean dans sa première épître : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie - car la vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1, 1-3).

Cette Vie divine qui s’est manifestée aux apôtres il y a deux mille ans dans la personne de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, de laquelle l’Église a vécu et à laquelle elle a témoigné au cours de son histoire, demeurera toujours la vie de nos Églises au Moyen-Orient et l’objet de notre témoignage.

Soutenus par la promesse du Seigneur : « voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), nous poursuivrons ensemble notre chemin dans l’espérance, « et l’espérance ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

Nous confessons que nous n’avons pas fait, jusqu’à maintenant, tout notre possible pour mieux vivre la communion entre nos communautés. Nous n’avons pas suffisamment fait pour vous confirmer dans la foi et vous donner la nourriture spirituelle dont vous avez besoin dans vos difficultés. Le Seigneur nous invite à une conversion personnelle et collective.

Aujourd’hui, nous retournons à vous pleins d’espoir, de force et de détermination, portant avec nous le message du Synode et ses recommandations, afin de les étudier ensemble et de les appliquer dans nos Églises, chacun selon son état. Nous espérons aussi que ce nouvel effort soit œcuménique.

Nous vous adressons cet humble et sincère appel afin qu’ensemble nous commencions un chemin de conversion, pour nous laisser renouveler par la grâce de l’Esprit-Saint et revenir à Dieu.

À la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la paix, sous la protection de laquelle nous avons mis nos travaux synodaux, nous confions notre marche vers de nouveaux horizons chrétiens et humains, dans la foi au Christ et par la force de sa parole : « voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).

Il ne faut pas exciter les passions....

sinodo32.jpgAlors que plus ou moins seuls les médias catholiques ont couvert le Synode sur le Moyen-Orient, l'intervention musclée (écrite mais non prononcée dans l'Aula; ce qui est prévu par le réglement) d'un Père synodale risque de lancer une polémique. Affaire à suivre...

Le message finale du Synode sort aujourd'hui.

Synode pour le Moyen-Orient : Un évêque libanais s’en prend avec vigueur au Coran.

Vatican - Agence I.MEDIA - 22 octobre 2010

Mgr Raboula Antoine Beylouni, évêque libanais de rite syriaque, a profité du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, au Vatican, pour s’en prendre au Coran qui, à ses yeux, “ordonne d’imposer“ l’islam “par la force“ et “par l’épée“. Dans une intervention écrite (et non prononcée dans la Salle du synode) rendue publique le 22 octobre 2010, cet évêque libanais a cependant soutenu que le dialogue islamo-chrétien ne devait “certainement pas“ être remis en question.

Le Coran “ordonne d’imposer la religion par la force, par l’épée“, soutient ainsi l’évêque libanais. Et d’insister : “Le Coran permet au musulman de cacher la vérité au chrétien et de parler et agir contrairement à ce qu’il pense et croit“, “le Coran donne au musulman le droit de juger les chrétiens et de les tuer par la djihad (guerre sainte)“. Aux yeux de Mgr Beylouni, “les musulmans ne reconnaissent pas la liberté religieuse, ni pour eux ni pour les autres“.

L’évêque libanais souligne en outre que, dans le Coran, il n’y a “pas d’égalité entre l’homme et la femme, ni dans le mariage lui-même où l’homme peut prendre plusieurs femmes et peut en divorcer à sa guise“. En outre, il met en avant la présence, dans le livre sacré de l’islam, de “versets contradictoires“ et de “versets annulés par d’autres“, donnant au musulman “la possibilité d’utiliser l’un ou l’autre selon son avantage“. Ainsi, le musulman peut dire du chrétien “qu’il est humble et pieux et croyant en Dieu“, comme il peut “le traiter d’impie, d’apostat et d’idolâtre“.

“Le Coran inculque au musulman la fierté d’avoir la seule religion vraie et complète“, poursuit le prélat libanais, avant d’expliquer que “le musulman fait partie de la nation privilégiée, et parle la langue de Dieu, la langue du paradis, la langue arabe“. Il ajoute alors que le musulman aborde le “dialogue avec cette supériorité et avec l’assurance d’être victorieux“. Selon le Libanais, discuter “sur les dogmes“ entre chrétiens et musulmans s’avère impossible.

Cependant, “devant tous ces interdits“ qui émanent du Coran, Mgr Beylouni assure qu’il ne faut “certainement pas“ supprimer le dialogue entre musulmans et chrétiens. Le prélat libanais indique ainsi qu’il convient de choisir, pour le dialogue, des “thèmes abordables“ ainsi que des “interlocuteurs chrétiens capables et bien formés, courageux et pieux, sages et prudents“. LB


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note:

- j'ai eu l'occasion de parler avec un ami libanais qui m'a livré sa réaction:

Ce n'est pas la bonne manière de parler de l'islam. C'est vrai qu'il y a le tout et son contraire dans le coran et suivant les buts recherchés, ce sera tantôt l'un aspect, tantôt l'autre; il y a de la violence dans le coran, on ne peut pas le nier. Mais parler ainsi revient à remuer les esprits, alors que c'est de paix dont nous avons besoin

Ne pas blesser

Lorsque la situation est paisible et calme, des musulmans peuvent se convertir au christianisme, car cela sera toléré silencieusement. Il ne faut pas provoquer les musulmans, sinon la violence devient irrationnelle. Il faut être aimable et relever le bon chez eux. Ce discours est en quelque sorte l'aspect intolérant du christianisme qui est aussi présent chez nous. Or, il ne faut pas chercher à blesser. Ce qui nous préoccupe nous chrétiens d'Orient, c'est la perte de la foi en Occident. Les musulmans ont peur des bons chrétiens, mais pas de l'Occident. Ils en rigolent et pensent que c'est l'effet du christianisme. Nous devons être chrétiens, sans peur, car c'est la foi vécue, la sainteté qui va rendre le choc avec l'islam moins violent. Les musulmans qui veulent suivre les versets de paix de l'islam sont blessés par de tels propos. Cela demande du tact, de la finesse, une bonne dose de psychologie et toutes les vertus chrétiennes et humaines pour cohabiter avec eux. Il faut savoir que les arabes sont sensibles à la flatterie.

