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dimanche, 17 septembre 2017

"Amoris laetitia": l'harmonie et la convergence entre les deux Papes

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"Amoris laetitia": l'harmonie et la convergence entre les deux Papes

"La joie de l'amour" est un texte sur la famille qui appartient au Magistère ordinaire du Pape François.

Or, elle peut être lue avec deux lunettes, ou deux herméneutiques déjà évoquées par le Pape Benoît XVI: celle de la rupture ou celle de la réforme (discours à la curie romaine de Noël 2005).

Ce texte sur la famille semble concentrer ou résumer deux approches combatives qui existent depuis le début du pontificat de François. 

L'interprétation de l'exhortation apostolique "Amoris laetitia" du Pape François vue comme une rupture est une fiction médiatique, largement répandue dans les blogs qui n'aiment pas ou qui récupèrent François. Elle est mère de deux attitudes: le progressisme ou le traditionalisme qui ont la même base commune, la même racine: la rupture. Ce deux interprétations sont erronées. 

L'équilibre ou l'interprétation selon la réforme se situent du côté du développement ou de l'approfondissement de la loi de la gradualité. Les prêtres sont des pasteurs qui offrent aux âmes un plan incliné praticable. L'objectif est toujours identique (cf. Saint Jean-Paul II), mais la recherche de la porte ouverte des coeurs devient fondamentale. Il suffit de vouloir faire un petit pas pour s'ouvrir à l'aide de l'Eglise. Cela appelle le dialogue et le discernement. 

L'interprétation droite et correcte est celle de la Miséricorde, celle de la réforme annoncée par le Pape Benoît XVI. De fait, "Amoris laetitia" doit être lue dans la continuité de l'enseignement de l'Eglise. Notamment depuis le Pape Saint Jean XXIII et le bienheureux Paul VI, la Miséricorde est centrale: 

Les paroles riches de sens que saint Jean XXIII a prononçées à l’ouverture du Concile pour montrer le chemin à parcourir reviennent en mémoire: « Aujourd’hui, l’Épouse du Christ, l’Église, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité … L’Eglise catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se montrer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés ».

Dans la même perspective, lors de la conclusion du Concile, le bienheureux Paul VI s’exprimait ainsi : « Nous voulons plutôt souligner que la règle de notre Concile a été avant tout la charité … La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile…. Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne. Des erreurs ont été dénoncées. Oui, parce que c’est l’exigence de la charité comme de la vérité mais, à l’adresse des personnes, il n’y eut que rappel, respect et amour. Au lieu de diagnostics déprimants, des remèdes encourageants ; au lieu de présages funestes, des messages de confiance sont partis du Concile vers le monde contemporain : ses valeurs ont été non seulement respectées, mais honorées ; ses efforts soutenus, ses aspirations purifiées et bénies… toute cette richesse doctrinale ne vise qu’à une chose : servir l’homme. Il s’agit, bien entendu, de tout homme, quels que soient sa condition, sa misère et ses besoins ».

Pape François, Misericordiae vultus

Le Pape émérite Benoît XVI a reconnu, encore tout récemment,  l'idée de la Miséricorde comme un signe des temps

Pour moi, le fait que l'idée de la miséricorde de Dieu devienne de plus en plus centrale et dominante - à partir de Sœur Faustine - dont les visions, à bien des égards, reflètent profondément l'image de Dieu propre à l'homme d'aujourd'hui et son désir de la bonté divine - est un "signe des temps".

La parabole ou l'image de Raphaël 

Au fond, François regarde le coeur la réalité ou la complexité de la pâte humaine et Benoît XVI montre l'objectif. L'image qui me vient en tête est celle de la peinture de Raphaël au musée du Vatican, qui met en image les écoles philosophiques grecs, notamment avec la représentation de Platon et d'Aristote; parabole limitée mais image sans doute parlante. 

Platon tient dans sa main l'un de ses dialogues, qui s'appelle le Timée tandis qu'Aristote a son Éthique à la main. Les gestes des deux philosophes - le premier tend sa main vers le ciel tandis que le second désigne la terre - offrent une représentation symbolique de leurs conceptions philosophiques. Comparaison n'est pas raison dit le dicton; la parabole s'arrête là, car François et Benoît XVI ne s'oppose justement pas. 

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Les deux approches de François et de Benoît XVI ne s'opposent nullement, mais se revoient l'une à l'autre pour s'harmoniser et s'intégrer dans la synthèse de la recherche de la vérité. 

La loi de la gradualité du Pape François, sorte de plan incliné proposé à la personne

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Aristote et son Éthique désigne la terre, représentant le monde sensible et immanent;

ou le Pape François qui descend dans l'épaisseur de la faiblesse humaine

Le plan incliné, la loi de la gradualité ou la porte ouverte du coeur sont résumés dans le petit pas. Sainte Thérèse de Lisieux parlait de lever son petit pied. C'est l'appel à la conversion. 

Dans le livre "le nom de Dieu est Miséricorde", Andrea Tornielli raconte une jolie anecdote. Avant l'édition du livre  François a demandé de changer une de ses phrases: "La médecine existe, la guérison aussi, si seulement nous faisons un petit pas vers Dieu". Après une relecture, le Pape demande à Andrea Tornielli d'écrire plutôt : " ... ou avons au moins le désir de faire ce petit pas".

François est le théologien de la vie, un grand spirituel, qui nous apprend à discerner les mouvement de nos âmes, avec un grand réalisme, conscient de la difficulté de chacune de nos vies. Pour les personnes qui vivent dans des situations irrégulières ou de ruptures fort difficiles, voici ce qu'il dit: 

Amoris laetitia
§ 305. À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église.[351]
*
[note de bas de page 351] Dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des sacrements. Voilà pourquoi, « aux prêtres je rappelle que le confessionnal ne doit pas être une salle de torture mais un lieu de la miséricorde du Seigneur » : (Exhort. ap. Evangelii gaudium 24 novembre 2013, n. 44). Je souligne également que l’Eucharistie « n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles » (Evangelii gaudium, n. 47).

Lors de la confession, si le prêtre discerne une ouverture vers l'enseignement de l'Eglise, alors l'absolution est possible. En fait, tout comme dans son action pastorale, cela a toujours été ainsi dans l'enseignement classique de l'Eglise. 

