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La direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris a eu connaissance des messages d’un des tueurs du père Hamel une semaine avant l’assassinat du religieux. Le terroriste y évoquait une attaque dans une église, mentionnait Saint-Étienne-du-Rouvray… Une fois le prêtre assassiné, la DRPP a alors postdaté deux documents afin de masquer sa passivité. Révélations sur les pratiques du service de renseignement parisien.
Adorateurs un jour, critiques acerbes le lendemain
Interview "malicieux" du Cardinal suisse Kurt Koch
Le cardinal suisse note avec une pointe de malice que pas peu de ceux qui soutiennent aujourd’hui le pape François et réclament l’obéissance critiquaient vivement naguère Benoît XVI et lui résistaient.
Et qu’à l’inverse ceux qui s’affirmaient fidèles au pape et loyaux envers Jean Paul II et Benoît XVI sont aujourd’hui les premiers à remettre en cause François.
Pour un aveu, c'est un aveu. La nébuleuse d'opposition au Magistère du Pape François est bien plus large, car elle s'étend jusqu'à une certaine contestation du Concile Vatican II.
Les propos de Mgr Négri lèvent quelque peu le voile sur les véritables raisons qui poussent une minorité très active dans les nouveaux médias à déformer les paroles du Vicaire du Christ.
Mgr Négri est l'un des deux évêques italiens qui viennent de signer la "Profession des Vérités immuables sur le mariage sacramentel"* initiée par trois évêques du Kazakhstan.
"Je ne veux pas me perdre dans des relectures hâtives et idéologiques de moments fondamentaux dans la vie de l'Église, comme l'a été le Concile par exemple: une expérience extraordinaire, complexe, articulée et - pourquoi pas - avec des aspects qui ne sont pas toujours clairs".
- Monseigneur Negri, qu'est-ce qui vous a poussé à signer cette lettre?
Compte tenu de la grave confusion qui règne dans l'Église sur le thème du mariage, je crois qu'il est nécessaire de rappeler la clarté de la position traditionnelle.
J'ai pensé qu'il était juste de signer parce que le contenu de cette position est ce que j'ai largement présenté ces dernières années, pas seulement ces derniers mois, dans toutes les mises au point que j'ai consacrées au thème de la famille, de la vie, de la procréation et de la responsabilité éducative envers les plus jeunes. Ce sont des questions d'une importance absolue pour lesquelles le monde catholique dans son ensemble ne témoigne pas beaucoup de sensibilité.
- Il y en a qui disent qu'on a trop parlé de la famille et de la vie...
Penser à une Église sans un souci explicite, systématique et je dirais quotidien de défendre et de promouvoir la famille et sa responsabilité missionnaire et éducative fait penser à une Église gravement et lourdement conditionnée par la mentalité mondaine.
Cette mentalité, qui domine largement nos sociétés, estime que toutes les questions "éthiquement sensibles", pour reprendre une expression devenue d'usage courant, relèvent de la responsabilité des institutions politiques et sociales, et d'abord des États. Tandis qu'avec la Doctrine Sociale de l'Église, je crois que la question de la personne et le développement de son identité et de sa responsabilité dans le monde est une tâche spécifique, première et indispensable de l'Église.
Une bataille est en cours entre la mentalité mondaine - celle que le Pape François appelait dans les premiers mois de son pontificat «la pensée unique dominante» - et la conception chrétienne de la vie et de l'existence. Si l'Église ne vit pas cette confrontation, elle finit en substance par se réduire à une position d'auto-émargination de la vie sociale.
- Dans la lettre, on parle beaucoup de la confusion qui existe dans l'Église, et vous l'avez également mentionnée. Et pourtant, il y en a qui nient qu'il y ait une telle confusion, certains prétendent qu'il n'y a que de la résistance à un chemin de renouveau de l'Église.
La confusion est là. Elle est là, et elle est très grave. Aucune personne sensée ne peut le nier. Je me souviens des paroles affreuses mais terribles du Cardinal Carlo Caffarra, quelque temps avant sa mort, lorsqu'il a dit: «Une Église avec peu d'attention à la doctrine n'est pas une Église plus pastorale, mais c'est une Église plus ignorante». Cette ignorance est source de confusion. Je cite également le Cardinal Caffarra, qui disait que «seul un aveugle peut nier qu'il y a une grande confusion dans l'Église».
Et je peux en témoigner par ce que j'ai vu surtout au cours des derniers mois de mon épiscopat à Ferrare-Comacchio. Chaque jour, j'étais interpelé par de bons chrétiens dans la conscience desquels il y avait une très forte déception, et qui vivaient avec beaucoup de souffrance. Je le dis clairement, une plus grande souffrance que beaucoup d'ecclésiastiques et beaucoup de mes confrères évêques. C'est la souffrance d'un peuple qui ne se sent plus soigné, soutenu dans le besoin fondamental de vérité, de bonté, de beauté et de justice qui constitue le cœur profond de l'homme, que seul le mystère du Christ révèle de manière profonde et extraordinaire.
Je ne veux polémiquer avec personne, mais je ne peux pas ne pas dire qu'il faut travailler pour que la splendeur de la tradition redevienne une expérience pour le peuple chrétien et une proposition que le peuple chrétien fait aux hommes. C'est pour moi une tâche qui me semble fondamentale.
- A propos de confusion, ces jours-ci, on a vu naître une nouvelle polémique avec l'accusation au pape Ratzinger pour des erreurs doctrinales qui n'ont jamais été corrigées et, une fois de plus, le Concile a été impliqué.
