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dimanche, 25 juillet 2010

Le délégué du Pape reprend toutes les renes

Pleins pouvoirs au délégué du pape pour la révision de la Légion du Christ


Un décret du Saint-Siège communique ses fonctions


ROME, Dimanche 25 juillet 2010 (ZENIT.org)

- Mgr Velasio De Paolis, C.S., délégué pontifical pour la Légion du Christ, a reçu de Benoît XVI les pleins pouvoirs pour gouverner la Congrégation pendant le temps qui sera nécessaire pour accomplir le chemin de renouvellement, réviser les Constitutions et convoquer un chapitre général extraordinaire.
C'est ce qu'indique le décret sur les « modalités d'accomplissement de la tâche de délégué pontifical » signé par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat, et présenté par Mgr De Paolis le 21 juillet durant la deuxième réunion qu'il a eue avec le Conseil général de la Congrégation. Le décret est publié en italien (langue originale) sur le site de la Légion du Christ.
La Congrégation publie également la lettre que le pape Benoît XVI a envoyée le 16 juin à Mgr De Paolis par laquelle il le nomme délégué pontifical après la récente visite apostolique à la Légion du Christ qui a « mis en évidence, outre le zèle sincère et la vie religieuse fervente d'un grand nombre de membres de la Congrégation, la nécessité et l'urgence d'un chemin de révision profonde du charisme de l'Institut ».
En onze points, le décret établit les « précisions et dispositions approuvées par le Souverain Pontife ».


Il indique tout d'abord que « l'autorité accordée par le Saint-Père au délégué pontifical, très large et qui sera exercée au nom du Souverain Pontife lui-même, s'étend à tout l'Institut : à tous les supérieurs, aux différents niveaux (direction générale, provinciale et locale) à toutes les communautés et aux religieux individuels. Cette autorité concerne tous les problèmes propres à l'Institut religieux et peut toujours s'exercer quand le délégué le considère nécessaire pour le bien de l'Institut lui-même, même s'il déroge aux Constitutions ».


Le deuxième point indique que « les supérieurs de l'Institut à tous les niveaux, exercent leur autorité selon les Constitutions, et sous l'autorité du délégué pontifical lui-même ».
« Ceux-ci restent par conséquent à leur poste », « tant qu'il ne sera pas nécessaire de décider autrement ».


Troisième point : le décret établit que « les supérieurs doivent agir en communion avec le délégué pontifical. Celui-ci doit non seulement être informé de la vie de l'Institut, particulièrement des affaires plus importantes, mais l'approbation des décisions du gouvernement général lui est réservée : aussi bien pour ce qui concerne les personnes (admission au noviciat, à la profession, au sacerdoce, nomination et transfert du personnel) que les choix apostoliques et de formation (séminaires, instituts académiques, écoles) et les questions d'administration extraordinaire ou les actes de cession de biens ».


Le décret précise par ailleurs que « tous ont librement accès au délégué et tous peuvent traiter personnellement avec lui ; de son côté, le délégué a le pouvoir d'intervenir en tout lieu où il l'estime opportun, y compris dans le gouvernement interne de l'Institut, à tous les niveaux ».
Le document du Vatican souligne que pour accomplir sa mission, le délégué est « accompagné par quatre conseillers personnels, qui l'assistent dans l'accomplissement de son travail, selon les circonstances et les possibilités, et que ceux-ci peuvent être chargés de tâches spécifiques, particulièrement de visites » aux communautés.
Le décret explique que « la tâche principale du délégué pontifical est celle d'entamer, d'accompagner et de mener à bien la révision des Constitutions ».
« Tous les membres de l'Institut doivent collaborer à la révision des Constitutions, aussi bien au niveau individuel que communautaire, selon un projet qu'il faudra élaborer et mettre en route dès le début, souligne le décret. Il faudra par conséquent constituer le plus rapidement possible une Commission pour la révision des Constitutions, aux différents niveaux de l'Institut, avec la participation surtout des membres de l'Institut lui-même, qui doivent se sentir responsables de la révision et de la ré-élaboration de leur projet de vie évangélique, toujours en harmonie avec l'enseignement de l'Eglise. Le délégué pontifical sera président de la Commission centrale pour la révision des Constitutions ».


Le décret indique par ailleurs que le délégué pontifical coordonnera la visite apostolique du mouvement apostolique « Regnum Christi ».

 

samedi, 24 juillet 2010

Coire

Article du Journal Le Temps

( pour ma part je suis en attente d'une confirmation de cette nouvelle. Puis, Mgr Huonder est en parfaite concordance avec le droit. Enfin, l' Evêque de Bale est en train d'être élu ... et les médias mettent sans doute la pression )

Suisse alémanique samedi 24 juillet 2010

Evêque de Coire et apôtre de la discorde

 
Depuis sa nomination en 2007, Vitus Huonder rouvre les plaies que Mgr Grab s’était efforcé de fermer. Il veut faire nommer son bras droit ultraconservateur, Martin Grichting, comme évêque auxiliaire

Le diocèse de Coire – qui comporte notamment le canton de Zurich et la Suisse centrale – est en ébullition. Certains catholiques parlent déjà d’une nouvelle affaire Haas. L’évêque de Coire, Vitus Huonder, serait ces jours-ci à Rome pour faire élire son protégé, le conservateur Martin Grichting, comme deuxième évêque auxiliaire. C’est la Conférence des sept Eglises catholiques cantonales du diocèse (GR, GL, SZ, UR, NW, OW, ZH) qui a donné l’alerte au début de la semaine. Dans un communiqué, elle mettait en garde contre une telle élection, qui aurait des «conséquences très négatives pour l’ensemble de l’Eglise catholique en Suisse». La résistance est aussi forte parmi les prêtres. Les doyens de Suisse centrale et de Zurich ont exprimé leurs inquiétudes et demandent que soit nommée une personne «conciliante et ouverte au dialogue».

La mobilisation des Eglises cantonales contre Martin Grichting n’est pas un hasard. Car l’actuel vicaire général est un adversaire acharné de ces structures démocratiquement élues représentant la base des fidèles, qui ont, dans le diocèse de Coire, mais aussi dans une bonne partie de la Suisse, un droit de codécision. Elles gèrent notamment les finances. Cette particularité helvétique est régulièrement source de tensions. En effet, deux systèmes juridiques existent en parallèle, le droit canon de l’Eglise ­catholique romaine, fortement hiérarchisé, et le droit public ecclésiastique. Le conflit avait atteint son sommet à la fin des années 1980 lorsque le Saint-Siège avait imposé Wolfgang Haas comme évêque sans respecter la procédure prévue de nomination. Après huit ans de turbulences, Mgr Haas avait été évacué par le haut en 1998 et promu archevêque du Liechtenstein. Le Genevois Amédée Grab, qui lui a succédé, était arrivé à ramener le calme.

Mais depuis sa nomination en 2007, l’évêque Vitus Huonder, natif de l’Oberland grison, s’applique à rouvrir les plaies. Très vite, il se distingue par ses positions conservatrices. Opposé aux prêches laïcs, il a jugé que Benoît XVI avait fait un acte intelligent en autorisant les messes en latin. Au début de l’année, il a interdit au curé de Schwyz de célébrer une «messe des fous» à l’occasion du carnaval, estimant que la présence de fidèles costumés profane le sens sacré de l’eucharistie. Un geste propre à lui aliéner les sympathies dont il aurait pu jouir dans des régions plus rurales.

Car à Zurich, où l’Eglise est plus libérale, le mécontentement gronde depuis son entrée en fonction. Il a imposé à la région un évêque auxiliaire sur sa ligne, Marian Eleganti, en conflit quasi permanent avec la base des fidèles. La semaine dernière, Vitus Huonder s’est définitivement brouillé avec l’Eglise catholique zurichoise, en lui interdisant désormais de participer au service religieux œcuménique organisé chaque année au début de l’été pour les homosexuels qui participent à la Gay Pride. Une action qui a fait sortir la politique de sa torpeur estivale, puisque les représentants de sept partis, dont l’UDC, lui ont adressé une lettre de protestation.

En 2008, Mgr Huonder avait déjà tenté de faire nommer Martin Grichting comme évêque auxiliaire. Il avait été freiné par une intervention de Pascal Couchepin, alors président de la Confédération, auprès du nonce apostolique à Berne. Les Eglises cantonales envisagent cette fois aussi de demander à Doris Leuthard d’intervenir auprès du Vatican. Pour René Pahud de Mortanges, directeur de l’Institut de droit des religions à l’Université de Fribourg, «le Conseil fédéral n’a pas le devoir de régler les conflits internes des Eglises. Une démarche de sa part serait dictée avant tout par la volonté de sauvegarder la paix religieuse.»

