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dimanche, 14 mai 2017

Le Pape François exprime clairement ses doutes personnels sur les apparitions de Medjugorje: cette femme n'est pas la maman de Jésus

Le Pape François exprime clairement ses doutes personnels sur les apparitions de Medjugorje

 

Pape François, les messages journaliers:

 

cette femme (Medjugorje) n'est pas la maman de Jésus ! 

 
C_vHrmkXcAErzwq.jpgEn conférence de presse, le Pape François s'est exprimé d'une façon totalement inédite sur Medjugorje:
 
"Marie est une Mère et pas une femme à la tête d'un bureau télégraphique qui envoie chaque jour un message à telle heure"
 
" Moi, personnellement, je suis plus méchant: je préfère la madone mère, notre mère, et non la madone à la tête d'un bureau télégraphique et qui envoie des messages tous les jours: “Et donc, à partir de maintenant…”
 
Cette femme n'est pas la maman de Jésus ! C'est clair: ces présumées apparitions n'ont pas tant de valeurs, je le dis comme une opinion personnelle. Qui pense, en effet, que la vierge dirait «Venez demain à partir de telle heure, je dirai un message à tel voyant»? Non ... "
 
( conférence de presse avion Fatima )
 
En se basant sur le rapport Runin, le Pape a distingué les premières apparitions à des enfants (il faut continuer à enquêter là-dessus), les apparitions actuelles (pour les messages journaliers, le Pape dit non, "ce n'est pas la maman de Jésus !") et le phénomène spirituel, pastoral (un bon évêque aide les fidèles).
 
L'Eglise est une Mère et face à des milliers de pèlerins qui reçoivent des vrais grâces, elle ne veut pas brusquer. Les messages actuels, journaliers, quotidiens, ne viennent pas de la maman de Jésus (opinion personnelle du Pape). Les premières apparitions doivent encore faire l'objet d'enquêtes. 

 

Medjugorge: «La Madone n'est pas à la tête d'un bureau télégraphique »

 
 
«Toutes les apparitions ou les présumées apparitions appartiennent à la sphère privée. Elles ne font pas partie du magistère public et ordinaire de la foi. Quant à Medjugorge, Benoît XVI a lancé une commission présidée du cardinal Ruini. Fin 2013, début 2014, j'ai reçu les résultats de la part de ce cardinal. C'était une très bonne commission, formée de bons cardinaux et de théologiens.
 
Mais il y a eu ensuite des doutes émanant de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Cette Congrégation a jugé opportun d'envoyer toute la documentation aux membres de son conseil. Y compris des documents qui semblaient contraires aux résultats de la commission Ruini. Cela ne m'a pas paru juste. C'était comme mettre à la vente aux enchères l'enquête de la commission Ruini qui était très bien faite. J'ai aussitôt écrit au préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi de m'envoyer désormais tous ces éléments d'opinion à moi, personnellement. Finalement tout ce que j'ai reçu soulignait la densité de la commission d'enquête de Ruini.
 
Mais il faut distinguer trois choses en principe: les premières apparitions qui ont concerné des enfants. L'enquête dit, plus ou moins, qu'il faut continuer à enquêter là-dessus.
 
Ensuite, les apparitions… Les présumées apparitions actuelles.
 

Le Pape François exprime clairement ses doutes sur apparitions de Medjugorje (messages journaliers) : cette femme n'est pas la maman de Jésus !

 
Unknown.jpegL'enquête de la commission a ses doutes. Moi, personnellement, je suis plus méchant: je préfère la madone mère, notre mère, et non la madone chef de service télégraphique qui envoie des messages tous les jours: “Et donc, à partir de maintenant…” Cette femme n'est pas la maman de Jésus! C'est clair: ces présumées apparitions n'ont pas tant de valeurs, je le dis comme une opinion personnelle.
 
Qui pense, en effet, que la vierge dirait «Venez demain à partir de telle heure, je dirai un message à tel voyant»? Non… Distinguons donc les deux types apparitions.
 