L'enseignement du Compendium de l'Eglise catholique de Benoît XVI

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Platon et son Timée désigne le ciel;

ou le Pape Benoît XVI qui montre le but, l'objectif, la vie avec le Christ

Pour les personnes divorcées remariées, mais également pour tous et pour chacun, la réalité de l'amitié avec Jésus reste l'objectif final. Ce but, cet idéal est toujours valable. 

Le Compendium de Benoît XVI, dans sa brièveté, sa clarté et son intégralité, s’adresse aussi à toute personne qui, vivant dans un monde incohérent et aux multiples messages, désire connaître le Chemin de la Vie, la Vérité, confiée par Dieu à l’Église de son Fils.

391. Qu’implique pour nous l’accueil de la miséricorde de Dieu ?

Elle implique la reconnaissance de nos fautes et le repentir de nos péchés. Dieu lui-même, par sa Parole et son Esprit, éclaire,nos péchés, nous assure la vérité de notre conscience et l’espérance du pardon.

392. Qu’est-ce que le péché ?

Le péché est « une parole, un acte ou un désir contraires à la Loi éternelle » (saint Augustin). Il est une offense à Dieu, par désobéissance à son amour. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Le Christ, dans sa Passion, éclaire pleinement la gravité du péché et il le vainc par sa miséricorde.

346. Quels sont les effets du sacrement de Mariage ?

Le sacrement de Mariage crée entre les époux un lien perpétuel et exclusif. Dieu lui-même ratifie le consentement des époux. Ainsi, le mariage conclu et consommé entre baptisés ne peut jamais être dissout. D’autre part, le sacrement donne aux époux la grâce nécessaire pour parvenir à la sainteté dans la vie conjugale, et dans l’accueil responsable et l’éducation des enfants.

347. Quels sont les péchés qui sont gravement contre le sacrement de mariage ?

Ce sont : l’adultère; la polygamie parce qu’elle s’oppose à l’égale dignité de l’homme et de la femme, à l’unité et l’exclusivité de l’amour conjugal; le refus de la fécondité, qui prive la vie conjugale du don des enfants; et le divorce, qui va contre l’indissolubilité.

349. Quelle est la position de l’Église à l’égard des divorcés remariés ?

Fidèle au Seigneur, l’Église ne peut reconnaître comme Mariage l’union des divorcés remariés civilement. « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari pour en épouser un autre, elle est coupable d’adultère » (Mc 10,11-12).

À leur égard, l’Église fait preuve d’une sollicitude attentive, les invitant à une vie de foi, à la prière, aux œuvres de charité et à l’éducation chrétienne de leurs enfants. Mais aussi longtemps que dure leur situation, qui est objectivement contraire à la loi de Dieu, ils ne peuvent recevoir l’absolution sacramentelle, ni accéder à la communion eucharistique, ni exercer certaines responsabilités dans l’Église *.

(* le Pape François a demandé de revoir l'exercice de certaines responsabilités )

Si la personne qui vient se confesser désire s'orienter vers cet objectif, cet idéal, le petit pas désiré ou accompli révèle alors la porte ouverte du coeur. La Miséricorde, tel en torrent, s'engouffre dans la moindre petite ouverture. 

Les Evangéliques suisses opposés à la burqa

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Les Evangéliques suisses opposés à la burqa

Les Conseils du Réseau évangélique suisse et de la Schweizerische Evangelische Allianz (SEA-RES) présentent leur point de vue sur les principaux enjeux de ce débat dans un document intitulé “Les enjeux de l’interdiction de dissimuler son visage”.

Cath.ch

jeudi, 14 septembre 2017

Diocèse d'Evreux, France, « retour à l’Eucharistie » de Philippe et Annie. Est-ce Amoris Laetitia ?

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Diocèse d'Evreux, France, « retour à l’Eucharistie » de Philippe et Annie. Est-ce Amoris Laetitia ?

Ce samedi 19 août 2017 à 10h30 en l’église Saint Antonin d’Epaignes (dans l’Eure), une messe qui réunissait 7 prêtres, un diacre, un séminariste, une trentaine de fidèles et présidée par le Père Jean-François BERJONNEAU, « l’un des trois missionnaires de la miséricorde » du Diocèse d’Evreux représentant notre évêque, fêtait le « retour à l’Eucharistie » de Philippe et Annie dont j’avais béni deux ans auparavant (le même jour et dans la même église) les 25 ans de mariage civil.

Philippe et Annie font partie de ceux que l’on appelle les « divorcés remariés » pour lesquels le pape François a eu une attention particulière dans l’exhortation apostolique « Amoris Laetitia » à la suite du synode sur la famille : « La route de l’Eglise, depuis le Concile de Jérusalem, est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration. La route de l’Eglise est celle de ne condamner personne éternellement, de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d’un cœur sincère. Car la charité véritable est toujours imméritée, inconditionnelle et gratuite… ».

Après un long cheminement, un temps de discernement de leurs motivations, avec l’aide d’un accompagnateur spirituel et une journée de retraite dans une abbaye où ils ont reçu le sacrement du pardon, le jour était venu de fêter leur « retour à l’Eucharistie » !

C’était avec beaucoup de joie d’émotion que nous avons vécu ce bel évènement.

MERCI à notre évêque, le Père Christian NOURRICHARD, à Jean-François BERJONNEAU et à l’Eglise diocésaine de suivre cette route de la miséricorde ouverte par Jésus lui-même.

MERCI à Philippe et Annie d’avoir gardé – tout au long de ces années où ils ont été tenus à l’écart des sacrements de l’Eglise - une foi intense et très engagée dans la vie (solidarité avec les pauvres, service de la catéchèse et de l’aumônerie des jeunes…).

Voici le mot de remerciement de Philippe et Annie reçu par Internet dès notre retour : « Merci encore, du fond du cœur, à vous tous, pour votre présence bienveillante en ce jour du 19 août 2017.

Cette présence a été une forte joie pour nous et participe au bonheur que nous procure cette Eucharistie.

Souvenez-vous : « c’est par l’Eucharistie que nous est donnée la Vie de Dieu, le Pain de la route. Recevoir le Pain de Dieu nous invite à partager notre pain avec nos frères en humanité. L’Eucharistie structure la vie chrétienne, elle la ponctue, elle est la respiration dans la vie spirituelle ».

Denis Chautard

Prêtre de la Mission de France à Vernon (Eure)

mercredi, 13 septembre 2017

La GPA, c'est quoi ?

La GPA, c'est quoi ?

