Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 janvier 2018

La Garde Suisse Pontificale en quête de nouvelles recrues

La Garde Suisse Pontificale en quête de nouvelles recrues

 

La plus petite et plus ancienne armée du monde cherche du sang neuf et le fait savoir dans une vidéo qui dévoile la vie des membres de la garde.

 

 

La Garde Suisse montre les différentes facettes de son activité dans une vidéo promotionnelle destinée à attirer les jeunes helvétiques qui souhateraient rejoindre le corps de protection du Souverain Pontife. En images, la Garde offre un aperçu de son nouveau centre de commandement et de formation.

Elle offre le témoignage de plusieurs soldats engagés dans ce corps d'armée pluriséculaire de 110 unités dont la mission première est de veiller à la sécurité personnelle du Chef de l'Eglise Catholique, aussi bien au Vatican que lors de ses déplacements à l'étranger.

Elle veille aussi à la protection de la résidence pontificale. Les militaires engagés au sein de cette unité unique au monde sont, au cours de leurs deux années au moins de service, des citoyens de l'État du Vatican. 

La Garde suisse célèbre en 2018 son 512ème anniversaire. Elle a été fondée le 22 janvier 1506 lorsqu'un groupe de cent cinquante Suisses, sous le commandement du capitaine Kaspar von Silenen, du Canton d'Uri, entra pour la première fois au Vatican, par la Porta del Popolo, et reçut la bénédiction du Pape Jules II.

mercredi, 24 janvier 2018

Communications sociales : message du pape (texte intégral) - « L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité »

Le pape François combat « la manipulation de la vérité », les « fake news »

Le pape François combat « la manipulation de la vérité », les « fake news », fausses nouvelles, dans son message pour la 52e Journée mondiale des communications sociales, qui sera célébrée le 13 mai 2018.

« Pour discerner la vérité, écrit-il, il est nécessaire d’examiner ce qui favorise la communion et promeut le bien et ce qui, au contraire, tend à isoler, diviser et opposer. »

Communications sociales : message du pape (texte intégral)

« L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité »

Message pour la journée des communications sociales © Vatican Media

« L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité. » Le pape François combat « la manipulation de la vérité », les « fake news », fausses nouvelles, dans son message pour la 52e Journée mondiale des communications sociales, qui sera célébrée le 13 mai 2018. « Pour discerner la vérité, écrit-il, il est nécessaire d’examiner ce qui favorise la communion et promeut le bien et ce qui, au contraire, tend à isoler, diviser et opposer. »

Dans ce message, publié le 24 janvier, en la fête de saint François de Sales, le pape encourage à « redécouvrir la valeur de la profession journalistique et la responsabilité personnelle de chacun dans la communication de la vérité », c’est-à-dire à « ne pas être des propagateurs inconscients de la désinformation, mais des acteurs de son dévoilement ».

« La vérité a à voir avec la vie entière », ajoute le pape : « Libération du mensonge et recherche de la relation: voici les deux ingrédients qui ne peuvent pas manquer pour que nos paroles et nos gestes soient vrais, authentiques, fiables. »

AK

Message du pape François

« La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Fake news et journalisme de paix

Chers frères et sœurs,

dans le dessein de Dieu, la communication humaine est un moyen essentiel de vivre la communion. L’être humain, image et ressemblance du Créateur, est capable d’exprimer et de partager le vrai, le bien, le beau. Il est capable de raconter sa propre expérience et le monde, et de construire ainsi la mémoire et la compréhension des événements. Mais l’homme, s’il suit son propre égoïsme orgueilleux, peut faire un usage déformé de la faculté de communiquer, comme l’illustrent dès l’origine les épisodes bibliques de Caïn et Abel et de la tour de Babel (cf. Gn 4,1-16; 11,1-9).

La manipulation de la vérité est le symptôme typique d’une telle distorsion, tant au niveau individuel que collectif. Au contraire, dans la fidélité à la logique de Dieu, la communication devient un lieu d’expression de sa propre responsabilité dans la recherche de la vérité et dans la réalisation du bien. Aujourd’hui, dans un contexte de communication toujours plus rapide et au sein d’un système numérique, nous voyons le phénomène des «fausses nouvelles», les soi-disant fake news: cela nous invite à réfléchir et m’a suggéré de consacrer ce message au thème de la vérité, comme l’ont déjà fait plusieurs fois mes prédécesseurs depuis Paul VI (cf. Message 1972: « Les communications sociales au service de la vérité »). Je voudrais ainsi contribuer à l’engagement commun pour prévenir la diffusion de fausses nouvelles et pour redécouvrir la valeur de la profession journalistique et la responsabilité personnelle de chacun dans la communication de la vérité.

1. Qu’est-ce qui est faux dans les « fausses nouvelles » ?

Fake news est un terme discuté et qui fait l’objet de débat. Il s’agit généralement de la désinformation diffusée en ligne ou dans les médias traditionnels. Cette expression fait référence à des informations non fondées, basées sur des données inexistantes ou déformées et visant à tromper voire à manipuler le lecteur. Leur propagation peut répondre à des objectifs fixés, influencer les choix politiques et favoriser des gains économiques.

L’efficacité des fake news est due principalement à leur nature mimétique, à la capacité d’apparaître plausibles. En second lieu, ces nouvelles, fausses mais vraisemblables sont fallacieuses, dans leur habilité à focaliser l’attention des destinataires, en se fondant sur des stéréotypes et des préjugés diffus dans un tissu social, en exploitant les émotions immédiates et faciles à susciter, comme la peur, le mépris, la colère et la frustration. Leur diffusion peut compter sur une utilisation manipulatrice des réseaux sociaux et des logiques qui en garantissent le fonctionnement: ainsi les contenus, bien que non étayés, gagnent une telle visibilité que même les dénégations de sources fiables peinent à en limiter les dégâts.

La difficulté de dévoiler et d’éradiquer les fake news ou fausses nouvelles est également due au fait que les gens interagissent souvent dans des environnements numériques homogènes et imperméables à des perspectives et opinions divergentes. La conséquence de cette logique de la désinformation est que, au lieu d’avoir une confrontation saine avec d’autres sources d’information, ce qui pourrait mettre positivement en discussion les préjugés et ouvrir à un dialogue constructif, on risque de devenir des acteurs involontaires dans la diffusion d’opinions partisanes et infondées.

Le drame de la désinformation est la discréditation de l’autre, sa représentation comme ennemi, jusqu’à une diabolisation susceptible d’attiser des conflits. Les fausses nouvelles révèlent ainsi la présence d’attitudes en même temps intolérantes et hypersensibles, avec pour seul résultat le risque d’expansion de l’arrogance et de la haine. En fin de compte, cela mène au mensonge.