Enfin, troisièmement - et c'est le noyau de l'enquête Ruini - il y a le fait spirituel et pastoral. Des gens se rendent là, se convertissent, ils rencontrent Dieu et changent de vie. Il n'y a pas de baguette magique là-bas. On ne peut donc pas nier ce fait spirituel et pastoral.
 
Il faut maintenant voir ces choses avec toutes ces données et avec les réponses que les théologiens m'ont envoyées. J'ai nommé un bon évêque qui a cette expérience pour voir comment se déroule l'aspect pastoral. Je me prononcerai à la fin.»
 
 
Zenit:

Mimmo Muolo : Bonsoir, Sainteté. Je vous pose une question au nom du groupe italien. Hier et aujourd’hui, à Fatima, nous avons vu un grand témoignage de foi populaire, avec vous ; la même que celle que l’on rencontre aussi, par exemple, dans d’autres sanctuaires mariaux comme Medjugorje. Que pensez-vous de ces apparitions – s’il y a eu des apparitions – et de la ferveur religieuse qu’elles ont suscitée, vu que vous avez décidé de nommer un évêque délégué pour les aspects pastoraux ? Et si je peux me permettre une seconde question, dont je sais qu’elle vous tient beaucoup à cœur aussi, outre qu’à nous, les Italiens : je voudrais savoir, les ONG ont été accusées de collusion avec les passeurs trafiquants d’hommes. Qu’en pensez-vous ? Merci.

Pape François : Je commence par la seconde. J’ai lu dans le journal que je feuillette le matin qu’il y avait ce problème, mais je ne connais pas encore les détails. Et c’est pourquoi je ne peux pas émettre un avis. Je sais qu’il y a un problème et que les enquêtes avancent. Je souhaite qu’elles se poursuivent et que toute la vérité se fasse.

La première ? Medjugorje. Toutes les apparitions ou les apparitions supposées appartiennent à la sphère privée, elles ne font pas partie du Magistère public ordinaire de l’Église. Medjugorje : une commission présidée par le cardinal Ruini a été faite. C’est Benoît XVI qui l’a faite. Moi, à la fin de l’année 2013 ou au début de 2014, j’ai reçu le résultat du card. Ruini. Une commission de bons théologiens, évêques et cardinaux. Des bons, bons, bons.

Le rapport Ruini est très, très bon. Ensuite, il y a eu quelques doutes à la Congrégation pour la Doctrine de la foi et la Congrégation a jugé opportun d’envoyer à chacun des membres du congrès, de cette « feria quarta » toute la documentation, y compris les choses qui semblaient contre le rapport Ruini. J’ai reçu la notification ; je me souviens que c’était un samedi soir, en fin de soirée. Cela ne m’a pas semblé juste : c’était comme de mettre aux enchères – pardonnez-moi l’expression – le rapport Ruini, qui était très bien fait. Et le dimanche matin le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi a reçu de moi une lettre dans laquelle je lui demandais de dire qu’au lieu de les envoyer à la « feria quarta », on m’envoie à moi, personnellement, les opinions. Ces opinions ont été étudiées et toutes soulignent la densité du rapport Ruini.

Oui, principalement il faut distinguer trois choses. Sur les premières apparitions, quand [les « voyants »] étaient jeunes, le rapport dit plus ou moins qu’il faut continuer d’investiguer. À propos des apparitions actuelles supposées, le rapport a des doutes. Moi, personnellement, je suis plus « méchant » : je préfère la Vierge Mère, notre Mère, et non la Vierge chef de bureau télégraphique qui envoie tous les jours un message à telle heure… celle-ci n’est pas la maman de Jésus. Et ces apparitions supposées n’ont pas beaucoup de valeur. Et ceci, je le dis en tant qu’opinion personnelle.

Mais qui pense que la Vierge Marie dit : « Venez demain à telle heure et je dirai un message à tel voyant » ? Non. [Dans le rapport Ruini on] distingue les deux apparitions. Et troisièmement, le véritable noyau du rapport Ruini : le fait spirituel, le fait pastoral, les gens qui vont là-bas et se convertissent, les gens qui rencontrent Dieu, qui changent de vie… Pour cela, il n’y a pas de baguette magique et ce fait spirituel et pastoral ne peut être nié. Maintenant, pour voir les choses avec toutes ces données, avec les réponses que m’ont envoyées les théologiens, on a nommé cet évêque – bien, bien, parce qu’il a de l’expérience – pour voir comment va la partie pastorale. Et à la fin, on dira quelque chose.