La promotion de la culture chrétienne peut relancer l'Europe

Mgr Koch a raison, c'est la faiblesse des chrétiens qui est dangereuse. J'ai vu que dans certains pays, on dit non aux nouveaux centres islamiques, tant que des églises ne sont pas construites en terre d'islam. Cela est juste. Il faut demander la liberté religieuse. Quant à Tariq Ramadan, c'est un intellectuel fondamentaliste, qui excite les passions. Il tient un double discours. Enfin, le fait qu'en Suisse vous ayez dit non aux minarets, c'est une bonne chose. Le plus grand danger pour l'Europe, c'est la perte du christianisme, le paganisme, ce n'est pas la montée de l'islam. Il ne faut pas lutter contre l'islam, il faut être pour le christianisme, pour la culture et l'éducation. L'élite intellectuelle des pays arabes est formée dans les écoles catholiques. 

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mercredi, 20 octobre 2010

Monseigneur Kurt Koch crée Cardinal

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La Suisse en rouge

Comme il était quelque peu attendu, l'ancien évêque de Bâle son Excellence  Mgr Kurt Koch, nommé récemment à la tête du conseil pontifical pour l'Unité des chrétiens, est créé Cardinal par le Pape Benoît XVI. Cela confirme le fort intérêt que le Saint Père accorde à la recherche de l'Unité des chrétiens, sans oublier le dialogue avec le judaïsme. En effet, d'autres chefs de dicastère en place depuis plusieurs années n'ont pas forcément été promus à la dignité cardinalice. 

source de la liste: Le Copiste

Sur les 24 cardinaux nommés, dix sont italiens (dont huit électeurs), deux allemands, un polonais, un suisse, un espagnol, quatre africains (dont le patriarche d’Alexandrie des Coptes), deux américains, un brésilien un équatorien et un sri-lankais.

Voici la liste de ces cardinaux nommés ce matin :

Mgr Angelo Amato (72 ans), préfet de la Congrégation pour la Cause des saints
Mgr Mauro Piacenza (66 ans), préfet de la Congrégation pour le Clergé
Mgr Fortunato Baldelli (75 ans), Grand Pénitencier de l’Église Romaine
Mgr Raymond Burke (62 ans), préfet du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique
Mgr Gianfranco Ravasi, (68 ans), président du Conseil pontifical de la culture
Mgr Kurt Koch (60 ans), président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens
Mgr Robert Sarah (65 ans), président du Conseil pontifical Cor Unum
Mgr Velasio de Paolis (75 ans), préfet pour les Affaires économiques du Saint-Siège
Mgr Paolo Sardi (76 ans), pro-Patron de l’Ordre de Malta
Mgr Reinhard Marx (57 ans), archevêque de Munich et Freising - Allemagne
Mgr Raymundo Damasceno Assis (73 ans), archevêque d’Aparecida - Brésil
Mgr Malcolm Ranjith (62 ans), archevêque de Colombo - Sri Lanka
Mgr Paolo Romeo (72 ans), archevêque de Palerme - Italie
Mgr Francesco Monterisi (76 ans), archiprêtre de la Basilique de St Paul hors les murs
Sa Béatitude Antonios Naguib, Patriarche d’Alexandrie des Coptes - Egypte
Mgr Antonios Naguib (75 ans), Patriarche d’Alexandrie des Coptes - Egypte
Mgr Kazimierz Nycz (60 ans), archevêque de Varsovie - Pologne
Mgr Donald William Wuerl (70 ans), archevêque de Washington - États-Unis
Mgr Laurent Monsengwo Pasinya (71 ans), archevêque de Kinshasa - Congo
Mgr Medardo Joseph Mazombwe (79 ans), archevêque émérite de Lusaka - Zambie
Mgr Raul Eduardo Vela Chiriboga (76 ans), archevêque di Quito - Equateur

Quatre cardinaux ont dépassé l’âge de 80 ans, et ne font donc pas partie des cardinaux-électeurs en cas de conclave pour l’élection d’un nouveau Pape. Il s’agit de :

Mgr Elio Sgreccia - Italie
Mgr José Manuel Estepa Llaurens - Espagne
Mgr Walter Brandmuller - Allemagne
MgrDomenico Bartolucci - Italie

Suite aux nominations de ce mercredi matin, le collège cardinalice se compose actuellement de 203 cardinaux, dont 122 cardinaux électeurs

A noter que le primat de Belgique, son Excellence Mgr Léonard ne fait pas encore partie de la liste. Ceci pour la raison que le primat émérite Daneels à moins de 80 ans et peut encore élire le Pape pour un éventuel Conclave.

mardi, 19 octobre 2010

L'islam en Egypte

images.jpg"Face à un Occident très puissant, des penseurs musulmans ont bien vu que le monde arabe était en retard de plusieurs siècles sur la modernité. Dans un premier temps, à la fin du XIXème siècle, le monde arabe a connu un grand mouvement réformiste qui a cherché à moderniser l'islam, avec des figures comme Mohammed Abdou. Ce fut un échec. C'est alors qu'est apparu Hassan al Bannah, qui a fondé la confrérie des Frères musulmans en 1928. Voyant que cela ne pouvait pas marcher, il a décidé d'islamiser la modernité".

Henri Boulad, jésuite égyptien de 79 ans

(source: Famille Chrétienne n 1708, 9-16 octobre 2010)

Tariq Ramadan est le petit-fils de Hasan al-Banna, le fondateur en Egypte de l'association fondamentaliste des frères musulmans. Lorsque cette organisation fut interdite, le Père de Tariq (Said Ramadan), à son tour fondateur du Hamas, la branche palestinienne des frères musulmans, dû fuire l'Egypte pour s'établir en Suisse. Ceci explique l'apparence d'un islam moderne, alors qu'il s'agit plutôt, selon les quelques lignes ci-dessus, d'islamiser la modernité.

