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FRANÇOIS, UN PAPE APPLAUDI PAR LE MONDE... MAIS DÉTESTÉ PAR SON CLERGÉ

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? Le Pape François serait détesté par son clergé ?

Un article du Guardian, repris par une farouche opposante au Pape, met en lumière l'incompréhension qu'une partie des détracteurs de François distille sur la toile.

Personnellement, j'aime beaucoup notre Saint Père car il m'aide à accomplir ma mission de prêtre. Cet homme, élevé par Dieu à la grâce de la papauté, n'est ni un théologien, ni un professeur, mais un communicateur de génie, un Pasteur prophétique. 

Andrew Brown

27 octobre 2017

www.theguardian.com

La traduction (Benoît et moi)

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(Photo "The Guardian")
 

FRANÇOIS, UN PAPE APPLAUDI PAR LE MONDE... MAIS DÉTESTÉ PAR SON CLERGÉ

Le pape François est aujourd'hui l'un des hommes les plus détestés du monde. Ceux qui le haïssent le plus ne sont pas des athées, ni des protestants, ni des musulmans, mais certains de ses propres disciples. En dehors de l'Église, il est extrêmement populaire comme une figure de modestie et d'humilité presque ostentatoire. Dès le moment où le cardinal Jorge Bergoglio est devenu pape en 2013, ses gestes ont captivé l'imagination du monde entier: le nouveau pape conduisait une Fiat, portait ses propres sacs et réglait ses propres factures dans les hôtels; il demandait aux homosexuels: "Qui suis-je pour juger?"

Mais à l'intérieur de l'Église, François a provoqué une réaction féroce de la part des conservateurs qui craignent que cet esprit divise l'Église, et puisse même la briser. Cet été, un prêtre anglais éminent m'a dit: "Nous avons hâte qu'il meure. C'est inimaginable ce qu'on dit en privé. Chaque fois que deux prêtres se rencontrent, ils racontent à quel point Bergoglio est horrible... Il est comme Caligula: s'il avait un cheval, il le ferait cardinal...". Bien sûr, après 10 minutes de lamentation, il a ajouté: "Il ne faut rien imprimer de tout ça, sinon je serais viré."

Ce mélange de haine et de peur est courant chez les adversaires du pape. François, le premier pape non européen des temps modernes, et le premier pape jésuite, fut élu comme étranger à l'establishment du Vatican, et on s'attendait à ce qu'il se fasse des ennemis. Mais personne n'avait prévu à quel point il en aurait. De son renoncement à la pompe du Vatican, qui a prévenu 3 000 fonctionnaires de l'Eglise qu'il voulait en être le maître, à son soutien aux migrants, à ses attaques contre le capitalisme mondial et, surtout, à ses tentatives de réexaminer les enseignements de l'Eglise sur la sexualité, il a scandalisé les réactionnaires et les conservateurs. A en juger par les chiffres du vote lors de la dernière réunion mondiale des évêques, près d'un quart du collège des cardinaux - le plus haut clergé de l'Église - pense que le pape flirte avec l'hérésie.

Le point critique est venu dans une bataille sur sa vision du divorce. Rompant avec des siècles, sinon des millénaires, de théorie catholique, le Pape François a essayé d'encourager les prêtres catholiques à donner la communion à certains couples divorcés et remariés, ou à des familles où cohabitent les parents non mariés. Ses ennemis tentent de le forcer à abandonner et à renoncer à cet effort.

Comme il ne le fera pas, et qu'il persévère tranquillement face au mécontentement grandissant, ils se préparent maintenant à la bataille. L'année dernière, un cardinal, soutenu par quelques collègues en retraite, a évoqué la possibilité d'une déclaration officielle d'hérésie - le rejet délibéré d'une doctrine établie de l'Église, un péché punissable d'excommunication. Le mois dernier, 62 catholiques mécontents, dont un évêque à la retraite et un ancien directeur de la banque du Vatican, ont publié une lettre ouverte accusant François de sept chefs d'accusation spécifiques d'enseignement hérétique.

Accuser un pape régnant d'hérésie est une option "nucléaire" [au sens d'"explosive"?] dans le raisonnement catholique. La doctrine soutient que le pape ne peut pas se tromper quand il parle sur les questions centrales de la foi; ainsi, s'il se trompe, il ne peut pas être pape. D'un autre côté, si ce pape a raison, tous ses prédécesseurs ont dû se tromper.

La question est particulièrement délétère car elle est presque entièrement théorique. Dans la pratique, dans la plupart des pays du monde, les couples divorcés et remariés se voient offrir la communion de façon habituelle. Le Pape François ne propose pas une révolution, mais la reconnaissance bureaucratique d'un système qui existe déjà, et qui pourrait même être essentiel à la survie de l'Eglise. Si les règles étaient appliquées à la lettre, personne dont le mariage a échoué ne pourrait plus jamais avoir de rapports sexuels. Ce n'est pas une façon pratique de s'assurer qu'il y aura des générations futures de catholiques.

Mais les réformes prudentes de François semblent à ses adversaires menacer la croyance que l'Église enseigne des vérités intemporelles. Et si l'Église catholique n'enseigne pas les vérités éternelles, se demandent les conservateurs, à quoi sert-elle? La bataille sur le divorce et le remariage a porté à un point crucial deux idées profondément opposées de ce à quoi sert l'Église. Les insignes du pape sont deux clés croisées. Elles représentent celles que Jésus est supposé avoir donné à saint Pierre, symbolisant les pouvoirs de lier et de délier: proclamer ce qui est péché et ce qui est permis. Mais quel pouvoir est le plus important, et le plus urgent aujourd'hui?

La crise actuelle est la plus grave depuis que les réformes libérales des années 1960 ont incité un groupe éclaté de conservateurs intransigeants à s'éloigner de l'Église (leur leader, l'archevêque français Marcel Lefebvre, fut par la suite excommunié). Au cours des dernières années, les auteurs conservateurs ont constamment agité le spectre du schisme. En 2015, le journaliste américain Ross Douthat, converti au catholicisme, a écrit un article pour le magazine Atlantic intitulé "Will Pope François Break the Church?". Un post sur un blog du Spectator, celui de l'anglais Damian Thompson, a prévenu "Le pape François est maintenant en guerre avec le Vatican". Selon un archevêque du Kazakhstan, les vues du pape sur le divorce et l'homosexualité ont permis à "la fumée de Satan" d'entrer dans l'Église.

L'Église catholique a passé une grande partie du siècle dernier à lutter contre la révolution sexuelle, tout comme elle a lutté contre les révolutions démocratiques du XIXe siècle, et dans cette lutte, elle a été forcée de défendre une position absolutiste indéfendable, dans laquelle toute contraception artificielle est interdite, de même que tous les rapports sexuels en dehors d'un mariage à vie. Comme le reconnaît François, ce n'est pas ainsi que les gens se comportent. Le clergé le sait, mais on s'attend à ce qu'il fasse semblant de ne pas le savoir. L'enseignement officiel ne peut pas être remis en question, mais il ne peut pas non plus être respecté. Quelque chose DOIT SE PASSER, et le moment venu, l'explosion qui en résultera pourrait briser l'Église.

Il est assez juste de dire que les haines parfois âpres au sein de l'Église - que ce soit à propos du changement climatique, de la migration ou du capitalisme - ont atteint leur paroxysme dans une lutte gigantesque contre les implications d'une seule note de bas de page dans un document intitulé "La joie de l'amour" (ou, dans son nom latin, Amoris Laetitia). Le document, écrit par François, est un résumé du débat actuel sur le divorce, et c'est dans cette note de bas de page qu'il fait une affirmation apparemment modérée, que les couples divorcés et remariés peuvent parfois recevoir la communion.

Avec plus d'un milliard d'adeptes, l'Église catholique est la plus grande organisation mondiale que le monde ait jamais vue, et beaucoup de ses disciples sont divorcés, ou parents célibataires. Pour mener à bien son travail dans le monde entier, elle dépend du volontariat. Si les fidèles ordinaires cessent de croire en ce qu'ils font, tout s'effondre. François le sait très bien. S'il ne parvient pas à concilier théorie et pratique, l'Église pourrait être vidée partout. Ses opposants croient aussi que l'Église est confrontée à une crise, mais leur prescription est le contraire. Pour eux, l'écart entre la théorie et la pratique est exactement ce qui donne à l'Église valeur et sens. Si tout ce que l'Église offre aux gens est quelque chose dont ils peuvent se passer, croient les opposants de François, alors elle s'effondrera à coup sûr.

CHOISIR ENTRE L'OUVERTURE AU MONDE OU LE REPLI: "EXTRAVERTIS" VS "INTRAVERTIS"

Personne ne l'avait prévu lors de l'élection de François en 2013. L'une des raisons pour lesquelles il a été choisi par ses confrères cardinaux était de mettre de l'ordre dans la bureaucratie sclérosée du Vatican. Cette tâche était attendue depuis longtemps. Le cardinal Bergoglio de Buenos Aires a été élu comme un relatif étranger avec la capacité de débloquer une partie du blocage au centre de l'Église. Mais cette mission s'est rapidement heurtée à une ligne de faille encore plus âpre dans l'Église, généralement décrite en termes de lutte entre les "libéraux", comme François, et les "conservateurs", comme ses ennemis. Pourtant, il s'agit là d'une classification glissante et trompeuse.

Le conflit central est entre les catholiques qui croient que l'Église devrait établir l'agenda du monde, et ceux qui pensent que le monde doit établir l'agenda de l'Église.Ce sont là des types idéaux: dans le monde réel, tout catholique sera un mélange de ces orientations, mais chez la plupart d'entre eux, l'une prédominera.

François est un parfait exemple de catholique "orienté vers l'extérieur" ou extraverti, surtout comparé à ses prédécesseurs immédiats. Ses adversaires sont des introvertis. Beaucoup ont d'abord été attirés par l'Eglise pour sa distance des préoccupations du monde. Un nombre surprenant des introvertis les plus en vue sont des convertis du protestantisme américain, certains motivés par le manque de profondeur des ressources intellectuelles avec lesquelles ils ont été élevés, mais beaucoup plus par le sentiment que le protestantisme libéral mourait précisément parce qu'il n'offrait plus aucune alternative à la société qui l'entourait. Ils veulent du mystère et de la romance, et non du bon sens stérile ou de la sagesse conventionnelle. Aucune religion ne pourrait s'épanouir sans cette impulsion.

Mais aucune religion globale ne peut non plus s'opposer entièrement au monde. Au début des années 1960, un rassemblement de trois ans d'évêques de toutes les parties de l'Église, connu sous le nom de Concile Vatican II, ou simplement Vatican II, "ouvrit les fenêtres sur le monde", selon les mots du Pape Jean XXIII, qui le mit en route, mais mourut avant la fin de ses travaux.