François et les abus sexuels: "Mary Collins a un peu raison" affirme le Pape

François et les abus sexuels: "Mary Collins a un peu raison" affirme le Pape

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Au retour de Fatima, le Pape François a été interrogé sur la démission de Mary Collins de la Commission pour la protection des mineurs. François a reconnu que l’Irlandaise, seule victime d’abus qui restait dans la commission, avait eu « un peu raison ».

« Les retards se sont accumulés », a reconnu le pape tout en soulignant que, « dans quasiment tous les diocèses, il y a un protocole pour traiter » les abus. « C’est un grand progrès. Une avancée », s’est-il félicité.

Mais il a aussi expliqué qu’il fallait « plus de gens compétents là-dessus ». « Deux ou trois personnes ont été embauchées », a-t-il continué.

Le pape a aussi annoncé une évolution de la procédure trop complexe à ses yeux, surtout quand les dossiers envoyés par les évêques ne sont pas bien faits. « Nous pensons à mettre en place tribunaux continentaux : c’est en cours de planification », a-t-il expliqué, soulignant aussi qu’il avait clarifié la procédure d’appel.

« J’ai créé un autre tribunal à la tête duquel j’ai mis une personne indiscutable, très compétente, l’archevêque de Malte, Mgr Scicluna, qui est l’un des plus forts contre les abus, a-t-il expliqué. Maintenant, parce que nous devons être justes, celui qui fait un recours a le droit d’avoir un défenseur. »

Il a aussi expliqué que tout prêtre condamné pouvait demander une grâce au pape. « Moi, je n’ai jamais signé aucune grâce », a-t-il affirmé, coupant court à une rumeur fréquente à Rome ces derniers mois.

source: La Croix, Nicolas Senèze, dans le vol papal Fatima-Rome
 

zenit: 

Greg Burke : Joshua McElwee, del “National Catholic Reporter”.

Joshua McElwee : Merci, Saint-Père. Ma question : la dernière membre de la Commission pour la protection des mineurs, qui a été abusée par un prêtre, a donné sa démission en mars. Madame Marie Collins a dit qu’elle devait donner sa démission parce que les officials au Vatican ne mettaient pas en œuvre les conseils de la Commission que vous-même, Saint-Père, avez approuvés. J’ai deux questions. Qui a la responsabilité ? Et que faites-vous, Saint-Père, pour garantir que les prêtres et les évêques au Vatican mettent en œuvre vos recommandations, conseillées par votre Commission ?

Pape François : Vrai. Marie Collins m’a bien expliqué la chose. J’ai parlé avec elle : c’est une femme bien. Elle continue de travailler dans la formation avec les prêtres sur ce point. C’est une femme bien qui veut travailler. Elle a prononcé une accusation et elle a un peu raison. Pourquoi ? Parce qu’il y a beaucoup de cas en retard, parce qu’ils s’accumulaient… Et puis, en cette période, il a fallu faire la législation pour cela : que doivent faire les évêques diocésains ? Aujourd’hui, dans presque tous les diocèses, il y a le Protocole à suivre dans ces cas-là : c’est un grand progrès. Ainsi, les dossiers sont bien faits. C’est un pas. Un autre pas : il y a peu de personnes, il faut plus de personnes capables de cela et la Secrétairerie d’État est en train de chercher, ainsi que le card. Müller, pour présenter neuf personnes.

L’autre jour, deux ou trois de plus ont été admis. On a changé le directeur du Bureau disciplinaire qui était bien, il était très bien mais il était un peu fatigué : il est retourné dans sa patrie pour faire le même travail avec son épiscopat. Et le nouveau – c’est un Irlandais, Mgr Kennedy – est une personne très bien, très efficace, rapide et cela aide beaucoup.

