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vendredi, 22 mars 2019

Sodoma ou le Vatican vu par le petit bout de la lorgnette

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Sodoma ou le Vatican vu par le petit bout de la lorgnette

Frédéric Martel est un homme sympathique, intelligent, cultivé et militant. Homosexuel assumé et revendiqué, notre journaliste de France Culture est également écrivain et sociologue, auteur d'une dizaine d'ouvrages. Pour la sortie de sa fiction, Martel assume également un plan de communication soignée, ciblée, au timing ajustée. Il a gagné, chapeau !

M'intéressant au monde de la communication, j'ai commencé à le lire. La petite chanson des années 80 m'est venu en tête. Je la paraphrase ainsi: "par le petit bout de la lorgnette, que l'Eglise est gay" ...

Un mauvais départ

Après quatre années d'enquêtes, l'opus commence mal, avec quelques erreurs factuelles:

- Personne n'annonce la mort du Pape et un Cardinal proclame au monde le fameux "Habemus Papam" depuis la Loggia, le balcon de la Basilique Saint-Pierre. Ce rôle n'est dévolu à aucun "monsignore" (pg.11)

- La fameuse phrase du Pape François "qui suis-je pour juger ?" est amputée. Il manque comme toujours "si une personne suit droitement le Seigneur". (chap.3)

- La Domus Sanctie Marthae, domicile actuel de François, n'était pas la résidence des Cardinaux, mais une sorte d'hôtel pour ne plus loger les Cardinaux électeurs à la chapelle Sixtine, dans des conditions plus que spartiates. (pg.31)

- Le Cardinal Bertone, sercrétaire d'Etat de Benoît XVI, n'a pas suivi la formation diplomatique. (pg.112)

Certes, l'erreur est humaine. Je me demande toutefois à quoi pensait Frédéric Martel en écrivant ses plus de 600 pages. 

Dieu, le Christ et la foi aux abonnés absents

Sincèrement, la lecture est ennuyeuse. Les pèlerins se rendent à Rome pour y porter un regard de foi, apporter des intentions de prières (pour une personne malade, une rupture familiale, un décès, un drame, un enfant etc.) et trouver auprès de la Vierge Marie, de Saint Pierre et de Saint Paul, des premiers martyrs chrétiens du Colisée, de la foule des saints et des bienheureux qui furent proclamés tels par les Papes, une aide providentielle.

Sodoma ne s'occupe que de sexe, des habits, des tendances cachées ou inexistantes du personnel de l'Eglise. Après 100 pages, la lassitude me gagne. Pie XII serait suspect d'homosexualité, tout comme Jean XXIII, Paul VI, Benoît XVI ... et presque tous finalement. Pensez donc, plus de 80% des prélats seraient homosexuels, chiffre invérifiable. 

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Freud voyait la nature humaine blessée sous l'angle de la sexualité, au point d'avoir une vision pansexualiste. Notre bon journaliste voit l'histoire récente de l'Eglise, non pas avec l'oeil de Moscou, mais avec la lorgnette homosexuelle. La diplomatie, la politique de paix du Saint-Siège, l'art, la liturgie, la littérature, la musique, bref tout est réinterprété par cette fixette. Même le jugement dernier de Michel-Ange est vu comme une révélation homosexuelle. 

L'expression "voir les choses par le petit bout de la lorgnette " résume bien le pavé. Elle signifie bien "ne voir des choses qu’une petite partie, qu’un aspect accessoire dont on exagère l’importance, au point de négliger l’ensemble". Hélas, cette enquête annoncée "urbi et orbi" offre une vue étriquée qui jaillit d'un esprit malheureusement étroit. Il ne pense qu'à ça !

La garde suisse

Pour avoir fréquenté la garde suisse pontificale, l'assassinat de commandant Aesterman en 1998 est encore vu à travers le prisme déformant de l'homosexualité. A-t-il pensé une seule seconde aux parents des défunts ?

Les gardes suisses trouvent parfois leurs futures épouses à Rome. Comme me l'a soufflé un ancien garde:  "pour le Da Vinci Code, Dan Brown avouait au moins avoir écrit une fiction ". 

Bref, l'enquête est une projection assez personnelle et la petite flamme de la bougie de Sodoma s'éteint dès les premières pages. 

Reste quelques vérités, comme la possible couverture des crimes pédophiles par des prélats homosexuels: "Je tiens ton secret, tu tiens le mien", un reflex psychologique assez classique. Sans oublier la fine analyse du Pape à propos de la rigidité. Cette dernière est une sorte d'hypocrisie qui cache une vie morale difficile. 

Enfin, les 11 pages de l'archevêque Viganò, ancien nonce aux USA, semble avérées. Or, Andrea Tornielli, avant d'être nommé directeur éditorial dans les médias du Vatican, a su décortiquer et démêler, le vrai du faux, dans un livre en italien. 

Bref, le reproche est souvent fait à l'Eglise de ne parler que de sexe. Sodoma semble être une démonstration qu'un "petit rapporteur" peut ne voir chez les ecclésiastiques que leur sexualité. 

J'ai encore plus de 450 pages ... je ne sais pas si je vais tenir jusqu'au bout. 

Commentaires

Dans l'article qui me critique, je remarque plusieurs fautes factuelles.

Quand on s'érige en chevalier blanc, autant être certain de ses critiques !

- Personne n'annonce la mort du Pape et un Cardinal proclame au monde le fameux "Habemus Papam" depuis la Loggia, le balcon de la Basilique Saint-Pierre. Ce rôle n'est dévolu à aucun "monsignore" (pg.11)

> La règle est que le cardinal vicaire de Rome, comme le veut la tradition, soit le premier à annoncer la mort du pape par une « déclaration spéciale », avant que le substitut, alors Leonardo Sandri, n’en fasse l’annonce officielle à Saint-Pierre. Il était bien alors Monsignore.
> Le balcon de la basilique se situe dans la Loggia ;

- La fameuse phrase du Pape François "qui suis-je pour juger ?" est amputée. Il manque comme toujours "si une personne suit droitement le Seigneur". (chap.3)

> La phrase complète figure plus loin.

- La Domus Sanctie Marthae, domicile actuel de François, n'était pas la résidence des Cardinaux, mais une sorte d'hôtel pour ne plus loger les Cardinaux électeurs à la chapelle Sixtine, dans des conditions plus que spartiates. (pg.31)

> C'est bien la résidence de beaucoup de cardinaux.

- Le Cardinal Bertone, sercrétaire d'Etat de Benoît XVI, n'a pas suivi la formation diplomatique. (pg.112)

> Je ne dis pas ça ; il était secrétaire d'Etat donc bien le chef de la diplomatie. Le chapitre sur Bertone raconte ça.

- Le démenti sur "le carnaval est fini" figure bien dans le livre :).

Les fautes repérées n'en sont pas vraiment (Bertone ; la Loggia - autre nom de l'étage; etc. .).

Si on demande de la rigueur, il faut en avoir soi-même. Voir 300 pages de notes de bas de page aussi.

Les réponses figurent la plupart du temps dans les notes de bas de page : http://fredericmartel.com/sources-bibliography-notes/

FM

Écrit par : MARTEL | samedi, 23 mars 2019

Merci pour votre commentaire.

Je peux ajouter une autre erreur factuelle : Saint Louis des Français n’accueille aucun séminariste ( pg.134 ).

Je prendrai le soin de vous répondre plus longuement. Et je n’ai aucune critique envers votre personne. Nous pouvons débattre des idées sereinement. Bien à vous

Écrit par : Don Dom | samedi, 23 mars 2019

Les commentaires sont fermés.