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JMJ Rio 2013: Discours du Pape aux évêques

La perception favorable au Pape doit nous pousser à aller plus en profondeur. Les vagues de la plage de Copacabana nous invite à aller au large:"Duc in altum" disait le bienheureux Jean-Paul II: "Avance au large".

Un discours fondamental, peut-être un peu long, mérite toute notre attention. Il se base sur la document d'Aparecida (2007). Un mot qui nous invite à ne pas rester sur le rivage des apparences. 

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Chers frères,

Comme il est bon et beau de me trouver ici avec vous, évêques du Brésil ! Merci d’être venus, et permettez-moi de vous parler comme à des amis, c’est pourquoi je préfère vous parler en espagnol pour pouvoir mieux exprimer ce j’ai dans mon cœur. Je vous prie de m’en excuser !

Nous sommes réunis un peu à l’écart, dans ce lieu préparé par notre frère Mgr Orani, pour demeurer seuls et pouvoir parler cœur à cœur, comme Pasteurs auxquels Dieu a confié son Troupeau. Dans les rues de Rio, des jeunes du monde entier et tant d’autres multitudes nous attendent, ayant besoin d’être rejoints par le regard miséricordieux du Christ Bon Pasteur, que nous sommes appelés à rendre présent. Réjouissons-nous donc de ce moment de repos, de partage, de vraie fraternité.

En commençant par la Présidence de la Conférence épiscopale et par l’Archevêque de Rio de Janeiro, je veux vous embrasser tous et chacun, spécialement les évêques émérites.

Plus qu’un discours formel, je veux partager avec vous quelques réflexions.

La première m’est venue à l’esprit quand j’ai visité le sanctuaire d’Aparecida. Là, aux pieds de la statue de l’Immaculée Conception, j’ai prié pour vous, pour vos Églises, pour vos prêtres, religieux et religieuses, pour vos séminaristes, pour les laïcs et leurs familles et, de manière particulière pour les jeunes et les anciens, les deux sont l’espérance d’un peuple ; les jeunes, parce qu’ils portent la force, l’illusion, l’espérance de l’avenir ; les anciens, parce qu’ils sont la mémoire, la sagesse d’un peuple1 .

1. Aparecida, clé de lecture pour la mission de l’Église

À Aparecida, Dieu a offert au Brésil sa propre Mère. Mais, à Aparecida, Dieu a aussi donné une leçon sur lui-même, à propos de sa façon d’être et d’agir. Une leçon sur l’humilité qui appartient à Dieu comme trait essentiel, c’est dans l’ADN de Dieu. Il y a quelque chose de pérenne à apprendre sur Dieu et sur l’Église à Aparecida ; un enseignement que ni l’Église au Brésil, ni le Brésil lui-même ne doivent oublier.

Au commencement de l’événement d’Aparecida il y a la recherche des pauvres pêcheurs. Beaucoup de faim et peu de ressources. Les gens ont toujours besoin de pain. Les hommes partent toujours de leurs besoins, même aujourd’hui.

Ils ont une barque fragile, inappropriée ; ils ont des filets de mauvaise qualité, peut-être même endommagés, insuffisants.

D’abord il y a la fatigue, peut-être la lassitude, pour la pêche, et toutefois le résultat est maigre : un échec, un insuccès. Malgré les efforts, les filets sont vides.

Ensuite, quand Dieu le veut, lui-même surgit dans son Mystère. Les eaux sont profondes et toutefois elles cachent toujours la possibilité de Dieu ; et lui est arrivé par surprise, peut-être quand il n’était plus attendu. La patience de ceux qui l’attendent est toujours mise à l’épreuve. Et Dieu est arrivé de façon nouvelle, parce qu’il peut toujours se réinventer : une image d’argile fragile, obscurcie par les eaux du fleuve, même vieillie par le temps. Dieu entre toujours dans les vêtements de la pauvreté.

Voici alors l’image de l’Immaculée Conception. D’abord le corps, puis la tête, puis le regroupement du corps et de la tête : unité. Ce qui était brisé retrouve l’unité. Le Brésil colonial était divisé par le mur honteux de l’esclavage. La Vierge d’Aparecida se présente avec le visage noir, d’abord divisée, puis unie dans les mains des pêcheurs.

C’est un enseignement pérenne que Dieu veut offrir. Sa beauté se reflète dans la Mère, conçue sans le péché originel, émerge de l’obscurité du fleuve. À Aparecida, depuis le commencement, Dieu donne un message de recomposition de ce qui est fracturé, de consolidation de ce qui est divisé. Murs, abîmes, distances encore présents aujourd’hui, sont destinés à disparaître. L’Église ne peut négliger cette leçon : être un instrument de réconciliation.

Les pêcheurs ne méprisent pas le mystère rencontré dans le fleuve, même si c’est un mystère qui apparaît incomplet. Ils ne jettent pas les morceaux du mystère. Ils attendent la plénitude. Et cela ne tarde pas à arriver. Il y a quelque chose de sage que nous devons apprendre. Il y a des morceaux d’un mystère, comme des pièces d’une mosaïque, que nous rencontrons et que nous voyons. Nous voulons voir trop rapidement le tout et Dieu au contraire se fait voir petit à petit. L’Église aussi doit apprendre cette attente.

Puis les pêcheurs portent ce mystère chez eux. Les gens simples ont toujours un endroit pour faire loger le mystère. Nous avons peut-être réduit notre façon de parler du mystère à une explication rationnelle ; chez les gens, au contraire, le mystère entre par le cœur. Dans la maison des pauvres Dieu trouve toujours une place.

Les pêcheurs ‘agasalham’: ils revêtent le mystère de la Vierge pêchée, comme si elle avait froid et avait besoin d’être réchauffée. Dieu demande d’être mis à l’abri dans la partie la plus chaude de nous-mêmes : le cœur. Puis c’est Dieu qui dégage la chaleur dont nous avons besoin, mais d’abord il entre par la ruse de celui qui mendie. Les pêcheurs couvrent ce mystère de la Vierge du pauvre manteau de leur foi. Ils appellent les voisins pour voir la beauté qu’ils ont trouvée ; ils se réunissent autour d’elle ; ils racontent leurs peines en sa présence et lui confient leurs causes. Ils permettent ainsi que les intentions de Dieu puissent se réaliser : une grâce, puis l’autre ; une grâce qui ouvre à une autre ; une grâce qui prépare une autre. Dieu va graduellement en déployant l’humilité mystérieuse de sa force.

Il y a beaucoup à apprendre de cette attitude des pêcheurs. Une Église qui fait de la place au mystère de Dieu ; une Église qui héberge en elle-même ce mystère, de façon qu’elle puisse fasciner les gens, les attirer.Seule la beauté de Dieu peut attirer. Le chemin de Dieu est le charme, l’attrait. Dieu se fait emmener chez soi. Il réveille dans l’homme le désir de le garder dans sa vie, dans sa maison, dans son cœur. Il réveille en nous le désir d’appeler les proches pour faire connaître sa beauté. Lamission naît justement de cet attrait divin, de cet étonnement de la rencontre. Nous parlons de mission, d’Église missionnaire. Je pense aux pêcheurs qui appellent leurs proches pour voir le mystère de la Vierge. Sans la simplicité de leur attitude, notre mission est destinée àl’échec.

L’Église a toujours l’urgent besoin de ne pas oublier la leçon d’Aparecida, elle ne peut pas l’oublier. Les filets de l’Église sont fragiles, peut-être raccommodés ; la barque de l’Église n’a pas la puissance des grands transatlantiques qui franchissent les océans. Et toutefois Dieu veut justement se manifester à travers nos moyens, de pauvres moyens, parce que c’est toujours lui qui agit.

Chers frères, le résultat du travail pastoral ne s’appuie pas sur la richesse des ressources, mais sur la créativité de l’amour. La ténacité, l’effort, le travail, la programmation, l’organisation servent certainement, mais avant tout il faut savoir que la force de l’Église n’habite pas en elle-même, mais elle se cache dans les eaux profondes de Dieu, dans lesquelles elle est appelée à jeter ses filets.

Une autre leçon que l’Église doit toujours se rappeler est qu’elle ne peut pas s’éloigner de la simplicité, autrement elle oublie le langage du Mystère, et non seulement elle reste hors de la porte du Mystère, mais elle ne réussit pas même à entrer en ceux qui par l’Égliseprétendent à ce qu’ils ne peuvent se donner par eux-mêmes, c’est-à-dire Dieu lui-même. Parfois, nous perdons ceux qui ne nous comprennent pas parce que nous avons oublié la simplicité, en important de l’extérieur aussi une rationalité étrangère à nos gens. Sans la grammaire de la simplicité, l’Église se prive des conditions qui rendent possible le fait de « pêcher » Dieu dans les eaux profondes de son Mystère.

Un dernier souvenir : Aparecida est une apparition dans un lieu decarrefour. La route qui unissait Rio, la capitale, avec São Paulo, la province entreprenante qui était en train de naître, et Minas Gerais, les mines très convoitées par les Cours européennes : un carrefour du Brésil colonial. Dieu apparaît dans les carrefours. L’Église au Brésil ne peut oublier cette vocation inscrite en elle depuis son premier souffle : être capable de systole et diastole, de recueillir et de répandre.

