samedi, 17 janvier 2015
La religion, la foi peuvent-elles être dangereuses ?
La foi et la religion comme cause de violence ?
Après les attentats terroristes, une idée circule à nouveau: la religion cause et engendre la violence. Rien de tel pour l'athéisme.
La raison doit gérer la religion, qui renferme une violence latente. Trop croire entraîne au fanatisme.
Le Pape François a relevé avec grande justesse que les chrétiens ont laissé des traces de violence dans l'histoire. Le Jubilé de l'an 2000 avait donné l'occasion à Saint Jean-Paul II de demander pardon, devant Dieu et devant les hommes, pour l'usage de la violence par les chrétiens.
Les chrétiens sont violents malgré les textes et des musulmans pacifiques malgré les textes
Un saint, qui va jusqu'au bout de sa foi, est pacifié dans sa vie, parfaitement raisonnable. En Jésus, on ne trouve pas, ni dans ses paroles, ni dans ses actes, la moindre trace de violence. Au contraire, son Amour est désarmant.
Même chose pour l'Eglise: son enseignement, sa doctrine n'invitent pas à la violence. Les chrétiens violents le furent malgré les textes. Par contre, le flou règne sur les islams, surtout par notre propre inculture. Le travail d'analyse sereine de textes du Coran est un labeur qui est devant nous.
Pour le christianisme, voici deux auteurs qui rendent compte du rapport entre la paix et la foi:
André Comte-Sponville
Hitler disait à Goebbels qu’il fallait extirper le christianisme
« Ce n’est pas la foi qui pousse aux massacres. C’est le fanatisme, qu’il soit religieux ou politique. C’est l’intolérance. C’est la haine. Il peut être dangereux de croire en Dieu. Voyez la Saint-Barthélémy, les Croisades, les guerres de religions, le Djihad, les attentats du 11 septembre 2001... Il peut être dangereux de n’y pas croire. Voyez Staline, Mao Tsé-Toung ou Pol Pot... Qui fera les totaux, de part et d’autre, et que pourraient-ils signifier ?
L’horreur est innombrable, avec ou sans Dieu. Cela nous en apprend plus sur l’humanité, hélas, que sur la religion. » Sans compter que Hitler disait à Goebbels qu’il fallait extirper le christianisme, qui allait contre sa propre vision « scientifique » du progrès de l’humanité".
Citation du plaidoyer athée de André Comte-Sponville, L’esprit de l’athéisme, Introduction à une spiritualité sans Dieu, Albin Michel, Paris, 2006, p.88.
Benoît XVI à Ratisbonne
"La diffusion de la foi par la violence est contraire à la raison"
"Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste et non pas de recourir à la violence et à la menace...
Pour convaincre une âme douée de raison, on n'a pas besoin de son bras, ni d'objets pour frapper, ni d'aucun autre moyen qui menace quelqu'un de mort... ».
..."l'empereur explique minutieusement pourquoi la diffusion de la foi par la violence est contraire à la raison. Elle est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme. « Dieu ne prend pas plaisir au sang, dit-il, et ne pas agir selon la raison (‘σύν λόγω’) est contraire à la nature de Dieu. La foi est fruit de l'âme, non pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste et non pas de recourir à la violence et à la menace... Pour convaincre une âme douée de raison, on n'a pas besoin de son bras, ni d'objets pour frapper, ni d'aucun autre moyen qui menace quelqu'un de mort... ».
L’affirmation décisive de cette argumentation contre la conversion par la force dit : « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu ». L'éditeur du texte, Théodore Khoury, commente à ce sujet: « Pour l'empereur, byzantin nourri de philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, au contraire, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle qui consiste à être raisonnable.
Khoury cite à ce propos un travail du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui note que Ibn Hazm va jusqu'à expliquer que Dieu n'est pas même tenu par sa propre parole et que rien ne l'oblige à nous révéler la vérité. Si tel était son vouloir, l'homme devrait être idolâtre. À partir de là, pour la compréhension de Dieu et du même coup pour la réalisation concrète de la religion, apparaît un dilemme qui constitue un défi très immédiat. Est-ce seulement grec de penser qu'agir de façon contraire à la raison est en contradiction avec la nature de Dieu, ou cela vaut-il toujours et en soi ?
Je pense que, sur ce point, la concordance parfaite, entre ce qui est grec, dans le meilleur sens du terme, et la foi en Dieu, fondée sur la Bible, devient manifeste. En référence au premier verset de la Genèse, premier verset de toute la Bible, Jean a ouvert le prologue de son évangile par ces mots : « Au commencement était le λογος ». C'est exactement le mot employé par l'empereur. Dieu agit « σύν λόγω », avec logos. Logos désigne à la fois la raison et la parole – une raison qui est créatrice et capable de se communiquer, mais justement comme raison".
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jeudi, 15 janvier 2015
Lorsque le Pape François glisse un passage de la conférence de Ratisbonne de Benoît XVI sans déraper !
Lorsque François réhabilite le discours de Benoît XVI à Ratisbonne
Dans l'avion vers les Philippines, François à l'air de rien.
Or, ce Pape François est simplement un génie de la communication. Il arrive à glisser Benoît XVI dans son intervention, sans déraper, Un communicateur de haut vol, tout simplement ! François a réhabilité, non pas Galilée ( condamné à tord ), mais le Pape Benoît XVI qui était cloué au pilori ! La liberté d'expression du Pape Benoît XVI n'est plus limitée.
Le Pape François cite Ratisbonne de Benoît XVI et tout le monde l'applaudit !
Simplement énorme ! Le Pape François peut tout en communication. En pleine affrontement extrémismes musulmans et Occident, il arrive même à citer le célèbre discours de Benoît XVI à Ratisbonne (sic!). Ce dernier avait donné un prétexte pour enflammer le monde de la communication. Il fut qualifié, à tord, comme la gaffe de Ratisbonne, justement en regard de l'islam et des musulmans.
Benoît XVI à Ratisbonne
"C'est ainsi seulement que nous devenons capables d'un véritable dialogue des cultures et des religions, dont nous avons un besoin si urgent. Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la raison positiviste et les formes de philosophie qui s'y rattachent seraient universelles.
Mais les cultures profondément religieuses du monde voient cette exclusion du divin de l'universalité de la raison comme un outrage à leurs convictions les plus intimes. Une raison qui reste sourde au divin et repousse la religion dans le domaine des sous-cultures est inapte au dialogue des cultures".
Pape François sur les attentats
"Le pape Benoît, dans un discours dont je ne me souviens pas bien (en fait, le fameux discours de Ratisbonne, ndlr d'I.Media - j'ajouterais qu'il est malin et rusé) avait parlé de cette mentalité post-positiviste, de cette métaphysique post-positiviste qui menait au final à croire que les religions ou les expressions religieuses sont un espèce de sous-culture : elles sont tolérées mais elles sont peu de chose, elles ne sont pas dans la culture des Lumières. C’est un héritage des Lumières".
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Manille: le Pape avec les journalistes
“On ne peut pas insulter la foi des autres“, assure le pape François tout en louant les bienfaits de la liberté d’expression.
“En matière de liberté d’expression, il y a des limites“. C’est ce que le pape François a tenu à souligner dans l’avion qui le menait du Sri Lanka aux Philippines, le 15 janvier 2015, en réaction à l’attentat meurtrier contre la rédaction du journal satirique français Charlie Hebdo, huit jours plus tôt. S’il a réaffirmé avec force que “tuer au nom de Dieu“ était une véritable “aberration“, le chef de l’Eglise catholique a soutenu que l’on ne pouvait pas “provoquer“ ou “insulter la foi des autres“.

© I.MEDIA
Interrogé à bord de l’avion par un journaliste français, le pape a clairement fait référence aux attentats de Paris et expliqué qu’il existait des “limites“ en matière de liberté d’expression. S’il a assuré que chacun avait “le droit“, même “l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun“, le pape a fait comprendre que ceux qui provoquent ou offensent peuvent s’attendre à une réaction. (Le verbatim de la réponse du pape se trouve à la fin de cette dépêche).
