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dimanche, 24 janvier 2010

"Porter l'Eglise en dehors de l'Eglise"

En ce jour de la Saint François de Sales, l'évêque de Genève qui évangélisa la Savoie tourmentée par la réforme protestante en glissant des petits billets sous les portes des maisons et qui devint ainsi naturellement le patron des journalistes, l'Eglise adresse au monde son message pour la 44ème journée mondiale des communications sociales.

La lettre de Benoît XVI s'adresse, et en cette année sacerdotale en passant par les prêtres, à tous. La missive nous glisse à l'oreille de nous lancer à l'aventure sur le nouveau continent numérique qui se déploie sous nos yeux.

Le vénérable Jean Paul II, sans aucun doute le plus grand communicateur de tous les temps, usait d'une belle formule pour donner plus de souffle dans les voiles et faire avancer au large la Nouvelle par excellence: "Porter l'Eglise en dehors de l'Eglise".

Benoît XVI, le premier Pape de l'histoire à répondre présent sur ce nouveau continent digital, a recours lui aussi à une très belle expression: le monde de la communication est en quelque sorte le "Parvis des Gentils", le lieu du Temple de Jérusalem qui était accessible à tout un chacun.

Comme le Cardinal Ratzinger à l'époque le disait magnifiquement et tragiquement, le monde n'a rien à faire de nos petites histoires et embrouilles ecclésiastiques, sortes de petits racontars de sacristies mals aérées. Lorsque les chrétiens se disputent entre eux, ou se mordent les uns les autres, le monde s'en détourne. Depuis 5 ans, Benoît XVI donne le ton juste pour faire résonner la symphonie de la foi, avec des mots magiques et des phrases condensées qui recouvrent désormais, telle une rosée de douceur, des millions de pages sur les sites et les blogs du monde entier. Les âmes ont bien soif de Dieu, de salut, de paroles d'espérance et de foi.

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Le "cyber Pope" nous invite donc à ouvrir tout grand nos écrans d'ordinateur afin qu'ils soient des fenêtres ouvertes sur l'Infini. Et même les milliards de portables peuvent servir à rendre Dieu "presque à portée de main".

 

samedi, 23 janvier 2010

L'amour du Curé d'Ars se pose sur la Suisse Romande

Histoires de cœur pour une relique

images.jpegEntre Fribourg, Genève et Saint-Maurice, des catholiques de toute la Suisse se sont pressés cette semaine autour d'une relique, le cœur du Saint Curé d'Ars. Emotion des anciens, mais aussi des jeunes devant le spectacle de ce cœur qui a battu au 19e siècle dans la poitrine d'un prêtre de France voisine.

Un reportage de Simon Corthay et Mathieu Ballmer.

Avec l'abbé Nicolas Glasson, docteur en théologie et supérieur du grand Séminaire Saint Charles à Fribourg et l'abbé Olivier Jouffroy, curé à l'église Sainte Thérèse Lausanne.

Le son d'ambiance et les moindres petits bruits de la vie permettent de prendre la mesure des simples mouvements de l'ordinaire. Un beau reportage, tout en finesse, douceur et profondeur. Le son et son chuchotement deviennent alors une douce poésie qui laisse rayonner la joie et permet de lire le sourire sur les lèvres. Un reportage qui invite notre regard à percer la fine épaisseur du son pour nous entraîner à presque effleurer les reliques d'un saint prêtre qui a tant aimé le bon Dieu. Une émission radio qui réussit à faire résonner la simple foi. Un petit écho de l'amour de Dieu.

TSR, 23 janvier 2010 12h45 - Emissions 15 minutes

(cliquer www.tsr.ch - archives - reécouter -  23 janvier 2010)

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"le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas"
Blaise Pascal

 

 

Andrea Tornielli et le visage humain de Pie XII

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Pie XII: un homme à redécouvrir


INTERVIEW. Auteur d’une biographie sur Pie XII, le vaticaniste Andrea Tornielli dresse un portrait d'Eugenio Pacceli

(Andrea Tornielli, Pie XII, Biographie, Ed. du Jubilé Tempora, 807 pages)


De Rome, Dominique  Rimaz

Andrea Tornielli est l’un des vaticanistes les plus connus de la planète catholique. Ce journaliste qui vit à Milan et à Rome suit l’actualité du Saint-Siège pour «Il Giornale» et a aussi une forte audience internationale grâce à son blog (http://blog.ilgiornale.it/tornielli). Il a publié - en italien et un français - une biographie de Pie XII très complète. Cette étude est d’autant plus actuelle que la décision de Benoît XVI de lancer le processus de béatification de Pie XII a ressuscité une polémique sur l’attitude de ce pape durant la Seconde guerre mondiale.

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Les travaux sur les archives vaticanes réalisés par le Père jésuite Pierre Blet sont connus. Mais est-ce que, d’après-vous, avant la proclamation des vertus héroïques de Pie XII, le Saint Siège et Benoît XVI ont fait une enquête historique approfondie des archives secrètes ?

Oui, il est certain que le Saint Siège a fait une étude historique approfondie. En 2007, lorsque la Congrégation pour la cause des saints avait donné son assentiment, à l’unanimité, le Pape avait décidé de prendre du temps. Il n’a donc pas publié à l’époque le décret. Benoît XVI a fait faire une nouvelle enquête sur le document de la « positio » sur les vertus et également sur les archives de la Secrétairerie d’Etat. Donc il a été fait une enquête historique très soignée et approfondie. De ces archives, non seulement il ne ressort rien contre Pie XII, mais il en résulte davantage d’aspects positifs. C’est la raison pour laquelle Benoît XVI a récemment promulgué ce décret.

Pour l’écriture de votre biographie sur Pie XII, vous avez eu accès aux archives du frère d’Eugenio Pacelli. Quelles furent vos découvertes ?

PIO_XII_6_small.jpgLa première nouveauté, qui n’est peut-être pas très grande mais qui peut tout de même l’être, est le côté humain de la figure d’Eugenio Pacelli. Pie XII fut un homme qui s’est totalement identifié à son rôle de prêtre, diplomate, nonce puis enfin Pape. Il mettait totalement de côté sa propre personne en étant parfaitement dédié à son institution. Les biographies précédentes n’avaient pas d’éléments concrets et historiques pour raconter la figure de l’homme Pacelli.