2. L’appréciation pour le parcours de l’Église au Brésil

Les évêques de Rome ont toujours eu le Brésil et son Église dans leur cœur. Un merveilleux parcours a été accompli, des 12 diocèses durant le concile Vatican I aux 275 circonscriptions actuelles... Ne s’est pas mise en route l’expansion d’un appareil ou d’une entreprise, mais plutôt le dynamisme des « cinq pains et deux poissons » évangéliques, qui, mis en contact avec la bonté du Père, dans des mains rugueuses (calejadas maõs), sont devenus féconds.

Aujourd’hui, je voudrais reconnaître votre travail généreux à vous pasteurs, dans vos Églises. Je pense aux évêques dans les forêts, montant et descendant les fleuves, dans les régions semi-arides, dans le Pantanal, dans la pampa, dans les jungles urbaines des mégapoles. Aimez toujours votre troupeau avec un dévouement total ! Mais je pense aussi à tant de noms et à tant de visages, qui ont laissé des empreintes ineffaçables sur le chemin de l’Église au Brésil, faisant toucher de la main la grande bonté du Seigneur envers cette Église2 .

Les évêques de Rome n’ont jamais été loin ; ils ont suivi, encouragé, accompagné. Dans les dernières décennies, le bienheureux Jean XXIII a invité avec insistance les évêques brésiliens à préparer leur premier plan pastoral, et, depuis ce commencement, a grandi une vraie tradition pastorale au Brésil, qui a fait en sorte que l’Église ne soit pas un transatlantique à la dérive, mais ait toujours une boussole. Le Serviteur de Dieu Paul VI, en plus d’encourager la réception du Concile Vatican II, avec fidélité, mais aussi avec des traits originaux (cf. l’Assemblée générale du CELAM à Medellin), a influé de façon décisive sur l’auto-conscience de l’Église au Brésil à travers le Synode sur l’évangélisation et ce texte fondamental de référence que demeure l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi. Le bienheureux Jean-Paul II a visité le Brésil trois fois, le parcourant de « cabo a rabo », du nord au sud, insistant sur la mission pastorale de l’Église, sur la 

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vendredi, 02 août 2013 | Lien permanent

Cardinal Burke: les Pères du Synode rectifierons le document provisoire

Famille Chrétienne

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vendredi, 17 octobre 2014 | Lien permanent

Homélie du Pape François pour l'ouverture du Synode: aucune condamnation

Le Pape aurait condamné le divorce ? Pour rassurer les conservateurs ?

Il n'a que commenté la Parole de Dieu, en faveur de la famille, du mariage sacramentel entre un homme et une femme, le rêve de Dieu. 

Dans un contexte social “très difficile“, l’Eglise doit vivre sa mission “dans la fidélité, dans la vérité et dans la charité“, a-t-il recommandé. A la veille du début des travaux des pères synodaux, le pape a demandé de défendre “l’indissolubilité du lien conjugal“ mais aussi de “soigner les couples blessés“ avec “miséricorde“.

I.Media

MESSE POUR L'OUVERTURE 
DE LA XIVe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane
XXVIIe Dimanche du Temps ordinaire, 4 octobre 2015

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« Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection » (1Jn 4, 12).

Les lectures bibliques de ce dimanche semblent choisies spécialement pour l’événement de grâce que l’Eglise est en train de vivre, c'est-à-dire l’Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques sur le thème de la famille, qui est inauguré par cette célébration eucharistique.

Elles sont centrées sur trois thèmes : le drame de la solitude, l’amour entre l’homme et la femme, et la famille

La solitude

Adam, comme nous l’avons lu dans la première lecture, vivait dans le Paradis, il donnait leur nom aux autres créatures, exerçant une maîtrise qui montrait son indiscutable et incomparable supériorité ; mais, malgré cela, il se sentait seul parce qu’ « il ne trouva aucune aide qui lui corresponde » (Gn 2, 20), et il faisait l’expérience de la solitude. 

La solitude, le drame qui, encore aujourd’hui, afflige tant d’hommes et de femmes. Je pense aux personnes âgées, abandonnées même de leurs êtres chers et de leurs propres enfants ; aux veufs et aux veuves ; à tant d’hommes et de femmes laissés par leur épouse ou par leur mari ; à tant de personnes qui, de fait, se sentent seules, incomprises, pas écoutées ; aux migrants et aux réfugiés qui fuient les guerres et les persécutions ; et à tant de jeunes victimes de la culture de la consommation, de l’utilise et jette, et de la culture du déchet.

Aujourd’hui se vit le paradoxe d’un monde globalisé, où nous voyons beaucoup d’habitations luxueuses et de gratte ciels, mais de moins en moins de chaleur de la maison et de la famille ; beaucoup de projets ambitieux, mais peu de temps pour vivre ce qui a été réalisé ; beaucoup de moyens sophistiqués de divertissement, mais de plus en plus un vide profond dans le cœur ; beaucoup de plaisirs, mais peu d’amour ; beaucoup de liberté mais peu d’autonomie… Les personnes qui se sentent seules sont de plus en plus nombreuses, mais aussi celles qui se renferment dans l’égoïsme, dans la mélancolie, dans la violence destructrice et dans l’esclavage du plaisir et du dieu argent. 

Nous vivons aujourd’hui, dans un certain sens, la même expérience qu’Adam : beaucoup de puissance, accompagnée de beaucoup de solitude et de vulnérabilité ; et la famille en est l’icône. De moins en moins de sérieux pour faire progresser un rapport d’amour solide et fécond : dans la santé comme dans la maladie, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. L’amour durable, fidèle, consciencieux, stable, fécond est de plus en plus moqué et regardé comme s’il était une affaire de l’antiquité. Il semblerait que les sociétés les plus avancées soient justement celles qui ont le taux le plus bas de natalité et le taux le plus élevé d’avortements, de divorces, de suicides et de pollution environnementale et sociale.

L’amour entre l’homme et la femme

Nous lisons encore dans la première lecture que le cœur de Dieu est resté comme douloureux devant la vision de la solitude d’Adam, et il a dit : « il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra » (Gn 2, 18). Ces paroles montrent que rien ne rend heureux le cœur de l’homme qu’un cœur qui lui ressemble, qui lui corresponde, qui l’aime et qui le tire de la solitude et du sentiment d’être seul. Elles montrent aussi que Dieu n’a pas créé l’être humain pour vivre dans la tristesse ni pour rester seul, mais pour le bonheur, pour partager son chemin avec une autre personne qui lui soit complémentaire, pour vivre l’étonnante expérience de l’amour, c'est-à-dire aimer et être aimé, et pour voir la fécondité de son amour dans les enfants, comme le dit le Psaume qui a été proclamé aujourd’hui (cf. Ps 128).

Voilà le rêve de Dieu pour sa créature bien-aimée : la voir se réaliser dans l’union d’amour entre l’homme et la femme ; heureuse sur le chemin commun, féconde dans le don réciproque. C’est le même dessein que Jésus, dans l’Évangile de ce jour, résume par ces paroles : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux mais une seule chair » (Mc10, 6-8) ; (cf. Gn 1, 27 ; 2, 24).

Jésus, face à la demande rhétorique qui lui est faite ­– probablement comme un piège, pour le faire devenir tout à coup antipathique à la foule qui le suivait et qui pratiquait le divorce comme réalité enracinée et intangible –, répond de manière franche et inattendue : il fait tout remonter à l’origine, à l’origine de la création, pour nous apprendre que Dieu bénit l’amour humain, que c’est lui qui unit les cœurs d’un homme et d’une femme qui s’aiment et qui les unit dans l’unité et l’indissolubilité. Cela signifie que le but de la vie conjugale n’est pas seulement de vivre ensemble pour toujours, mais de s’aimer pour toujours ! Jésus rétablit ainsi l’ordre qui était à l’origine et qui est origine. 

La famille

« Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (Mc 10,9). C’est une exhortation aux croyants à dépasser toute forme d’individualisme et de légalisme, qui cache un égoïsme mesquin et une peur de rallier la signification authentique du couple et de la sexualité humaine selon le projet de Dieu. 

En effet, c’est seulement à la lumière de la folie de la gratuité de l’amour pascal de Jésus que la folie de la gratuité d’un amour conjugal unique et jusqu’à la mort apparaîtra compréhensible. 

Pour Dieu, le mariage n’est pas une utopie propre à l’adolescence, mais un rêve sans lequel sa créature sera destinée à la solitude ! En effet, la peur d’adhérer ce projet paralyse le cœur humain.

Paradoxalement aussi, l’homme d’aujourd’hui – qui ridiculise souvent ce dessein – reste attiré et fasciné par tout amour authentique, par tout amour solide, par tout amour fécond, par tout amour fidèle et perpétuel. Nous le voyons suivre les amours temporaires, mais il rêve de l’amour authentique ; il court derrière les plaisirs de la chair, mais il désire la donation totale.

En effet, « maintenant que nous avons pleinement savouré les promesses de la liberté sans limite, nous commençons à comprendre de nouveau l’expression ‘’ tristesse de ce monde’’. Les plaisirs interdits ont perdu leur attrait dès qu’ils ont cessé d’être interdits. Même s’ils sont poussés à l’extrême et s’ils sont renouvelés indéfiniment, ils restent insipides parce qu’ils sont des choses finies, et nous, au contraire, nous avons soif d’infini» (Joseph Ratzinger, Auf Christus schauen. Einübung in Glaube, Hoffnung, Liebe, Freiburg 1989, p. 73). 