 

lundi, 18 octobre 2010

Pascal Décaillet: "Des hommes et des dieux"

« Des hommes et des dieux » : joie et lumière

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Dimanche 17.10.10 - 20.17h

 

« Des hommes et des dieux », de Xavier Beauvois, un film sur la lumière. Celle des montagnes de l’Atlas au petit matin ou lorsque tombe le soir, celle des chandelles, celle qui éclaire une poignée de visages d’hommes surgis de la nuit des temps. C’est l’Algérie de 1996, l’Italie de Piero della Francesca, ce sont les Pèlerins d’Emmaüs, avec leur hôte étrange, vus par Rembrandt. Un film de lumière, né de la lumière. Dans une période de l’Histoire écrasée par les ténèbres.

Visages d’hommes. Des moines. Des frères. Une toute petite communauté, quelque part dans la splendeur de l’Atlas, au pire moment des actions terroristes du GIA, et de la terrible répression de l’armée. Ils s’appellent Christian, Luc, Christophe, Célestin, Amédée, Jean-Pierre, Michel. Ils sont là, cisterciens en pays musulman, 34 ans après le départ des Français. Juste des hommes de paix, de prière et d’amour, amis des villageois que l’un d’entre eux, le médecin (Michael Lonsdale époustouflant) soigne jusqu’à s’épuiser lui-même, 150 consultations par jour.

La fin, le spectateur la connaît avant le film : il sait que l’histoire raconte – à sa manière – ce qu’ont vécu les moines de Tibéhirine, assassinés. Mais ça n’est pas un film sur la mort, à peine suggérée par un cortège d’otages s’enfonçant dans la brume, jusqu’à se confondre avec elle, tout doucement. C’est un film sur la lumière de la vie. Un film sur la présence et sur l’absence (« Je parle à Dieu et n’entends plus sa réponse »). Sur l’accomplissement du destin. Le lien incroyablement fort qui peut être celui d’une petite communauté d’hommes. « Ecclésia » : l’Assemblée.

Bien sûr, le chrétien ne manquera pas d’y décrypter d’évidentes scènes d’Evangile : naissance de l’Enfant au milieu d’une nuit de violence, dialogue de Frère Christian (le chef de la communauté) avec un chef du GIA (visage sublime) aux accents de lutte avec l’Ange, dernier repas, avec le vin, juste avant de vivre leur passion. Mais nous ne sommes pas un film de prosélytisme chrétien. Juste un film sur la lumière. À laquelle s’ajoute le chant : pureté de ces voix d’hommes dans la nuit, a capella, sans mystique excessive, juste l’accomplissement du rite.

Accomplir le geste, la parole. Toute une vie, au demeurant sociable et fraternelle avec les villageois, ponctuée des innombrables rendez-vous de l’Ordre. Ils sont « dans le monde » et « hors du monde », et d’ailleurs le Pascal des Pensées est cité. Sur la table du supérieur (Lambert Wilson dans l’un de ses meilleurs rôles), la règle chrétienne côtoie le Coran. Ça n’est pas un film sur Dieu, mais sur les hommes. Pas sur la mort, mais sur la vie. Pas sur la nuit. Mais sur la lumière.

A voir, absolument.

Pascal Décaillet

La première sainte d'Australie

130084-mary-mackillop.jpgsource: Andrea Tornielli

La Sainte qui fut excommuniée

Benoît XVI a proclamé dimanche 6 nouveaux saints. Parmi eux, la première sainte australienne Marie de la Croix (Mary Helen) MacKillop, fondatrice de la congrégation des Soeurs de Saint Joseph du Sacré Coeur, qui se dédie à l'éducation des pauvres, des orphelins et des filles en danger. Soeur MacKillop eut beaucoup de problèmes à l'intérieur de l'Eglise; en 1871 elle fut excommuniée par son Evêque pour soit-disant un manque d'obéissance. Il a été évoqué que cette excommunication fut causée par la dénonciation que la nouvelle sainte avait faite à l'encontre d'un prêtre auteur d'abus sexuels sur des mineurs.

Cette excommunication, infliger irrègulièrement, lui fut ensuite retirée et sa congrégation fut reconnue. Mais l'histoire semble plus complexe, car selon la postulatrice, qui s'est expliquée à la TV italienne (TG2), la dénonciation fut le fait de ses consoeurs. Le prêtre fut destitué mais quelques prêtres amis du prêtre abuseur, par esprit de revanche, lancèrent une campagne pour lui donner une mauvaise réputation. Aussi, la dénonciation fut une des causes de l'excommunication. Cette dénonciation fut en fait la goute qui fit déborder le vase car son évêque lui reprochait déjà un esprit rebelle.

Lettre du Pape aux futurs prêtres

images.jpgComme annoncé en septembre 2009 par le secrétaire de l'éducation catholique Son Excellence Mgr Jean-Louis Bruguès, le Pape a publié une lettre pour les séminaristes, afin de poursuivre l'année sacerdotale.

