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samedi, 23 octobre 2010

Le Synode accouche d'un message en demi-teinte ...

6a00d83451619c69e2013488693ca1970c-800wi.jpg ... mais annonce une initiative médiatique (Citadelle des Médias)

Cela montre que la clef réside non pas dans la luttre contre l'islam, mais dans l'engagement positif en faveur de l'évangélisation.

Un observateur attentif des débats a relevé le manque de souffle du message, sans aucun doute à cause de la peur que les patriarches et les évêques éprouvent face aux régimes islamiques. C'est au niveau politique que cela coince et les conflits viennent non pas de la religion mais d'une mauvaise politique. Le fait que les chrétiens tapent sur Israël démontre ou dévoile leurs craintes, car ils ne risquent pas grand chose dans cette revendication.

Le Message ne reflète pas ce Synode

Par contre, bien des Pères tiennent un tout autre discours en privé, sur les persécutions, parfois effroyables, terribles et sanglantes. Certains ne pourraient tout simplement pas retourner chez eux s'ils parlaient trop clairement. Les services secrets règnent tout simplement dans les alentours... Aussi, le contenu des discussions durant ces deux semaines est d'une toute autre envergure; la tenue même du Synode est déjà un grand don. Les patriarches et les évêques ont beaucoup reçus et ce message n'est pas un bon reflet de la qualité du Synode.

Cette situation se reflète dans ce message qui est très consensuel, car il y a clairement de tendances  dans l'assemblée du Synode, et le message est très, voir trop, diplomatique. Comme un confrère l'a exprimé, les Pères du Synode ne sont parfois pas assez proches de leur peuple et en ce sens ils doivent changer, se convertir. 

Attendre le Message du Pape

sinodo32.jpgSans doute que l'exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI aura un autre contenu; les prélats du Saint-Siège (dicastères) sont souvent bien plus libres et parfois un peu plus éclairants. Rome est un phare.

Enfin, le Pape a parlé du Synode comme une polyphonie de la foi unique.

1. Les propositions

2. Synode des évêques du Moyen-Orient : Message au peuple de Dieu

Le 23 octobre 2010  Au cours de la Quatorzième Congrégation générale d’hier après-midi, vendredi 22 octobre 2010, les Pères synodaux ont approuvé le Nuntius , le Message au Peuple de Dieu en conclusion de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques.

Nous publions ci-dessous la version française du texte intégral (rédigé en arabe, français, italien et anglais):


« La multitude de ceux qui devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme »



À nos frères les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, à toutes les personnes consacrées, à tous nos bien-aimés fidèles laïcs et à toute personne de bonne volonté.

Introduction

1. La grâce de Jésus Notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soit avec vous.

Le Synode des Évêques pour le Moyen-Orient a été pour nous une nouvelle Pentecôte. « La Pentecôte est l’événement originaire, mais est aussi un dynamisme permanent. Le Synode des Évêques est un moment privilégié dans lequel peut se rénover le chemin de l’Église et la grâce de la Pentecôte » (Benoît XVI, Homélie de la Messe d’ouverture du Synode, 10.10.2010).

Nous sommes venus à Rome, nous les patriarches et les évêques des Églises catholiques en Orient, avec tous nos patrimoines spirituels, liturgiques, culturels et canoniques, portant dans nos cœurs les soucis de nos peuples et leurs attentes.

Pour la première fois, nous nous sommes réunis en Synode autour de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, avec les Cardinaux et les Archevêques responsables des Dicastères romains, les Présidents des Conférences épiscopales du monde qui sont concernées par les questions du Moyen-Orient, et des représentants des Églises Orthodoxes et communautés évangéliques, et des invités juifs et musulmans.

Nous exprimons à sa Sainteté Benoît XVI notre gratitude pour sa sollicitude et ses enseignements illuminant la marche de l’Église en général et celle de nos Églises orientales en particulier, surtout pour la question de la justice et de la paix. Nous remercions les Conférences épiscopales pour leur solidarité, leur présence parmi nous lors de leur pèlerinage aux Lieux saints et leur visite à nos communautés. Nous les remercions pour leur accompagnement de nos Églises dans les différents aspects de notre vie. Nous remercions les Organisations d’Église qui nous soutiennent par leur aide efficace.

Nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l’Écriture Sainte et de la Tradition vivante, sur le présent et l’avenir des chrétiens et des peuples du Moyen-Orient. Nous avons médité sur les questions de cette région du monde que Dieu a voulu, dans le mystère de son amour, être le berceau de son plan universel du salut. De là, en effet, partit la vocation d’Abraham. Là, le Verbe de Dieu, Jésus-Christ, s’est incarné de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint. Là, Jésus proclama l’Évangile de la vie et du Royaume. Là, il mourut pour racheter le genre humain et le libérer du péché. Là, il ressuscita d’entre les morts pour donner la vie nouvelle à tout homme. Là, naquit l’Église et c’est de là qu’elle partit proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.

Le but premier du Synode est d’ordre pastoral, aussi avons-nous porté dans nos cœurs la vie, les souffrances et les espérances de nos peuples et les défis qu’ils ont à affronter chaque jour avec la « grâce de l’Esprit-Saint et son amour répandus en nos cœurs » (Rm 5, 5). C’est pourquoi nous vous adressons ce message, bien-aimés frères et sœurs, et nous voulons qu’il soit un appel à la fermeté dans la foi, fondée sur la Parole de Dieu, à la collaboration dans l’unité et à la communion dans le témoignage de l’amour, dans tous les domaines de la vie.

I. L’Église au Moyen-Orient: communion et témoignage à travers l’histoire

Cheminement de la foi en Orient

2. En Orient est née la première communauté chrétienne. De l’Orient partirent les Apôtres après la Pentecôte pour évangéliser le monde entier. Là, a vécu la première communauté chrétienne au milieu des tensions et des persécutions, « [assidue] à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42), et personne n’était dans le besoin. Là, les premiers martyrs ont arrosé par leur sang les fondations de l’Église naissante. À leur suite, les anachorètes ont rempli les déserts du parfum de leur sainteté et de leur foi. Là vécurent les Pères de l’Église orientale qui continuent à nourrir par leurs enseignements l’Église d’Orient et d’Occident. De nos Églises partirent, aux premiers siècles et aux siècles suivants, les missionnaires vers l’Extrême-Orient et vers l’Occident portant la lumière du Christ. Nous en sommes les héritiers et nous devons continuer à transmettre leur message aux générations futures.

Nos Églises n’ont pas cessé de donner des saints, des prêtres, des consacrés, et de servir d’une façon efficace dans les nombreuses institutions, contribuant à la construction de nos sociétés et de nos pays, se sacrifiant pour tout homme, créé à l’image de Dieu et porteur de son image. Certaines de nos Églises ne cessent aujourd’hui encore d’envoyer des missionnaires, porteurs de la parole du Christ dans les différents coins du monde. Le travail pastoral, apostolique et missionnaire nous demande aujourd’hui de penser à une pastorale pour promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses et assurer l’Église de demain.

Nous nous trouvons aujourd’hui devant un tournant historique : Dieu qui nous a donné la foi dans notre Orient, depuis 2.000 ans, nous appelle à persévérer avec courage, assiduité et force à porter le message du Christ et à témoigner de son Évangile qui est un Évangile d’amour et de paix.

Défis et attentes

3.1. Nous sommes aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. Le premier vient de nous-mêmes et de nos Églises. Ce que le Christ nous demande c’est d’accepter notre foi et de la vivre en tout domaine de la vie. Ce qu’il demande à nos Églises c’est de renforcer la communion dans chaque Église sui iuris et entre les Églises catholiques de diverses traditions, de faire tout notre possible dans la prière et la charité pour atteindre l’unité de tous les chrétiens, et réaliser ainsi la prière du Christ : « Père, que tous soient un comme toi, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).

3.2. Le deuxième défi vient de l’extérieur, des conditions politiques et de sécurité dans nos pays ainsi que du pluralisme religieux.