Je ne veux pas me perdre dans des relectures hâtives et idéologiques de moments fondamentaux dans la vie de l'Église, comme l'a été le Concile par exemple: une expérience extraordinaire, complexe, articulée et - pourquoi pas - avec des aspects qui ne sont pas toujours clairs.
Ou bien le grand et inoubliable Magistère de saint Jean Paul II, son engagement à re-proposer au monde l'annonce du Christ comme seule possibilité de salut et donc à proposer l'Église comme cadre de cette expérience - comme lui-même le disait - d'une vie renouvelée.
Ce sont là les jalons d'un chemin qui ensuite a trouvé, dans le grand Magistère de Benoît XVI, un point de synthèse, l'appel fort à cette continuité dans la transition entre la réalité pré-conciliaire, la réalité du Concile et la réalité du post-concile: ce fut une formulation d'une importance extraordinaire, dont l'Église vit encore.
Jean-Paul II et Benoît XVI ont élevé le Magistère catholique à des niveaux d'une ampleur extraordinaire. Il est absurde de plier l'interprétation de ces grands personnages de la vie de l'Église à des intérêts de boutiques.
Mais il est aussi absurde d'établir des comparaisons entre les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI et le magistère du Pape François. Dans l'histoire de l'Église, chaque Pape a sa propre fonction. La fonction de François n'est certainement pas de redéfinir l'intégrité et la portée du message chrétien, mais d'en tirer certaines conséquences nécessaires sur le plan éthique et sociale.
- Toujours à propos de confusion, en cette année où a été rappelé le 500e anniversaire de la Réforme protestante, des choses franchement déconcertantes ont été vues et entendues dans l'Église.
La confusion doctrinale et culturelle présente des aspects qui semblent difficiles à croire pour des personnes de bon sens, des personnes qui ont reçu une formation culturelle adéquate. Cette histoire de Luther est une histoire incroyable. Ce Luther, dont on parle tant, n'existe pas. Ce Luther réformateur, ce Luther évangélique, ce Luther dont la présence aurait été une réforme positive et bénéfique pour l'Église n'a aucun fondement historique ni critique.
C'est un tout autre discours si, en cette période de grave attaque contre la tradition religieuse de l'Occident, il devient nécessaire que tous les hommes religieux perçoivent qu'il est temps pour une nouvelle et grande unité opérationnelle. Nous devons travailler ensemble, bien sûr. Mais pour travailler ensemble, nous ne devons pas diluer notre identité, ni penser que l'existence de l'identité est un obstacle au travail.
C'est exactement le contraire: ceux qui s'engagent dans le dialogue religieux, dans le dialogue œcuménique, dans le dialogue avec la vie sociale avec une identité précise, donnent une contribution extrêmement significative. On ne coopère pas, on ne dialogue pas à partir de la confusion. On dialogue à partir de l'identité, et l'identité catholique, si elle est vécue à fond, apporte une contribution unique et irréductible à la vie sociale.
- Il y en a qui mettent en garde contre la tentation de l'hégémonie.
Je ne pense absolument pas à une hégémonie sur la vie sociale, comme beaucoup de catholiques irresponsables le considèrent. Ce n'est pas pour une volonté d'hégémonie, mais pour une volonté de mission. Une mission explicite, claire, significative, passionnée et donc polémique envers le monde. J'ai appris cela de Don Giussani en 50 ans de vie avec lui et c'est sur ce point, à mon avis, que se sont joués de manière positive les grands magistère de Jean-Paul et de Benoît, en accord avec le grand magistère de l'Église des XIXe et XXe siècles.
Les cas sont tous prescrits. Ils ont eu lieu entre les années 1950 pour les plus anciens et 1992 pour le plus récent.
Note: la prescription civile n'est pas identique à la prescription ecclésiale. Pour l'Eglise catholique, elle est de 20 ans, dès les 18 ans de la victime. Elle peut être également levée.
Jean-Marie Lovey, évêque du Diocèse de Sion, ici face aux représentants de la presse en 2015. [Sedrik Nemeth - Keystone]
Parmi la dizaine de prêtres pédophiles reconnus par le diocèse de Sion, trois sont toujours en vie. C'est le bilan établi un an après l'appel lancé par la Conférence des évêques suisses (CES), a annoncé mercredi Rhône FM.
Les cas sont tous prescrits. Ils ont eu lieu entre les années 1950 pour les plus anciens et 1992 pour le plus récent. Les faits ont été commis par une dizaine de prêtres, identifiés grâce aux témoignages d'une dizaine de victimes qui se sont annoncées auprès du diocèse de Sion, indique la radio valaisanne.
Selon Gérard Falcioni, qui fait partie de ces victimes, ces chiffres sont bien loin de la réalité. Il a affirmé à Rhône FM avoir rencontré une cinquantaine de victimes. Les anciens évêques de Sion étaient au courant de certains agissements mais ne sont pas intervenus, estime-t-il.
Jean-Marie Lovey, l'évêque actuel du diocèse de Sion, se dit lui convaincu que ses prédécesseurs ne lui ont rien caché. Dans les archives secrètes du diocèse, il n'y a aucun cas de prêtres pédophiles, a-t-il assuré tout en demandant pardon et en réitérant son appel aux victimes.
ats/ther
Publié à 16:41 - modifié à 17:15
Plus de 200 cas dénoncés en Suisse
En Suisse, 218 cas d'abus ont été annoncés entre 2010 et 2016, indique la dernière statistique des dénonciations de la CES, présentée début décembre 2016 à Valère.
Lors du déroulement des faits, la plupart des victimes étaient des enfants (fille ou garçon) jusqu'à 12 ans ou des garçons entre 12 et 16 ans.
La statistique des cas annoncés est établie chaque année depuis 2010 par une commission d'experts mise en place par la CES.