Le Concile renonça à l'antisémitisme, adopta la démocratie, proclama les droits universels de l'homme et abolit largement la Messe latine. Ce dernier acte, en particulier, a assommé les introvertis. L'auteur Evelyn Waugh, par exemple, n'est jamais allée à une messe anglaise après la décision. Pour des hommes comme lui, les rituels solennels d'un service accompli par un prêtre avec le dos tourné à la congrégation, parlant entièrement en latin, face à Dieu sur l'autel, étaient le cœur même de l'Église - une fenêtre sur l'éternité ouverte à chaque représentation. Le rituel a été au centre de l'Église sous une forme ou une autre depuis sa fondation.

Le changement symbolique induit par la nouvelle liturgie - en remplaçant le prêtre introverti faisant face à Dieu devant l'autel par la figure extravertie faisant face à sa congrégation - fut immense. Certains conservateurs ne se sont pas encore réconciliés avec la réorientation; parmi eux, le cardinal ghanéen Robert Sarah, vanté par les introvertis comme successeur possible de François, et le cardinal américain Raymond Burke, devenu l'opposant le plus en vue de François. La crise actuelle, selon les mots de la journaliste catholique anglaise Margaret Hebblethwaite, partisane passionnée de François, n'est rien de moins que "Vatican II qui revient".

"Nous devons être inclusifs et accueillants à tout ce qui est humain", a dit Sarah lors d'une rencontre au Vatican l'année dernière, dans une dénonciation des propositions de François, "mais ce qui vient de l'Ennemi ne peut et ne doit pas être assimilé. Vous ne pouvez pas rejoindre le Christ et Bélial! Ce que le fascisme nazi et le communisme étaient au XXe siècle, les idéologies occidentales de l'homosexualité et de l'avortement et le fanatisme islamique le sont aujourd'hui".

Dans les années qui ont suivi immédiatement le concile, les religieuses ont abandonné leur habit, les prêtres ont découvert des femmes (plus de 100 mille ont quitté le sacerdoce pour se marier) et les théologiens ont jeté les chaînes de l'orthodoxie introvertie. Après 150 ans de résistance et de répulsion contre le monde extérieur, l'Église s'est retrouvée en contact avec lui partout, jusqu'à ce qu'il semble aux introvertis que tout l'édifice s'effondrait en ruines.

La fréquentation des églises a chuté dans le monde occidental, comme pour les autres dénominations. Aux Etats-Unis, 55% des catholiques allaient à la messe régulièrement en 1965, contre seulement 22% en 2000. En 1965, 1,3 million de bébés catholiques étaient baptisés aux Etats-Unis; en 2016, seulement 670 mille. La question de savoir s'il s'agissait d'une cause ou d'une corrélation demeure très controversée. Les introvertis la blâmaient pour l'abandon des vérités éternelles et des pratiques traditionnelles; les extravertis trouvaient que l'Église n'avait pas changé assez vite ou été trop loin.

En 1966, un comité pontifical de 69 membres, dont sept cardinaux et 13 médecins, dans lequel étaient également représentés des laïcs et même quelques femmes, vota massivement pour lever l'interdiction de la contraception artificielle, mais le pape Paul VI passa outre en 1968. Il ne pouvait pas admettre que ses prédécesseurs avaient eu tort, et les protestants raison. Pour une génération de catholiques, ce conflit est venu symboliser la résistance au changement. Dans le monde en voie de développement, l'Église catholique a été largement dépassée par un renouveau pentecôtiste énorme, qui offrait aux laïcs, y compris aux femmes, à la fois du spectacle et un statut.

Les introvertis se sont vengés avec l'élection du Pape (aujourd'hui Saint Pape) Jean-Paul II en 1978. Son Église polonaise avait été définie par son opposition au monde et à ses pouvoirs depuis que les nazis et les communistes avaient divisé le pays en 1939. Jean-Paul II était un homme d'une énergie, d'une volonté et de dons extraordinaires. Il était aussi profondément conservateur sur les questions de moralité sexuelle et avait, en tant que cardinal, fourni la justification intellectuelle de l'interdiction de la contraception. Dès le moment de son élection, il s'est mis à remodeler l'Église à son image. S'il ne pouvait pas lui insuffler son propre dynamisme et sa propre volonté, il pouvait, semblait-il, la purger de l'extraversion et l'installer à nouveau comme un rocher contre les courants du monde séculier.

Ross Douthat, le journaliste catholique [évoqué plus haut], était l'une des rares personnes du parti introverti à vouloir parler ouvertement du conflit actuel. Jeune homme, il fut l'un des convertis de l'Église du Pape Jean-Paul II. Il dit aujourd'hui: "L'Église peut être un foutoir [a mess], mais l'important est que le centre soit sain, et qu'on puisse toujours reconstruire les choses à partir du centre. L'important, dans la condition de catholique, c'est qu'on vous garantit la continuité au centre, et avec cela l'espoir de reconstitution de l'ordre catholique".

Jean-Paul II prit soin de ne jamais répudier les paroles de Vatican II, mais il s'efforça de les vider de l'esprit extraverti. Il s'employa à imposer une discipline féroce au clergé et aux théologiens. Il rendit le plus difficile possible pour les prêtres de partir et de se marier. Son allié dans ce domaine était la Congrégation pour la Défense (sic!) de la Foi, ou CDF, autrefois connue sous le nom de Saint-Office. La CDF est le plus institutionnellement introverti de tous les départements du Vatican (ou "dicastères", comme on les appelle depuis l'époque des empires romains; c'est un détail qui suggère le poids de l'expérience institutionnelle et de l'inertie - si le nom était assez bon pour Constantin, pourquoi le changer?).

Pour la CDF, le fait que le rôle de l'Église soit d'enseigner au monde, et non d'en recevoir des leçons, est un axiome. Elle traîne une longue histoire de punition des théologiens en désaccord: il leur a été interdit de publier, ou ils ont été renvoyés des universités catholiques.

Au début du pontificat de Jean-Paul II, la CDF publia Donum Veritatis (Le Don de la Vérité), un document expliquant que tous les catholiques doivent pratiquer la "soumission de la volonté et de l'intellect" à ce que le pape enseigne, même quand il n'est pas infaillible; et que les théologiens, bien qu'ils puissent être en désaccord et faire connaître leur désaccord à leurs supérieurs, ne doivent jamais le faire en public. Cela a été utilisé comme une menace, et parfois une arme, contre toute personne soupçonnée de dissidence "liberal" [au sens anglosaxon du terme, càd progressiste]. François, cependant, a retourné ces pouvoirs contre ceux qui avaient été leurs plus ardents défenseurs. Les prêtres catholiques, les évêques et même les cardinaux sont tous au service du pape, et peuvent à tout moment être licenciés. Les conservateurs devaient tout apprendre à ce sujet sous la direction de Franç

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dimanche, 29 octobre 2017 | Lien permanent

Les conférences de presse du Pape François font la une

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La divine Providence guide l'Eglise. Elle avait mal à sa doctrine et Joseph Ratzinger fut préfet de la Congrégation de la foi depuis 1982 et Pape depuis 2005. Elle avait mal à son image et François fut élu. 

Depuis que les conférences de presse ont lieu au retour des voyages pontificaux, leur résonance et leur impact médiatique sont plus importants. 

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Etienne Loraillère ن ‏@Eloraillere

KTO diffuse ce soir (22h15) la conférence de presse du Pape François au retour du Mexique. 

Extraits:

- en parlant indirectement de Donald Trump: la personne qui construit des murs et non pas des ponts n'est pas chrétienne.

- un évêque qui se contente de déplacer un prêtre pédophile est un inconscient qui doit présenter sa démission.

- la pédophilie des prêtres est une monstruosité, un sacrifice diabolique.

 

.... et encore bien d'autres réponses. 

 

Dans l'avion du retour Cité du Vatican, 19 février 2016 (VIS).

Hier dans l'avion le ramenant à Rome, et comme à son habitude, le Saint-Père a conversé avec les journalistes qui l'ont accompagné tout au long de son périple mexicain. Voici les principales questions auxquelles il a répondu:

Q. Pourquoi ne pas avoir rencontré les familles des 43 disparus d' Ayotzinapa, ou envoyé un message aux familles de milliers de disparus?

R. J'ai continuellement évoqué les meurtres, les vies volées pour tous ces gangs de la drogue et du trafic d'êtres humains. J'ai parlé d'une des plaies qui afflige le Mexique. Il était pratiquement impossible de recevoir tous les groupes. La société mexicaine est une victime de tout cela, de ces crimes, des enlèvements, de ce rejet des gens.

Q. Le drame de la pédophilie a au Mexique des racines dangereuses et douloureuses. Le cas Maciel a laissé une blessure profonde et durable, y compris chez les victimes. On a encore l'impression que le déplacement du prêtre suspect et son changement paroisse sont l'option choisie.

R. Un évêque qui déplace un curé quand sa pédophile est découverte est un inconscient. La meilleure chose à faire pour lui serait de démissionner. Quant au cas Maciel, je voudrais rendre hommage à celui qui a combattu alors qui n'était pas en mesure de s'imposer: Le Cardinal Ratzinger.

Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il avait tout en main. Il mené des enquêtes mais sans pouvoir aller plus loin. Dix jours avant la mort de Jean-Paul II, il avait dit l'urgence de nettoyer l'Eglsie de sa saleté.

Lors de la messe d'entrée en conclave, alors qu'il se savait éligible, il ne s'est pas soucié pas de corriger sa position et redit la même chose. Il est l'homme courageux qui a tant aidé pour ouvrir cette porte. Nous poursuivons ce travail, et il a notamment été décidé de nommer un troisième sous-secrétaire pour la Doctrine de la foi, pour prendre en charge spécifiquement la question.

Il y a désormais aussi la Commission pour la protection des mineurs, qui renforce son action. Quant à la congrégation fondée par le P.Maciel, le Supérieur général est maintenant élu par le Conseil et le Chapitre général, mais le Vicaire est choisi par le Pape. Deux Conseillers généraux sont élus par le Chapitre Général et deux nommés par le Pape.

Q. Vous avez parlé avec éloquence aujourd'hui des problèmes de l'immigration. Mais de l'autre côté de la frontière, c'est un thème très débattu dans la campagne électorale. L'un des candidats à la Maison Blanche, le républicain Donald Trump, a récemment dit que vous seriez un politique, un pion du gouvernement mexicain et de sa politique de l'immigration.

S'il est élu, il veut construire un mur de 2500 km le long de la frontière et expulser onze millions d'immigrants illégaux. Que pensez-vous de cette accusation, et si un catholique américain peut voter pour un candidat de ce genre.

