jeudi, 07 mai 2009
Pèlerinage de Benoît XVI en Terre Sainte
La situation politique vue sous l’angle de la liberté religieuse en Terre Sainte.
La Terre Sainte, Jordanie, Israël et les territoires palestiniens sont labellés comme des régions du monde où les limitations de la liberté religieuse sont présentes avec des conflits locaux.
La Terre Sainte ( Jordanie, Israël et les territoires palestiniens )
Pour le Saint Siège, le Pape ne vient pas faire de la politique, il vient en pèlerin de la paix en Terre Sainte, qui comprend la Jordanie, Israël et les territoires sous l'autorité palestinienne. Le Christ, bien qu'il fut toujours pour la justice et la paix, ne s'est pas prononcé sur l'occupation romaine de l'époque. Sa mission est encore plus profonde et va à la racine de tous les maux: le péché.
Nous voyons combien ce voyage va permettre de découvrir que le Pape Benoît XVI est dans la ligne du Concile Vatican II, avec la promotion de la liberté religieuse, le dialogue interreligieux et l’oecuménisme qui inclu le rapprochement avec nos frères aînés les juifs. Ce voyage sera en quelque sorte l'épreuve du feu, mais va nous surprendre! et résume les principales tensions médiatiques faisant suite à Ratisbonne en septembre 2006 (musulmans) et Williamson en janvier 2009 (levée des excommunications). La béatification de Pie XII sera-t-elle aussi un enjeu ?
Jordanie :
Capitale : Amman
La Jordanie a signé la paix avec Israël. La Cisjordanie était jordanienne entre 1948 et 1967. Il y a des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie. Le Jourdain fait la frontière naturelle avec Israël.
Musulmans : 93,5 %
Chrétiens : 4,1 %
Autres : 2,4 %
Catholiques : 109 000 catholiques - 64 paroisses
Population : 5 720 000
Réfugiés : 500’281
Liberté religieuse ( dans « Libertà religiosa nel mondo ; rapporto 2008 ; Aiuto alla Chiesa che Soffre ):
L’islam est religion d’Etat (art 2 de la constitution ), mais sont prohibées les discriminations fondées sur les motifs religieux. Par contre personne « ne peut accéder au trône s’il n’est pas musulman engendré d’une mère légitime et de père et mère musulmane ». Le contrôle des institutions islamiques est géré par le ministère pour les affaires religieuses, qui nomme les imams et décide des subventions.
En juin 2006, le gouvernement a publié la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont l’article 18 qui reconnaît (art 18 ) le droit de chaque personne à la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté de manifester individuellement ou en groupe, en privé comme en public sa propre religion, son propre credo. Les organisations religieuses ont le droit d’ériger et de gérer des écoles pour l’éducation de leurs propres fidèles. La loi sur les partis politiques ne permet pas l’utilisation des lieux de culte pour des activités pratiques ( selon les observateurs, un moyen d’empêcher que dans les mosquées se répande la propagande politique de la part des radicaux ). L’instruction religieuse, pour les étudiants musulmans est obligatoire dans les écoles publiques.
Pour les chrétiens :
En 1996, le Gouvernement a consenti l’enseignement du christianisme dans les écoles publiques et a proclamé Noël comme fête nationale. Sur les 110 sièges du Parlement, 9 sont réservés aux chrétiens.
Le gouvernement interdit les conversions de l’islam, comme le prosélytisme parmi les musulmans. Les musulmans qui se convertissent à une autre religion subissent des discriminations, aussi bien sociales que de la part des autorités. De plus, le Gouvernement ne reconnaît pas légalement la sharia, laquelle les considère apostats et peuvent avoir leur biens confisqués et certains droits niés.
Pour les musulmans :
En janvier 2006, ont été arrêté Jihad al-Momani, ancien rédacteur de l’hebdomadaire Shihan et Hussein al-Khalidi de l’hebdomadaire al-Mihar, pour avoir publié des caricatures controversés qui représente Mahomet. En février, 2 journalistes ont été condamnés pour des dégradations publiques des prophètes par un tribunal de première instance. En mai suivant, ils ont été condamnés à une peine minimum de deux mois de prison, mais aussitôt relâchés avec cautions.