2. Comment pouvons-nous les reconnaître ?

Aucun d’entre nous ne peut être exonéré de la responsabilité de contrecarrer ces faussetés. Ce n’est pas une tâche facile, parce que la désinformation est souvent basée sur des discours variés,  délibérément évasifs et subtilement trompeurs, et use parfois de mécanismes raffinés. Il convient donc de louer les initiatives éducatives qui permettent d’apprendre à lire et à évaluer le contexte communicatif, enseignant à ne pas être des propagateurs inconscients de la désinformation, mais des acteurs de son dévoilement. Il faut également louer les initiatives institutionnelles et juridiques visant à définir des réglementations pour freiner le phénomène, ainsi que celles entreprises par les sociétés de Technologies et de Média, afin de définir de nouveaux critères pour la vérification des identités personnelles qui se cachent derrière les millions de profils numériques.

Mais la prévention et l’identification des mécanismes de la désinformation nécessitent également un discernement profond et attentif. Il faut démasquer en effet ce qui pourrait être défini comme « la logique du serpent », capable partout de se dissimuler et de mordre. C’est la stratégie utilisée par le «serpent rusé», dont parle le Livre de la Genèse, celui qui, au commencement de l’humanité, est devenu l’auteur de la première “fake news” (cf. Gn 3,1-15), qui a conduit aux conséquences tragiques du péché, mises en acte ensuite dans le premier fratricide (cf. Gn 4) et dans d’autres formes innombrables du mal contre Dieu, le prochain, la société et la création. La stratégie de cet habile « père du mensonge » (Jn 8,44) est précisément le mimétisme, une séduction rampante et dangereuse qui fait son chemin dans le cœur de l’homme avec des arguments faux et attrayants.

Dans le récit du péché originel, le tentateur, en fait, s’approche de la femme feignant d’être son ami, de s’intéresser à son bien, et commence le discours avec une affirmation vraie, mais seulement partiellement: « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » (Gn 3,1). Ce que Dieu avait dit à Adam n’était pas en réalité de ne manger d’aucun arbre, mais seulement d’un arbre : « Mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas » (Gn 2,17). La femme, répondant, l’explique au serpent, mais elle se fait attirer par sa provocation : « Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: “ Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez. ” » (Gn 3,2). Cette réponse sait se faire légaliste et pessimiste: ayant donné crédibilité au faussaire, se laissant séduire par son arrangement des faits, la femme se fait corrompre. Ainsi, de prime abord elle prête attention à son assurance: « Vous ne mourrez pas du tout » (v. 4). Puis la déconstruction du tentateur assume une apparence crédible : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (v. 5). Finalement on en vient à discréditer la recommandation paternelle de Dieu, qui visait le bien, pour suivre l’incantation séduisante de l’ennemi: « La femme vit que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable » (v. 6). Cet épisode biblique révèle donc un fait essentiel pour notre discours: aucune désinformation n’est inoffensive; de fait, se fier à ce qui est faux, produit des conséquences néfastes.

Même une distorsion apparemment légère de la vérité peut avoir des effets dangereux. L’enjeu en fait, c’est notre avidité. Les fake news deviennent souvent virales, en réalité elles se répandent rapidement et de manière difficilement contrôlable, non pas en raison de la logique de partage qui caractérise les médias sociaux, mais plutôt pour leur emprise sur l’avidité insatiable qui s’allume facilement dans l’être humain. Les mêmes motivations économiques et opportunistes de la désinformation ont leur racine dans la soif du pouvoir, de l’avoir et du plaisir, qui, finalement, nous rend victimes d’un imbroglio beaucoup plus tragique que chacune de ses manifestations singulière: celui du mal, qui se meut de mensonge en mensonge pour nous voler la liberté du cœur. C’est pourquoi éduquer à la vérité signifie éduquer à discerner, évaluer et pondérer les désirs et les inclinations qui s’agitent en nous, pour ne pas nous retrouver privés de bien « en mordant » à toute tentation.

Unknown.jpeg

3. «La vérité vous rendra libres» (Jn 8,32)

La contamination continuelle par un langage trompeur finit en fait par embrumer l’intériorité de la personne. Dostoïevski a écrit quelque chose de remarquable dans ce sens : « Celui qui se ment à soi-même et écoute ses propres mensonges arrive au point de ne plus pouvoir distinguer la vérité ni en soi ni autour de soi ; ainsi il commence à ne plus avoir l’estime de soi ni des autres. Ensuite, n’ayant plus l’estime de personne il cesse aussi d’aimer, et alors en manque d’amour, pour se sentir occupé et se distraire, il s’adonne aux passions et aux plaisirs vulgaires ; et dans ses vices il va jusqu’à la bestialité; et tout cela dérive du mensonge continuel aux autres et à soi-même.» (Les frères Karamazov, II, 2).

Comment nous défendre? L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité. Dans la vision chrétienne, la vérité n’est pas seulement une réalité conceptuelle, qui concerne le jugement sur les choses, les définissant vraies ou fausses. La vérité ne consiste pas seulement à porter à la lumière des choses obscures, à « dévoiler la réalité », comme l’ancien terme grec qui le désigne, aletheia (de a-lethès, « non caché »), conduit à penser. La vérité a à voir avec la vie entière. Dans la Bible, la notion porte en soi le sens de soutien, de solidité, de confiance, comme le donne à comprendre la racine ‘aman, dont provient également l’Amen liturgique. La vérité est ce sur quoi l’on peut s’appuyer pour ne pas tomber. Dans ce sens relationnel, le seul vraiment fiable et digne de confiance, sur lequel on peut compter, et qui est «vrai», est le Dieu vivant. Et c’est l’affirmation de Jésus: « Je suis la vérité » (Jn 14,6). L’homme, alors, découvre et redécouvre la vérité quand il en fait l’expérience en lui-même comme fidélité et fiabilité de celui qui l’aime. C’est seulement cela qui libère l’homme : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32).