Evêques suisses: Amoris Laetitia renouvelle la bonne nouvelle du mariage

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Pour un renouvellement de la pastorale du mariage et des familles à la lumière d’Amoris laetitia : une bonne nouvelle pour tou(te)s

 

Amoris Laetitia: Message de la Conférence des évêques suisses à l’adresse des agents pastoraux, prêtres, diacres et laïcs

Lien

1.       Dans l’action de grâce

Pour l’ensemble de la pastorale

images.pngAvec son exhortation Amoris laetitia, le pape François nous fait un cadeau. Il nous l’offre comme l’aboutissement d’un vaste processus synodal (les deux synodes des évêques de 2014 et 2015). Il nous la propose comme une invitation à la conversion et à l’engagement missionnaire, valable non seulement pour la pastorale des couples et des familles, mais également pour l’ensemble de la pastorale. Il nous invite à développer un style renouvelé de vie ecclésiale, marqué par une culture de l’accueil, de l’accompagnement, du discernement et de l’intégration à tous les niveaux de la pastorale.

Une gerbe de mercis

Ce texte pontifical nous donne l’occasion de remercier chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont participé à la démarche synodale dans nos diocèses. Il nous fournit la possibilité de dire merci à tous les couples et familles de notre pays, qui vivent chacun(e) à sa manière la bonne nouvelle de l’amour. L’évangile de Jésus Christ éclaire leurs histoires concrètes et singulières. Nous avons ainsi l’occasion de rendre grâce pour tous les agents pastoraux (prêtres, diacres et laïcs) et pour tous les bénévoles œuvrant déjà depuis des années au service de la pastorale familiale dans l’esprit d’Amoris laetitia.

À contextualiser et inculturer

Dans le présent document, nous nous contentons de dégager quelques orientations générales, invitant chaque diocèse et région à les inculturer plus spécifiquement dans son contexte. Nous désirons ouvrir un certain nombre de voies pour un renouvellement de la pastorale des couples et des familles, en soulignant qu’elle constitue une dimension transversale présente à la globalité des domaines de la pastorale.

***

 

2.       Un accent nouveau : apprendre à accueillir

Un appel prophétique

Le pape François promeut sans détour « l’évangile du mariage et de la famille », c’est-à-dire ce témoignage que rendent les couples et les familles dans leurs différents parcours de vie à la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour l’humanité. Il rappelle que « en tant que chrétiens nous ne pouvons pas renoncer à proposer le mariage pour ne pas contredire la sensibilité actuelle, pour être à la mode, ou par complexe d’infériorité devant l’effondrement moral et humain. Nous priverions le monde des valeurs que nous pouvons et devons apporter. » (AL 35). Mais cette proposition ne doit pas être présentée comme une loi surplombante et finalement jugeante, mais davantage comme une lumière et comme un appel adressé à tous les hommes de bonne volonté : nous sommes toutes et tous conviés à la joie de l’amour. Car, affirme encore le pape François, « beaucoup ne sentent pas que le message de l’Eglise sur le mariage et la famille est un reflet clair de la prédication et des attitudes de Jésus, qui, en même temps qu’il proposait un idéal exigeant, ne renonçait jamais à une proximité compatissante avec les personnes fragiles, comme la samaritaine ou la femme adultère » (AL 38).

Un texte à lire et faire lire

Il vaut donc vraiment la peine de lire et de faire lire l’ensemble du texte du Saint-Père, car le langage qu’il utilise est proche du quotidien et accessible à tou(te)s. Les services de formation et de pastorale familiale pourront ainsi, par exemple, préparer de petits « guides de lecture » de l’exhortation et y retenir des citations-clés, réparties par grandes thématiques et par destinataires potentiels.

Une attitude fondamentale d’accueil

L’accent mis sur la Révélation conçue en premier lieu comme une vocation vaut pour la globalité de la pastorale. Il se traduit par un regard confiant et réaliste sur l’ensemble des situations de couples et de familles. Nous sommes invités à renoncer au rêve illusoire d’une norme qui serait en elle-même suffisante pour évaluer les différents comportements, comme de l’extérieur et sans nuances (cf. AL 35). « C’est pourquoi, tout en exprimant clairement la doctrine, il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la compléxité des diverses situations ; il est également nécessaire d’être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition » (AL 79).

Un tel regard positif constitue l’attitude de base de l’« accueil » qui sous-tend les trois autres concepts d’accompagnement, de discernement et d’intégration. C’est la base de la pastorale dite « d’engendrement », telle que la vit Jésus dans toutes ses rencontres évangéliques : la reconnaissance que l’Esprit est déjà à l’œuvre en tout être, quel que soit le contexte dans lequel nous nous trouvions ; la valorisation des « semences du Verbe » (les semina Verbi, voir Gaudium et spes 22 et Ad gentes 11), présentes dans toutes les relations interpersonnelles (AL 76-78).

Ainsi, tout en rappelant que « le mariage chrétien, reflet de l’union entre le Christ et son Eglise, se réalise pleinement dans l’union entre un homme et une femme, qui se donnent l’un à l’autre dans un amour exclusif et dans une fidélité libre, s’appartiennent jusqu’à la mort et s’ouvrent à la transmission de la vie, consacrés par le sacrement qui leur confère la grâce pour constituer une Eglise domestique et le ferment d’une vie nouvelle pour la société », et que «d’autres formes d’union contredisent radicalement cet idéal », le pape François affirme que « certaines le réalisent au moins en partie et par analogie, (…) et que l’Eglise ne cesse de valoriser les éléments constructifs dans ces situations qui ne correspondent pas encore ou qui ne correspondent plus à son enseigenemnt sur le mariage » (AL 292).

Ainsi, « dans la perspective de la pédagogie divine, l’Eglise se tourne avec amour vers ceux qui participent à sa vie de façon imparfaite : elle invoque avec eux la grâce de la conversion, les encourage à accomplir le bien, à prendre soin l’un de l’autre avec amour » (AL 78).

Rendre cette bonne nouvelle désirable

Le rôle des agents pastoraux, prêtres, diacres et laïcs, est alors de « révéler », au sens photographique du terme, cette action de la grâce qui nous précède et les valeurs que portent déjà ceux que nous rencontrons. Nous sommes invités non pas à imposer, mais à rendre désirable la « bonne nouvelle de la famille » (AL 36), en nous greffant sur le « désir d’amour fidèle et de famille » qui reste vif, notamment chez les jeunes, malgré toutes les fragilités qui marquent la « culture actuelle du relatif et du provisoire »(cf. AL 39).

