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samedi, 17 janvier 2015

La religion, la foi peuvent-elles être dangereuses ?

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La foi et la religion comme cause de violence ?

Après les attentats terroristes, une idée circule à nouveau:  la religion cause et engendre la violence. Rien de tel pour l'athéisme.

La raison doit gérer la religion, qui renferme une violence latente. Trop croire entraîne au fanatisme. 

Le Pape François a relevé avec grande justesse que les chrétiens ont laissé des traces de violence dans l'histoire. Le Jubilé de l'an 2000 avait donné l'occasion à Saint Jean-Paul II de demander pardon, devant Dieu et devant les hommes, pour l'usage de la violence par les chrétiens.

Les chrétiens sont violents malgré les textes et des musulmans pacifiques malgré les textes

Un saint, qui va jusqu'au bout de sa foi, est pacifié dans sa vie, parfaitement raisonnable. En Jésus, on ne trouve pas, ni dans ses paroles, ni dans ses actes, la moindre trace de violence. Au contraire, son Amour est désarmant.

Même chose pour l'Eglise: son enseignement, sa doctrine n'invitent pas à la violence. Les chrétiens violents le furent malgré les textes. Par contre, le flou règne sur les islams, surtout par notre propre inculture. Le travail d'analyse sereine de textes du Coran est un labeur qui est devant nous.

Pour le christianisme, voici deux auteurs qui rendent compte du rapport entre la paix et la foi:

André Comte-Sponville

Hitler disait à Goebbels qu’il fallait extirper le christianisme

« Ce n’est pas la foi qui pousse aux massacres. C’est le fanatisme, qu’il soit religieux ou politique. C’est l’intolérance. C’est la haine. Il peut être dangereux de croire en Dieu. Voyez la Saint-Barthélémy, les Croisades, les guerres de religions, le Djihad, les attentats du 11 septembre 2001... Il peut être dangereux de n’y pas croire. Voyez Staline, Mao Tsé-Toung ou Pol Pot... Qui fera les totaux, de part et d’autre, et que pourraient-ils signifier ?

L’horreur est innombrable, avec ou sans Dieu. Cela nous en apprend plus sur l’humanité, hélas, que sur la religion. » Sans compter que Hitler disait à Goebbels qu’il fallait extirper le christianisme, qui allait contre sa propre vision « scientifique » du progrès de l’humanité".

Citation du plaidoyer athée de André Comte-Sponville, L’esprit de l’athéisme, Introduction à une spiritualité sans Dieu, Albin Michel, Paris, 2006, p.88. 

Benoît XVI à Ratisbonne

"La diffusion de la foi par la violence est contraire à la raison" 

"Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste et non pas de recourir à la violence et à la menace...

Pour convaincre une âme douée de raison, on n'a pas besoin de son bras, ni d'objets pour frapper, ni d'aucun autre moyen qui menace quelqu'un de mort... ».

..."l'empereur explique minutieusement pourquoi la diffusion de la foi par la violence est contraire à la raison. Elle est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme. « Dieu ne prend pas plaisir au sang, dit-il, et ne pas agir selon la raison (‘σύν λόγω’) est contraire à la nature de Dieu. La foi est fruit de l'âme, non pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste et non pas de recourir à la violence et à la menace... Pour convaincre une âme douée de raison, on n'a pas besoin de son bras, ni d'objets pour frapper, ni d'aucun autre moyen qui menace quelqu'un de mort... ».

L’affirmation décisive de cette argumentation contre la conversion par la force dit : « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu ». L'éditeur du texte, Théodore Khoury, commente à ce sujet: « Pour l'empereur, byzantin nourri de philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, au contraire, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle qui consiste à être raisonnable. 

Khoury cite à ce propos un travail du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui note que Ibn Hazm va jusqu'à expliquer que Dieu n'est pas même tenu par sa propre parole et que rien ne l'oblige à nous révéler la vérité. Si tel était son vouloir, l'homme devrait être idolâtre. À partir de là, pour la compréhension de Dieu et du même coup pour la réalisation concrète de la religion, apparaît un dilemme qui constitue un défi très immédiat. Est-ce seulement grec de penser qu'agir de façon contraire à la raison est en contradiction avec la nature de Dieu, ou cela vaut-il toujours et en soi ?

Je pense que, sur ce point, la concordance parfaite, entre ce qui est grec, dans le meilleur sens du terme, et la foi en Dieu, fondée sur la Bible, devient manifeste. En référence au premier verset de la Genèse, premier verset de toute la Bible, Jean a ouvert le prologue de son évangile par ces mots : « Au commencement était le λογος ». C'est exactement le mot employé par l'empereur. Dieu agit « σύν λόγω », avec logos. Logos désigne à la fois la raison et la parole – une raison qui est créatrice et capable de se communiquer, mais justement comme raison".

Commentaires

Sur ce thème, je recommande un livre:

Commission théologique internationale
DIEU TRINITE UNITE DES HOMMES
Le monothéisme chrétien contre la violence
éd. Cerf / 2012

Écrit par : M.T. | lundi, 19 janvier 2015

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