Dans ce contexte social et matrimonial très difficile, l’Église est appelée à vivre sa mission dans la fidélité, dans la vérité et dans la charité. Vivre sa mission dans la fidélité à son Maître comme une voix qui crie dans le désert, pour défendre l’amour fidèle, et encourager les très nombreuses familles qui vivent leur mariage comme un espace où se manifeste l’amour divin ; pour défendre la sacralité de la vie, de toute vie ; pour défendre l’unité et l’indissolubilité du lien conjugal comme signe de la grâce de Dieu et de la capacité de l’homme d’aimer sérieusement. 

L’Église est appelée à vivre sa mission dans la vérité qui ne change pas selon les modes passagères et les opinions dominantes. La vérité qui protège l’homme et l’humanité des tentations de l’autoréférentialité et de la transformation de l’amour fécond en égoïsme stérile, l’union fidèle en liens passagers. « Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible d’être arbitrairement rempli. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour dans une culture sans vérité» (Benoît XVI, Enc. Caritas in veritate, n. 3). 

Et l’Église est appelée à vivre sa mission dans la charité qui ne pointe pas du doigt pour juger les autres, mais – fidèle à sa nature de mère – se sent le devoir de chercher et de soigner les couples blessés avec l’huile de l’accueil et de la miséricorde ; d’être ‘’hôpital de campagne’’ aux portes ouvertes pour accueillir quiconque frappe pour demander aide et soutien ; de plus, de sortir de son propre enclos vers les autres avec un amour vrai, pour marcher avec l’humanité blessée, pour l’inclure et la conduire à la source de salut. 

Une Église qui enseigne et défend les valeurs fondamentales, sans oublier que « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat » (Mc 2, 27) ; et que Jésus a dit aussi : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mc 2, 17). Une Église qui éduque à l’amour authentique, capable de tirer de la solitude, sans oublier sa mission de bon samaritain de l’humanité blessée

Je me souviens de Saint Jean Paul II quand il disait : « L’erreur et le mal doivent toujours être condamnés et combattus ; mais l’homme qui tombe ou se trompe doit être compris et aimé […] Nous devons aimer notre temps et aider l’homme de notre temps » (Discours à l’Action Catholique Italienne, 30 décembre 1978 : Insegnamenti I [1978], 450). Et l’Église doit le chercher, l’accueillir et l’accompagner, parce qu’une Église aux portes closes se trahit elle-même et trahit sa mission, et au lieu d’être un pont devient une barrière : « Celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, doivent tous avoir la même origine ; pour cette raison, Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères » (He 2, 11). 

Dans cet esprit demandons au Seigneur de nous accompagner dans le Synode et de guider son Église, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de Saint Joseph, son très chaste époux.

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dimanche, 04 octobre 2015 | Lien permanent | Commentaires (2)

Le Synode accouche d'un message en demi-teinte ...

6a00d83451619c69e2013488693ca1970c-800wi.jpg ... mais annonce une initiative médiatique (Citadelle des Médias)

Cela montre que la clef réside non pas dans la luttre contre l'islam, mais dans l'engagement positif en faveur de l'évangélisation.

Un observateur attentif des débats a relevé le manque de souffle du message, sans aucun doute à cause de la peur que les patriarches et les évêques éprouvent face aux régimes islamiques. C'est au niveau politique que cela coince et les conflits viennent non pas de la religion mais d'une mauvaise politique. Le fait que les chrétiens tapent sur Israël démontre ou dévoile leurs craintes, car ils ne risquent pas grand chose dans cette revendication.

Le Message ne reflète pas ce Synode

Par contre, bien des Pères tiennent un tout autre discours en privé, sur les persécutions, parfois effroyables, terribles et sanglantes. Certains ne pourraient tout simplement pas retourner chez eux s'ils parlaient trop clairement. Les services secrets règnent tout simplement dans les alentours... Aussi, le contenu des discussions durant ces deux semaines est d'une toute autre envergure; la tenue même du Synode est déjà un grand don. Les patriarches et les évêques ont beaucoup reçus et ce message n'est pas un bon reflet de la qualité du Synode.

Cette situation se reflète dans ce message qui est très consensuel, car il y a clairement de tendances  dans l'assemblée du Synode, et le message est très, voir trop, diplomatique. Comme un confrère l'a exprimé, les Pères du Synode ne sont parfois pas assez proches de leur peuple et en ce sens ils doivent changer, se convertir. 

Attendre le Message du Pape

sinodo32.jpgSans doute que l'exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI aura un autre contenu; les prélats du Saint-Siège (dicastères) sont souvent bien plus libres et parfois un peu plus éclairants. Rome est un phare.

Enfin, le Pape a parlé du Synode comme une polyphonie de la foi unique.

1. Les propositions

2. Synode des évêques du Moyen-Orient : Message au peuple de Dieu

Le 23 octobre 2010  Au cours de la Quatorzième Congrégation générale d’hier après-midi, vendredi 22 octobre 2010, les Pères synodaux ont approuvé le Nuntius , le Message au Peuple de Dieu en conclusion de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques.

Nous publions ci-dessous la version française du texte intégral (rédigé en arabe, français, italien et anglais):


« La multitude de ceux qui devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme »



À nos frères les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, à toutes les personnes consacrées, à tous nos bien-aimés fidèles laïcs et à toute personne de bonne volonté.

Introduction

1. La grâce de Jésus Notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soit avec vous.

Le Synode des Évêques pour le Moyen-Orient a été pour nous une nouvelle Pentecôte. « La Pentecôte est l’événement originaire, mais est aussi un dynamisme permanent. Le Synode des Évêques est un moment privilégié dans lequel peut se rénover le chemin de l’Église et la grâce de la Pentecôte » (Benoît XVI, Homélie de la Messe d’ouverture du Synode, 10.10.2010).

Nous sommes venus à Rome, nous les patriarches et les évêques des Églises catholiques en Orient, avec tous nos patrimoines spirituels, liturgiques, culturels et canoniques, portant dans nos cœurs les soucis de nos peuples et leurs attentes.

Pour la première fois, nous nous sommes réunis en Synode autour de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, avec les Cardinaux et les Archevêques responsables des Dicastères romains, les Présidents des Conférences épiscopales du monde qui sont concernées par les questions du Moyen-Orient, et des représentants des Églises Orthodoxes et communautés évangéliques, et des invités juifs et musulmans.

Nous exprimons à sa Sainteté Benoît XVI notre gratitude pour sa sollicitude et ses enseignements illuminant la marche de l’Église en général et celle de nos Églises orientales en particulier, surtout pour la question de la justice et de la paix. Nous remercions les Conférences épiscopales pour leur solidarité, leur présence parmi nous lors de leur pèlerinage aux Lieux saints et leur visite à nos communautés. Nous les remercions pour leur accompagnement de nos Églises dans les différents aspects de notre vie. Nous remercions les Organisations d’Église qui nous soutiennent par leur aide efficace.

Nous avons réfléchi ensemble, à la lumière de l’Écriture Sainte et de la Tradition vivante, sur le présent et l’avenir des chrétiens et des peuples du Moyen-Orient. Nous avons médité sur les questions de cette région du monde que Dieu a voulu, dans le mystère de son amour, être le berceau de son plan universel du salut. De là, en effet, partit la vocation d’Abraham. Là, le Verbe de Dieu, Jésus-Christ, s’est incarné de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint. Là, Jésus proclama l’Évangile de la vie et du Royaume. Là, il mourut pour racheter le genre humain et le libérer du péché. Là, il ressuscita d’entre les morts pour donner la vie nouvelle à tout homme. Là, naquit l’Église et c’est de là qu’elle partit proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.

Le but premier du Synode est d’ordre pastoral, aussi avons-nous porté dans nos cœurs la vie, les souffrances et les espérances de nos peuples et les défis qu’ils ont à affronter chaque jour avec la « grâce de l’Esprit-Saint et son amour répandus en nos cœurs » (Rm 5, 5). C’est pourquoi nous vous adressons ce message, bien-aimés frères et sœurs, et nous voulons qu’il soit un appel à la fermeté dans la foi, fondée sur la Parole de Dieu, à la collaboration dans l’unité et à la communion dans le témoignage de l’amour, dans tous les domaines de la vie.

I. L’Église au Moyen-Orient: communion et témoignage à travers l’histoire

Cheminement de la foi en Orient

2. En Orient est née la première communauté chrétienne. De l’Orient partirent les Apôtres après la Pentecôte pour évangéliser le monde entier. Là, a vécu la première communauté chrétienne au milieu des tensions et des persécutions, « [assidue] à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42), et personne n’était dans le besoin. Là, les premiers martyrs ont arrosé par leur sang les fondations de l’Église naissante. À leur suite, les anachorètes ont rempli les déserts du parfum de leur sainteté et de leur foi. Là vécurent les Pères de l’Église orientale qui continuent à nourrir par leurs enseignements l’Église d’Orient et d’Occident. De nos Églises partirent, aux premiers siècles et aux siècles suivants, les missionnaires vers l’Extrême-Orient et vers l’Occident portant la lumière du Christ. Nous en sommes les héritiers et nous devons continuer à transmettre leur message aux générations futures.