Libération du mensonge et recherche de la relation: voici les deux ingrédients qui ne peuvent pas manquer pour que nos paroles et nos gestes soient vrais, authentiques, fiables. Pour discerner la vérité, il est nécessaire d’examiner ce qui favorise la communion et promeut le bien et ce qui, au contraire, tend à isoler, diviser et opposer. La vérité, par conséquent, ne s’acquiert pas vraiment quand elle est imposée comme quelque chose d’extrinsèque et d’impersonnel; elle découle au contraire de relations libres entre les personnes, de l’écoute réciproque. En outre, on ne cesse jamais de chercher la vérité, parce que quelque chose de faux peut toujours s’insinuer, même en disant des choses vraies. Un argument impeccable peut en fait reposer sur des faits indéniables, mais s’il est utilisé pour blesser quelqu’un et pour le discréditer aux yeux des autres, aussi juste qu’il apparaisse, il n’est pas habité par la vérité. A partir des fruits, nous pouvons distinguer la vérité des énoncés: s’ils suscitent la controverse, fomentent les divisions, insufflent la résignation ou si, au contraire, ils conduisent à une réflexion consciente et mûre, au dialogue constructif, à une dynamique fructueuse.

4. La paix est la vraie nouvelle

Le meilleur antidote contre les faussetés, ce ne sont pas les stratégies, mais les personnes : des personnes qui, libres de l’avidité, sont prêtes à l’écoute et à travers l’effort d’un dialogue sincère laissent émerger la vérité ; des personnes qui, attirées par le bien, se sentent responsables dans l’utilisation du langage. Si la façon de sortir de la propagation de la désinformation est la responsabilité, cela concerne particulièrement celui qui est responsable par devoir d’informer, c’est-à-dire le journaliste, gardien des nouvelles. Celui-ci, dans le monde contemporain, n’exerce pas seulement un métier, mais une véritable mission. Il a la tâche, dans la frénésie des nouvelles et dans le tourbillon des scoop, de rappeler qu’au centre des informations ce n’est pas la rapidité dans la transmission et l’impact sur l’audience, mais ce sont les personnes. Informer c’est former, c’est avoir affaire avec la vie des personnes. C’est pourquoi, l’exactitude des sources et le soin de la communication sont de véritables processus de développement du bien, qui génèrent la confiance et ouvrent des voies de communion et de paix.

Je voudrais donc adresser une invitation à promouvoir un journalisme de paix, n’ayant toutefois pas l’intention avec cette expression d’évoquer un journalisme «débonnaire» qui nie l’existence de graves problèmes et assume des tonalités mielleuses. J’entends, au contraire, un journalisme sans duperies, hostile aux faussetés, aux slogans à effet et aux déclarations emphatiques; un journalisme fait par des personnes pour les personnes, et qui se comprenne comme un service à toutes les personnes, spécialement à celles-là – qui sont la majorité au monde – qui n’ont pas de voix; un journalisme qui ne brûle pas les nouvelles, mais qui s’engage dans la recherche des véritables causes des conflits, pour en favoriser la compréhension à partir des racines et le dépassement à travers la mise en route de processus vertueux; un journalisme engagé à indiquer des solutions alternatives à l’escalade de la clameur et de la violence verbale.

C’est pourquoi, nous inspirant d’une prière franciscaine, nous pourrions ainsi nous adresser à la Vérité en personne:

Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix.

Fais-nous reconnaître le mal qui s’insinue dans une communication qui ne crée pas la communion.

Rends-nous capables d’ôter le venin de nos jugements.

Aide-nous à parler des autres comme de frères et de sœurs.

Tu es fidèle et digne de confiance; fais que nos paroles soient des semences de bien pour le monde:

Là où il y a de la rumeur, que nous pratiquions l’écoute;

Là où il y a confusion, que nous inspirions l’harmonie;

Là où il y a ambiguïté, que nous apportions la clarté;

Là où il y a exclusion, que nous apportions le partage;

Là où il y a du sensationnalisme, que nous usions de la sobriété;

Là où il y a de la superficialité, que nous posions les vraies questions;

Là où il y a des préjugés, que nous suscitions la confiance;

Là où il y a agressivité, que nous apportions le respect;

Là où il y a la fausseté, que nous apportions la vérité.

Amen.

Du Vatican, le 24 janvier 2018, mémoire de Saint François de Sales
FRANÇOIS

Aimeric Pourbaix d'I.Media revient sur le voyage du Pape au Chili et au Pérou

Pape François : « Nous ne devons pas cacher les conflits, mais les affronter »

 
 
Antoine Mekary | ALETEIA | I.MEDIA
 
 
Au retour de son long périple au Chili et au Pérou, le pape François a repris le 24 janvier 2018 ses audiences générales sur la place Saint-Pierre.

Sous un soleil radieux, le Souverain pontife a effectué ce mercredi un bilan de son 22e voyage apostolique, affichant notamment sa volonté d’affronter les sujets de “conflits“. Reprenant les différentes étapes de son voyage de six jours, le pape a remarqué que son arrivée au Chili avait été précédée par des manifestations de protestations, “pour différentes raisons“. Cela a rendu d’autant plus “actuel“, a-t-il commenté, le motif de ma visite : la parole du Christ ‘je vous donne ma paix’. Car “seul Jésus mort et ressuscité peut la donner à qui se confie à Lui“.

Abus sexuels : une purification

Cette approche, le pape l’a employée notamment avec les évêques, les prêtres et les consacrés du Chili, au cours de deux rencontres “très intenses“. Elles ont été rendues “encore plus fécondes“, a-t-il précisé, par la souffrance partagée des “blessures“ qui affligent l’Église dans ce pays. Notamment la question des abus sexuels. “J’ai confirmé mes frères, a souligné le pontife, dans le refus de tout compromis lors d’abus sexuels sur mineurs, et en même temps en faisant confiance à Dieu, qui à travers cette difficile épreuve purifie et renouvelle ses ministres“.

Avec les Indiens Mapuches, a poursuivi le successeur de Pierre, la messe “a transformé en joie les drames et les efforts de ce peuple“. Avec les femmes en prison, le pape a rappelé son insistance sur l’exigence de réinsertion, car sans elle, “la prison est une torture“. Sa rencontre avec les jeunes a aussi été l’occasion d’un conseil : affronter les conflits dans la société, ne pas les occulter, mais les gérer par le “dialogue“. Même à la maison, a-t-il improvisé, il y a des petits conflits. “Il ne faut pas les cacher sous le lit“, mais en parler, a suggéré le pape. Avec les autorités chiliennes enfin, le pontife a voulu recommander la “méthode de l’écoute“ : celle des pauvres, des jeunes et des anciens, des immigrés. Et aussi “l’écoute de la terre“.

Non à la colonisation « économique et idéologique »

Concernant la visite au Pérou, le pape François a souligné auprès des peuples amazoniens que l’unité n’est pas dans une “stérile uniformité“. Mais plutôt dans les “richesses des différences“ héritées de la culture et de l’histoire. “Ensemble, a-t-il ponctué, nous avons dit ‘non’ à la colonisation économique et idéologique“. De même qu’auprès des autorités civiles et politiques péruviennes, le pape a dénoncé la “corruption“ qui menace le patrimoine environnemental, culturel et spirituel de ce pays.