45 minutes avec les journalistes
Interpellé sur les menaces du terrorisme islamique qui pèsent sur lui et le Vatican, le pape François s’est dit d’abord “préoccupé“ pour les fidèles avant d’ajouter : “J’ai peur, mais vous savez, j’ai un défaut, j’ai une bonne dose d’inconscience !“ Puis il a affirmé avoir demandé au Seigneur, s’il devait être assassiné, “la grâce“ de ne pas souffrir, confiant en souriant aux journalistes : “Je ne suis pas très courageux devant la douleur !“
Le pape, en outre, a souhaité expliquer pourquoi il avait procédé à plusieurs reprises à des béatifications ou canonisations dites “équipollentes“, c’est-à-dire dispensées de miracle. Il a affirmé avoir voulu ainsi mettre à l’honneur de “grands évangélisateurs“, comme le jésuite français Pierre Favre (1506-1546) en Europe, les missionnaires Marie Guyart (1599-1672) et François de Montmorency-Laval (1623-1708) au Canada, ou encore le père Joseph Vaz (1651-1711), missionnaire indien au Sri Lanka béatifié la veille à Colombo. Il a alors annoncé qu’il entendait canoniser de la même façon, lors de son voyage aux Etats-Unis en septembre prochain, le franciscain espagnol Junipero Serra (1713-1784), évangélisateur de la Californie.
Au fil de ses réponses, le pape François a également indiqué qu’il publierait son encyclique sur l’écologie humaine en juin ou juillet prochain. Il a indiqué l’avoir récemment soumise à la Congrégation pour la doctrine de la foi et au théologien de la Maison Pontificale, pour être sûr de ne pas dire “des bêtises“. Le pape a aussi confié qu’il souhaitait que ce document magistériel sorte avant le sommet mondial sur le climat prévu à Paris (France) en décembre. Constatant l’échec du dernier sommet de Lima (Pérou), le chef de l’Eglise catholique a lancé : “Espérons qu’à Paris les représentants seront plus courageux“.
A bord de l’avion entre Colombo et Manille, le pape François a ainsi passé pas moins de trois quarts d’heure avec les journalistes qui l’accompagnent. Répondant à huit questions, il est aussi brièvement revenu sur les trois jours passés au Sri Lanka.
A bord de l’avion papal, Antoine-Marie Izoard, I.MEDIA
Voici l’intégralité des propos du pape François sur la liberté religieuse et la liberté d’expression :
Hier matin, durant la messe, vous avez parlé de la liberté religieuse comme d’un droit humain fondamental. Dans le respect des différentes religions, jusqu’à quel point peut-on aller en termes de liberté d’expression qui, elle aussi, est un droit humain fondamental ?
Merci pour cette question intelligente ! Je crois que ce sont toutes les deux des droits humains fondamentaux : la liberté religieuse et la liberté d’expression. On ne peut pas… Vous êtes français non ? Alors allons Paris, parlons clairement ! On ne peut pas cacher une vérité aujourd’hui : chacun a le droit de pratiquer sa religion, sans offenser, librement, et nous voulons tous faire ainsi.
Deuxièmement, on ne peut pas offenser, faire la guerre, tuer au nom de sa religion, c’est-à-dire au nom de Dieu.
Ce qui se passe maintenant nous surprend, mais pensons toujours à notre histoire : Combien de guerres de religion avons-nous connu ! Pensez seulement à la nuit de la saint Barthélémy ! Comment comprendre cela ? Nous aussi nous avons été pécheurs sur cela, mais on ne peut pas tuer au nom de Dieu, c’est une aberration. Tuer au nom de Dieu est une aberration. Je crois que c’est le principal, sur la liberté religieuse : on doit le faire avec la liberté, sans offenser, mais sans imposer ni tuer.
La liberté d’expression… Non seulement chacun a la liberté, le droit et aussi l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun : l’obligation ! Si nous pensons que ce que dit un député ou un sénateur – et pas seulement eux mais tant d’autres - n’est pas la bonne voie, qu’il ne collabore pas au bien commun, nous avons l’obligation de le dire ouvertement. Il faut avoir cette liberté, mais sans offenser. Car il est vrai qu’il ne faut pas réagir violemment, mais si M. Gasbarri (responsable du voyage, debout à ses côtés, ndlr) qui est un grand ami dit un gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing ! C’est normal… On ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi !
Le pape Benoît, dans un discours dont je ne me souviens pas bien (en fait, le fameux discours de Ratisbonne, ndlr) avait parlé de cette mentalité post-positiviste, de cette métaphysique post-positiviste qui menait au final à croire que les religions ou les expressions religieuses sont un espèce de sous-culture : elles sont tolérées mais elles sont peu de chose, elles ne sont pas dans la culture des Lumières. C’est un héritage des Lumières.
Il y a tant de gens qui parlent mal des religions, qui s’en moquent, qui jouent avec la religion des autres. Ceux-là provoquent… et il peut se passer ce qui arriverait à M. Gasbarri s’il disait quelque chose contre ma mère. Il y a une limite ! Chaque religion a de la dignité, chaque religion qui respecte la vie humaine et l’homme, et je ne peux pas me moquer d’elle… c’est une limite. J’ai pris exemple de la limite pour dire qu’en matière de liberté d’expression il y a des limites, comme pour l’histoire de ma mère.
© I.MEDIA
++ “Faut pas réagir violemment, ms si 1 ami dit 1 gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir 1 coup de poing !“ #pape #CharlieHebdo
— I.MEDIA ن (@AgenceIMEDIA) 15 Janvier 2015
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Le Suisse Romain et la blague du mois
- Dis papa, quel travail il faisait Jésus ?
- Il était charpentier
- Et Marie, elle travaillait ?
- Non elle s'occupait du petit Jésus
- Alors pourquoi Jésus il était à la crèche ?
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Seigneur, donne-moi de l'humour disait Saint Thomas More
Prière attribuée à Saint Thomas More ( 1478 - 1535 ) patron des hommes politiques
Thomas More et l'humour
"Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer !
Donne-moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux
Donne-moi une âme sainte, Seigneur,
qui ait les yeux sur la beauté et la pureté
afin qu'elle ne s'épouvante pas en voyant le péché
mais sache redresser la situation.
Donne-moi une âme qui ignore l'ennui
le gémissement et le soupir.
Ne permets pas que je me fasse trop de souci
pour cette chose encombrante que j'appelle "moi".
Seigneur, donne-moi l'humour
pour que je tire quelque bonheur de cette vie
et en fasse profiter les autres".
P.S. Alors qu'il était condamné à la peine capitale, la décapitation, pour avoir soutenu le Pape et suivi sa conscience dans l'affaire politique du divorce d'Henri VIII, le bourreau lui aurait demandé:
-avez-vous besoin d'aide pour monter à l'échafaud ?
Et Saint Thomas de répondre :
- pour monter non, mais pour descendre, certainement !
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mercredi, 14 janvier 2015
"De Benoît à François, une révolution tranquille". La continuité conter par Jean-Louis de La Vaissière
De Benoît XVI à François: rupture ou continuité ?
"Rupture ou continuité ? Entre Benoît XVI, l'intellectuel réservé, et le chaleureux François, une cohabitation inédite s'est ouverte au Vatican".
Telles sont les premières lignes de l'excellent livre, une première à ma connaissance, qui rend compte de la profonde continuité entre les deux Papes.
Jean-Louis de La Vaissière est journaliste à l'Agence France-Presse. Depuis 2011, il est le correspondant permanent de l'agence mondiale AFP au Vatican.
Benoît XVI annonçait le Pape François
"Les sécularisations, l'expropriation des biens de l'Eglise ou la suppression des privilèges signifièrent chaque fois une profonde libération de l'Eglise de formes de mondanité". Cette phrase pourrait sembler être de François alors qu'elle est de Benoît.
Pour Jean-Louis de la Vaissière, cet extrait du discours aux catholiques allemands engagés dans la société civile daté du 25 septembre 2011 en Allemagne permet de dire: "N'annonce-t-il pas quelqu'un, ne lui prépare-t-il pas son terrain ?"