Les Druses :
Petite communauté de 20'000 fidèles qui continuent à ne pas goûter d’une reconnaissance officielle mais sont libres d’accomplir leur fonction religieuse.
Israël et les territoires palestiniens:
Sans refaire toute l’histoire, du protectorat britannique, à la création de l’Etat d'Israël en 1948, à la guerre des 6 jours, aux territoires occupés, à l’ouverture des rapports diplomatiques entre Israël et le Saint Siège (1995), voici l'état de la situation:
Le climat politique est extrêmement tendu et récemment encore plus par l'attaque de Gaza.
Les habitants de la Terre Sainte sont réparties ente deux entités :
- Israël Capitale : Jérusalem (site du Gouvernement) ; Tel-Aviv (capitale économique)
Les arabes ne sont pas que palestiniens, il y a des arabes qui ont la nationalité israélienne.
- Les territoires palestiniens ( Cisjordanie et bande de Gaza )
Depuis les accords d' Oslo en 1994.
Depuis juin 2007, Gaza est sous le contrôle du Hamas (mouvement de la résistance islamique) suite à une guerre contre Al Fatah, parti du président de l’autorité palestinienne Mahamoud Abbas.
Israël et les territoires palestiniens :
- Bethléem, Ramalah, la Cisjordanie, Jéricho, Gaza, Naplouse et Jénine sont en territoires palestiniens.
- Nazareth est en Israël.
Appartenance religieuse:
Juive : 77%
Musulmane : 12%
Chrétienne : 5,8%
Agnostique : 4,8%
Autres : 0,3%
Catholiques baptisés : 130'000 ( 78 paroisses )
Population : 7'180’000
Réfugiés : en Israël 420’000/ En territoire palestiniens 115 000
Les chrétiens de Terre Sainte se distinguent en trois familles :
- La famille orthodoxe ( séparée de Rome ), la plus nombreuse ( population arabe et hiérarchique grecque ), avec les arméniens, les syriaques, coptes, éthiopiens et russes.
- La famille catholique, les latins, le melkites (arabe de rite byzantin), syriaques, arméniens et maronites.
- La famille protestante d’obédience protestante, anglicane et luthérienne.
- Des chrétiens israéliens depuis peu.
Jérusalem
La vieille ville est divisée en 4 secteurs. Quartier juif, quartier musulman, quartier chrétien et quartier arménien.
Jérusalem "est et nord" est arabe. Jérusalem "ouest" est juive.
Deux mondes se touchent mais s’ignorent. Le mur de protection a rendu encore plus difficile le passage des territoires vers Jérusalem. Le Saint Siège a réagit à la construction de ce mur : « ce n’est pas des murs qu’il faut bâtir, mais des ponts qu’il faut construire ». Le Saint Siège est pour un statut international de la ville de Jérusalem.
Liberté religieuse ( dans « Libertà religiosa nel mondo ; rapporto 2008 ; Aiuto alla Chiesa che Soffre ) :
L’Etat d’Israël n’a pas de Constitution. Mais la déclaration d’indépendance de 1948 précise : « chaque communauté religieuse est libre, de droit et de fait, de pratiquer sa propre religion, de célébrer ses propres fêtes et d’administrer ses propres affaires. Chaque communauté a ses propres tribunaux, reconnus par la loi, qui ont compétences pour les affaires religieuses et pour les questions de statut personnel ».
Les conflits sont donc d’ordres politiques et pas de natures religieuses ( cf. réunion d’Assise pour la paix).
Le judaïsme n’est pas la religion d’Etat en Israël. Les institutions publiques sont laïques et fonctionnent selon les systèmes démocratiques occidentales.
La Knesset (Parlement) comprends 11 députés arabes, chrétiens et musulmans (2008). Tous ce qui est hébreu a une prééminence, car l’Etat a été fondé par les Juifs. Il existe donc des discriminations dans l’éducation, l’accès aux Universités, la carrière militaire, les droits de construire. A cela s’ajoute la confiscation des terrains qui appartiennent aux arabes israéliens pour édifier des colonies.
Par une loi voté par le Knesset en 2002, les palestiniens mariés avec des israéliens arabes n’ont pas la nationalité israélienne car ce ils sont citoyens d’un pays ennemi.