Nous avons exploré ce qui concerne la situation sociale et la sécurité dans tous nos pays du Moyen-Orient. Nous avons eu conscience de l’impact du conflit israélo-palestinien sur toute la région, surtout sur le peuple palestinien, qui souffre des conséquences de l’occupation israélienne : le manque de liberté de mouvement, le mur de séparation et les barrières militaires, les prisonniers politiques, la démolition des maisons, la perturbation de la vie économique et sociale et les milliers de réfugiés. Nous avons aussi réfléchi sur la souffrance et l’insécurité dans lesquelles vivent les Israéliens. Nous avons médité sur la situation de la ville sainte de Jérusalem. Nous sommes préoccupés des initiatives unilatérales qui risquent de changer sa démographie et son statut. Face à tout cela, nous voyons qu’une paix juste et définitive est l’unique moyen de salut pour tous, pour le bien de la région et de ses peuples.

3.3. Nous avons réfléchi, dans nos réunions et nos prières, aux souffrances sanglantes du peuple irakien. Nous avons fait mémoire des chrétiens assassinés en Irak, des souffrances permanentes de l’Église de l’Irak et de ses fils déplacés et dispersés de par le monde, qui portent avec eux les soucis de leur terre et de leur patrie. Les Pères synodaux ont exprimé leur solidarité avec le peuple et les Églises en Irak et ont exprimé le vœu que les émigrés, forcés à quitter leur pays, puissent trouver là où ils arrivent les secours nécessaires, afin de pouvoir retourner dans leurs pays et y vivre en sécurité.

3.4. Nous avons réfléchi aux relations entre concitoyens, chrétiens et musulmans. Nous voudrions ici affirmer, dans notre vision chrétienne des choses, un principe primordial qui devrait gouverner ces relations : Dieu veut que nous soyons chrétiens dans et pour nos sociétés moyen-orientales. C’est le plan de Dieu sur nous, et c’est notre mission et notre vocation que de vivre ensemble chrétiens et musulmans. Nous nous comporterons dans ce domaine guidés par le commandement de l’amour et par la force de l’Esprit en nous.


Le deuxième principe qui gouverne ces relations est le fait que nous sommes une partie intégrante de nos sociétés. Notre mission, basée sur notre foi et notre devoir envers nos patries, nous oblige à contribuer à la construction de nos pays avec tous les citoyens, musulmans, juifs et chrétiens.

II. Communion et témoignage au sein des Églises catholiques du Moyen-Orient

Aux fidèles de nos Églises

4.1. Jésus nous dit: « Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde » (Mt 5, 13.14). Votre mission, bien-aimés fidèles, est d’être, par la foi, l’espérance et l’amour, dans vos sociétés, comme le « sel » qui donne saveur et sens à la vie, comme la « lumière » qui illumine les ténèbres par la vérité, et comme le « levain » qui transforme les cœurs et les intelligences. Les premiers chrétiens à Jérusalem étaient peu nombreux. Ils ont pu malgré cela porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, avec la grâce du « Seigneur qui agissait avec eux et qui confirmait leur Parole par les signes » (Mc 16, 20).

4.2. Nous vous saluons, chrétiens du Moyen-Orient, et nous vous remercions pour tout ce que vous avez réalisé dans vos familles et vos sociétés, dans vos Églises et vos nations. Nous saluons votre persévérance dans les difficultés, les peines et les angoisses.

4.3. Chers prêtres, nos collaborateurs dans la mission catéchétique, liturgique et pastorale, nous vous renouvelons notre amitié et notre confiance. Continuez à transmettre à vos fidèles, avec zèle et persévérance, l’Évangile de la vie et la Tradition de l'Église, par le moyen de la prédication, de la catéchèse, de la direction spirituelle et du bon exemple. Consolidez la foi du Peuple de Dieu pour qu’elle se transforme en une civilisation de l’amour. Prodiguez-lui les sacrements de l’Église pour qu’il aspire au renouvellement de sa vie. Rassemblez-le dans l’unité et la charité par le don de l'Esprit Saint.

Chers religieux, religieuses et consacrés dans le monde, nous vous exprimons notre gratitude, et avec vous nous remercions Dieu pour le don des conseils évangéliques - de la chasteté consacrée, de la pauvreté et de l’obéissance – avec lesquels vous avez fait le don de vous-mêmes, à la suite du Christ, auquel vous désirez témoigner votre amour de prédilection. Grâce à vos initiatives apostoliques diversifiées, vous êtes le vrai trésor et la richesse de nos Églises et un oasis spirituel dans nos paroisses, nos diocèses et nos missions.