***

3.       L’intention pastorale de toute doctrine

La doctrine est don et miséricorde

images.jpegEn prolongement de l’année sainte du Jubilé, deux termes parcourent l’exhortation comme un leitmotiv : la grâce d’un Dieu Trinité d’amour qui se donne (AL 71-72) et la miséricorde qui implique proximité et compassion de la part de tous ceux qui se réclament du Christ (AL 297).

Le « principe miséricorde » est le « cœur battant » de la doctrine chrétienne (AL 309), parce qu’il est au centre de la « condescendance » d’un Dieu qui se rend proche de l’humanité. C’est ce principe de compassion qui fait le lien entre la « logique de l’Évangile » et de la doctrine, et la « logique de la pastorale » (AL 307-312). Comme le dit le cardinal Schönborn (Le regard du Bon Pasteur, Bex / Paris, Parole et Silence, 2016, p. 86) :

« La doctrine sans la pastorale n’est que "cymbale retentissante" (1 Corinthiens 13,1). La pastorale sans la doctrine n’est que « vue humaine » (Matthieu 16,23). La doctrine, c’est d’abord la Bonne Nouvelle : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. C’est l’annonce de la vérité fondamentale de la foi : Dieu a fait miséricorde. »

 

La pédagogie divine

Au lieu de les opposer en une tension irréconciliable, il s’agit donc d’articuler entre elles « la proposition d’un idéal exigeant », sans idéalisation irréaliste mais ouverte à la grâce, et « la proximité compatissante avec les personnes fragiles » (AL 35-38). Ce sont les deux versants d’une même pièce, les deux facettes d’un même mystère de gratuité : c’est la « divine pédagogie de la grâce dans nos vies » (AL 297).

Une conversion missionnaire

Comment dépasser ce genre de dilemme ? Il y faut une conversion pastorale, une « sortie réelle » (cf. Evangelii gaudium 20-26) vers des rencontres qui, dans « l’innombrable diversité des situations concrètes » (AL 300), permettent de toucher de près le « bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité » (AL 308). Il y faut des rencontres effectives avec des personnes renvoyées chacune à sa propre conscience (AL 37), ce que le pape appelle une pastorale du « corps à corps » (Lettre du pape aux évêques de la région de Buenos Aires, 5.9.2016) [1].

La plus haute tradition théologique, que le Saint-Père invoque à l’appui de sa réflexion, va dans le même sens. Saint Thomas affirme que la doctrine considérée comme une norme est insuffisante face aux situations particulières de l’existence : « Plus on entre dans les détails, plus les exceptions se multiplient » (Somme théologique, IIa-IIae, q. 94, art. 4, cité en AL 304).

Car la réalité des personnes est plus importante que les idées générales, selon l’un des quatre principes dégagés dans Evangelii gaudium (EG 231-233). La volonté de Dieu est toujours infiniment concrète, dans chaque situation. Elle ne se réduit jamais à une simple conformité aux lois morales (cf. AL 304-305), mais relève d’un accompagnement spirituel demandant que « nous acceptions vraiment d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres » (AL 308, cf. EG, n. 270).

La loi de gradualité

D’où la « loi de gradualité » (AL 293-295) qui préside à la pastorale et permet de rechercher en chaque circonstance « le bien qui est possible » (EG 44). L’enseignement de l’Église joue le rôle de panneau indicateur placé sur le chemin, pour éviter de se perdre ; l’Évangile est le sommet vers lequel nous tendons ; la force qui nous dynamise est la joie de l’Esprit au fond de notre être ; l’agent pastoral est le guide qui soutient et encourage ; le sacrement de mariage n’est pas une récompense, mais un signe précieux de l’amour de Dieu toujours réalisé de manière imparfaite : « Il ne faut pas faire peser sur deux personnes ayant leurs limites la terrible charge d’avoir à reproduire de manière parfaite l’union qui existe entre le Christ et son Église » (AL 122).

L’Écriture, compagne de voyage

Sur ce chemin, la Parole de Dieu ne se révèle pas comme une séquence de thèses abstraites, mais comme une « compagne de voyage », y compris pour les familles en crise ou en souffrance : elle montre à tous le but du chemin (AL 22).

***

De là découlent un certain nombre d’attitudes et « compétences » pastorales à acquérir et développer.

4.       Apprendre à regarder

La pastorale du regard

Lire les Écritures nous permet d’adopter le regard de Jésus, puisque tout le mystère de la foi tient dans l’imitation du Christ : on a la doctrine et la pastorale de son regard !

Il convient donc, pour suivre le pape François, d’apprendre à regarder en profondeur pour pouvoir nous accompagner mutuellement sur les chemins de la vie. C’est-à-dire savoir regarder l’expérience vécue au-delà de la surface, dans la pénombre des coulisses de la société et de nos maisons, au fond des consciences ; en interaction avec le monde de l’éducation et de la culture, du travail, de l’économie et de la politique ; en collaboration avec les sciences humaines, la sociologie, la psychologie et la pédagogie. C’est par ce long apprentissage que débute la « conversion missionnaire » de l’Église, à laquelle l’évêque de Rome nous convie.

Cela vaut autant du regard de chacun sur ses proches (chap. 4 et 5) que du regard pastoral ou éducateur (chap. 6 et 7) : « C’est une profonde expérience spirituelle de contempler chaque proche avec les yeux de Dieu et de reconnaître le Christ en lui » (AL 323).

À toutes les étapes

C’est ce regard contemplatif que François détaille à travers les attitudes de l’hymne de saint Paul à l’amour (caritas) (1 Corinthiens 13), égrenées comme les perles d’un chapelet (AL 90-119). La catéchèse des jeunes et toute la pastorale familiale sont invitées à cultiver ce regard sur l’amitié et l’amour au long de leurs étapes de maturation. Par exemple dans la préparation au mariage, lorsque l’amour est éclairé par la grâce du sacrement : celui-ci est vu alors comme « l’union affective » (saint Thomas, Somme théologique IIa-IIae, q. 27, a. 2) « qui inclut la tendresse de l’amitié et la passion érotique, bien qu’elle soit capable de subsister même lorsque les sentiments et la passion s’affaiblissent ». (AL 120).

Puis dans le cadre de la famille élargie, à travers les difficultés du quotidien, afin de rendre le monde « domestique et habitable ». En effet, la fraternité vécue en famille « rayonne comme une promesse sur toute la société » (AL 187-194). Enfin, sur la transformation de l’amour et de la tendresse, alors que la durée de vie s’allonge (AL 163-164).