Chers Séminaristes,

En décembre 1944, lorsque je fus appelé au service militaire, le commandant de la compagnie demanda à chacun de nous quelle profession il envisageait pour son avenir. Je répondis que je voulais devenir prêtre catholique. Le sous-lieutenant me répondit : Alors vous devrez chercher quelque chose d’autre. Dans la nouvelle Allemagne, il n’y a plus besoin de prêtres. Je savais que cette « nouvelle Allemagne » était déjà sur le déclin, et qu’après les énormes dévastations apportées par cette folie dans le pays, il y aurait plus que jamais besoin de prêtres. Aujourd’hui, la situation est complètement différente. Mais, de diverses façons, beaucoup aujourd’hui aussi pensent que le sacerdoce catholique n’est pas une « profession » d’avenir, mais qu’elle appartient plutôt au passé. Vous, chers amis, vous vous êtes décidés à entrer au séminaire, et vous vous êtes donc mis en chemin vers le ministère sacerdotal dans l’Église catholique, à l’encontre de telles objections et opinions. Vous avez bien fait d’agir ainsi. Car les hommes auront toujours besoin de Dieu, même à l’époque de la domination technique du monde et de la mondialisation : de Dieu qui s’est rendu visible en Jésus Christ et qui nous rassemble dans l’Église universelle pour apprendre avec lui et par lui la vraie vie et pour tenir présents et rendre efficaces les critères de l’humanité véritable. Là où l’homme ne perçoit plus Dieu, la vie devient vide ; tout est insuffisant. L’homme cherche alors refuge dans la griserie ou dans la violence qui menacent toujours plus particulièrement la jeunesse. Dieu est vivant. Il a créé chacun de nous et nous connaît donc tous. Il est si grand qu’il a du temps pour nos petites choses : « Les cheveux de votre tête sont tous comptés ». Dieu est vivant, et il a besoin d’hommes qui vivent pour lui et qui le portent aux autres. Oui, cela a du sens de devenir prêtre : le monde a besoin de prêtres, de pasteurs, aujourd’hui, demain et toujours, tant qu’il existera.

Le séminaire est une communauté en chemin vers le service sacerdotal. Avec cela, j’ai déjà dit quelque chose de très important. : on ne devient pas prêtre tout seul. Il faut « la communauté des disciples », l’ensemble de ceux qui veulent servir l’Église. Par cette lettre, je voudrais mettre en évidence – en jetant aussi un regard en arrière sur ce que fut mon temps au séminaire – quelques éléments importants pour ces années où vous êtes en chemin.

L'homme de Dieu

1. Celui qui veut devenir prêtre doit être par-dessus tout « un homme de Dieu », comme le décrit saint Paul (1Tm 6, 11). Pour nous, Dieu n’est pas une hypothèse lointaine, il n’est pas un inconnu qui s’est retiré après le "big bang". Dieu s’est montré en Jésus Christ. Sur le visage de Jésus Christ, nous voyons le visage de Dieu. Dans ses paroles, nous entendons Dieu lui-même nous parler. C’est pourquoi, le plus important dans le chemin vers le sacerdoce et durant toute la vie sacerdotale, c’est la relation personnelle avec Dieu en Jésus Christ. Le prêtre n’est pas l’administrateur d’une quelconque association dont il cherche à maintenir et à augmenter le nombre des membres. Il est le messager de Dieu parmi les hommes. Il veut conduire à Dieu et ainsi faire croître aussi la communion véritable des hommes entre eux. C’est pour cela, chers amis, qu’il est si important que vous appreniez à vivre en contact constant avec Dieu. Lorsque le Seigneur dit : « Priez en tout temps », il ne nous demande pas naturellement de réciter continuellement des prières, mais de ne jamais perdre le contact intérieur avec Dieu. S’exercer à ce contact est le sens de notre prière. C’est pourquoi il est important que la journée commence et s’achève par la prière. Que nous écoutions Dieu dans la lecture de l’Ecriture. Que nous lui disions nos désirs et nos espérances ; nos joies et nos souffrances, nos erreurs et notre action de grâce pour chaque chose belle et bonne et que, de cette façon, nous l’ayons toujours devant nos yeux comme point de référence de notre vie. Nous prenons alors conscience de nos erreurs et apprenons à travailler pour nous améliorer ; mais nous devenons aussi sensibles à tout le bien et à tout le beau que nous recevons chaque jour comme quelque chose allant de soi et ainsi la gratitude grandit en nous. Et avec la gratitude, grandit la joie pour le fait que Dieu nous est proche et que nous pouvons le servir.

L'homme des sacrements

2. Dieu n’est pas seulement une parole pour nous. Dans les sacrements il se donne à nous en personne, à travers les choses corporelles. Le centre de notre rapport avec Dieu et de la configuration de notre vie, c’est l’Eucharistie. La célébrer en y participant intérieurement et rencontrer ainsi le Christ en personne doit être le centre de toutes nos journées. Saint Cyprien a interprété la demande de l’Evangile : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », en disant, entre autre, que « notre » pain, le pain que nous pouvons recevoir en chrétiens dans l’Eglise, est le Seigneur eucharistique lui-même. Dans la demande du Notre Père, nous prions donc pour qu’il nous donne chaque jour « notre » pain ; qu’il soit toujours la nourriture de notre vie. Que le Christ ressuscité, qui se donne à nous dans l’Eucharistie modèle vraiment toute notre vie par les splendeurs de son amour divin. Pour la juste célébration eucharistique, il est nécessaire aussi que nous apprenions à connaître, à comprendre et à aimer la liturgie de l’Église dans sa forme concrète. Dans la liturgie, nous prions avec les fidèles de tous les siècles – passé, présent et avenir s’unissent en un unique grand chœur de prière. Comme je puis l’affirmer à propos de mon propre chemin, c’est une chose enthousiasmante que d’apprendre à comprendre peu à peu comment tout cela a grandi, quelle expérience de foi se trouve dans la structure de la Liturgie de la Messe, combien de générations ont contribué à la former en priant !

La confession

3. Le Sacrement de Pénitence aussi est important. Il m’enseigne à me regarder du point de vue de Dieu, et m’oblige à être honnête envers moi-même. Il me conduit à l’humilité. Le Curé d’Ars a dit une fois : Vous pensez que cela n’a pas de sens d’obtenir l’absolution aujourd’hui, sachant que demain vous ferez de nouveau les mêmes péchés. Mais, – a-t-il dit – Dieu lui-même oublie en cet instant vos péchés de demain pour vous donner sa grâce aujourd’hui. Bien que nous ayons à combattre continuellement contre les mêmes erreurs, il est important de s’opposer à l’abrutissement de l’âme, à l’indifférence qui se résigne au fait d’être ainsi fait. Il est important de continuer à marcher, sans être scrupuleux, dans la conscience reconnaissante que Dieu me pardonne toujours de nouveau. Mais aussi sans l’indifférence qui ne ferait plus lutter pour la sainteté et pour l’amélioration. Et en me laissant pardonner, j’apprends encore à pardonner aux autres. Reconnaissant ma misère, je deviens plus tolérant et compréhensif devant les faiblesses du prochain.