Nous nous unissons en esprit aux ermites, aux moines et aux moniales qui ont consacré leur vie à la prière dans les monastères contemplatifs, sanctifiant les heures du jour et de la nuit, portant dans leurs prières les soucis et les besoins de l’Église. Vous offrez au monde, par le témoignage de votre vie, un signe d'espérance.

4.4. Nous vous exprimons, fidèles laïcs, notre estime et notre amitié. Nous apprécions tout ce que vous faites pour vos familles et vos sociétés, vos Églises et vos patries. Restez fermes au milieu des épreuves et des difficultés. Nous sommes remplis de gratitude envers le Seigneur pour les charismes et les talents dont il vous a comblés, et avec lesquels vous participez, par la force de votre baptême et de votre confirmation, au travail apostolique et à la mission de l’Église, imprégnant le domaine des choses temporelles avec l’esprit et les valeurs de l’Évangile. Nous vous invitons au témoignage d'une vie chrétienne authentique, à une pratique religieuse consciente et aux bonnes mœurs. Ayez le courage de dire la vérité avec objectivité.


Vous les souffrants dans votre corps, votre âme et votre esprit, les opprimés, les expatriés, les persécutés, les prisonniers et les détenus, nous vous portons dans nos prières. Unissez vos souffrances à celles du Christ Rédempteur, et cherchez dans sa croix la patience et la force. Par le mérite de vos souffrances, vous obtenez pour le monde l'amour miséricordieux de Dieu.

Nous saluons chacune de nos familles chrétiennes, et nous regardons avec estime votre vocation et votre mission, comme cellule vivante de la société, école naturelle des vertus et des valeurs éthiques et humaines, et église domestique qui éduque à la prière et à la foi de génération en génération. Nous remercions les parents et les grands-parents pour l’éducation de leurs enfants et de leurs petits-enfants, à l’exemple de l'Enfant-Jésus qui « grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Nous nous engageons à protéger la famille par une pastorale familiale, grâce à des cours de préparation au mariage, et aux centres d’accueil et de consultation, ouverts à tous et surtout aux couples en difficulté, et par nos revendications des droits fondamentaux de la famille.

Nous nous adressons d’une manière spéciale aux femmes. Nous exprimons notre estime pour ce que vous êtes dans les divers états de votre vie : comme jeunes filles, mères, éducatrices, consacrées et travaillant dans la vie publique. Nous vous rendons hommage, car vous protégez la vie humaine depuis son début, lui offrant soin et affection. Dieu vous a donné une sensibilité particulière pour tout ce qui se rapporte à l’éducation, au travail humanitaire et à la vie apostolique. Nous rendons grâce à Dieu pour vos activités et nous aspirons à ce que vous exerciez une plus grande responsabilité dans la vie publique.

Nous vous regardons avec amitié, jeunes gens et jeunes filles, comme l’a fait le Christ avec le jeune homme dans l’Évangile (cf. Mc 10, 21). Vous êtes l'avenir de nos Églises, de nos communautés, de nos pays, leur potentiel et leur force rénovatrice. Faites le projet de votre vie sous le regard aimant du Christ. Soyez des citoyens responsables et des croyants sincères. L'Église se joint à vous dans vos soucis pour trouver un travail en fonction de vos compétences, ce qui contribuera à stimuler votre créativité, et à assurer l'avenir et la formation d'une famille croyante. Surmontez la tentation du matérialisme et du consumérisme. Soyez fermes dans vos valeurs chrétiennes.

Nous saluons les chefs des établissements d’éducation catholiques. Dans l’enseignement et l’éducation recherchez l’excellence et l’esprit chrétien. Ayez pour but de consolider la culture de la convivialité, le souci des pauvres et de ceux qui souffrent de handicaps. Malgré les défis et les difficultés dont souffrent vos institutions, nous vous invitons à les maintenir pour assurer la mission éducatrice de l'Église, et à promouvoir le développement et le bien de nos sociétés.