Un regard différencié

Ainsi, nous sommes invités à poser sur la réalité un « regard différencié », tel que déjà esquissé par Familiaris consortio de Jean-Paul II (FC 84 ; cf. AL 297-300). Il convient de rejoindre les gens là où ils sont et de découvrir les éléments positifs déjà vécus par les couples et les familles, y compris celles qui n’incarnent pas l’idéal chrétien. Puis de les amener à aller plus loin, « en cherchant à les transformer [ces situations humaines] en occasions de cheminement vers la plénitude du mariage et de la famille à la lumière de l’Évangile. Il s’agit de les accueillir et de les accompagner avec patience et délicatesse »(AL 294).

La pastorale du « focus »

François rejette ainsi à la fois le rigorisme et le laxisme, c’est-à-dire une pastorale plus rigide qui prétend tout résoudre en appliquant les normes générales (AL 304, 308), autant qu’une pastorale de concessions qui conduirait à penser que « l’Église entretient une double morale » (AL 300 ; 2). Le nouveau « point de vue » ainsi proposé est encore plus exigeant en fait. Il requiert la capacité d’ajuster à la manière d’un « focus » l’œil de notre caméra intérieure. Avec beaucoup de mobilité de cœur. Bref, avec la nécessité permanente d’emprunter la via caritatis.

***

5.       Apprendre à accompagner

Dieu nous accompagne

Autre compétence pastorale à travailler, l’« accompagnement » (du latin ad-cum-panis, chercher à partager le pain avec). Cette attitude est requise parce que « la condescendance divine accompagne toujours le chemin de l’homme » (AL 62). Et du fait que Jésus Bon Pasteur ne se contente pas des 99 brebis au bercail. Il les veut toutes, il cherche la 100e (AL 309).

Un accompagnement par et pour tous

Puisque les époux, selon la tradition latine, sont les « ministres du sacrement » (AL 75), ils sont également de véritables « ministres éducatifs » (AL 85). Par la grâce du mariage, ils deviennent eux-mêmes les « principaux acteurs de la pastorale familiale » (AL 200). Il s’agit donc de miser sur les compétences des familles et de donner les moyens aux parents d’éveiller leurs enfants à la justice, la paix, la vérité, l’amour et la foi (AL, chap. 7).

De plus, c’est toute la communauté chrétienne qui est chargée de cet accompagnement pastoral (AL202 ; 206 ; 207). Car l’accompagnement mutuel dans les communautés passe par la présence contagieuse et rayonnante de jeunes couples et familles. Nos projets diocésains souhaitent donc faire de la pastorale conjugale et familiale une préoccupation « générique » et prioritaire (AL 200), et lui octroyer les ressources nécessaires pour la soutenir et la renforcer. Il est important qu’elle soit l’affaire de tous, et pas seulement de quelques spécialistes. Aussi, chaque équipe pastorale veillera à désigner en son sein un « délégué à la pastorale familiale » qui puisse porter ce souci à la base, dans chaque contexte particulier.

Un accompagnement progressif

Comme pour le « regard pastoral », l’accompagnement des couples et des familles est appelé à se moduler par étapes, en fonction des enjeux spirituels qui sont attachés à chacune d’elles. Il se déploie comme une véritable « catéchèse de cheminement » avec

–       le temps des fiançailles, à revaloriser ;

–       celui de la préparation du mariage, par l’acquisition des « vertus » évangéliques et l’approfondissement de la spiritualité conjugale (AL 205-216), en une sorte de « catéchuménat du mariage », intégré dans l’ensemble de l’itinéraire d’initiation chrétienne (en lien avec le baptême, la confirmation, l’eucharistie, le pardon) : les diocèses s’efforceront d’établir des standards minimaux communs, combinant des dialogues avec le célébrant et des rencontres à plusieurs couples ;

–       le suivi des premières années de vie matrimoniale, à travers des formules souples de « formation continue », sur ce qui permet de vivre au mieux le quotidien (best practices), sur ce qui rend fort le couple, et par le biais de diverses formes de groupes de foyers (AL 217-230). Car le sacrement de mariage n’est pas un signal d’arrivée, mais le point de départ d’un processus de croissance. « L’une des causes qui conduisent à des ruptures matrimoniales est d’avoir des attentes trop élevées sur la vie conjugale. Lorsqu’on découvre la réalité, plus limitée et plus difficile que ce que l’on avait rêvé, la solution n’est pas de penser rapidement et de manière irresponsable à la séparation, mais d’assumer le mariage comme un chemin de maturation, où chacun des conjoints est un instrument de Dieu pour faire grandir l’autre » (AL 221) ;

–       les inévitables épreuves surmontées (AL 231-238), avec parfois le retour inattendu d’anciennes blessures (AL 239-240), la vigilance envers les enfants pour qu’ils ne soient pas victimes des difficultés (AL 245-246), et finalement l’expérience du deuil (AL 253-258).

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6.       Apprendre à discerner

Accompagner jusqu’au bout, en toute situation

Un tel accompagnement dans la durée requiert du doigté et de l’attention, afin d’apporter du soutien au sein des situations les plus diverses. L’accompagnement doit aller jusqu’au bout et aider à traverser les crises, au sens de moments décisifs, car chacune d’elles « cache une bonne nouvelle qu’il faut savoir écouter en affinant l’ouïe du cœur » (AL 232).

Une culture du discernement

Cela implique de mettre en place au sein de la vie ecclésiale une « culture du discernement » (dans la tradition ignatienne), notamment par rapport aux nombreuses situations particulières et complexes (AL247-252 ; 296-300).

Si la norme demeure une référence valable pour tous, c’est le rapport à la loi évangélique qui doit être constamment revu et ajusté, en considérant qu’elle ne permet pas sans autre de saisir la particularité de chaque problématique concrète (AL 304-305). En effet, les « circonstances atténuantes » permettent dans certains cas « de diminuer, voire supprimer la responsabilité personnelle » (AL 302 ; cf. Catéchisme de lʼEglise catholique CEC, n. 1735).

Éclairer la conscience

La reconnaissance des conditionnements et des complexités de l’existence doit aussi amener à mieux éveiller en pastorale la conscience morale des gens et à davantage la prendre en compte dans le discernement  (AL 37 ; 222 ; 303). Le rôle des agents pastoraux consiste alors à éclairer la conscience des personnes avec qui ils cheminent et à les renvoyer constamment à cette boussole intérieure (AL298-300) : elle demeure le sanctuaire où chacun peut entendre la « voix de Dieu », à laquelle tous sont donc tenus d’obéir (Gaudium et spes 16).