Par contre, des archives familiales, très importantes, qui sont surtout constituées par les lettres intimes échangées avec son frère, il ressort par exemple que Pacelli ne voulait pas devenir cardinal. Il aurait souhaité un diocèse. Ensuite, dès le début, il a parfaitement compris le grand danger du nazisme. Il y a des lettres qui font apparaître cette peur. Pacelli pense la même chose, que cela soit en privé ou lorsqu’il s’adresse à ses supérieurs. Car il y a des lettres, par exemple à la Secrétairerie d’Etat, où il définit le national-socialisme comme l’hérésie la plus dangereuse de son époque. Il a aussi dénoncé les débuts du nazisme en tant que nonce à Munich, en Bavière. Cela est donc très intéressant.


 

« le national-socialisme est l'hérésie

la plus dangeureuse de notre époque»

lettre d'Eugenio Pacelli


Ensuite, après la publication du livre, dans les archives du Cardinal Tisserant, que j’ai consultées pour la biographie du Pape Paul VI, j’ai trouvé par hasard un document capital : une lettre que Pacelli envoie au nonce en Pologne, à la demande du Cardinal Tisserant, en faveur des juifs. Durant les années 30, la Pologne voulait introduire une loi qui tentait de prohiber l’abatage rituel des animaux selon les rites hébreux. Il était donc question d’une discrimination et pas tant de persécution. Pourtant Pacelli écrit à la demande du Cardinal Tisserant et intervient immédiatement auprès du nonce. Il dit aussi qu’il faudra protester si cette loi venait à passer. De la lecture de ces lettres, il ressort que Pacelli n’avait, de façon absolue, aucun sentiment anti-juif.

Il est pourtant avéré historiquement que lorsque Pacelli deviendra Pape, il ne parlera pas publiquement contre l’extermination des juifs. Comment expliquez-vous ce silence ?

Avant de parler de silence, il convient de parler de ce que le Pape a dit. Le Pape a fait beaucoup d’interventions publiques. Il faut savoir que les Papes, à l’époque, ne parlaient pas autant qu’aujourd’hui. Les Papes ne parlaient que très rarement. Il a parlé lors de ses radios messages qui faisaient le tour du monde. En 1940, Pie XII affirme publiquement: “il est pour nous d’un grand réconfort d’avoir pu assister (avec notre argent) les persécutés, également parmi des « non-ariens ». A cette époque, dire « non-ariens » signifiait juifs. Cela était compris par tous. Si, en 1940, Pie XII dit publiquement être heureux d’avoir pu aider les juifs quel est le message qu’il veut donner à l’Eglise ? Que les juifs doivent être aidés ou non ? Il est clair que le oui l’emporte. Et il le dit publiquement.

Egalement en 1942, dans le fameux radio message de Noël, il parle « des centaines de milliers de personnes qui sans faute de leur part, seulement pour raison de nationalité ou de race (« stirpe » en italien) sont déportés dans des camps de concentration et tués ». Cela aussi, à l’époque, était bien compris.

images.jpegC’est historiquement avéré qu’après ce message de 1942 il n’y eut plus d’appel public contre la déportation des Juifs. Il faut se poser la question du pourquoi ? Il est plus facile de juger après coup. Premièrement, cherchons la motivation même que le Pape veut donner. En juin 1943, parlant au Sacré Collège des cardinaux, il dit textuellement: « chaque parole adressée par nous aux autorités compétentes, doit être soigneusement pondérée, afin de ne pas rendre, même sans le vouloir, encore plus difficile la condition des persécutés ». Il demande de la prudence dans les paroles pour ne pas aggraver la situation. Puis il est irréfutable et historiquement documenté qu’il y eut tout un réseau d’aide aux Juifs, également à travers les nonciatures apostoliques. L’unique diplomate qui restera jusqu’à la fin de la guerre à Berlin avec l’ambassade ouverte fut le nonce apostolique. Pie XII a cherché à ouvrir tous les canaux possibles. Sa prudence dans les paroles a permis à ce réseau d’aide de fonctionner. Ce sont des faits.


« chaque parole adressée par nous aux autorités compétentes,

doit être soigneusement pondérée, afin de ne pas rendre,

même sans le vouloir, encore plus difficile la condition des persécutés »

Pie XII


Ensuite, on peut juger avec la sensibilité d’aujourd’hui et avec les données en notre possession de ce que fut vraiment l’horreur de la Shoah. Alors, certes il aurait peut-être fallu un geste prophétique avec des paroles. Mais il faut se souvenir que nous n’avons pas vécu dans les années de ce régime dictatorial. Les persécutés ne demandaient pas tant des appels publics que des aides concrètes. Enfin, il y eut le cas emblématique des déportations en Hollande, qui ont montré au Pape que les appels publics des évêques contre la déportation, non seulement n’arrêtaient pas la déportation, mais que celle-ci continuait d’une manière bien pire qu’avant. Car les nazis ne raflèrent pas seulement les juifs, mais aussi les juifs convertis au catholicisme. Edith Stein fut arrêtée à cette occasion et déportée à Auschwitz.

Aussi, cela nous permet de comprendre que Pie XII a bien ses raisons pour être prudent dans ses prises de paroles.

Dans votre livre vous écrivez que les limites de Pie XII sont aussi celles de son époque. Quelles furent ces limites ?

Je pense en effet qu’il y a des limites pour cette époque. Une confiance sans doute excessive dans la possibilité des rapports diplomatiques. Une trop grande confiance aussi dans les concordats, bien que la politique des concordats provienne non de Pie XII, mais de Pie XI. Il faut donc quelque peu diluer les responsabilités. Ne pas tout centrer sur le seul Pie XII.

Peut-être que la limite majeure fut le manque de prise de conscience, à cette époque, de la spécificité et des dimensions dramatiques de l’holocauste juif. A cette époque, on ne savait pas tout et le conflit était mondial, il a fait tout de même plus de 50 millions de morts. La limite fut donc, peut-être, de ne pas avoir compris l’énormité de la Shoah, limite qui n’est pas que celle de Pie XII, mais de tous.

