dimanche, 10 mai 2009
Religion: pas de manipulation idéologique
50.000 personnes Messe en Jordanie
C´est la « manipulation idéologique de la religion » qui est source de divisions
Visite de Benoît XVI à la Mosquée Al-Hussein Bin Talal de Amman, en Jordanie
ROME, Samedi 9 mai 2009 (ZENIT.org) - Ce n'est pas la religion en soi qui est source de divisions dans le monde mais la « manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques », a affirmé le pape Benoît XVI, ce samedi, dans son discours aux responsables musulmans, au Corps diplomatique et aux recteurs des universités jordaniennes.
Le pape a prononcé son discours en fin de matinée, à l'extérieur de la Mosquée Al-Hussein Ben Talal, à Amman, dans laquelle il avait été accueilli par le prince Ghazi Ben Mohammed Ben Talal, un des signataires du Message adressé au pape et aux responsables chrétiens en octobre 2007 par 138 intellectuels musulmans pour promouvoir la paix dans le monde.
Certains soutiennent « que la religion est nécessairement une cause de division dans notre monde », a affirmé le pape. « Certainement et malheureusement, l'existence de tensions et de divisions entre les membres des différentes traditions religieuses, ne peut être niée. Cependant, ne convient-il pas de reconnaître aussi que c'est souvent la manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques, qui est le véritable catalyseur des tensions et des divisions et, parfois même, des violences dans la société ? » a-t-il ajouté.
Pour faire face à cette situation, le pape est convaincu que « musulmans et chrétiens, précisément à cause du poids de leur histoire commune si souvent marquée par les incompréhensions, doivent aujourd'hui s'efforcer d'être connus et reconnus comme des adorateurs de Dieu fidèles à la prière, fermement décidés à observer et à vivre les commandements du Très Haut, miséricordieux et compatissant, cohérents dans le témoignage qu'ils rendent à tout ce qui est vrai et bon, et toujours conscients de l'origine commune et de la dignité de toute personne humaine, qui se trouve au sommet du dessein créateur de Dieu à l'égard du monde et de l'histoire ».
Benoît XVI a dit son « admiration sincère » pour le travail réalisé par la Jordanie pour montrer la « contribution positive » que la religion » peut apporter dans la société, et il a cité deux exemples concrets.
« Hier, j'ai été le témoin du travail renommé en matière d'éducation et de réhabilitation du Centre Notre Dame de la Paix, où chrétiens et musulmans transforment la vie de familles entières, en les assistant pour que leurs enfants handicapés puissent prendre leur juste place dans la société », a-t-il déclaré.
Puis il a cité l'exemple de l'Université de Madaba, dont il a béni la première pierre ce matin, « où de jeunes adultes chrétiens et musulmans bénéficieront côte à côte d'un enseignement universitaire, les rendant aptes à contribuer de façon appropriée au développement économique et social de leur nation ».
Le pape a ensuite évoqué une « tâche » que selon lui, les chrétiens et les musulmans « peuvent prendre en charge » : « le défi de développer... le vaste potentiel de la raison humaine ».
« En tant que croyants au Dieu unique, nous savons que la raison humaine est elle-même un don de Dieu et qu'elle s'élève sur les cimes les plus hautes quand elle est éclairée par la lumière de la vérité divine », a-t-il expliqué.
Benoît XVI a encouragé une « manière de concevoir la raison, qui pousse continuellement l'esprit humain au-delà de lui-même dans la quête de l'Absolu ».
« Chrétiens et Musulmans sont poussés, ensemble, à rechercher tout ce qui est juste et vrai », a-t-il ajouté.
Gisèle Plantec
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samedi, 09 mai 2009
Le Pape répond aux questions
PELERINAGE PAPAL EN TERRE SAINTE : 8 - 9 MAI
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INTERVIEW DANS L'AVION
CITE DU VATICAN, 8 MAI 2009 (VIS). Durant le vol de Rome à Amman, Benoît XVI a répondu à des questions de journalistes. En voici la transcription:
Question: "Ce voyage survient à un moment très délicat pour le Moyen Orient. Les tensions sont fortes à la suite de la crise de Gaza, où on pensait que vous seriez peut-être allé. Quelques jours après votre voyage, les responsables politiques d'Israël et de l'Autorité palestinienne rencontreront le président des Etats-Unis. Vous pensez apporter une contribution à un processus de paix qui semble enlisé?".
Benoît XVI: "Je voudrais avant tout vous remercier pour le travail" des journalistes. "Pour ce qui est de la question, je cherche à contribuer à la paix non en tant qu'individu, mais au nom de l'Eglise catholique, du Saint-Siège. Nous ne sommes pas un pouvoir politique, mais une force spirituelle et cette force spirituelle est une réalité qui peut soutenir l'avancée du processus de paix. Je vois trois niveaux. En tant que croyants, nous sommes convaincus que la prière est une vraie force, qui ouvre le monde à Dieu. Nous sommes convaincus que Dieu écoute et peut agir dans l'histoire. Je pense que si des millions de croyants, prient, cela influe sur le progrès de la la paix. Ensuite, nous cherchons à aider à la formation des consciences. La conscience est cette capacité de l'homme à percevoir la vérité, mais cette capacité est souvent contrecarrée par des intérêts particulier. La libérer en ouvrant davantage à la vérité, aux vraies valeurs, est la grande tâche de l'Eglise, celle d'aider à connaître les vraies valeurs et à se libérer d'intérêts particuliers. Troisième point, nous parlons aussi à la raison. C'est justement parce que l'Eglise n'est pas une puissance politique qu'elle peut plus facilement, à la lumière de la foi, percevoir les vrais critères, aider à comprendre ce qui contribue à la paix et parler à la raison, soutenir des positions raisonnables".
Question: "En tant que théologien, vous avez réfléchi sur l'unique racine qui rapproche les chrétiens et les juifs. Comment donc, en dépit des efforts de dialogue, y a-t-il souvent des malentendus? Comment voyez-vous l'avenir du dialogue entre les deux communautés?".
Benoît XVI: "C'est important que nous ayons la même racine, les mêmes Livres de l'Ancien Testament qui sont - pour les juifs comme pour nous - livre de la Révélation. Mais, naturellement, après deux mille ans d'histoire distincte et séparée, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait des malentendus. Des traditions d'interprétation, de langage, de pensée, très différentes, se sont formées. Cette sorte de cosmos sémantique distinct fait que les mots mêmes signifient des choses différentes d'un côté et de l'autre. Et en utilisant des mots qui, au cours de l'histoire, ont formé des définitions différentes, naissent évidemment des malentendus. Nous devons tout faire pour apprendre chacun le langage de l'autre, et il me semble que nous faisons de grands progrès. Nous avons aujourd'hui la possibilité que des jeunes, futurs professeurs de théologie, étudient à Jérusalem, à l'Université hébraïque, tandis que les juifs ont des contacts académiques avec nous. Ainsi, y a-t-il une rencontre entre ces deux cosmos sémantiques. En apprenant les uns et les autres, nous avançons dans la voie du dialogue, nous apprenons l'un de l'autre, et je suis sûr et convaincu que nous faisons des progrès. Et ceci aidera aussi la paix, et même l'amour réciproque".