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7.       Apprendre à intégrer

L’Église pour tous

À la suite du pape François, nous prônons également une culture de l’intégration et de la compassion (cf. AL 296), y compris pour les couples et les familles en situation objective de rupture ou d’inadéquation à la norme de l’Église. Dans cette perspective, il est toujours possible « [qu’] on puisse vivre dans la grâce de Dieu […] et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église » (AL 305), et que dans certains cas, il puisse s’agir de l’aide des sacrements (cf. AL notes 336 et 351).

Une logique de l’intégration

Nous invitons donc à préférer en tous temps la logique de l’intégration à celle de l’exclusion : « "Deux logiques parcourent toute l’histoire de l’Église : exclure et réintégrer […]. La route de l’Église, depuis le Concile de Jérusalem, est toujours celle de Jésus : celle de la miséricorde et de l’intégration […]. La route de l’Église est celle de ne condamner personne éternellement ; de répandre la miséricorde de Dieu sur toutes les personnes qui la demandent d’un cœur sincère […Car] la charité véritable est toujours imméritée, inconditionnelle et gratuite !" » (AL 296)

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8.       Quelques implications pastorales

Des propositions déjà émises

Nous avons déjà mentionné plusieurs propositions : rendre désirable la bonne nouvelle de l’amour, du mariage et des familles ; aider le maximum de fidèles à découvrir l’exhortation par des guides de lecture ; adopter un style pastoral qui privilégie l’accueil et l’attention à chaque situation ; accompagner jusqu’au bout, discerner et éclairer les consciences, intégrer les personnes, quelles que soient leurs situations.

Nous souhaitons d’abord intensifier ce qui existe déjà : les projets diocésains de pastorale familiale et de préparation au mariage ; les offres de catéchèse d’adultes pour aider les parents à exercer leur ministère éducatif (dans le sens de l’empowerment) ; les groupes de foyers.

Formation à l’écoute et à l’accompagnement

Puis nous désirons renforcer la formation initiale et permanente des agents pastoraux à l’écoute, à l’accompagnement pastoral et spirituel différencié, dans notre Église intégrative et bigarrée. Cela pourra passer par des sessions de formation diocésaines ou cantonales consacrées à cette thématique, par des parcours alliant formation au discernement, relecture de pratiques et supervision.

Collaborations interdisciplinaires

Cela exigera des collaborations interdisciplinaires avec d’autres intervenants que des théologiens, des spirituels ou des pasteurs (psychologues, thérapeutes, juristes), afin de permettre de mieux approcher les réalités familiales concrètes dans leur infinie diversité.

Permanence d’écoute

Cela débouchera sur la désignation, dans chaque équipe pastorale ou région, d’un responsable local de la pastorale familiale, collaborant étroitement avec les services cantonaux et diocésains. Puis sur l’ouverture éventuelle de permanences d’écoute, de centres de discernement conjugal et familial, pour favoriser une réelle proximité et une pastorale du « corps à corps ».

Groupes d’accompagnement

Et cela peut conduire à la création de groupes d’accompagnement et de partage de la p(P)arole pour personnes seules, divorcées, divorcées remariées, homosexuelles, etc. ; mais aussipour celles séparées ou divorcées voulant rester dans la fidélité à leur conjoint, comme il en existe déjà.

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9.       Conclusion : un parcours de croissance pour tous

L’Exhortation Amoris laetitia du pape François se présente ainsi comme la mise en œuvre de Vatican II et de son attention à notre condition historique dans le domaine de la pastorale familiale. Les mots « temps, chemin, croissance, maturation, parcours, processus » reviennent sans cesse : la construction de l’amour est une dynamique à accompagner avec finesse et persévérance. Elle vaut pour chacun(e) de nous, au nom de notre égalité baptismale foncière. « Aucune famille n’est une réalité céleste et constituée une fois pour toutes, mais la famille exige une maturation progressive de sa capacité dʼaimer. Il y a un appel constant qui vient de la communion pleine de la Trinité, de la merveilleuse union entre le Christ et son Église » (AL 325).

D’où ce cri qui clôt le document, nous pressant à ne jamais désespérer du travail de la grâce : « Tous, nous sommes appelés à maintenir vive la tension vers un au-delà de nous-mêmes et de nos limites. […] Cheminons, familles, continuons à marcher ! Ce qui nous est promis est toujours plus » (AL 325). C’est à l’accompagnement avec patience des étapes possibles de croissance des personnes que doit s’employer notre pastorale. Pour ouvrir la voie « à la miséricorde du Seigneur qui nous stimule à faire le bien qui est possible » (AL 308, EG 44).

 

St. Niklausen (OW), le 5 septembre 2017

Les évêques et les abbés territoriaux de Suisse

L'évêque auxiliaire de Lyon redécouvre la raison du célibat par une personne malade du Sida

L'évêque auxiliaire de Lyon redécouvre la raison du célibat par une personne malade du Sida

Unknown.jpegMgr Emmanuel Gobilliard, 49 ans, est le plus jeune évêque de France. Le pape François l’a nommé à Lyon pour aérer un diocèse asphyxié par les affaires de pédophilie qui ont fait la une des médias.

Le souverain pontife avait remarqué un texte qu’il avait écrit l’année de ses quarante ans : Le célibat est un dur combat, mais c’est un beau combat

Cette année-là, Emmanuel décide de quitter le confort de sa paroisse pour une mission à Madagascar. Il traverse alors une véritable crise de foi.

"Je me retrouve dans un contexte difficile, un milieu très pauvre, presque misérable, sans eau ni électricité. On dort sur une planche avec des moustiques partout, dans une chaleur à crever. Et là, on se sent seul. Je me suis demandé ce qu’était le célibat. J’avais besoin d’une présence féminine", explique-t-il au magazine "13h15 le samedi" (FacebookTwitter#13h15).

"Quand tu es là, je me repose dans ton cœur"


VIDEO. "13h15". Quand le plus jeune évêque de France a compris le sens de son célibat

mardi, 12 septembre 2017

PMA sans père : Alliance VITA mobilisée pour défendre les enfants

 

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"Les jeunes déracinés demandent de l’aide,veulent retrouver leurs racines.Toute chose ce qui va contre les racines leur vole l’espérance" Pape François

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PMA - Emmanuel Macron y était favorable.