Pourriez-vous nous dresser un portrait de Pie XII, les points saillants de son long pontificat ?

Je crois que fixer le débat uniquement sur le drame des Juifs fait perdre quelque peu une vue d’ensemble de la grandeur de ce pontificat. Cela donne une fausse vision. On présente Pie XII comme le dernier représentant d’une Eglise hiératique, hiérarchique et attachée au passé.

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En réalité, Pie XII, dans son Magistère, est un Pape qui regarde plus vers le futur que vers le passé. Quelques faits : c’est le Pape le plus cité dans tous les documents du Concile Vatican II, qui débute la réforme liturgique avec l’encyclique « Mediator Dei » et qui réforme la Semaine Sainte en 1954. Pie XII institue une commission qui travaille sur la liturgie. Bunigni travaille déjà sous Pie XII, avec le préfet des rites le Cardinal Cicognani. Si le Concile a pu travailler et approuver la première constitution sur la liturgie « Sacrosanctum Concilium, » cela est dû au travail préparatoire qui a commencé avec Pie XII. C’est ensuite le premier Pape, dans une Encyclique « Humanae Generis » qui s’ouvre à l’hypothèse de l’évolution, bien qu’elle reste une hypothèse, sans vouloir la présenter comme la vérité absolue. Pie XII est le Pape qui se prononce, contre l’avis du Saint Office, pour la voie des méthodes naturelles pour la paternité responsable.

C’est le Pape qui a béatifié et canonisé le plus grand pourcentage de femmes, en tenant compte du nombre total. Wojtilà est certes celui qui de façon absolue a béatifié et canonisé le plus, encore plus que tous ces prédécesseurs. Mais si nous regardons les pourcentages, entre Pie XII et Jean Paul II, Pie XII gagne encore car il a promu plus de femmes. Puis pensons à tous les discours adressés à toutes les catégories de personnes, aux hommes de la science, aux médecins, aux obstétriciens… Encore aujourd’hui, la Congrégation pour la doctrine de la foi, il n’y a de cela qu’un an et demi, devant prendre des décisions ou répondre à des questions fondamentales, cite et se base sur la Magistère de Pie XII, un Pape qui a parlé à toutes les catégories de professions. Il se préparait de façon incroyable. Si le Pape devait faire une conférence lors d’un congrès de physiciens, il voulait avoir un mois à l’avance, 10 à 15 livres avec lui. Il voulait tenir compte de l’état réel des discussions, des modèles, et ne voulait certes non pas pour parler comme un physicien. Il se préparait de façon minutieuse. Tous ces discours sont de ce point de vue des vrais chefs d’œuvres.

Pensez-vous que Jean Paul II aide Pie XII pour la béatification ?

images-1.jpegIl faut savoir que la cause de béatification de Pie XII fut introduite par Paul VI, qui n’est pas un Pape traditionaliste ou pré conciliaire. Je pense que la cause de béatification aide, pour prendre une comparaison, comme pour celle de Pie IX advenue en 2000 avec Jean XXIII. Ils furent béatifiés ensemble et le même jour. Je ne sais pas du tout s’ils seront béatifiés ensemble. Mais cela me semble difficile. Il manque du temps. Alors que pour Wojtilà il existe déjà le miracle, pour Pie XII, il y a aussi un miracle, mais le travail n’est pas encore fait. Je verrais aussi difficile de béatifier les deux Papes en sachant que la date du 16 octobre toucha le ghetto de Rome en 1943. Il faut être prudent sur les coïncidences des dates. Le Saint Siège fit une erreur en béatifiant une foule de martyrs chinois le jour même de la fête nationale chinoise. Cela a conduit à des problèmes diplomatiques. Je ne sais donc rien sur la béatification conjointe. Mais par contre, je sais que pour Jean Paul II, les archives n’ont pas toutes été consultées, car il s’agit de milliers et de milliers de documents. Faire avancer ensemble les causes permet surtout de comprendre l’herméneutique de la continuité, la Réforme dans la continuité, qui est l’idée forte que Benoît XVI veut donner à toute l’Eglise, comme lecture du Concile et comme lecture générale de l’histoire de l’Eglise.

Ceci dit, je pense qu’il y a aussi un risque de faire tant de Papes bienheureux. Les gens peuvent penser : mais qu’ont fait Benoît XV et Pie XI de mal pour ne pas être bienheureux ? La béatification et la canonisation consistent à présenter aux fidèles des modèles, les faire connaître, les mettre sur les autels pour dire : « Regardez, ils sont des exemples de sainteté ». Les Papes, par leur charge et leur service, sont déjà sur un piédestal. Ils sont connus. Il y a donc des risques. Cela peut induire l’idée que l’institution se béatifie elle-même, en béatifiant ses chefs. Ces trois limites doivent être présentes, surtout pour le futur. Les procès qui ont déjà commencé, pour une question de justice, doivent se poursuivre. Toutefois, il existe une question de fond.

La salle de presse, sans doute pour adoucir la décision de Benoît XVI, a parlé d’un jugement plus spirituel sur Pie XII qui n’implique pas nécessairement l’histoire. N’y-a-t-il pas un risque de faire de Pie XII un être désincarné, avec une sainteté qui sort des actes posés dans l’histoire et dans le temps ?

Cette note n’est pas officielle car la salle de presse ne l’a pas publiée dans son bulletin. Elle fut diffusée dans l’Osservatore Romano et sur Radio Vatican. La clef de lecture de cette déclaration permet de dire qu’elle a été faite pour rendre possible la visite du Pape à la synagogue. C’est en fait une citation de Jean Paul II, qui lors de l’homélie de septembre 2000*, à l’occasion de la béatification de Pie IX et de Jean XIII, fit comprendre que, malgré les fortes polémiques autour de l’Unité italienne et du Risorgimento, lorsque l’Eglise béatifie une personne, elle ne béatifie pas pour autant tous les actes historiques.