Nous nous adressons avec grande estime à ceux qui travaillent dans le secteur social. Dans vos institutions vous êtes au service de la charité. Nous vous encourageons et soutenons dans cette mission de développement, guidée par le riche enseignement social de l’Église. Par votre travail, vous renforcez les liens de fraternité entre les hommes, en servant les pauvres, les marginalisés, les malades, les réfugiés et les prisonniers, sans discrimination. Vous êtes guidés par la parole du Seigneur Jésus : « Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25, 40).

Nous regardons avec espoir les groupes de prière et les mouvements apostoliques. Ils sont des écoles d'approfondissement de la foi pour la vivre dans la famille et la société. Nous apprécions leurs activités dans les paroisses et les diocèses et leur soutien aux pasteurs en conformité avec les directives de l'Église. Nous remercions Dieu pour ces groupes et ces mouvements, cellules actives dans la paroisse et pépinières pour les vocations sacerdotales et religieuses.

Nous apprécions le rôle des moyens de communication écrite et audio-visuelle. Nous vous remercions, vous les journalistes, pour votre collaboration avec l'Église dans la diffusion de ses enseignements et dans ses activités, et en ces jours pour avoir couvert les nouvelles de l'Assemblée du Synode sur le Moyen-Orient dans toutes les parties du monde.

Nous nous félicitons de la contribution des médias internationaux et catholiques. Pour le Moyen-Orient, mérite une mention particulière le canal de Télé Lumière-Noursat. Nous espérons qu’il puisse continuer son service d’information et de formation à la foi, son travail pour l’unité chrétienne, la consolidation de la présence chrétienne en Orient, le renforcement du dialogue interreligieux, et la communion entre les Orientaux répandus dans tous les continents.

À nos fidèles dans la diaspora

5. L’émigration est devenue un phénomène général. Le chrétien, le musulman et le juif émigrent, et pour les mêmes causes provenant de l’instabilité politique et économique. En outre, le chrétien commence à se sentir dans l’insécurité, bien qu’à des degrés divers, dans les pays du Moyen-Orient. Que les chrétiens aient confiance dans l’avenir et continuent à vivre dans leurs chers pays.

Nous vous saluons, bien-aimés fidèles, dans vos différents pays de la diaspora. Nous demandons à Dieu de vous bénir. Nous vous demandons de garder le souvenir de vos patries et de vos Églises vivant dans vos cœurs et vos préoccupations. Vous pouvez contribuer à leur évolution et à leur croissance par vos prières, votre pensée, vos visites, et par divers moyens, même si vous en êtes loin.

Gardez les biens et les terres que vous avez dans la patrie, ne vous hâtez pas à les abandonner et à les vendre. Gardez-les comme patrimoine pour vous et comme un morceau de la patrie à laquelle vous restez attachés, que vous aimez et soutenez. La terre fait partie de l’identité de la personne et de sa mission ; elle est un espace vital pour ceux qui y restent et pour ceux qui, un jour, y retourneront. La terre est un bien public, un bien de la communauté, un patrimoine commun. Elle ne saurait être réduite à des intérêts individuels, de la part de celui qui la possède et qui seul décide à son gré de la garder ou de l’abandonner.

Nous vous accompagnons de nos prières, vous les enfants de nos Églises et de nos pays, forcés à émigrer. Portez avec vous votre foi, votre culture et votre patrimoine, afin d’enrichir vos nouvelles patries qui vous procurent paix, liberté et travail. Regardez l’avenir avec confiance et joie. Restez toujours attachés à vos valeurs spirituelles, à vos traditions culturelles et à votre patrimoine national, afin d’offrir aux pays qui vous ont accueillis le meilleur de vous-mêmes et le meilleur de ce que vous avez. Nous remercions les Églises des pays de la diaspora qui ont accueilli nos fidèles et qui ne cessent de collaborer avec nous pour leur assurer le service pastoral nécessaire.

Aux migrants dans nos pays et nos Églises

6. Nous saluons tous les immigrés, de diverses nationalités, venus dans nos pays pour raison de travail.

Nous vous accueillons, bien-aimés fidèles, et nous voyons en votre foi un enrichissement et un soutien à la foi de nos fidèles. C’est avec joie que nous vous procurerons toute l’aide spirituelle dont vous avez besoin.