Ce mardi 12 septembre, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, a confirmé que la PMA serait ouverte à toutes les femmes en 2018, ou du moins que le gouvernement le proposera aux parlementaires de voter cette extension en 2018.

Invitée sur le plateau de BFMTV, elle affirme: "Evidemment, le président tiendra son engagement d'ouvrir la PMA à toutes les femmes pendant le quinquennat. En terme de calendrier, nous serons sur l'année qui arrive, 2018".

PMA sans père : Alliance VITA mobilisée pour défendre les enfants 

Pour Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA :

Unknown-1.jpeg« Il est gravissime que  la secrétaire d’état, dont la mission est d’œuvrer à l’égalité entre les femmes et les hommes, affirme que la PMA sans père est une question de « justice sociale ». Quel abus de langage ! Cela revient à instituer la loi du plus fort et cautionner une injustice originelle pour les enfants. Institutionnaliser la privation délibérée de père, c’est condamner les enfants à une double peine : en plus de les priver d’une partie de leur origine biologique, c’est les priver volontairement de toute relation paternelle.

C’est une véritable maltraitance originelle et un abus de pouvoir que l’on infligerait ainsi aux enfants, en leur refusant cette double filiation paternelle et maternelle constitutive de leur identité. Sans compter que céder à ces revendications ultra minoritaires ne peut qu’enclencher un effet domino, et la revendication d’hommes d’accéder à la Gestation par autrui (GPA) avec des mères porteuses. »

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, rappelle également : 

images-1.jpeg« Nous en appelons au président de la République. A lui de dire quelles sont ses priorités pour la France. Le gouvernement ne peut ignorer l’immense risque d’ouvrir une nouvelle bataille sociétale qui diviserait en profondeur les Français, alors qu’il faut plus que jamais les rassembler et apaiser les tensions. 

Si Emmanuel Macron lance ce rideau de fumée sociétal, nous devrons dénoncer dans la rue l’injustice faite aux enfants. La résistance à la PMA sans père, au nom du « droit de l’enfant » qui s’oppose au « droit à l’enfant », nous mobilise fortement, ainsi que de nombreux autres mouvements de toutes les sensibilités politiques et philosophiques.

Il s’agit de prévenir ensemble ce basculement décisif vers le grand marché globalisé de la procréation. L’ultra-libéralisme ignore le droit des plus faibles, car il conçoit l’être humain comme un produit qu’on peut acquérir. Nous sommes tous prêts à descendre dans la rue sur la base d’un collectif le plus large possible. C’est l’honneur de la France, pays des droits universels de l’Homme, que de résister à la marchandisation du corps. »

Le Pape François et l'émigration

Le Pape François et l'émigration

Unknown.jpegAprès la publication du message du pape François* pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, le Souverain pontife s’est de nouveau exprimé en conférence de presse:

Il a exprimé sa « gratitude pour l’Italie et la Grèce parce qu’elles ont ouvert leurs cœurs aux migrants » « Il ne suffit pas d’ouvrir son cœur. La question des migrants est d’abord un cœur ouvert, toujours : c’est un commandement de Dieu. […] 

Mais un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre du gouvernant, c’est-à-dire la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord : combien ai-je de places ? Deuxièmement : il ne suffit pas de les recevoir mais de les intégrer. »  ... « Un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre d’un gouvernant, c’est-à-dire la prudence. ... 

Troisièmement, il y a un problème humanitaire. L’humanité prend conscience de ces Lagers [camps] dans le désert et des conditions de vie qui y règnent. J’ai vu les photographies. Il y a d’abord les exploiteurs. J’en ai parlé au gouvernement italien et j’ai l’impression qu’il fait tout son possible pour résoudre les problèmes humanitaires, y compris ceux qu’on ne peut résoudre. »

« J’ai parlé de la politique d’intégration de la Suède comme un modèle. Mais même la Suède à un moment a dit “Un nombre plus important, je ne peux pas, car il y a le risque de la non-intégration“ ».

* Le principe de la centralité de la personne humaine, fermement affirmé par mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI (Cf. Lettre encyclique Caritas in veritate, 47), nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale.

Le Pape François se souvient d'une fille de Lesbos: elle est intégrée et étudie !

A-aeroport-Ciampino-Italie-samedi-16-avril-pape-Francois-salue-refugies-syriens-embarque-papal-depuis-Lesbos-Grece_0_1400_931.jpgJ’ai vu en Italie, des exemples de très belle intégration. Je suis allé à l’Université Roma Tre, quatre étudiants m’ont posé des questions.

J’en regardais une, la dernière : mais ce visage, je le connais. C’était une étudiante qui, moins d’un an plus tôt, était venu de Lesbos avec moi en avion, elle a appris la langue, elle étudiait la biologie dans sa patrie, elle a fait l’équivalence et maintenant elle continue. Cela s’appelle intégrer.

De retour de la Colombie, le Pape François en conférence de presse: le réchauffement climatique et Donald Trump

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Pape François: j’ai entendu parler le président des États-Unis qui se présentait comme un homme pro-vie

 

Pape François en conférence de presse: le réchauffement climatique et Donald Trump

Le réchauffement  climatique:  « aller chez les scientifiques et leur demander. Ils parlent très clairement, [et] sont très précis » a-t-il assuré avant d’expliquer que « chacun de nous a une responsabilité. Plus ou moins grande. Une responsabilité morale. En acceptant l’opinion ou en prenant des décisions. Et nous devons prendre cela au sérieux. […] L’histoire jugera les décisions. »

Décision de Donald Trump d’abandonner un programme mis en place par Obama (protection des illégaux arrivés très jeunes aux États-Unis): 

« Séparer les jeunes de leur famille n’est pas quelque chose qui donne du bon fruit. Ni pour les jeunes, ni pour la famille » ...

... « J’ai entendu parler le président des États-Unis qui se présentait comme un homme pro-vie. S’il est vraiment pro-vie, il comprend que la famille est le soin de la vie et qu’il faut défendre l’unité » ... « le rapport d’un jeune avec ses racines est très important » ...

« Les jeunes déracinés aujourd'hui demandent de l’aide. Ils veulent retrouver leurs racines. C’est pourquoi j’insiste tant sur le dialogue entre les jeunes et les anciens […] Toute chose ce qui va contre les racines leur vole l’espérance. »

lundi, 11 septembre 2017

Colombie, conférence de presse du Pape François: précision sur les migrants

Discours Anne-Caroline Graber, « Loi sur les Eglises nationales bernoises ». Une élue fait entendre sa voix - une lionne face à l'ours bernois ?