Le Père Lombardi et le Saint Siège ont voulu rappeler que si on béatifie Pie XII, cela ne signifie pas clore le débat historique, qui doit continuer. Il permettra d’évaluer et de découvrir encore d’autres choses. Par ce décret, Benoît XVI dit que Pie XII s’est comporté selon l’Evangile, a pratiqué les vertus héroïques, avec au sommet la vertu de la Charité. Il y a donc bien un jugement historique. Les choix historiques peuvent être aussi jugés par l’histoire et comporter certaines erreurs pour la mentalité des générations suivantes. Mais ces choix ont été faits en conscience en pensant toujours vouloir accomplir le bien soit de l’Eglise, soit des persécutés. Pie XII a agi en étant convaincu d’adhérer à l’Evangile. On pourra toujours discuter sur les conséquences historiques, d’une manière ou d’une autre. Le fait d’être arrivé au décret signifie que l’Eglise n’a pas de doute sur Pie XII. Elle n’en a pas non plus sur le plan historique. Ceci dit, cela ne signifie en aucun cas mettre un terme au débat historique.

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"La sainteté vit dans l'histoire et aucun saint n'échappe aux limites et aux conditionnements propres à notre humanité.

En béatifiant l'un de ses fils, l'Eglise ne célèbre pas les choix historiques particuliers qu'il a pris, mais elle l'indique plutôt comme devant être imité et vénéré pour ses vertus, comme une louange à la grâce divine qui resplendit en celles-ci".

Homélie de Jean Paul II, septembre 2000, béatification de Pie IX et Jean XXIII

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article paru dans Le Nouvelliste

 

vendredi, 22 janvier 2010

Benoît XVI: une passion pour l'oecuménisme

Dimanche 14 mars, le Pape Benoît XVI rendra visite à l'église luthérienne de Rome, surnommée "Eglise du Christ", qui se situe à la via Sicilia. Le Pasteur Jens-Martin Kruse et le Père Lomabardi l'ont tous les deux confirmé. Le rendez-vous est fixé à 16h30 pour une brève visite d'un peu plus d'une heure.

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La vérité tend à l'unité.

 

A mon avis, Benoît XVI, d'origine allemande, cinq siècles après la réforme protestante, va ainsi entrer dans l'histoire comme une des toutes grandes figures de l'oecuménisme. La Vérité est ouverte pour tous et chacun, sans exclusion, et son humble vicaire, patient et constant, oeuvre de toutes ses forces pour rassembler la multitude autour du cep de la croix. Il cherche le dialogue avec nos frères juifs à qui Dieu a parlé en premier, avec toutes les personnes de bonne volonté et qui suivent droitement leur conscience, avec les musulmans, sans oublier les chrétiens de toutes confessions. C'est dans ce déploiement et cette ouverture de la raison qu'il fallait lire la levée des excommunications des 4 évêques intégristes, afin de tout entreprendre pour l'unité de l'Eglise du Christ.

 

jeudi, 21 janvier 2010

Einstein: L'Eglise = Pie XII défense au carré

Pie XII - Albert Einstein

Sur http://www.pie12.com :

images.jpeg"Dans la campagne entreprise par Hitler pour faire disparaître la vérité, seule l’Eglise catholique se tenait carrément en travers du chemin. Je ne m’étais jamais spécialement intéressé à l’Eglise auparavant, mais maintenant je ressens pour elle une grande affection et admiration, parce qu’elle seule a eu le courage et la persévérance de se poser en défenseur de la vérité intellectuelle et de la liberté morale. Je suis donc bien forcé d’avouer que, maintenant, c’est sans réserve que je fais l’éloge de ce qu’autrefois je dédaignais. »

Albert Einstein

Le Rabbin David Dalin, dans son livre Pie XII et les Juifs, le mythe du pape d’Hitler (p.148) cite ces mots d’Albert Einstein parus dans un article de Time le 23 décembre 1940 (pp 38-40).

source: Le Copiste

BHL défend Benoît XVI

Le Français Bernard-Henri Lévy prend la défense de Pie XII et Benoît XVI

21 Janvier 2010

DEPECHES CATHOBEL - INTERNATIONAL - France

Depeches_Cathobel_bernard_henri_levy__0287.gifLe Français Bernard-Henri Lévy a pris mercredi la défense des papes Pie XII et Benoît XVI. Trois jours après la rencontre de Benoît XVI avec la communauté juive de Rome, L'Osservatore Romano a publié en Une de son édition du 21 janvier 2010 un article du journaliste et philosophe français Bernard-Henri Lévy défendant à la fois Pie XII et Benoît XVI.

Bernard-Henri Lévy déplore ainsi que l'"on fasse porter tout le poids" de la shoah à un pape - Pie XII - qui "n'avait ni canons ni avions". BHL s'est également élevé contre les "parti pris" sur Benoît XVI qui, à ses yeux, entre aussi dans la catégorie des "boucs émissaires".

Dans cet article publié le 20 janvier dans le quotidien italien Corriere della Sera et repris par le journal du Vatican, le philosophe français a soutenu que la "mauvaise foi et la désinformation" entouraient tout ce qui touchait le pontificat de Benoît XVI, et en particulier dans son rapport avec le monde juif. Bernard-Henri Lévy a en outre déploré que, dans le cas de Benoît XVI comme de Pie XII, "on puisse être pape et bouc émissaire".

Longuement, Bernard-Henri Lévy a alors évoqué en particulier la figure de Pie XII. "On s'étonnera surtout que, dans le silence assourdissant qui marqua le monde entier lors de la shoah, l'on fasse porter tout le poids, ou presque, à celui qui, parmi les dirigeants d'alors, n'avait ni canons ni avions", a ainsi affirmé Bernard-Henri Lévy, avant de soutenir que Pie XII "ne ménagea pas ses efforts pour faire part des informations dont il avait connaissance à ceux qui avaient des avions et des canons". Le philosophe français a également précisé qu'Eugenio Pacelli "sauva lui-même, à Rome et ailleurs, un très grand nombre de ceux dont il avait la responsabilité morale".