Amoris Laetitia: Mgr Schneider ne comprend toujours pas le Pape
La juste interprétation du document magistériel du Pape François Amoris Laetitia continue d'agiter les esprits présents sur la toile.
Rappelons qu'AL n'a pas changé l'enseignement de l'Eglise. Pour communier, l'état de grâce est toujours requis (la conscience ne doit pas discerner de péchés graves ou mortels).
La conscience est formée par l'enseignement de l'Eglise. Il se peut que la conscience soit erroné d'une manière non-coupable, un classique dans la pratique du confessionnal.
Avec toute l'Eglise, le Pape François est un Pasteur qui désire intégrer les personnes, pour cheminer, discerner et trouver un chemin praticable pour avancer pas à pas vers la Vérité tout entière.
Malheureusement, Mgr Schneider, un évêque auxiliaire, ne comprend toujours pas la loi de la gradualité, la formation de la conscience et le discernement. Il entre malheureusement dans la nébuleuse numérique d'opposition au Pape François.
Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel (L'Homme Nouveau)
Rédigé par la rédaction L'Homme Nouveau le dans Religion
À la demande de Mgr Athanasius Schneider, Évêque Auxiliaire de l´archidiocèse de Saint Marie en Astana, nous publions cette profession de foi relative aux vérités touchant le mariage sacramentel. Elle est signée de trois évêques du Kazakhstan et rappelle la doctrine catholique traditionnelle concernant le mariage.
Cette profession de foi s’inscrit dans les débats soulevés par certains passages de l’exhortation apostoliqueAmoris Laetitia du pape François. Sa publication a lieu alors que la lettre du Saint-Père, félicitant les évêques de la région de Buenos Aires pour leur interprétation (large) d’Amoris Laetitia, a été rendue officielle par sa publication dans les Acta Apostolicae Sedes (AAS).
Après la publication de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (2016), divers évêques ont émané, au niveau local, régional et national, des normes d’application sur la discipline sacramentelle des fidèles, dits « divorcés-remariés » qui, bien que le conjoint auquel ils sont unis par un lien valide du mariage sacramentel vive encore, ont toutefois entamé une cohabitation stable à la manière des époux avec une personne autre que leur conjoint légitime.
Une conversation du journal avec l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
N.B. Les trois prêtres collaborateurs avaient rencontré le Pape lors d'un colloque. Afin de garder le bon esprit à l'intérieur même de la Congrégation, ils avaient reçu quelques recommandations de François.
DIE ZEIT : Eminence, puis-je vous demander comment vous avez passé la nuit de Noël ?
Gerhard Ludwig cardinal Müller: La nuit de Noël, j’étais évidemment à Saint-Pierre. A part cela, nous avons lu, dans la communauté où je vis, l’Evangile de la Naissance du Christ, nous avons prié et chanté des chants de Noël selon la bonne tradition allemande.
ZEIT : Avez-vous aussi prononcé vous-même une homélie pendant la période de Noël ?
Müller : Depuis des années, le lendemain de Noël, je suis invité à la messe au Campo Santo Teutonico, avec une assemblée allemande. Le thème de l’homélie de ce jour est le martyre de saint Etienne, le premier martyr de l’histoire de l’Eglise. Noël, ce n’est pas seulement du romantisme et une ambiance particulière ; Noël indique aussi la croix du Christ qui s’approche, alors même qu’il est cet enfant nouveau-né couché dans la crèche.
ZEIT : Peu avant Noël, le pape a de nouveau sonné les cloches à la curie. S’il a fait l’éloge de ses collaborateurs fidèles et expliqué le sens spirituel profond de sa réforme de la curie, il a aussi fustigé ceux qui s’y opposaient. Il s’en est pris, entre autres, aux ecclésiastiques haut placés « qui se présentent comme des martyrs, lorsqu’ils ont été délicatement écartés du système ». – On a aussitôt fait le rapport avec vous. Vous êtes-vous senti visé ?
Müller : Certainement pas. Parce que je ne me suis pas présenté comme un martyr et que je n’ai pas été « délicatement » éloigné du « système » – lequel et de qui ? Un chrétien devient martyr par l’assistance de l’Esprit-Saint et pas en se présentant lui-même comme tel. Par mon baptême et ma confirmation, j’appartiens à l’Eglise de Jésus-Christ et pas à un quelconque système fait par des hommes.
ZEIT : Après que le pape vous a fait savoir en juillet que votre mandat ne serait pas prolongé, vous auriez, dit-on, critiqué sa manière d’agir. Est-ce juste et, si oui, qu’est-ce qui vous a dérangé ?
Müller : Il ne s’agissait pas de moi. J’ai voulu protéger trois des meilleurs collaborateurs de ma congrégation, qui ont été licenciés stante pede sans motif déclaré. Si on considère cela comme inacceptable ou imprudent, tant pis ! Je suis prêtre et pas courtisan. Basta !
ZEIT : Dans son discours de Noël à la curie, François a mis en garde contre les intrigues et a parlé d’« une logique du complot ». Etait-ce justifié ?
Müller : J’ignore, s’il était question de faits réels ou d’abstractions. En tout cas, intrigues et complots sont incompatibles avec l’honneur professionnel d’un ecclésiastique.
ZEIT : Plusieurs collaborateurs de la curie trouvent peu charitable que le pape les malmène avant la fête de Noël. Qu’avez-vous pensé du discours ?
Müller : Qui suis-je pour tout commenter ? En aucun cas, je n’aimerais que la presse allemande fasse de moi le portrait d’un adversaire du pape. J’étais présent et je n’ai pas oublié le souhait du pape demandant que l’on prie pour lui.