Enfin, le pontife a mis en avant à Trujillo les “racines“ spirituelles du Pérou, et notamment la forte “dévotion populaire à la Vierge Marie“. A Lima, dans le sanctuaire le plus célébre du pays, il a relevé le “véritable poumon de foi et de prière“, pour l’Eglise et la société, que représentent les 500 religieuses contemplatives. Aux jeunes, l’évêque de Rome a indiqué l’exemple des saints, pour les exhorter à ne pas “truquer“ leur propre image, mais à suivre le Christ.

 

mardi, 23 janvier 2018

RDC : le cardinal Monsengwo condamne la répression des marches du 21 janvier

RDC : le cardinal Monsengwo condamne la répression des marches du 21 janvier

Vaticannews

Unknown-2.jpeg
L’archevêque de Kinshasa dénonce la manière dont les forces de l’ordre ont réprimé les manifestations pacifiques organisées par le Comité Laïc de coordination. Plusieurs personnes ont été tuées. Le cardinal Monsengwo a appelé les catholiques à rester « inébranlables ».
 

Xavier Sartre – Cité du Vatican

«Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieux scandant cantiques religieux, munis des bibles, chapelets, crucifix ?» : le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, condamne sans ambages ce mardi 23 janvier la répression des marches qui ont eu lieu dimanche 21 janvier. Face aux derniers événements, il demande à agir «toujours par amour du prochain» et de vivre «dans l’espérance joyeuse que le Seigneur ne nous abandonnera pas».

«Restons inébranlables dans la foi» exhorte-t-il dans son message publié par l’archidiocèse, au surlendemain de la mort de plusieurs manifestants. Selon les autorités, deux personnes ont été tuées mais les Nations unies et l’Église estiment que six personnes ont perdu la vie.

Plusieurs morts et des arrestations de prêtres et de religieuses

Le cardinal Monsengwo dénonce les actes commis par les forces de l’ordre congolaises : «des chrétiens de certaines paroisses ont été empêchés de prier, plusieurs autres ont été empêchés de sortir de l’enclos des paroisses par des policiers et des militaires plus qu’armés comme s’ils étaient dans un champ de bataille. Ceux qui ont prié et ont pu marcher ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et de désencerclement, des balles réelles, des balles en caoutchouc».

L’archevêque de Kinshasa précise que des prêtres, des religieuses et des laïcs ont été arrêtés. Des vols et des extorsions de biens des citoyens ont également été commis, assure-t-il. Il reproche ainsi au chef de la police de ne pas avoir respecté sa parole alors qu’il avait donné la consigne qu’il n’y aurait aucun décès. Devant la préparation des forces de sécurité, qui ont commencé à effectuer des contrôles dès le samedi 20 janvier, le cardinal se demande si les Congolais ne vivent pas «dans une prison à ciel ouvert».

Maintien des revendications politiques

Face à ces nouvelles exactions, le cardinal Monsengwo rend hommage à la «bravoure» de ses frères et sœurs, «autres martyrs de la Saint-Sylvestre, tombés lors de cette marche». Ils ont participé à de nouvelles marches pour réclamer l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre 2016 qui prévoit l’organisation d’élections générales, et notamment présidentielle, pour trouver un successeur à Joseph Kabila, arrivé au terme de son second et dernier mandat et dans l’incapacité de se représenter.

Des manifestations avaient déjà eu lieu le 31 décembre 2017, un an jour pour jour après la signature de l’accord politique global pour rappeler le pouvoir à ses responsabilités. Le cardinal Monsengwo, qui avait déjà condamné la répression de ce jour-là, rappelle clairement que les Congolais veulent que «règne la force de la loi et non la loi de la force» afin de travailler au «développement intégral du peuple, dans la paix, la justice et la vérité».

À Davos, l’appel du Pape pour un monde entrepreneurial humain

Unknown-1.jpeg

Le Pape au WEF

Vaticannews

«C'est un impératif moral, une responsabilité qui implique tout le monde: créer les bonnes conditions pour permettre à chaque personne de vivre dignement», a-t-il écrit, louant le «potentiel énorme des acteurs économiques pour améliorer la qualité de la productivité, créer de nouveaux emplois, respecter les lois du travail, lutter contre la corruption publique et privée et promouvoir la justice sociale. avec le partage juste et équitable des profits».

À Davos, l’appel du Pape pour un monde entrepreneurial humain

Alors que s’ouvre dans la petite commune des Alpes suisses de Davos, le plus grand forum économique du monde du 23 au 26 janvier 2018, le Pape François a adressé un message à ses 3 000 participants, dans une lettre lue par le cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral.

cq5dam.thumbnail.cropped.1500.844.jpeg 

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Favoriser des approches inclusives au lieu d’un individualisme qui fragmente, servir et protéger l’humain au lieu de le réduire à une machine, ou encore améliorer la productivité, le marché et les lois du travail, en rejetant la «culture jetable».

Pour ce 48ème Forum économique de Davos (Suisse) à l’ambitieux thème de: «Créer un avenir partagé dans un monde fracturé», le Pape François a appelé les sommités du monde économique à oser prendre des mesures courageuses.

Les technologies, vecteurs de l’individualisme et de la démesure

En premier lieu, vient la technologie, dont la place rampante dans nos sociétés ne cesse de modeler et remodeler le monde globalisé lui-même. Dans sa lettre en date du 12 janvier mais rendue publique la veille du forum, le 22 janvier, le Pape a mis en garde contre ces technologies qui «conditionnées par des intérêts privés et une ambition du profit à tout prix», semble davantage favoriser «la fragmentation et l'individualisme, plutôt que de faciliter des approches plus inclusives».

Dans un monde fragmenté, de nouveaux défis émergent. «Croissance du chômage, augmentation des diverses formes de pauvreté, élargissement du fossé socio-économique et nouvelles formes d'esclavage, ancrées dans des situations de pauvreté comme les conflits, les migrations ou divers problèmes sociaux», a énuméré François à l’adresse des patrons du monde entier et de quelques 70 chefs d’État et de gouvernement prenant part à ce rendez-vous.