Question: "Ce voyage a deux dimensions essentielles pour le dialogue avec l'islam et avec le judaïsme. Y aura-t-il aussi un message commun concernant les trois religions qui se réclament d'Abraham?".
Benoît XVI: "Certainement, il existe un message commun et ce sera l'occasion de le rappeler et en dépit de la diversité des origines, nous avons des racines communes parce que le christianisme naît de l'Ancien Testament. Le Nouveau Testament n'aurait pas existé sans l'Ancien, parce qu'il se réfère en permanence à l'Ecriture, c'est-à-dire à l'Ancien Testament. Mais l'islam aussi est né dans un milieu où étaient présents le judaïsme comme certains courants du christianisme, judéo-christianisme, christianisme antiochien byzantin. Toutes ces circonstances se reflètent dans la tradition coranique si bien que nous avons beaucoup de choses en commun à commencer par la foi dans le Dieu unique. C'est pour cela qu'il est important d'avoir un dialogue bilatéral avec le judaïsme et avec l'islam, mais aussi et un dialogue trilatéral. J'ai été le co-fondateur d'une fondation pour le dialogue entre les trois religions dans laquelle il y avait ensemble des personnalités comme le Métropolite Damaskinos et le Grand Rabbin de France, René Samuel Sirat. Cette fondation a aussi fait une édition des livres des trois religions, le Coran, le Nouveau testament et l'Ancien Testament. Le dialogue trilatéral doit donc se poursuivre et il est aussi très important pour la paix et, disons, pour bien vivre sa propre religion".
Question: "Vous avez souvent évoqué la question de la diminution du nombre des chrétiens au proche et moyen orient, en particulier en Terre Sainte. C'est un phénomène qui a différentes causes de caractère politique, économique et social. Que peut-on faire pour aider la présence chrétienne dans la région? Quelle contribution espérez-vous apporter par votre voyage? Y a-t-il un avenir pour ces chrétiens? Avez-vous un message particulier pour les chrétiens de Gaza, qui viendront vous rencontrer à Bethléem?".
Benoît XVI: "Bien sûr qu'il y a une espérance! Le moment actuel est difficile mais c'est aussi un moment d'espérance dans un nouveau départ, un nouvel élan sur le chemin de la paix. Nous voulons encourager les chrétiens de Terre Sainte et de tout le moyen orient à y rester, à apporter leur contribution à leurs pays d'origine car ils sont une composante importante de la vie de ces régions. A côté des encouragements et de la prière, l'Eglise dispose sur place d'écoles et d'hôpitaux, qui constituent une présence très concrète. Nos écoles forment une génération qui aura la possibilité de compter dans la vie publique. Nous sommes en train de créer une université catholique en Jordanie, et il me semble que c'est une grande perspective de rencontre entre jeunes musulmans et chrétiens, qui apprendront ensemble. Elle favorisera en particulier le développement d'une élite chrétienne bien préparée à travailler pour la paix. Nos écoles et nos hôpitaux sont fondamentaux pour donner un avenir aux chrétiens. De nombreuses associations catholiques aident les chrétiens et les encouragent à rester dans leurs pays. J'espère que les chrétiens resteront et trouveront le courage, l'humilité et d'offrir leur contribution à l'avenir de ces pays".
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vendredi, 08 mai 2009
Premiers mots vers la Terre Sainte
La conférence de presse dans l'avion est cruciale. Les premiers mots de paix et de prière s'envolent vers la Terre Sainte

Une force spirituelle mais pas politique
Je recherche à contribuer à la paix, non comme pas un individu, mais au nom de l'Eglise catholique et du Saint Siège. Nous ne sommes pas un pouvoir politique mais une force spirituelle. Nous sommes convaincus que la prière est une vraie force. Elle ouvre le monde et nous sommes convaincus que Dieu écoute et peut agir dans l'histoire. Les millions de chrétiens qui prient sont réellement une force qui agit et peut contribuer à la paix. Puis nous essayons ensuite d'aider à la formation des consciences.
La consience et la raison
La conscience est la capacité de l'homme de percevoir la vérité, mais cette capacité est souvent mis en échec par des intérêts particuliers. Nous parlons ensuite à la raison de l'homme et justement parce que nous ne sommes pas un parti politique, nous pouvons donner à voir plus facilement les critères, aussi à la lumière de la foi, et comprendre comment la raison contribue à la paix et appuyer ainsi des positions réellement raisonnables.
Dialogue avec les Juifs et soutien des chrétiens
- Le Pape est convaincu de l'importance du dialogue avec les Juifs malgré les malentendus inévitables, surtout après 2000 ans de séparation, afin que ce dialogue puisse aider le chemin réciproque et à la paix.
- Le Saint Père encourage les chrétiens de la Terre Sainte et du Moyen Orient a demeurer sur leurs terres desquelles ils sont des membres importants et leur demande de réaliser des choses concrètes comme des écoles ou des hôpitaux.
- La liberté religieuse est fondamentale.
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Mai, mois de ...
Voir la vidéo, puis lire ...
Un clip cool, court comme un T-shirt, mais qui en dit long, tout simplement.
Bien des gens ne me comprennent pas...
ils disent que cela est ennuyeux...
que je dis toujours la même chose...
que je n'aide vraiment personne...
que c'est vieux jeu, démodé...
que personne ne le fait...
que c'est inutile...
que cela n'a aucun sens...
que je perds mon temps...
PAR CONTRE
Un bon ami ....
m'a dit une fois:
"N'aies pas peur...
et souviens-toi toujours...
que tu n'es pas seul"...
Je prie le Rosaire
50 personnes, 50 espérances, 50 vies, 50 âmes, 50 rêves, 50 fils, 50....
Je vous Salue Marie
Pries-tu le chapelet ?
Mai, le mois de Marie.
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jeudi, 07 mai 2009
Pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte
La situation politique vue sous l’angle de la liberté religieuse en Terre Sainte.
La Terre Sainte, Jordanie, Israël et les territoires palestiniens sont labellés comme des régions du monde où les limitations de la liberté religieuse sont présentes avec des conflits locaux.
La Terre Sainte ( Jordanie, Israël et les territoires palestiniens )
Pour le Saint Siège, le Pape ne vient pas faire de la politique, il vient en pèlerin de la paix en Terre Sainte, qui comprend la Jordanie, Israël et les territoires sous l'autorité palestinienne. Le Christ, bien qu'il fut toujours pour la justice et la paix, ne s'est pas prononcé sur l'occupation romaine de l'époque. Sa mission est encore plus profonde et va à la racine de tous les maux: le péché.