Et puis il y a une autre chose. Parfois les évêques envoient ; si le protocole va bien, cela va aussitôt à la « feria quarta » et la « feria quarta » étudie et décide. Si le protocole ne va pas bien, il doit être renvoyé et il faut le refaire. C’est pourquoi on pense aux aides continentales, ou deux par continent : par exemple, en Amérique latine, un en Colombie et un autre au Brésil… Ce serait comme des pré-tribunaux, ou tribunaux continentaux. Mais c’est en train d’être planifié. Et puis, cela va bien : la « feria quarta » l’étudie et on enlève l’état clérical au prêtre qui retourne dans son diocèse et présente un recours. Avant, c’était cette même « feria quarta », qui avait prononcé la sentence, qui étudiait le recours, mais c’est injuste.

Et j’ai créé un autre tribunal et j’ai mis à sa tête une personne incontestable : l’archevêque de Malte, Mgr Scicluna, qui est un des plus forts contre les abus. Et dans ce second tribunal – parce que nous devons être justes – celui qui présenter un recours a le droit d’avoir un défenseur. Si celui-ci approuve la première sentence, le cas est fini. Il reste seulement [la faculté d’écrire] une lettre, demandant la grâce au pape. Je n’ai jamais signé de grâce. Nous avançons tels que se présentent les choses. Marie Collins, sur ce point, avait raison ; mais nous aussi nous étions sur le chemin. Mais il y a deux mille cas accumulés ! Merci.

Le Pape François veut encore cheminer avec Ecône, la FSSPX, avant un accord

Le Pape François veut encore cheminer avec Ecône, la FSSPX, avant un accord

Extraits conférence de presse du Pape François à bord de l'avion (13 mai 2017, Fatima) 

«J'écarterai toute forme de triomphalisme, totalement. Il y a quelques jours, la Feria IV de la congrégation pour la Doctrine de la foi - on l'appelle la Feria IV car ce conseil se réunit le mercredi - a étudié un document. Et le document n'est pas encore abouti. J'ai étudié le document.

Par ailleurs les rapports actuels sont fraternels. L'année dernière, j'ai leur donné à tous, la permission pour la confession. J'ai aussi accordé une forme de juridiction pour les mariages ( ndlr pour les prêtres de la Fraternité Saint Pie X et leurs fidèles ). 

Mais avant tout cela, la congrégation pour la Doctrine de la foi traitait tous les problèmes de sa compétence et qui devaient être résolus. Par exemple, les abus (abus sexuels): les abus chez eux, ils nous en référaient. Idem pour Pénitencerie (le tribunal du Vatican, NDLR) et la réduction à l'état laïc d'un prêtre.

Il y a des rapports fraternels. Avec Mgr Fellay, j'ai de bons rapports. Nous avons parlé quelques fois. Je ne veux pas brusquer les choses. Il faut cheminer, cheminer, cheminer… Et après, on verra.

Pour moi, ce n'est pas un problème de gagnants ou de perdants mais de frères qui doivent cheminer ensemble cherchant la formule qui permet de faire des pas en avant.»

jeudi, 11 mai 2017

Fatima, message du Pape François au peuple portugais: offrir à la Vierge le bouquet des plus belles fleurs

Fatima, message du Pape François au peuple portugais: offrir à la Vierge le bouquet des plus belles fleurs

Message du pape François

Cher peuple portugais,

fatima.pngIl manque désormais peu de jours avant mon pèlerinage et votre pèlerinage jusqu’aux pieds de la Vierge de Fatima, jours vécus dans l’attente joyeuse de notre rencontre dans la maison de la Mère.

Je sais que vous me voulez aussi dans vos maisons et vos communautés, dans vos villages et vos villes: l’invitation m’est arrivée ! Inutile de dire que j’aimerais l’accueillir, mais je ne le peuxpas ! Dès maintenant je remercie les différentes Autorités pour la compréhension avec laquelle elles ont accepté ma décision de limiter la visite aux moments et aux actes habituels à un pèlerinage au Sanctuaire de Fatima, fixant moi-même le rendez-vous avec tous aux pieds de la Vierge Mère.