Benoît XVI prophétisant, annonçant et préparant la venue du Pape François, voilà une idée totalement nouvelle et révolutionnaire dans la sphère médiatique. Un peu comme des poupées russes, qui se superposent et qui disparaissent pour laisser la place à une autre, vêtues exactement la même chose. La comparaison s'arrête là. Au Vatican, seuls les habits ont changé, mais la blancheur de la soutane demeure. Dans une société de l'image, ce changement d'habits peut véritablement donner l'illusion d'une rupture.
La réussite des spin doctors: le virus de la rupture !
Pas étonnant que l'idée même de la continuité soit si discrète. Je pense que la plus grande réussite des fameux spin doctors, et de quelques vaticanistes et blogueur, est d'avoir réussi à nous inculquer dans un recoin de notre tête, comme un petit virus apparemment inoffensif, mais qui une fois ouvert contamine notre système de pensée. Tout le monde le dit: avec François, ce n'est pas comme avec Benoît. En bien ou en mal, dans un sens ou dans l'autre, à l'endroit ou à l'envers, il y a toujours l'idéologie de la rupture qui prend le dessus.
Ce livre fera un grand bien à tous et chacun. Non seulement il est écrit dans un français impeccable et agréable, mais il est très bien documenté.
Certes, on sent ici ou là une légère incompréhension envers l'Opus Dei ou la théologie du corps de Saint Jean-Paul II, n'empêche que cela reste un livre qui en appelle d'autres.
Je ne résiste pas de citer quelques petites formules, des petits phrases courtes comme des tweets, et qui explique si bien la "théothérapie" du Pape:
- les larmes peuvent êtres des lunettes pour voir Dieu !
- Jésus prend sur lui le mal, la saleté, le péché du monde et il le lave, il le lave avec son sang, avec la miséricorde.
Notre vaticaniste possède également ce sens de la formule qui fait mouche:
"On dit en algèbre que moins par moins égale plus. On peut oser la même équation avec le Pape François. Ses deux moins sont la reconnaissance d'être pécheur et l'instance sur la Croix - signe normalement de la défaite aux yeux du monde - donnent un plus: la joie d'espérer un Dieu proche".
Le Pape Benoît annonçait l'élection du Pape François
Pour Benoît XVI, de La Vaissière reprend le discours du Pape à la Scala de Milan de 2012. "Nous chrétiens, nous cherchons un dieu qui ne trône pas à distance, mais entre dans notre vie et notre souffrance. Nous n'avons pas besoin d'un discours irréel sur un Dieu lointain".
Pour Ratzinger, "la foi n'est pas une idée, elle est réelle, presque palpable, concrète. Nous sommes tellement remplis de nous-mêmes, si bien qu'il ne reste aucun espace pour les autres, pour les enfants, pour les pauvres, les étrangers. Avons-nous vraiment de la place pour Dieu ? N'est-ce pas peut-être Dieu lui-même que nous refoulons ?"
Le Pape François ne fait que communiquer et mettre en image, bien que autrement, la théologie du Pape Benoît XVI. L'idée principale est solidement étayée et remarquablement racontée: le Pape Benoît XVI a préparé le divine surprise de la venue de Bergoglio !
Jean-Louis de la Vaissière "De Benoît à François, une révolution tranquille" Ed. Le Passeur, 344 pages, octobre 2013
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Le "terrorisme médiatique" du tout Charlie Hebdo
En finir avec "le terrorisme médiatique"
Hollande est un ami de Charlie depuis des lustres. A peine le Président eut-il vent des attentat qu'il a pris son conseiller en communication pour se rendre sur les lieux de l'horreur. Les médias sont désormais sous contrôle étatique, alors que l'on voulait justement la liberté.
La France en mode panique
Guillaume de Prémare, conseiller en communication, a très bien su saisir l'état de panique que connaît la France. Elle réagit exactement comme les djihadistes le voulait. On assiste a une "riposte médiatique presque totalitaire". Charlie est partout ! Tout le système est saturé.
Je conseille la désintoxication et la prise de distance. Ce n'est pas quelques caricaturistes irresponsables, appartenant intrinsèquement au monde des médias, jouant comme des gamins avec des allumettes, qui vont mettre l'Europe à feu et à sang.
Une attitude adulte et responsable exige une certaine auto-censure de Charlie. Si dans l'esprit des terroristes, les caricatures sont la cause des attentats, alors la prudence et la diplomatie réclame la sécurité médiatique. Les extrémistes savent parfaitement utiliser le fonctionnement des médias pour diffuser la terreur.
Désamorcer les bombes dans nos têtes
Le terrorisme n'a aucune justification. Au nom de la liberté de la presse, de la liberté d'expression et de la lutte contre le terrorisme, je vais passer à autre chose. Car je ne veux pas offrir aux semeurs de terreur ce qu'ils attendent: ne penser qu'à Charlie pour mettre des bombes dans nos esprits.
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Infrarouge: la face cachée de Charlie Hebdo et les archives des caricatures
Ce que Charlie nous cache, ne dit pas et ne communique pas
François Burgat, politologue, directeur de recherche à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) à Aix-en-Provence était l'un des invités du débat à Infrarouge.
Selon ce chercheur, qui espère être démenti, le pire est devant. La réaction de Hollande est beaucoup plus traumatisante que la tragédie des attentats, qui sont certes inacceptables et condamnables.
Charlie n'avait que 30 000 lecteurs. Puis, les rédacteurs se sont lancés dans une surenchère de provocations. En 2011, un degré supplémentaire a été atteint lorsque les caricatures de Mahomet ont été publiées. Le journal s'est alors roulé dans cette ignominie.
Les archives: la face cachée des caricatures de Charlie Hebdo
Pour les caricatures, il faut aller puiser dans les archives ! Toutes les caricatures de Charlie Hebdo n'ont pas été diffusées tout récemment, notamment et surtout celle du prophète se préparant à une relation sexuelle avec un tête de porc ! Celle de 14 janvier 2015 n'est pas comparable.
Dès 3 min 43 secondes
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La France est en état de choc et réagit exactement comme les djihadistes le souhaitaient
La France est en état de choc et fait n'importe quoi
Par Guillaume de Prémare Consultant en communication
Ichtus : Que pensez-vous de ce que nous vivons autour du choc
« Charlie Hebdo » ?
Guillaume de Prémare : Il faut partir du fait générateur qui est le terrorisme. La France a déjà connu, dans un passé récent, des vagues de terrorisme. Mais elles n’étaient pas de la même nature. Je vois deux différences profondes. La première différence est que les vagues de terrorisme des années 1980 et 1990 étaient principalement destinées à faire pression sur la politique internationale de la France, qu’il s’agisse du conflit israélo-palestinien ou de l’Algérie. Aujourd’hui, les terroristes cherchent aussi à faire pression sur la France par rapport à ses engagements militaires à travers le monde, mais ils poursuivent plus largement un objectif de conquête politico-religieuse à l’échelle mondiale, ce qui est nouveau, appuyé sur une idéologie politico-religieuse qui est ancienne.
La seconde différence est que les terroristes venaient jusqu’ici le plus souvent de l’extérieur. Aujourd’hui, l’islam radical s’appuie principalement sur des musulmans qui vivent en France, et sont même de nationalité française. Les jeunes sont radicalisés en France, font leurs armes à l’étranger puis reviennent en France pour combattre. C’est un élément-clé de la stratégie terroriste en
France : mener une guerre de l’intérieur qui s’appuie sur des troupes déjà sur le sol français.
Selon vous, quelle est la stratégie de ces terroristes ?
Guillaume de Prémare : Leur stratégie est de semer le chaos, de provoquer un état de choc global de notre société, pour créer une fracture irrémédiable entre les musulmans français et le reste de la population. Ils commettent donc des attentats pour faire grimper à son paroxysme la peur de l’islam et l’hostilité envers l’islam, jusqu’à la psychose, à un point tel que les musulmans ressentent cette hostilité, y compris, si possible, en raison de représailles contre la communauté musulmane. Il nous faut donc impérativement éviter les délires identitaires agressifs.