4. Maintenez en vous la sensibilité pour la piété populaire, qui est différente selon les cultures, mais qui est aussi toujours très semblable, parce que le cœur de l’homme est, en fin de compte, toujours le même. Certes, la piété populaire tend vers l’irrationalité, parfois même vers l’extériorité. Pourtant l’exclure est une grande erreur. A travers elle, la foi est entrée dans le cœur des hommes, elle a fait partie de leurs sentiments, de leurs habitudes, de leur manière commune de sentir et de vivre. C’est pourquoi la piété populaire est un grand patrimoine de l’Eglise. La foi s’est faite chair et sang. La piété populaire doit certainement être toujours purifiée, recentrée, mais elle mérite notre amour et elle nous rend nous-mêmes de façon pleinement réelle « Peuple de Dieu ».

Les études

5. Le temps du séminaire est aussi et par-dessus tout un temps d’étude. La foi chrétienne a une dimension rationnelle et intellectuelle qui lui est essentielle. Sans elle, la foi ne serait pas elle-même. Paul parle d’«une forme d’enseignement » à laquelle nous avons été confiés dans le baptême (Rm 6, 17). Vous connaissez tous la parole de saint Pierre, considérée par les théologiens médiévaux comme la justification d’une théologie rationnelle et scientifiquement élaborée : « Toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande 'raison' (logos) de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15). Apprendre à devenir capable de donner de telles réponses est l’un des principaux buts des années de séminaire. Je ne peux que vous prier avec insistance : Etudiez avec sérieux ! Mettez à profit les années d’étude ! Vous ne vous en repentirez pas. Certes, souvent la matière des études semble très éloignée de la pratique de la vie chrétienne et du service pastoral. Toutefois il est complètement erroné de poser toujours immédiatement la question pragmatique : est-ce que cela pourra me servir plus tard ? Est-ce-que cela sera d’une utilité pratique, pastorale ? Il ne s’agit pas justement d’apprendre seulement ce qui est évidemment utile, mais de connaître et de comprendre la structure interne de la foi dans sa totalité, pour qu’elle devienne ainsi réponse aux demandes des hommes, lesquels changent du point de vue extérieur de générations en générations, tout en restant au fond les mêmes. C’est pourquoi il est important d’aller au-delà des questions changeantes du moment pour comprendre les questions vraiment fondamentales et ainsi comprendre aussi les réponses comme de vraies réponses.

Toute la théologie

Il est important de connaître à fond la Sainte Ecriture en entier, dans son unité d’Ancien et de Nouveau Testament : la formation des textes, leur particularité littéraire, leur composition progressive jusqu’à former le canon des livres sacrés, leur unité dynamique intérieure qui ne se trouve pas en surface, mais qui, seule, donne à tous et à chacun des textes leur pleine signification. Il est important de connaître les Pères et les grands Conciles, dans lesquels l’Eglise a assimilé, en réfléchissant et en croyant, les affirmations essentielles de l’Ecriture. Je pourrais continuer encore : ce que nous appelons la dogmatique, c’est la manière de comprendre les contenus de la foi dans leur unité, et même dans leur ultime simplicité : chaque détail unique est finalement simple déploiement de la foi en l’unique Dieu qui s’est manifesté et se manifeste à nous. Je n’ai pas besoin de dire expressément l’importance de la connaissance des questions essentielles de la théologie morale et de la doctrine sociale catholique. Combien est importante aujourd’hui la théologie œcuménique ; la connaissance des différentes communautés chrétiennes est une évidence ; pareillement, la nécessité d’une orientation fondamentale sur les grandes religions, sans oublier la philosophie : la compréhension de la quête des hommes et des questions qu’ils se posent, auxquelles la foi veut apporter une réponse. Mais apprenez aussi à comprendre et – j’ose dire – à aimer le droit canon dans sa nécessité intrinsèque et dans les formes de son application pratique : une société sans droit serait une société privée de droits. Le droit est condition de l’amour. Je ne veux pas maintenant poursuivre cette énumération, mais seulement redire encore : aimez l’étude de la théologie et poursuivez-la avec une sensibilité attentive pour enraciner la théologie dans la communauté vivante de l’Eglise, laquelle, avec son autorité, n’est pas un pôle opposé à la science théologique, mais son présupposé. Sans l’Eglise qui croit, la théologie cesse d’être elle-même et devient un ensemble de diverses disciplines sans unité intérieure.