R. Aristote a dit que l'homme est un animal politique. Etant homme je dois être politique! Un pion? Peut-être, je ne sais pas. A chacun de juger. Quant à une personne qui pense à dresser des murs plutôt que des ponts, elle n'est pas chrétienne. Recommander à l'électeur de voter ou de ne pas voter, je ne veux pas m'en mêler. Ceci dit, s'il a vraiment dit ces choses, cet homme n'est pas chrétien.

Q. La rencontre avec le Patriarche Cyrille a été saluée comme une étape historique. Mais les greco-catholiques d'Ukraine se sentent trahis. Ils parlent de la déclaration commune comme d'un document politique d'appui de la Russie. Pensez-vous aller à Moscou, le Patriarche vous a-t-il invité, peut-être au concile pan-orthodoxe de Crète?

R. J'y serai spirituellement par un message mais aussi dans la prière. Ils entendent inviter des observateurs et il y aura des catholiques. J'aurais aimé m'y rendre mais je dois respecter nos frères orthodoxes. Nous prierons tous pour que l'orthodoxie aille de l'avant.

Avec le Patriarche nous avons parlé pendant deux heures et rien n'a filtré. J'ai été surpris et même préoccupé de la réaction de Mgr.Sviatoslav Shevchuk. Je le connais bien, depuis Buenos Aires, et nous avons travaillé quatre ans ensemble. Après son élection, il est revenu chercher ses affaires, et m'a laissé une petite icône. Je l'aie sur mon bureau à Rome. L'Ukraine est en guerre et il faut d'autant plus prier pour eux. Personnellement j'ai salué et encouragé les accords de Minsk. Quant à l'Eglise de Rome et au Pape, ils ont toujours encouragé à rechercher la paix.

Q. Le parlement italien débat des unions civiles. Le débat est violent au sein de la classe politique, de la société, mais aussi parmi les catholiques.

R.Tout d'abord, je ne sais pas ce qui se passe au parlement italien. Le Pape ne doit pas interférer dans la politique italienne. Le Pape étant pour tout le monde, il ne peut entrer dans les débats de politique intérieure. Mon opinion est celle de l'Eglise. Je pense ce que l'Eglise a toujours dit.

Q. En Amérique latine, mais aussi en Europe, la préoccupation grandit face au danger du virus Zika, qui fait courir un grave risque aux femmes enceintes. Certaines autorités ont proposé l'avortement ou éviter une grossesse. Dans ce cas, l'Eglise ne peut prendre en compte en concept de je de «mineur masculin»?

R. L'avortement n'est jamais un moindre mal, mais un crime, le mal absolu. Ce moindre mal de l'avortement comme de la contraception pour prévenir la grossesse touche au cinquième et sixième commandement. Paul VI, le grand, dans une situation difficile en Afrique, accorda une permission pour les religieuses en cas de violence. Evitons de confondre le mal qu'est éviter la grossesse avec l'avortement.

Q. Vous allez recevoir le Prix Charlemagne, l'une des récompenses les plus prestigieuses de la Communauté européenne.

R. J'avais pour habitude de n'accepter aucune distinction ni doctorats honoris causa. Mais Dans ce cas, on ne m'a pas forcé mais le Cardinal Kasper m'a persuadé d'accepter le prix. A Strasbourg j'avais plaidé en faveur d'une maman Europe contre la perspective d'une grand-mère Europe.

J'ai récemment lu à propos de la crise une formule qui m'a plu: Une refondation de l'Union européenne. L'Europe est pas vraiment une unité, mais une force, une culture, une histoire dont on ne peut pas se priver. L'Union européenne doit avoir la force et l'Inspiration d'aller de l'avant.

Q. Pendant le voyage, vous avez parlé à beaucoup de familles et de l'Année de la Miséricorde. Comment une Eglise que se dit miséricordieuse peut-elle pardonner plus facilement un assassin que des divorcés remariés?

R. Deux Synodes et le Pape chaque mercredi en ont parlé toute l'année. Il faut une nouvelle pastorale de préparation au mariage. Par exemple, il existe encore trop souvent le recours au mariage à la hâte parce qu'un bébé est en route et qu'il faut sauvegarder socialement l'honneur de la famille. Souvent cela donne des mariages vides.

Les évêques doivent aussi penser au bien premier de l'enfant. L'éducation des enfants est un sujet crucial également. Nous devons aller à la rencontre des familles. Lors de la rencontre de Tuxtla, j'ai parlé à un couple de divorcés remariés pour montrer que leur situation doit être intégrée dans la pastorale de l'Eglise.

Intégrer a été le mot-clé utilisé au Synode.

Q. Pourront-ils communier?

R. Intégration dans Eglise ne signifie pas communier. Ses portes sont ouvertes, mais on ne peut pas dire qu'à partir de maintenant ces fidèles peuvent prendre la communion. Ce serait une blessure également pour eux.

Q. Les media ont évoqué l'intense correspondance amicale entre Jean-Paul II et la philosophe américaine Anna Tymieniecka. Selon vous, un Pape peut-il avoir un rapport aussi amical avec une femme?

R. Je connaissais cette amitié. Les livres de cette personne sont connus. Pour moi un homme qui ne sait pas avoir de bons amis femme est un homme auquel il manque quelque chose. Une amitié féminine n'est pas un péché. L'homme, même Pape, a besoin de la pensée des femmes. Pensons à François et Claire! A Thérèse d'Avila et Jean de la Croix!

Q. Après Moscou, Le Caire? Un autre dégel s'annonce-t-il avec Al-Azhar?

R. Le Secrétaire Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux, présidé par le Cardinal Tauran, est allé au Caire pour dire que je voudrais rencontrer l'Imam, pour chercher ensemble comment reprendre notre chemin.

Q. Revenant sur la loi qui va être votée par le parlement italien: Quel doit être le comportement des parlementaires catholiques. Le document de 2003 de la Congrégation pour la doctrine de la foi est-il encore valable?

R. Je ne me souviens pas bien du document de 2003. En tout cas un parlementaire catholique doit voter selon sa conscience, selon une conscience bien formée, non selon celle qui me convient.

Q. Pensez-vous déjà à de prochains voyages pastoraux? Quand viendrez-vous en Argentine? Retournerez-vous en Amérique latine, irez-vous en Chine?

R. J'aimerais tant aller en Chine! D'abord je voudrais dire que le peuple mexicain est surprenant, un peuple d'une grande richesse de cultures et de foi. Il a conservé la foi malgré la persécution religieuse.

Il a souffert et a ses martyrs. Il ne peut se résumer, pour l'expliquer, au mot peuple. Le mot peuple n'est pas une catégorie logique mais mystique. Au-delà de son héritage millénaire, la vitalité du peuple mexicain s'explique par la Guadalupe. Je vous invite tous à sérieusement étudier la question Guadalupe. La Vierge est là!

 

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jeudi, 18 février 2016 | Lien permanent | Commentaires (3)

L'ombre des idées ”sedevacantistes” continue sa propagande anti-François

Le sédévacantisme de l'expression latine sede vacante signifiant « le siège (sous-entendu le trône de saint Pierre) [étant] vacant », utilisée entre la mort ou la renonciation d'un pape et l'élection de son successeur) est une position religieuse défendue par une minorité de catholiques du courant traditionaliste.

Ces idées sont comme incrustées dans la tête de nombreux fidèles. Elles fomentent le doute et entretiennent le mythe d'une rupture dans la Tradition de l'Eglise. Rien de tellement nouveau sous le soleil, car elles se répandent depuis le pontificat de Pie XII. 

A lire

L'ombre des idées "sedevacantistes" continue sa propagande anti-François

Unknown.jpegSource L’édition imprimée du nouveau volume des « Acta » officiels du Saint-Siège est parue au début du mois de décembre 2017. On y découvre la lettre dans laquelle le pape approuve les critères laxistes adoptés par les évêques de la région de Buenos Aires pour l’application du chapitre VIII d’Amortis lætitia sur la communion donnée aux divorcés « remariés ».

Qui plus est, cette publication officielle de deux documents, le texte des évêques argentins et la lettre d’approbation du pape, est revêtue de la mention « velut Magisterium authenticum », en tant que Magistère authentique.

Le 13 décembre, sur son blogue Settimo Cielo, le vaticaniste Sandro Magister commentait cette parution aux Acta Apostolicæ Sedis : « Par ce geste, il semblerait donc que François ait voulu dissiper une fois pour toutes les ambiguïtés d’Amoris lætitia, en éliminant tous les doutes sur sa volonté qu’à certaines conditions, les divorcés remariés puissent accéder à la communion eucharistique tout en continuant à cohabiter “more uxorio” (i.e. maritalement). Dans sa lettre, il écrit en effet que le texte des évêques argentins “explique de manière excellente le chapitre VIII d’Amoris lætitia. Il n’y a pas d’autres interprétations”.

« Cette dernière phrase laisse pourtant elle-même planer certains doutes. Si l’interprétation des évêques de la région de Buenos Aires est vraiment l’unique interprétation admise par le pape, qu’en est-il des affirmations solennelles elles aussi écrites par le pape dans l’introduction d’Amoris lætitia, selon lesquelles il est juste que “subsistent différentes interprétations de certains aspects de la doctrine ou certaines conclusions qui en dérivent”, et que donc “dans chaque pays ou région, peuvent être cherchées des solutions plus inculturées, attentives aux traditions et aux défis locaux” ?

« Qu’en sera-t-il par exemple des interprétations plus restrictives, comme celle des évêques polonais ou de l’archevêque de Philadelphie Charles Chaput ? Ou au contraire des interprétations plus audacieuses comme celle des évêques allemands ou de l’encore plus téméraire évêque de San Diego Robert McElroy ? Devraient-elles toutes rentrer dans les critères établis par les évêques argentins puisque, justement, “il n’y a pas d’autres interprétations” ?

« Mais en Argentine également, l’évêque de Reconquista, Angel José Macín, n’est-il pas allé au-delà des critères prudentiels de ses confrères de la région de Buenos Aires, quand il a publiquement et collectivement célébré dans sa cathédrale le retour à la communion de trente couples de divorcés remariés qui continuaient à vivre ensemble “more uxorio” ?

« Ce n’est pas tout. La signification de “magistère authentique” qui est appliquée aussi bien à la “lettre apostolique” du pape François qu’à son annexe (des évêques argentins) n’est pas non plus très claire. On ne voit pas bien comment articuler cet acte du “magistère” avec le canon 915 du code de droit canonique qui interdit d’admettre à la communion “ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste”. »

Et Sandro Magister de signaler que ces doutes sont partagés par le canoniste américain Edward Peters, sur son blogue In the Light of Law (à la lumière de la loi), dans une étude parue le 4 décembre. Au nom de la « miséricorde pastorale », Amoris lætitia peut-elle s’affranchir et de l’enseignement évangélique sur le mariage et de la loi de l’Eglise sur ce sacrement ? 