Dans l'article repris en Une du quotidien du Vatican, BHL a par ailleurs souligné non sans humour que "le silencieux Pie XII prononça quelques allocutions radiophoniques (comme en 1941 et 1942, à l'occasion de Noël) qui lui valurent l'hommage de Golda Meir". Et de citer celle qui fut premier ministre d'Israël de 1969 à 1974 : "durant les 10 ans de la terreur nazie, où notre peuple souffrit un martyre épouvantable, la voix du pape s'éleva pour condamner les bourreaux".

Ctb/apic/imedia/lb/pr

Lire

mercredi, 20 janvier 2010

Medjugorje: mea culpa du Cardinal Schönborn

images.jpegAprès son pèlerinage privé fort médiatisé, l'archevêque de Vienne a rencontré tout récemment le Pape Benoît XVI. De sources sûres, le Cardinal Schönborn s'est excusé auprès de l'évêque de Mostar pour s'être rendu sur les lieux des prétendues apparitions mariales. Comme dit le proverbe: l'erreur est humaine, seule la perséverance est diabolique (errare umanum est, perseverare diabolicum). Le pardon est bien le secret de la vie chrétienne.

Aussi, nous pouvons indirectement deviner l'avis du Pape sur ce sujet fort délicat. L'évêque du lieu est bien la voix de l'Eglise.

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lettre publiée sur le site du diocèse...

Sur Medjugorje

Benoît XVI et la pédophilie

images.jpegSelon la salle de presse, la lettre promise par Benoît XVI à l'Eglise en Irlande est terminée. Le Pape a convoqué tous les évêques irlandais à Rome pour le 15 et 16 février prochain.

Pie XII et Jean Paul II: vers deux béatifications ?

Source Yves Daoudal

papa.jpgSelon Andrea Tornielli, un miracle attribué à Pie XII est examiné en ce moment par la postulation de la cause de béatification de ce pape.

Une femme souffrait d'un cancer alors qu'elle attendait son troisième enfant. Son mari priait Jean-Paul II pour sa guérison. Une nuit, Jean-Paul II lui apparut en songe, et lui dit : « Moi, je ne peux rien faire, vous devez prier ce prêtre », en lui montrant une photographie. L'homme ne savait pas qui était sur cette photographie, mais quelques jours plus tard, en feuilletant un magazine, il a découvert qu'il s'agissait de Pie XII (en fait d'Eugenio Pacelli jeune). Il a fait une neuvaine à Pie XII et sa femme été guérie.

Si ce miracle était authentifié, il ferait du même coup le lien entre la béatification de Jean-Paul II et celle de Pie XII.

Note: Je m'étais risqué pour une hypothèse d'une seule et même béatification le 17 octobre 2010: pour la mise en oeuvre de l'hérméneutique de la continuité, chère à Benoît XVI, et pour un question d'ecclésiologie, car en plein Synode sur le Moyen Orient, pour l'unité de l'Eglise. Qui vivra verra... Mais cela serait une sorte d'action "deux pour un"...

mardi, 19 janvier 2010

Semaine de prière pour l'Unité des chrétiens

images.jpegAvec la visite du Pape à la grande Synagogue de Rome du 17 janvier, occasion de se souvenir que le christianisme est le fruit du judaïsme, nous sommes entrés dans la grande semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Elle se terminera avec la fête de conversion de Saint Paul le 25 janvier. L'oecuménisme est un travail de conversion et de pénitence. L'Eglise catholique prévoit donc la possibilité de prendre la messe pour l'unité des chrétiens (dans le missel) en utilisant la couleur liturgique violette. L'Eglise est, selon le Credo, une, sainte, catholique et apostolique, mais composée toutefois de pécheurs. L'Eglise fait ainsi pénitence pour ses fils qu'elle reconnaît pécheurs, faibles et fragiles. Jean Paul II avait demandé pardon, lors du Jubilé de l'an 2000, non pour les fautes de l'Eglise, mais les fautes des catholiques et des chrétiens durant l'histoire, notamment contre l'unité. Le dialogue inspiré par l'Esprit Saint aux Pères du Concile procède comme par cercle concentrique: unité entre catholiques, unité entre chrétiens, unité avec nos frères aînés à qui Dieu a parlé en premier nos frères préférés les juifs, unité avec les hommes d'autres confessions (musulmans, boudhistes... ) et recherche de l'unité avec toutes les personnes de bonnes volontés pour rechercher l'unité du genre humain. Dieu nous apprend que nous avons qu'un seul Père, qui est aux cieux, ainsi la seule race qui existe au monde est la race humaine, la race des enfants de Dieu. La première division est venue par le péché, aussi l'unité est une grâce à demander.

L'agence de presse I.Media a annoncé la seconde rencontre avec les lefèbvriens. Avec eux aussi, l'unité doit être recherchée par le dialogue et la discussion, même si cela peut sembler parfois presque mission impossible en l'état. Dieu merci, rien ne filtre des discussions. Aussi prions.

Bonne semaine de prière pour cette si noble et belle intention: l'Unité!

lundi, 18 janvier 2010

Discours du Pape à la Synagogue

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ROME, Lundi 18 janvier 2010 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé dimanche 17 janvier, lors de sa visite à la synagogue de Rome, en présence de la communauté juive de la ville et de nombreux invités.
« Merveilles que fit pour eux Yahvé ! Merveilles que fit pour nous Yahvé, nous étions dans la joie » (Ps 126)

« Voyez ! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble ! » (Ps 133)

Monsieur le grand rabbin de la communauté juive de Rome,

Monsieur le président de l'Union des communautés juives italiennes,

Monsieur le président de la communauté juive de Rome,

Messieurs les rabbins,

Eminentes autorités,

Chers amis et frères,

1. Au début de la rencontre dans le Grand Temple des juifs de Rome, les psaumes que nous avons écoutés nous suggèrent l'attitude spirituelle la plus authentique pour vivre ce moment de grâce particulier et joyeux : la louange au Seigneur, qui a fait de grandes choses pour nous, nous a ici rassemblés avec son Hèsed, l'amour miséricordieux, et l'action de grâce pour nous avoir fait le don de nous retrouver ensemble pour rendre plus solides les liens qui nous unissent et continuer à parcourir la route de la réconciliation et de la fraternité. Je désire tout d'abord exprimer ma vive gratitude à vous, M. le grand rabbin Riccardo Di Segni, pour l'invitation que vous m'avez faite et pour les paroles chargées de sens que vous m'avez adressées. Je remercie ensuite les présidents de l'Union des communautés juives italiennes, M. Renzo Gattegna, et de la communauté juive de Rome, M. Riccardo Pacifici, pour les expressions courtoises qu'ils ont bien voulu m'adresser. Ma pensée va aux autorités et à toutes les personnes présentes et elle s'étend, de manière particulière, à la communauté juive romaine et à ceux qui ont collaboré pour rendre possible le moment de rencontre et d'amitié que nous sommes en train de vivre.