Ils misent sur l’aspect très communautaire de la religion musulmane pour gagner l’opinion musulmane. Celle-ci, se sentant en terrain hostile, se communautariserait toujours davantage et serait mûre pour d’abord éprouver de la sympathie pour le djihadisme, ensuite leur apporter un soutien. Cela ne signifie pas qu’une majorité des millions de musulmans qui vivent en France deviendrait terroriste – dans une guerre les combattants sont toujours minoritaires –, mais les islamistes pourraient recruter de jeunes musulmans sur un terreau de plus en plus favorable et évoluer, dans les quartiers musulmans, en terrain ami. Je ne dis pas qu’ils vont réussir, mais je pense que c’est leur projet.
Pour accentuer ce processus de séparation des musulmans de la communauté nationale, il y a un autre aspect qui est la guerre culturelle. Il s’agit de séparer toujours davantage culturellement les musulmans de la culture française. Pour cela, ils s’appuient sur la décomposition de la culture française pour en faire un parfait repoussoir pour tout bon musulman. Plus la société française est athée, libertaire, permissive, consumériste, sans repères, vide de sens, et en faillite éducative, plus la fracture culturelle grandit avec les musulmans. Je crois que cet aspect des choses est majeur dans le défi auquel nous sommes confrontés. Ce n’est pas le « choc des cultures », mais le « choc des incultures » comme dit François-Xavier Bellamy.
Alors, pourquoi Charlie Hebdo ?
Guillaume de Prémare : C’est ce que l’on nomme la guerre psychologique. Il y deux choses : le choix de la cible et les moyens employés. Les moyens visent à provoquer l’état de choc : l’utilisation d’armes de guerre, l’exécution froide des journalistes de Charlie Hebdo, et celle bien sûr d’un policier achevé à terre. C’est le complément idéal de l’état de choc mondial volontairement créé par la diffusion de vidéos des horreurs commises au Proche-Orient par l’Etat islamique. Il faut que ça fasse barbare. Plus nous les voyons comme barbares, mieux ils se portent. La deuxième chose, c’est le choix de la cible, Charlie Hebdo. A mon avis, c’est un choix parfaitement pensé.
Charlie Hebdo est honni par l’opinion musulmane, les musulmans n’ont pas besoin d’être islamistes pour détester Charlie Hebdo. En attaquant Charlie Hebdo, les terroristes veulent désensibiliser les musulmans à la compassion pour les victimes. Cette action psychologique vise notamment les jeunes musulmans qui, comme beaucoup de jeunes de leur génération, sont de plus en plus désensibilisés à la violence par les films, les jeux vidéo et tout ce qu’ils voient à la télévision. Nous avons vu cette semaine, par exemple dans les écoles de Seine-Saint-Denis, que cette action psychologique fonctionne à merveille. Dans certaines écoles, il a été très difficile d’organiser ou de faire respecter la minute de silence.
Ensuite, en attaquant Charlie Hebdo, les islamistes provoquent une sympathie généralisée pour Charlie Hebdo dans l’opinion publique française. Charlie devient le symbole de la France et la décomposition culturelle s’accélère : la France c’est Charlie et Charlie c’est la France. Dimanche, la France de Saint Louis, de Napoléon, de de Gaulle, d’Aragon et Hugo est devenue « Charlie », ce qui est une régression culturelle. A partir de là, dans le meilleur des cas le jeune musulman est poussé à faire une quenelle à la France, geste de mépris et de défi très populaire dans la jeunesse des banlieues, dans le pire des cas on fabrique les futurs jeunes djihadistes.
D’une certaine manière, nous n’avons pas affirmé ce que nous sommes vraiment…
Guillaume de Prémare : En effet, nous avons affirmé l’inverse de ce que nous sommes. L’article 4 de la déclaration des droits de l’homme dit que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». C’est un principe fondamental puisqu’il est dans notre document de référence fondamental. Il y a deux ans, le plus grand nombre était d’accord pour critiquer la parution des caricatures parce qu’elles étaient jugées insultantes, blessantes. L’insulte est une violence et la violence nuit à autrui, la violence nuit à celui qui la subit. Bien évidemment, la liberté d’expression est un bien précieux, mais il n’y a pas de liberté absolue dans une société. Nous piétinons donc nos propres principes dits « fondateurs » en disant qu’il y a, en quelque sorte, un droit à l’insulte. La déclaration des droits de l’homme dit l’inverse ! Comment voulez-vous faire respecter des principes que nous piétinons ?
Ensuite, devons-nous accepter, pour nous-mêmes, cette régression culturelle qui veut que « La France c’est Charlie », qui veut que le poids symbolique de nos valeurs, de notre identité et de notre unité repose sur Charlie ? Luz, un dessinateur de Charlie, a expliqué dans les Inrockuptibles que cette charge symbolique que l’on met sur Charlie Hebdo était à côté de la plaque.
Vous êtes en train de nous expliquer que nous avons fait exactement ce qui convient aux terroristes islamistes ?
Guillaume de Prémare : Absolument. Au départ, il y a une excellente intention : dire sa compassion envers des victimes d’un assassinat terrible et inacceptable, dire son refus de la violence et du terrorisme. Mais le slogan « Je suis Charlie » est venu donner à ce bel élan un contenu hystérique à contre-emploi : la France c’est Charlie et Charlie c’est la France. Ensuite il y a eu la marche, ce bel élan populaire de citoyens qui ont besoin de se rassembler pour dire leur refus du terrorisme et rendre hommage à nos morts. Cet élan a été récupéré par une caste politico-médiatique décrédibilisée qui y a vu l’occasion de se refaire la cerise sur l’affaire Charlie Hebdo. En état de choc, on fait n’importe quoi, on est manipulable, le cerveau sur-sensibilisé jusqu’à l’hystérie est disponible à la manipulation. La broyeuse médiatique est passée par là et la France a défilé avec comme slogan « Je suis Charlie », comme image des caricatures insultantes et comme symbole suprême le crayon qui manie l’insulte. En gros, la caste politico-médiatique est parvenue à donner l’image d’un peuple réuni autour des valeurs, non pas de la France, mais des valeurs vides de sens de leur caste : ce que la propagande politique et télévisuelle a nommé « nos valeurs », « notre modèle », « notre mode de vie ». Le terme même de « marche républicaine » est insuffisant. La question n’est pas celle de la forme de gouvernement, acceptée par le plus grand nombre, mais celle de la France. La France est d’abord un pays, pas une forme de gouvernement.
La marche était donc une mauvaise idée selon vous ?
Guillaume de Prémare : Non, c’était une bonne chose dans l’élan initial. Il aurait peut-être fallu faire une marche blanche, sans slogans ni pancartes, une marche citoyenne, de société civile. Une marche avec pour seul contenu le refus du terrorisme et l’hommage rendu aux victimes. Nous aurions alors gagné une bataille psychologique. Or, dimanche, nous avons perdu une bataille culturelle et psychologique. Ce qui s’est passé est grave et beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte parce qu’une propagande sans précédent dans l’histoire de la France contemporaine a été diffusée par la télévision et démultipliée sur les réseaux sociaux comme un réflexe pavlovien. Nous sommes guidés et informés par des irresponsables, des aveugles qui guident des aveugles. Il est temps d’ouvrir les yeux.
Que pouvons-nous faire ?