En effet, c’est dans la fonction de Pasteur universel que je voudrais paraître devant la Vierge, lui offrant le bouquet des plus belles “fleurs” que Jésus a confiées à mes soins (cf. Jn 21, 15-17), c’est-à-dire les frères et les sœurs du monde entier sauvés par son sang, sans exclure personne. Voilà pourquoi j’ai besoin que vous soyez tous unis à moi; j’ai besoin de votre union (physique ou spirituelle, l’important est qu’elle vienne du cœur) pour composer mon bouquet de fleurs, ma “rose d’or”. Et ainsi, formant «un seul cœur et une seule âme» (cf. Ac 4, 32), je vous confierai à la Vierge, lui demandant de murmurer à chacun: “Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu” (Apparition de juin 1917).

“Avec Marie, pèlerin dans l’espérance et dans la paix”: c’est ce que dit la devise de notre pèlerinage, qui renferme en elle tout un programme de conversion. Je suis heureux de savoir que, à ce moment béni qui est le sommet d’un siècle de moments bénis, vous venez, en vous préparant par une prière intense. Elle élargit notre cœur et le prépare à recevoir les dons de Dieu. Je vous remercie pour les prières et les sacrifices que vous offrez quotidiennement pour moi et dont j’ai tant besoin, parce que je suis un pécheur parmi les pécheurs, “je suis un homme aux lèvres impures, et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures” (Is 6, 5). Que la prière éclaire mes yeux pour savoir voir les autres comme Dieu les voit, pour aimer les autres comme il les aime.

En son nom, je viendrai au milieu de vous dans la joie de partager avec tous l’Évangile de l’espérance et de la paix. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge Mère vous protège !

© Librairie éditrice du Vatican

mardi, 09 mai 2017

Interview de son Excellence Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège: double invitation suisse au Pape François

Interview de son Excellence Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège: double invitation suisse au Pape François

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(source photo @Arnaud Bédat - palais apostolique)

En plus de l'invitation des autorités fédérales, et dans ce cadre, la République et Canton du Jura a proposé une visite à Porrentruy, par une lettre que j'ai formellement transmise au Saint-Siège.

Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège

 

M. l'Ambassadeur, vous venez de vivre des journées intenses avec l'assermentation de 40 nouveaux gardes et la visite de notre présidente de la Confédération Mme Doris Leuthard. Qu'est-ce que cela représente comme charge de travail ? et la préparation d'une telle visite ? Quelles sont vos impressions, vos souvenirs saillants ?

Le Giuramento de la Garde et les célébrations militaires et religieuses qui l'entourent attirent chaque année de nombreux compatriotes à Rome. Parmi eux se trouvent, surtout ces dernières années, des membres éminents du gouvernement et du parlement fédéral, que j'ai l'honneur d'accompagner chez le pape et sur le lieu de l'assermentation.

Pour que leur visite soit réussie et se déroule avec efficacité et naturel, il y a un important travail de préparation et de coordination, qui va du minutage d'un programme au contenu des discussions, en passant par l'information aux médias et le choix de cadeaux symboliques. J'ai été frappé par la manière dont fonctionne le protocole séculaire du Palais apostolique : violant sciemment les règles, les gentilshommes ont fait passer devant tout le monde la mamma della Signora Presidente ; le préfet Gänswein lui consacrait toute son attention, et même en schwyzertütsch !

La proverbiale gentillesse du pape François semble contagieuse. J'aurais de nombreux autres souvenirs à évoquer ! Si ma priorité est bien sûr la délégation présidentielle, je me suis efforcé d'aider à l'accueil de six autres groupes de Suisses. Cela a commencé le 3 mai avec Lauriane Sallin, "miss Suisse", venue elle aussi avec sa maman, et qui a pu saluer le pape François à l'audience générale. Faciliter des rencontres fortes et inoubliables est un des très beaux côtés de mon travail.


Vous êtes le troisième ambassadeur de la Suisse auprès du Saint-Siège. Quand avez-vous été nommé ? Qui sont vos prédécesseurs ?