Nous voyons combien ce voyage va permettre de découvrir que le Pape Benoît XVI est dans la ligne du Concile Vatican II, avec la promotion de la liberté religieuse, le dialogue interreligieux et l’oecuménisme qui inclu le rapprochement avec nos frères aînés les juifs. Ce voyage sera en quelque sorte l'épreuve du feu, mais va nous surprendre! et résume les principales tensions médiatiques faisant suite à Ratisbonne en septembre 2006 (musulmans) et Williamson en janvier 2009 (levée des excommunications). La béatification de Pie XII sera-t-elle aussi un enjeu ?
Jordanie :
Capitale : Amman
La Jordanie a signé la paix avec Israël. La Cisjordanie était jordanienne entre 1948 et 1967. Il y a des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie. Le Jourdain fait la frontière naturelle avec Israël.
Musulmans : 93,5 %
Chrétiens : 4,1 %
Autres : 2,4 %
Catholiques : 109 000 catholiques - 64 paroisses
Population : 5 720 000
Réfugiés : 500’281
Liberté religieuse ( dans « Libertà religiosa nel mondo ; rapporto 2008 ; Aiuto alla Chiesa che Soffre ):
L’islam est religion d’Etat (art 2 de la constitution ), mais sont prohibées les discriminations fondées sur les motifs religieux. Par contre personne « ne peut accéder au trône s’il n’est pas musulman engendré d’une mère légitime et de père et mère musulmane ». Le contrôle des institutions islamiques est géré par le ministère pour les affaires religieuses, qui nomme les imams et décide des subventions.
En juin 2006, le gouvernement a publié la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont l’article 18 qui reconnaît (art 18 ) le droit de chaque personne à la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté de manifester individuellement ou en groupe, en privé comme en public sa propre religion, son propre credo. Les organisations religieuses ont le droit d’ériger et de gérer des écoles pour l’éducation de leurs propres fidèles. La loi sur les partis politiques ne permet pas l’utilisation des lieux de culte pour des activités pratiques ( selon les observateurs, un moyen d’empêcher que dans les mosquées se répande la propagande politique de la part des radicaux ). L’instruction religieuse, pour les étudiants musulmans est obligatoire dans les écoles publiques.
Pour les chrétiens :
En 1996, le Gouvernement a consenti l’enseignement du christianisme dans les écoles publiques et a proclamé Noël comme fête nationale. Sur les 110 sièges du Parlement, 9 sont réservés aux chrétiens.
Le gouvernement interdit les conversions de l’islam, comme le prosélytisme parmi les musulmans. Les musulmans qui se convertissent à une autre religion subissent des discriminations, aussi bien sociales que de la part des autorités. De plus, le Gouvernement ne reconnaît pas légalement la sharia, laquelle les considère apostats et peuvent avoir leur biens confisqués et certains droits niés.
Pour les musulmans :
En janvier 2006, ont été arrêté Jihad al-Momani, ancien rédacteur de l’hebdomadaire Shihan et Hussein al-Khalidi de l’hebdomadaire al-Mihar, pour avoir publié des caricatures controversés qui représente Mahomet. En février, 2 journalistes ont été condamnés pour des dégradations publiques des prophètes par un tribunal de première instance. En mai suivant, ils ont été condamnés à une peine minimum de deux mois de prison, mais aussitôt relâchés avec cautions.
Les Druses :
Petite communauté de 20'000 fidèles qui continuent à ne pas goûter d’une reconnaissance officielle mais sont libres d’accomplir leur fonction religieuse.
Israël et les territoires palestiniens:
Sans refaire toute l’histoire, du protectorat britannique, à la création de l’Etat d'Israël en 1948, à la guerre des 6 jours, aux territoires occupés, à l’ouverture des rapports diplomatiques entre Israël et le Saint Siège (1995), voici l'état de la situation:
Le climat politique est extrêmement tendu et récemment encore plus par l'attaque de Gaza.
Les habitants de la Terre Sainte sont réparties ente deux entités :
- Israël Capitale : Jérusalem (site du Gouvernement) ; Tel-Aviv (capitale économique)
Les arabes ne sont pas que palestiniens, il y a des arabes qui ont la nationalité israélienne.
- Les territoires palestiniens ( Cisjordanie et bande de Gaza )
Depuis les accords d' Oslo en 1994.
Depuis juin 2007, Gaza est sous le contrôle du Hamas (mouvement de la résistance islamique) suite à une guerre contre Al Fatah, parti du président de l’autorité palestinienne Mahamoud Abbas.
Israël et les territoires palestiniens :
- Bethléem, Ramalah, la Cisjordanie, Jéricho, Gaza, Naplouse et Jénine sont en territoires palestiniens.
- Nazareth est en Israël.
Appartenance religieuse:
Juive : 77%
Musulmane : 12%
Chrétienne : 5,8%
Agnostique : 4,8%
Autres : 0,3%
Catholiques baptisés : 130'000 ( 78 paroisses )
Population : 7'180’000
Réfugiés : en Israël 420’000/ En territoire palestiniens 115 000
Les chrétiens de Terre Sainte se distinguent en trois familles :
- La famille orthodoxe ( séparée de Rome ), la plus nombreuse ( population arabe et hiérarchique grecque ), avec les arméniens, les syriaques, coptes, éthiopiens et russes.
- La famille catholique, les latins, le melkites (arabe de rite byzantin), syriaques, arméniens et maronites.
- La famille protestante d’obédience protestante, anglicane et luthérienne.
- Des chrétiens israéliens depuis peu.
Jérusalem
La vieille ville est divisée en 4 secteurs. Quartier juif, quartier musulman, quartier chrétien et quartier arménien.
Jérusalem "est et nord" est arabe. Jérusalem "ouest" est juive.
Deux mondes se touchent mais s’ignorent. Le mur de protection a rendu encore plus difficile le passage des territoires vers Jérusalem. Le Saint Siège a réagit à la construction de ce mur : « ce n’est pas des murs qu’il faut bâtir, mais des ponts qu’il faut construire ». Le Saint Siège est pour un statut international de la ville de Jérusalem.
Liberté religieuse ( dans « Libertà religiosa nel mondo ; rapporto 2008 ; Aiuto alla Chiesa che Soffre ) :
L’Etat d’Israël n’a pas de Constitution. Mais la déclaration d’indépendance de 1948 précise : « chaque communauté religieuse est libre, de droit et de fait, de pratiquer sa propre religion, de célébrer ses propres fêtes et d’administrer ses propres affaires. Chaque communauté a ses propres tribunaux, reconnus par la loi, qui ont compétences pour les affaires religieuses et pour les questions de statut personnel ».
Les conflits sont donc d’ordres politiques et pas de natures religieuses ( cf. réunion d’Assise pour la paix).
Le judaïsme n’est pas la religion d’Etat en Israël. Les institutions publiques sont laïques et fonctionnent selon les systèmes démocratiques occidentales.