René Pahud de Mortanges fait également remarquer que le pape est libre de nommer un évêque auxiliaire de son choix, sans écorner le droit public ecclésiastique: «Le chapitre des chanoines de la cathédrale de Coire a le privilège de choisir son candidat sur une liste du Saint-Siège avec trois propositions.» Le cas de Martin Grichting n’est pas non plus comparable à celui de Wolfgang Haas: «Pour ce dernier, nommé en 1988 évêque auxiliaire avec droit de succession, on avait créé un automatisme qui lui assurait de devenir évêque. Cet automatisme ne paraît pas être prévu pour Martin Grichting: le chapitre reste libre dans le futur de désigner un autre évêque ordinaire.»

L’opposition actuelle vient en effet moins des cantons, qui craignent pour leurs prérogatives, que des catholiques engagés dans leur Eglise locale, et qui veulent éviter d’être marginalisés si Martin Grichting devait gagner plus d’influence.

Scandales, mais pas que romains ...

"Seigneur, donnez des prêtres, Seigneur donnez-nous des saints prêtres, Seigneur donnez-nous beaucoup de saints prêtres"

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"Personne ne les contraint à rester prêtres et à en exploiter seulement les bénéfices. La cohérence voudrait qu'ils se dévoilent. Nous ne leur voulons pas de mal, mais nous ne pouvons pas accepter qu'à cause de leur comportement l'honorabilité de tous les autres soit couverte de boue"

"ne pas corrompre la foi et la vie chrétiennes en portant atteinte à l'intégrité de l'Eglise, en affaiblissant sa capacité de prophétie et de témoignage, et en altérant la beauté de son visage"

AFP | 23.07.2010 15:10

"Qui connaît l'Eglise de Rome ne se reconnaît pas le moins du monde dans le comportement de ceux qui ont une "double vie", qui n'ont pas compris ce qu'est le "sacerdoce catholique" et ne devaient pas devenir prêtres", affirme le diocèse dans un communiqué.

"Personne ne les contraint à rester prêtres et à en exploiter seulement les bénéfices. La cohérence voudrait qu'ils se dévoilent. Nous ne leur voulons pas de mal, mais nous ne pouvons pas accepter qu'à cause de leur comportement l'honorabilité de tous les autres soit couverte de boue", estime-t-il.

L'article de Panorama, paru vendredi et intitulé "Les belles nuits des prêtres gays", propose "un voyage (avec une caméra cachée) chez les prêtres qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes, dans les bars romains, dans le quartier gay ou chez eux".

L'hebdomadaire, propriété du groupe Mondadori contrôlé par le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, publie la photo des mains croisées d'un prêtre avec un chapelet et les ongles vernis de rose, accompagnée d'une accroche sensationnaliste : "Un journaliste de Panorama a vécu au milieu des homosexuels de Rome, et pendant presque un mois a assisté aux vices et perversions de prêtres insoupçonnables ayant une double vie".

Face à de telles révélations, le diocèse de Rome se dit "déterminé à poursuivre avec rigueur (...) tout comportement indigne de la vie sacerdotale".

Il cite en outre le pape Benoît XVI, qui appelle chacun à "ne pas corrompre la foi et la vie chrétiennes en portant atteinte à l'intégrité de l'Eglise, en affaiblissant sa capacité de prophétie et de témoignage, et en altérant la beauté de son visage".

Le Vatican s'est contenté de renvoyer au communiqué du diocèse de Rome.

Cette polémique intervient à un moment où l'homosexualité est un thème brûlant pour l'Eglise catholique : le mariage homosexuel vient d'être autorisé en Argentine et au Portugal, malgré son opposition virulente.

De plus, en avril, le lien établi par le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, entre l'homosexualité et la pédophilie, avait provoqué une controverse. La France avait ainsi condamné "un amalgame inacceptable".

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CONGRÉGATION POUR L'ÉDUCATION CATHOLIQUE

 

Instruction
de la Congrégation pour l'Education catholique
sur les critères de discernement vocationnel
au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles
en vue de l'admission au séminaire et aux Ordres sacrés

... Dans la lumière de cet enseignement, ce Dicastère, en accord avec la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements estime nécessaire d'affirmer clairement que l'Eglise, tout en respectant profondément les personnes concernées [9], ne peut pas admettre au Séminaire et aux Ordres sacrés ceux qui pratiquent l'homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu'on appelle la culture gay. [10].

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L'Église italienne s'en prend aux prêtres homosexuels menant une «double vie»

Nicole Winfield, The Associated Press

 
ROME - Les prêtres gais qui mènent une «double vie» devraient sortir du placard et quitter la prêtrise, a déclaré le diocèse de Rome vendredi.

L'Église catholique italienne souhaitait ainsi réagir à un reportage qui a fait la une d'un magazine conservateur en Italie, le Panorama. Dans l'article, trois prêtres homosexuels racontent leurs escapades dans les clubs homosexuels romains et leurs aventures sexuelles avec des étrangers. Une vidéo et des photos appuient le texte en question.

L'un des prêtres interrogés par le reporter, un Français prénommé Paul, parle d'une journée où, après avoir célébré une messe en matinée, il a engagé deux escortes pour l'accompagner à une fête.

Dans un communiqué publié vendredi, le diocèse de Rome a affirmé que ces prêtres n'auraient jamais dû recevoir l'ordination et a promis que l'Église chasserait tous ceux qui se conduisent de cette façon, indigne d'un prêtre.

Il a par ailleurs insisté sur le fait que la vaste majorité des 1300 prêtres de Rome étaient «des modèles de moralité pour tous» et que «personne ne retient» ceux qui ne respectaient pas leurs voeux.

Par ailleurs, le diocèse a dit ne pas agir par mauvaise volonté, indiquant qu'il ne pouvait «accepter que les comportements de ces prêtres n'entachent la réputation des autres».

On ne sait pas exactement combien de prêtres sont homosexuels. Aux États-Unis, une recherche menée par le révérend Donald Cozzens estime qu'ils sont entre 25 et 50 pour cent.

Selon les enseignements de l'Église, l'homosexualité est un «désordre intrinsèque».

En 2005, dans son premier énoncé de politique majeur en tant que pape, fait par Benoît XVI a donné la directive de refuser aux prêtres ouvertement gais l'accès aux séminaires.

jeudi, 22 juillet 2010

Pakistan

DEPECHES CATHOBEL - INTERNATIONAL - Faisalabad
 
De nombreux musulmans ont manifesté leur solidarité aux chrétiens après l'assassinat de deux frères chrétiens. Cet assassinat fait partie d'une stratégie de groupes islamiques extrémistes visant à miner les bases du dialogue interreligieux et de l'harmonie.
C'est ce qu'a expliqué le P. Aftab James Paul, responsable de la Commission pour le dialogue interreligieux du diocèse de Faisalabad à l'agence Fides. « Nous sommes en train de renforcer les tentatives de dialogue avec les leaders religieux musulmans. Avant cette tragique affaire, le dialogue interreligieux était très développé à Faisalabad. Je crois qu'en distribuant du matériel blasphématoire attribué aux chrétiens et en tuant les deux frères, des groupes d'extrémistes ont agi avec l'intention précise de miner les bases du dialogue et de l'harmonie. Aujourd'hui, cela nous conforte de voir que de nombreux musulmans viennent dans nos églises pour nous manifester leur douleur et leur solidarité ».
Accusés de blasphème, Rashid Emmanuel et son frère, Sajid Emmanuel avaient été arrêtés le 2 juillet dernier. Les deux frères allaient être blanchis de toute accusation, mais ils ont été abattus en sortant du tribunal, le 19 juillet.
Fides souligne par ailleurs que plus de 60 militants islamiques ont été arrêtés et que l'enquête se poursuit pour trouver les assassins des deux frères. Elle ajoute que cet épisode de violence a soulevé des réactions dans la société civile qui, à travers diverses organisations dénonce « l'ambigüité du gouvernement et de la police pour ce qui concerne le respect des droits humains dans le pays ».
Fides précise par ailleurs que les chrétiens de Faisalabad, aux côtés d'organisations politiques, sociales et religieuses, ont annoncé qu'ils observeraient « sept jours de deuil pour commémorer les deux frères tués il y a deux jours, 'victimes innocentes de la haine anti-chrétienne' ». Le P. Aftab James Paul a déclaré qu'il y aurait des « prières spéciales pour la paix et des rencontres pour réactiver le dialogue interreligieux ».