Guillaume de Prémare : Tout d’abord mener la guerre sans faiblesse sur le sol même de France contre les terroristes, avec nos services spécialisés et nos moyens policiers. Ensuite, il faut contrer l’adversaire sur les points-clés de sa stratégie : éviter la psychose et garder calme et sang-froid, éviter autant que possible les attitudes agressives et hostiles envers les musulmans, les représailles. Il y en a eu, pour le moment légères. Nous devons ensuite entrer dans la lutte d’influence sur l’opinion musulmane, essayer de nous gagner l’opinion musulmane avant que les islamistes ne la gagnent. Nous devons stopper notre décomposition culturelle et redécouvrir ce que nous sommes vraiment, c’est-à-dire Hugo plutôt que Charlie. Et nous devons, sur cette base commune, nous battre sur le terrain éducatif et culturel. Nous avons tout investi dans le social dans les banlieues, à fonds perdus. Nous devons essayer de transmettre aux jeunes musulmans ce qu’est la France, faire aimer la France aux jeunes musulmans et à leurs parents. Demandez à Jean-François Chemain, Xavier Lemoine ou Camel Bechikh si c’est possible de réduire la fracture culturelle, ils vous diront que oui. C’est leur expérience concrète, pas une idée abstraite. A Montfermeil, ils ont proposé une offre éducative avec les cours Alexandre Dumas. C’est le prototype d’écoles qu’il faudrait étendre sur tout le territoire. Ce qui réussit aujourd’hui à petite échelle, il faut le faire à grande échelle.
Est-il encore temps ?
Guillaume de Prémare : Je ne sais pas, mais partons du principe que oui, il est encore temps. Travaillons avec cœur, détermination et amour. Toute victoire commence par un premier pas, partons à la conquête des cœurs !
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mardi, 13 janvier 2015
Abus sexuels: Mgr Charles Morerod veut une enquête
Abus sexuels: Mgr Charles Morerod veut une enquête
source: Diocèse LGF le mardi 13 janvier 2015
Soucieux de rendre justice aux enfants placés et abusés, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, veut faire la lumière sur les abus sexuels et les maltraitances commis à l’Institut Marini. Cet orphelinat et pensionnat catholique, situé à Montet (Broye fribourgeoise), a longtemps été dirigé par des prêtres du diocèse. L’évêque a mandaté deux experts externes pour étudier le dossier. Les résultats devraient être communiqués dans le courant de l’année 2015.
Lors d’une de ses rencontres avec des victimes placées en institutions catholiques, Mgr Morerod a eu connaissance d’abus sexuels et de maltraitances commis à l’Institut Marini. Il a décidé de mandater une étude historique afin de faire connaître la vérité sur les actes qui s’y sont produits. Contrairement à de nombreux instituts ou orphelinats catholiques de l’époque, qui étaient gérés par des congrégations religieuses n’ayant pas de lien avec le diocèse, l’Institut Marini était dirigé par des prêtres diocésains et dépendait donc directement de l’évêque.
Pour réaliser cette étude, Mgr Morerod a mandaté deux experts externes : Mme Anne-Françoise Praz, historienne et professeure à l’Université de Fribourg, et M. Pierre Avvanzino, ancien professeur à la Haute école de travail social et de la santé (HES) à Lausanne et auteur de nombreux ouvrages sur les enfants placés. La démarche comportera deux volets : social, avec des témoignages de victimes, et historique, afin de déterminer et de comprendre les raisons de ces dérives. L’étude portera plus précisément sur les années 1930 à 1950 (l’Institut a été fondé en 1881).
L’évêque diocésain désire ainsi rendre justice aux victimes et tirer une leçon du passé pour limiter les risques que de tels abus ne se reproduisent.
Si elles le souhaitent, les victimes d’abus sexuels ou de maltraitances à l’Institut Marini et les personnes qui désireraient simplement évoquer leur expérience de pensionnaire dans cette institution sont invitées à contacter Mgr Morerod. L’évêque rappelle qu’il accueille toute victime de mesures de coercition ou d’abus. Celles-là peuvent également s’adresser à des instances non ecclésiales, comme les centres LAVI.
Le Service diocésain de la communication
- Plus d’info sur l’accès aux archives pour les victimes de mesures de coercition : http://www.diocese-lgf.ch/accueil/questions-reponses/les-enfants-places.html#c1961
- Plus d’info sur les centres LAVI et autres points de contact : http://www.fuersorgerischezwangsmassnahmen.ch/fr/points_c...
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Le paradoxe:"Je suis Charlie", "je ne suis pas Charlie"
Le paradoxe de « Je suis Charlie » « Je ne suis pas Charlie ».
Les responsables des grands médias sont convoqués pour évaluer leur couverture médiatique des attentats commis en France ( 17 morts ).
Des familles d’otages accusent ni plus ni moins la chaîne BFMTV d’avoir mis en danger la vie des otages en révélant que certains étaient cachés dans une chambre froide. Cela fait effectivement froid dans le dos.
Une liberté d'expression à géométrie variable
C’est toute l’idée de la liberté d’expression, de la liberté des médias et de la liberté de la presse qui revient sur le tapis.
D’un côté, Charlie Hebdo revendique une liberté totale d’expression, et de l’autre, c’est un appel à la prudence et à la responsabilité.
La question est enfin posée. il s’agit de vie humaine. Tout cela agite de très nombreuses questions, dont celle du rapport de l’islam avec la violence, avec la raison, comme le Pape Benoît XVI l’avait noté lors de sa célèbre leçon de Ratisbonne.
Les terroristes islamistes connaissent le fonctionnement de nos médias
Les terroristes islamistes ont montré encore une fois leur compréhension du fonctionnement du système médiatique occidental.
Comme en septembre 2001, ils connaissent les conséquences de la médiatisation. Le premier avion lancé comme un missile vivant contre la première tour, avait convoqué les caméras américaines en direct, pour voir le second se cracher en live.
Pour la France, s’attaquer à des journalistes démontre encore une fois la précision rationnelle avec laquelle le monde des médias est convoquer afin de toucher et d’effrayer l’ensemble de la population.
Comment "je suis Charlie" sera perçu ?
La communication est aussi mondiale. Je me demande comment le musulman lambda verra la médiatisation de la manif de dimanche à Paris et en France, avec quelques 4 millions de personnes défilant pour dire non au terrorisme. Car, pour ceux qui ne savent pas lire, les dessins et donc les caricatures décrivent un grand malaise.
Pour nous, il est clair que nous voulions dire non au terrorisme. Mais celui qui innocemment regarde les caricatures de Mahomet de Charlie Hebdo puis le monstre défilé avec des pancartes « nous sommes Charlie », que comprendra-t-il ? Très certainement que l’Occident se moque d’Allah et de son prophète, avec grossièreté et le goût du vulgaire.
La France pense que la liberté d’expression, toute relative en fait, est une valeur universelle. En France, par le siècle des Lumières, on sait que les catholiques en prennent plein la figure, et nous avons appris à vivre avec. La culture française, soit disant universelle, véhicule le rire, la satire, la critique, l’esprit gaulois, la moquerie, la suffisance, le raisonnement sans fin…
Je ne suis pas Charlie !
Aussi, je ne saurais être Charlie, car la liberté d’expression est à géométrie variable. La limite est l’amour du prochain. La règle d’or est sage: ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. Emmanuel Levinas parlerait du visage de l'autre. Vais-je le défigurer ? le gifler ? Si je peux rire de moi, comment va réagir mon prochain ?
Pourquoi on ne rit pas de la douleur des familles ? Pourquoi est-ce que l’auteur de la publication sur Youtube de l’exécution sauvage du policier avec une balle tirée à bout portant s’excuse de la diffusion des images ? Pourquoi, par un retour en arrière, les images de la décapitation des otages de l’état islamique ne sont pas diffusées en Occident ?
Personnellement, je trouve irresponsable de poursuivre les caricatures de Mahomet. En cela, je ne suis pas Charlie. Car la liberté d’expression, la liberté de la presse sont liées à la vérité, au vrai, au beau et au bien. Qui dit liberté dit vérité, responsabilité et prudence. Dans cette variation de la liberté d'expression, cela dépend où est placé le curseur.
L'amour du prochain comme première limite à "Je suis Charlie"
Si je sais que mes paroles et ma communication va blesser l’autre, au point de le défigurer, alors je dois m’autocensurer. Sans cela, la liberté d'expression qui protège le dialogue n'est qu'un piège, une caricature ...