Le Conseil fédéral m'a nommé en octobre 2013 et j'ai commencé d'exercer ces fonctions le 1er février 2014, en parallèle à d'autres, alors que j'étais détaché à Ammann, en Jordanie ! J'ai présenté mes lettres de créance au pape le 15 mai : formellement, c'est ce jour que débute le mandat d'un ambassadeur. Jean-François Kammer a été ambassadeur près le Saint-Siège pendant près de sept ans, entre 2005 et 2011, avant Paul Widmer. Auparavant, à partir de 1991, il y a eu quatre ambassadeurs en mission spéciale.

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(source photo @Arnaud Bédat - palais apostolique)


Les convergences entre l'action diplomatique du Saint-Siège sont nombreuses, comme l'écologie humaine avec l'Encyclique "Laudato Si'", le droit humanitaire et les institutions internationales basées à Genève. Quelles sont vos lignes d'actions prioritaires ?

Oui, ces convergences sont nombreuses : la présidente de la Confédération l'a encore souligné. Mon but est de transformer ces convergences de vues en action coordonnée ou commune, chaque fois que possible, pour renforcer l'impact de la politique extérieure de la Suisse. Pour cela, je suis de près ce que dit et fait le Saint-Siège dans les régions du monde ou dans les domaines qui intéressent le plus nos autorités.

Par exemple, l'abolition de la peine de mort, le conflit en Syrie, la lutte contre la traite d’être humains et l'extrémisme violent, le changement climatique. Concrètement, je fais connaître notre action à l'entourage du pape, et je communique au DFAE les développements présentant un intérêt particulier. Il faut parfois réagir très vite.

Cela concerne les convergences et aussi les divergences qui peuvent exister par exemple à l'ONU. Grâce à un réseau de contacts, je cherche à répondre, même à distance, aux demandes très variées qui me parviennent de Berne ou parfois de nos ambassades à l'autre bout du monde. Et bien sûr, auprès de mes interlocuteurs au Vatican, je suis là pour "expliquer la Suisse".

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(source photo @Le Suisse Rom@in - via della Concilliazione Rome)


Racontez-nous vos relations avec le Pape François... comment percevez-vous sa personnalité ? Et son action diplomatique avec le Cardinal secrétaire d'Etat Mgr Parolin et le ministre des affaires étrangères Mgr Gallagher ?

Comme bien d'autres, je suis impressionné par l'humanité et la simplicité du pape François. Autant, voire plus que ses propos, c'est son regard, son attention, ses gestes qui frappent ses interlocuteurs. Je le rencontre assez fréquemment, mais je lui ai peu parlé, beaucoup moins que les visiteurs suisses que j'ai eu le privilège de lui présenter. Mes entretiens avec le cardinal Parolin et avec l'archevêque Gallagher sont toujours très substantiels, en plus d'être chaleureux.

L'action diplomatique du Saint-Siège a eu des succès frappants, comme la normalisation des relations entre Cuba et les USA. Cependant, comme la diplomatie suisse, celle du pape a une importante face invisible, celle des démarches pour libérer des victimes de violations ou pour préparer la paix. Le Saint-Siège développe encore une autre importante forme de diplomatie, religieuse, menée notamment par notre compatriote le cardinal Koch.

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(source photo @Darius Rochebin - conférence de presse avec Mme la Présidente de la Confédération Doris Leuthard)

Comment vivez-vous votre mission d'Ambassadeur au jour le jour ? Quels sont vos joies, vos soucis ?

Je suis actuellement à la fois ambassadeur en Slovénie et près le Saint-Siège. Ce sont deux activités passionnantes et très diverses ; elles réclament beaucoup de disponibilité et d'énergie, parfois de la créativité et toujours une bonne organisation. Il y a plusieurs heures de voiture et de train entre Ljubljana et Rome, de quoi lire, écrire, et préparer ce qui sera ensuite l'objet de démarches, de discours ou de contacts personnels.

Les joies sont d'abord celles d'échanges marquants avec personnalités très diverses et de vivre des instants d'exception. Les soucis ? Ne pas toujours pouvoir être là où il le faudrait… mais avec l'appui d'autrui et d'internet, on finit par se démultiplier !

Que peut-on vous souhaiter pour cette année du Jubilé du 600ème Anniversaire de la naissance de saint Nicolas de Flüe ? Et pour la commémoration de la Réforme protestante ?