La Knesset (Parlement) comprends 11 députés arabes, chrétiens et musulmans (2008). Tous ce qui est hébreu a une prééminence, car l’Etat a été fondé par les Juifs. Il existe donc des discriminations dans l’éducation, l’accès aux Universités, la carrière militaire, les droits de construire. A cela s’ajoute la confiscation des terrains qui appartiennent aux arabes israéliens pour édifier des colonies.
Par une loi voté par le Knesset en 2002, les palestiniens mariés avec des israéliens arabes n’ont pas la nationalité israélienne car ce ils sont citoyens d’un pays ennemi.
Selon Mgr Marcuzzo, évêque auxiliaire de Nazareth, « les chrétiens sont très préoccupés par l’atmosphère générale en Israël où l’on n’accepte pas la différence qui garanti la protection des minorités ». Les chrétiens ne représentent pas de danger pour la sécurité d’Israël.
Les chrétiens sont discriminés, comme par exemple à Pâques, où ils peuvent avoir des examens à l’Université.
En territoires palestiniens
Il n’y a pas d’Etat palestinien, donc pas de Constitution. Une loi fondamentale promulguée en 2002 gère l’organisation.
Elle déclare que l’islam est la religion officielle et que les principes de la sharia, la loi islamique, sont les principales sources du droit. Toutefois, les chrétiens disposent de leur propre juridiction pour ce qui concerne leur statut personnel. Cette loi fondamentale reconnaît les autres religions célestes, exhorte à leur respect et garantie la liberté de pratiquer les cultes correspondants dans la mesure desquels cette pratique ne viole pas l’ordre publique et la morale. Cette liberté de culte est généralement respectée.
Pour permettre aux chrétiens de participer à la vie politique, un quota leur est réservé au sein du Conseil législatif lors de l’époque des premières élections en 1996. Cette disposition a été également respectée en 2006. Soit : un siège pour Gaza, deux pour Bethléem, deux pour Jérusalem et un pour Ramallah. Mais la victoire du mouvement islamique Hamas (76 siège sur 132) fait craindre pour l’avenir des chrétiens.
Dans ces dernières années, la vie quotidienne des chrétiens s’est ultérieurement dégradé à cause de la croissance des pressions et intimidations exercés sur eux par les musulmans. Les chrétiens sont vus comme des pro-israéliens et américains, soit comme des étrangers.
Cette discrimination consiste à empêcher la vente de produits alcooliques ( incendies des magasins ) et ils sont obligées de payer une taxe aux musulmans. Il y a aussi des expropriations de terrains ( transformation de terrains religieux en parking ).
Il y a 200 latins (catholiques romains), 3 000 orthodoxes et 20 baptistes à Gaza. En 2006, l’Eglise orthodoxe a été attaquée par des hommes avec le visage couvert après le discours du Pape à Ratisbonne. Ensuite, la petite communauté a subi la prise du pouvoir de ce territoire de la part du Hamas.
Durant la nuit entre le 15 et le 16 juin 2007, des hommes masqués et armés, combattant de la brigade Ezzedine El Quassam, l’aile militaire du Hamas, ont attaqué et saccagé l’église catholique latine de Gaza et l’école des sœurs du Rosaire. Parfois les sœurs sont insultées dans la rue.
Enfin en octobre 2007, Rammi Ayyad, propriétaire de l’unique librairie chrétienne du territoire, a été séquestré et assassiné avec des tirs d’armes à feu. La victime d’origine orthodoxe était entrée dans l’association baptiste. Sa librairie avait été incendiée par un groupuscule dénommé « les épées virtuoses de l’islam ». L’ex premier ministre, chef du Hamas a dénoncé ce sabotage de l’unité palestinienne.
L'Eglise catholique en Terre Sainte.
Certains n’hésitent pas à parler de la Terre Sainte comme le « nombril du monde ». Le Pape s’y rend car les racines chrétiennes y sont présentes. C’est la Terre Sainte, la terre que Jésus a foulé, le lieu de sa naissance, de sa vie terrestre et historique, de sa mort et de sa résurrection. Les chrétiens y vivent avec les juifs et les musulmans. C’est enfin le monde de la Bible, de l’Ecriture Sainte.
Il y a deux nonces apostoliques ( représentant du Pape auprès des gouvernements et de l’Eglise ). Un nonce en Jordanie et un nonce en Israël qui est en lien avec l’autorité palestinienne. Ce dernier montre la volonté de paix et d’unité.
Patriarcat latin
Le Patriarcat latin de Jérusalem est une juridiction de l'Église catholique romaine au Proche et Moyen-Orient. La très grande majorité de ses fidèles sont des arabes. La plus haute autorité catholique latine d'Orient porte le titre de Patriarche latin de Jérusalem (titulaire actuel : Sa Béatitude Mgr Fouad Twal depuis le 22 juin 2008).
En Palestine
Le patriarcat compte 28 paroisses à Jérusalem et dans les territoires palestiniens administrées par le vicaire général.
En Israël
1 - Vicariat d'Israël (catholiques arabophones)
Le vicariat d'Israël compte 14 paroisses.
2 - Vicariat catholique hébraïque
Le vicariat catholique hébraïque compte 4 communautés locales.
Pour Israël et la Palestine:
110 séminaristes ( 14 mineurs ), 11 évêques, 406 prêtres (89 prêtres diocésains, 317 prêtres religieux), 5 diacres permanent, 203 religieux, 968 religieuses, 1 missionaire laïc. 10 Universités ( 140 écoles maternelles et primaires, 42 inférieures et secondaires ). Il y a à peine plus de 1% de catholique, de latins en Israël et chez les palestiniens.
Il y a des chrétiens Israéliens ( une toute petite minorité, avec une paroisse catholique hébraïque ) et des chrétiens palestiniens ( la majorité ). Les chrétiens sont majoritairement plutôt pour les palestiniens et semble résigné face à l’occupation d’Israël.
En Jordanie
7 séminaristes, 4 évêques, 103 prêtres (59 prêtres diocésains, 44 prêtres religieux), 1 diacre permanent, 9 religieux, 249 religieuses. Le vicariat de Jordanie compte 64 paroisses. Aucune Université ( 97 écoles maternelles et primaires, 26 inférieures et secondaires ).
(A Chypre: Le vicariat de Chypre compte 6 paroisses)
Conférence des évêques latins dans les régions arabes
La Conférence des évêques latins dans les régions arabes existe depuis mars 1967. Elle regroupe les évêques, les vicaires patriarcaux et les administrateurs apostoliques d'Irak, de Djibouti, du Liban, du Koweït, des Émirats arabes unis, de Syrie, de Palestine, de Jordanie, d'Israël, de Chypre, d'Égypte et de Somalie. Elle est présidée par le Patriarche latin de Jérusalem. Un évêque auxiliaire est en Jordanie, un autre à Nazareth.
Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte
L'Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte regroupe les évêques des différentes communautés catholiques (Latins et Orientaux) ayant juridiction en Terre Sainte. Ses statuts ont été approuvés par le pape en 1992. Elle est présidée par le Patriarche latin de Jérusalem.
