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samedi, 09 mai 2009

Le Pape répond aux questions

PELERINAGE PAPAL EN TERRE SAINTE : 8 - 9 MAI

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aereo5.jpgINTERVIEW DANS L'AVION

 

CITE DU VATICAN, 8 MAI 2009 (VIS). Durant le vol de Rome à Amman, Benoît XVI a répondu à des questions de journalistes. En voici la transcription:

 

 

Question: "Ce voyage survient à un moment très délicat pour le Moyen Orient. Les tensions sont fortes à la suite de la crise de Gaza, où on pensait que vous seriez peut-être allé. Quelques jours après votre voyage, les responsables politiques d'Israël et de l'Autorité palestinienne rencontreront le président des Etats-Unis. Vous pensez apporter une contribution à un processus de paix qui semble enlisé?".


 

Benoît XVI: "Je voudrais avant tout vous remercier pour le travail" des journalistes. "Pour ce qui est de la question, je cherche à contribuer à la paix non en tant qu'individu, mais au nom de l'Eglise catholique, du Saint-Siège. Nous ne sommes pas un pouvoir politique, mais une force spirituelle et cette force spirituelle est une réalité qui peut soutenir l'avancée du processus de paix. Je vois trois niveaux. En tant que croyants, nous sommes convaincus que la prière est une vraie force, qui ouvre le monde à Dieu.  Nous sommes convaincus que Dieu écoute et peut agir dans l'histoire. Je pense que si des millions de croyants, prient, cela influe sur le progrès de la la paix. Ensuite, nous cherchons à aider à la formation des consciences. La conscience est cette capacité de l'homme à percevoir la vérité, mais cette capacité est souvent contrecarrée par des intérêts particulier. La libérer en ouvrant davantage à la vérité, aux vraies valeurs, est la grande tâche de l'Eglise, celle d'aider à connaître les vraies valeurs et à se libérer d'intérêts particuliers. Troisième point, nous parlons aussi à la raison. C'est justement parce que l'Eglise n'est pas une puissance politique qu'elle peut plus facilement, à la lumière de la foi, percevoir les vrais critères, aider à comprendre ce qui contribue à la paix et parler à la raison, soutenir des positions raisonnables".

 

 

Question: "En tant que théologien, vous avez réfléchi sur l'unique racine qui rapproche les chrétiens et les juifs. Comment donc, en dépit des efforts de dialogue, y a-t-il souvent des malentendus? Comment voyez-vous l'avenir du dialogue entre les deux communautés?".


 

Benoît XVI: "C'est important que nous ayons la même racine, les mêmes Livres de l'Ancien Testament qui sont - pour les juifs comme pour nous - livre de la Révélation. Mais, naturellement, après deux mille ans d'histoire distincte et séparée, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait des malentendus. Des traditions d'interprétation, de langage, de pensée, très différentes, se sont formées. Cette sorte de cosmos sémantique distinct fait que les mots mêmes signifient des choses différentes d'un côté et de l'autre. Et en utilisant des mots qui, au cours de l'histoire, ont formé des définitions différentes, naissent évidemment des malentendus. Nous devons tout faire pour apprendre chacun le langage de l'autre, et il me semble que nous faisons de grands progrès. Nous avons aujourd'hui la possibilité que des jeunes, futurs professeurs de théologie, étudient à Jérusalem, à l'Université hébraïque, tandis que les juifs ont des contacts académiques avec nous. Ainsi, y a-t-il une rencontre entre ces deux cosmos sémantiques. En apprenant les uns et les autres, nous avançons dans la voie du dialogue, nous apprenons l'un de l'autre, et je suis sûr et convaincu que nous faisons des progrès. Et ceci aidera aussi la paix, et même l'amour réciproque".


 

Question: "Ce voyage a deux dimensions essentielles pour le dialogue avec l'islam et avec le judaïsme. Y aura-t-il aussi un message commun concernant les trois religions qui se réclament d'Abraham?".

 

 

Benoît XVI: "Certainement, il existe un message commun et ce sera l'occasion de le rappeler et en dépit de la diversité des origines, nous avons des racines communes parce que le christianisme naît de l'Ancien Testament. Le Nouveau Testament n'aurait pas existé sans l'Ancien, parce qu'il se réfère en permanence à l'Ecriture, c'est-à-dire à l'Ancien Testament. Mais l'islam aussi est né dans un milieu où étaient présents le judaïsme comme certains courants du christianisme, judéo-christianisme, christianisme antiochien byzantin. Toutes ces circonstances se reflètent dans la tradition coranique si bien que nous avons beaucoup de choses en commun à commencer par la foi dans le Dieu unique. C'est pour cela qu'il est important d'avoir un dialogue bilatéral avec le judaïsme et avec l'islam, mais aussi et un dialogue trilatéral. J'ai été le co-fondateur d'une fondation pour le dialogue entre les trois religions dans laquelle il y avait ensemble des personnalités comme le Métropolite Damaskinos et le Grand Rabbin de France, René Samuel Sirat. Cette fondation a aussi fait une édition des livres des trois religions, le Coran, le Nouveau testament et l'Ancien Testament. Le dialogue trilatéral doit donc se poursuivre et il est aussi très important pour la paix et, disons, pour bien vivre sa propre religion".


 

Question: "Vous avez souvent évoqué la question de la diminution du nombre des chrétiens au proche et moyen orient, en particulier en Terre Sainte. C'est un phénomène qui a différentes causes de caractère politique, économique et social. Que peut-on faire pour aider la présence chrétienne dans la région? Quelle contribution espérez-vous apporter par votre voyage? Y a-t-il un avenir pour ces chrétiens? Avez-vous un message particulier pour les chrétiens de Gaza, qui viendront vous rencontrer à Bethléem?".


 

Benoît XVI: "Bien sûr qu'il y a une espérance! Le moment actuel est difficile mais c'est aussi un moment d'espérance dans un nouveau départ, un nouvel élan sur le chemin de la paix. Nous voulons encourager les chrétiens de Terre Sainte et de tout le moyen orient à y rester, à apporter leur contribution à leurs pays d'origine car ils sont une composante importante de la vie de ces régions. A côté des encouragements et de la prière, l'Eglise dispose sur place d'écoles et d'hôpitaux, qui constituent une présence très concrète. Nos écoles forment une génération qui aura la possibilité de compter dans la vie publique. Nous sommes en train de créer une université catholique en Jordanie, et il me semble que c'est une grande perspective de rencontre entre jeunes musulmans et chrétiens, qui apprendront ensemble. Elle favorisera en particulier le développement d'une élite chrétienne bien préparée à travailler pour la paix. Nos écoles et nos hôpitaux sont fondamentaux pour donner un avenir aux chrétiens. De nombreuses associations catholiques aident les chrétiens et les encouragent à rester dans leurs pays. J'espère que les chrétiens resteront et trouveront le courage, l'humilité et d'offrir leur contribution à l'avenir de ces pays".

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