A lire : Philippe Oswald (Aleteia) - Koztoujours
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Le Pape au Sri Lanka
Début de la visite du Pape François au Sri Lanka
09:19 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | Facebook
lundi, 12 janvier 2015
Discours du Pape François au corps diplomatique
Quelques-unes des paroles fortes prononcées par le Pape François ce lundi alors qu’il recevait au Vatican l’ensemble du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège. Le Pape n’a pas hésité à parler « du cœur endurci de l’humanité ». « Il s’agit d’une mentalité, a-t-il souligné, qui génère cette culture du rejet qui n’épargne rien ni personne : des créatures, aux êtres humaines et jusqu’à Dieu même. De là naît une humanité blessée et continuellement lacérée par les tensions et les conflits de toutes sortes ».
Texte intégral du Pape François:
DISCOURS DU SAINT-PÈRE AU CORPS DIPLOMATIQUE
(Lundi 12 janvier 2015)
Excellences, Mesdames et Messieurs, Je vous remercie de votre présence à cette rencontre traditionnelle qui, au début de chaque année nouvelle, me permet de vous adresser ainsi qu’à vos familles et aux peuples que vous représentez, un cordial salut et mes vœux les meilleurs. Je veux exprimer ma reconnaissance particulière à votre Doyen, Son Excellence Monsieur Jean-Claude Michel, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tous, et aussi à chacun d’entre vous pour l’engagement constant que vous prodiguez pour favoriser et faire grandir, dans un esprit de collaboration réciproque, les relations entre vos pays et les Organisations internationales que vous représentez et le Saint-Siège. Au cours de l’année dernière, ces relations ont pu se consolider, soit par la présence accrue d’Ambassadeurs résidents à Rome, soit à travers la signature de nouveaux Accords bilatéraux à caractère général – comme celui signé en janvier dernier avec le Cameroun – ou d’accords spécifiques, comme ceux signés avec Malte et avec la Serbie.
L’Enfant Jésus ne semble pas être étendu dans un berceau, mais déposé dans un tombeau
Aujourd’hui je désire faire résonner avec force un mot qui nous est cher : la paix ! Elle nous parvient par la voix des troupes angéliques qui l’annoncent dans la nuit de Noël (cf. Lc 2, 14) comme un don précieux de Dieu, et en même temps, elles nous la montrent comme une responsabilité personnelle et sociale qui doit nous trouver pleins de zèle et actifs. Mais, à côté de la paix, la crèche dit aussi une autre réalité dramatique : celle du refus. Dans certaines représentations iconographiques, tant de l’Occident que de l’Orient – je pense par exemple à la splendide icône de la Nativité d’Andreï Rublev – l’Enfant Jésus ne semble pas être étendu dans un berceau, mais déposé dans un tombeau. L’image, qui veut relier les deux principales fêtes chrétiennes – Noël et Pâques – montre qu’à côté de l’accueil joyeux d’une nouvelle naissance, il y a tout le drame dont Jésus est l’objet, méprisé et rejeté jusqu’à la mort sur la croix.
Les récits de la Nativité eux-mêmes nous montrent le cœur endurci de l’humanité, qui a du mal à accueillir l’Enfant. Dès le début il est, lui aussi rejeté, laissé dehors au froid, contraint à naître dans une étable parce qu’il n’y avait pas de place dans la salle commune (cf. Lc 2, 7). Et si le Fils de Dieu a été traité ainsi, combien plus encore le sont tant de nos frères et sœurs ! Il y a un caractère du refus qui nous rapproche, qui nous conduit à ne pas regarder le prochain comme un frère à accueillir, mais à le laisser hors de notre horizon personnel de vie, à le transformer plutôt en un concurrent, en un sujet à dominer. Il s’agit d’une mentalité qui engendre cette culture du déchet et n’épargne rien ni personne : depuis les créatures, en passant par les êtres humains et jusqu’à Dieu lui-même. Il en naît une humanité blessée et continuellement déchirée par des tensions et des conflits de toute sorte. Dans les récits évangéliques de l’enfance, le roi Hérode en est l’emblème qui, en sentant son autorité menacée par l’Enfant Jésus, fait tuer tous les enfants de Bethléem. Ma pensée va tout de suite au Pakistan, où il y a un mois, plus de cent enfants ont été tués avec une férocité inouïe. Je souhaite renouveler à leurs familles mes condoléances personnelles et l’assurance de ma prière pour tant d’innocents qui ont perdu la vie.
À une dimension personnelle du refus s’associe ainsi inévitablement une dimension sociale, une culture qui rejette l’autre, brise les liens les plus intimes et les plus vrais, finissant par défaire et désagréger toute la société, et par engendrer la violence et la mort. Nous en avons un triste écho dans les nombreux faits de la chronique quotidienne, le moindre n’est pas le tragique massacre survenu à Paris, il y a quelques jours. Les autres « ne sont plus perçus comme des êtres d’égale dignité, comme des frères et sœurs en humanité, mais sont vus comme des objets » (Message pour la 48ème Journée Mondiale de la Paix, 8 décembre 2014, n.4). Et l’être humain, de libre devient esclave, que ce soit des modes, du pouvoir, de l’argent, parfois même de formes déviantes de religion. Ce sont les dangers que j’ai voulu rappeler dans le Message pour la récente Journée Mondiale de la Paix, consacré au problème des multiples esclavages modernes. Ils naissent d’un cœur corrompu, incapable de voir et de faire le bien, de poursuivre la paix.
Une vraie guerre mondiale qui se déroule par morceaux
Nous constatons avec douleur les conséquences dramatiques de cette mentalité du rejet et de la « culture de l’asservissement » (ibid., n.2) dans le déferlement continuel des conflits. Comme une vraie guerre mondiale qui se déroule par morceaux, ils touchent, même si c’est sous des formes et avec des intensités variées, différentes zones de la planète, en commençant par la proche Ukraine devenue un théâtre dramatique d’affrontement, et pour laquelle je souhaite que, par le dialogue, se renforcent les efforts en cours pour faire cesser les hostilités, et pour que les parties en présence entreprennent dès que possible, dans un esprit renouvelé de respect de la légalité internationale, un chemin sincère de confiance réciproque et de réconciliation fraternelle qui permette de dépasser la crise actuelle.
Ma pensée va surtout au Moyen Orient, en commençant par la terre bien-aimée de Jésus, que j’ai eu la joie de visiter en mai dernier et pour laquelle nous ne nous lasserons jamais d’invoquer la paix. Nous l’avons fait, avec une intensité extraordinaire, avec le Président israélien d’alors, Shimon Peres, et le Président palestinien, Mahmud Abbas, animés de l’espérance confiante que les négociations entre les deux parties puissent reprendre, dans le but de faire cesser les violences et d’arriver à une solution qui permette, tant au peuple palestinien qu’au peuple israélien, de vivre enfin en paix, dans des frontières clairement établies et reconnues internationalement, de sorte que la « solution de deux États » devienne effective.
Le fondamentalisme religieux, plus encore que rejeter les êtres humains en perpétrant des massacres horribles, refuse Dieu lui-même, le reléguant au rang de pur prétexte idéologique.
Malheureusement, le Moyen Orient est également traversé par d’autres conflits, qui se prolongent depuis trop longtemps et dont les aspects sont effrayants, aussi par le déferlement du terrorisme d’origine fondamentaliste en Syrie et en Irak. Ce phénomène est une conséquence de la culture du déchet appliquée à Dieu. Le fondamentalisme religieux, en effet, plus encore que rejeter les êtres humains en perpétrant des massacres horribles, refuse Dieu lui-même, le reléguant au rang de pur prétexte idéologique. Face à cette injuste agression, qui touche aussi les chrétiens et d’autres groupes ethniques et religieux de la région, une réponse unanime est nécessaire qui, dans le cadre du droit international, arrête le déferlement des violences, rétablisse la concorde et soigne les blessures profondes que la succession des conflits a provoquées. En ce lieu je fais donc appel à toute la communauté internationale, comme aussi à chacun des Gouvernements concernés, pour qu’ils prennent des initiatives concrètes pour la paix, et pour la défense de tous ceux qui souffrent des conséquences de la guerre et de la persécution, et qui sont contraints de laisser leurs maisons et leur patrie.