Formation du clergé
Pour la formation de son clergé, le patriarcat dispose du séminaire latin de Jérusalem créé en 1852.
Le Patriarcat latin de Jérusalem est membre du Conseil des Églises du Moyen-Orient.
La présence des franciscains remonte à la rencontre de Saint François d’Assise et le Sultan. Aussi, le message de Saint François d’Assise ( en référence au rencontre d’Assise pour la paix ) sera important.
1er voyage du Pape Paul VI en 1964
4-6 janvier 1964
2ème voyage du Pape Jean Paul II en 2000
20-26 mars 2000
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mercredi, 06 mai 2009
Garde suisse pontificale
Entretien avec le chapelain de la Garde suisse pontificale
32 nouveaux gardes vont prêter serment le 6 mai
ROME, Mardi 5 mai 2009 (ZENIT.org)
A la veille de la cérémonie d'assermentation de 32 gardes suisses (cf. Zenit du 3 mai), le chapelain de la garde suisse, monseigneur Alain de Raemy, nous présente la garde suisse et son histoire. C'est à la lumière de celle-ci et des événements du 6 mai 1527 que la prestation de serment des nouvelles recrues prend son sens.
Zenit - Monseigneur Alain de Raemy, pouvez vous nous dire quelle est l'origine de la garde suisse ?
Mgr Alain de Raemy - Elle répond à un appel du pape Jules II et des papes suivants, qui ont tous voulu compter sur ce soutien des Suisses dans leur garde personnelle. Ceux-ci avaient à l'époque, en 1506, la réputation d'être une excellente infanterie et d'être fiables aussi, parce que de tempérament, de par nature, très fidèles, et en dehors des coalitions internationales. Déjà à l'époque ils étaient neutres. Et donc ces qualités ont fait que les papes ont voulu, dès Jules II, des Suisses à leur service pour leur protection personnelle et la protection de leur maison, et non pas seulement comme mercenaires pour leurs campagnes de guerre dans les Etats pontificaux. Voilà, une histoire de 500 ans, avec une mission, toujours la même, et chaque pape a toujours, et ça c'est assez remarquable, évité en cas de conflit que sa garde personnelle ne doive avoir recours à la violence. On leur a toujours demandé de déposer les armes au moment où il y avait le risque de verser le sang.
Zenit - Il y a pourtant eu, en 1527, de nombreux morts dans la garde suisse...
Mgr Alain de Raemy - C'est la seule fois dans l'histoire où, effectivement, les gardes ont versé leur sang pour le pape, lors du sac de Rome. Les lansquenets, complètement déchainés puisqu'ils n'avaient pas été payés, se sont rués sur Rome, sur le Vatican, et les 147 gardes ont essayé de retenir aussi longtemps que possible cette horde en surnombre devant la basilique St Pierre. Ils savaient qu'ils n'allaient pas pouvoir le faire longtemps, et donc qu'ils allaient offrir leur vie, la sacrifier. On pourrait dire que ce sont des "martyrs", même si on ne connaissait pas leurs dispositions personnelles devant Dieu, mais ce sont des martyrs pour le pape. Ça s'est passé le 6 mai 1527, et c'est pour cela que l'assermentation a toujours lieu, chaque année, le 6 mai, en souvenir de cet acte héroïque.
Zenit - Pouvez-vous nous dire comment se déroule cette journée du 6 mai ?
Mgr Alain de Raemy - Tout commence par la messe le matin, à St Pierre, avec le cardinal secrétaire d'Etat. Depuis deux ans, c'est lui qui célèbre pour nous cette messe, où l'on confie à Dieu la mission de la Garde Suisse et l'assermentation des nouveaux gardes. Puis ça se poursuit dans notre cour d'honneur où il y a un monument qui rappelle le sacrifice de ces 147 gardes du 6 mai 1527 ; on y dépose une couronne en souvenir de ces gardes sacrifiés. L'après midi a lieu l'assermentation proprement dite dans la cour Saint Damase, c'est-à-dire au cœur de la résidence du pape, puisque cette résidence est confiée à notre service de sécurité. Chaque recrue comme on les appelle jusqu'à leur assermentation, s'approche du drapeau, le tient de la main gauche et élève la main droite en tendant trois doigts vers le ciel, en signe de la Trinité, comme l'ont fait les premiers suisses qui se sont confédérés. Et ils jurent ainsi, devant Dieu, fidélité absolue au pape et à l'Eglise.
Zenit - Y'a-t-il un acte de foi qui est posé au moment de l'assermentation ?
Mgr Alain de Raemy - Non, mais à travers la formule de jurement, ils jurent, ce qui est exceptionnel quand même pour un catholique. Ils le font d'après les conditions que met l'Eglise, c'est-à-dire qu'il s'agisse d'une cause juste, qu'ils soient bien conscients de ce qu'ils font, de ce que ça implique, et qu'ils le fassent en toute liberté. C'est au chapelain de les préparer à être dans cet esprit. Et ensuite, la formule elle-même se termine par « Je jure d'observer, loyalement et de bonne foi, tout ce qui vient de m'être lu aussi vrai que Dieu et ses saints m'assistent ».
Zenit - Est-ce que le fait de travailler à Rome, au contact du pape permet aussi de développer la foi de ces jeunes ? Est-ce qu'il y a un attachement plus particulier à l'Eglise dont vous êtes témoin à travers l'accompagnement que vous réalisez ?
Mgr Alain de Raemy - Il y a un intérêt, sûrement, qui grandit au fur et à mesure de leur séjour ici puisqu'ils découvrent les différents aspects de l'Eglise universelle, dont ils ne connaissaient avant que leur propre paroisse, et encore. Et ça c'est une immense ouverture qui leur pose beaucoup de questions auxquelles il faut répondre. Ça éveille en eux un intérêt automatique. Il y a aussi l'attachement au Saint-Père qui est très fort, puisqu'ils vont jurer de donner même leur vie si nécessaire pour le Saint-Père.

Zenit - En tant que chapelain vous accompagnez ces militaires. Quel est votre rôle ?
Mgr Alain de Raemy - Le chapelain est un aumônier. Il y a 110 hommes, dont 80 qui sont des jeunes entre 20 et 25 ans et qui viennent ici pour 2 ans. Les autres sont des personnes qui restent plus longtemps, comme les sous-officiers et les officiers. Parmi les officiers, certains sont appelés directement de Suisse, pour venir renforcer le contingent. Et il y a les familles, car il faut ajouter aux 110 les épouses des sous-officiers et des officiers, et aussi une bonne vingtaine d'enfants ici dans le quartier. Alors, le rôle d'un aumônier, c'est de vivre avec ces personnes dans leurs tâches particulières. C'est un accompagnement de tous les instants. C'est aussi une formation permanente, une catéchèse d'adulte, c'est la célébration de la messe, la disponibilité pour les confessions et l'accompagnement spirituel ainsi que la célébration des autres sacrements comme lorsqu'il y a une naissance ou un mariage.