Etre homme

6. Les années de séminaire doivent être aussi un temps de maturation humaine. Pour le prêtre, qui devra accompagner les autres le long du chemin de la vie et jusqu’aux portes de la mort, il est important qu’il ait lui-même mis en juste équilibre le cœur et l’intelligence, la raison et le sentiment, le corps et l’âme, et qu’il soit humainement « intègre ». C’est pour cela que la tradition chrétienne a toujours uni aux « vertus théologales », « les vertus cardinales », dérivées de l’expérience humaine et de la philosophie, et en général la saine tradition éthique de l’humanité. Paul le dit aux Philippiens de façon très claire : « Enfin, frères, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper » (4, 8). L’intégration de la sexualité dans l’ensemble de la personnalité fait aussi partie de ce contexte. La sexualité est un don du Créateur, mais aussi une tâche qui regarde le développement de l’être humain. Lorsqu’elle n’est pas intégrée dans la personne, la sexualité devient quelque chose de banal et en même temps destructive. Nous le voyons aujourd’hui dans notre société à travers de nombreux exemples. Récemment, nous avons dû constater avec une grande peine que des prêtres ont défiguré leur ministère par l’abus sexuel d’enfants et de jeunes. Au lieu de conduire les personnes vers une humanité mature, et d’en être l’exemple, ils ont provoqué, par leurs abus, des destructions dont nous éprouvons une profonde douleur et un profond regret. A cause de tout cela peut surgir en beaucoup, peut-être aussi en vous-mêmes, la question de savoir s’il est bien de devenir prêtre ; si le chemin du célibat est raisonnable comme vie humaine. Mais l’abus, qui est à réprouver absolument, ne peut discréditer la mission sacerdotale, laquelle demeure grande et pure. Grâce à Dieu, nous connaissons tous des prêtres convaincants, pleins de foi, qui témoignent que dans cet état et précisément dans la vie du célibat, on peut parvenir à une humanité authentique, pure et mature. Ce qui est arrivé doit toutefois nous rendre plus vigilants et attentifs, justement pour nous interroger soigneusement nous-mêmes, devant Dieu, dans le chemin vers le sacerdoce, pour comprendre si c’est sa volonté pour moi. Les confesseurs et vos supérieurs ont cette tâche de vous accompagner et de vous aider dans ce parcours de discernement. Pratiquer les vertus humaines fondamentales est un élément essentiel de votre chemin, en gardant le regard fixé sur le Dieu qui s’est manifesté dans le Christ, en se laissant toujours de nouveau purifier par Lui.

Prêtre dans les différentes régions du monde

7. Aujourd’hui, les débuts de la vocation sacerdotale sont plus variés et différents que par le passé. La décision de devenir prêtre naît aujourd’hui souvent au sein d’une expérience professionnelle séculière déjà commencée. Elle mûrit souvent dans la communauté, spécialement dans les mouvements, qui favorisent une rencontre communautaire avec le Christ et son Eglise, une expérience spirituelle et la joie dans le service de la foi. La décision mûrit aussi dans les rencontres tout à fait personnelles avec la grandeur et la misère de l’être humain. Ainsi, les candidats au sacerdoce vivent souvent sur des continents spirituels extrêmement divers. Il pourra être difficile de reconnaître les éléments communs du futur envoyé et de son itinéraire spirituel. C’est vraiment pour cela que le séminaire est important comme communauté en chemin au-dessus des diverses formes de spiritualité. Les mouvements sont une chose magnifique. Vous savez combien je les apprécie et les aime comme don de l’Esprit Saint à l’Eglise. Ils doivent toutefois être évalués selon la manière avec laquelle ils sont tous ouverts à la réalité catholique commune, à la vie de l’unique et commune Eglise du Christ qui, dans toute sa variété demeure toutefois une. Le séminaire est la période où vous apprenez les uns avec les autres, les uns des autres. Dans la vie en commun, peut-être difficile parfois, vous devez apprendre la générosité et la tolérance non seulement en vous supportant mutuellement, mais en vous enrichissant les uns les autres, si bien que chacun puisse apporter ses dons particuliers à l’ensemble, tandis que tous servent la même Eglise, le même Seigneur. Cette école de tolérance, bien plus, d’acceptation et de compréhension mutuelles dans l’unité du Corps du Christ, fait partie des éléments importants de vos années de séminaire.

Chers séminaristes ! J’ai voulu vous montrer par ces lignes combien je pense à vous surtout en ces temps difficiles et combien je vous suis proche par la prière. Priez aussi pour moi, pour que je puisse bien remplir mon service, tant que le Seigneur le veut. Je confie votre cheminement de préparation au sacerdoce à la protection de la Vierge Marie, dont la maison fut une école de bien et de grâce. Que Dieu tout-puissant vous bénisse tous, le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Du Vatican, le 18 octobre 2010.

dimanche, 17 octobre 2010

Mgr Padovese: la lumière sur son barbare assassinat

images-1.jpg"La petite Église de Turquie, parfois ignorée, a vécu son triste moment de renommée avec le brutal assassinat du Président de la Conférence épiscopale turque, Monseigneur Luigi Padovese. Pour être bref, je désire mettre un terme à ce désagréable chapitre et effacer les insupportables calomnies que ceux qui ont organisé l’assassinat ont eux-mêmes fait circuler. Parce que c’est de cela qu’il s’agit: d’un assassinat prémédité par ces mêmes pouvoirs occultes que le pauvre Luigi avait indiqués, peu de mois avant, comme responsables des assassinats de Don Andrea Santoro, du journaliste arménien Dink et des quatre protestants de Malatya. Il s’agit d’une obscure intrigue de complicités entre les ultras-nationalistes et les fanatiques religieux, experts en stratégie de la tension. La situation pastorale et administrative du Vicariat d’Anatolie est grave".

intervention de Mgr Franceschini

au Synode des évêques sur le Moyen-Orient

samedi, 16 octobre 2010

La Curie romaine en cause ?

images.jpgDans le monde ecclésiastique et médiatique francophone, un stéréotype et un cliché ont pour le moins la vie dure: le conservatisme et la langue de bois de la Curie romaine. Durant le Synode du Moyen-Orient, un journaliste a posé la question sur le rôle de cette dernière durant le déroulement des travaux du Synode. Un fin observateur de l'Assemblée synodale a répondu que les évêques et les cardinaux de la Curie avaient au contraire un langage courageux, serein, libre et éclairant. Comme quoi, le Saint-Siège est un puissant instrument de liberté et de vérité, qui joue le rôle d'un phare.

Autre idée parfois sans aucune nuance sur les conflits qui agitent et tourmentent notre monde: ils auraient comme origine la religion. Au contraire, à la la lecture de quelques interventions de Pères ou des experts synodaux, la foi et le christianisme, ce dernier étant avant tout une rencontre avec le visage du Christ, sont des facteurs décisifs pour la justice et la paix. La mauvaise politique est justement une des sources des tensions, des troubles ou des conflits.