Selon Mgr Marcuzzo, évêque auxiliaire de Nazareth, « les chrétiens sont très préoccupés par l’atmosphère générale en Israël où l’on n’accepte pas la différence qui garanti la protection des minorités ». Les chrétiens ne représentent pas de danger pour la sécurité d’Israël.
Les chrétiens sont discriminés, comme par exemple à Pâques, où ils peuvent avoir des examens à l’Université.
En territoires palestiniens
Il n’y a pas d’Etat palestinien, donc pas de Constitution. Une loi fondamentale promulguée en 2002 gère l’organisation.
Elle déclare que l’islam est la religion officielle et que les principes de la sharia, la loi islamique, sont les principales sources du droit. Toutefois, les chrétiens disposent de leur propre juridiction pour ce qui concerne leur statut personnel. Cette loi fondamentale reconnaît les autres religions célestes, exhorte à leur respect et garantie la liberté de pratiquer les cultes correspondants dans la mesure desquels cette pratique ne viole pas l’ordre publique et la morale. Cette liberté de culte est généralement respectée.
Pour permettre aux chrétiens de participer à la vie politique, un quota leur est réservé au sein du Conseil législatif lors de l’époque des premières élections en 1996. Cette disposition a été également respectée en 2006. Soit : un siège pour Gaza, deux pour Bethléem, deux pour Jérusalem et un pour Ramallah. Mais la victoire du mouvement islamique Hamas (76 siège sur 132) fait craindre pour l’avenir des chrétiens.
Dans ces dernières années, la vie quotidienne des chrétiens s’est ultérieurement dégradé à cause de la croissance des pressions et intimidations exercés sur eux par les musulmans. Les chrétiens sont vus comme des pro-israéliens et américains, soit comme des étrangers.
Cette discrimination consiste à empêcher la vente de produits alcooliques ( incendies des magasins ) et ils sont obligées de payer une taxe aux musulmans. Il y a aussi des expropriations de terrains ( transformation de terrains religieux en parking ).
Il y a 200 latins (catholiques romains), 3 000 orthodoxes et 20 baptistes à Gaza. En 2006, l’Eglise orthodoxe a été attaquée par des hommes avec le visage couvert après le discours du Pape à Ratisbonne. Ensuite, la petite communauté a subi la prise du pouvoir de ce territoire de la part du Hamas.
Durant la nuit entre le 15 et le 16 juin 2007, des hommes masqués et armés, combattant de la brigade Ezzedine El Quassam, l’aile militaire du Hamas, ont attaqué et saccagé l’église catholique latine de Gaza et l’école des sœurs du Rosaire. Parfois les sœurs sont insultées dans la rue.
Enfin en octobre 2007, Rammi Ayyad, propriétaire de l’unique librairie chrétienne du territoire, a été séquestré et assassiné avec des tirs d’armes à feu. La victime d’origine orthodoxe était entrée dans l’association baptiste. Sa librairie avait été incendiée par un groupuscule dénommé « les épées virtuoses de l’islam ». L’ex premier ministre, chef du Hamas a dénoncé ce sabotage de l’unité palestinienne.
L'Eglise catholique en Terre Sainte.
Certains n’hésitent pas à parler de la Terre Sainte comme le « nombril du monde ». Le Pape s’y rend car les racines chrétiennes y sont présentes. C’est la Terre Sainte, la terre que Jésus a foulé, le lieu de sa naissance, de sa vie terrestre et historique, de sa mort et de sa résurrection. Les chrétiens y vivent avec les juifs et les musulmans. C’est enfin le monde de la Bible, de l’Ecriture Sainte.
Il y a deux nonces apostoliques ( représentant du Pape auprès des gouvernements et de l’Eglise ). Un nonce en Jordanie et un nonce en Israël qui est en lien avec l’autorité palestinienne. Ce dernier montre la volonté de paix et d’unité.
Patriarcat latin
Le Patriarcat latin de Jérusalem est une juridiction de l'Église catholique romaine au Proche et Moyen-Orient. La très grande majorité de ses fidèles sont des arabes. La plus haute autorité catholique latine d'Orient porte le titre de Patriarche latin de Jérusalem (titulaire actuel : Sa Béatitude Mgr Fouad Twal depuis le 22 juin 2008).