Zenit - Vous vivez avec ces gardes suisses qui ont choisi ce service. Vus les présupposés nécessaires pour faire partie du corps, est-ce qu'il y de leur part une demande chrétienne en plus?
Mgr Alain de Raemy - Il y a un présupposé qui est celui d'être catholique, baptisé, confirmé et recommandé par son curé en Suisse. Mais bien sûr chacun arrive avec un bagage différent, que ce soit la famille qui était plus ou moins pratiquante, que ce soit leur propre parcours religieux. Donc la demande est différente même si les présupposés sont les mêmes, et il faut être très souple et savoir accueillir la situation de chacun par rapport à la foi et à l'Eglise. Mais on peut signaler que la Garde est le meilleur « fournisseur » de vocations sacerdotales ou religieuses pour la Suisse, en moyenne 1 ou 2 par an, sans oublier les bons pères de familles et chrétiens engagés qui en sortent aussi !
Propos recueillis par Stéphane Lemessin
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mardi, 05 mai 2009
Opinion publique: La peur de l'isolement
Chaque catholique peut faire l'expérience d'appartenir à toute petite minorité. Durant ces derniers mois, l'Eglise et particulièrement Benoît XV ont été mis au pilori. Nombres de journaux, de radios, de télévisions (peut-être moins sur Internet) et de personnes le considèrent comme très étroit, traditionnaliste, maladroit .... sans que des journalistes ou des catholiques osent se placer publiquement, "massivement" et raisonnablement à ses côtés.
Tentatives d'explications d'un phénomène très complexe et difficile à saisir, qui nous échappe comme le vent: l'opinion publique.
Interview d'une femme très peu connue dans le monde francophone (date de 1999).

Elisabeth Noëlle-Neumann, né en 1916, est politologue, professeur en science de la communication à l’université de Mayence. Après avoir fait des études aux États-Unis, c’est elle qui a introduit les sondages d’opinion en Allemagne. Elle est la fondatrice et directrice de L’Institut de sondage à Allensbach, l’un des instituts de sondage les plus importants dans le monde. Auteur de sondages d’opinion, elle a permis à plusieurs générations d’étudiants l’initiation à tous les secrets de cette technique de recherche.
Mais son chef d’oeuvre, "The Spiral of Silence - Public Opinion: our social skin" (La spirale du silence - L'opinion public: notre peau sociale), bien qu’il ait connu un succès international (il est déjà traduit en cinq langues et deux autres sont sous presse), n’est malheureusement toujours pas disponible en français.
Question: Vous travaillez depuis presque soixante ans sur l’opinion publique et sur les sondages d’opinion. Vous connaissez mieux que n’importe qui ses écueils, les difficultés de la saisir et de les interpréter. Vous avez publié d’innombrables articles, rapports et livres sur la question. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est votre thèse, connue dans le monde entier, la spirale du silence, que je considère comme l’une des thèses les plus originales et aussi les plus opérationnelles non seulement en étude politique, mais de manière générale dans les sciences sociales. Pouvez-vous nous expliquer comment l’idée de cette thèse est née?
La thèse de la spirale du silence est fondée sur l’hypothèse que les hommes ont une double nature: un caractère individuel et une nature sociale. La nature sociale de l’homme a besoin d’assentiment, d’approbation, de reconnaissance, de popularité; et cela non seulement avec les personnes de l’environnement immédiat, mais aussi avec le public anonyme. Les individus scrutent constamment leur environnement, observent sans cesse ce que les autres pensent. Ils souhaitent savoir avec quel comportement et avec quelles opinions ils se feront accepter et avec quel comportement et avec quelles opinions ils seront refusés, en conséquence isolés. S’ils remarquent que leurs opinions sur des questions controversées et moralement chargées rencontrent l’approbation, ils les prononcent fort, en parlent beaucoup. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsqu’ils ont l’impression que leur opinion diffère de celle qu’ils estiment être l’«opinion légitime», ils deviennent prudents, en parlent de moins en moins. Et comme une partie des individus parle fort – ceux qui pensent être du côté de l’«opinion légitime», comme l’on n’entend parler qu’eux, cette partie semble plus importante qu’elle ne l’est en réalité. Et comme la contre-partie se tait de plus en plus (car les individus de ce camp se sentent minoritaires), ce camp semble plus faible qu’il ne l’est réellement. Ce mouvement se poursuit en rotation de spirale jusqu’à ce que l’un des deux camps maitrise complètement l’opinion et que l’autre soit pour ainsi dire noyé.
Deux impulsions résultaient de cette conception. L’une a été un résultat scientifique qu’à l’époque je n’ai pas pu m’expliquer. En effet, en 1965 ont eu lieu des élections pour le Bundestag, notre Parlement national. Pendant neuf mois, les intentions de vote pour les deux grands partis politiques, les chrétiens- démocrates (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD), demeurèrent à peu près égales. C’est-à-dire entre décembre 1964 et août 1965 les deux étaient au coude à coude. Et alors le tableau se brouilla. À savoir, l’attente que le parti des chrétiens- démocrates vaincrait monta d’environ 35% en décembre 1964 à plus de 50% en août 1965. Et parallèlement, les chances du parti des sociaux-démocrates ont été en décroissance. Je n’ai pu expliquer ce phénomène que six ans plus tard. En fait, les deux camps, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates, différaient dans leur disposition de parler en public. Le camp parlant fort (à cette époque il s’agissait des chrétiens- démocrates) était beaucoup et toujours surestimé dans sa vigueur, le camp devenant de plus en plus silencieux (à cette époque les sociaux-démocrates) étant de plus en plus sous-estimé. La raison pour laquelle j’ai pu trouver cette explication, six ans plus tard, était la suivante. Comme professeur à l’université de Mayence, j’ai dû lutter avec des manifestations étudiantes à partir de 1968. J’y observais que les étudiants qui me soutenaient, me déclaraient leur sympathie personnellement. Mais en public, ils se taisaient. Mes adversaires par contre parlaient fort et on a pu les entendre sur tout le campus.
Question: Vous affirmez dans votre thèse que l’«homme en tant qu’être social», donc constamment à l’affût de ce que les autres pensent, est un aspect encore peu étudié dans la recherche. Qu’entendez-vous exactement par là?
Le besoin des hommes d’être accepté par d’autres semble être enraciné tellement profondément dans la nature humaine, qu’il en résulte une sorte de crainte d’isolement. Cette crainte détermine tout leur comportement en public. Il en découle un conformisme qui tient l’ensemble d’une société; on peut parler d’intégration. Comme dans la culture occidentale on s’intéresse avant tout à l’individu, à la personnalité, l’aspect «nature sociale» n’est pas un sujet de recherche, à la rigueur il constitue un objet de mépris: «l’homme de masse», «le suiveur».