Adolf Ogi et le percement du Gothard

Un homme charismatique, un communicateur enthousiaste et sensible.

jeudi, 14 octobre 2010

Le vénérable Jean Paul II bienheureux en 2011 ?

images.jpgSelon Andrea Tornielli et Rome Reports, le procès en béatification de Jean Paul II, après un palier de quelques mois, reprend à nouveau sa vitesse de croisière. Cela pourrait aboutir à une possible béatification pour le 16 octobre 2011, soit le 33 ème anniversaire de son élection au Siège de Pierre.

Visite du Président de la Pologne

Pour le président polonais qui a ensuite rencontré la presse à Rome, le procès de béatification de Jean-Paul II a subi ces derniers temps une « accélération ». M. Komorowski a expliqué avoir parlé avec le pape Benoît XVI du procès de béatification de Jean-Paul II, un sujet venu naturellement dans la conversation avec le pape. « Nous avons exprimé l'espérance que le procès de béatification avance et les derniers signaux font comprendre que ce procès a été accéléré », a précisé le président polonais. En effet, après que la reconnaissance du miracle aura été « débloquée » par la commission médicale, et après le passage du dossier à la commission des théologiens et des cardinaux, le président évoque la possibilité d'une béatification à la fin du printemps ou à l'automne 2011.

Ctb/zenit/bl

Prochain Consistoire, avec un Cardinal suisse ?

images-1.jpgUn bruit de couloir devient de plus en plus persistant au Vatican, au point de devenir  même audible sur la place Saint Pierre. Le Pape pourrait annoncer dès ce dimanche, à l'Angélus, la convocation d'un Consistoire pour les 20-21 novembre, fête du Christ Roi. Le Pape procèdera ainsi à la création de nouveaux Cardinaux. Il semblerait que le nombre de futur princes de l'Eglise soit d'environ 19 noms, et que les italiens soient une bonne moitié.

L'archevêque suisse Monseigneur Kurt Koch, ancien évêque de Bâle, récemment nommé par le Pape au Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens, devrait faire partie de la liste. En effet, l'oecuménisme reste une toute grande priorité de ce pontificat. Autre nom qui semble retenir l'attention, l'ancien archevêque américain de Saint Louis (Missouri) Monseigneur Burke.

L’archevêque émérite Mgr Raymond L. Burke, actuel préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique et membre de la Congrégation pour les évêques et de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, est aussi membre de la Congrégation pour la cause des saints.

La lumière sur un drame sous-terrain

vu sous Americatho

Mineurs du Chili sauvés: Dieu, le diable, la foi, la prière, l'amour

Une petite parabole de notre propre vie, qui est parfois aussi un peu comme un combat dans une mine...

mercredi, 13 octobre 2010

Synode du Moyen-Orient: intervention chaleureuse d'un suisse


« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants  

avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32)  

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Intervention de S. Exc. Mgr Pierre Bürcher, 

évêque de Reykjavik et 

représentant de la Conférence des Evêques 

des Pays Nordiques  (NBK)


12 octobre 2010 

 

Pourquoi un évêque du Grand Nord, de plus un petit Suisse d’origine, est-il membre du Synode sur le Proche-Orient? La Conférence des Evêques des Pays Nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) que j'ai l'honneur et la joie de représenter dans cette Assemblée spéciale s'associe de tout cœur aux vœux exprimés par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, le 25 juin dernier: “Nous souhaitons tous à la Terre sainte, à l’Irak et au Moyen-Orient le don d’une paix stable et d’une convivialité solide“ qui “naissent du respect des droits de la personne, des familles, des communautés et des peuples, et du dépassement de toute discrimination religieuse, culturelle ou sociale“.

images.jpgQue de différences entre le Nord et l’Orient! Pour ne citer qu'elle, la température n'est pas tout à fait la même à Jérusalem et à Reykjavik! Je suis l'évêque du pays du terrible volcan Eyjafjallajoküll qui vous a tant dérangé... Pardon! Mais l'Esprit Saint et l'Eglise sont les mêmes et font que la Communauté des croyants est appelée à être, au Nord comme en Orient, "un seul cœur et une seule âme". Dans la Cathédrale de Reykjavik où se trouve le siège épiscopal diocésain le plus nordique du monde a été opéré récemment un changement. Pour diverses raisons, le siège épiscopal qui était orienté vers l'Ouest a été maintenant orienté vers l'Est. Permettez-moi d'y voir une parabole: la Communauté des croyants n'est-elle pas appelée, notamment par le présent Synode, à ne pas être marquée trop exclusivement dans ses institutions et sa pastorale par les coutumes et la tradition occidentales? Ne gagnerait-elle pas, en effet, à respirer toujours davantage avec ses deux poumons? Elle trouverait certainement ainsi un Souffle nouveau, le vrai, celui de l'Esprit Saint. Et cela pourrait certainement contribuer à éviter un potentiel conflit des religions et des civilisations occidentales et orientales.

"L'annonce de la convocation de l'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient a été accueillie avec faveur dans toute l'Église" (N.1 Instrumentum laboris 2010), y compris dans nos Pays nordiques. Dans le Nord de la terre, nous sommes nous aussi, en communion avec les Evêques du Moyen-Orient dans leurs territoires respectifs, serviteurs de l'Évangile de Jésus-Christ pour l'espérance du monde (Cf. Synode des Evêques,  Xème  Assemblée  Générale 2001). 

Plusieurs milliers de chrétiens orientaux vivent actuellement dans nos cinq pays du Nord. Leur situation se présente aujourd'hui de la manière suivante: 

Danemark: un groupe important de Chaldéens constitué en une Mission avec un prêtre responsable.

Finlande: des groupes provenant de l'Irak, du Liban et de la Palestine; une entraide se réalise entre les chrétiens. 

Islande: pas de chrétiens orientaux, un nombre infime de juifs et de musulmans, mais une petite communauté d'orthodoxes russes.

Norvège: quelques centaines de chrétiens venant de l'Iran et de l'Irak, de rites différents. Une pastorale orientale est assurée à l'occasion des grandes Fêtes. 

Suède: prioritairement des chrétiens orientaux provenant de l'Irak et de Terre Sainte.