Ctb/Zénit/PG

mercredi, 21 juillet 2010

Le vrai Joseph Ratzinger

Le secret du professeur Ratzinger


Par le père Piero Gheddo*


ROME, Mercredi 21 juillet 2010 (ZENIT.org)

Comme livre à lire cet été j'ai choisi « Ratzinger professeur » de Gianni Valente (San Paolo 2008, 208pp.). Un texte vraiment intéressant pour connaître Joseph Ratzinger dans ses années de jeunesse et donc pour mieux le comprendre aujourd'hui comme pape Benoît XVI. Le sous-titre du livre est : « Années d'études et d'enseignements en souvenir d'élèves et collègues (1946-1977) ».
Il est impossible de résumer en une page de blog la richesse de cette reconstruction de la jeunesse et de la période de maturité de l'homme que le Seigneur Jésus a choisi pour être son Vicaire sur terre à une époque comme la nôtre. Je ne relève que deux points révélateurs de la continuité de Joseph Ratzinger, de jeune étudiant et prêtre à pape de l'Église universelle.
Le premier, la « lectio magistralis » qu'il a tenue le 24 juin 1959 au début de sa carrière de professeur à l'université de Bonn porte le titre : « Le Dieu de la foi et le Dieu des philosophes » [1]. La « question urgente » à laquelle le jeune professeur (32 ans) se mesure est le divorce moderne entre foi et religion, entre une religion reléguée au domaine personnel et privé, intimiste et sentimental, et une recherche rationnelle qui, depuis Kant, se refuse toute possibilité de connaitre et d'accéder à Dieu.
En citant saint Thomas, Joseph Ratzinger affirme qu'il est possible de dépasser toute opposition nuisible entre le langage de la foi et le langage de la raison. Le Dieu qui se manifeste progressivement dans l'Ancien et le Nouveau Testament coïncide au moins en partie avec le « Dieu des philosophes », autrement dit avec la recherche que les hommes font de Dieu. Le problème est un problème de langage. Les Pères de l'Église ont fait une admirable synthèse entre la foi biblique et l‘esprit hellénique. De la même manière, écrit le jeune Ratzinger, « si (aujourd'hui) il est essentiel, pour le message chrétien, d'être non pas une doctrine secrète ésotérique pour un cercle restreint d'initiés, mais le message de Dieu adressé à tous, alors il est essentiel, pour celui-ci, de le traduire vers l'extérieur dans le langage commun de la raison humaine ».
Le jeune prêtre (depuis 1951) et professeur allemand ne se faisait cependant pas d'illusions. Dans un article publié en 1958, Joseph Ratzinger, alors âgé de 31 ans, écrit que considérer l'Europe un continent « presque entièrement chrétien » est une «  tromperie statistique »[2]: « Cette Europe, ajoute-t-il, que l'on appelle Europe chrétienne, est désormais depuis 400 ans le berceau d'un nouveau paganisme qui ne cesse de grandir dans le cœur même de l'Église, au risque de finir par la détruire de l'intérieur ». L'Église catholique de l'après-guerre devient pour lui de plus en plus, et de façon tout à fait inédite, une Église de païens qui se disent encore chrétiens, mais qui en fait sont devenus païens » .
Le second point est cette profondeur de pensée unie à la clarté de Joseph Ratzinger dans l'enseignement de la théologie, qui attire de nombreux étudiants. Tant de nos contemporains en témoignent. A une époque où « les barons des chaires » s'exprimaient souvent dans un langage difficile et ne se préoccupaient pas d'être compris par leurs étudiants, le professeur Ratzinger introduit un nouveau type de leçon : « Il lisait ses cours dans la cuisine à sa sœur Marie, une personne intelligente mais qui n'avait jamais fait de théologie. Si sa sœur manifestait son approbation, c'était pour lui le signe que la leçon était compréhensible ». Ainsi le biographe (pag. 64-65).
Et un étudiant de l'époque ajoute : « La salle était toujours bondée, les étudiants l'adoraient. Il avait un langage simple et beau. Le langage d'un croyant ». Le professeur n'étalait pas son savoir académique et n'utilisait pas ce ton d'orateur que l'on connaissait à l'époque. Ils dispensait ses cours de manière tranquille, utilisant un langage de franche simplicité même dans les questions les plus complexes.
De nombreuses années plus tard, le même Joseph Ratzinger explique le secret du succès de ses cours [3] : « Je n'ai jamais cherché à créer mon propre système, une théologie qui me serait personnelle. Si on veut vraiment parler de spécificité, il s'agit simplement du fait que je me propose de penser avec l'Église et cela signifie surtout avec les grands penseurs de la foi ». A travers ses leçons, les étudiants recevaient non seulement des notions de science académique, mais ils entraient en contact avec quelque chose de grand, avec le cœur de la foi chrétienne. Voilà le secret du jeune professeur de théologie, qui attirait les étudiants.

[1] J. Ratzinger, « Der Gott des Glaubens und der Gott der Philosophen », « Le Dieu de la foi et le Dieu des philosophes », Marcianum Press, Venise 2007.
[2] J. Ratzinger, « Die neuen Heiden und die Kirche » (Les nouveaux païens et l'Église) dans la revue « Hochland ».
[3] J. Ratzinger, « Le sel de la terre - Christianisme et Église catholique au tournant du millénaire - Un colloque avec Peter Seewald », San Paolo 1997, pag. 74.


* Le Père Piero Gheddo (www.gheddopiero.it), ancien directeur de Monde et Mission et d'Italie Missionnaire, a été l'un des fondateurs de l'Emi (1955), de Mani Tese (1973) et Asia News (1986). Il a été missionnaire dans chaque continent et il est l'auteur de plus de 80 ouvrages. Il a dirigé à Rome le Bureau historique du Pime et a été postulateur de causes de canonisation. Aujourd'hui il vit à Milan

Benoît XVI, « un vrai Bavarois


Hanna Barbara Gerl-Falkowitz raconte sa première rencontre avec le Pr. Ratzinger


ROME, Mercredi 21 juillet 2010 (ZENIT.org) - Parmi les nombreux amis de Benoît XVI, les Bavarois sont certainement ceux qui le connaissent le mieux. Parmi eux figure Hanna Barbara Gerl-Falkowitz, qui enseigne la philosophie et les religions comparées à l'Université de Dresden, en Allemagne. Celle-ci connaissait le professeur Ratzinger avant qu'il soit nommé archevêque de Munich. Le journaliste Edward Pentin l'a rencontrée en mai dernier à Rome.


* * *



Venue participer à une conférence sur le philosophe catholique Dietrich von Hildebrand, elle m'a fait part de quelques éléments de son caractère. En particulier, elle a rappelé une anecdote amusante datant de sa première rencontre avec le professeur Ratzinger.
H. B. Gerl-Falkowitz avait organisé une conférence pour 300 personnes et elle avait invité le professeur Ratzinger à parler de Romano Guardini, le grand intellectuel catholique allemand que Joseph Ratzinger admirait depuis longtemps. La conférence avait lieu au Château de Rothenfels perché sur une montagne à proximité de Würzburg. « C'était en 1976 », raconte-t-elle. « Je me souviens très précisément de l'année car il est devenu archevêque de Munich un an plus tard ».
« J'avais envoyé un assistant le chercher à la gare mais celui-ci est revenu en disant qu'il n'avait pas trouvé le professeur Ratzinger, qu'il ne l'avait pas vu. J'avais 300 personnes qui attendaient dans le château et je m'arrachais les cheveux, en courant dans tous les sens, désespérée. Il faut savoir que le château était situé sur une parois rocheuse abrupte.
« Après vingt bonnes minutes, je me tenais sur le bord de la falaise et je perçus un mouvement dans la haie près de moi. Je vis d'abord un sac puis deux mains, puis les cheveux blancs - il avait déjà les cheveux blancs - du professeur Ratzinger. Il était en sueur et s'efforçait de passer à travers la haie. Il avait grimpé la pente abrupte jusqu'au château. Je voulais disparaître sous terre ! Mais il était très souriant et très gentil. 'Ascensio in montem sacrum', dit-il, ce qui signifie : 'gravir la sainte montagne'.
« Il se référait à Guardini qui avait permis que ce château « Il se référait à Guardini qui avait permis que ce château soit utilisé par la jeunesse catholique allemande. Ce fut ma première rencontre avec Joseph Ratzinger, ses cheveux en bataille, des papiers qui volaient dans tous les sens. Je ne sais pas s'il s'en souvient mais moi, oui. C'était terrible : vous êtes invité à donner une conférence et personne ne vient vous chercher ! »
Hanna Barbara Gerl-Falkowitz a une grande admiration pour le Saint-Père et continue de s'étonner de sa force de caractère. « Il a une grande force », estime-t-elle. « J'ai toujours été étonnée de voir que malgré tout ce qui se passe autour de lui, malgré toutes ses activités, il réussit à prier avec une incroyable concentration. Cela veut dire qu'il est vraiment proche du Seigneur. C'est mon impression. Et il est très simple. Toute son intelligence n'est qu'une sorte de cadre autour d'une simplicité très profonde et précieuse.
« La première impression que l'on a toujours est qu'il est un peu timide, et c'est vrai. Il vient d'une région de Bavière où les gens sont timides. Il y a un type de Bavarois qui parle fort et aime boire, etc.. C'est l'image officielle de la région. Mais dans cette région de la Bavière, ils sont timides. Ils ne parlent pas beaucoup mais sont solides, très profonds et pieux ».
Hanna Barbara Gerl-Falkowitz a affirmé que la récente crise dans l'Eglise a fait « beaucoup souffrir » le Saint-Père et l'a réellement « abattu ». Mais il a une foi forte, a-t-elle ajouté, convaincue que grâce à sa force de caractère et à sa foi, il réussira à traverser les tempêtes.