L’homme comme nouvel objet de consommation à exploiter

Citant son allocution devant le Parlement européen de Strasbourg, le 25 novembre 2014, le Pape a renouvelé son désarroi quant à la prédominance des questions techniques et économiques dans le débat politique, «au détriment de l'intérêt véritable pour les êtres humains». Une prévalence technico-économique, non sans risques: «Les hommes et les femmes risquent d'être réduits à de simples rouages ​​dans une machine qui les traite comme des objets de consommation à exploiter, de sorte que, comme c'est tragiquement apparent, chaque fois qu'une vie humaine ne s'avère plus utile pour cette machine, elle est jetée avec quelques hésitations», a alerté le Saint-Père, qui ne cesse d’appeler au refus de «la culture du prêt-à-jeter» et de la mentalité d’indifférence.

Dans un tel contexte, il apparait vital pour le Pape de «sauvegarder la dignité de la personne humaine, en offrant à tous des possibilités réelles de développement humain intégral, et en mettant en œuvre des politiques économiques favorables à la famille». À cet égard, des modèles économiques enclins «à une éthique du développement durable et intégral, fondée sur des valeurs qui placent la personne humaine et ses droits au centre», doivent se développer.

Sur les nouvelles innovations technologiques, comme l’intelligence artificielle ou la robotique, le Pape a insisté sur leur utilisation «au service de l'humanité et à la protection de notre maison commune, plutôt qu'au contraire, comme le prévoient, malheureusement, certaines évaluations».

Grave responsabilité du monde entrepreneurial

Enfin, François a souligné la responsabilité hors-norme incombant au monde entrepreneurial. «C'est un impératif moral, une responsabilité qui implique tout le monde: créer les bonnes conditions pour permettre à chaque personne de vivre dignement», a-t-il écrit, louant le «potentiel énorme des acteurs économiques pour améliorer la qualité de la productivité, créer de nouveaux emplois, respecter les lois du travail, lutter contre la corruption publique et privée et promouvoir la justice sociale. avec le partage juste et équitable des profits».

Semaine de prière pour l'Unité des chrétiens: Sacerdoce des femmes: impossible ou incontournable? [4/7]

rimaz-800x450.jpg

Sacerdoce des femmes: impossible ou incontournable? [4/7]

 

Quelle place est laissée aux femmes au sein des différentes communautés religieuses? Protestants et catholiques ont un avis divergent sur la possibilité de leur donner accès à la prêtrise.

“Que les femmes se taisent dans les assemblées”. Certaines communautés chrétiennes prennent au pied de la lettre l’injonction de Paul aux Corinthiens. Ce n’est pas le cas de l’Eglise catholique, mais tout de même: l’accès au sacerdoce leur reste refusé. L’heure de l’égalité homme-femme sonnera-t-elle le glas de cette pratique?


Nadine Manson:  “Ce qui prime, c’est la capacité de réflexion de la personne désirant embrasser un ministère pastoral”

Les polémiques autour du féminisme et du harcèlement nous rappellent à quel point l’enjeu de l’accession au ministère pastoral des femmes est d’actualité. La question sous-jacente est celle de leur statut, voire de la reconnaissance des femmes dans la société.

Je déplore de lire encore aujourd’hui les chiffres témoignant des inégalités dont souffrent les femmes au travail. Qu’en est-il de l’Eglise? J’aime mon Eglise Réformée qui – avec ses limites –  tente malgré tout de vivre ce qu’elle a compris de l’Evangile. Même si le temporel – notre monde, notre société – perpétue encore l’inégalité des chances entre les hommes et les femmes, le spirituel – l’Eglise – s’évertue, au contraire, à offrir une égalité parfaite.

L’Eglise Réformée proclame ainsi sa conviction que les femmes et les hommes sont des créatures de Dieu. A ce titre, elle leur accorde le même statut. Cette évolution s’est faite non sans mal. D’ailleurs, certaines Eglises protestantes n’acceptent toujours pas que les femmes puissent devenir pasteures. De leur côté, les Réformés exigent que les pasteurs aient un Master en théologie, peu importe leur sexe ou leur genre. Ce qui prime, c’est la qualité de la formation et la capacité de réflexion de la personne désirant embrasser un ministère pastoral. Point à la ligne.

Se départir des fantasmes et des discours liés à la différenciation sexuelle n’est pas facile. J’aime cette tentative, cet apprentissage, ce commencement entrepris par mon église. Tentative sans cesse renouvelée de vivre selon un autre ordre que celui imposé par le monde. J’y vois les prémices d’une nouvelle communauté sur terre où femmes et hommes sont égaux face à leur Dieu créateur.

Née en Allemagne, J’ai étudié et vécu en France, aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. Après un doctorat en théologie, je me suis tournée vers l’activité pastorale. J’officie en tant que pasteure depuis 10 ans, d’abord à l’Eglise protestante de Genève et maintenant au sein de l’Eglise réformée de Bienne.


Dominique Rimaz: “Jésus est un homme; dès lors le prêtre est un homme”

Dans un contexte où les femmes, avec les hommes, recherchent avec raison une égalité nécessaire, il est tout à fait légitime de poser cette question. A toute bonne question, il y a également des bonnes réponses.

Sans aucune discrimination, l’Eglise catholique avoue humblement: “elle n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes”.

A la messe et lors de la confession, le prêtre agit “in persona Christi”, dans ou en la personne de Jésus. Et Jésus est un homme. L’ordre, dans ses trois degrés (diacre, prêtre et évêque) est un sacrement. Ce dernier implique toujours un signe. En tant que tête de l’Eglise, Jésus est un homme; dès lors le prêtre est un homme.

Avec les Eglises orthodoxes, l’Eglise catholique romaine soutient cela par “l’exemple, rapporté par la Sainte Écriture, du Christ qui a choisi ses Apôtres uniquement parmi les hommes; la pratique constante de l’Eglise qui a imité le Christ en ne choisissant que des hommes; et son magistère vivant qui, de manière continue, a soutenu que l’exclusion des femmes du sacerdoce est en accord avec le plan de Dieu sur l’Eglise”.

En 1994, saint Jean Paul II avait donné une réponse définitive, qui appelle l’assentiment de l’intelligence et de la volonté: “Je déclare (…) que l’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Eglise”.

Cette doctrine n’a pas été exprimée par la modalité de l’infaillibilité pontificale, mais elle est de nature infaillible.

Le prêtre n’est pas le sommet de la vie chrétienne. Par contre, la sainteté est un appel pour tous et pour chacun. La Vierge Marie, comme premier principe de vie de l’Eglise (le second étant celui de Pierre, la hiérarchie), les femmes sont invitées à la prendre comme modèle éminent.

Je suis prêtre à Fribourg, spécialiste de la communication de l’Eglise et aumônier de Catholic Voices. Après une licence en théologie morale à Fribourg, j’ai poursuivi mes études à Rome, avec une licence en communication à l’Université pontificale de la Sainte-Croix. Je scrute et décortique l’actualité chrétienne au quotidien sur mon blog, “lesuisseromain“.