L'émigration des chrétiens provenant des Pays orientaux a donc aussi touché le Nord de la terre. Une des raisons en est sans doute le développement économique galopant de ces cinq pays nordiques. Depuis sa crise d'il y a deux ans, il faut cependant en soustraire maintenant l'Islande. Les cinq Pays de notre Conférence épiscopale sont caractérisés par un pourcentage de catholiques de seulement 2 à 3 % de la population totale, la grande majorité étant luthérienne. Cela correspond, dans plusieurs pays orientaux, au pourcentage des chrétiens par rapport aux musulmans. La situation pastorale dans nos pays du Nord est donc celle d'une diaspora. De plus, elle est très diversifiée et réalise des expériences positives avec des prêtres et des religieux provenant des Pays orientaux.  Dans bien des endroits, les églises catholiques sont prêtées aussi bien aux chrétiens catholiques qu'aux non-catholiques pour leur Divine Liturgie. C'est le signe d'un œcuménisme pratique! Mais elle expérimente aussi des situations difficiles: p.ex. sont arrivés dans nos Pays Nordiques des prêtres sans autorisation de leur évêque oriental. Au sud de Stockholm notamment il y a beaucoup de syrien-orthodoxes: pour cette Eglise catholique de diaspora il n'est souvent pas facile d'accueillir oecuméniquement ces grands groupes. 

Les évêques de la NBK sont conscients avec leurs frères et sœurs au Moyen-Orient qu'en plus de la difficile situation politique et la confrontation avec des extrémismes musulmans, un problème difficile réside en particulier dans l'émigration des chrétiens. Ce problème sera résolu seulement  avec la solution définitive du conflit israélo-palestinien. Le moment urgent de la réconciliation et de la paix est maintenant venu! Les chrétiens du Moyen-Orient, au lieu de fuir de la région, sont particulièrement indispensables dans ce processus vital de justice et de paix. En effet, ils ont eux hérité le mandat chrétien du pardon. Il n'en va donc pas  seulement de leur bon accueil à l'étranger mais bien plus de leur présence au Moyen-Orient comme sauvegarde d'une culture historique vitale pour le monde entier. La paix est la vocation urgente de la Terre Sainte! La justice pour les trois religions monothéistes est que Jérusalem soit une ville ouverte pour tous!

Dans le même sens, il est vital de redonner à tous les habitants de Gaza un statut respectant pleinement les droits humains. Le conflit du Moyen-Orient expose au monde entier les blessures passées et présentes ainsi que le sentiment fort en chacun de vouloir se protéger face à l'autre.  En vue d'une conversion profonde de tous les cœurs, les chrétiens ont besoin de leurs coreligionnaires et sont donc dépendants d'un œcuménisme indispensable mais ils ont besoin en même temps d'un renforcement de la coexistence avec les autres religions notamment le judaïsme et l'islam. 

Au cœur de conflits régionaux et de restrictions à la liberté de conscience, il est certes très difficile de vivre sa foi: cela demande un courage singulier aux chrétiens des pays du Moyen-Orient. Dans ces difficultés si diverses résultant de mentalités souvent opposées, nous voyons un seul remède: la conversion des coeurs qui engendrera la fraternité universelle basée sur la justice pour tous, car nous croyons avec tous nos frères dans l'épiscopat en Terre Sainte que le "Christ est notre Paix" (Eph 3,14). L'Europe en particulier, loin de renoncer à ses racines chrétiennes, doit mettre tout en œuvre pour collaborer activement et sans retard avec les pays du Moyen-Orient à ce processus vital de réconciliation et de justice. Dans cet esprit et en signe concret de solidarité avec le Proche Orient, notre Conférence des Evêques des Pays Nordiques tiendra, en février 2011, sa prochaine Assemblée en Terre Sainte et y accomplira son Pèlerinage.

Comme le disent les Lineamenta, Il en va aujourd'hui au Moyen-Orient de la nécessité vitale de communion et de témoignage. Merci d'avoir écouté ainsi une voix venant du Grand Nord! Et j'espère n'avoir pas jeté un froid dans cette noble Assemblée mais plutôt la chaleur de la fraternité de tous ceux qui veulent être, au Nord comme en Orient, avec beaucoup d'espérance, "un seul cœur  et une seule âme".

+ Pierre Bürcher, évêque de Reykjavik et représentant de la Conférence épiscopale des Pays Nordiques.

Vatican, le 11 octobre 2010

 

Note: la mention du volcan a permis à toute l'assemblée synodale, de se détendre par des sourires et des rires...

mardi, 12 octobre 2010

Le blog renaît et se réveille ...

images-1.jpgUne petite anecdote amusante pour recommencer: ce mardi matin 12 octobre, alors que les travaux romains du Synode battent leurs pleins avec des flots de paroles qui coulent dans les salles de rédactions depuis la salle du Synode consacré au Moyen-Orient, j'assiste à nouveau au cours d'analyse d'information du professeur Diego Contreras, doyen de la Faculté de communication de l'Université de la Sainte Croix. A ma grande surprise, notre cher et bien aimé professeur nous explique que les fameux travaux d'études pour ce cours (le troisième du nom) consisteront pour cette année à la rédaction de 12 articles sur un blog.

Et oui, cela coule de source... vous avez bien compris... le Suisse Romain va renaître!

Certes, dans le flux d'information, je ne suis qu'une petite goutte dans l'océan. Mais comme l'a remarqué Mère Térésa de Calcutta, s'il elle n'y était pas, elle manquerait.

Aussi, après l'hybernation américaine, je vais reprendre la rédaction de notre et votre blog, le Suisse Romain. Je vous dois une confidence: je me sens encore quelque peu engourdi... mais vous me manquiez.

A tout bientôt donc!

40903_1614567053460_1514840600_31537621_5068063_s.jpgLe premier numéro du journal du Saint Siège, "L'Osservatore Romano"

(Abbaye de Casamari - Italie)