En Palestine
Le patriarcat compte 28 paroisses à Jérusalem et dans les territoires palestiniens administrées par le vicaire général.
En Israël
1 - Vicariat d'Israël (catholiques arabophones)
Le vicariat d'Israël compte 14 paroisses.
2 - Vicariat catholique hébraïque
Le vicariat catholique hébraïque compte 4 communautés locales.
Pour Israël et la Palestine:
110 séminaristes ( 14 mineurs ), 11 évêques, 406 prêtres (89 prêtres diocésains, 317 prêtres religieux), 5 diacres permanent, 203 religieux, 968 religieuses, 1 missionaire laïc. 10 Universités ( 140 écoles maternelles et primaires, 42 inférieures et secondaires ). Il y a à peine plus de 1% de catholique, de latins en Israël et chez les palestiniens.
Il y a des chrétiens Israéliens ( une toute petite minorité, avec une paroisse catholique hébraïque ) et des chrétiens palestiniens ( la majorité ). Les chrétiens sont majoritairement plutôt pour les palestiniens et semble résigné face à l’occupation d’Israël.
En Jordanie
7 séminaristes, 4 évêques, 103 prêtres (59 prêtres diocésains, 44 prêtres religieux), 1 diacre permanent, 9 religieux, 249 religieuses. Le vicariat de Jordanie compte 64 paroisses. Aucune Université ( 97 écoles maternelles et primaires, 26 inférieures et secondaires ).
(A Chypre: Le vicariat de Chypre compte 6 paroisses)
Conférence des évêques latins dans les régions arabes
La Conférence des évêques latins dans les régions arabes existe depuis mars 1967. Elle regroupe les évêques, les vicaires patriarcaux et les administrateurs apostoliques d'Irak, de Djibouti, du Liban, du Koweït, des Émirats arabes unis, de Syrie, de Palestine, de Jordanie, d'Israël, de Chypre, d'Égypte et de Somalie. Elle est présidée par le Patriarche latin de Jérusalem. Un évêque auxiliaire est en Jordanie, un autre à Nazareth.
Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte
L'Assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte regroupe les évêques des différentes communautés catholiques (Latins et Orientaux) ayant juridiction en Terre Sainte. Ses statuts ont été approuvés par le pape en 1992. Elle est présidée par le Patriarche latin de Jérusalem.
Formation du clergé
Pour la formation de son clergé, le patriarcat dispose du séminaire latin de Jérusalem créé en 1852.
Le Patriarcat latin de Jérusalem est membre du Conseil des Églises du Moyen-Orient.
La présence des franciscains remonte à la rencontre de Saint François d’Assise et le Sultan. Aussi, le message de Saint François d’Assise ( en référence au rencontre d’Assise pour la paix ) sera important.
1er voyage du Pape Paul VI en 1964
4-6 janvier 1964
2ème voyage du Pape Jean Paul II en 2000
20-26 mars 2000
19:29 | Lien permanent | Commentaires (1) | | |
Commentaires
Une fois de plus, de nombreux observateurs guettent d’éventuels faux pas du pape lors de son voyage en Terre sainte, et en particulier à Jérusalem. Il faut dire que la ville « trois fois sainte » suscite parfois des comportements délirants. Et il n’y a pas besoin d’être pape pour y être sujet :
parmi la foule des voyageurs, pèlerins ou touristes qui se pressent à Jérusalem depuis des siècles, un petit nombre est victime de ce que les spécialistes appellent le syndrome de Jérusalem, sorte de bouffée délirante issue d’un choc émotionnel non maîtrisable lié à la proximité des Lieux saints. Chaque année, une quarantaine de personnes seraient hospitalisés à Jérusalem pour ce type de symptômes.
Une étude de ce syndrome de Jérusalem par des médecins de l’hôpital psychiatrique israélien de Kfar Shaul a été publiée dans le British Journal of Psychiatry, dont on peut trouver ici une traduction française :
http://www.villemagne.net/site_fr/jerusalem-syndrome-de-jerusalem.php
Écrit par : Cesco | samedi, 09 mai 2009
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