En venant pour la première fois parmi vous en tant que chrétien et en tant que Pape, il y a presque vingt-quatre ans, mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, voulut offrir une contribution décisive au renforcement des bonnes relations entre nos communautés, pour surmonter toute incompréhension et préjugé. Ma visite s'inscrit dans le chemin tracé, pour le confirmer et le renforcer. C'est avec des sentiments de vive cordialité que je me trouve parmi vous pour vous manifester l'estime et l'affection que l'évêque de Rome et l'Eglise de Rome, ainsi que toute l'Eglise catholique, nourrissent à l'égard de votre communauté et des communautés juives présentes dans le monde.

2. La doctrine du Concile Vatican II a représenté pour les catholiques un point de référence vers lequel se tourner constamment dans l'attitude et dans les rapports avec le peuple juif, marquant une étape nouvelle et significative. L'événement conciliaire a donné un élan décisif à l'engagement de parcourir un chemin irrévocable de dialogue, de fraternité et d'amitié, un chemin qui s'est approfondi et développé ces quarante dernières années avec des étapes et des gestes importants et significatifs, parmi lesquels je souhaite mentionner à nouveau la visite historique dans ce lieu, de mon vénérable prédécesseur, le 13 avril 1986, les nombreuses rencontres qu'il a eues avec des représentants juifs, notamment au cours des voyages apostoliques internationaux, le pèlerinage jubilaire en Terre Sainte en l'an 2000, les documents du Saint-Siège qui, après la Déclaration Nostra aetate, ont offert de précieuses orientations pour un développement positif dans les rapports entre catholiques et juifs. Moi aussi, pendant ces années de pontificat, j'ai voulu montrer ma proximité et mon affection envers le peuple de l'Alliance. Je conserve bien vivants dans mon cœur tous les moments du pèlerinage que j'ai eu la joie d'accomplir en Terre Sainte, au mois de mai de l'année dernière, ainsi que les nombreuses rencontres avec des communautés et des organisations juives, en particulier dans les synagogues de Cologne et de New York.

En outre, l'Eglise n'a pas manqué de déplorer les fautes de ses fils et de ses filles, en demandant pardon pour tout ce qui a pu favoriser d'une manière ou d'une autre les plaies de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme (cf. Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, Nous nous souvenons : une réflexion sur la Shoah, 16 mars 1998). Puissent ces plaies être guéries pour toujours ! Il me revient à l'esprit la prière pleine de tristesse au Mur du Temple à Jérusalem du Pape Jean-Paul II, le 26 mars 2000, qui résonne avec vérité et sincérité au plus profond de notre cœur : « Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples : nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l'histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l'Alliance ».

3. Le temps qui s'est écoulé nous permet de reconnaître dans le vingtième siècle une époque véritablement tragique pour l'humanité : des guerres sanglantes qui ont semé la destruction, la mort et la douleur comme jamais auparavant ; des idéologies terribles qui ont trouvé leur racine dans l'idolâtrie de l'homme, de la race, de l'Etat qui ont conduit une fois de plus un frère à tuer son frère. Le drame singulier et bouleversant de la Shoah représente en quelque sorte le sommet d'un chemin de haine qui naît lorsque l'homme oublie son Créateur et se met lui-même au centre de l'univers. Comme je l'ai dit lors de ma visite du 28 mai 2006 au camp de concentration d'Auschwitz, encore profondément inscrite dans ma mémoire, « les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif tout entier » et au fond « au moyen de l'anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d'orientation de l'humanité, qui demeurent éternellement valables » (Discours au camp d'Auschwitz-BirkenauInsegnamenti de Benoît XVI, II, [2006], p. 727).

Comment ne pas rappeler en ce lieu les juifs romains qui furent arrachés de ces maisons, devant ces murs, et dans un horrible massacre furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants ? L'extermination du peuple de l'Alliance de Moïse, d'abord annoncée puis systématiquement programmée et mise en œuvre en Europe sous la domination nazie, atteint également Rome en ce jour tragique. Malheureusement, beaucoup demeurèrent indifférents, mais beaucoup, également parmi les catholiques italiens, soutenus par la foi et l'enseignement chrétien, réagirent avec courage, en ouvrant les bras pour secourir les juifs traqués et en fuite, souvent au risque de leur propre vie, et méritant une gratitude éternelle. Le Siège apostolique également mena une action de secours, souvent cachée et discrète.

Le souvenir de ces événements doit nous pousser à renforcer les liens qui nous unissent pour que croissent toujours davantage la compréhension, le respect et l'accueil.

4. Notre proximité et notre fraternité spirituelles trouvent dans la Sainte Bible - en hébreu Sifre Qodesh ou « Livres de Sainteté » - le fondement le plus solide et le plus durable, sur la base duquel nous sommes constamment placés devant nos racines communes, devant l'histoire et le riche patrimoine spirituel que nous partageons. C'est en scrutant son propre mystère que l'Eglise, Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, découvre son lien profond avec les juifs, choisis les premiers entre tous par le Seigneur pour accueillir sa parole (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique, n. 839). « A la différence des autres religions non chrétiennes, la foi juive est déjà réponse à la révélation de Dieu dans l'Ancienne Alliance. C'est au peuple juif qu'"appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né, selon la chair, le Christ" (Rm 9, 4-5) car "les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance" (Rm 11, 29) » (Ibid.).