ZEIT : Avez-vous été surpris lorsque le pape François, durant l’été 2017, au terme de votre mandat de cinq ans, ne l’ait pas prolongé ?
Müller : Oui, vu l’absence d’indication de raisons tant objectives que subjectives.
ZEIT : Votre congrégation a été souvent âprement critiquée. N’y a-t-il pas aussi quelque chose que vous êtes soulagé d’avoir laissé derrière vous en même temps que votre charge de préfet ?
Müller : Dans une telle charge, le ressenti personnel ne compte pas ; ce qui importe c’est de remplir les devoirs liés à la charge. Que ce soit agréable ou pas, j’ai dirigé la Congrégation dans un esprit de service envers le magistère du pape.
ZEIT : Vous êtes originaire de Mayence et vous avez été longtemps évêque de Ratisbonne. Êtes-vous à présent de nouveau plus en Allemagne qu’à Rome ?
Müller : En tant que cardinal, à Rome, j’ai toujours une responsabilité un niveau de l’Eglise universelle. Je fais partie du Sacré-Collège, le sénat du pape et suis un membre actif de plusieurs congrégations de la curie. En plus, je reçois, du monde entier, trop d’invitations à contribuer à des publications scientifiques, des conférences et des colloques pour que je puisse les honorer toutes. Cela n’empêche : l’Allemagne reste ma patrie, où j’ai le plus de liens de famille et d’amitié. C’est tout à fait naturel. Mais je n’y remplis pas de mission spécifique dans l’Eglise.
ZEIT : Votre devise épiscopale est : Dominus Jesus – qui renvoie à un passage de la Lettre aux Romains et à un texte du pape Benoît. Qu’est-ce que cela signifie : Jésus est le Seigneur ?
Müller : Cette expression constitue la plus ancienne profession de foi chrétienne dans l’église primitive de Jérusalem. Jésus est reconnu comme « le Seigneur ». Dans l’Ancien Testament, Dieu se révèle comme « le Seigneur ». Il libère son peuple de l’esclavage de l’Egypte ; il conclut avec lui l’alliance du salut. La puissance de Dieu se manifeste dans le salut et la libération de son peuple élu. Appliquer à Jésus ce titre réservé à Dieu seul montre la spécificité de la foi chrétienne : en Jésus, le Messie, le royaume et la seigneurie de Dieu sont présents. Il libère l’homme des entraves de la maladie, de l’isolement, de la marginalisation. Il nous sauve du désespoir d’une vie sans espérance. Il nous apporte, comme on le lit dans la Lettre aux Romains, « la liberté et la gloire des enfants de Dieu ».
ZEIT : Vous étiez le gardien de la doctrine de la foi en un temps de rapides transformations sociales. La doctrine peut-elle se transformer ?
Müller : Toute la question est de savoir ce qu’on entend par « transformations ». Il y a une croissance de la foi et un approfondissement dans la manière dont on comprend la doctrine – parce que, au cours de l’histoire de l’Eglise, elle rencontre différentes cultures et philosophies. Ce que l’on ne peut pas entendre par « transformation », c’est une dilution de la confession de foi ou un rabais de l’éthique chrétienne. Le christianisme consiste à marcher à la suite du Seigneur crucifié et ressuscité. Il ne peut pas être réduit aux commodités d’une religion civile.
ZEIT: Le pape François utilise volontiers l’expression « Ecclesia semper reformanda », que les protestants revendiquent pour eux-mêmes. Rome deviendrait-elle aujourd’hui évangélique ?
Müller: En effet, l’expression vient du protestantisme et signifie la correction de la doctrine et des pratiques cultuelles que les réformateurs jugent en contradiction avec la parole de Dieu dans la Bible. Mais dans la conception catholique, au contraire, l’Esprit-Saint préserve l’Eglise de toute contradiction de sa doctrine avec la parole de Dieu. Cependant, nous, comme chrétiens, nous devons toujours, à titre individuel, nous laisser corriger dans notre vie spirituelle et morale. Nous devons toujours nous remettre sur le chemin de la conversion et du renouveau. L’Eglise, comme groupe humain, peut naturellement aussi faillir à sa tâche : devant les défis de le vie spirituelle et culturelle, les bouleversements sociaux, des développements politiques dangereux. Ici, un retour critique sur soi-même est nécessaire. Malheureusement, nous, les hommes, nous apprenons seulement de l’histoire profane et de l’histoire de l’Eglise à condamner l’échec de nos pères, pas à éviter nos propres erreurs.
ZEIT: Vous-même, sous le nouveau pontificat, avez souvent été attaqué en tant qu’antipode conservateur de François. Voyez-vous les choses ainsi ?
Müller : Par principe, je ne suis pas un antipode du pape. Et je ne proviens absolument pas d’un courant idéologique, qu’on l’appelle conservateur ou progressiste, de droite ou de gauche. Cette division de l’humanité en deux camps, que ce soit en fonction de visions du monde, de religions ou de partis politiques, n’est rien d’autre qu’une offense à la raison. Nous avons l’intelligence pour distinguer, argumenter, échanger. Ce n’est qu’ainsi que nous arrivons finalement à un jugement droit. Le plus grand savant dans sa propre discipline peut aujourd’hui, malgré toute sa science, être facilement disqualifié, si l’un ou l’autre dilettante l’accule à droite ou à gauche. L’absurdité de ce classement en tiroirs se révèle aussi quand on fait du stalinisme un marxisme orthodoxe, alors que l’Eglise orthodoxe en était la victime. Le pape François n’est ni libéral ni conservateur et il n’a pas besoin d’adversaire, ni conservateur ni progressiste.
