lundi, 11 septembre 2017
Discours Anne-Caroline Graber, « Loi sur les Eglises nationales bernoises ». Une élue fait entendre sa voix - une lionne face à l'ours bernois ?
Suisse, Berne, loi Eglise catholique-Etat: certains ont voulu imposer une disposition :
«les hommes et les femmes sont égaux pour être admis à exercer la fonction d’ecclésiaste».
Une élue fait entendre sa voix; une lionne face à l'ours bernois ?
Suisse, canton de Berne: imposer à l’Eglise catholique l’ouverture de la prêtrise aux femmes ? Aucun Etat ne connaît pareille disposition ! Même pas les dictatures ! ... ne sont allés aussi loin !
Discours Anne-Caroline Graber, « Loi sur les Eglises nationales bernoises » (art.15)
Madame la Présidente,
Monsieur le Conseiller d’Etat,
Chères et chers collègues,
Aujourd’hui, je m’étonne de ne pas voir sur la tribune de la presse Euronews, CNN, le Corriere della Sera, Der Spiegel ou encore le New-York Times !
En effet, si le Grand Conseil acceptait la proposition Wüthrich PS, nous serions le seul pouvoir étatique du monde à imposer à l’Eglise catholique l’ouverture de la prêtrise aux femmes. Aucun Etat ne connaît pareille disposition ! Même pas les dictatures ! Ni Staline, ni Khrouchtchev, ni Brejnev, ni Andropov, ni Tchernenko, ni Gorbatchev ne sont allés aussi loin en matière d’ingérence dans l’organisation de l’Eglise catholique. Et pourtant l’URSS a violemment persécuté les chrétiens.
L’Etat n’a pas à imposer l’ouverture de la prêtrise aux femmes. La question est certes intéressante mais ce n’est pas à nous autorité étatique d’en débattre et encore moins de trancher dans ce domaine. C’est à l’Eglise catholique, c’est au Vatican de décider de s’emparer de cette question dans un Concile par exemple et de décider d’un changement cas échéant.
Mon point de vue est celui d’une libérale qui considère que l’Etat, même dans un modèle de reconnaissance de certaines églises dites nationales, doit respecter la liberté d’organisation des églises. Or ce n’est pas le cas avec la proposition PS qui représente une véritable déclaration de guerre à l’Eglise catholique en cherchant à faire ressurgir l’esprit du Kulturkampf.
Finalement ce débat montre que le meilleur modèle, le plus juste et le plus limpide pour régir les relations entre le pouvoir étatique et les religions est celui d’une séparation entre l’Etat et l’Eglise. Notons que cette variante n’implique pas du tout une hostilité de l’Etat envers la religion ainsi qu’en témoigne l’exemple des USA. Avec ce modèle nous ne discuterions pas de propositions incongrues telles que celle dont nous discutons (avec tout le respect que j’ai pour l’envergure politique de mon collègue Wüthrich).
Cette dernière a-t-elle été déposée pour provoquer ou par méconnaissance de l’histoire et des institutions ? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, elle traduit une vive hostilité envers l’Eglise catholique et une volonté de mise au pas que l’on ne rencontre dans aucun pays. Notons au passage qu’elle entre également en totale contradiction avec l’objectif de donner davantage d’autonomie aux Eglises.
En conclusion, ai-je besoin de vous recommander de rejeter la proposition du PS même si, par ailleurs, j’ai beaucoup d’estime pour son porte-parole.
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Discours Anne-Caroline Graber, « Loi sur les Eglises nationales bernoises »
Dans l’idéal, il serait opportun que les Eglises et l’Etat soient séparés; cette dernière est en effet largement plus répandue aux Etats-Unis ...
Madame la Présidente,
Monsieur le Conseiller d’Etat,
Chères et chers collègues,
Même si les implications financières de la loi sur les Eglises nationales ne sont pas de grande ampleur, cette dernière norme l’une des dimensions les plus importantes de nos sociétés : l’articulation institutionnelle entre le spirituel et le temporel, les relations entre l’Etat et les groupements religieux actifs sur son territoire.
Dans l’idéal, il serait opportun que les Eglises et l’Etat soient séparés afin que chacune et chacun puisse rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Les liens entre l’Etat et les Eglises ou l’absence de tels liens n’influent que très peu sur la pratique religieuse.
Dans l’idéal, il serait opportun que les Eglises et l’Etat soient séparés; cette dernière est en effet largement plus répandue aux Etats-Unis ...
Cette dernière est en effet largement plus répandue aux Etats-Unis où les Eglises et l’Etat sont totalement séparés qu’en Allemagne, pays dans lequel de tels liens institutionnels existent.
L’Histoire de notre canton et la tradition étant ce qu’elles sont, il est illusoire, pour l’heure, d’envisager chez nous une séparation entre les Eglises dites nationales et l’Etat, séparation qui, soit dit en passant, ne signifie d’aucune manière une aversion de l’Etat à l’égard de la pratique active de la foi.
Je me bornerai dès lors à vous faire part de mon sentiment s’agissant de la proposition de la minorité de la Commission CIRE relative à l’art. 3, alinéa 1. Les auteurs de cette proposition demandent que les Eglises nationales contribuent à la paix confessionnelle, à la formation religieuses et à la sauvegarde du patrimoine culturel non seulement en référence à l’intérêt général et à la solidarité mais aussi en tenant compte de la culture et des principes chrétiens occidentaux.
Il semble curieux, voire incohérent, que l’on veuille maintenir l’existence d’Eglises nationales reconnues par l’Etat en refusant une référence aux valeurs spécifiquement chrétiennes qui constituent l’héritage culturel le plus ancien et le plus profond de notre société. Cela paraît d’autant plus paradoxal que la loi sur les Eglises nationales ne reconnaît justement que des Eglises chrétiennes !
On a comme l’impression que d’aucunes et d’aucuns voudraient des Eglises nationales déconnectées des enseignements spécifiques fondamentaux qui se trouvent à leur origine ! Ou encore qu’ils souhaitent des Eglises qu’elles remplissent surtout la mission de recouvrir d’un vague vernis spirituel les valeurs dominantes de la société.
La cohérence veut manifestement que si l’on désire maintenir la reconnaissance publique de certaines Eglises chrétiennes, il convient de mentionner aussi dans la loi le respect de la culture et des principes chrétiens.
Je recommande d’autant plus clairement d’accepter la proposition dont nous débattons que cette dernière présente une valeur purement déclamatoire.
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