Edward Pentin

Belle nouvelle, pour un excellent choix

Nouvelle d'agence; je reste juste en attente d'une confirmation...

Diocèse de Coire: nomination d'un évêque auxiliaire contestée

La tension monte au sein du diocèse de Coire. La conférence des Eglises catholiques cantonales qui en dépendent s'oppose à la volonté de Mgr Vitus Huonder de nommer évêque auxiliaire l'ultra-conservateur vicaire général Martin Grichting.

L'évêque de Coire Vitus Huonder a proposé cette nomination au Vatican ces derniers jours, ont révélé mercredi les Eglises cantonales dans un communiqué. "En tant que personne polarisante, ce candidat n'est pas apte à occuper un poste à responsabilité élevé dans la direction de l'Eglise", estiment-elles. "Seule une personne qui rassemble et jette des ponts peut entrer en ligne de compte."

Martin Grichting s'est toujours prononcé contre les structures juridiques actuelles réglant les liens entre l'Eglise et l'Etat afin de "dépouiller" les paroisses et les Eglises cantonales de leurs fonctions, dénonce la conférence. Le vicaire général s'oppose à la consultation démocratique de la base et au droit de co-décision des laïques dans les affaires de l'Eglise.

Les Eglises cantonales du diocèse (GR, GL, SZ, UR, OW, NW, ZH) appellent Vitus Huonder à cesser toutes les démarches entreprises à Rome et à consulter le conseil épiscopal ainsi que le conseil pastoral dans le cadre de cette nomination. Elles mettent en garde contre les "conséquences très négatives pour l'ensemble de l'Eglise catholique en Suisse" qu'entraînerait le choix de Martin Grichting.

Souvenirs de l'affaire Haas

La semaine dernière, l'évêché de Coire s'était attiré les foudres de l'Eglise catholique zurichoise. Vitus Huonder avait en effet interdit à un aumônier de co-organiser la cérémonie oecuménique destinée aux gays et lesbiennes dans le cadre du Zurich Pride Festival. Les catholiques zurichois y participaient depuis plusieurs années.

Les tensions actuelles rappellent la crise qui avait abouti au départ de l'ancien évêque ultra-conservateur de Coire Wolfgang Haas en 1998. La nomination de l'évêque Amédée Grab avait alors apaisé les esprits, avant l'arrivée du conservateur Vitus Huonder à la tête de l'évêché en 2007.

(ats / 21 juillet 2010 12:36)

Benoît XVI: un esprit supérieur

16 juillet 2010

 
Paolo Rodari (http://tinyurl.com/3xdthjh )
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Jean- Louis Bruguès a été nommé en 2007 au poste de secrétaire de la Congrégation pour l'Education catholique . Auparavant évêque d'Angers , il a travaillé pendant 19 ans à la commission théologique internationale en étroite collaboration avec le Cardinal Ratzinger . Il fut aussi professeur de morale fondamentale en Suisse (Fribourg en Suisse Romande, Univ. dominicaine) .



- Il semble que Benoît XVI n'ait pas trop de prise sur l'opinion publique?
" Les raisons sont nombreuses . Le monde a été impressionné par la puissance communicative de Wojtyla, alors que cette force n'est pas si évidente chez Benoît XVI . L'Eglise a maintenant la chance d'avoir un pape de grande capacité intellectuelle. Son intelligence est pédogogique . Il n'impose pas un point de vue personnel . Mais il aide à connaître la vérité peu à peu . C'est un homme de supériorité intellectuelle et spirituelle . La modernité est devenue un phénomène complexe et contrasté . Seul un esprit supérieur peut la dominer . Benoît XVI est l'un de ces esprits supérieurs . Nous l'avons vu par exemple dans le débat avec Habermas . Le Pape est motivé par le désir de la vérité . La volonté d'ouvrir la porte de la modernité à Dieu et d'amener l'homme à Dieu. Mais aussi de sauver la modernité , malgré elle . N'oublions pas que la modernité se fonde sur un acte de foi de la raison . Et qu'aujourd'hui est en cours un procès fait à la raison. Le Pape se fait l'avocat de la raison . En ce sens , il est plus moderne que les modernes . Il nous dit que si on élimine la raison, on laisse la porte ouverte à l'émotion, ce que certains sociologues appellent la dérive des émotions. Souvent, on formule envers ce Pape un examen émotionnel, sentimental, à chaque fois que son discours se situe au niveau de la raison. Alors que le Pape est un intellectuel qui n'aime pas les lieux-communs. J'éprouve de la tristesse à voir que les médias préfèrent les clichés " .



- Quelle est la différence entre Jean-Paul II et Benoît XVI ?
" Avec Wojtyla, ç'a été le temps de la fascination du voir . Aujourd'hui, avec Benoît XVI, c'est le temps de la fascination de la profondeur . Jean-Paul II avait une très grande extension horizontale . Lorsque Jean-Paul II est mort , tous les chefs d'Etat , à l'exception de trois ou quatre , étaient présents. Je trouve providentiel qu'après ce pontificat de prestige universel, nous ayons aujourd'hui un Pape qui aide les chrétiens à rétablir leur foi et qui aide la société sécularisée à refonder sa confiance dans la raison. "

Source de la traduction: Benoît et moi

mardi, 20 juillet 2010

Mgr Kurt Koch, dialogue et oecuménisme

 
L’archevêque suisse prend la direction du dicastère pour l’unité des chrétiens


ROME, Mardi 20 juillet 2010 (ZENIT.org) - Passionné d'œcuménisme, Mgr Kurt Koch est entré le 1er juillet dans sa nouvelle charge de président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
Il quitte ainsi le diocèse suisse de Bâle, dont il a été l'évêque pendant 15 ans, pour succéder à l'Allemand Walter Kasper, qui dirigeait le dicastère depuis 1999. ZENIT l'a interrogé sur son expérience et sur les défis qu'il devra relever.