ZEIT : Etes-vous un proche des cardinaux qui ont envoyé au pape une lettre ouverte avec leurs « dubia », leurs doutes, concernant son document Amoris Laetitia ?
Müller : Ce sont là des spéculations superflues. La seule vraie question ici est de savoir comment il est possible que le magistère de l’Eglise garde une fidélité sans réserve à la parole de Dieu, sans interprétations et détours sophistiques, et que soient en même temps réintégrés pleinement à la vie de l’Eglise les catholiques en situations familiales difficiles et qui connaissent souvent aussi des destins tragiques dans leur vie conjugale. Ici, il n’y a pas d’alternative « soit…soit » mais seulement un « en même temps ».
ZEIT : Que dites-vous à ceux qui insultent le pape François en le traitant d’hérétique ?
Müller : L’hérétique est un catholique qui, avec obstination, nie une des vérités de foi contenue dans la révélation et imposée par l’autorité de l’Eglise. Ce point devrait être strictement vérifié. En ce qui concerne les critiques du pape : on n’attend d’aucun catholique qu’il approuve toutes les déclarations, les mesures et le style des responsables de l’Eglise. A l’inverse, pour ceux qui critiquent ceux qui critiquent : celui qui vénère un haut dignitaire de l’Eglise comme une popstar n’a rien compris à la véritable nature de l’autorité dans l’Eglise. Toute espèce de culte de la personnalité ne pourrait être qu’une méchante caricature de la sympathie naturelle que tout catholique doit avoir pour le pape. Et d’ailleurs aussi pour son évêque et pour le curé de sa paroisse.
ZEIT : On peut aussi détourner cette sympathie, de façon très grave, par la violence et l’abus. Quand les cas d’abus dans l’Eglise catholique ont été rendus publics, les victimes vous ont reproché d’avoir favorisé l’étouffement de ces scandales. Rétrospectivement, qu’auriez-vous envisagé de faire autrement ?
Müller : Votre question est non pertinente, parce que le reproche sur lequel elle repose est dénué de fondement. On a manié le mot « étouffement » de façon très imprudente et parfois même démagogique, pour diffamer des personnes impopulaires. En réalité, l’étouffement d’un délit aussi grave que l’abus sexuel commis sur des enfants ou des jeunes revient à soustraire un criminel à la justice. Cela vaut aussi bien pour la procédure d’un tribunal civil que – de manière complémentaire et pas comme substitut d’une procédure pénale ! – pour la sanction canonique contre un clerc qui est accusé. Pour ce qui relève de ma responsabilité, à Ratisbonne comme à Rome, toutes les accusations contre des membres du clergé ont été soumises à la justice civile, pour autant qu’elles n’étaient pas prescrites. Et elles ont toujours été traitées, abstraction faite de la prescription, selon les normes du droit canonique en vigueur
ZEIT : L’image de « hard-liner » (tenant de la ligne dure, n.d.t.) et d’adversaire des réformes que vous avez en Allemagne vous dérange-t-elle ?
Müller : Par réforme j’entends le renouvellement religieux et spirituel de l’Eglise dans le Christ et non pas la réalisation d’un programme, à force d’agitation plutôt que d’arguments.
ZEIT : Votre carrière académique a commencé par une dissertation sur un héros protestant, Dietrich Bonhoeffer. Qu’avez-vous appris de lui ?
Müller : Je cite ce que Bonhoeffer lui-même disait en 1943 du national-socialisme, à savoir que : « Tout grand déploiement extérieur de puissance, qu’il soit de nature politique ou religieuse, frappe de stupidité une grande partie de l’humanité ». Ce qui compte, ce n’est pas d’emboîter le pas à la majorité, mais d’être à l’unisson de la vérité. C’est là l’attitude du chrétien.
ZEIT : A l’intérieur de l’Eglise universelle, vous passez pour un progressiste, d’autant plus que vous avez étudié de près la théologie de Luther. Avez-vous déjà été attaqué comme trop progressiste ?
Müller : Je ne me suis pas occupé de la théologie de Luther pour me faire décerner, au moins une fois dans ma vie, le titre flatteur de progressiste – mais parce que cela fait partie du programme standard de la dogmatique et de la théologie œcuménique. Aujourd’hui, on identifie volontiers le protestantisme avec la modernité, quoi que ce mot puisse recouvrir, et le catholicisme avec le moyen âge, quoi que ce mot puisse recouvrir. Cela a peu de rapport avec la réalité des confessions. Je tiens cela plutôt pour une projection. L’œcuménisme aujourd’hui ne peut en tout cas pas être une course pour arriver le premier à la modernité. Nous ne devons pas chercher à nous dépasser les uns les autres, mais nous retrouver dans le Christ et dans sa vérité, afin que devienne possible la pleine communion ecclésiale.
ZEIT : Après la « Christusfest » célébrée en commun par les catholiques et les protestants allemands en 2017, êtes-vous satisfait de la situation actuelle de l’œcuménisme ? A-t-on atteint tout ce qui pouvait l’être ?
Müller : C’est une question trop vaste, à laquelle on peut difficilement répondre par oui ou par non. Je suis en tout cas heureux que, pour la première fois depuis 1517, ait eu lieu une fête jubilaire de l’affichage des thèses qui était une commune confession de Jésus Christ, le fils de Dieu et l’unique médiateur du salut. Tel est le point central qui nous liait et nous obligeait tous.
ZEIT : Depuis le début, vous vous êtes toujours résolument prononcé contre les tendances de droite radicale de la Fraternité-Pie-X. Pourquoi était-ce important pour vous ? Est-il vrai que le pape régnant soit plus tolérant sur ce point ?