Et chez les autres ?

Les catholiques ne sont pas les seuls à s’opposer à l’ordination des femmes . Aucune femme prêtre n’est autorisée à officier du côté orthodoxe. Dans l’hindouisme, tous les brahmanes sont des hommes et le clergé bouddhiste est formé par des hommes à 97%. L’islam ne leur laisse pas de place dans la prédication non plus.

Du côté du judaïsme, on trouve quelques éléments clivants. Les ultra-orthodoxes n’autorisent pas l’ordination de femmes rabbins, mais les libéraux oui. “Globalement, le protestantisme est la religion la plus favorable aux femmes”, analyse Odon Vallet dans les colonnes du magazine l’Obs. On trouve par exemple des femmes évêques chez les luthériens suédois et les épiscopaliens américains.

-----

2003295745.jpgDu 18 au 25 janvier, les rédactions .ch publient chaque jour de manière conjointe les réflexions et les points de vue de différentes personnalités catholiques et protestantes romandes autour de sept thématiques:

Cath.ch

1. Purgatoire: mythe ou réalité?

2. Papauté: infaillible ou fragile?

3. Guillaume Farel: ange ou démon?

4. Sacerdoce des femmes: impossible ou incontournable?

5. Liturgie: intercommunion ou séparation?

6. Célibat: nécessaire ou anachronique?

7. Prier: Dieu ou les saints?

Le Pape François s'excuse auprès des victimes pour avoir parler de "preuves" au sens juridique du terme

Dans le cas de l’évêque Barros, il n’y a pas d’évidences pour le condamner. Si je le juge coupable sans évidence ou sans certitude morale, c’est moi qui commettrais un délit.

François présente des excuses aux victimes d'abus sexuels 20minutes - Fausse information: pas d'excuses pour son soutien à l'évêque Barros, car il n'y a pas d'évidence.

Le Pape François s'excuse auprès des victimes pour avoir parler de "preuves" au sens juridique du terme 

Le Pape François remercie le Cardinal O'Malley

Le cardinal O’Malley a dit : le pape a toujours fait tolérance zéro. Je le remercie de m’avoir fait observer que le mot « preuve » n’a pas été une expression heureuse pour la souffrance des victimes. À Iquique, j’ai répondu à la question d’un journaliste sur l’évêque Barros. J’ai employé le terme « preuve » et j’ai dit : « Le jour où j’aurai une preuve, je parlerai ». Malheureusement, je sais que beaucoup des personnes victimes d’abus ne peuvent montrer des preuves, elles ne les ont pas et ne peuvent les avoir, ou si elles en ont, elles ont honte.

Abus sexuels: « Le témoignage des victimes est toujours une évidence! » déclare le pape François

« Mais dans le cas Barros, il n’y a pas d’évidence »

« Si je le juge coupable sans évidence ou sans certitude morale, c’est moi qui commettrais un délit »: le pape François confirme son soutien à l’évêque d’Osorno (Chili) Barros, dans l’avion de Lima-Rome (21-22 janvier 2018), en répondant à la presse.

Des réponses ont été transcrites en italien par le quotidien de la Conférence épiscopale italienne Avvenire.

En même temps, le pape présente ses excuses aux victimes pour avoir employé le mot « preuve » qui peut les avoir blessées.

Voici notre traduction des paroles du pape François sur le cas de Mgr Barros:

Vous avez parlé durement contre les abus. Mais en parlant de l’évêque d’Osorno, Juan Barros, vous avez accusé les victimes de calomnie. Pourquoi ne croyez-vous pas les victimes et croyez-vous Barros ?

Pour les abus, je poursuis la ligne de tolérance zéro initiée par Benoît XVI. En cinq ans, je n’ai signé aucune demande de grâce. Quand on enlève à un prêtre qui a commis des abus l’état clérical, la sentence est définitive, mais cette personne a le droit de faire appel. Si l’appel aussi confirme la première sentence, on peut faire appel au pape et demander la grâce. En cinq ans, j’ai reçu vingt-cinq demandes de grâce, mais je n’en ai signé aucune. Le cas de l’évêque Juan Barros, je l’ai fait investiguer. Il n’y a pas d’évidences de culpabilité. Aucune victime n’est venue pour l’évêque Barros, elles ne se sont pas présentées, s’il y en avait eu, j’aurais été le premier à les écouter. Pour changer de position, il faut des évidences sinon je ne peux pas appliquer la sentence « nemo malo nisi probetur ».

Comment avez-vous réagi a ce qu’a dit le cardinal O’Malley, à savoir que vos paroles à propos de Mgr Barros ont été source de souffrance pour les victimes qui se sont senties abandonnées ou discréditées ?

Le cardinal O’Malley a dit : le pape a toujours fait tolérance zéro. Je le remercie de m’avoir fait observer que le mot « preuve » n’a pas été une expression heureuse pour la souffrance des victimes. À Iquique, j’ai répondu à la question d’un journaliste sur l’évêque Barros. J’ai employé le terme « preuve » et j’ai dit : « Le jour où j’aurai une preuve, je parlerai ». Malheureusement, je sais que beaucoup des personnes victimes d’abus ne peuvent montrer des preuves, elles ne les ont pas et ne peuvent les avoir, ou si elles en ont, elles ont honte. Récemment, j’ai rencontré une femme de 40 ans, qui a été abusée, mariée avec trois enfants. Cette femme ne recevait plus la communion parce que, dans la main du prêtre, elle voyait la main de celui qui avait abusé d’elle. Le drame des personnes abusées est terrible.

Qu’est-ce que les victimes éprouvent ? Je dois leur demander pardon parce que le mot « preuve » a blessé, mon expression n’a pas été heureuse. Je présente mes excuses si j’ai blessé sans m’en apercevoir, sans le vouloir, cela me fait beaucoup souffrir. Entendre le pape leur dire « apportez-moi une lettre avec la preuve » est une gifle. C’est pourquoi je ne veux plus utiliser le terme « preuves » mais évidences. Dans le cas de l’évêque Barros, il n’y a pas d’évidences pour le condamner. Si je le juge coupable sans évidence ou sans certitude morale, c’est moi qui commettrais un délit.

Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat

Capture-d’écran-2018-01-22-à-23.21.32-740x493.png

Le Cas De Mgr Barros, Capture @KTOTV

On a publié une lettre aux évêques chiliens où on évoque le possibilité que Mgr Barros prenne une année sabbatique: qu’en dites-vous?