ZENIT : Comment avez-vous accueilli votre nomination à la tête du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens ?
Mgr Kurt Koch : C'est
pour moi un grand honneur. Le Saint-Père m'a confié en février, lors d'une audience privée, son désir de me voir diriger ce dicastère. C'est pour moi une grande joie car, en Suisse, les protestants étant très proches, je porte depuis toujours l'oecuménisme dans mon cœur. Et je m'intéresse également beaucoup aux Eglises orthodoxes.
Quels sont les principaux défis de ce dicastère ?
Dans un premier temps, il est nécessaire d'observer tout ce qui s'y passe. J'étais membre de ce Conseil depuis 2002, impliqué également dans le dialogue avec les orthodoxes. Je tiens tout d'abord à parler avec tous les collaborateurs, et en novembre nous aurons la première assemblée plénière. Le premier défi consiste à bien préparer cette réunion pour avoir une idée générale de l'oecuménisme et voir comment on peut procéder.
Quelle a été votre expérience comme évêque de Bâle, surtout en ce qui concerne l'œcuménisme ?
Les Eglises et les communautés ecclésiales nées de la Réforme en Suisse sont un cas spécial. Le grand défi est le dialogue œcuménique entre catholiques et orthodoxes. Nous avons un même fondement de foi mais une grande diversité de culture, tandis que dans les Eglises de la Réforme, il n'y a pas de fondement de foi aussi commun, mais il y a une culture commune. Avec eux, il y a une autre façon de faire de l'œcuménisme, qui n'est pas toujours facile.
Et votre expérience en tant que président de la conférence épiscopale suisse ?
J'ai été 9 ans vice-président et 3 ans président. C'était un bon travail. En tant que président, j'ai beaucoup tourné mon regard vers l'Eglise en Europe, mais le travail dans le diocèse continuait, si bien qu'il fallait relever les points communs, ce qui n'était pas toujours facile.
Quel est le rôle de la commission pour le dialogue avec le judaïsme ?
Concernant les rapports entre catholiques et juifs dans ce Conseil de relations religieuses, le cardinal Kasper a beaucoup fait pour améliorer et approfondir le dialogue. Dans ces relations, il est très important de se connaître et d'approfondir les dimensions religieuses. Ce ne sont pas les relations politiques qui sont prioritaires mais les relations religieuses. Les visites du Saint-Père à la synagogue de Cologne, New York, Rome, sont des signes très importants.
Comment voyez-vous les efforts accomplis par Benoît XVI dans les rapports avec les chrétiens d'autres confessions ?
Je pense que le Saint-Père a fait beaucoup. Dans sa première homélie, après son élection, il a dit ouvertement que l'œcuménisme est un défi qui vient de Jésus Christ et que le dialogue trouve son fondement dans les documents du Concile Vatican II. Surtout dans ses voyages pastoraux, il y a toujours une partie consacrée à l'œcuménisme. Prenons par exemple son voyage en Angleterre de septembre. Il ne sera pas facile car la situation des anglicans n'est pas simple (...). Le Saint-Père m'a demandé de faire ce travail et a beaucoup insisté sur le fait qu'il veut un évêque qui connaît les Eglises de la réforme non pas à partir des livres seulement, mais sur la base d'une expérience. Ceci montre à quel point les Eglises de la réforme sont importantes pour le Saint-Père. Comme professeur il a beaucoup travaillé en ce sens.
Quels fruits ces dialogues ont-ils apporté ?
Il est toujours difficile de voir les fruits, car l'oecuménisme se fonde sur la spiritualité. Les hommes ne peuvent faire l'unité, qui est un don de l'Esprit Saint. On peut approfondir le dialogue d'amour favorisé par le Saint-Père durant ses rencontres.
Comment faut-il selon vous affronter le défi des sectes religieuses ?
En premier lieu, l'Eglise doit se demander pourquoi les gens se tournent vers les sectes. Pourquoi ne viennent-ils pas chez nous ? Je sais que la Congrégation pour la doctrine de la foi a fait des pas importants avec les évêques dans le traitement de cette question, et je pense que l'on peut continuer et approfondir ce qui a été bien commencé.


Propos recueillis par Carmen Elena Villa

L'archevêque Mgr Koch répond à Patricia Briel

«L’unité des chrétiens doit être une réalité visible»

 


Religion L’évêque de Bâle, Mgr Kurt Koch, occupe depuis le 1er juillet un des postes les plus importants au Vatican: il est chargé des relations avec les autres confessions chrétiennes ainsi qu’avec le judaïsme. Parmi ses priorités figure le dialogue avec les protestants

 


Source: Le Temps, Patricia Briel, Soleure

 


Le Temps: Vous êtes le nouveau président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens depuis le 1er juillet. Quelles sont vos priorités?
Mgr Kurt Koch: Poursuivre tout ce que mon prédécesseur, le cardinal Walter Kasper, a entrepris. L’œcuménisme dépend principalement des rencontres personnelles, il ne vit pas de papier. Ma priorité est donc de m’entretenir avec tous les représentants des Eglises avec lesquelles le Vatican est en contact. Je veux également approfondir les relations avec les juifs.
Pouvez-vous nous décrire une de vos journées types au Vatican?
– Je viens d’arriver, c’est trop tôt. Mais je peux vous parler des dossiers qui m’attendent. En septembre, je participerai à la visite pastorale que va effectuer le saint-père en Grande-Bretagne. Je participerai également à une rencontre avec les représentants des Eglises orthodoxes à Vienne. De manière générale, je serai chargé de discuter avec les conférences des évêques à l’occasion de leurs visites quinquennales à Rome et aussi de préparer les futurs voyages de Benoît XVI, parce qu’ils ont très souvent une dimension œcuménique.
Vous connaissez personnellement le pape. Quel genre d’homme est-il?
– Il a trois qualités que l’on voit rarement réunies chez une seule personne. C’est un homme très simple. Il a une foi très profonde, et une intelligence merveilleuse. J’ajouterai que c’est le catholique le plus mal connu du monde. Il y a un fossé entre ce que les médias disent de lui et ce qu’il est.
Certains journaux affirment que lorsque vous étiez un jeune théologien laïc, vous manifestiez un esprit très critique à l’égard de Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi…
– Sur les 60 livres que j’ai écrits, il n’y en a qu’un qui contient une critique sur un détail de la pensée morale de Joseph Ratzinger. Je m’étonne qu’on s’attache à cela, alors qu’on ne relève pas toutes les fois où j’étais d’accord avec lui. Il me semble d’ailleurs qu’on ne veut pas me donner le droit humain de changer d’avis.
Si le dialogue avec les orthodoxes et les anglicans semble avancer, on a l’impression que les relations œcuméniques entre catholiques et protestants sont au point mort…
– Ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Mais il faut reconnaître que les partenaires du dialogue ont changé, et la théologie aussi. Il y a quarante ans, une théologie protestante comme celle de Karl Barth était très ouverte à l’œcuménisme. Aujourd’hui, on assiste à la croissance d’une théologie réformée libérale, qui porte un autre regard sur l’œcuménisme et rend le dialogue plus difficile. Le problème majeur, c’est que le mouvement œcuménique n’a pas de but commun. Cela est dû au fait que chaque confession a sa propre vision de ce que doit être l’Eglise et, par conséquent, de l’unité des chrétiens. Pour dépasser cet obstacle, nous devons d’abord comprendre comment chaque confession conçoit l’Eglise, ceci afin d’arriver à une vision commune.
Mais comment le dialogue avec les protestants peut-il avancer dès lors que l’Eglise catholique considère être la seule véritable Eglise du Christ et qu’elle dénie la qualité d’Eglises aux communautés protestantes?
– Les catholiques estiment que la véritable Eglise du Christ est réalisée dans l’Eglise catholique romaine. Mais les orthodoxes et les réformés disent aussi qu’ils sont l’Eglise de Jésus-Christ. Comprenez-moi bien: l’Eglise catholique ne nie pas que les communautés réformées sont des Eglises. Mais elle estime que ces communautés ne sont pas des Eglises au sens où elle-même se comprend.
Il y a deux ruptures fondamentales dans l’histoire du christianisme. La première a été la séparation entre l’Orient et l’Occident. Mais avec les Eglises orientales, nous avons en commun l’ecclésiologie de l’Eglise primitive.
La Réforme constitue une autre rupture. Elle a non seulement nié l’ecclésiologie du Moyen Age, mais également celle de l’Eglise primitive. Le concile Vatican II avait repris l’ecclésiologie de l’Eglise primitive en espérant que le dialogue œcuménique avec les réformés serait ainsi facilité. Aujourd’hui, nous constatons que ce n’est pas un fondement commun. C’est pourquoi il est important que les réformés nous expliquent mieux leur conception de l’Eglise. J’aimerais également savoir comment ils comprennent la Réformation aujour­d’hui. Au XXIe siècle, après quarante-cinq ans d’œcuménisme, la vision de la rupture que cet événement a constituée a-t-elle changé?
L’unité des chrétiens peut-elle s’accommoder de leurs diffé­rences?
– L’unité des chrétiens doit aussi être une réalité visible. C’est un commandement de Jésus: «Que tous soient un afin que le monde croie.» Mais comment réaliser cette visibilité de l’unité? C’est la question que nous avons à traiter. J’ai l’impression que les réformés se contentent d’une unité invisible ou qu’ils comprennent l’Eglise de Jésus-Christ comme la somme de toutes les Eglises existantes. Mais les catholiques ne peuvent pas accepter cette vision. Cela dit, nous sommes en chemin vers l’unité. Et sur ce chemin, nous devons accepter nos différences. Aucune Eglise ne peut imposer aux autres confessions quelque chose qui les blesserait. Ainsi, les catholiques ne peuvent pas vouloir imposer la papauté aux réformés. De leur côté, les Eglises réformées doivent respecter le fait que l’intercommunion et l’intercélébration ne sont pas possibles pour nous.
Mais il est clair que si les réformés veulent l’unité des chrétiens, ils devront modifier leur vision de la papauté, car les catholiques ne peuvent pas renoncer au ministère de Pierre. Certains théologiens protestants ont déjà engagé une réflexion dans ce sens. Wolf­hart Pannenberg dit ainsi que les Eglises réformées ont aussi besoin d’un primus inter pares au niveau de l’Eglise universelle. Il pose cette question: si nous avons l’évêque de Rome, pourquoi aller chercher ailleurs?
Où en est le dialogue avec les orthodoxes? Il avait passablement souffert sous le pontificat de Jean Paul II, qui avait érigé de nouveaux diocèses en Russie.
– Il y a deux aspects à considérer. Notre relation avec le patriarche œcuménique de Constantinople est très bonne. Et le dialogue avec Moscou s’est fortement amélioré grâce aux bonnes relations que nous entretenons avec le nouveau patriarche Kirill et le ministre des Affaires extérieures, le métropolite Hilarion Alfeyev. Mais, dans ce dialogue, il faut tenir compte des sensibilités qui existent entre Constantinople et Moscou. Nous ne devons pas nous en mêler. Le dialogue au sein de la commission mixte théologique internationale progresse. Les deux parties se sont mises d’accord sur le fait que l’Eglise à chaque niveau, qu’il soit local, régional ou universel, a besoin d’un primus inter pares.
Vous êtes notamment responsable des relations avec le judaïsme. Que pensez-vous de la volonté de Benoît XVI de faire béatifier Pie XII? Cela ne risque-t-il pas de compromettre le dialogue avec le judaïsme?
– C’est une question complexe. Jusqu’à la publication de la pièce de théâtre Le Vicaire, de Rolf Hochhuth, le regard que les juifs posaient sur Pie XII était très positif. L’ancienne première ministre israélienne Golda Meir avait dit de lui qu’il était un grand ami des juifs. Cette vision a changé après la parution du Vicaire. Il est nécessaire d’approfondir la connaissance historique de cette période. Beaucoup de politiciens de l’époque étaient au courant du sort des juifs et se sont tus pour ne rien faire. Pie XII s’est tu pour aider. Le pape avait remarqué qu’une protestation de la Conférence des évêques belges contre la persécution des juifs avait déclenché de nouvelles violences à leur encontre. Dans sa conscience, il y avait cette question très lourde: si je dénonce les persécutions, les nazis ne vont-ils pas commettre encore davantage de crimes?
Il y a bien sûr des juifs qui s’opposent à la béatification de Pie XII, mais d’autres affirment que ce pape devrait être reconnu comme un juste. Cette histoire très complexe doit être traitée avec beaucoup de sensibilité.
Il y a eu l’affaire Williamson, le rétablissement de la prière pour la conversion des juifs le Vendredi Saint et enfin l’annonce que Pie XII était vénérable. La communauté juive est-elle toujours aussi encline au dialogue après cette succession de problèmes?
– Les premiers à me féliciter pour ma nomination ont été les juifs. Ils ont manifesté un grand intérêt pour la poursuite du dialogue. J’aimerais aussi rappeler qu’un mois après l’affaire Williamson, le problème était réglé entre Rome et les représentants du judaïsme. Cela montre que les relations sont profondes. Et j’ajoute que la nouvelle prière du Vendredi Saint est une prière eschatologique [ndlr: qui concerne la fin des temps] et pas un appel à la mission auprès des juifs.
Vous quittez le diocèse de Bâle après quinze ans d’épiscopat. Des regrets?
– Il n’est pas facile de quitter l’épiscopat. D’un point de vue spirituel, l’évêque est marié avec le diocèse, c’est pourquoi il porte un anneau. Maintenant, je suis divorcé! Mais j’ai été élu à 45 ans et on ne devrait pas nommer une personne aussi jeune à cette fonction. La retraite d’un évêque intervient à 75 ans. Trente ans d’épiscopat, c’est long, à la fois pour l’évêque et pour le diocèse. C’est pourquoi le nouveau défi que le pape m’a confié pour les quinze ans qui restent est tombé au bon moment.
 