Nous demandons à nos Églises de prêter une attention spéciale à ces frères et sœurs et à leurs difficultés, quelle que soit leur religion, surtout lorsqu’ils sont exposés à des atteintes à leurs droits et à leur dignité. Car ils viennent chez nous non seulement pour trouver les moyens de vivre, mais aussi pour procurer des services dont nos pays ont besoin. Ils tiennent leur dignité de Dieu et, comme toute personne humaine, ils ont des droits qu’il faut respecter. Il n’est permis à personne d’y porter atteinte. C’est pourquoi nous invitons les gouvernements des pays d’accueil à respecter et à défendre leurs droits.

III. Communion et témoignage avec les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques au Moyen-Orient

7. Nous saluons les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques en nos pays. Ensemble nous travaillons pour le bien des chrétiens, pour qu’ils restent, croissent et prospèrent. Nous sommes sur la même route. Nos défis sont les mêmes et notre avenir est le même. Nous voulons porter ensemble le témoignage comme disciples du Christ. C’est uniquement par notre unité que nous pouvons accomplir la mission que Dieu nous a confiée à tous, malgré la diversité de nos Églises. La prière du Christ est notre soutien, et c’est le commandement de l’amour qui nous unit, même si la route vers la pleine communion reste encore longue devant nous.

Nous avons marché ensemble dans le Conseil des Églises du Moyen-Orient, et nous voulons continuer cette marche avec la grâce de Dieu et promouvoir son action, ayant comme but ultime le témoignage commun à notre foi, le service de nos fidèles et de tous nos pays. Nous saluons et nous encourageons toutes les instances de dialogue œcuménique dans chacun de nos pays.

Nous exprimons notre gratitude au Conseil Œcuménique des Églises et aux diverses organisations œcuméniques qui travaillent pour l’unité des Églises et pour leur soutien.

IV. Coopération et dialogue avec nos concitoyens juifs

8. La même Écriture Sainte nous unit, l’Ancien Testament, qui est la Parole de Dieu à vous et à nous. Nous croyons en tout ce que Dieu y a révélé, depuis qu’il a appelé Abraham, notre père commun dans la foi, père des juifs, des chrétiens et des musulmans. Nous croyons dans les promesses de Dieu et son alliance données à lui et à vous. Nous croyons que la Parole de Dieu est éternelle.

Le Concile Vatican II a publié le document Nostra aetate, concernant le dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l’islam et les autres religions. D’autres documents ont précisé et développé par la suite les relations avec le judaïsme. Il y a d’autre part un dialogue continu entre l’Église et des représentants du judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays.

Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Tout deux sommes interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu « qui parle de paix » : « J’écoute. Que dit Dieu ? Ce que Dieu dit c’est la paix pour son peuple et ses amis » (Ps 85, 9). Il n’est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l’autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c’est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous.

V. Coopération et dialogue avec nos concitoyens musulmans

9. Nous sommes unis par la foi en un Dieu unique et par le commandement qui dit : fais le bien et évite le mal. Les paroles du Concile Vatican II sur les rapports avec les religions posent les bases des relations entre l’Église catholique et les musulmans : « L’Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant […] miséricordieux et tout-puissant, qui a parlé aux hommes » (Nostra aetate 3).

Nous disons à nos concitoyens musulmans : nous sommes frères et Dieu nous veut ensemble, unis dans la foi en Dieu et par le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ensemble, nous construirons nos sociétés civiles sur la citoyenneté, la liberté religieuse et la liberté de conscience. Ensemble, nous travaillerons pour promouvoir la justice, la paix, les droits de l’homme et les valeurs de la vie et de la famille. Notre responsabilité est commune dans la construction de nos patries. Nous voulons offrir à l’Orient et à l’Occident un modèle de convivialité entre les différentes religions et de collaboration positive entre les diverses civilisations, pour le bien de nos patries et celui de toute l’humanité.