Question: Pensez-vous que dans les sociétés industrielles les médias interviennent de manière décisive dans la structuration de l’opinion publique? Quelles en sont les conséquences?
Les hommes acquièrent leurs informations sur les opinions (je pense toujours aux opinions concernant les questions controversées et moralement chargées, et je ne parle pas d’opinions générales) de deux sources: d’une part de leur observation – il s’agit des observations faites par leurs propres yeux et oreilles. Ils peuvent capter des signes d’assentiment et/ou de refus avec une finesse extraordinaire. L’autre source est constituée par des mass médias, surtout ceux qui jouissent d’un prestige particulier, comme la télévision ou certains médias primés – je pense aux «leaders des médias» ou «donneurs de ton» – qui sont cités par d’autres médias. L’effet de média sur le procès de la «spirale du silence», c’est- à-dire sur le renforcement et la chute de l’opinion public, est très fort. La conséquence de ce phénomène est que le procès de l’opinion publique ne se réalise pas à travers les échanges d’arguments rationels – comme on l’avait espéré dans le siècle des Lumières – mais plutôt sous une pression sociale.
Question: Vous admettez que les médias sont des entreprises, avec leurs lois, leurs règles, etc., comme n’importe quelle autre organisation. Peut-on dans ce contexte prétendre que le(s) journaliste(s) n’est (ne sont) qu’un maillon dans la chaine de fabrication des messages ou bien, malgré cela, est-il (sont-ils) capable(s) d’intervenir, disons d’«agir» sur les messages ou de les«modifier»?
D’après les résultats des chercheurs de communication américains et allemands, des journalistes sont soumis à une «peer orientation» (ndlr: to peer: regarder très attentivement, scruter) inhabituellement rigoureuse. Le livre scientifique classique dans lequel cela a été décrit pour la première fois est Warren Breed (1955): "Social Control in the Newsroom". Le journaliste, en tant qu’individu, ne souhaite pas s’isoler par rapport à ses collègues. C’est pourquoi il dépend tellement du consensus, du respect de ses collègues (ce que les autres pensent de lui) et ainsi on peut même parler d’un «effet de suivisme» qui se produit parmi les journalistes.
Question: Que peut-on dire sur le rôle des intellectuels dans la définition du climat? Notamment, en ce qui concerne les dernières années, de l’ambiance dans les pays post-industriels? Peut-on dire que les intellectuels ont joué un rôle par exemple dans l’apparition du «nouveau mouvement» appelé «politiquement correct»?
«Political correctness» est un moyen de domination des intellectuels. Il s’agit en quelque sorte de l’autre face de ce qu’on a appelé longtemps tabou. «Tabou» = «on ne peut pas dire cela» - «political correctness» = «il faut dire cela». Tous les deux appartiennent au processus de l’opinion publique: ce qu’on peut dire dans le domaine d’une controverse moralement chargée sans s’isoler, ou ce qu’il faut dire si on ne veut pas s’isoler et être rejeté.
source:
Géographie, Économie, Société, vol.1, n°2, 1999, 395-401
HORS CHAMP (2)
L’opinion publique: la thèse de la «spirale de silence» Un entretien Elisabeth Noëlle-Neumann
Institut für Demoscopie Allensbach, 78472 Allensbach am Bodensee, Allemagne,
Judith Lazar CURAPP, 27 d, Bld. Jourdan, Résidence Avicenne, 75014 Paris, France,
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Congrès de la faculté de communication
S’il est un écrivain catholique, original et surprenant, c’est bien Flannery O’Connor. Un congrès lui a été consacré à Rome. Il a eu lieu à l’Université pontificale de la Sainte Croix et a rassemblé des experts du monde entier dont certains ont connu cet écrivain d’histoires courtes comme «Le dos de Parker» ou «Les braves gens ne courent pas les rues». Ce congrés de Poétique et Christianisme intitulé «Raison, fiction et foi », est le 4ème organisé par la Faculté de communication institutionnelle de cette université de Rome. Au programme, des interventions remarquées, mais également la projection d’un film et une pièce de théâtre jouée par une Compagnie théâtrale de New York.Le Père Wauck précise que Flannery O'Connor n'a pas écrit uniquement pour un public catholique: “A ses débuts, Flannery O’Connor n’était pas une artiste catholique dans le vrais sens du terme. Elle avait, certes, une foi profonde, elle allait à la Messe tous les jours, elle estimait que l’Eucharistie était le centre de sa vie, mais elle n’écrivait pas pour ceux qui partageaient sa croyance…elle écrivait pour un public universel, ou du moins anglophone".
Le Père Wauck explique la raison pour laquelle un congrès lui a été consacré dans une université pontificale de Rome. «Flanney O’Connor montre que la communication de la foi diffère du type de communication que l’on a dans une homélie par exemple ou dans la diffusion d’une nouvelle concernant l’Eglise». Flannery O’Connor, morte à 39 ans après une grave maladie, le lupus, se distingue pour son sens de l’humour et sa capacité de conjuguer dans son œuvre, la raison, l’art et la foi. Un film a été tiré de son premier ouvrage “La Sagesse dans le sang». Elle a su décrire des personnages grotesques dont les vies sont marquées par l’entrée de la Grâce, à travers des épisodes étranges et violents. Elle a passé les dernières années de sa vie dans la ferme de famille «Andalousie» à Milledgeville en Géorgie, entourée de paons. Aujourd’hui cette maison est devenue un musée ouvert au public. Le prof. Juan José Garcia Noblejas, président du Comité d’organisation, présente l’essence du message de Flannery O’Connor: “Nous vivons dans une vallée de larmes et nous avons de bonnes raisons de pleurer mais surtout d’espérer. L’espérance est donc une arme pour vivre dans ce qu’elle appelle le territoire du diable, qui n’est pas une métaphore mais une description du monde dans lequel nous vivons».
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lundi, 04 mai 2009
Benoît XVI en Terre Sainte: Le pèlerinage des pierres blanches

David contre Goliath
Alors que le château Saint Ange voyait défiler les personnes pour l'avant première mondiale du film à gros budget "Anges et Démons", le second roman de Dan Brown, avec son ballet de Mercedes noires, de journalistes et de gardes du corps, la salle de presse du Saint Siège accueillait une cinquantaine de journalistes pour un dernier briefing sur le prochain voyage du Pape en Terre Sainte (vendredi 8 mai au vendredi 15 mai 2009). Le Père Lombardi a présenté les grandes lignes de l'imminent pèlerinage papal. Un seul homme du Vatican faisant face aux journalistes, alors qu'à un jet de pierre une foule quelque peu plus nombreuse et fortunée se préparaient à l'envahissement des grands écrans du monde, cela ressemblait fort à David contre Goliath. Mais l'Eglise dispose et sème toujours de toutes petites pierres blanches dans le coeur des gens et l'histoire humaine, avec des petits budgets certes mais de tout son coeur.