Nos Églises n’ont pas cessé de donner des saints, des prêtres, des consacrés, et de servir d’une façon efficace dans les nombreuses institutions, contribuant à la construction de nos sociétés et de nos pays, se sacrifiant pour tout homme, créé à l’image de Dieu et porteur de son image. Certaines de nos Églises ne cessent aujourd’hui encore d’envoyer des missionnaires, porteurs de la parole du Christ dans les différents coins du monde. Le travail pastoral, apostolique et missionnaire nous demande aujourd’hui de penser à une pastorale pour promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses et assurer l’Église de demain.

Nous nous trouvons aujourd’hui devant un tournant historique : Dieu qui nous a donné la foi dans notre Orient, depuis 2.000 ans, nous appelle à persévérer avec courage, assiduité et force à porter le message du Christ et à témoigner de son Évangile qui est un Évangile d’amour et de paix.

Défis et attentes

3.1. Nous sommes aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. Le premier vient de nous-mêmes et de nos Églises. Ce que le Christ nous demande c’est d’accepter notre foi et de la vivre en tout domaine de la vie. Ce qu’il demande à nos Églises c’est de renforcer la communion dans chaque Église sui iuris et entre les Églises catholiques de diverses traditions, de faire tout notre possible dans la prière et la charité pour atteindre l’unité de tous les chrétiens, et réaliser ainsi la prière du Christ : « Père, que tous soient un comme toi, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).

3.2. Le deuxième défi vient de l’extérieur, des conditions politiques et de sécurité dans nos pays ainsi que du pluralisme religieux.

Nous avons exploré ce qui concerne la situation sociale et la sécurité dans tous nos pays du Moyen-Orient. Nous avons eu conscience de l’impact du conflit israélo-palestinien sur toute la région, surtout sur le peuple palestinien, qui souffre des conséquences de l’occupation israélienne : le manque de liberté de mouvement, le mur de séparation et les barrières militaires, les prisonniers politiques, la démolition des maisons, la perturbation de la vie économique et sociale et les milliers de réfugiés. Nous avons aussi réfléchi sur la souffrance et l’insécurité dans lesquelles vivent les Israéliens. Nous avons médité sur la situation de la ville sainte de Jérusalem. Nous sommes préoccupés des initiatives unilatérales qui risquent de changer sa démographie et son statut. Face à tout cela, nous voyons qu’une paix juste et définitive est l’unique moyen de salut pour tous, pour le bien de la région et de ses peuples.

3.3. Nous avons réfléchi, dans nos réunions et nos prières, aux souffrances sanglantes du peuple irakien. Nous avons fait mémoire des chrétiens assassinés en Irak, des souffrances permanentes de l’Église de l’Irak et de ses fils déplacés et dispersés de par le monde, qui portent avec eux les soucis de leur terre et de leur patrie. Les Pères synodaux ont exprimé leur solidarité avec le peuple et les Églises en Irak et ont exprimé le vœu que les émigrés, forcés à quitter leur pays, puissent trouver là où ils arrivent les secours nécessaires, afin de pouvoir retourner dans leurs pays et y vivre en sécurité.

3.4. Nous avons réfléchi aux relations entre concitoyens, chrétiens et musulmans. Nous voudrions ici affirmer, dans notre vision chrétienne des choses, un principe primordial qui devrait gouverner ces relations : Dieu veut que nous soyons chrétiens dans et pour nos sociétés moyen-orientales. C’est le plan de Dieu sur nous, et c’est notre mission et notre vocation que de vivre ensemble chrétiens et musulmans. Nous nous comporterons dans ce domaine guidés par le commandement de l’amour et par la force de l’Esprit en nous.


Le deuxième principe qui gouverne ces relations est le fait que nous sommes une partie intégrante de nos sociétés. Notre mission, basée sur notre foi et notre devoir envers nos patries, nous oblige à contribuer à la construction de nos pays avec tous les citoyens, musulmans, juifs et chrétiens.

II. Communion et témoignage au sein des Églises catholiques du Moyen-Orient

Aux fidèles de nos Églises

4.1. Jésus nous dit: « Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde » (Mt 5, 13.14). Votre mission, bien-aimés fidèles, est d’être, par la foi, l’espérance et l’amour, dans vos sociétés, comme le « sel » qui donne saveur et sens à la vie, comme la « lumière » qui illumine les ténèbres par la vérité, et comme le « levain » qui transforme les cœurs et les intelligences. Les premiers chrétiens à Jérusalem étaient peu nombreux. Ils ont pu malgré cela porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, avec la grâce du « Seigneur qui agissait avec eux et qui confirmait leur Parole par les signes » (Mc 16, 20).

4.2. Nous vous saluons, chrétiens du Moyen-Orient, et nous vous remercions pour tout ce que vous avez réalisé dans vos familles et vos sociétés, dans vos Églises et vos nations. Nous saluons votre persévérance dans les difficultés, les peines et les angoisses.

4.3. Chers prêtres, nos collaborateurs dans la mission catéchétique, liturgique et pastorale, nous vous renouvelons notre amitié et notre confiance. Continuez à transmettre à vos fidèles, avec zèle et persévérance, l’Évangile de la vie et la Tradition de l'Église, par le moyen de la prédication, de la catéchèse, de la direction spirituelle et du bon exemple. Consolidez la foi du Peuple de Dieu pour qu’elle se transforme en une civilisation de l’amour. Prodiguez-lui les sacrements de l’Église pour qu’il aspire au renouvellement de sa vie. Rassemblez-le dans l’unité et la charité par le don de l'Esprit Saint.

Chers religieux, religieuses et consacrés dans le monde, nous vous exprimons notre gratitude, et avec vous nous remercions Dieu pour le don des conseils évangéliques - de la chasteté consacrée, de la pauvreté et de l’obéissance – avec lesquels vous avez fait le don de vous-mêmes, à la suite du Christ, auquel vous désirez témoigner votre amour de prédilection. Grâce à vos initiatives apostoliques diversifiées, vous êtes le vrai trésor et la richesse de nos Églises et un oasis spirituel dans nos paroisses, nos diocèses et nos missions.

Nous nous unissons en esprit aux ermites, aux moines et aux moniales qui ont consacré leur vie à la prière dans les monastères contemplatifs, sanctifiant les heures du jour et de la nuit, portant dans leurs prières les soucis et les besoins de l’Église. Vous offrez au monde, par le témoignage de votre vie, un signe d'espérance.

4.4. Nous vous exprimons, fidèles laïcs, notre estime et notre amitié. Nous apprécions tout ce que vous faites pour vos familles et vos sociétés, vos Églises et vos patries. Restez fermes au milieu des épreuves et des difficultés. Nous sommes remplis de gratitude envers le Seigneur pour les charismes et les talents dont il vous a comblés, et avec lesquels vous participez, par la force de votre baptême et de votre confirmation, au travail apostolique et à la mission de l’Église, imprégnant le domaine des choses temporelles avec l’esprit et les valeurs de l’Évangile. Nous vous invitons au témoignage d'une vie chrétienne authentique, à une pratique religieuse consciente et aux bonnes mœurs. Ayez le courage de dire la vérité avec objectivité.


Vous les souffrants dans votre corps, votre âme et votre esprit, les opprimés, les expatriés, les persécutés, les prisonniers et les détenus, nous vous portons dans nos prières. Unissez vos souffrances à celles du Christ Rédempteur, et cherchez dans sa croix la patience et la force. Par le mérite de vos souffrances, vous obtenez pour le monde l'amour miséricordieux de Dieu.

Nous saluons chacune de nos familles chrétiennes, et nous regardons avec estime votre vocation et votre mission, comme cellule vivante de la société, école naturelle des vertus et des valeurs éthiques et humaines, et église domestique qui éduque à la prière et à la foi de génération en génération. Nous remercions les parents et les grands-parents pour l’éducation de leurs enfants et de leurs petits-enfants, à l’exemple de l'Enfant-Jésus qui « grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Nous nous engageons à protéger la famille par une pastorale familiale, grâce à des cours de préparation au mariage, et aux centres d’accueil et de consultation, ouverts à tous et surtout aux couples en difficulté, et par nos revendications des droits fondamentaux de la famille.

Nous nous adressons d’une manière spéciale aux femmes. Nous exprimons notre estime pour ce que vous êtes dans les divers états de votre vie : comme jeunes filles, mères, éducatrices, consacrées et travaillant dans la vie publique. Nous vous rendons hommage, car vous protégez la vie humaine depuis son début, lui offrant soin et affection. Dieu vous a donné une sensibilité particulière pour tout ce qui se rapporte à l’éducation, au travail humanitaire et à la vie apostolique. Nous rendons grâce à Dieu pour vos activités et nous aspirons à ce que vous exerciez une plus grande responsabilité dans la vie publique.

Nous vous regardons avec amitié, jeunes gens et jeunes filles, comme l’a fait le Christ avec le jeune homme dans l’Évangile (cf. Mc 10, 21). Vous êtes l'avenir de nos Églises, de nos communautés, de nos pays, leur potentiel et leur force rénovatrice. Faites le projet de votre vie sous le regard aimant du Christ. Soyez des citoyens responsables et des croyants sincères. L'Église se joint à vous dans vos soucis pour trouver un travail en fonction de vos compétences, ce qui contribuera à stimuler votre créativité, et à assurer l'avenir et la formation d'une famille croyante. Surmontez la tentation du matérialisme et du consumérisme. Soyez fermes dans vos valeurs chrétiennes.