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Suisse, Berne, loi Eglise catholique-Etat: certains ont voulu imposer une disposition :

 

«les hommes et les femmes sont égaux pour être admis à exercer la fonction d’ecclésiaste».

 

Une élue fait entendre sa voix; une lionne face à l'ours bernois ?

 

Suisse, canton de Berne: imposer à l’Eglise catholique l’ouverture de la prêtrise aux femmes ? Aucun Etat ne connaît pareille disposition ! Même pas les dictatures ! ... ne sont allés aussi loin !

Lien: Journal du Jura

Discours Anne-Caroline Graber, « Loi sur les Eglises nationales bernoises » (art.15)

 

Madame la Présidente,

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Chères et chers collègues,

 

images-2.jpegAujourd’hui, je m’étonne de ne pas voir sur la tribune de la presse Euronews, CNN, le Corriere della Sera, Der Spiegel ou encore le New-York Times !

En effet, si le Grand Conseil acceptait la proposition Wüthrich PS, nous serions le seul pouvoir étatique du monde à imposer à l’Eglise catholique l’ouverture de la prêtrise aux femmes. Aucun Etat ne connaît pareille disposition ! Même pas les dictatures ! Ni Staline, ni Khrouchtchev, ni Brejnev, ni Andropov, ni Tchernenko, ni Gorbatchev ne sont allés aussi loin en matière d’ingérence dans l’organisation de l’Eglise catholique. Et pourtant l’URSS a violemment persécuté les chrétiens. 

L’Etat n’a pas à imposer l’ouverture de la prêtrise aux femmes. La question est certes intéressante mais ce n’est pas à nous autorité étatique d’en débattre et encore moins de trancher dans ce domaine. C’est à l’Eglise catholique, c’est au Vatican de décider de s’emparer de cette question dans un Concile par exemple et de décider d’un changement cas échéant.

Mon point de vue est celui d’une libérale qui considère que l’Etat, même dans un modèle de reconnaissance de certaines églises dites nationales, doit respecter la liberté d’organisation des églises. Or ce n’est pas le cas avec la proposition PS qui représente une véritable déclaration de guerre à l’Eglise catholique en cherchant à faire ressurgir l’esprit du Kulturkampf.  

Finalement ce débat montre que le meilleur modèle, le plus juste et le plus limpide pour régir les relations entre le pouvoir étatique et les religions est celui d’une séparation entre l’Etat et l’Eglise. Notons que cette variante n’implique pas du tout une hostilité de l’Etat envers la religion ainsi qu’en témoigne l’exemple des USA. Avec ce modèle nous ne discuterions pas de propositions incongrues telles que celle dont nous discutons (avec tout le respect que j’ai pour l’envergure politique de mon collègue Wüthrich).

Cette dernière a-t-elle été déposée pour provoquer ou par méconnaissance de l’histoire et des institutions ? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, elle traduit une vive hostilité envers l’Eglise catholique et une volonté de mise au pas que l’on ne rencontre dans aucun pays. Notons au passage qu’elle entre également en totale contradiction avec l’objectif de donner davantage d’autonomie aux Eglises.

En conclusion, ai-je besoin de vous recommander de rejeter la proposition du PS même si, par ailleurs, j’ai beaucoup d’estime pour son porte-parole.

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Discours Anne-Caroline Graber, « Loi sur les Eglises nationales bernoises »

Dans l’idéal, il serait opportun que les Eglises et l’Etat soient séparés; cette dernière est en effet largement plus répandue aux Etats-Unis ...  

Madame la Présidente,

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Chères et chers collègues,

 

Unknown-1.jpegMême si les implications financières de la loi sur les Eglises nationales ne sont pas de grande ampleur, cette dernière norme l’une des dimensions les plus importantes de nos sociétés : l’articulation institutionnelle entre le spirituel et le temporel, les relations entre l’Etat et les groupements religieux actifs sur son territoire.

Dans l’idéal, il serait opportun que les Eglises et l’Etat soient séparés afin que chacune et chacun puisse rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Les liens entre l’Etat et les Eglises ou l’absence de tels liens n’influent que très peu sur la pratique religieuse.

Dans l’idéal, il serait opportun que les Eglises et l’Etat soient séparés; cette dernière est en effet largement plus répandue aux Etats-Unis ...

Cette dernière est en effet largement plus répandue aux Etats-Unis où les Eglises et l’Etat sont totalement séparés qu’en Allemagne, pays dans lequel de tels liens institutionnels existent. 

L’Histoire de notre canton et la tradition étant ce qu’elles sont, il est illusoire, pour l’heure, d’envisager chez nous une séparation entre les Eglises dites nationales et l’Etat, séparation qui, soit dit en passant, ne signifie d’aucune manière une aversion de l’Etat à l’égard de la pratique active de la foi.

Je me bornerai dès lors à vous faire part de mon sentiment s’agissant de la proposition de la minorité de la Commission CIRE relative à l’art. 3, alinéa 1. Les auteurs de cette proposition demandent que les Eglises nationales contribuent à la paix confessionnelle, à la formation religieuses et à la sauvegarde du patrimoine culturel non seulement en référence à l’intérêt général et à la solidarité mais aussi en tenant compte de la culture et des principes chrétiens occidentaux.

Il semble curieux, voire incohérent, que l’on veuille maintenir l’existence d’Eglises nationales reconnues par l’Etat en refusant une référence aux valeurs spécifiquement chrétiennes qui constituent l’héritage culturel le plus ancien et le plus profond de notre société. Cela paraît d’autant plus paradoxal que la loi sur les Eglises nationales ne reconnaît justement que des Eglises chrétiennes ! 

On a comme l’impression que d’aucunes et d’aucuns voudraient des Eglises nationales déconnectées des enseignements spécifiques fondamentaux qui se trouvent à leur origine ! Ou encore qu’ils souhaitent des Eglises qu’elles remplissent surtout la mission de recouvrir d’un vague vernis spirituel les valeurs dominantes de la société.

La cohérence veut manifestement que si l’on désire maintenir la reconnaissance publique de certaines Eglises chrétiennes, il convient de mentionner aussi dans la loi le respect de la culture et des principes chrétiens.

Je recommande d’autant plus clairement d’accepter la proposition dont nous débattons que cette dernière présente une valeur purement déclamatoire.

Pape François: Dominique Wolton chez Ruquier "On n'est pas couché"

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