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jeudi, 21 décembre 2017 | Lien permanent | Commentaires (3)

François Devaux, La Parole Libérée : même la mafia a un code éthique

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François Devaud, La Parole Libérée : même la mafia a un code éthique

 
(certes, ce media est pro-Poutine, et peut-être discutable. En attendant, les propos de François font réfléchir)
 
Sputnik donne la parole à François Devaux, président de la «Parole Libérée», une association d'aide aux victimes de pédophilie. Sputnik s'est intéressé au cas du père Preynat, à la couverture des abus pédophiles, au pouvoir religieux et à sa morale ainsi qu'au projet de société que veut mettre en place l'association. Entretien.

La Parole Libérée, présidée par François Devaux, est une association créée en 2015 afin de venir en aide aux victimes du Père Preynat. Ce prêtre est accusé d'avoir commis des actes pédophiles, entre 1970 et 1991, au sein du Groupe Saint-Luc, un groupe scout indépendant comptant 400 enfants, depuis rallié aux Scouts d'Europe.

François Devaux fait partie des victimes de ce prêtre: il avait 10 ans lorsque le prêtre l'embrasse sur la bouche et raconte immédiatement les faits à ses parents. Ceux-ci s'en plaignent auprès du cardinal Decourtray, supérieur du Père Preynat. Le cardinal leur promet alors une mesure d'éloignement et leur assure par écrit que le père Preynat ne sera plus au contact d'enfants et qu'il sera envoyé chez les Petites Sœurs des Pauvres de la Part-Dieu, à Lyon.

La Parole Libérée a publié la lettre écrite aux parents de François Devaux, dans laquelle Bernard Preynat avoue ses actes. «Je n'ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi aussi une blessure dans mon cœur de prêtre». Il ne craint pourtant pas de s'offenser de la mesure prise à son encontre: «En me voyant partir ainsi, que vont penser les gens du quartier, ma famille, mes amis? Ils ne tarderont pas à connaître la raison, la rumeur va se répandre partout et comment pourrais-je alors retrouver un ministère: je serai complètement coulé!»

C'est en 2015 que François Devaux apprend qu'il n'aura fallu que six mois avant que le cardinal Decourtray ne revienne sur sa parole. Le père Preynat a en effet été envoyé dans un village de la Loire, où il célébrait les messes auprès d'enfants de chœur et prévoyait des voyages avec des enfants, alors même que ses agissements étaient connus non seulement du diocèse, mais aussi de certains parents, qui préféraient détourner le regard.

«C'est plus que le fait que ça se sache, c'était l'acceptation de cette situation-là et c'est ça que je trouve absolument abject. Ces enfants n'ont pas bénéficié de référent affectif à la hauteur de leur mission concernant leurs propres enfants. Les parents ont participé à ça, qu'un enfant ne se rende pas compte, c'est normal. Qu'un parent ne se rende pas compte de cela, c'est de la connerie humaine, il n'y a pas d'autre définition que ça.»

Comment des parents ont-ils pu négliger la sécurité et le bien-être de leurs propres enfants? François Devaux explique que c'est avant tout l'abus spirituel qui permet toute autre forme d'abus:

«Un bon catholique, s'il remet en question l'institution catholique, il n'est plus un bon catholique. On commence à être dans la définition de l'emprise, de la manipulation d'âme. C'est en ça que le chemin de pensée catholique est en soit problématique et on le voit bien avec les religieuses, les affaires de pédophilies dans le monde et avec le nonce apostolique.»

Depuis plusieurs années, l'institution catholique est secouée par des scandales d'abus sexuels, tel que la pédophilie et les religieuses victimes d'abus sexuels, ainsi que des abus moraux.

Aux États-Unis, une enquête des services du procureur de Pennsylvanie fait état d'au moins 1.000 enfants victimes de plus de 300 prêtres. En Allemagne, et à la demande de l'Église, des chercheurs ont mené une enquête pendant quatre ans et ont découvert que plus de 3.600 enfants avaient été victimes d'abus entre 1946 et 2014, commis par 1.670 membres de l'institution catholique, dont la majorité n'a jamais été punie. En Australie, une commission d'enquête royale mise en place par le gouvernement a recensé qu'entre 1980 et 2015, 4.444 cas d'abus ont été dénoncés aux autorités de l'Église.

En France, les abus du père Preynat ont été connus grâce aux membres de «la Parole libérée», qui se sont unis pour dénoncer ce prêtre. Son procès doit se tenir fin 2019. Le film «Grâce à Dieu», de François Ozon, relate le combat des victimes de «La Parole Libérée».
En mars de cette année, la chaîne Arte a diffusé un documentaire sur les religieuses abusées sexuellement par des hommes d'église, dont les sévices ont été trop souvent couverts par la hiérarchie.

Arte s'est d'ailleurs vu interdire la rediffusion ce mardi 30 avril par la justice allemande, à la demande d'un prêtre, non présenté directement dans l'enquête, mais se jugeant reconnaissable dans le récit d'une religieuse. Des films et des documentaires qui ont des conséquences, comme le film «Spotlight» sur les révélations du quotidien américain Boston Globe, qui en 2002, avait révélé les abus sexuels sur des enfants dans le diocèse de Boston et les efforts pour les couvrir. Un film qui a fait l'effet d'une bombe, à la suite duquel la Conférence nationale des évêques américains a adopté la charte de Dallas, instaurant une série de mesures pour protéger les enfants.

«S'il y a bien une définition du pharisaïsme, je pense que l'Église en est l'incarnation. On parle de couverture de crimes dans des proportions abyssales. Il n'y a pas un pays dans lequel l'Église catholique est implantée qui n'est pas concerné par des faits de pédophilie, qui sont abjects. On a détruit des documents pour cacher des preuves de gamins qui ont été violés. Quelle autre institution a fait ça? Même dans la mafia, il y a un code éthique.»

Le pharisaïsme se définit par la position religieuse hypocrite des pharisiens, qui pensant incarner la perfection morale, portent des jugements sévères sur l'attitude des autres. Une notion qui se vérifie après l'éclatement de tous ces scandales. Effectivement, on peut se demander comment une institution qui a des positions plutôt conservatrices sur la sexualité, sur le péché et les pensées impures, qui excommunie des divorcés remariés, peut en même temps avoir couvert des hommes d'Église qui ont violé des enfants. Pourquoi l'Église n'a-t-elle pas renvoyé ces prêtres?

Le Pape François —et Benoît XVI avant lui- ont présenté leurs excuses pour les dommages causés à des enfants par des prêtres pédophiles. En 2018, au Chili, une trentaine d'évêques ont démissionné suite à une série de scandales pédophiles, qu'ils sont accusés d'avoir couverts. Le Pape accepta les démissions.Pourtant lorsque le Cardinal Barbarin, condamné à six mois de prison pour non-dénonciation des délits du prêtre Preynat, a présenté sa démission, le Pape François l'a refusée. Une décision incompréhensible pour «La Parole Libérée» comme pour bien d'autres.

«On invite à une prise de hauteur, une réflexion globale qui est en train de s'opérer. Certes, l'Église va droit à sa chute et à son effondrement et on le constate chaque jour, et je pense qu'elle en est la seule responsable. Parce que tout ça n'a été qu'une suite d'opportunités proposées qui n'ont pas été saisies par cette institution. La tolérance zéro, ce n'est pas compliqué, il suffit de l'appliquer. Ils n'ont pas été à la hauteur du défi.»

La parole se libère, et les dénonciations de sévices sexuels augmentent de plus en plus. La population prend conscience de la gravité des actes, mais surtout de la couverture de ces crimes et délits par la hiérarchie, dans des proportions énormes.

Dans quelle mesure est-ce lié? CheckNews a évalué le nombre d'adultes qui ont renoncé à la foi catholique et se sont fait débaptiser. En France, ils estiment ce nombre à 2.200 en 2018, bien que l'Église ne donne pas de chiffres officiels. Mais François Devaux le souligne, la foi n'a rien à voir là-dedans:

«Ce sujet-là n'est pas relatif à la croyance, il est relatif à l'appartenance à une institution malveillante. On peut avoir la foi et croire en un Dieu, et en même temps refuser d'appartenir à une institution qui détruit des âmes encore aujourd'hui.»

La hiérarchie catholique a couvert ces graves dérives. Peut-on aller plus loin et considérer que cette indulgence de la hiérarchie catholique pousse certains pédophiles à entrer dans les ordres?

«Il n'y a pas de cause à effet direct, mais quand vous êtes une institution qui se dit garante de la morale sur Terre, représentant du Christ, qui assume clairement une position chaste sur toute sexualité confondue, elle devient une terre d'accueil pour des personnes qui sont en souffrance avec leur sexualité. C'est donc un formidable moyen de mettre un couvercle sur une souffrance personnelle.»

La pédophilie sévit partout, dans les écoles, au sein même des familles et dans d'autres institutions religieuses. Dans son documentaire «M», Yolande Zauberman a suivi Menahem en Israël, né juif hassidique ultra-orthodoxe, et a été victime dans son enfance d'abus sexuels. Une quête qui va révéler bien d'autres victimes. Au sein de l'Église protestante, aux États-Unis, un scandale d'abus sexuel à grande échelle, impliquant 400 pasteurs, bénévoles et éducateurs de la Southern Baptist Convention (SBC) —la principale Église protestante nord-américaine-, a éclaté dans la presse en février 2019.

L'institution catholique n'est pas la seule touchée, et il serait intéressant de faire une comparaison du nombre de cas d'actes pédophiles avérés avec d'autres institutions, mais pour cela des chiffres seraient nécessaires, et il n'y en a aucun. Médiatiquement, le catholicisme est sous le feu des projecteurs, de par la couverture et l'acceptation des représentants de l'Église. Et surtout grâce aux victimes, qui ont pu révéler des crimes odieux.

«Une prise de conscience sociétale qui est très importante. La parole se libère, je crois que l'image de la victime change, que la honte change de camp. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plus facile pour les victimes d'accepter, de dénoncer.»

L'abus sexuel est un fléau qui peut toucher n'importe qui, à tout moment de sa vie. Femmes, hommes, enfants, à l'école comme au travail, chez le médecin, dans une institution religieuse ou encore et c'est sûrement le pire, au sein même de la famille. Un drame qui n'est pas assez pris en compte par les autorités, déplore François Devaux.