«Benoît XVI ne veut pas revenir en arrière»

Kurt Koch veut améliorer les relations entre Rome et les Eglises locales

Le Temps: Dans le communiqué avec lequel vous avez rendu votre nomination publique, vous déplorez un climat de plus en plus anti-romain en Suisse. A quoi l’attribuez-vous?
Mgr Kurt Koch: Principalement à l’affaire Williamson, à la levée de l’excommunication des quatre évêques intégristes et à la tragédie des abus sexuels commis par des prêtres. Concernant les lefebvristes, quelques catholiques suisses ont eu l’impression que Benoît XVI voulait revenir en arrière, à la situation qui prévalait avant Vatican II. Le pape ne veut pas revenir en arrière, mais aller dans la profondeur de la foi catholique. Il ne vit pas dans l’illusion que le dialogue avec les lefebvristes serait facile. Il a toujours eu l’impression que les responsables de l’Eglise catholique n’étaient pas allés jusqu’au bout pour éviter cette rupture. Je comprends qu’il ait voulu essayer encore une fois de la surmonter.
Concernant les abus sexuels, personne à Rome n’a été autant affecté que le pape. Déjà lorsqu’il était cardinal, il s’était engagé très fort pour lutter contre ce mal dans l’Eglise.
Il faut rappeler qu’à l’époque où beaucoup de ces abus ont été commis, l’Eglise n’agissait pas autrement que les autorités scolaires. On pensait alors qu’on pouvait régler ce genre de problème avec l’aide d’un psychiatre. Aujourd’hui, on sait que la pédophilie est une maladie qu’on ne peut pas guérir. La situation actuelle est totalement différente de celle des années 60, 70 et 80, où il existait une certaine tolérance à l’égard de la pédophilie.
Dans votre communiqué, vous dites vouloir également contribuer à de meilleures relations entre les Eglises locales en Suisse et Rome. Comment comptez-vous procéder?
– Il s’agit surtout de faire comprendre à Rome ce qui se passe dans les Eglises locales suisses et, inversement, d’expliquer les décisions et déclarations romaines en Suisse. Il revient aux évêques de montrer comment les directives générales qui viennent de Rome peuvent être mises en œuvre au niveau local.
De nombreux catholiques ont le sentiment que Rome ne les écoute pas et ne comprend pas leurs besoins, et que la hiérarchie romaine a perdu le contact avec la réalité pastorale…
– Mais la décision de Benoît XVI de lever l’excommunication des lefebvristes était une décision pastorale. La Fraternité Saint-Pie X compte 600 prêtres et encore davantage de croyants. Il est légitime de leur donner la possibilité de retrouver le chemin de l’Eglise. Je peux comprendre qu’en Suisse cela ait été mal perçu. On ne peut cependant pas considérer toutes les décisions de Rome avec des lunettes suisses. Le Saint-Père a une vision plus vaste.
Une meilleure relation entre Rome et les Eglises locales ne passe-t-elle pas par l’attribution d’une plus grande autonomie aux conférences épiscopales?
– Il vaudrait mieux établir un niveau intermédiaire entre l’Eglise universelle et les conférences épiscopales, qui serait celui des Eglises régionales. Je pense par exemple au système des patriarcats tel que l’a connu l’Eglise primitive. Le fait de créer ce niveau intermédiaire permettrait d’octroyer davantage d’autonomie aux Eglises régionales, qui auraient également plus de liberté pour régler les problèmes qui se posent au niveau local.

Propos recueillis par P. Br.

Congrégation pour la doctrine de la foi

Normes sur les délits les plus graves

Congrégation pour la doctrine de la foi.


Première Partie


NORMES SUBSTANTIELLES


Art. 1


§ 1. D'après l'art. 52 de la Constitution Apostolique


Pastor Bonus, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi connaît des délits contre la foi et des délits les plus graves commis contre les mœurs ou dans la célébration des sacrements et, si nécessaire, déclare ou inflige les sanctions canoniques d'après le droit, commun ou propre, restant sauves la compétence de la Pénitencerie Apostolique et l'Agendi ratio in doctrinarum examine.


§ 2. Pour les délits dont il s'agit au § 1, par mandat du Pontife Romain, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a le droit de juger les Pères Cardinaux, les Patriarches, les Légats du Siège Apostolique, les Évêques ainsi que les autres personnes physiques dont il s'agit au can. 1405 § 3 du Code de droit canonique et au can. 1061 du Code des Canons des Églises orientales.


§ 3. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi connaît des délits réservés dont il s'agit au § 1 selon la norme des articles suivants.





Art. 2


 


§ 1. Les délits contre la foi, dont il s'agit à l'art. 1, sont l'hérésie, l'apostasie et le schisme selon la norme des cann. 751 et 1364 du Code de droit canonique et des cann. 1436 et 1437 du Code des Canons des Églises orientales.


§ 2. Dans les cas dont il s'agit au § 1, il revient selon la norme du droit à l'Ordinaire ou au Hiérarque de remettre, le cas échéant, l'excommunication latae sententiae et de mener le procès judiciaire en première instance, ou extrajudiciaire par décret, restant sauf le droit de faire appel ou de recourir à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.