Müller : Pour moi, il ne s’agissait pas d’abord de positions politiques peut-être douteuses, mais de la négation de l’holocauste par un représentant de cette communauté, un acte moralement monstrueux. Grâce à Dieu, il a été exclu depuis lors. Au-delà de cette question, voici qui me semble important : l’Eglise catholique, dans ses relations avec le judaïsme, ne peut revenir en-deçà de la position nouvelle décidée au concile Vatican II. Au contraire ! Nous devons continuer à développer tout le positif qui fut inauguré alors. Et cela en dépit d’un long et douloureux passé d’antisémitisme. Le pape partage cette vision.
ZEIT : L’Eglise devrait-elle faire encore plus contre les populistes de droite, en Pologne par exemple ?
Müller : Nous les Allemands, moins que tout autre, ne devrions nous ériger en professeurs de démocratie à l’égard de nos voisins polonais. Cela ne peut que nuire à la confiance réciproque des pays en Europe. Car, pour les Polonais, l’enjeu est aujourd’hui de maintenir l’identité d’une grande nation de culture à l’intérieur de la Communauté européenne. Considérez que, pendant 123 ans, des états européens se sont partagé la Pologne et qu’ils ont voulu anéantir culturellement et physiquement ce pays. Ce que des Allemands ont fait aux Polonais pendant l’occupation, de 1939 à 1945, doit nous remplir de honte. Au lieu d’envisager des mesures de rétorsion politique envers la Pologne, on ferait mieux de rechercher le dialogue. Et les Polonais nous apprendront aussi comment accepter le sacrifice pour la liberté et la démocratie.
ZEIT : Les chrétiens d’Orient se plaignent que l’Europe, et les chrétiens d’Europe, ne s’intéressent pas à la persécution qu’ils subissent. Faisons-nous assez pour ceux qui sont persécutés ?
Müller : Non ! Une fois de plus, nous manquons scandaleusement à notre devoir !
ZEIT : Vous avez dit un jour que la supposée tolérance des « tenants du pluralisme religieux et ecclésial » est en réalité une intolérance envers Dieu et l’expression d’une « arrogance de la créature ». Qu’est-ce qui vous dérange dans le pluralisme ?
Müller : Vous avez fondu ici deux déclarations en une seule. J’ai dit que ceux qui exigent des autres la tolérance, de manière souvent vigoureuse et catégorique, ne sont pas aussi pointilleux quand il s’agit de la liberté d’expression des autres. Quel est le chrétien qui se moque de gens d’autres croyances ou même des athées dans des cabarets, des émissions de télévision satiriques et au théâtre ? C’est bien la foi des chrétiens que l’on ridiculise au nom la liberté d’expression. Livrer quelqu’un à la risée publique, c’est blesser sa dignité d’être humain. Personne aujourd’hui ne peut plus se permettre de dénigrer collectivement tout un groupe pour la méconduite de quelques individus – sauf quand il s’agit « des » prêtres catholiques.
ZEIT : Voilà pour la tolérance. Un mot à présent sur « l’arrogance de la créature », si vous voulez bien ?
Müller : Par cette expression, je vise la théorie philosophique selon laquelle l’homme serait incapable de connaître la vérité – raison pour laquelle il ne pourrait y avoir de témoignage légitime de la vérité de la révélation de Dieu. La foi, dans cette hypothèse, ne peut être qu’imposture ou illusion. Toute prétention à la vérité d’une religion révélée serait à priori une idéologie de domination, et une blessure infligée à la liberté de tous ceux qui ne croient pas. Je m’inscris en faux contre cela ! Les sceptiques métaphysiques ne peuvent prétendre à la vérité de leurs prémisses sans se mettre en contradiction avec eux-mêmes. Leur scepticisme ne leur donne pas le droit d’accuser les croyants de fondamentalisme et de leur attribuer, en bloc, une propension latente à la violence.
ZEIT : Puisque nous parlons de violence … Nous faisons actuellement l’expérience que, dans les pays plutôt marqués par le laïcisme, règne la liberté religieuse et qu’en revanche, les pays où l’empreinte de la foi est forte connaissent des troubles, notamment dans le monde musulman. L’Eglise doit-elle en tirer la conclusion : mieux vaut un peu moins de piété, mais la paix ?
Müller : Les chrétiens ont eu, dans l’ancien empire romain, de mauvaises expériences avec le pluralisme religieux pacifique. Et que la liberté religieuse soit mieux garantie dans les pays fortement laïcisés me semble relever du « on-dit ». Il y a trop d’exemples du contraire. Il suffit de penser à la révolution française et aux batailles culturelles anticléricales du XIXe siècle, en Prusse et en Italie. Ou encore aux dictatures athées en Allemagne, en Union Soviétique, en Albanie, en Corée du Nord. Ce n’est pas l’attitude laïciste des puissants, mais la reconnaissance générale des droits fondamentaux dans une démocratie libre qui garantit la liberté religieuse.
ZEIT : Et qu’en est-il de la reprise en force des militants islamistes ?
Müller : Le terrorisme sanglant au nom de Dieu foule aux pieds la dignité humaine. Celle-ci, d’après la conviction chrétienne, est fondée sur le dessein inconditionnel du Créateur à l’égard de chaque être humain. C’est précisément parce que je suis, comme chrétien, convaincu de la vérité de la foi en Jésus-Christ, que je défends la dignité humaine, l’état de droit démocratique qui n’impose à personne ce qu’il doit croire et penser. Si, dans une démocratie, les laïcistes revendiquent l’espace public et veulent cantonner les chrétiens dans une sous-culture privée, cela n’est pas la neutralité de l’état mais le début de sa destruction.
ZEIT : La Place-Saint-Pierre est, depuis quelque temps, protégée contre le terrorisme. Que dites-vous aux fondamentalistes religieux ?