Nous saluons les chefs des établissements d’éducation catholiques. Dans l’enseignement et l’éducation recherchez l’excellence et l’esprit chrétien. Ayez pour but de consolider la culture de la convivialité, le souci des pauvres et de ceux qui souffrent de handicaps. Malgré les défis et les difficultés dont souffrent vos institutions, nous vous invitons à les maintenir pour assurer la mission éducatrice de l'Église, et à promouvoir le développement et le bien de nos sociétés.

Nous nous adressons avec grande estime à ceux qui travaillent dans le secteur social. Dans vos institutions vous êtes au service de la charité. Nous vous encourageons et soutenons dans cette mission de développement, guidée par le riche enseignement social de l’Église. Par votre travail, vous renforcez les liens de fraternité entre les hommes, en servant les pauvres, les marginalisés, les malades, les réfugiés et les prisonniers, sans discrimination. Vous êtes guidés par la parole du Seigneur Jésus : « Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25, 40).

Nous regardons avec espoir les groupes de prière et les mouvements apostoliques. Ils sont des écoles d'approfondissement de la foi pour la vivre dans la famille et la société. Nous apprécions leurs activités dans les paroisses et les diocèses et leur soutien aux pasteurs en conformité avec les directives de l'Église. Nous remercions Dieu pour ces groupes et ces mouvements, cellules actives dans la paroisse et pépinières pour les vocations sacerdotales et religieuses.

Nous apprécions le rôle des moyens de communication écrite et audio-visuelle. Nous vous remercions, vous les journalistes, pour votre collaboration avec l'Église dans la diffusion de ses enseignements et dans ses activités, et en ces jours pour avoir couvert les nouvelles de l'Assemblée du Synode sur le Moyen-Orient dans toutes les parties du monde.

Nous nous félicitons de la contribution des médias internationaux et catholiques. Pour le Moyen-Orient, mérite une mention particulière le canal de Télé Lumière-Noursat. Nous espérons qu’il puisse continuer son service d’information et de formation à la foi, son travail pour l’unité chrétienne, la consolidation de la présence chrétienne en Orient, le renforcement du dialogue interreligieux, et la communion entre les Orientaux répandus dans tous les continents.

À nos fidèles dans la diaspora

5. L’émigration est devenue un phénomène général. Le chrétien, le musulman et le juif émigrent, et pour les mêmes causes provenant de l’instabilité politique et économique. En outre, le chrétien commence à se sentir dans l’insécurité, bien qu’à des degrés divers, dans les pays du Moyen-Orient. Que les chrétiens aient confiance dans l’avenir et continuent à vivre dans leurs chers pays.

Nous vous saluons, bien-aimés fidèles, dans vos différents pays de la diaspora. Nous demandons à Dieu de vous bénir. Nous vous demandons de garder le souvenir de vos patries et de vos Églises vivant dans vos cœurs et vos préoccupations. Vous pouvez contribuer à leur évolution et à leur croissance par vos prières, votre pensée, vos visites, et par divers moyens, même si vous en êtes loin.

Gardez les biens et les terres que vous avez dans la patrie, ne vous hâtez pas à les abandonner et à les vendre. Gardez-les comme patrimoine pour vous et comme un morceau de la patrie à laquelle vous restez attachés, que vous aimez et soutenez. La terre fait partie de l’identité de la personne et de sa mission ; elle est un espace vital pour ceux qui y restent et pour ceux qui, un jour, y retourneront. La terre est un bien public, un bien de la communauté, un patrimoine commun. Elle ne saurait être réduite à des intérêts individuels, de la part de celui qui la possède et qui seul décide à son gré de la garder ou de l’abandonner.

Nous vous accompagnons de nos prières, vous les enfants de nos Églises et de nos pays, forcés à émigrer. Portez avec vous votre foi, votre culture et votre patrimoine, afin d’enrichir vos nouvelles patries qui vous procurent paix, liberté et travail. Regardez l’avenir avec confiance et joie. Restez toujours attachés à vos valeurs spirituelles, à vos traditions culturelles et à votre patrimoine national, afin d’offrir aux pays qui vous ont accueillis le meilleur de vous-mêmes et le meilleur de ce que vous avez. Nous remercions les Églises des pays de la diaspora qui ont accueilli nos fidèles et qui ne cessent de collaborer avec nous pour leur assurer le service pastoral nécessaire.

Aux migrants dans nos pays et nos Églises

6. Nous saluons tous les immigrés, de diverses nationalités, venus dans nos pays pour raison de travail.

Nous vous accueillons, bien-aimés fidèles, et nous voyons en votre foi un enrichissement et un soutien à la foi de nos fidèles. C’est avec joie que nous vous procurerons toute l’aide spirituelle dont vous avez besoin.

Nous demandons à nos Églises de prêter une attention spéciale à ces frères et sœurs et à leurs difficultés, quelle que soit leur religion, surtout lorsqu’ils sont exposés à des atteintes à leurs droits et à leur dignité. Car ils viennent chez nous non seulement pour trouver les moyens de vivre, mais aussi pour procurer des services dont nos pays ont besoin. Ils tiennent leur dignité de Dieu et, comme toute personne humaine, ils ont des droits qu’il faut respecter. Il n’est permis à personne d’y porter atteinte. C’est pourquoi nous invitons les gouvernements des pays d’accueil à respecter et à défendre leurs droits.

III. Communion et témoignage avec les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques au Moyen-Orient

7. Nous saluons les Églises orthodoxes et les Communautés évangéliques en nos pays. Ensemble nous travaillons pour le bien des chrétiens, pour qu’ils restent, croissent et prospèrent. Nous sommes sur la même route. Nos défis sont les mêmes et notre avenir est le même. Nous voulons porter ensemble le témoignage comme disciples du Christ. C’est uniquement par notre unité que nous pouvons accomplir la mission que Dieu nous a confiée à tous, malgré la diversité de nos Églises. La prière du Christ est notre soutien, et c’est le commandement de l’amour qui nous unit, même si la route vers la pleine communion reste encore longue devant nous.

Nous avons marché ensemble dans le Conseil des Églises du Moyen-Orient, et nous voulons continuer cette marche avec la grâce de Dieu et promouvoir son action, ayant comme but ultime le témoignage commun à notre foi, le service de nos fidèles et de tous nos pays. Nous saluons et nous encourageons toutes les instances de dialogue œcuménique dans chacun de nos pays.

Nous exprimons notre gratitude au Conseil Œcuménique des Églises et aux diverses organisations œcuméniques qui travaillent pour l’unité des Églises et pour leur soutien.

IV. Coopération et dialogue avec nos concitoyens juifs

8. La même Écriture Sainte nous unit, l’Ancien Testament, qui est la Parole de Dieu à vous et à nous. Nous croyons en tout ce que Dieu y a révélé, depuis qu’il a appelé Abraham, notre père commun dans la foi, père des juifs, des chrétiens et des musulmans. Nous croyons dans les promesses de Dieu et son alliance données à lui et à vous. Nous croyons que la Parole de Dieu est éternelle.

Le Concile Vatican II a publié le document Nostra aetate, concernant le dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l’islam et les autres religions. D’autres documents ont précisé et développé par la suite les relations avec le judaïsme. Il y a d’autre part un dialogue continu entre l’Église et des représentants du judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays.

Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Tout deux sommes interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu « qui parle de paix » : « J’écoute. Que dit Dieu ? Ce que Dieu dit c’est la paix pour son peuple et ses amis » (Ps 85, 9). Il n’est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l’autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c’est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous.

V. Coopération et dialogue avec nos concitoyens musulmans

9. Nous sommes unis par la foi en un Dieu unique et par le commandement qui dit : fais le bien et évite le mal. Les paroles du Concile Vatican II sur les rapports avec les religions posent les bases des relations entre l’Église catholique et les musulmans : « L’Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant […] miséricordieux et tout-puissant, qui a parlé aux hommes » (Nostra aetate 3).

Nous disons à nos concitoyens musulmans : nous sommes frères et Dieu nous veut ensemble, unis dans la foi en Dieu et par le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ensemble, nous construirons nos sociétés civiles sur la citoyenneté, la liberté religieuse et la liberté de conscience. Ensemble, nous travaillerons pour promouvoir la justice, la paix, les droits de l’homme et les valeurs de la vie et de la famille. Notre responsabilité est commune dans la construction de nos patries. Nous voulons offrir à l’Orient et à l’Occident un modèle de convivialité entre les différentes religions et de collaboration positive entre les diverses civilisations, pour le bien de nos patries et celui de toute l’humanité.

Depuis la parution de l’islam au VIIe siècle et jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu ensemble, et nous avons collaboré à la création de notre civilisation commune. Il est arrivé par le passé, comme cela arrive aujourd’hui encore, quelques déséquilibres dans nos rapports. Par le dialogue, nous devons écarter tout déséquilibre ou malentendu. Le Pape Benoît XVI nous dit que notre dialogue ne peut pas être une réalité passagère. Il est plutôt une nécessité vitale dont dépend notre avenir. (cf. Discours aux représentants des communautés musulmanes à Cologne, 20.8.2005). Il est donc de notre devoir d’éduquer les croyants au dialogue interreligieux, à l’acceptation du pluralisme, au respect et à l’estime réciproques.