5. Nombreuses peuvent être les implications qui dérivent de l'héritage commun tiré de la Loi et des Prophètes. Je voudrais en rappeler certaines : tout d'abord, la solidarité qui lie l'Eglise et le peuple juif « au niveau même de leur identité » spirituelle et qui offre aux chrétiens l'opportunité de promouvoir « un respect renouvelé pour l'interprétation juive de l'Ancien Testament » (cf. Commission biblique pontificale, Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne, 2001, pp. 12 et 55) ; la place centrale du Décalogue comme message commun éthique de valeur éternelle pour Israël, l'Eglise, les non-croyants et l'humanité tout entière ; l'engagement pour préparer ou réaliser le Royaume du Très-Haut dans l'« attention pour la création » confiée par Dieu à l'homme pour la cultiver et la protéger de manière responsable (cf. Gn 2, 15).

6. En particulier le Décalogue - les « Dix Paroles » ou Dix Commandements (cf. Ex 20, 1-17 ; Dt 5, 1-21) - qui provient de la Torah de Moïse, constitue le flambeau de l'éthique, de l'espérance et du dialogue, étoile polaire de la foi et de la morale du peuple de Dieu, et il éclaire et guide également le chemin des chrétiens. Il constitue un phare et une norme de vie dans la justice et dans l'amour, un « grand code » éthique pour toute l'humanité. Les « Dix Paroles » jettent une lumière sur le bien et le mal, sur le vrai et le faux, sur le juste et l'injuste, également selon les critères de la conscience juste de toute personne humaine. Jésus lui-même l'a répété plusieurs fois, en soulignant qu'un engagement actif sur le chemin des commandements est nécessaire : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). Dans cette perspective, les domaines de collaboration et de témoignage sont divers. Je souhaiterais en rappeler trois particulièrement importants pour notre époque.

Le « Dix Paroles » demandent de reconnaître l'unique Seigneur, contre la tentation de se construire d'autres idoles, se faire des veaux d'or. Dans notre monde, beaucoup ne connaissent pas Dieu ou estiment qu'il est superflu, sans importance pour la vie ; ainsi ont été fabriqués d'autres et de nouveaux dieux devant lesquels l'homme s'incline. Réveiller dans notre société l'ouverture à la dimension transcendante, témoigner de l'unique Dieu est un service précieux que les juifs et les chrétiens peuvent offrir ensemble.

Les « Dix Paroles » demandent le respect, la protection de la vie, contre toute injustice ou tout abus de pouvoir, en reconnaissant la valeur de toute personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu. Combien de fois, dans toutes les régions de la terre, proches ou lointaines, sont encore piétinés la dignité, la liberté, les droits de l'être humain ! Témoigner ensemble de la valeur suprême de la vie contre tout égoïsme, c'est offrir une contribution importante à un monde où puisse régner la justice et la paix, le « shalom » appelé de leurs vœux par les législateurs, par les prophètes et par les sages d'Israël.

Les « Dix Paroles » exigent de conserver et de promouvoir la sainteté de la famille, où le « oui » personnel et réciproque, fidèle et définitif de l'homme et de la femme, ouvre l'espace pour l'avenir, pour l'authentique humanité de chacun, et s'ouvre, dans le même temps, au don d'une nouvelle vie. Témoigner que la famille continue d'être la cellule essentielle de la société et le contexte de base où l'on apprend et l'on exerce les vertus est un précieux service à offrir pour la construction d'un monde au visage plus humain.

7. Comme l'enseigne Moïse dans le Shemà (cf. Dt 6, 5 ; Lv 19, 34) - et Jésus le réaffirme dans l'Evangile (cf. Mc 12, 19-31), tous les commandements se résument dans l'amour de Dieu et dans la miséricorde envers le prochain. Cette Règle engage les juifs et les chrétiens à faire preuve, à notre époque, d'une générosité particulière envers les pauvres, les femmes, les enfants, les étrangers, les malades, les faibles, les personnes dans le besoin. Il existe dans la tradition juive un admirable dicton des Pères d'Israël : « Simon le Juste avait l'habitude de dire : le monde se fonde sur trois choses : la Torah, le culte et les actes de miséricorde » (Aboth 1, 2). A travers l'exercice de la justice et de la miséricorde, les juifs et les chrétiens sont appelés à annoncer et à témoigner du Royaume du Très-Haut qui vient, et pour lequel nous prions et nous œuvrons chaque jour dans l'espérance.

8. Nous pouvons accomplir des pas ensemble dans cette direction, conscients des différences qui existent entre nous, mais également du fait que si nous réussissons à unir nos cœurs et nos mains pour répondre à l'appel du Seigneur, sa lumière deviendra plus proche pour illuminer tous les peuples de la terre. Les pas accomplis au cours de ces quarante années par le Comité international conjoint catholique-juif et, au cours des années plus récentes, par la Commission mixte du Saint-Siège et du grand rabbinat d'Israël, sont un signe de la volonté commune de poursuivre un dialogue ouvert et sincère. Demain précisément, la Commission mixte tiendra ici à Rome sa IXème rencontre sur : « L'enseignement catholique et juif sur la création et l'environnement » ; nous leur souhaitons un dialogue fructueux sur un thème aussi important et actuel.

9. Les chrétiens et les juifs ont en commun une grande partie de leur patrimoine spirituel, ils prient le même Seigneur, ils ont les mêmes racines, mais ils sont souvent inconnus l'un à l'autre. C'est à nous qu'il revient, en réponse à l'appel de Dieu, de travailler afin que demeure toujours ouvert l'espace du dialogue, du respect réciproque, de la croissance dans l'amitié, du témoignage commun face aux défis de notre temps, qui nous invitent à collaborer pour le bien de l'humanité dans ce monde créé par Dieu, le Tout-Puissant et le Miséricordieux.

10. J'exprime enfin une pensée particulière pour notre Ville de Rome, où, depuis environ deux millénaires, cohabitent, comme le disait le Pape Jean-Paul II, la communauté catholique avec son évêque et la communauté juive avec son grand rabbin. Que cette coexistence puisse être animée par un amour fraternel croissant, s'exprimant également dans une coopération toujours plus étroite pour offrir une contribution valable à la résolution des problèmes et des difficultés à affronter.