Müller : Qu’ils ne sont pas religieux. Car la religion est un culte rendu à Dieu et, par-là, respect de l’homme, de sa liberté et de sa vie. C’est pourquoi le cinquième commandement dit : « Tu ne tueras pas ! » En langage chrétien, rendre un culte à Dieu signifie : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même ».
ZEIT : A la fin de l’année, vous fêterez vos 70 ans. Le pape Benoît vous a félicité. Le voyez-vous encore souvent ?
Müller : Régulièrement, et aussi souvent que sa santé le permet. J’édite ses œuvres complètes en 16 volumes chez Herder. Il y a donc beaucoup à discuter ensemble.
ZEIT : Vous était-il plus facile d’être préfet sous le pontificat de Benoît ou sous celui de François ?
Müller : Le premier m’a appelé à cette charge, et le second a mis un terme à mon mandat.
ZEIT : Depuis bientôt six mois, vous n’êtes plus préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Quel point positif voyez-vous au fait de ne plus occuper une telle position de pouvoir ?
Müller : Le concept de pouvoir est ambivalent. Dans la position d’autorité ecclésiale ou profane, le pouvoir est la possibilité de soutenir les autres et de bien conduire une communauté. Mais nous savons aussi que les puissants abusent de leur pouvoir sur les hommes. Jésus à dit à ses disciples : « Parmi vous il ne doit pas en être ainsi » (Matthieu 20, 26). Remplir sa tâche et son devoir à l’égard de l’Eglise est autre chose que suivre la logique du pouvoir dans le mauvais sens du terme.
ZEIT : Quel est l’aspect de votre mandat de préfet qui vous manque le plus ?
Müller : C’était un mandat temporaire. J’ai travaillé pour l’Eglise en tant que prêtre et évêque et continuerai à la faire. Je suis reconnaissant aux membres de la Congrégation, cardinaux et évêques, collaborateurs, théologiens, canonistes et aussi aux personnes de bonne volonté parmi le personnel non scientifique. Ensemble, nous avons fait un excellent travail.
ZEIT : Vous avez d’étroits liens d’amitié avec le fondateur de la théologie de la libération [G. Gutierrez, n.d.t.]. N’était-ce pas là, pour vous, un pont vers François, le pape des pauvres ?
Müller : Mes contacts avec l’Amérique Latine ont commencé en 1988. Ainsi ne peut-on pas me soupçonner d’opportunisme quand je trouve très important le fait que le pape François place les pauvres au centre de la société universelle.
ZEIT : Quelle est la tâche la plus difficile que l’Eglise d’aujourd’hui aura à affronter ?
Müller : La mission de l’Eglise est la même à toute époque : gagner les hommes au Christ. Nous sommes convaincus que Dieu nous donne l’orientation décisive – dans la question du sens de la vie, dans la détresse de la mort mais aussi quand nous donnons forme, dans notre société, aux principes de liberté et de justice.
ZEIT : Qu’est ce qui peut, pour nous tous, chrétiens ou non, être signe d’espérance en 2018 ?
Müller : Le nouveau-né dans sa crèche de Bethléem avec la paix qui vient de lui.
Préface du Pape émérite Benoît XVI pour les 70 ans du Cardinal Müller
«Le Dieu Trinitaire – La foi chrétienne à l'époque séculière»
Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie – celle du Préfet et du Secrétaire – ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie.
Benoît XVI
- en ne prolongeant pas le mandat du Cardinal Müller, le Pape François n'a pas réglé ses comptes avec le Cardinal Müller.
- le non-renouvellement d'une charge romaine était déjà prévu par le bienheureux Paul VI.
- le conflit avec Marie Collins, victime de la pédophilie, pourrait éventuellement être à l'origine de la décision du Pape François.
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Le Pape émérite Benoît XVI a écrit préfet émérite de la CDF dans la préface d'un livre publié en Allemagne pour célébrer son 70ème anniversaire.
Dans la préface, Benoît XVI dresse les louanges du cardinal Müller et souligne la consonance théologique qui l'unit à lui :
"Eminence, cher confrère,
Ton 70e anniversaire approche, et bien que je ne sois plus en mesure d'écrire une véritable contribution scientifique pour le recueil d'analyses qui te sera consacrée pour cette occasion, je voudrais y participer malgré tout avec un mot de salutation et de remerciement.
Vingt-deux ans se sont écoulés depuis que tu m'as offert ton Katholische Dogmatik für Studium und Praxis der Theologie en mars 1995. Ce fut pour moi à ce moment-là un signe encourageant que même dans la génération théologique post-conciliaire, il y avait des penseurs avec le courage d'oborder la totalité, c'est-à-dire de présenter la foi de l'Église dans son unité et son intégralité.
En effet, tout comme l'exploration des détails est importante, il n'est pas moins important que la foi de l'Église apparaisse dans son unité interne et dans son intégrité, et qu'en fin de compte la simplicité de la foi émerge de toutes les réflexions théologiques complexes.
Parce que le sentiment que l'Eglise nous charge d'un fardeau de choses incompréhensibles, qui finalement ne peuvent intéresser que les spécialistes, est le principal obstacle à la proclamation du oui au Dieu qui nous parle en Jésus-Christ. À mon avis, on ne devient pas un grand théologien parce qu'on est capable de traiter des détails minutieux et difficiles, mais parce qu'on est en mesure de présenter l'unité ultime et la simplicité de la foi.