Je souhaite que les responsables religieux, politiques, et intellectuels, en particulier musulmans, condamnent toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion visant à justifier de tels actes de violence.
Dans une lettre envoyée un peu avant Noël, j’ai personnellement voulu manifester ma proximité et assurer de ma prière toutes les communautés chrétiennes du Moyen Orient qui donnent un témoignage précieux de foi et de courage, en jouant un rôle fondamental d’artisans de paix, de réconciliation et de développement dans leurs sociétés civiles respectives. Un Moyen Orient sans chrétiens serait un Moyen Orient défiguré et mutilé ! En demandant à la communauté internationale de ne pas être indifférente devant une telle situation, je souhaite que les responsables religieux, politiques, et intellectuels, en particulier musulmans, condamnent toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion visant à justifier de tels actes de violence.
Des formes semblables de brutalité, qui fauchent souvent des victimes parmi les plus petits et ceux qui sont sans défense, ne manquent pas non plus, malheureusement, dans d’autres parties du monde. Je pense en particulier au Nigeria, où les violences qui frappent sans discernement la population ne cessent pas, et où le phénomène tragique des séquestrations de personnes est en croissance continue, souvent des jeunes filles enlevées pour faire l’objet d’un trafic. C’est un commerce exécrable qui ne peut pas continuer ! Une plaie qu’il faut éradiquer car elle nous concerne tous, depuis chaque famille jusqu’à la communauté mondiale tout entière (cf. Discours aux nouveaux Ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, 12 décembre 2013). Je regarde ensuite avec appréhension les nombreux conflits de caractère civil qui concernent d’autres parties de l’Afrique, en commençant par la Lybie, déchirée par une longue guerre interne qui cause d’indicibles souffrances dans la population et qui a de graves répercutions sur les équilibres de la région.
Je pense à la dramatique situation de la République Centrafricaine, au sujet de laquelle il est douloureux de constater comment la bonne volonté qui a animé les efforts de ceux veulent construire un avenir de paix, de sécurité et de prospérité, rencontre des formes de résistance et les intérêts égoïstes de partis, qui risquent de rendre vaines les attentes d’un peuple très éprouvé qui aspire à construire librement son avenir. Éveille une préoccupation particulière la situation au Sud Soudan et dans plusieurs régions du Soudan, de la Corne de l’Afrique et de la République Démocratique du Congo, où ne cesse de grandir le nombre de victimes dans la population civile, et où des milliers de personnes, parmi lesquelles beaucoup de femmes et d’enfants, sont contraintes de fuir et de vivre dans des conditions d’extrême dénuement.
Par conséquent, je souhaite un engagement commun de tous les Gouvernements et de la communauté internationale, pour que l’on mette fin à toute sorte de lutte, de haine et de violence, et pour que l’on s’engage en faveur de la réconciliation, de la paix et de la défense de la dignité transcendante de la personne.
Le viol: une offense très grave à la dignité de la femme, qui non seulement est violée dans l’intimité de son corps, mais aussi dans son âme
Ensuite, il ne faut pas oublier que les guerres apportent avec elles un autre horrible crime, qui est le viol. Celui-ci est une offense très grave à la dignité de la femme, qui non seulement est violée dans l’intimité de son corps, mais aussi dans son âme, avec un traumatisme qui pourra être difficilement effacé et dont les conséquences sont aussi de caractère social. Malheureusement, on vérifie que, même là où il n’y a pas de guerre, trop de femmes souffrent encore aujourd’hui de violence à leur encontre. Tous les conflits belliqueux révèlent le visage le plus emblématique de la culture du déchet par les vies qui sont délibérément piétinées par celui qui détient la force. Mais il y a des formes plus subtiles et sournoises de rejet, qui alimentent aussi cette culture. Je pense avant tout à la façon dont sont souvent traités les malades, isolés et marginalisées comme les lépreux dont parle l’Évangile.
Parmi les lépreux de notre temps il y a les victimes de cette nouvelle et terrible épidémie d’Ebola, qui, surtout au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée, à déjà fauché plus de six mille vies. Je désire aujourd’hui féliciter publiquement et remercier ces opérateurs sanitaires qui, avec les religieux, religieuses, et les volontaires, apportent tous les soins possibles aux malades et à leurs proches, surtout aux enfants restés orphelins. En même temps, je renouvelle mon appel à toute la communauté internationale pour que soit assurée une assistance humanitaire adéquate aux patients, et pour qu’il y ait un engagement commun pour vaincre la maladie.
À côté des vies rejetées à cause des guerres ou des maladies, il y a celles des nombreuses personnes déplacées et réfugiées.
À côté des vies rejetées à cause des guerres ou des maladies, il y a celles des nombreuses personnes déplacées et réfugiées. Encore une fois on en comprend les aspects à partir de l’enfance de Jésus, qui témoigne d’une autre forme de la culture du déchet qui porte atteinte aux relations et « défait » la société. En effet, face à la brutalité d’Hérode, la Sainte Famille est contrainte à fuir en Égypte, d’où elle pourra revenir seulement quelques années plus tard (cf. Mt 2, 13-15). La conséquence des situations de conflit que nous venons de décrire est souvent la fuite de milliers de personnes de leur terre d’origine. Parfois on ne part pas tant pour chercher un avenir meilleur, mais tout simplement pour avoir un avenir, puisque rester dans son pays peut signifier une mort certaine.
Combien de personnes perdent la vie dans des voyages inhumains, soumises aux brimades de véritables bourreaux avides d’argent ? J’en ai fait mention au cours de ma récente visite au Parlement Européen, en rappelant qu’« on ne peut tolérer que la Mer Méditerranée devienne un grand cimetière » (Discours au Parlement Européen, Strasbourg, 25 novembre 2014). Il y a ensuite un autre fait alarmant : beaucoup de migrants, surtout dans les Amériques, sont des enfants seuls, proies plus faciles des dangers, et qui demandent davantage de soin, d’attention et de protection.
Souvent arrivés sans papiers d’identité dans des contrées inconnues dont ils ne parlent pas la langue, il est difficile pour les migrants d’être accueillis et de trouver du travail. Au-delà des incertitudes de la fuite, ils sont contraints d’affronter aussi le drame du refus. Un changement d’attitude à leur égard est donc nécessaire, pour passer du désintérêt et de la peur à une acceptation sincère de l’autre. Cela requiert naturellement de « mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens (…) et garantir l’accueil des migrants » (ibid). En remerciant tous ceux qui, même au prix de leur vie, s’emploient à porter secours aux réfugiés et aux migrants, j’exhorte aussi bien les États que les Organisations internationales à s’engager activement pour résoudre ces graves situations humanitaires et à fournir aux pays d’origine des migrants des aides pour en favoriser le développement socio-politique et le dépassement des conflits internes, qui sont la principale cause de ce phénomène. « Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets » (ibid).
Du reste, cela permettra aux migrants de retourner un jour dans leur patrie et de contribuer à sa croissance et à son développement. Mais à côté des migrants, des déplacés et des réfugiés, il y a beaucoup d’autres « exilés cachés » (Angelus, 29 décembre 2013), qui vivent à l’intérieur de nos maisons et de nos familles. Je pense surtout aux personnes âgées et aux personnes handicapées, comme aussi aux jeunes. Les premières sont objet de rebut quand elles sont considérées comme un poids et comme des « présences encombrantes » (ibid.), tandis que les derniers sont mis à l’écart en niant leurs perspectives concrètes de travail pour construire leur avenir.
Il n’existe pas pire pauvreté que celle qui prive du travail et de la dignité du travail
D’autre part, il n’existe pas pire pauvreté que celle qui prive du travail et de la dignité du travail (cf. Discours aux participants à la rencontre mondiale avec les Mouvements populaires, 28 octobre 2014), et qui fait du travail une forme d’esclavage. C’est ce que j’ai voulu rappeler au cours d’une rencontre récente avec les mouvements populaires, qui s’emploient avec dévouement à rechercher des solutions adéquates à certains problèmes de notre temps, comme la plaie toujours plus étendue du chômage des jeunes et du travail au noir, et le drame de beaucoup de travailleurs, spécialement des enfants, exploités avec avidité. Tout cela est contraire à la dignité humaine et dérive d’une mentalité qui place au centre l’argent, les bénéfices et les profits économiques au détriment de l’homme lui-même.