VI. Notre participation à la vie publique : appels aux gouvernements et aux responsables politiques de nos pays

10. Nous apprécions les efforts que vous déployez pour le bien commun et le service de nos sociétés. Nous vous accompagnons de nos prières et nous demandons à Dieu de guider vos pas. Nous nous adressons à vous au sujet de l’importance de l’égalité entre les citoyens. Les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s’acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu’ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte, de la liberté dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement et dans l’usage des moyens de communication.

Nous vous demandons de redoubler d’efforts que vous déployez pour établir une paix juste et durable dans toute la région, et pour arrêter la course à l’armement, ce qui mènera à la sécurité et à la prospérité économique, arrêtera l’hémorragie de l’émigration qui vide nos pays de ses forces vives. La paix est un don précieux que Dieu a confié aux hommes et ce sont les « artisans de paix qui seront appelés les fils de Dieu » (Mt 5, 9).

VII. Appel à la communauté internationale

11. Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l’O.N.U., pour qu’elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l’application des résolutions du Conseil de Sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l’occupation des différents territoires arabes.

Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L’État d’Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux États devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve.

L’Irak pourra mettre fin aux conséquences de la guerre meurtrière et rétablir la sécurité qui protègera tous ses citoyens avec toutes leurs composantes sociales, religieuses et nationales.

Le Liban pourra jouir de sa souveraineté sur tout son territoire, fortifier son unité nationale et continuer sa vocation à être le modèle de la convivialité entre chrétiens et musulmans, par le dialogue des cultures et des religions et la promotion des libertés publiques.

Nous condamnons la violence et le terrorisme d’où qu’ils viennent et tout extrémisme religieux. Nous condamnons toute forme de racisme, l’antisémitisme, l’antichristianisme et l’islamophobie, et nous appelons les religions à assumer leurs responsabilités dans la promotion du dialogue des cultures et des civilisations dans notre région et dans le monde entier.

Conclusion: Continuer à témoigner de la vie divine qui nous est apparue dans la personne de Jésus

12. En conclusion, Frères et Sœurs, nous vous disons avec l’apôtre Saint Jean dans sa première épître : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie - car la vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1, 1-3).

Cette Vie divine qui s’est manifestée aux apôtres il y a deux mille ans dans la personne de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, de laquelle l’Église a vécu et à laquelle elle a témoigné au cours de son histoire, demeurera toujours la vie de nos Églises au Moyen-Orient et l’objet de notre témoignage.

Soutenus par la promesse du Seigneur : « voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20), nous poursuivrons ensemble notre chemin dans l’espérance, « et l’espérance ne déçoit pas parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

Nous confessons que nous n’avons pas fait, jusqu’à maintenant, tout notre possible pour mieux vivre la communion entre nos communautés. Nous n’avons pas suffisamment fait pour vous confirmer dans la foi et vous donner la nourriture spirituelle dont vous avez besoin dans vos difficultés. Le Seigneur nous invite à une conversion personnelle et collective.

Aujourd’hui, nous retournons à vous pleins d’espoir, de force et de détermination, portant avec nous le message du Synode et ses recommandations, afin de les étudier ensemble et de les appliquer dans nos Églises, chacun selon son état. Nous espérons aussi que ce nouvel effort soit œcuménique.

Nous vous adressons cet humble et sincère appel afin qu’ensemble nous commencions un chemin de conversion, pour nous laisser renouveler par la grâce de l’Esprit-Saint et revenir à Dieu.

À la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église et Reine de la paix, sous la protection de laquelle nous avons mis nos travaux synodaux, nous confions notre marche vers de nouveaux horizons chrétiens et humains, dans la foi au Christ et par la force de sa parole : « voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).

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samedi, 23 octobre 2010 | Lien permanent

Communication du Synode sur la famille: le bulletin de salle de presse n'est plus traduit

Unknown.jpegAu cours du temps, la communication des débats des Synodes a passablement varié. 

Depuis le dernier Synode de 2014, il n'y a plus les interventions des pères synodaux traduites dans le bulletin quotidien de la salle de presse. Désormais, on ne retrouve que l'italien et non plus le français, l'espagnol, ou l'anglais.

Synode pour la famille: "donnez-nous aujourd'hui notre bulletin quotidien", c'est fini !

Par le passé, chaque père pouvait remettre le tout ou une partie de ses propos, selon son libre choix. Un service de traduction était organisé afin de remettre aux journalistes toutes les informations dont ils avaient besoin pour couvrir le Synode. 

Désormais, ce sont les briefings des attachés de presse du Synode pour les journalistes et les conférences de presse des pères synodaux qui seront en quelque sorte les deux "mamelles" nourrissantes (avec les cercles mineurs, lieu de débat, mais à voir comment seront-ils résumés)

« le synode n’est pas un parlement, mais un espace protégé permettant à l’Esprit Saint d’agir »

Pape François

Le désavantage de ce choix: une intervention de quelques pères synodaux en conférence de presse, majorée, peut ne pas refléter du tout la teneur des débats (lien: pour Romilda Ferrauto ...)

Le secrétariat du Synode, qui est souverain en matière de communication du Synode (la salle de presse et la secrétairerie d'Etat n'interviennent pas), n'a pas l'air de saisir vraiment la portée de la fermeture de ce canal:

"Etant donné le bon fonctionnement de la communication et de l'information des médias au cours de la dernière assemblée générale extraordinaire, on suivra la même méthode (sic!)"

conférence de presse pour l'ouverture du Synode 2015, Cardinal Baldisseri

Lorsqu'on connait justement la part d'interprétation et le framing inhérents au fonctionnement des médias, il ne reste plus qu'à espérer que le chaos de l'an passé ne se reproduise pas.

Le pape François avait regretté que les médias aient parfois présenté les discussions du synode de 2014 comme des « chroniques sportives et politiques »« On a souvent parlé de deux équipes, des conservateurs et des progressistes », s’était-il étonné. Il n’y a « pas eu d’affrontement entre factions ». 

Les cercles mineurs, lieux de débats, seront médiatisés 

Le Cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire général du Synode, a expliqué ce lundi matin (premier jour) quelles étaient les modalités de cette Assemblée, du temps mis à disposition pour l'intervention des Pères dans la salle, au large espace consacré aux cercles mineurs où le débat sera plus intense (ndlr: ils seront rendus public), de même que l'importance accordée aux interventions des conjoints et les rapports des participants au Synode avec les médias. 

(source VIS, vatican information service)

framing: toute communication fonctionne avec ce principe. Si vous participez à un match de foot, vous allez sélectionner quelques actions. En ce sens, l'objectivité est impossible en communication, car elle nécessite la rediffusion intégrale. 

Les médias mainstreams se focalisent sur le débat conservateurs-progressistes, sur l'homosexualité, le divorce et la communion aux personnes divorcées remariées. D'autres aspects sont laissés dans l'ombre. 

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lundi, 05 octobre 2015 | Lien permanent | Commentaires (2)

Synode sur la famille: le rapport de l'institut de Saint-Gall

4133353070.gifSynode sur la famille: l'institut de Saint-Gall

Est-ce qu'un diagnostic, ou un sondage partiel et orienté, peut-il être un rapport pastoral et théologique ?

Pour le second synode sur la famille du mois d'octobre, l'étude sociologique, ou le sondage effectué par l'institut de Saint-Gall est curieusement devenu le rapport suisse envoyé à Rome. 

Golias n'a pas manqué de s'en réjouir. 

stamp-600602__180.jpgUn constat émerge: les tenants du mariage homosexuel, du mariage pour tous, occupent le devant de la scène médiatique, reléguant les catholiques favorables au mariage sacramentel (union naturelle et rationnelle) entre un homme et une femme, au rang de traditionalistes, de conservateurs, de réactionnaires, voir d'homophobes.

C'est le "frame", la case dans laquelle ils doivent être placés. Ces adjectifs sont comme des timbres ou des marques. Cela fait office de tampon. 

D'où l'expression mariage on famille traditionnels. Hors, le mariage est étymologiquement et ontologiquement une union entre un homme et une femme. 

Suisse: le Tribunal Fédéral promeut le droit de l'enfant

Cependant, afin de promouvoir avec force le droit de l'enfant, le Tribunal Fédéral n'a pas accepté la demande de deux "papas".

On peut dire tout et son contraire, utilisés des techniques tels que la GPA ou la PMA, un fait demeure incontournable:  tous les êtres humains naissent d'un papa et d'une maman. L'enfant a le droit de connaître ses parents et de grandir avec eux (au sens de co-naître, soit avec). 

Lausanne: Le Tribunal fédéral (TF) a annulé un jugement qui avait permis à deux hommes pacsés d'être les pères d'un enfant né en 2011 par procréation assistée. Seule la filiation avec le père biologique peut être reconnue par le droit suisse. Le Temps

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vendredi, 22 mai 2015 | Lien permanent | Commentaires (2)

Synode: ”l'espérance de la famille”, livre sous forme de dialogue avec le Cardinal Müller

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Le Cardinal Müller: livre "L'espérance de la famille"

La Bibliothèque des auteurs chrétiens  (BAC)  vient de publier “L’espérance de la famille”, un petit livre sous forme de dialogue avec  le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Cardinal Gerhard-Ludwing Müller.