Art. 3


 


§ 1. Les délits les plus graves contre la sainteté du très auguste Sacrifice et sacrement de l'Eucharistie réservés au jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sont :


1° le détournement ou la conservation à une fin sacrilège, ou la profanation des espèces consacrées dont il s'agit au can. 1367 du Code de droit canonique et du can. 1442 du Code des Canons des Églises orientales ;


2° la tentative de célébration liturgique du Sacrifice eucharistique dont il s'agit au can. 1378 § 2 n. 1 du Code de droit canonique ;


3° la simulation de la célébration liturgique du Sacrifice eucharistique dont il s'agit au can. 1379 du Code de droit canonique et du can. 1443 du Code des Canons des Églises orientales ;


4° la concélébration du Sacrifice eucharistique interdite par le can. 908 du Code de droit canonique et du can. 702 du Code des Canons des Églises orientales, dont il s'agit au can. 1365 du Code de droit canonique et du can. 1440 du Code des Canons des Églises orientales, avec des ministres des communautés ecclésiales qui n'ont pas la succession apostolique et ne reconnaissent pas la dignité sacramentelle de l'ordination sacerdotale.


§ 2. Est également réservé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le délit consistant à consacrer à une fin sacrilège une seule matière ou les deux au cours de la célébration eucharistique ou en dehors d'elle. Celui qui commet ce délit sera puni selon la gravité du crime, sans exclure le renvoi ou la déposition.


Art. 4


§ 1. Les délits les plus graves contre la sainteté du sacrement de pénitence réservés au jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sont :


1° l'absolution du complice dans le péché contre le sixième commandement du Décalogue, dont il s'agit au can. 1378 § 1 du Code de droit canonique et au can. 1457 du Code des Canons des Églises orientales ;


2° la tentative d'absolution sacramentelle ou l'écoute interdite de la confession dont il s'agit au can. 1378 § 2, 2° du Code de droit canonique ;


3° la simulation d'absolution sacramentelle dont il s'agit au can. 1379 du Code de droit canonique et du can. 1443 du Code des Canons des Églises orientales ;


4° la sollicitation au péché contre le sixième commandement du Décalogue dans l'acte ou à l'occasion ou au prétexte de la confession dont il s'agit au can. 1387 du Code de droit canonique et du can. 1458 du Code des Canons des Églises orientales, si elle est dirigée vers le péché avec le confesseur lui-même ;


5° la violation directe ou indirecte du secret sacramentel dont il s'agit au can. 1388 § 1 du Code de droit canonique et du can. 1456 § 1 du Code des Canons des Églises orientales.


§ 2. Restant sauf ce qui est disposé au § 1 n. 5, est aussi réservé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le délit grave consistant à enregistrer, par n'importe quel moyen technique, ou à divulguer avec malice par les moyens de communication sociale, des choses dites par le confesseur ou par le pénitent au cours de la confession sacramentelle réelle ou simulée. Celui qui commet ce délit sera puni selon la gravité du crime, sans exclure le renvoi ou la déposition s'il est clerc.


Art. 5


Est aussi réservé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le délit grave de tentative d'ordination sacrée d'une femme :


1° restant sauf ce qui est disposé par le can. 1378 du Code de droit canonique, tant celui qui attente la collation de l'ordre sacré que la femme qui attente la réception de l'ordre sacré, encourent l'excommunication latae sententiae réservée au Siège Apostolique ;


2° si celui qui attente de conférer l'ordre sacré à une femme ou si la femme qui attente de le recevoir sont chrétiens sujets du Code des Canons des Églises orientales, restant sauf ce qui est disposé par le can. 1443 du même Code, ils seront punis de l'excommunication majeure dont la rémission est également réservée au Siège Apostolique ;


3° si le coupable est clerc, il pourra être puni du renvoi ou de la déposition.


Art. 6


§ 1. Les délits les plus graves contre les mœurs réservés au jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sont :


1° le délit contre le sixième commandement du Décalogue commis par un clerc avec un mineur de moins de dix-huit ans ; est ici équiparée au mineur la personne qui jouit habituellement d'un usage imparfait de la raison ;


2° l'acquisition, la détention ou la divulgation, à une fin libidineuse, d'images pornographiques de mineurs de moins de quatorze ans de la part d'un clerc, de quelque manière que ce soit et quel que soit l'instrument employé.


§ 2. Le clerc qui accomplit les délits dont il s'agit au § 1 sera puni selon la gravité du crime, sans exclure le renvoi ou la déposition.


Art. 7


§ 1. Restant sauf le droit de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de déroger à la prescription cas par cas, l'action criminelle relative aux délits réservés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est prescrite au bout de vingt ans.


§ 2. La prescription commence à courir selon la norme du can. 1362 § 2 du Code de droit canonique et du can. 1152 § 3 du Code des Canons des Églises orientales. Mais pour le délit dont il s'agit à l'art. 6 § 1 n. 1, la prescription commence à courir du jour où le mineur a eu dix-huit ans.


Seconde Partie


NORMES PROCÉDURALES


Titre I


Constitution et compétence du Tribunal


Art. 8


§ 1. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi est le Tribunal Apostolique Suprême pour l'Église latine ainsi que pour les Églises orientales catholiques en matière de jugement des délits définis dans les articles précédents.


§ 2. Ce Tribunal Suprême connaît aussi des autres délits pour lesquels le coupable est accusé par le Promoteur de Justice, en raison d'un lien de personne et de complicité.


§ 3. Les sentences de ce Tribunal Suprême, prononcées dans les limites de sa compétence propre, ne sont pas soumises à l'approbation du Souverain Pontife.


Art. 9


§ 1. Les juges de ce Tribunal Suprême sont, de plein droit, les Pères de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.


§ 2. Le collège des Pères est présidé par le premier d'entre eux, le Préfet de la Congrégation ; en absence de Préfet ou s'il est empêché, le Secrétaire de la Congrégation en accomplit l'office.


§ 3. Il appartient au Préfet de la Congrégation de nommer également d'autres juges stables ou délégués.


Art. 10


Il est nécessaire que soient nommés juges des prêtres d'âge mûr, titulaires d'un doctorat en droit canonique, de bonnes mœurs, particulièrement distingués par la prudence et l'expérience juridique, même s'ils exercent simultanément l'office de juge ou de consulteur auprès d'un autre Dicastère de la Curie romaine.


Art. 11


Pour présenter et soutenir l'accusation, est constitué un Promoteur de Justice, qui doit être prêtre, titulaire d'un doctorat en droit canonique, de bonnes mœurs, remarquable par sa prudence et sa compétence juridique, remplissant sa charge à tous les degrés de jugement.


Art. 12


Pour les charges de Notaire et de Chancelier, des prêtres sont désignés, Officiaux de cette Congrégation ou extérieurs à elle.


Art. 13


Tient lieu d'Avocat et de Procureur un prêtre titulaire d'un doctorat en droit canonique qui est approuvé par le Président du collège.


Art. 14


Par ailleurs, dans les autres Tribunaux, pour les causes dont il s'agit dans les présentes normes, seuls des prêtres peuvent remplir validement les charges de Juge, de Promoteur de Justice, de Notaire et d'Avocat.


Art. 15


Restant sauf ce qui est disposé par le can. 1421 du Code de droit canonique et par le can. 1087 du Code des Canons des Églises orientales, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi peut légitimement dispenser de l'obligation de prendre un prêtre ou un docteur en droit canonique.


Art. 16


Claque fois que l'Ordinaire ou le Hiérarque vient à connaissance, au moins vraisemblable, d'un délit grave, une fois menée l'enquête préliminaire, il le signale à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, laquelle, si elle ne s'attribue pas la cause en raison de circonstances particulières, ordonne à l'Ordinaire ou au Hiérarque de procéder ultérieurement, restant cependant sauf, le cas échéant, le droit de faire appel contre la sentence de premier degré seulement auprès du Tribunal Suprême de cette même Congrégation.


Art. 17


Si le cas est déféré directement à la Congrégation, sans que soit menée l'enquête préliminaire, les préliminaires du procès, qui reviennent d'après le droit commun à l'Ordinaire ou au Hiérarque, peuvent être accomplis par la Congrégation elle-même.


Art. 18


Dans les causes qui lui sont légitimement déférées, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi peut convalider les actes, restant sauf le droit de la défense, si des Tribunaux inférieurs agissant par mandat de la même Congrégation ou selon l'art. 16 ont violé des lois purement processuelles.


Art. 19


Restant sauf le droit de l'Ordinaire ou du Hiérarque, dès le début de l'enquête préliminaire, d'imposer ce qui est prévu par le can. 1722 du Code de droit canonique et par le can. 1473 du Code des Canons des Églises orientales, le Président en exercice du Tribunal, sur instance du Promoteur de Justice, possède le même pouvoir aux mêmes conditions déterminées par lesdits canons.