«C'est effarant en France, de voir qu'il n'y a aucune politique gouvernementale sur les agressions sexuelles sur mineurs. Le jour où l'État fera le dixième de ce qu'il a fait pour la sécurité routière, le cancer ou le Téléthon… Les personnes qui ont été victimes d'agressions sexuelles, ça les poursuit toute leur vie. Et aujourd'hui, on n'a pas de politique à la hauteur du fléau.»

De fait, en France, les données officielles sur les agressions sexuelles sont trop parcellaires, d'où le projet de recensement de victimes au niveau national, mineures, mais aussi majeures, de «La Parole Libérée». Grâce à ces chiffres, l'association espère une meilleure comparaison et compréhension de la pédophilie. Le projet vise à une meilleure prévention et prise en charge des victimes, dans le but d'éradiquer ce fléau. L'association a d'ailleurs lancé une campagne de financement participatif en faveur de ce recensement et elle espère bien une prise de conscience de l'État.

«Aujourd'hui, on a des députés-sénateurs, un gouvernement politique qui vote des lois —la loi Schiappa- eh bien, ils ne savent pas de quoi ils parlent, c'est aberrant. L'État français ne fait pas le boulot. Des gens que l'on paye, avec le contribuable français, avec nos impôts, ne font pas le boulot de la protection des enfants de notre nation», s'indigne François Devaux.

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lundi, 06 mai 2019 | Lien permanent

La blogosphère d'opposition au Pape François

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La blogosphère d'opposition au Pape François

Une comète a d'abord une tête. Elle oriente cette nébuleuse diffusée par internet, celle de l'opposition au Pape et de la déformation du Magistère du François. Il y a la queue, assez large et diffuse, formée par des dizaines de sites et blogs, avant tout italiens.

Pour la blogosphère française, "Benoît et Moi" (il ne reste que le Moi) concentre, archive et cristallise cette dérive. Personnellement, je lis ce site "à l'envers" comme "La Pravda" de l'époque soviétique. Ces sites déforment gravement la doctrine de l'Eglise et l'enseignement du Pape François.

(N.B j'ai repris l'article ci-dessous sur ce site; cela ne fait pas vraiment plaisir à la nébuleuse .... )

Avec cette comète, dont la queue sème parfois des fausses idées dans nos esprits, un constat s'impose: il est plus difficile de suivre fidèlement le pontificat de François que celui de Benoît XVI.

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LA GALAXIE DES CATHOLIQUES QUI S'OPPOSENT AU PAPE

Ignazio Mangano
La Verità
17 mai 2017

source

Sites internet, blogs, périodiques, livres. Il y a un univers catholique qui ne réussit pas à entrer en syntonie avec le Pape. Ce n'est pas seulement le monde frileusement étiqueté comme traditionaliste ou conservateur, mais un mouvement qui s'oppose à un lobby bergoglien trop adulateur, et qui a des difficultés à comprendre l'action et le magistère de François, considéré comme coupable de se consacrer à des thèmes de prise populaire facile, ignorant les questions plus profondes de la doctrine catholique. Critiques et doutes manifestés de plus en plus ouvertement.

De néo-environnementaliste (écolo) à ami de l'islam, on ne compte plus les critiques adressées au Pontife par une petite troupe de contestataires qui sont très aguerris, surtout sur le web.

Giuliano Ferrara parle de catholicisme liquide. Antonio Socci lui reproche le silence sur les vrais thèmes. Sandro Magister souligne l'ambiguïté du lobby vatican. En accusation aussi les accords avec le gouvernement chinois. Mais ce qui soulève le plus de doutes est la logique irrésolue du synode sur la famille. L'opposition ne concerne pas seulement le catolicisme le plus traditionaliste ou conservateur. Même «Newsweek» s'est demandé «Le Pape est-il catholique?».

* * *


La galaxie web qui est critique envers le Pape François a déjà intéressé certains spécialistes zélés, employés surtout à ghettoïser dans l'insignifiant une indubitable réalité. La noble intention de défendre le Pontife, parfois de façon un peu trop adulatrice, sous-estime ce qui est sous les yeux de tous.

Mais quels sont ces sites? Par qui sont-ils animés. Que conteste-t-on chez le Pontife ?

 

QUAND LE WEB N'EXISTAIT PAS
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Les oppositions à un Pape ne sont certes pas nées avec François. L'exemple le plus récent est fourni par le Bienheureux Paul VI, Jean-Baptiste Montini, qui en 1968 subit une opposition orchestrée et encore plus féroce que celle à laquelle est aujourd'hui soumis le Pape Bergoglio. Bien que l'on fût très loin de l'ère internet, théologiens, prélats, savants et journalistes se déchaînèrent après la publication d'Humanae Vitae (1968), l'encyclique dans laquelle Montini réaffirmait le non de l'Eglise à la contraception.

Des conférences épiscopales entières, comme celle de Belgique, prirent leurs distances. Dans le cadre du communiqué des évêque belges contre Humanae Vitae ressortait la prise de position du cardinal Leo Suenens, ami et grand électeur de Paul VI, qui assumait un ton bien plus dur que les dubbia récemment présentés par quatre cardinaux sur certains passages d'Amoris Laetitia.

«Rarement - a écrit le cardinal Ratzinger - un texte de l'histoire récente du Magistère n'est devenu un signe de contradiction autant qu'Humanae Vitae». Si la contestation à Montini était l'oeuvre des des secteurs progressistes, aujoud'hui, ceux qui contestent François sont surtout ceux qui sont préoccupés par la protection de la doctrine, et de son développement dans la continuité, banalement appelés «conservateurs» ou «traditionalistes.»

DEPUIS LE 13 MARS 2013
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Les critiques au Pape venu «presque du bout du monde», ont commencé très vite, dès son apparition sur le balcon de St-Pierre. Si l'on veut identifier un premier élément significatif de ces oppositions, il faut citer le livre écrit à trois mains par Alessandro Gnocchi, Mario Palmaro et Giuliano Ferrara, qui dans les premiers mois de 2014, remirent à l'impression un texte au titre éloquent: «Questo Papa piace troppo» (Ce pape plaît trop). Une prise de distance claire avec un pontife considéré comme trop "pop".

Tous trois soulignaient, entre autre: «il ne se passe pas d'homélie, il ne se passe pas de bain de foule, il ne se passe pas d'interviews où le Pape ne hausse les épaules face à une foi qui s'objective dans le tapport rigoureux avec la raison. Porté dans le périmètre de l'Eglise, tout cela produit un catholicisme sans doctrine, émotif, empathique, pneumatique [...] et marque la naissance d'un catholicisme liquide».

SOCCI ET LES AUTRES
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Puis vint «Non è Francesco», le livre du journaliste et essayiste Antonio Socci, un cinglant 'j'accuse' contre les présumées manipulations pendant le Conclave, mais plus généralement une dénonciation de la distance pastorale et magistérielle entre les précédents pontifes et celui actuel. Socci, surtout à travers sa page Facebook, avec 60 mille "like" peut être considéré comme le critique le plus actif et le plus implacable du pontificat actuel.

Les interviews ambigües concédées à Eugenio Scalfari, l'encyclique «écologiste» Laudato Si', où François est considéré comme coupable de s'intéresser en priorité aux algues, aux vers, aux petits insectes et reptiles, au tri sélectif des déchets et à l'air conditionné; le silence sur l'islam violent et terroriste. Voilà les principaux thèmes sur lesquels Socci intervient pour manifester sa déception.

Sandro Magister lui aussi, le vaticaniste historique de l'Espresso, de son espace Web (aujourd'hui le blog Settimo Cielo) a soulevé diverses questions problèmatiques du Pontificat. L'une fit grand bruit. C'était l'été 2013, et Magister publiait un post intitulé «Ricca et Chaouqui. Deux ennemis dans la maison», se référant aux nominations papales de deux personnages controversés.

Le Pape du «qui suis-je pour juger un gay?», mais qui dans le même temps veut contrer l'éventuel lobby vatican, nommait Mgr Ricca prélat d'honneur de l'IOR. Le monsignore traînait derrière lui un dossier bien loin d'être sympatique, à propos de transports homosexuels tumultueux remontant à l'époque qu'il avait passée à Montevidéo, en Uruguay. Une affaire qui contrastait avec la volonté de nettoyage et de réforme de la curie que François a toujours dit vouloir poursuivre.

Sur Francesca Chaouqui, par la suite inculpée dans l'affaire des Vatileaks, Magister se demandait en des temps non suspects, comment il était possible que le Pape, si attentif aux nominations, l'ait personnellemnent voulue dans la commission pour réorganiser ls administrations vaticanes: bien que la secrétairerie d'Etat fût déjà en alerte sur le modus operandi de la loquace personne.

Un autre secteur de désaccord avec la ligne de l'actuel pontificat concerne la tentative d'accord avec le gouvernement chinois, veille question qu'aujourd'hui l'on voudrait clore le plus vite possible. En jeu, il y a la nomination des évêques, le rôle du Pape et les ingérences des chinois. L'agence de nouvelles Asianews, dirigée par le journaliste et missionnaire PIME [pour "Pontificium Institutum pro Missionibus Exteris', Institut pontifical pour les missions étrangères), Bernardo Cervella, bien que très feutrée, ne cache pas ses doutes sur un accord cherché au rabais, dans lequel à la fin ce serait le gouvernement chinois, et non le Pape, qui aurait le dernier mot sur les nominations.

Sur ce thème a écrit aussi le vaticaniste Marco Tosatti, aujourd'hui vigilant avec le blog Stilum Curiae, mettant en évidence les mêmes problématiques que celles soulevées par Asianews. L'ex-journaliste de la Stampa offre un travail quotidien qui, sans langue de bois, ne fait pas de cadeaux au Pontificat: de la mise sous contrôle controversée des Franciscains de l'Immaculée aux intrigues synodales, jusqu'à la nomination d'évêques et prélats quasiment à sens unique.

Parmi les vaticanites chevronnés qui signalent avec parrhésie les problèmes dans les 'Salles sacrées', on remarque le journaliste tessinois Giuseppe Rusconi, qui dans son blog Rosso Porpora, a forgé le terme «thuriféraire» pour indiquer sur le ton de l'humour tout ce monde médiatique et ecclésiastique davantage occupé par l'adulation intéressée que par le service du pontife régnant. Récemment, Rusconi s'est prêté à un duo public avec son collègue Luigi Accattoli, fan du Pape Bergoglio justement pour faire chant et contre-chant, sans fausses prudences cléricales, sur la situation actuelle

A L'ÉTRANGER
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A la veille du voyage de François aux Etats-Unis, au printemps 2015, l'insoupçonnable Newsweek titrait «Le Pape est-il catholique?».