Dans le livre, une longue interview du cardinal par le directeur général de la BAC, P. Carlos Granados, le mois de juin dernier à Rome.  Le texte, revu par le cardinal Müller lui-même, revêt un intérêt particulier en ce moment, à quelques mois des deux synodes sur la famille; le premier, de caractère extraordinaire, convoqué par le pape François,  aura lieu du 5 au  19 octobre 2014,  sur le thème « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation » .

Suite Aleteia

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jeudi, 17 juillet 2014 | Lien permanent | Commentaires (1)

Synode sur la famille: un rapport de l'institut pastoral de Saint-Gall

logo_spi.gifSPI - Institut suisse de sociologie pastorale

Le rapport de la Conférence des Évêques Suisses pour la synode des évêques 2015

Entre janvier et mars 2015 la Conférence des Évêques Suisses a demandé à tous les fidèles de la Suisse de mettre en œuvre des discussions synodales portant sur les sujets « couples, mariage et famille ». L’enquête a suscité un grand intérêt. Plus que 6'000 personnes ont participé aux discussions et nous avons reçu plus de 570 rapports.

Depuis, le rapport synthétique de la Suisse a été achevé et envoyé au secrétariat du synode à Rome. C’est là que tous les rapports du monde seront collectés et condensés pour soutenir le travail du synode des évêques qui se tiendra en octobre 2015.

Vous pouvez consulter le rapport Suisse en allemand, français ou italien sur le site internet suivant : 

Rapport de l'Institut de pastorale de Saint-Gall pour la Synode des Évêques 2015

Communiqué aux médias

SYNODE SUR LA FAMILLE : LE CARDINAL ERDÖ MET EN GARDE CONTRE LES PRESSIONS “SANS LÉGITIMITÉ THÉOLOGIQUE“ QUI DIVISENT L’EGLISE

Vatican - le 08/05/2015 | Par Agence I.Media

“Une pression sans légitimité théologique ne fera que causer une division ultérieure dans l’Eglise“. C’est la mise en garde qu’a faite le cardinal hongrois Peter Erdö, le 8 mai 2015 devant la presse, à propos des réponses aux questionnaires du Vatican publiées par certaines conférences épiscopales européennes en vue de préparer le synode d’octobre 2015.

Ces 46 questions avaient été envoyées par Rome aux conférences épiscopales du monde entier, en décembre dernier.

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samedi, 09 mai 2015 | Lien permanent

Premier discours du Pape François

1001015_562410993798355_2079179688_n.jpgExtrait

Cérémonie de bienvenue dans le Jardin du Palais Guanabara (Rio de Janeiro, 22 juillet 2013) 

La cadeau du Christ

... J'ai appris que pour avoir accès au peuple brésilien, il fallait entrer par la porte de son coeur immense: qu'il me soit donc permis aujourd'hui de frapper délicatement à cette porte. Je demande la permission d'entrer et de passer cette semaine avec vous, Je n'ai ni or, ni argent, mais je vous apporte ce qui m'a été donné de plus précieux: Jésus Christ ! 

La pupille de nos yeux

...Il n'est pas rare chez vous d'entendre les parents dire: "les enfants sont la pupille de nos yeux". Comme elle est belle cette expression de la sagesse brésilienne qui appliquent aux jeunes l'image de la pupille des yeux, la fenêtre à travers laquelle la lumière entre en nous et nous offre le miracle de la vision ! Qu'en sera-t-il de nous si nous ne prenons pas soin de nos yeux ? Comment pourrons-nous avancer ? Mon souhait est que durant cette semaine, chacun de nous se laisse interpeler par cette question provocatrice. 

Notre Dame d'Aparecida

...En ce moment, les bras du Pape s'élargissent pour embrasser toute la nation brésilienne, dans sa richesse humaine, culturelle et religieuse complexe. De l'Amazonie à la pampa, des régions arides au Pantanal, des petits villages aux métropoles, que personne ne se sente exclu de l'affection du Pape. Après demain, s'il plaît à Dieu, j'ai l'intention de vous recommander tous à Nossa Senhora Aparecida, en invoquant sa maternelle protection sur vos maisons et vos familles. En attendant, je vous bénis tous. Merci pour l'accueil. 

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Discours du Pape à la Synagogue

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ROME, Lundi 18 janvier 2010 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé dimanche 17 janvier, lors de sa visite à la synagogue de Rome, en présence de la communauté juive de la ville et de nombreux invités.
« Merveilles que fit pour eux Yahvé ! Merveilles que fit pour nous Yahvé, nous étions dans la joie » (Ps 126)

« Voyez ! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble ! » (Ps 133)

Monsieur le grand rabbin de la communauté juive de Rome,

Monsieur le président de l'Union des communautés juives italiennes,

Monsieur le président de la communauté juive de Rome,

Messieurs les rabbins,

Eminentes autorités,

Chers amis et frères,

1. Au début de la rencontre dans le Grand Temple des juifs de Rome, les psaumes que nous avons écoutés nous suggèrent l'attitude spirituelle la plus authentique pour vivre ce moment de grâce particulier et joyeux : la louange au Seigneur, qui a fait de grandes choses pour nous, nous a ici rassemblés avec son Hèsed, l'amour miséricordieux, et l'action de grâce pour nous avoir fait le don de nous retrouver ensemble pour rendre plus solides les liens qui nous unissent et continuer à parcourir la route de la réconciliation et de la fraternité. Je désire tout d'abord exprimer ma vive gratitude à vous, M. le grand rabbin Riccardo Di Segni, pour l'invitation que vous m'avez faite et pour les paroles chargées de sens que vous m'avez adressées. Je remercie ensuite les présidents de l'Union des communautés juives italiennes, M. Renzo Gattegna, et de la communauté juive de Rome, M. Riccardo Pacifici, pour les expressions courtoises qu'ils ont bien voulu m'adresser. Ma pensée va aux autorités et à toutes les personnes présentes et elle s'étend, de manière particulière, à la communauté juive romaine et à ceux qui ont collaboré pour rendre possible le moment de rencontre et d'amitié que nous sommes en train de vivre.

En venant pour la première fois parmi vous en tant que chrétien et en tant que Pape, il y a presque vingt-quatre ans, mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, voulut offrir une contribution décisive au renforcement des bonnes relations entre nos communautés, pour surmonter toute incompréhension et préjugé. Ma visite s'inscrit dans le chemin tracé, pour le confirmer et le renforcer. C'est avec des sentiments de vive cordialité que je me trouve parmi vous pour vous manifester l'estime et l'affection que l'évêque de Rome et l'Eglise de Rome, ainsi que toute l'Eglise catholique, nourrissent à l'égard de votre communauté et des communautés juives présentes dans le monde.

2. La doctrine du Concile Vatican II a représenté pour les catholiques un point de référence vers lequel se tourner constamment dans l'attitude et dans les rapports avec le peuple juif, marquant une étape nouvelle et significative. L'événement conciliaire a donné un élan décisif à l'engagement de parcourir un chemin irrévocable de dialogue, de fraternité et d'amitié, un chemin qui s'est approfondi et développé ces quarante dernières années avec des étapes et des gestes importants et significatifs, parmi lesquels je souhaite mentionner à nouveau la visite historique dans ce lieu, de mon vénérable prédécesseur, le 13 avril 1986, les nombreuses rencontres qu'il a eues avec des représentants juifs, notamment au cours des voyages apostoliques internationaux, le pèlerinage jubilaire en Terre Sainte en l'an 2000, les documents du Saint-Siège qui, après la Déclaration Nostra aetate, ont offert de précieuses orientations pour un développement positif dans les rapports entre catholiques et juifs. Moi aussi, pendant ces années de pontificat, j'ai voulu montrer ma proximité et mon affection envers le peuple de l'Alliance. Je conserve bien vivants dans mon cœur tous les moments du pèlerinage que j'ai eu la joie d'accomplir en Terre Sainte, au mois de mai de l'année dernière, ainsi que les nombreuses rencontres avec des communautés et des organisations juives, en particulier dans les synagogues de Cologne et de New York.

En outre, l'Eglise n'a pas manqué de déplorer les fautes de ses fils et de ses filles, en demandant pardon pour tout ce qui a pu favoriser d'une manière ou d'une autre les plaies de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme (cf. Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, Nous nous souvenons : une réflexion sur la Shoah, 16 mars 1998). Puissent ces plaies être guéries pour toujours ! Il me revient à l'esprit la prière pleine de tristesse au Mur du Temple à Jérusalem du Pape Jean-Paul II, le 26 mars 2000, qui résonne avec vérité et sincérité au plus profond de notre cœur : « Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples : nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l'histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l'Alliance ».