J'invoque du Seigneur le don précieux de la paix dans le monde entier, en particulier en Terre Sainte. Au cours de mon pèlerinage à Jérusalem au mois de mai dernier, au Mur du Temple, j'ai demandé à Celui qui peut tout : « Envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen Orient, sur la famille humaine tout entière ; éveille le cœur de tous ceux qui invoquent ton nom, afin qu'ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion » (Prière au Mur occidental de Jérusalem, 12 mai 2009).

Je Lui élève à nouveau l'action de grâce et la louange pour notre rencontre, en lui demandant de renforcer notre fraternité et de rendre notre entente plus solide.

[« Louez Yahvé, tous les peuples, fêtez-le tous les pays ! Fort est son amour pour nous, pour toujours sa vérité » (Ps 117)]

© Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana

Traduction Zenit

Nouvel archevêque de Malines-Bruxelles

CITE DU VATICAN, 18 JAN 2010 (VIS). Le Saint-Père a nommé:

-Mgr.André Mutien Léonard, Archevêque de Malines-Bruxelles (superficie: 3.635, population: 2.519.000, catholiques: 1.612.000, prêtres: 1.888, diacres: 29, religieux: 397), en Belgique. Jusqu'ici Evêque de Namur (Belgique), il succède au Cardinal Godfried Danneels, dont la renonciation à la charge pastorale du diocèse a été acceptée pour limite d'âge.

Site Internet de Mgr Léonard

Monseigneur André-Mutien Léonard succède officiellement au cardinal Danneels

18 Janvier 2010

DEPECHES CATHOBEL - BELGIQUE - Bruxelles

Leonard_Mgr

C'est ce lundi 18 janvier que le pape Benoît XVI nomme officiellement Monseigneur Léonard, jusqu'ici évêque du diocèse de Namur, comme archevêque de Malines Bruxelles. Ci-dessous, quelques éléments biographiques pour présenter notre nouvel archevêque.

André-Mutien Léonard est né à Jambes (Namur) le 6 mai 1940, dernier d'une famille de quatre fils, tous prêtres diocésains. Au terme de ses humanités au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur, il est envoyé par Mgr Charue, évêque de Namur à l'époque, au Séminaire Léon XIII à Louvain, où il obtient le grade de licencié en philosophie. Il poursuit ses études au Collège belge de Rome, d'où il revient licencié en théologie thomiste.

Ordonné prêtre à Namur le 19 juillet 1964, il retourne à Louvain pour un doctorat en philosophie obtenu en 1968. En 1974, il obtient la maîtrise dans cette même discipline, au terme de la défense d'une thèse sur Hegel. Dès cette même année, il est chargé de cours à l'Université Catholique de Louvain, où il devient professeur en 1976. En juillet 1978, tout en continuant sa tâche à l'université, il est nommé président du Séminaire Saint-Paul.

En 1980, il obtient le prix des "Scriptores Christiani" pour son ouvrage intitulé ‘Pensées des Hommes et Foi en Jésus-Christ, pour un discernement intellectuel chrétien'. En 1987, il devient membre de la Commission théologique internationale, organe consultatif de la Congrégation romaine pour la Doctrine de la Foi.

Le 7 février 1991, il est choisi pour succéder à Mgr Mathen comme évêque de Namur. Depuis son ordination presbytérale, il a vécu la majeure partie de son ministère dans le monde des jeunes, avec une attention particulière pour ceux qui se préparent au sacerdoce. Dans sa pastorale d'évêque, il attache une importance capitale à la rencontre personnelle avec tous les chrétiens, notamment en visitant régulièrement le diocèse lors de visites pastorales résidentielles dans les doyennés. Il a écrit de nombreux ouvrages dont la liste est consultable sur le site diocésain: http://www.diocesedenamur.be/

Le grand séminaire de Namur, composé du Séminaire Notre-Dame et du Séminaire Redemptoris Mater est le plus ‘peuplé' de Belgique, et chaque année plusieurs séminaristes sont ordonnés prêtres. Tous les 4 ans il accompagne ses séminaristes pour une visite de la Ville Eternelle.

Il s'attache à développer la présence chrétienne dans les médias ; en plus de ses livres, il écrit régulièrement dans la presse, l'internet (website et intranet entre les agents pastoraux), la radio à travers l'alliance d'une radio locale et le réseau RCF (Radios Chrétiennes Francophones), et l'aide à des productions audiovisuelles et à la RTCB.

En 1999 il a prêché la retraite de Carême à la curie romaine au Vatican.
En septembre 2004 un évêque auxiliaire dans le diocèse de Namur, Mgr Pierre Warin, est nommé à ses côtés pour le seconder dans sa tâche apostolique.

Ctb/sipi

 

Mgr Léonard nouveau primat de Belgique

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«Devenir archevêque m'impressionne mais ça me donne un coup de jeune»

Nouvel archevêque de Malines-Bruxelles

C'est officiel depuis 12h30. Agé de 69 ans, Mgr Léonard est évêque de Namur depuis 1991. Il est considéré comme un conservateur, intelligent et rigoureux, il s'est vu surnommé par certains "Ratzinger belge", en référence à l'actuel pape Benoît XVI, Joseph Ratzinger. Il sera aussi nommé Cardinal lors d'un prochain Concistoire.

Note: En 2007, en Belgique, au cours du congrès européen des vocations, j'ai aperçu un homme quelque peu courbé, incliné et recueilli en prière devant le tabernacle. Etant placé sur le haut de la tribune de la chapelle, je n'ai pas pu voir de qui il s'agissait. L'homme était comme absorbé en Dieu, très silencieux, comme parlant avec lui en tête à tête, comme s'il était reçu en audience avec un ami important. La silhouette resta comme immobile bien plus de 30 minutes. J'ai été fort impressioné par cette attitude humble, sans aucune ostentation, qui restera gravée dans ma mémoire.

Me retrouvant dans la salle de conférence peu après, j'ai rencontré Mgr Léonard. J'ai alors compris qui était l'homme du tabernacle, l'homme de Dieu, de vie intérieure et de prière, qui était chahuté par certains, car évêque trop conservateur ?!