Mais ton Dogmatik en un volume m'a également intéressé pour une raison autobiographique. Karl Rahner avait présenté dans le premier volume de ses écrits un projet pour une nouvelle construction de la dogmatique, qu'il avait élaboré avec Hans Urs Von Balthasar. Ce fait éveilla évidemment en nous tous une soif incroyable de voir ce schéma rempli de contenu et mené à son terme. Le désir d'une dogmatique signée Rahner-Balthasar, qui nacquit à cette occasion, se heurta à un problème éditorial. Dans les années 1950, Erich Wewel avait convaincu le père Bernard Häring d'écrire un manuel de théologie morale qui, après sa publication, devint un grand succès.
Alors, l'éditeur eut une idée: que dans la dogmatique aussi, quelque chose de semblable devait être fait et qu'il était nécessaire que ce travail soit écrit en un seul volume, d'une seule main. Il s'est évidemment adressé à Karl Rahner, lui demandant d'écrire ce livre. Mais Rahner s'était entre-temps empêtré dans une telle masse d'engagements qu'on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il accomplît une si grande entreprise. Curieusement, il conseilla à l'éditeur de s'adresser à moi qui, au début de mon chemin, enseignai la théologie dogmatique et fondamentale à Freising.
Cependant, bien que j'en fusse à mes débuts, j'étais moi aussi impliqué dans de nombreux engagements et je ne me sentais pas capable d'écrire un travail aussi imposant en un temps acceptable.
Alors je demandai de pouvoir impliquer un collaborateur – mon ami le père Alois Grillmeier. Dans la mesure du possible, j'ai travaillé sur le projet et j'ai rencontré le Père Grillmeier à plusieurs reprises pour une consultation approfondie. Cependant, le Concile Vatican II requit tous mes efforts, en plus de me demander de réfléchir d'une manière nouvelle à toute l'exposition traditionnelle de la doctrine de la foi de l'Église. Lorsque je fus nommé archevêque de Münich-Freising en 1977, il était clair que je ne pouvais plus penser à une telle entreprise.
Quand en 1995 ton livre m'est arrivé entre mes mains, je vis de façon inattendue qu'un théologien de la génération suivant la mienne avait réalisé ce qui avait été souhaité plus tôt, mais qu'il n'avait pas été possible d'accomplir.
J'ai pu ensuite te connaître personnellement, quand la Conférence épiscopale allemande te proposa comme membre de la Commission théologique internationale. Tu t'y distinguas avant tout pour la richesse de ton savoir et pour ta fidélité à la foi de l'Église qui jaillissait de toi. Lorsque le Cardinal Levada quitta son poste de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour des raisons d'âge en 2012, tu apparus, après diverses réflexions, comme l'évêque le plus apte à recevoir cette charge.
Quand j'acceptai cet office en 1981, l'archevêque Hamer – alors secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – m'expliqua que le Préfet ne devait pas nécessairement être un théologien, mais un sage qui, en abordant les questions théologiques, ne fît pas d'évaluations spécifiques, mais reconnût ce qu'il fallait faire à ce moment pour l'Église. La compétence théologique devait plutôt se trouver chez le secrétaire qui dirige les Consulta, c'est-à-dire les réunions d'experts, qui ensemble donnent un jugement scientifique précis.
Mais comme en politique, la dernière décision n'appartient pas aux théologiens, mais aux sages, qui connaissent les aspects scientifiques et, en plus de ceux-ci, savent considérer l'ensemble de la vie d'une grande communauté. Durant les années de mon office, j'ai cherché à répondre à ce critère. Dans quelle mesure j'y ai réussi, d'autres peuvent en juger.
Dans les temps confus que nous vivons, l'ensemble de compétence théologique et scientifique, et de sagesse, de celui qui doit prendre la décision finale me semble très important. Je pense, par exemple, que dans la réforme liturgique, les choses se seraient terminées différemment si la parole des experts n'avait pas été la dernière instance, mais si, en plus, une sagesse capable de reconnaître les limites de l'approche d'un "simple" spécialiste avait jugé.
Au cours de tes années romaines, tu t'es toujours employé à ne pas agir seulement comme spécialiste, mais aussi comme sage, comme père dans l'Église. Tu as défendu les traditions claires de la foi, mais selon la ligne du Pape François, tu as cherché à comprendre comment elles peuvent être vécues aujourd'hui.
Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie – celle du Préfet et du Secrétaire – ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie. Entre-temps, ton contrat quinquennal dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a pris fin. De cette façon, tu n'as plus de charge spécifique, mais un prêtre et surtout un évêque et un cardinal ne part jamais en retraite.
C'est pour cette raison que tu peux, et que tu pourras aussi à l'avenir servir publiquement la foi, à partir de l'essence intime de ta mission sacerdotale et de ton charisme théologique. Nous sommes tous heureux qu'avec ta grande et profonde responsabilité et le don de la parole qui t'est fait, tu seras aussi présent dans le futur, dans la lutte de notre temps pour une juste compréhension de la condition d'homme et de chrétien. Que le Seigneur te soutienne.
Enfin, je tiens également à exprimer un remerciement tout personnel. En tant qu'évêque de Ratisbonne, tu as fondé l'Institut Papst Benedikt XVI, qui – dirigé par l'un de tes élèves – accomplit un travail vraiment louable pour maintenir publiquement présent mon travail théologique dans toutes ses dimensions. Que le Seigneur te récompense de tes efforts.
L’opinion publique suisse, en s'appuyant sur des valeurs chrétiennes, était pour l'accueil des Juifs
La thèse de l’historienne Ruth Fivaz-Silbermann sur l’accueil des réfugiés juifs durant la 2eGM constate 8x moins de refoulements aux frontières suisses que le rapport Bergier. Mais comment expliquer un tel décalage ? Son itv ici! https://t.co/c7Kv4DOuYA