3. Le temps qui s'est écoulé nous permet de reconnaître dans le vingtième siècle une époque véritablement tragique pour l'humanité : des guerres sanglantes qui ont semé la destruction, la mort et la douleur comme jamais auparavant ; des idéologies terribles qui ont trouvé leur racine dans l'idolâtrie de l'homme, de la race, de l'Etat qui ont conduit une fois de plus un frère à tuer son frère. Le drame singulier et bouleversant de la Shoah représente en quelque sorte le sommet d'un chemin de haine qui naît lorsque l'homme oublie son Créateur et se met lui-même au centre de l'univers. Comme je l'ai dit lors de ma visite du 28 mai 2006 au camp de concentration d'Auschwitz, encore profondément inscrite dans ma mémoire, « les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif tout entier » et au fond « au moyen de l'anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d'orientation de l'humanité, qui demeurent éternellement valables » (Discours au camp d'Auschwitz-BirkenauInsegnamenti de Benoît XVI, II, [2006], p. 727).

Comment ne pas rappeler en ce lieu les juifs romains qui furent arrachés de ces maisons, devant ces murs, et dans un horrible massacre furent tués à Auschwitz ? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants ? L'extermination du peuple de l'Alliance de Moïse, d'abord annoncée puis systématiquement programmée et mise en œuvre en Europe sous la domination nazie, atteint également Rome en ce jour tragique. Malheureusement, beaucoup demeurèrent indifférents, mais beaucoup, également parmi les catholiques italiens, soutenus par la foi et l'enseignement chrétien, réagirent avec courage, en ouvrant les bras pour secourir les juifs traqués et en fuite, souvent au risque de leur propre vie, et méritant une gratitude éternelle. Le Siège apostolique également mena une action de secours, souvent cachée et discrète.

Le souvenir de ces événements doit nous pousser à renforcer les liens qui nous unissent pour que croissent toujours davantage la compréhension, le respect et l'accueil.

4. Notre proximité et notre fraternité spirituelles trouvent dans la Sainte Bible - en hébreu Sifre Qodesh ou « Livres de Sainteté » - le fondement le plus solide et le plus durable, sur la base duquel nous sommes constamment placés devant nos racines communes, devant l'histoire et le riche patrimoine spirituel que nous partageons. C'est en scrutant son propre mystère que l'Eglise, Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, découvre son lien profond avec les juifs, choisis les premiers entre tous par le Seigneur pour accueillir sa parole (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique, n. 839). « A la différence des autres religions non chrétiennes, la foi juive est déjà réponse à la révélation de Dieu dans l'Ancienne Alliance. C'est au peuple juif qu'"appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né, selon la chair, le Christ" (Rm 9, 4-5) car "les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance" (Rm 11, 29) » (Ibid.).

5. Nombreuses peuvent être les implications qui dérivent de l'héritage commun tiré de la Loi et des Prophètes. Je voudrais en rappeler certaines : tout d'abord, la solidarité qui lie l'Eglise et le peuple juif « au niveau même de leur identité » spirituelle et qui offre aux chrétiens l'opportunité de promouvoir « un respect renouvelé pour l'interprétation juive de l'Ancien Testament » (cf. Commission biblique pontificale, Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne, 2001, pp. 12 et 55) ; la place centrale du Décalogue comme message commun éthique de valeur éternelle pour Israël, l'Eglise, les non-croyants et l'humanité tout entière ; l'engagement pour préparer ou réaliser le Royaume du Très-Haut dans l'« attention pour la création » confiée par Dieu à l'homme pour la cultiver et la protéger de manière responsable (cf. Gn 2, 15).

6. En particulier le Décalogue - les « Dix Paroles » ou Dix Commandements (cf. Ex 20, 1-17 ; Dt 5, 1-21) - qui provient de la Torah de Moïse, constitue le flambeau de l'éthique, de l'espérance et du dialogue, étoile polaire de la foi et de la morale du peuple de Dieu, et il éclaire et guide également le chemin des chrétiens. Il constitue un phare et une norme de vie dans la justice et dans l'amour, un « grand code » éthique pour toute l'humanité. Les « Dix Paroles » jettent une lumière sur le bien et le mal, sur le vrai et le faux, sur le juste et l'injuste, également selon les critères de la conscience juste de toute personne humaine. Jésus lui-même l'a répété plusieurs fois, en soulignant qu'un engagement actif sur le chemin des commandements est nécessaire : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19, 17). Dans cette perspective, les domaines de collaboration et de témoignage sont divers. Je souhaiterais en rappeler trois particulièrement importants pour notre époque.

Le « Dix Paroles » demandent de reconnaître l'unique Seigneur, contre la tentation de se construire d'autres idoles, se faire des veaux d'or. Dans notre monde, beaucoup ne connaissent pas Dieu ou estiment qu'il est superflu, sans importance pour la vie ; ainsi ont été fabriqués d'autres et de nouveaux dieux devant lesquels l'homme s'incline. Réveiller dans notre société l'ouverture à la dimension transcendante, témoigner de l'unique Dieu est un service précieux que les juifs et les chrétiens peuvent offrir ensemble.

Les « Dix Paroles » demandent le respect, la protection de la vie, contre toute injustice ou tout abus de pouvoir, en reconnaissant la valeur de toute personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu. Combien de fois, dans toutes les régions de la terre, proches ou lointaines, sont encore piétinés la dignité, la liberté, les droits de l'être humain ! Témoigner ensemble de la valeur suprême de la vie contre tout égoïsme, c'est offrir une contribution importante à un monde où puisse régner la justice et la paix, le « shalom » appelé de leurs vœux par les législateurs, par les prophètes et par les sages d'Israël.

Les « Dix Paroles » exigent de conserver et de promouvoir la sainteté de la famille, où le « oui » personnel et réciproque, fidèle et définitif de l'homme et de la femme, ouvre l'espace pour l'avenir, pour l'authentique humanité de chacun, et s'ouvre, dans le même temps, au don d'une nouvelle vie. Témoigner que la famille continue d'être la cellule essentielle de la société et le contexte de base où l'on apprend et l'on exerce les vertus est un précieux service à offrir pour la construction d'un monde au visage plus humain.

7. Comme l'enseigne Moïse dans le Shemà (cf. Dt 6, 5 ; Lv 19, 34) - et Jésus le réaffirme dans l'Evangile (cf. Mc 12, 19-31), tous les commandements se résument dans l'amour de Dieu et dans la miséricorde envers le prochain. Cette Règle engage les juifs et les chrétiens à faire preuve, à notre époque, d'une générosité particulière envers les pauvres, les femmes, les enfants, les étrangers, les malades, les faibles, les personnes dans le besoin. Il existe dans la tradition juive un admirable dicton des Pères d'Israël : « Simon le Juste avait l'habitude de dire : le monde se fonde sur trois choses : la Torah, le culte et les actes de miséricorde » (Aboth 1, 2). A travers l'exercice de la justice et de la miséricorde, les juifs et les chrétiens sont appelés à annoncer et à témoigner du Royaume du Très-Haut qui vient, et pour lequel nous prions et nous œuvrons chaque jour dans l'espérance.

8. Nous pouvons accomplir des pas ensemble dans cette direction, conscients des différences qui existent entre nous, mais également du fait que si nous réussissons à unir nos cœurs et nos mains pour répondre à l'appel du Seigneur, sa lumière deviendra plus proche pour illuminer tous les peuples de la terre. Les pas accomplis au cours de ces quarante années par le Comité international conjoint catholique-juif et, au cours des années plus récentes, par la Commission mixte du Saint-Siège et du grand rabbinat d'Israël, sont un signe de la volonté commune de poursuivre un dialogue ouvert et sincère. Demain précisément, la Commission mixte tiendra ici à Rome sa IXème rencontre sur : « L'enseignement catholique et juif sur la création et l'environnement » ; nous leur souhaitons un dialogue fructueux sur un thème aussi important et actuel.

9. Les chrétiens et les juifs ont en commun une grande partie de leur patrimoine spirituel, ils prient le même Seigneur, ils ont les mêmes racines, mais ils sont souvent inconnus l'un à l'autre. C'est à nous qu'il revient, en réponse à l'appel de Dieu, de travailler afin que demeure toujours ouvert l'espace du dialogue, du respect réciproque, de la croissance dans l'amitié, du témoignage commun face aux défis de notre temps, qui nous invitent à collaborer pour le bien de l'humanité dans ce monde créé par Dieu, le Tout-Puissant et le Miséricordieux.

10. J'exprime enfin une pensée particulière pour notre Ville de Rome, où, depuis environ deux millénaires, cohabitent, comme le disait le Pape Jean-Paul II, la communauté catholique avec son évêque et la communauté juive avec son grand rabbin. Que cette coexistence puisse être animée par un amour fraternel croissant, s'exprimant également dans une coopération toujours plus étroite pour offrir une contribution valable à la résolution des problèmes et des difficultés à affronter.

J'invoque du Seigneur le don précieux de la paix dans le monde entier, en particulier en Terre Sainte. Au cours de mon pèlerinage à Jérusalem au mois de mai dernier, au Mur du Temple, j'ai demandé à Celui qui peut tout : « Envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen Orient, sur la famille humaine tout entière ; éveille le cœur de tous ceux qui invoquent ton nom, afin qu'ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion » (Prière au Mur occidental de Jérusalem, 12 mai 2009).

Je Lui élève à nouveau l'action de grâce et la louange pour notre rencontre, en lui demandant de renforcer notre fraternité et de rendre notre entente plus solide.

[« Louez Yahvé, tous les peuples, fêtez-le tous les pays ! Fort est son amour pour nous, pour toujours sa vérité » (Ps 117)]

© Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana

Traduction Zenit

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