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mercredi, 06 mai 2009

Garde suisse pontificale

images.jpgEntretien avec le chapelain de la Garde suisse pontificale

vidéo H20 News


32 nouveaux gardes vont prêter serment le 6 mai

ROME, Mardi 5 mai 2009 (ZENIT.org)

A la veille de la cérémonie d'assermentation de 32 gardes suisses (cf. Zenit du 3 mai), le chapelain de la garde suisse, monseigneur Alain de Raemy, nous présente la garde suisse et son histoire. C'est à la lumière de celle-ci et des événements du 6 mai 1527 que la prestation de serment des nouvelles recrues prend son sens.

Zenit - Monseigneur Alain de Raemy, pouvez vous nous dire quelle est l'origine de la garde suisse ?

Mgr Alain de Raemy - Elle répond à un appel du pape Jules II et des papes suivants, qui ont tous voulu compter sur ce soutien des Suisses dans leur garde personnelle. Ceux-ci avaient à l'époque, en 1506, la réputation d'être une excellente infanterie et d'être fiables aussi, parce que de tempérament, de par nature, très fidèles, et en dehors des coalitions internationales. Déjà à l'époque ils étaient neutres. Et donc ces qualités ont fait que les papes ont voulu, dès Jules II, des Suisses à leur service pour leur protection personnelle et la protection de leur maison, et non pas seulement comme mercenaires pour leurs campagnes de guerre dans les Etats pontificaux. Voilà, une histoire de 500 ans, avec une mission, toujours la même, et chaque pape a toujours, et ça c'est assez remarquable, évité en cas de conflit que sa garde personnelle ne doive avoir recours à la violence. On leur a toujours demandé de déposer les armes au moment où il y avait le risque de verser le sang.

Zenit - Il y a pourtant eu, en 1527, de nombreux morts dans la garde suisse...

Mgr Alain de Raemy - C'est la seule fois dans l'histoire où, effectivement, les gardes ont versé leur sang pour le pape, lors du sac de Rome. Les lansquenets, complètement déchainés puisqu'ils n'avaient pas été payés, se sont rués sur Rome, sur le Vatican, et les 147 gardes ont essayé de retenir aussi longtemps que possible cette horde en surnombre devant la basilique St Pierre. Ils savaient qu'ils n'allaient pas pouvoir le faire longtemps, et donc qu'ils allaient offrir leur vie, la sacrifier. On pourrait dire que ce sont des "martyrs", même si on ne connaissait pas leurs dispositions personnelles devant Dieu, mais ce sont des martyrs pour le pape. Ça s'est passé le 6 mai 1527, et c'est pour cela que l'assermentation a toujours lieu, chaque année, le 6 mai, en souvenir de cet acte héroïque.

Zenit - Pouvez-vous nous dire comment se déroule cette journée du 6 mai ?

Mgr Alain de Raemy - Tout commence par la messe le matin, à St Pierre, avec le cardinal secrétaire d'Etat. Depuis deux ans, c'est lui qui célèbre pour nous cette messe, où l'on confie à Dieu la mission de la Garde Suisse et l'assermentation des nouveaux gardes. Puis ça se poursuit dans notre cour d'honneur où il y a un monument qui rappelle le sacrifice de ces 147 gardes du 6 mai 1527 ; on y dépose une couronne en souvenir de ces gardes sacrifiés. L'après midi a lieu l'assermentation proprement dite dans la cour Saint Damase, c'est-à-dire au cœur de la résidence du pape, puisque cette résidence est confiée à notre service de sécurité. Chaque recrue comme on les appelle jusqu'à leur assermentation, s'approche du drapeau, le tient de la main gauche et élève la main droite en tendant trois doigts vers le ciel, en signe de la Trinité, comme l'ont fait les premiers suisses qui se sont confédérés. Et ils jurent ainsi, devant Dieu, fidélité absolue au pape et à l'Eglise.

Zenit - Y'a-t-il un acte de foi qui est posé au moment de l'assermentation ?

Mgr Alain de Raemy - Non, mais à travers la formule de jurement, ils jurent, ce qui est exceptionnel quand même pour un catholique. Ils le font d'après les conditions que met l'Eglise, c'est-à-dire qu'il s'agisse d'une cause juste, qu'ils soient bien conscients de ce qu'ils font, de ce que ça implique, et qu'ils le fassent en toute liberté. C'est au chapelain de les préparer à être dans cet esprit. Et ensuite, la formule elle-même se termine par « Je jure d'observer, loyalement et de bonne foi, tout ce qui vient de m'être lu aussi vrai que Dieu et ses saints m'assistent ».

Zenit - Est-ce que le fait de travailler à Rome, au contact du pape permet aussi de développer la foi de ces jeunes ? Est-ce qu'il y a un attachement plus particulier à l'Eglise dont vous êtes témoin à travers l'accompagnement que vous réalisez ?

Mgr Alain de Raemy - Il y a un intérêt, sûrement, qui grandit au fur et à mesure de leur séjour ici puisqu'ils découvrent les différents aspects de l'Eglise universelle, dont ils ne connaissaient avant que leur propre paroisse, et encore. Et ça c'est une immense ouverture qui leur pose beaucoup de questions auxquelles il faut répondre. Ça éveille en eux un intérêt automatique. Il y a aussi l'attachement au Saint-Père qui est très fort, puisqu'ils vont jurer de donner même leur vie si nécessaire pour le Saint-Père.

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Zenit - En tant que chapelain vous accompagnez ces militaires. Quel est votre rôle ?

Mgr Alain de Raemy - Le chapelain est un aumônier. Il y a 110 hommes, dont 80 qui sont des jeunes entre 20 et 25 ans et qui viennent ici pour 2 ans. Les autres sont des personnes qui restent plus longtemps, comme les sous-officiers et les officiers. Parmi les officiers, certains sont appelés directement de Suisse, pour venir renforcer le contingent. Et il y a les familles, car il faut ajouter aux 110 les épouses des sous-officiers et des officiers, et aussi une bonne vingtaine d'enfants ici dans le quartier. Alors, le rôle d'un aumônier, c'est de vivre avec ces personnes dans leurs tâches particulières. C'est un accompagnement de tous les instants. C'est aussi une formation permanente, une catéchèse d'adulte, c'est la célébration de la messe, la disponibilité pour les confessions et l'accompagnement spirituel ainsi que la célébration des autres sacrements comme lorsqu'il y a une naissance ou un mariage.

Zenit - Vous vivez avec ces gardes suisses qui ont choisi ce service. Vus les présupposés nécessaires pour faire partie du corps, est-ce qu'il y de leur part une demande chrétienne en plus?

Mgr Alain de Raemy - Il y a un présupposé qui est celui d'être catholique, baptisé, confirmé et recommandé par son curé en Suisse. Mais bien sûr chacun arrive avec un bagage différent, que ce soit la famille qui était plus ou moins pratiquante, que ce soit leur propre parcours religieux. Donc la demande est différente même si les présupposés sont les mêmes, et il faut être très souple et savoir accueillir la situation de chacun par rapport à la foi et à l'Eglise. Mais on peut signaler que la Garde est le meilleur « fournisseur » de vocations sacerdotales ou religieuses pour la Suisse, en moyenne 1 ou 2 par an, sans oublier les bons pères de familles et chrétiens engagés qui en sortent aussi !

Propos recueillis par Stéphane Lemessin

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