Catholiques et protestants suisses se sont associés à la fois pour écouter le message de saint Nicolas de Flüe et pour représenter notre pays à Wittenberg, lors de l'exposition mondiale de la Réforme qui débute le 20 mai prochain : en soi, c'est un signal exemplaire, une illustration du génie de la Suisse, pays de concordance. J'espère que ce message sera entendu et approfondi cette année. Notre pays a un riche patrimoine spirituel et politique. J'espère aussi que les commémorations de 2017 me permettront et permettront à chacun d'en approfondir les leçons.

Nous savons que les autorités fédérales ont invité le Pape François en Suisse. Quels sont les projets proposés ?

L'exemple des doubles commémorations de 2017 me fait penser qu'une visite du pape en Suisse aurait une forte dimension œcuménique et ne se limiterait pas aux catholiques. Elle ne serait sans doute pas limitée non plus à la rencontre avec les Suisses, vu la présence d'institutions internationales à Genève, qui elles aussi, directement, exprimé leur grand souhait d'une visite du pape.

En plus de l'invitation des autorités fédérales, et dans ce cadre, la République et Canton du Jura a proposé une visite à Porrentruy, par une lettre que j'ai formellement transmise au Saint-Siège.

Je ne suis pas en mesure de faire des pronostics. Les attentes sont fortes chez nous, mais les autres invitations reçues par le pape sont nombreuses. Pour le moment, ce sont les Suisses qui viennent à la rencontre du pape : je pense à tous nos compatriotes qui font le voyage de Rome le 6 mai et le reste de l'année, sans oublier la Garde suisse, qui depuis 511 ans veille sur le Saint-Père.

Propos recueillis par @ Le Suisse Rom@ain

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(source photo: @Pierre-Yves Fux)

Avec une double invitation de la Suisse au Pape François, le Pape pourrait-il venir visiter la Confédération helvétique ? "Je ne suis pas en mesure de faire des pronostics" avance Pierre-Yves Fux, ambassadeur suisse auprès du Saint-Siège. Un bon point: la Suisse connaît la double crème ! 

lundi, 08 mai 2017

Rome: le Pape François reconnaît Arnaud Bédat

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(source photo: Arnaud Bédat)

Cette photo ne trompe pas. Le Pape François a bien reconnu le journaliste suisse Arnaud Bédat. Les yeux du Pape se sont préalablement comme illuminés pour exprimer "son joyeux étonnement", "sa grande et belle surprise" de le voir là. Le reporter, présent pour l'assermentation de la garde suisse et la visite de la présidente de la confédération helvétique le 6 mai, est sans aucun doute le plus grand connaisseur de l'entourage argentin du Cardinal Bergoglio. Sa soeur n'y est sans doute pas étrangère. 

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Rome: le Pape François reconnaît Arnaud Bédat

Arnaud Bédat est entré dans le monde des médias par la célèbre "Course autour du monde", une émission phare des télévisions francophones au début des années 80. Journaliste d’investigation à l’Illustré et à Paris-Match, il est désormais le journaliste suisse le plus proche du Pape. Il est à bord de l’avion papal, « the place to be » ou « embedded », de l’anglais "embarqué".

Après son premier livre « François l’Argentin », ce reporter de terrain signe un second opus: « François seul contre tous. Enquête sur un Pape en danger ». Son point fort réside dans sa connaissance approfondie de la vie de Bergoglio en Argentine. Il a rencontré sa famille, les personnes intimes, ses proches amis et ses collaborateurs.

Assurément, le titre « seul contre tous » peut paraître un peu forcé, mais les coups de semonce de François à l’encontre de la mafia, de Daesh et des grands de ce monde corrompu le met clairement en danger.

Certes, Arnaud Bédat ne connaît pas encore vraiment à fond Saints Jean-Paul II, Ratzinger devenu Benoît XVI ou l’histoire du Concile Vatican II. Toutefois, il a amplement raison lorsqu’il décrit François comme un Pape prophétique, révolutionnaire qui s’en remet à la Providence de Dieu. Le mot révolution se décline non pas sur le plan politique, mais en fonction de la Pentecôte, un brouhaha apparemment désordonné, une sorte de chaos qui change les coeurs.