Encore plus explicite, Damian Thompson sur l'hebdomadaire conservateur britannique The Spectator, signait un article intitulé «Le Pape contre l'Eglise. Anatomie d'une guerre civile catholique». Deux pointes d'un iceberg qui sur le web est important, spécialement aux Etats-Unis. Le journaliste Edward Pentin, sur le National Catholic Register, une pièce de l'empire médiatique mis sur pied par la clarisse Mère Angélique, récemment disparue, offre des articles d'approfondissement qui ne cachent pas les divisions qui animent l'Eglise sous le Pontificat de François.

De lui plusieurs scoops sur l'histoire de la mise sous contrôle de l'ordre de Malte, une affaire où le Saint-Siège semble s'être comporté comme un éléphant dans un magasin de porcelaine (sans parler des questions peu claires liées à une donation millionnaire). Puis il y a la revue First Things - magazine sur lequel écrivent aussi l'évêque de Philadelphie Charles Chaput, le juriste Robert Royal, Roger Scruton, George Waigel -, un thinktank qui n'a jamais caché sa perplexité sur la pastorale de nouvelle empreinte.

Et le blog One Peter 5, site batailleur appartenant à l'aile traditionaliste, capable de donner des scoops comme la célèbre interview au cardinal Caffarra, où l'archevêque émérite de Bologne disait: «Ou bien un rapport sexuel hors du mariage est licite: affirmation contraire à la doctrine de l'Eglise; ou bien l'adultère n'est pas un acte intrinsèquement désordonné, et donc il peut y avoir des circonstances dans lesquelles il n'est pas désordonné: affirmation contraire à la tradition et à la doctrine de l'Eglise. Et donc dans une situation comme celle-là, le Saint-Père doit selon moi, clarifier».

Ne manquent pas les portails de nouvelles comme Infocatolica qui sur sa page Facebook a plus de 315 mille "like", et est en mesure d'atteindre un très vaste public. De grande diffusion également le portail américain Lifesite News, qui s'intéresse surtout aux thèmes de la bioéthique et plus généralement auxdits pricipes non négociables, aujourd'hui très redimensionnés par Bergoglio. En langue allemande, on peut citer Kath.net, portail qui a publié plusieurs interviews importantes aux philosophes Robert Spaemann et Josef Seifrert, très critiques sur Amoris Laetitia.

LA MESSE EN LATIN
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Il existe ensuite une myriade de blogs et de sites liés à la liturgie pré-conciliaire, comme par exemple l'américain Rorate Caeli, ou bien le très italien Messa in latino, géré par un groupe de prêtres et de laïcs qui ont suivie la "réforme de la réforme" liturgique promue par le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI.

Dans ce milieu, la galaxie des blogs, gérés aussi par des prêtres, promeut sur la toile une vision plus attentive à la tradition de l'Eglise.

Il y a les français Benoit et moi, et le Salon Beige, le belge Belgicatho, l'espagnol La Buhardilla de Jeronimo, les italiens Cordialiter, Una Fides et Scuola Ecllesia Mater. On ne peut pas ne pas citer le site de l'association Unavox, depuis toujours active dans la défense de la tradition latine grégorienne. Dans ce groupe peuvent aussi être insérés ces sites qui sont plus ou moins liés à la Fraternité Saint Pie X fondée par Mgr Lefebvre, aujourd'hui sur le point de rentrer en pleine communion avec l'Eglise. Les portails français Dici.org et La Porte latine sont des sites web expression directe de la Fraternité, il y en a d'autres pour l'Italie, l'Allemagne, les Etats-Unis.

SYNODE SUR LA FAMILLE
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Mais l'argument qui plus que tout le reste a soulevé une très riche série de critiques et de doutes a été sans aucun doute le double synode sur la famille, culminant avec l'exhortation Amoris Laetitia. Même l'insoupçonnable vaticaniste progressiste de TG1, Aldo Maria Valli, sur son blog personnel Duc in altum, a témoigné sa perplexité. Allant ensuite jusqu'à publier un pamphlet courtois mais clair sur les nombreux doute soulevés en lui par le pontificat.

Sur le thème de l'accès aux sacrements pour les couples de divorcés remariés se cache en réalité une série problématique sur la continuité de la doctrine morale catholique. Valli l'a définie comme la logique du «mais aussi». Dans un célèbre post qui a fait fureur sur le web, le vaticaniste se demandait: « Après avoir lu et relu le texte à de multiples reprises, la réponse est: communion oui, mais aussi non. Ou encore: communion non, mais aussi oui. Dans le document, en réalité, les deux conclusions sont légitimes. D'où la logique du cas par cas, à son tour fille de l'éthique de situation. Dois-je me considérer comme un pécheur? Oui, mais aussi, non. Non, mais aussi oui. Cela dépend ».

C'est sur cette problématique que quatre cardinaux, Walter Brandmüller, Raymond Burke, Carlo Caffarra et Joachim Meisner, ont décidé de rendre publics leurs cinq qinterrogations, leurs doutes, posés au Pontife dans le but de faire la clarté sur certains passages d'Amoris Laetitia. Inialement, ces doutes ont été rendus publics sur le site du vaticaniste Sandro Magister et sur le quotidien 'online' La Nouva Bussola Quotidiana.

Ce dernier est un site d'opinion et d

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lundi, 22 mai 2017 | Lien permanent | Commentaires (64)

Le Pape François apprécie le célibat des prêtres, un don pour l'Eglise

Conférence de presse du Pape François (Terre Sainte)

Une conférence de presse avec le Pape est un événement. Il aime les journalistes et leur consacre du temps.

Soyons attentifs au fonctionnement du système médiatique. Les thèmes choisis seront toujours sélectionnés. Le pouvoir des médias résident justement sur les idées retenues, celles qui seront dans nos conversations. 

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Pour prendre un exemple musical, les grands médias donnent les notes de musique, mais pas l'harmonie musicale. Cela ne sera pas nécessairement le chant que les gens fredonneront en choeur. 

Le Pape François et le célibat

Les notes musicales retenues sont assez connues: le célibat des prêtres, la communion des personnes divorcées remariées, la pédophilie...

Pour une personne qui n'a pas le temps d'écouter intégralement la conférence de presse, ni de lire les propos du Pape, quelques phrases d'une agence de presse, d'un journal télévisé ou d'une radio sembleront suffire. 

Pape François: le célibat n'est pas un dogme de foi

Unknown-1.jpegFrançois a bien dit que le célibat n'était pas un dogme. On peut en rester là. Cela devient un frame, un aspect retenu et mis en lumière, et qui laisse dans l'ombre d'autres développement. 

Pape François: le célibat est un don pour l'Eglise, que j'apprécie beaucoup

Or, le Saint-Père a surtout dit qu'il appréciait le célibat des prêtres, qu'il était un don pour l'Eglise. 

(source)L’Eglise catholique a des prêtres mariés. Les catholiques grecs, les catholiques coptes, il y en a dans les rites orientaux parce que le célibat n’est pas un dogme de foi. C’est une règle de vie que j’apprécie beaucoup et je crois que c’est un don pour l’Eglise. N’étant pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte, mais maintenant nous n’avons pas parlé de cela comme un ordre du jour. Au moins en ce moment, nous avons des choses plus fortes à entreprendre. Nous n’en avons pas parlé avec Bartholomée parce que c’est un thème secondaire avec les orthodoxes.

 

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jeudi, 29 mai 2014 | Lien permanent

Le Pape François n'est ni marxiste, ni pour la cléricalisation des femmes

“L’idéologie marxiste est erronée. Mais dans ma vie, j’ai connu de nombreux marxistes bons en tant que personne“

“C’est une plaisanterie sortie de je ne sais où“, dit le pape à propos de l’hypothèse de nommer des femmes au cardinalat. “Dans l’Eglise, ajoute-t-il, les femmes doivent être valorisées, et non cléricalisées“.

Andrea Tornielli

Vatican - le 15/12/2013 à 16:10:00 Agence I.Media

Les martyrs chrétiens, le marxisme, la curie, les divorcés, le sens de Noël… le pape François se confie dans une nouvelle interview.

itwlastampa-l200-h200-rm.jpgA l’approche de Noël, le pape François a accordé une nouvelle interview dans laquelle il aborde de nombreuses questions comme les persécutions des chrétiens à travers le monde qu’il voit comme un “œcuménisme du sang“.

Dans un entretien publié le 15 décembre 2013 par le quotidien italien La Stampa, il évoque le “long“ travail de réforme de la curie, la situation sacramentelle des divorcés remariés, l’avenir de la ‘banque du Vatican’, le sens de la fête de Noël, ou encore son prochain voyage en Terre sainte. Le pape s’explique aussi sur le besoin d’une “conversion de la papauté“ et affirme ne pas être “marxiste“.

De cette interview, les médias généralistes du monde entier retiendront essentiellement les quelques lignes dans lesquelles le pape François affirme ne pas être “marxiste“, comme l’ont avancés certains néo-conservateurs américains après sa condamnation de la “dictature de l’économie sans visage“ dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium. Le pape, pour qui “l’économie de l’exclusion“ est meurtrière, rétorque dans l’interview qu’une telle condamnation ne fait pas de lui pour autant un marxiste.

“L’idéologie marxiste est erronée. Mais dans ma vie, j’ai connu de nombreux marxistes bons en tant que personne“, explique encore le pape qui précise qu’il n’a pas souhaité, dans son Exhortation apostolique, parler “d’un point de vue technique“, mais “selon la doctrine sociale de l’Eglise“.

L’œcuménisme du sang

Interpellé sur son souhait (dans Evangelii gaudium) d’une “conversion de la papauté“, le pape François explique que “l’exercice du primat“ du chef de l’Eglise catholique doit s’ouvrir “à une situation nouvelle“, comme l’avait désiré Jean-Paul II avant lui. Il confie alors que cela s’applique aux rapports œcuméniques, mais aussi aux “rapports avec la curie et les Eglises locales“.

Il explique ensuite que l’œcuménisme est “prioritaire“ à ses yeux et évoque aussitôt “l’œcuménisme du sang“, en référence aux nombreux martyrs chrétiens de toutes confessions. “Dans certains pays, affirme le pape François, on tue les chrétiens parce qu’ils portent une croix ou possèdent une Bible, et on ne leur demande pas avant de les tuer s’ils sont anglicans, luthériens, catholiques ou orthodoxes“. “C’est, répète-t-il, l’œcuménisme du sang“.

“Pour ceux qui tuent, nous sommes chrétiens, dit encore le pape, nous sommes unis dans le sang même si nous ne parvenons pas encore entre nous à faire les avancées nécessaires vers l’unité et que le moment n’est peut-être pas encore venu“.

Réforme de la curie

“Le travail est long“, assure également le pape François à propos de la réforme de la curie romaine sur laquelle il planche avec 8 cardinaux du monde entier. La 3e réunion de travail du Conseil des cardinaux, en février 2014, sera l’occasion de “mettre en avant des propositions concrètes“ en ce sens, explique encore le pontife.