Depuis la parution de l’islam au VIIe siècle et jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu ensemble, et nous avons collaboré à la création de notre civilisation commune. Il est arrivé par le passé, comme cela arrive aujourd’hui encore, quelques déséquilibres dans nos rapports. Par le dialogue, nous devons écarter tout déséquilibre ou malentendu. Le Pape Benoît XVI nous dit que notre dialogue ne peut pas être une réalité passagère. Il est plutôt une nécessité vitale dont dépend notre avenir. (cf. Discours aux représentants des communautés musulmanes à Cologne, 20.8.2005). Il est donc de notre devoir d’éduquer les croyants au dialogue interreligieux, à l’acceptation du pluralisme, au respect et à l’estime réciproques.

VI. Notre participation à la vie publique : appels aux gouvernements et aux responsables politiques de nos pays

10. Nous apprécions les efforts que vous déployez pour le bien commun et le service de nos sociétés. Nous vous accompagnons de nos prières et nous demandons à Dieu de guider vos pas. Nous nous adressons à vous au sujet de l’importance de l’égalité entre les citoyens. Les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s’acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu’ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte, de la liberté dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement et dans l’usage des moyens de communication.

Nous vous demandons de redoubler d’efforts que vous déployez pour établir une paix juste et durable dans toute la région, et pour arrêter la course à l’armement, ce qui mènera à la sécurité et à la prospérité économique, arrêtera l’hémorragie de l’émigration qui vide nos pays de ses forces vives. La paix est un don précieux que Dieu a confié aux hommes et ce sont les « artisans de paix qui seront appelés les fils de Dieu » (Mt 5, 9).

VII. Appel à la communauté internationale

11. Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l’O.N.U., pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l’application des résolutions du Conseil de Sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l’occupation des différents territoires arabes.

Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L’État d’Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux États devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve.

L’Irak pourra mettre fin aux conséquences de la guerre meurtrière et rétablir la sécurité qui protègera tous ses citoyens avec toutes leurs composantes sociales, religieuses et nationales.

Le Liban pourra jouir de sa souveraineté sur tout son territoire, fortifier son unité nationale et continuer sa vocation à être le modèle de la convivialité entre chrétiens et musulmans, par le dialogue des cultures et des religions et la promotion des libertés publiques.

Nous condamnons la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent et tout extrémisme religieux. Nous condamnons toute forme de racisme, l’antisémitisme, l’antichristianisme et l’islamophobie, et nous appelons les religions à assumer leurs responsabilités dans la promotion du dialogue des cultures et des civilisations dans notre région et dans le monde entier.

Conclusion: Continuer à témoigner de la vie divine qui nous est apparue dans la personne de Jésus

12. En conclusion, Frères et Sœurs, nous vous disons avec l’apôtre Saint Jean dans sa première épître : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie - car la vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1, 1-3).

Cette Vie divine qui s’est manifestée aux apôtres il y a deux mille ans dans la personne de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, de laquelle l’Église a vécu et à laquelle elle a témoigné au cours de son histoire, demeurera toujours la vie de nos Églises au Moyen-Orient et l’objet de notre témoignage.

Soutenus par la promesse du Seigneur : « voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), nous poursuivrons ensemble notre chemin dans l’espérance, « et l’espérance ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

Nous confessons que nous n’avons pas fait, jusqu’à maintenant, tout notre possible pour mieux vivre la communion entre nos communautés. Nous n’avons pas suffisamment fait pour vous confirmer dans la foi et vous donner la nourriture spirituelle dont vous avez besoin dans vos difficultés. Le Seigneur nous invite à une conversion personnelle et collective.

Aujourd’hui, nous retournons à vous pleins d’espoir, de force et de détermination, portant avec nous le message du Synode et ses recommandations, afin de les étudier ensemble et de les appliquer dans nos Églises, chacun selon son état. Nous espérons aussi que ce nouvel effort soit œcuménique.

Nous vous adressons cet humble et sincère appel afin qu’ensemble nous commencions un chemin de conversion, pour nous laisser renouveler par la grâce de l’Esprit-Saint et revenir à Dieu.

À la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la paix, sous la protection de laquelle nous avons mis nos travaux synodaux, nous confions notre marche vers de nouveaux horizons chrétiens et humains, dans la foi au Christ et par la force de sa parole : « voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).

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