La dénatalité et la cohabitation
Ensuite, il n’est pas rare que la famille elle-même soit objet de rejet, à cause d’une culture individualiste et égoïste toujours plus répandue, qui abîme les liens et tend à favoriser le phénomène dramatique de la dénatalité, ainsi que de législations qui privilégient différentes formes de cohabitation plutôt que de soutenir convenablement la famille pour le bien de toute la société. Parmi les causes de ces phénomènes, il y a une mondialisation uniformisante qui rejette les cultures elles-mêmes, brisant ainsi les éléments propres de l’identité de chaque peuple qui constituent l’héritage incontournable à la base d’un sain développement social. Dans un monde uniformisé et privé d’identité, il est facile de saisir le drame et le découragement de nombreuses personnes, qui ont littéralement perdu le sens de leur vie. Ce drame est aggravé par la crise économique qui perdure, qui engendre de la méfiance et favorise un climat social conflictuel. J’ai pu en voir les revers ici aussi à Rome, en rencontrant beaucoup de personnes qui vivent des situations de détresse, comme aussi au cours des différents voyages que j’ai effectués en Italie.
À la chère nation italienne, je désire justement adresser une pensée pleine d’espérance afin que, dans le climat persistant d’incertitude sociale, politique et économique, le peuple italien ne cède pas au désengagement et à la tentation du rejet, mais redécouvre ces valeurs d’attention réciproque et de solidarité qui sont à la base de sa culture et du vivre-ensemble civil, et sont sources de confiance aussi bien dans l’immédiat que dans l’avenir, spécialement pour les jeunes.
Pensant à la jeunesse, je désire mentionner mon voyage en Corée, où en août dernier, j’ai pu rencontrer des milliers de jeunes réunis pour la VIème journée de la Jeunesse asiatique et où j’ai rappelé qu’il faut valoriser les jeunes « en cherchant à leur transmettre l’héritage du passé et à les confronter aux défis présents » (Rencontre avec les Autorités, Seoul, 14 août 2014). Il est donc nécessaire de réfléchir « pour savoir si nous transmettons bien nos valeurs à la génération suivante, ainsi que sur le genre de société que nous nous préparons à lui léguer » (ibid). Ce soir-même, j’aurai la joie de repartir pour l’Asie, pour visiter le Sri Lanka et les Philippines et ainsi témoigner de l’attention et de la sollicitude pastorale avec laquelle je suis les vicissitudes des peuples de ce vaste continent.
À eux et à leurs Gouvernements, je désire manifester une fois encore le désir du Saint-Siège d’offrir sa contribution au service du bien commun, de l’harmonie et de la concorde sociale. Je souhaite en particulier une reprise du dialogue entre les deux Corée, qui sont des pays frères qui parlent la même langue.
Excellences, Mesdames et Messieurs, Au début d’une nouvelle année nous ne voulons pas que notre regard soit dominé par le pessimisme, par les défauts et par les carences de notre temps. Nous voulons aussi remercier Dieu pour ce qu’il nous a donné, pour les bienfaits qu’il nous a accordés, pour les dialogues et les rencontres qu’il nous a permis et pour certains fruits de paix qu’il nous a donné la joie de goûter.
Un témoignage éloquent que la culture de la rencontre est possible, je l’ai expérimenté au cours de ma visite en Albanie, Nation pleine de jeunes, qui sont l’espérance pour l’avenir. Malgré les blessures endurées dans l’histoire récente, le pays est caractérisé par « la cohabitation pacifique et la collaboration entre ceux qui appartiennent à différentes religions » (Discours aux Autorités, Tirana, 21 septembre 2014) dans un climat de respect et de confiance réciproque entre catholiques, orthodoxes et musulmans. C’est un signe important qu’une foi sincère en Dieu ouvre à l’autre, engendre dialogue et action pour le bien, alors que la violence naît toujours d’une mystification de la religion elle-même, adoptée en prétextant des projets idéologiques qui ont comme unique but la domination de l’homme sur l’homme.
Également, au cours de mon récent voyage en Turquie, pont historique entre Orient et Occident, j’ai pu constater les fruits du dialogue œcuménique et interreligieux, ainsi que l’engagement envers les réfugiés provenant des autres pays du Moyen-Orient. J’ai retrouvé cet esprit d’accueil aussi en Jordanie, que j’ai visitée au début de mon pèlerinage en Terre Sainte, comme aussi dans le témoignage venu du Liban, à qui je souhaite de dépasser les difficultés politiques actuelles.
Un exemple qui m’est très cher de la manière dont le dialogue peut vraiment édifier et construire des ponts, vient de la récente décision des États Unis d’Amérique et de Cuba de mettre fin à un silence réciproque qui a duré plus d’un demi-siècle et de se rapprocher pour le bien de leurs citoyens. Dans cette perspective, j’adresse aussi une pensée au peuple du Burkina Faso, engagé dans une période de transformations politiques et institutionnelles importantes, afin qu’un esprit renouvelé de collaboration puisse contribuer au développement d’une société plus juste et plus fraternelle. Je relève, en outre, avec satisfaction la signature en mars dernier de l’Accord qui met fin à de longues années de tensions aux Philippines.
J’accueille avec satisfaction la volonté des États-Unis de fermer définitivement la prison de Guantánamo
J’encourage également l’engagement en faveur d’une paix stable en Colombie, comme aussi les initiatives destinées à établir à nouveau la concorde dans la vie politique et sociale au Venezuela. Je souhaite aussi qu’on puisse bientôt parvenir à une entente définitive entre l’Iran et ce qui est appelé le Groupe des 5+1 sur l’utilisation de l’énergie nucléaire à des buts pacifiques, en appréciant les efforts accomplis jusqu’à maintenant. J’accueille, ensuite, avec satisfaction la volonté des États-Unis de fermer définitivement la prison de Guantánamo, soulignant la généreuse disponibilité de certains pays à accueillir les détenus. Enfin, je désire exprimer mon appréciation et mon encouragement pour ces pays qui se sont activement engagés pour favoriser le développement humain, la stabilité politique et la cohabitation civile entre leurs citoyens.
Jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C’est la paix, la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité !
Excellences, Mesdames et Messieurs, Le 6 août 1945, l’humanité assistait à une des plus terribles catastrophes de son histoire. Pour la première fois, d’une façon nouvelle et sans précédents, le monde expérimentait jusqu’où peut aller le pouvoir destructeur de l’homme. Des cendres de cette effroyable tragédie qu’a été la seconde guerre mondiale a surgi entre les Nations une volonté nouvelle de dialogue et de rencontre qui a donné naissance à l’Organisation des Nations Unies, dont nous célébrerons cette année le 70ème anniversaire. Au cours de la visite qu’il a accomplie au Palais de Verre, il y a cinquante ans, mon Bienheureux prédécesseur, le Pape Paul VI, a rappelé « que le sang de millions d’hommes, que des souffrances inouïes et innombrables, que d’inutiles massacres et d’épouvantables ruines sanctionnent le pacte qui vous unit, en un serment qui doit changer l’histoire future du monde : jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C’est la paix, la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité ! » (PAUL VI, Discours aux Nations Unies, New York, 4 octobre 1965).
C’est aussi mon invocation confiante pour cette nouvelle année, qui verra par ailleurs la poursuite de deux importants processus : la rédaction de l’Agenda du développement post-2015, avec l’adoption des Objectifs du développement durable, et l’élaboration d’un nouvel Accord sur le climat. Leur présupposé indispensable est la paix, qui jaillit de la conversion du cœur plus encore que de la fin de chaque guerre. Avec ces sentiments, je renouvelle à chacun de vous, à vos familles et à vos peuples, le souhait d’une année 2015 d’espérance et de paix.
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