Le douzième voyage du Pape
L'avion papal s'envolera vers la Jordanie le vendredi 8 mai avec 70 journalistes embarqués. Un autre avion les précèdera avec 150 journalistes à bord. Ce sera le 12ème voyage de Benoît XVI et le troisième pèlerinage d'un Pape de l'ère moderne en Terre Sainte, après Paul VI en 1964 et Jean Paul II pour le Jubilé de l'an 2000. Le Cardinal Ratzinger s'était déjà rendu par trois fois sur les pas du Christ: la première fois à l'âge de 37 ans comme jeune prêtre en 1964, puis en 1992 et enfin 1994 avec une série de discours importants sur les relations entre l'Eglise et Israël.
Un pèlerinage
Ce pélerinage, qui s'inscrit malgré tout dans un contexte politique, permettra au Pape de visiter les lieux saints mais surtout de soutenir, de confirmer et de renforcer humainement et spirituellement la toute petite minorité marginalisé des chrétiens vivant en Terre Sainte. Ce voyage pastoral se veut être porteur de paix et de réconciliation. Le contexte politique tendu, le récent conflit et l'attaque à Gaza, les élections palestiniennes renvoyés pour un temps plus lointain, mettant aux prises le Fatah et le Hamas, et enfin le changement de la politique du nouveau président Obama mettront en évidence le choix très courageux et risqué de Benoît XVI, son engagement pastoral résolu en faveur de la paix. L'Irak et les réfugiés chrétiens en Jordanie, l'Iran et ses menaces nucléaires et destructrices et les camps des réfugiés palestiniens pèseront de tout leurs poids. L'Eglise pose un acte d'espérance et de confiance.
Le dialogue
Dialogue interreligieux avec les musulmans, oecuménisme entre les différents chrétiens incluant l'amitié irrévocable avec nos frères aînés Juifs, tels seront les trois rayons de lumières qui illumineront les trois pays visités: La Jordanie, l'Etat d'Israel et les territoires de la Palestine. Durant une semaine, les projecteurs mondiaux mettront aussi en reliefs les trois religions qui se réclament de la descendance d'Abraham. Trois Cardinaux accompagneront Benoît XVI: Le Cardinal Sandri préfet des Eglises orientales, le Cardinal Kasper pour la dialogue avec le judaïsme et les chrétiens en le Cardinal Tauran pour la dialogue interreligieux. Le Cardinal Bertone, secrétaire d'Etat, le substitut Mgr Filoni, ainsi que la suite papal feront parti du voyage.
Le Saint Père prononcera plus de 30 discours en anglais et visitera pour la seconde fois une Mosquée en Jordanie.
Sur les pas du Christ
Certes, il marchera sur les pas du Christ comme sur ceux de Jean Paul II. Une première toutefois: le Pape célèbrera une Messe en plein air à Jérusalem près du Jardin de Oliviers où 7000 fidèles sont attendus. A Bethléem, en territoire palestinien, Benoît XVI rencontrera des réfugiés ainsi que des chrétiens de la paroisse de la bande de Gaza lors d'une seconde messe en plein air. Puis, il visitera le Caritas Baby Hospital soutenu par la Suisse et l'Allemagne.
Un condensé d'histoire
En une seule journée, il gravira pour la toute première fois le sentier vers l'esplanade des Mosquées, un des lieux sacrés pour les musulmans poursuivant par une visite au Dôme du Rocher, l'endroit où Abraham offrit son fils Isaac à Dieu, ou selon la tradition musulmane le prophète Mahomet s'envola vers le ciel. Ensuite, il redescendra au Mur Occidental du Temple de Jérusalem. Ce bout de terre qui condense quelques millénaires d'histoire religieuse sera visité par le successeur de Pierre qui veut aller en pèlerin à la rencontre de tous sans exclusions, en serrant les mains et en écoutant chacun, prônant le dialogue, la paix et la réconciliation. Quelques jours auparavant, il aura honorer la mémoire des victimes de l'Holocauste, l'horreur nazi à Yad Vashem.
Le sens des pierres
Enfin, ce pèlerinage soulignera le dynamisme de l'Eglise constituée de pierres vivantes que sont les habitants et les chrétiens de la Terre Sainte, Eglise faites de personnes bien vivantes qui s'investiront pour le futur ancré prophétiquement dans la pierre: poses de première pierre en Jordanie pour une Université latine, non sans avoir oublier les handicapés souvent marginalisés. Également pose de premières pierres à Nazareth avec la construction d'un centre pour la famille, d'un lieu souvenir de Jean Paul II et enfin d'une autre Université qui portera le nom de Benoît XVI, sans oublier la construction des deux églises sur les bords du Jourdain en Jordanie. Les pierres qui étaient cachées dans la poche de David seront alors investies et ensevelies pacifiquement comme fondement pour la culture, la solidarité et la prière et soutiendront l'engagement pour la paix.
Le 13 mai, un grand Concert, avec des talents de renom, pour les jeunes organisé par le Télévision italienne de la conférence épiscopale marquera la volonté de réconciliation
Un vrai marathon
Le programme de la visite de Benoît XVI ressemble à un vrai marathon avec nombres de rencontres politiques (gouvernements et autorités) et religieuses dans des lieux phares de l'histoire humaine et chrétienne. Ce pèlerinage de Benoît XVI sera sans doute moins intense qu'une Semaine Sainte, mais sans aucun doute une semaine extraordinaire en Terre Sainte.
Pour nos amis les journalistes
La troisième messe en plein air sera célébrée à Nazareth, lieu de l'Annonciation, avec plus de 20 000 pélerins attendus. Selon toute vraisemblance, le Pape utilisera malgré tout la Papamobile à Nazareth pour être vu et très proche des fidèles.
Enfin, un journaliste n'a pas manqué de demander si le Pape parlera en allemand. Même si cela semble peu probable, reste qu'un Pape d'origine allemande visitant Israël comme l'ami des Juifs est vraiment historique. Puis tous le monde semble se poser la question si le Pape priera ou se recueillera sur les lieux saints musulmans, comme lors de la visite à la Mosquée bleue d'Istambul ou Constantinople après la polémique de Ratisbonne.
La pierre du Tombeau vide
La visite au saint Sépulcre marquera la fin du pèlerinage de Benoît XVI. Le Père Lombardi n'a pas manqué de rappeler la dernière visite de Jean Paul II dans ce lieu d'espérance, malgré la visibilité de la division des chrétiens. Fatigué, il n'avait pu monter les marches du Calvaire. Mais peu avant de repartir pour Rome, dans la voiture, il a insisté pour se rendre au Calvaire, qu'il n'avait pu gravir. Changement complet du programme, panique des organisateurs et des services de sécurité, Jean Paul II voulait absolument s'y rendre et ... y parviendra malgré tout.
Les racines chrétiennes sont plantées dans ce pays de Jésus, avec la pierre du tombeau laissant la terre à jamais ouverte vers le ciel.
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