Cette lettre, c’est nécessaire de l’expliquer, parce qu’elle concerne la prudence. Quand le scandale Karadima a explosé – le prêtre dont Barros a été le secrétaire et qui a été condamné pour abus sexuels – on a commencé à évaluer les prêtres qui avaient été formés par lui, et avaient subi des abus, ou sont devenus à leur tour des « abuseurs ». Au Chili, il y a quatre évêques que Karadima a suivis quand ils étaient séminaristes. Quelqu’un de la Conférence épiscopale chilienne a suggéré qu’ils donnent leur démission et qu’ils prennent une année sabbatique, pour éviter les accusations, parce qu’ils sont de bons évêques.

Barros a présenté sa démission. Mais quand il est venu à Rome, je lui ai dit: « Non, on ne joue pas ainsi, parce que cela, c’est admettre préalablement d’être coupable », et j’ai refusé sa démission. Et quand il a été nommé évêque d’Osorno, les protestations ont continué. J’ai reçu sa démission une seconde fois. Et j’ai encore dit: « Non, continue! » Entre temps on a continué à enquêter sur lui, mais aucune « évidence » n’est parvenue. Je ne peux pas le condamner si je n’ai pas des évidences. Barros restera s’il n’y a pas d’évidences; Et je suis convaincu qu’il est innocent.

Pourquoi, pour vous, le témoignage des victimes n’est pas une évidence?

Le témoignage des victimes est toujours une évidence! Mais dans le cas Barros, il n’y a pas d’évidence d’abus. Il n’y a pas d’évidence qu’il ait « couvert ». Je le répète: je suis disponible à recevoir une évidence, mais pour le moment il n’y en n’a pas.

Le fait que les premiers membres de la Commission vaticane contre les abus sont en fin de mandat: serait-ce le signe que ce n’est pas une priorité?

La Commission a été nommée pour trois ans. Une fois au bout du mandat on a étudié la nouvelle Commission. La décision a été de renouveler une partie et de nommer d’autres nouveaux membres. Avant le début de ce voyage, la liste définitive des noms est arrivée et maintenant elle suit le processus normal de la curie. On étudie le curriculum des nouvelles personnes, deux observations devaient être clarifiées… ce sont des délais normaux.

Traduction de ZENIT, Anita Bourdin

 ----

Affaire Barros: ce que le pape a dit à propos des abus sexuels au Chili

« Nous engager pour que cela ne se reproduise pas »

 

Le 18 janvier 2018, le pape François répond à des journalistes du Chili, en espagnol, à propos de l’évêque Barros: ses propos ne visaient que le cas Barros et non pas les victimes d’abus sexuels. Qu’a-t-il dit et dans quel contexte? Au moment où quelque confusion semble régner sur les propos du pape, il n’est peut-être pas inutile de rappeler les paroles et les gestes.

Les paroles et les gestes, à Santiago

Le pape lui-même a lancé, au Chili, deux fois, et d’emblée, un signal en faveur des victimes d’abus de la part de membres du clergé.

Premier signal, ses paroles, dès son premier discours, devant les autorités du pays et le Corps diplomatique, mardi, 16 janvier 2018: le pape a exprimé “douleur et honte” face “au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l’Église”. Il demandé pardon et dit l’engagement de l’Eglise pour que cela n’arrive jamais plus: “Je voudrais m’unir à mes frères dans l’épiscopat, car s’il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas. »

Deuxième signal, ses gestes: le même jour, le pape François a reçu des victimes d’abus sexuels de la part de prêtres à la nonciature apostolique de Santiago du Chili: une rencontre « strictement privée » indique Greg Burke, durant laquelle le pape « a écouté leurs souffrances, a prié et a pleuré avec elles ».

Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège avait prévenu que le pape considérait que « les meilleures rencontres sont celles qui ont lieu en privé ».

Les réponses du pape à propos d’un évêque chilien

Rappelons aussi (cf. ZENIT du 15 janvier) que Fernando Karadima, aujourd’hui âgé de 87 ans, déclaré coupable d’abus sexuels et psychologiques par le Vatican en 2011, a été condamné à se retirer dans un monastère pour une vie « de prière et de pénitence », sans aucune mission pastorale, tandis que les faits étaient prescrits pour la justice chilienne.

Or, l’un des séminaristes formés par Karadima, Juan Barros Madrid, ancien évêque aux armées, nommé évêque d’Osorno en 2015 (Osorno est à environ 250 km au sud de Temuco), a été accusé par des laïcs de son diocèse qui réclament son départ, d’avoir été au courant des actes de son ancien mentor, ce que l’évêque nie formellement.

L’évêque a participé, avec les autres évêques du Chili, à la messe du pape François à Santiago, au Parque O’Higgins, le 16 janvier, puis à l’aéroport de Maquehue de Temuco, mercredi, 17 janvier, et à Iquique au Campus Lobito, le 18.

La presse chilienne a interrogé le pape à ce sujet justement avant la messe de jeudi 18 janvier à Iquique. Le pape a répondu spontanément (cf. par exemple cette vidéo), et très précisément à propos des accusations contre Mgr Barros: « Le jour où ils m’apportent la preuve sur l’évêque Barros, alors je parlerai. » Les journalistes insistent, le pape ajoute: « Il n’y a pas une seule preuve contre lui, tout est de la calomnie. Est-ce que c’est clair? »

La presse chilienne a immédiatement titré sur le soutien du pape à Barros.

Unknown.jpeg

La déclaration de l’archevêque de Boston

Le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston et président de la Commission vaticane pour la protection des mineurs, instituée par le pape François a publié une déclaration à ce propos, samedi 20 janvier, sur le site bostoncatholic.org.

Or, lorsqu’il cite les paroles prêtées au pape, d’une part visiblement il n’a pas eu accès aux ipsissima verba du pape (sa citation ne correspond pas) et d’autre part il semble qu’elles lui ont été rapportées comme portant sur les témoignages des victimes d’abus quant aux abus, ce qui n’est pas le cas, il s’agissait des doutes sur le silence complice d’un séminariste devenu aujourd’hui évêque. Enfin, il parle de paroles prononcées à Santiago alors qu’elles l’ont été à Iquique. Les paroles de Santiago, aux autorités, nous venons de les citer.

Voici ce qu’il dit dans notre traduction de l’anglais: «Il est compréhensible, que les propos du pape François hier à Santiago du Chili ont été une source de grande peine pour les survivants d’abus sexuels par le clergé ou tout autre personne. Des paroles qui transmettent ce message: ‘Si vous ne pouvez pas prouver vos plaintes, alors vous ne serez pas crus’ abandonnent ceux qui ont souffert de répréhensibles et criminelles violations de leur dignité humaine et relèguent les survivants dans l’exil du discrédit.»