La réforme de la curie ou de l’Eglise ne se situe pas ailleurs. Pour ce Pape venu du bout du monde, la seule révolution est celle de la sainteté. Une enquête qui se lit aisément, comme un vrai roman. Sous la plume d’un agnostique, la crédibilité en sort renforcé.

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Pape François: "J'ai eu honte du nom d'une bombe, qu'ils ont appelée la mère de toutes les bombes, alors que la mère donne la vie"

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Pape François: "J'ai eu honte du nom d'une bombe, qu'ils ont appelée la mère de toutes les bombes, alors que la mère donne la vie"

source

Le pape François a dit avoir eu «honte» de l'expression «mère de toutes les bombes», utilisée pour qualifier celle récemment lancée par les États-Unis sur un fief montagneux du groupe Daech en Afghanistan.

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 La plus puissante bombe américaine non-nucléaire, la G"J'ai eu honte du nom d'une bombe, qu'ils ont appelée la mère de toutes les bombes, alors que la mère donne la vie"BU-43/B surnommée « mère de toutes les bombes », a détruit le 13 avril un fief du groupe Daech dans l'est de l'Afghanistan, tuant au moins 36 de ses combattants, une opération qualifiée de « nouveau succès » par Donald Trump.

 

Petites nouvelles romaines

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Après deux journées passées pour l'assermentation des 40 nouveaux gardes suisses, au coeur du monde catholique, je profite de publier quelques petites précisions sur le pontificat de François:

Le Pape François aurait deux visages, deux faces ou deux manières d'agir ?

Unknown-17.jpegL'évêque de Rome serait comme la lune, avec sa face cachée. François parle beaucoup de douceur, de bonté, de Miséricorde ou du rôle néfaste des ragots, des bavardages. Par contre, dans son gouvernement de la curie romaine, le souverain pontife serait brutal, s'appuyant sur les dénonciations des uns ou des autres. 

Chacun se souvient par exemple du licenciement du commandant de la garde suisse ou du renvoi de prêtres travaillant dans une congrégation renvoyés sans ménagement. 

Il n'en est rien. Le visage de François est tellement transparent. Cela reflète un homme sans aucune hypocrisie. Dans chaque cas, le Pape a rencontré en tête à tête les personnes pour proposer soit une solution soit une demande claire de changement d'attitudes. Après un peu de temps, une fois confronté à des non-respects des demandes acceptées réciproquement, il tranche avec exigence. Toutefois, tout a été clarifié en amont. 

François veut un accord avec Ecône, la Fraternité sacerdotale Saint Pie X fondée par Mgr Lefevbre

Unknown-18.jpegLe Pape François a les médias et l'opinion publique dans sa poche. Il peut tout dire, sans risquer une polémique mondiale. Un changement à 180 degrés en regard de Ratzinger.

Tout comme Saint Jean-Paul II ou Benoît XVI, il veut colmater la brèche du schisme causé par la frange intégriste. Cela lui tient à coeur, il veut obtenir un accord doctrinal et une structure juridique, certes pas à n'importe quel prix. Il pèsera de tout son poids pour que la FSSPX soit doté d'une structure canonique telle que la prélature personnelle. La seule inconnue ? Le temps que cela prendra pour y parvenir. 

Durant son gouvernement à Buenos Aires, il a toujours gardé des contacts avec les prêtres de la Fraternité. La reconnaissance de la validité de la confession et du sacrement du mariage pour les prêtres officiant dans la FSSPX n'est donc pas étrangère à ce rapprochement. 

Le Pape François et Medjugorje

Unknown-19.jpegLe Pape François procède avec un grand sens pastoral. Comme la décision de non-reconnaissance fera des vagues, le Pape préfère de montrer son affection sincère et profonde pour les pèlerins.

Il veut que l'Eglise soit une Mère aimante. Les grâces reçues sont souvent vraies et authentiques, sans que cela ai un lien quelconque avec la véracité des apparitions mariales. Au bout du chemin, Medjugorje restera un lieu spirituel, mais sans aucun lien avec les apparitions ou les voyants.