Alors qu’on lui prête l’intention de vouloir fermer l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), le pape avance l’idée que l’Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA) pourrait devenir une sorte de “banque centrale“ du Vatican. “L’IOR a été créé pour aider les œuvres religieuses, les missions, les Eglises pauvres“, relève le pape François avant d’ajouter dans une critique à peine voilée : “puis il est devenu tel qu’il est aujourd’hui“.

“C’est une plaisanterie sortie de je ne sais où“, dit le pape à propos de l’hypothèse de nommer des femmes au cardinalat. “Dans l’Eglise, ajoute-t-il, les femmes doivent être valorisées, et non cléricalisées“.

S’il a donné l’impression à plusieurs reprises de vouloir alléger la discipline sacramentelle à l’égard des personnes divorcées et remariées, le pape François explique que “de nombreuses choses seront approfondies et clarifiées“ durant les synodes consacrés à la famille en 2014 et en 2015. Il rappelle alors que “l’exclusion de la communion pour les divorcés qui vivent une seconde union n’est pas une sanction“.

Noël et le voyage en Terre sainte

Dans cette nouvelle interview, le pape François évoque longuement le sens de Noël qu’il voit comme “la rencontre de Dieu avec son peuple“. “Lorsque les chrétiens oublient l’espérance et la tendresse, assure le pape, ils deviennent une Eglise froide qui ne sait où aller et qui s’embringue dans les idéologies, dans les postures mondaines“. Et de préciser : “la Nativité n’a pas été la dénonciation de l’injustice sociale, de la pauvreté, mais une annonce de joie“.

Le pape réaffirme une nouvelle fois son intention de se rendre en Terre sainte courant 2014 afin de marquer le 50e anniversaire de la rencontre historique entre Paul VI et le patriarche de Constantinople Athénagoras, à Jérusalem, lors du tout premier voyage pontifical hors d’Italie en janvier 1964.

Au fil de l’interview, le vaticaniste italien Andrea Tornielli interroge également le pape sur son rapport à la souffrance des enfants, ou encore son insistance sur le drame de la faim dans le monde.

AMI

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dimanche, 15 décembre 2013 | Lien permanent

Une faction dans le Synode n'a-t-elle pas abusée de la Miséricorde prônée par le Pape François ?

capture-d-e-cran-2016-01-10-a-09-23-27-l125-h81.pngLe nom de Dieu est Miséricorde et la communion des personnes divorcées remariées

Les personnes divorcées remariées pourraient recevoir le pardon et la communion, donc recevoir les sacrements. Telle est en résumé la thèse centrale du Cardinal Kasper, pourtant bon théologien sur la Miséricorde. 

Cependant, le Pape François a été passablement récupéré, déformé et souvent utilisé. Des passages de son dernier livre "Le nom de Dieu est Miséricorde" éclairent encore une fois sa véritable intention. Sa pensée est celle de l'Eglise, celle de Pierre, en union avec Saint Jean-Paul II et Benoît XVI.

Le Pape François recommande la bénédiction, et non pas la communion. 

La douce réalité de la Miséricorde a donc été instrumentalisée par quelques théologiens, entraînant des tensions, des désorientations et des conflits. Andrea Tornielli rappelle que les Synodes pour la famille ressemblaient à un match de foot où deux équipes s'affrontaient. 

Le compagnon de la nièce du Pape François, mariée civilement avec "un homme extrêmement pieux, qui allait à la messe tous les dimanches, qui se connaissait disait au prêtre: "Je sais que vous ne pouvez pas me donner l'absolution, mais j'ai péché en ceci et en cela, donnez-moi une bénédiction". Cela est un homme religieusement formé conclut le Pape. 

Le Pape François n'a jamais pensé autrement. Certains de ces propos ont simplement été récupérés par un parti. Toutefois, l'Eglise n'est pas une ONG. 

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mardi, 19 janvier 2016 | Lien permanent

Amoris Laetitia et Pape François: le Cardinal Burke continue de douter

DOnGSOnXUAAhkXK.jpgCardinal Burke et Amoris Laetitia:

"sortir des ambiguïtés en s’appuyant sur le charisme de Pierre".

Un an après, jour pour jour, la publication de leurs dubia au Pape, le cardinal Burke s’exprime à nouveau publiquement, en demandant solennellement au Pape de faire ce pour quoi il a été appelé au Siège de Pierre : confirmer ses frères dans la foi « par une manifestation claire de la doctrine concernant la morale chrétienne et le sens de la pratique sacramentelle de l’Église »

(entretien avec Edward Pentin, dans National Catholic Register de ce jour).

Amoris Laetitia et Pape François: le Cardinal Burke continue de douter

Lien L'Homme Nouveau

Comme si notre Cardinal Burke n’avait pas les capacités de comprendre le Pape François. La loi de la gradualité, la morale des vertus ou du bonheur, la synthèse de Saint Thomas et de Saint Ignace de Loyola ou le discernement sont parmi les notions clefs de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia.

Si lui doute, alors les fidèles douteront. S’il explique calmement Amoris Laetitia, avec humilité, fidélité et compétence, cela signifie la fin des « dubia ».

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Votre Éminence, où en sommes-nous après que vous avez, ainsi que le cardinal Walter Brandmüller et les deux cardinaux récemment décédés, Carlo Caffarra et Joachim Meisner, rendu publiques les dubiavoici un an cette semaine ?

Cardinal Raymond Burke : Un an après la publication des dubia sur Amoris Lætitia, qui sont restés sans réponse de la part du Saint-Père, nous constatons une confusion croissante sur les manières d’interpréter l’Exhortation apostolique. C’est pourquoi notre préoccupation sur la situation de l’Église et pour sa mission dans le monde, est devenue encore plus pressante.

Je demeure, bien sûr, en communication régulière avec le cardinal Brandmüller sur ces affaires des plus graves. Et nous restons, tous les deux, en profonde union avec les feus cardinaux Joachim Meisner et Carlo Caffarra, décédés au cours de ces derniers mois. Ainsi,j'avertis à nouveau sur la gravité d’une situation qui ne cesse d’empirer.

Beaucoup de choses ont été dites sur les dangers que présente la nature ambiguë du chapitre VIII d’Amoris Lætitia, en soulignant qu’il est ouvert à beaucoup d’interprétations. Pourquoi la clarté est-elle si importante ?

La clarté d’un enseignement n’implique pas une quelconque rigidité qui empêcherait les gens d’emprunter le chemin de l’Évangile. Bien au contraire, elle nous fournit la lumière nécessaire pour accompagner les familles sur le chemin du disciple chrétien. C’est l’obscurité qui nous empêche de voir ce chemin et qui fait obstacle à l’action évangélisatrice de l’Église, comme Jésus l’a dit : « la nuit vient, où personne ne peut travailler » (Jn 9, 4).

Pourriez-vous nous en expliquer davantage sur la situation actuelle à la lumière des dubia ?

La situation actuelle, loin d’amoindrir l’importance de nos questions, les rend encore plus pressantes. Il ne s’agit pas, comme il a été dit, d’une « ignorance affectée » [can 1325], qui ne soulève des doutes que parce qu’elle n’est pas disposée à recevoir un enseignement donné. La préoccupation était plutôt et est toujours de déterminer avec précision ce que le Pape veut enseigner comme Successeur de Pierre.

Ainsi, nos questions ne sont soulevées que parce que nous reconnaissons le ministère pétrinien que le Pape a reçu du Seigneur dans le but de confirmer ses frères dans la foi. Le Magistère est un don de Dieu à l’Église pour apporter la clarté sur des points qui concernent le dépôt de la foi. Par leur nature même, des affirmations qui manquent de cette clarté ne sauraient être qualifiées d’expression du Magistère.

En quoi est-il dangereux, selon vous, qu’il y ait des interprétations divergentes d’Amoris Lætitia, en particulier sur l’approche pastorale envers ceux qui vivent dans des unions irrégulières, et particulièrement sur divorcés remariés civilement qui ne vivent pas dans la continence et reçoivent la Sainte Communion ?

Il est évident que certaines dispositions d’Amoris Lætitia, relatives à des aspects essentiels de la foi et de la pratique de la vie chrétienne, ont reçu des interprétations variées qui sont divergentes et parfois incompatibles les unes avec les autres. C’est un fait incontestable qui confirme que ces instructions sont ambivalentes, qu’elles permettent des lectures variées, beaucoup d’entre elles se trouvant être en opposition avec la doctrine de l’Église.

La question que nous avons soulevée, en tant que cardinaux, concerne ce que le Saint-Père a exactement enseigné et comment ses enseignements s’harmonisent avec le dépôt de la foi, étant donné que le magistère « n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu » (Concile Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum, n. 10).

Le Pape n’a-t-il pas dit clairement sa position dans sa lettre aux évêques d’Argentine dans laquelle il déclare qu’il n'y a « pas d’autre interprétation » que les directives que ces évêques ont publiées – directives qui laissent ouverte la possibilité pour des couples non mariés et actifs sexuellement, de recevoir la Sainte Eucharistie ?

Contrairement à ce que certains ont prétendu, nous ne pouvons pas considérer la lettre du Pape aux évêques de la région de Buenos Aires, écrite peu avant d’avoir reçu les dubia, et qui contient des commentaires sur les directives pastorales de ces évêques, comme une réponse adéquate aux questions posées. D’une part, ces directives peuvent être interprétées de différentes manières.

D’autre part, il n’est pas évident que cette lettre constitue un texte magistériel dans lequel le Pape ait voulu s’adresser à l’Église universelle en tant que Successeur de Pierre. Le fait est qu’on n’a eu d’abord connaissance de cette lettre que parce qu’elle a été divulguée par une fuite à la presse – elle n’a été rendue publique par le Saint-Siège que plus tard –, et cela soulève un doute raisonnable sur l’intention du Saint-Père de s’adresser à l’Église universelle.

De plus, il serait tout à fait étrange – et en contradiction au désir explicitement formulé par le Pape François, de laisser aux évêques de chaque pays le soin de l’application concrète d’Amoris Lætitia (cf. Amoris Lætitia, n. 3) – qu’il puisse imposer à l’Église universelle des directives concrètes qui ne sont que celles d’une région particulière. Et les dispositions différentes promulguées par divers évêques dans leurs diocèses, de Philadelphie à Malte, devraient-elles toutes être considérées comme invalides ? Un enseignement qui n’est pas suffisamment déterminé, eu égard à son autorité et à son contenu réel, ne peut pas jeter un doute sur la clarté de l’enseignement constant de l’Église qui, dans tous les cas, demeure toujours la norme.