Cependant, le cardinal prend une précaution, il reconnaît: « N’ayant pas été personnellement impliqué dans les situations qui ont été l’objet de l’interview d’hier, je ne peux expliquer pourquoi le Saint-Père a choisi les mots spécifiques qu’il a employés à ce moment-là. Mais ce que je sais cependant c’est que le pape François reconnaît pleinement les énormes échecs de l’Église et de son clergé qui a abusé d’enfants, et l’impact dévastateur que ces crimes ont eu sur les survivants et sur ceux qui leurs proches. »

Ensuite, le cardinal témoigne de la façon dont le pape reçoit les victimes puisqu’il a participé à certaines rencontres, et il a dit sa prière pour les victimes et pour leurs proches.

Des lectures de la déclaration O’Malley

Pour certains, il semble que la déclaration cherche plutôt à défendre le pape François en rappelant son engagement constant. Mais il est vrai que sa réaction aussi est lue différemment selon les media…

Vatican News titre: « Le cardinal O’Malley réaffirme l’engagement du pape François aux victimes d’abus. » Et Vatican News publie le texte complet en anglais.

Le Boston Globe, dont l’enquête a été naguère retracée par le film « Spotlight » titre : « Le cardinal O’Malley se prononce contre le commentaire du pape aux victimes d’abus sexuels au Chili. » D’autres titres de Boston vont dans le même sens, opposant le pape et O’Malley. Or les citations du Globe ne correspondent pas non plus aux paroles du pape. Limites des traductions certainement.

« Travailler » pour que « jamais plus »

Le père jésuite Hans Zollner, directeur du Centre pour la protection des mineurs de l’Université pontificale grégorienne et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs avait pour sa part réagi dès le 17 janvier, au lendemain des paroles du pape François et de sa rencontre avec des victimes, comme l’expliquait alors Anne Kurian.

« L’attention aux victimes est vraiment à l’avant-garde des priorités du pape François », affirme le père Zollner. « Son empathie, sa proximité et même son assistance spirituelle » sont « si importantes que même des étapes de guérison très importantes peuvent avoir lieu ».

« Ce que le pape a dit hier, dès son arrivée à Santiago, dit le jésuite, et ce qu’il a fait par la suite après avoir rencontré des victimes, montre à quel point il est conscient : conscient également du fait que l’Église doit faire beaucoup plus pour aider les victimes. Et le pape donne l’exemple, ce qui est très important. »

En juillet 2014, le p. Zollner rapporte que le pape a rencontré au Vatican un groupe de victimes d’abus par des prêtres : « J’étais aussi présent à cette occasion… j’ai vu de mes propres yeux comment le pape réagit à tant de souffrances et de douleurs. »

Il témoigne du chemin fait à partir de cette rencontre: « Les deux personnes que j’ai accompagnées ont fait de grands progrès dans leur vie et ont eu une ‘guérison’, si nous pouvons le dire. (…) Et d’une certaine façon, c’était un chemin de réconciliation avec leur vie, avec cette blessure profonde, et aussi avec l’Église. »

En ce qui concerne l’attention de l’opinion publique pour le sujet des abus sexuels commis par des prêtres, le père Zollner reconnaît : « C’est un sujet qui ne nous quittera pas ».

« Mais l’Église catholique, dit-il, montre aussi une diversité de réponses concernant les différentes églises locales » qui doivent être « en mesure d’accueillir les victimes, et de faire tout leur possible pour continuer et développer la capacité de prévention des abus ».

« Nous ne pouvons pas changer le passé, conclut le p. Zollner, mais dans le présent, nous devons travailler pour que ces événements ne se répètent pas. »

Mariage en plein vol ? Le Pape explique François

Mariage en plein vol ? Le Pape explique François

Lors de la conférence de presse, le Pape François a donné les raisons du mariage entre deux stewards, non sans rappeler, avec le sourire, que l'un des journalistes à bord avait écrit qu'il était un peu fou.  

Mariage en altitude: le pape François explique les circonstances

« Ils étaient préparés »

Couple-Chilien-Mariés-Par-Le-Pape-@Antoniospadaro.png

Paula Podest Ruiz Et Carlos Ciuffardi Elorriaga, Mariés Par Le Pape @Antoniospadaro

Zenit

« Ils étaient préparés: le pape Françosi explique, à l’occasion de sa conférence de presse dans l’avion qui le ramenait de Lima à Rome (21-22 janvier 2018) les circonstances du mariage de Paula Podest Ruiz, 39 ans, hôtesse de l’air, et Carlos Ciuffardi Elorriaga, 41 ans, steward, dont le pape François a béni le mariage sacramentel dans l’avion qui le menait de Santiago du Chili à Iquique, le 18 janvier 2018.

Les époux ont témoigné de leur joie: « Notre mariage sera très significatif pour tous les couples du monde qui ne se sont pas mariés. Cela aidera et encouragera les personnes à se marier. Nous sommes du diocèse du ciel! »

Le pape a expliqué les circonstances aux journalistes: « L’un de vous m’a dit que je suis fou de faire ces choses. Mais la chose a été simple; Le steward avait participé au vol du jour précédent. Mais elle n’était pas là. Il m’a parlé. Et moi aussi j’ai parlé de la vie, comment je pensais la vie, puis de la vie de famille. Une telle conversation. Le jour suivant ils étaient là tous les deux et quand nous avons fait les photos, ils m’ont dit qu’il y a huit ans ils devaient de marier, à l’église, mais le jour précédent, l’église a été détruite par le tremblement de terre, et ainsi il n’y a pas eu de mariage. Ils ont dit: « On le fera demain, après-demain… »

Et puis la vie, une fille arrive puis une autre. Mais ils avaient toujours cela dans le coeur: « Nous ne sommes pas mariés. » Je les ai un peu interrogés et ils m’ont dit qu’ils avaient suivi la préparation au mariage pour arriver au mariage. J’ai jugé qu’ils étaient préparés. Alors pourquoi faire demain  ce qui peut de faire aujourd’hui? Et si ce lendemain allait signifier encore dix ans de plus? Ils se sont préparés tous les deux devant le Seigneur par le sacrement de pénitence. Ils m’ont aussi dit qu’ils avaient confié à certains leur intention de me demander de les marier… Les sacrements sont pour les hommes, toute les conditions étaient claires. Par conséquent dites aux curés que le pape les a interrogés comme il faut. »

Avec une traduction d’Hélène Gainaient