Êtes-vous aussi inquiet du fait que des évêques de certaines conférences épiscopales qui permettent à certains divorcés remariés vivants more uxorio (c’est-à-dire en ayant des relations sexuelles) de recevoir la Sainte Communion sans avoir la ferme intention de s’amender, sont en contradiction avec les précédents enseignements de papes, et notamment de l’Exhortation apostolique Familiaris Consortio du pape saint Jean-Paul II ?

En effet, les dubia ou questions demeurent posés. Ceux qui affirment que la discipline enseignée dans Familiaris Consortio au n. 84 a changé, se contredisent entre eux quand ils en expliquent les raisons et les conséquences. Certains en sont venus jusqu’au point de dire que des divorcés engagés dans une nouvelle union et qui continuent à vivre more uxorio, ne se trouvent pas dans une situation objective de péché mortel (citant Amoris Lætitia n. 303).

D’autres nient cette interprétation (citant Amoris Lætitia n. 305 à l’appui), mais laissent entièrement au jugement de la conscience de déterminer les critères d’accès aux sacrements. Il semble que le but de ces interprètes est d’arriver, par tous les moyens, à un changement de la discipline, et que les moyens qu’ils allèguent pour y parvenir sont sans importance. Ils ne se sont pas non plus préoccupés de mettre grandement en danger des points essentiels du dépôt de la foi.

Quel effet palpable de ce mélange d’interprétations ?

Cette herméneutique de la confusion a déjà produit un triste résultat. De fait, l’ambiguïté sur un point concret de la pastorale pour la famille, a conduit certains à proposer un changement de paradigme de toute la pratique morale de l’Église, dont les fondements ont été enseignés avec autorité par saint Jean-Paul II dans son encyclique Veritatis Splendor.

Vraiment, un processus a été mis en mouvement qui est une subversion de parties essentielles de la Tradition. Pour ce qui est de la morale chrétienne, certains prétendent que les normes morales absolues doivent être relativisées et qu’on doit accorder à la conscience subjective et autoréférentielle la primauté – qui sera au bout du compte équivoque – dans tout ce qui touche aux affaires de morale. Ce qui est donc en jeu n’est d’aucune manière un élément secondaire du kérygme, c’est-à-dire du message fondamental de l’Évangile. Ce dont nous parlons c’est de savoir si la rencontre d’une personne avec le Christ peut ou ne peut pas, avec la grâce de Dieu, donner forme à un chemin de vie chrétienne afin d’être en harmonie avec le sage plan du Créateur.

Pour comprendre jusqu’où vont ces changements, il suffit de réfléchir à ce qui pourrait arriver si un tel raisonnement s’appliquait à d’autres cas, comme par exemple celui d’un médecin pratiquant des avortements, ou celui d’un homme politique appartenant à un réseau de corruption, ou encore celui d’une personne souffrante décidant de faire une demande de suicide assisté…

Certains ont dit que l’effet le plus pernicieux de tous, c’est qu’il représente une attaque contre les sacrements aussi bien que contre l’enseignement moral de l’Église. Comment peut-il en être ainsi ?

Au-delà du débat sur la morale, le sens de la pratique sacramentelle dans l’Église s’érode de plus en plus, particulièrement pour ce qui est des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. Le critère décisif pour l’admission aux sacrements a toujours été la cohérence entre le mode de vie d’une personne et les enseignements de Jésus. Si, au lieu de cela, le critère décisif devait devenir celui de l’absence de culpabilité subjective chez une personne – comme l’ont suggéré certains interprètes d’Amoris lætitia – cela ne changerait-il pas la nature même des sacrements ? En réalité, les sacrements ne sont pas des rencontres privées avec Dieu ni des moyens d’intégration sociale dans une communauté.

Disons plutôt qu’ils sont les signes visibles et efficaces de notre incorporation au Christ et à son Église, et dans et par lesquels l’Église professe publiquement sa foi et l’active. Dès lors, en transformant la culpabilité subjectivement diminuée d’une personne en critère décisif pour l’admission aux sacrements, on met en danger la regula fidei elle-même, la règle de la foi que les sacrements proclament et actualisent non seulement par des mots mais par des gestes visibles. Comment l’Église pourrait-elle continuer à être le sacrement universel du salut si le sens même des sacrements était vidé de son contenu ?

Bien que vous-même et beaucoup d’autres – y compris les 250 universitaires et prêtres qui ont diffusé une correction filiale – ayez clairement de très graves pressentiments sur les effets de ces passages d’Amoris lætitia, et du fait que vous n’avez reçu à ce jour aucune réponse du Saint-Père, allez-vous lui lancer un ultime appel ?

Oui, pour ces graves raisons et un an après avoir rendu publiques les dubia, je m’adresse de nouveau au Saint-Père et à toute l’Église, en soulignant combien il est urgent qu’en exerçant le ministère qu’il a reçu du Seigneur, le Pape puisse confirmer ses frères dans la foi en exprimant clairement l’enseignement sur la morale chrétienne et sur la signification de la pratique sacramentelle de l’Église

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mardi, 14 novembre 2017 | Lien permanent | Commentaires (32)

Le Pape François aux prêtres de Rome: aller vers les gens

images.jpegCompte rendu assez tronqué

ALLER VERS LES GENS

Cité du Vatican, 17 septembre 2013 (VIS).

Hier en la Basilique du Latran, le Saint-Père a rencontré le clergé de Rome, auquel il a de lui poser des questions en toute liberté, d'autant que même Pape il se sent avant tout comme un prêtre. J'en remercie le Seigneur, a-t-il confié, comme de ne pas me croire plus important que cela. "C'est ce que je crains, car le Diable est malin, qui parvient à te faire ressentir que tu as maintenant plus de pouvoir, de faire ceci ou cela... Grâce à Dieu je ne suis pas encore tombé dans le piège. Et si cela advenait, qu'on m'avertisse s'il vous plaît...que ce soit de manière publique ou privée!".

Puis le Pape s'est penché sur le rôle du prêtre, qu'il soit curé ou évêque, y compris Evêque de Rome. "Il y a d'abord la fatigue physique, que nous connaissons tous à la fin de la journée de travail, lorsque nous ne manquons pas d'aller saluer le Seigneur en prière devant le tabernacle. Tout prêtre se fatigue au contact de son peuple. Celui qui ne le fait pas se fatigue mal. La bonne fatigue est celle du prêtre qui va à la rencontre des si nombreuses sollicitations des gens. Ce sont celles de Dieu aussi... Et puis il y a la fatigue finale" qui arrive lorsque "le prêtre s'interroge sur sa propre vie et se retourne sur son parcours et tout ce à quoi nous avons renoncé, aux enfants que nous n'avons pas eu.

Me suis-je trompé? Ais-je raté ma vie?". Puis, citant les doutes d'Elie ou de Moïse, de Jérémie ou de Jean-Baptiste, qui vécut les ténèbres de son âme et envoya ses disciples demander à Jésus s'il était celui qu'on attendait. "Que peut faire le prêtre qui vit l'expérience du Baptiste, sinon prier jusqu'à s'endormir devant le tabernacle?". Les évêques, a poursuivi le Saint-Père, "doivent être proches de leurs prêtres, et être charitable envers ces pauvres les plus proches que sont les prêtres. Le contraire vaut également!".

Répondant ensuite à une question relative à la pastorale, il a rappelé qu'il ne faut pas confondre créativité et innovation. Créer signifie "rechercher un autre moyen de transmettre l'Evangile. Ce n'est pas facile...et il ne s'agit pas simplement de changer. La nouveauté est suscitée par l'Esprit dans la prière mais aussi en parlant avec les gens, avec les fidèles". Ainsi a-t-il évoqué un épisode survenu en Argentine alors qu'avec un curé il se demandait comment rendre son église plus accueillante: "Il y a ici tellement de passage qu'il serait bon que l'église reste ouverte, et qu'un confesseur soit disponible en permanence. L'idée était belle et on l'a réalisée comme une créativité utile... Il faut donc trouver de nouvelles méthodes...d'autant que l'Eglise et son code canonique offrent de multiples possibilités. Il y a la liberté de chercher des solutions nouvelles pour offrir des occasions d'accueil aux fidèles venant en paroisse pour ceci ou cela".

Malheureusement, trop souvent la paroisse est plus occupée à demander de l'argent pour un certificat, ce qui éloigne les gens de l'Eglise. Il faut au contraire un accueil cordial afin que chacun se trouve chez lui à l'église et ne se sente pas exploité... Lorsque les gens constatent la volonté de profit, ils s'en vont". Puis le Pape François a parlé des prêtres miséricordieux et dit qu'un prêtre ne doit jamais perdre de vue l'amour suprême qui s'adresse au Christ: "C'est pour moi un point crucial pour le prêtre d'être capable de revenir en pensée sur son premier amour. D'ailleurs une Eglise qui perdrait la mémoire serait une structure mécanique sans vie. Méfions nous donc des prêtres rigoristes comme des prêtres laxistes". Soyons au contraire des prêtres miséricordieux qui disent la vérité. Et n'ayons pas peur car Dieu nous assiste... Soyons des accompagnateurs car la conversion naît en chemin en non dans une sorte de laboratoire".

A propos des scandales affectant l'Eglise, il a redit la nécessité de faire face à ces graves problèmes avec lucidité et optimisme car "la sainteté est plus forte que les scandales. Loin de s'écrouler, l'Eglise, j'ose l'affirmer, ne s'est jamais aussi bien portée qu'aujourd'hui. C'est un beau moment, ce dont l'histoire témoigne. Certains saints sont reconnus hors de l'Eglise catholique comme Mère Teresa car il existe une sainteté de chaque jour comme celle de tant de mères et épouses, d'hommes oeuvrant pour leur famille. Ceci nous remplit d'espérance".

Revenant sur l'image des périphéries de l'existence, le Pape a abordé la question des divorcés remariés, "qu'avait tant à coeur Benoît XVI: Ce problème ne saurait se réduire à communier ou non... C'est un problème grave qui engage la responsabilité de l'Eglise face aux familles dans cette situation. Aujourd'hui l'Eglise doit faire quelque chose pour résoudre la question de la nullité matrimoniale. De ceci il sera question début octobre au Vatican, mais aussi lors du prochain synode des évêques sur le rapport entre l'Evangile, la personne et la famille. Il est absolument nécessaire d'aborder synodalement le sujet. Il s'agit d'une périphérie existentielle".

En conclusion, le Pape a rappelé à son clergé qu'il fêtera le 21 septembre (ndlr. en fait la date de l'appel à devnir prêtre, jour de la Saint Matthieu, la Miséricorde l'appellant) ses soixante ans de sacerdoce.

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mardi, 17 septembre 2013 | Lien permanent | Commentaires (2)

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