Art. 20


Le Tribunal Suprême de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi juge en seconde instance :


1° les causes jugées en première instance par les Tribunaux inférieurs ;


2° les causes tranchées en première instance par ce même Tribunal Apostolique Suprême.


Titre II


L'ordre judiciaire


Art. 21


§ 1. Les délits graves réservés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi doivent être poursuivis par procès judiciaire.


§ 2. Toutefois, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi peut légitimement :


1° dans des cas particuliers, décider d'office ou sur instance de l'Ordinaire ou du Hiérarque de procéder par le décret extrajudiciaire dont il s'agit au can. 1720 du Code de droit canonique et au can. 1486 du Code des Canons des Églises orientales, en tenant compte, toutefois, que les peines expiatoires perpétuelles ne sont infligées que par mandat de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ;


2° déférer directement les cas les plus graves à la décision du Souverain Pontife, pour le renvoi de l'état clérical ou la déposition avec dispense de la loi du célibat, quand le délit est manifestement constaté et après avoir accordé au coupable la possibilité de se défendre.


Art. 22


Pour connaître d'une cause, le Préfet constituera un collège de trois ou cinq juges.


Art. 23


Si, en instance d'appel, le Promoteur de Justice présente une accusation sensiblement modifiée, ce Tribunal Suprême peut la recevoir et en juger, comme si elle était en première instance.


Art. 24


§ 1. Dans les causes pour les délits dont il s'agit à l'art. 4 § 1, le Tribunal ne peut rendre public le nom du plaignant ni à l'accusé ni même à son avocat, à moins que le plaignant ait donné son consentement explicite.


§ 2. Le même Tribunal doit évaluer avec une particulière attention la crédibilité du plaignant.


§ 3. Toutefois, il faut veiller à éviter absolument tout risque de violation du secret sacramentel.


Art. 25


S'il se présente une question incidente, le Collège décidera de la chose par décret dans les plus brefs délais.


Art. 26


§ 1. Restant sauf le droit de faire appel à ce Tribunal Suprême, quand l'instance sera parvenue à son terme de quelque manière que ce soit dans un autre Tribunal, tous les actes de la cause seront transmis d'office à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans les meilleurs délais.


§ 2. Le droit du Promoteur de Justice de la Congrégation de contester la sentence commence à courir du jour où la sentence de première instance a été notifiée à ce même Promoteur.


Art. 27


Contre les actes administratifs particuliers émis ou approuvés par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans le cas des délits réservés, le recours est admis, par présentation dans le délai péremptoire de soixante jours utiles à la Congrégation ordinaire (ou Feria IV) de ce même Dicastère, laquelle juge du fond et de la légitimité, étant exclu tout recours ultérieur dont il s'agit à l'art. 123 de la Constitution Apostolique Pastor bonus.


Art. 28


Une chose est tenue pour jugée :


1° si la sentence a été prononcée en seconde instance :


2° si l'appel contre la sentence n'a pas été interjeté en l'espace d'un mois ;


3° si l'instance est périmée au degré d'appel, ou si on y a renoncé ;


4° s'il a été prononcé une sentence selon la norme de l'art. 20.


Art. 29


§ 1. Les frais judiciaires sont réglés selon ce qu'établit la sentence.


§ 2. Si le coupable ne peut régler les frais, ceux-ci seront réglés par l'Ordinaire ou le Hiérarque de la cause.


Art. 30


§ 1. Les causes de ce genre sont soumises au secret pontifical.


§ 2. Quiconque viole le secret ou, par dol ou négligence grave, cause un autre dommage à l'accusé ou aux témoins, sera, sur instance de la partie lésée ou même d'office, puni de peines adaptées par le Tribunal supérieur.


Art. 31


Dans ces causes, conjointement aux prescriptions de ces normes auxquelles sont tenus tous les Tribunaux de l'Église latine et des Églises orientales catholiques, on doit appliquer aussi les canons de chacun des deux Codes au sujet des délits et des peines ainsi que du procès pénal.


[Texte original: Latin - Traduction française distribuée par la salle de presse du Saint-Siège]


lundi, 19 juillet 2010

Ceux qui touchent aux prêtres


Normes qui touchent aux prêtres  

Suite à la publication de nouvelles normes pour lutter contre la pédophilie dans le clergé catholique, la presse américaine s’est en partie émue de la présence et de la présentation simultanées d’autres normes, comme celle regardant  l’ordination des femmes.  Contenu du contexte médiatique et sociologique, il est parfaitement légitime, dans un premier temps de se scandaliser et de s’émouvoir . Cela produit en effet un certain effet dans une société médiatique du "fast-food".  Notre société, et notre cœur, sont bouleversés par de tels attentats commis contre des innocents. Le climat médiatique est aussi en faveur du mariage des prêtres et de l’ordination des femmes. Enfin, il lutte souvent contre la présence de Dieu. L’effet produit provient qu’ un scandale est liée à un combat féministe, vue comme positif. Cela ne semble ainsi pas passer. Abuser d’un enfant ou ordonner une femme, sont deux actions aux antipodes. L’une est horrible, l’autre est vue comme promotionnelle. 

Pas facile donc de communiquer sur ce paquet de nouvelles normes.  Toutefois, après l’émotion passée, et c’est un paramètre fondamentale en communication,  creusons un peu pour regarder les choses d’un peu plus prêt, pour une analyse disons: "slow-food". On peut voir qu’après les victimes, la sainteté et la noblesse du sacrement de l’ordre sont ensuite gravement atteintes. Après la blessure terrible infligée à  un innocent, la pédophilie blesse gravement et terriblement la sainteté et la noblesse du prêtre. C’est une authentique trahison. Car le sacrement de l’ordre est bel et bien la présence de Dieu dans le monde. Le célibat du prêtre ouvre une porte amoureuse vers le ciel.  Le Curé d’Ars disait que le prêtre est comme une fenêtre ouverte sur le ciel. La Vierge Marie n’a aucune tache dans son âme, car elle est l’Immaculée Conception. La marque du péché n’est pas en elle. Or, un prêtre porte en lui, comme une grâce pour les autres, la marque de Jésus, la marque de Dieu. Il porte vraiment dans son âme, sur son être, la trace indélébile de Dieu. La théologie parle d’un caractère, comme pour le baptême et la confirmation. On est marqué, comme brûlé par l’amour de Dieu. Nous sommes à  Lui. Tacher cette présence de Dieu est donc très grave, un vrai scandale. En écoutant attentivement les victime de prêtre, on peut s’apercevoir avec effroi qu’elles ont perdu la confiance en Dieu et en ses représentants marqués par Sa présence. C’est une seconde blessure, tout aussi effroyable. Au lieu d’être un porte vers le ciel, le prêtre devient pour elles une cause de torture. Elle passe de la foi au dégoût, de la confiance à la trahison. On regarde toujours avec espérance vers un homme de Dieu. Or, elles ont été brûlées, pour être marquées, mais gravement, donc de façon totalement perverse et inversée. Ainsi, on comprend que le prêtre est quelque chose de sacré, de grand, précisément car il est marqué positivement, au plus profond de lui, par Jésus Bon Pasteur. C'est son intimité et sa spécificité. Une clef de lecture possible pour le  nouveau document réside donc dans cette marque, en insistant sur cette fenêtre ou cette présence qu’est justement le prêtre.

 Le sacrement de l’ordre

Ordonner une femme consiste à toucher au sacrement de l’ordre. Pour l’Eglise catholique, c’est Jésus qui a voulu que cette marque là  soit imprimée uniquement en des hommes.  Il a marqué  les femmes, évidement, mais autrement, d’une façon sans doute suréminente, bien que différente. La Vierge Marie n’a pas la marque du sacerdoce, mais une marque de sainteté. Elle est sans tache, immaculée,  et est chargée d’ une tâche différente à accomplir.  Aussi, en lisant attentivement les nouvelles normes, on s’aperçoit que l’Eglise promeut la fenêtre ouverte vers le ciel,  en faveur de la sainteté du prêtre. Elle veut protéger ce label ou cette marque de qualité par des normes sévères et contraignantes. Certes, il faut avoir une autre clef de lecture du document de Benoît XVI, y entrer par une autre porte. En langage technique, un autre "frame" ou une autre grille de lecture. Puisse la Vierge nous y aider, pour mettre tous ces drames dans une juste perspective.

See full size imageL´Eglise distingue clairement les abus sur mineurs et l'ordination des femmes
Des actes sanctionnés dans un même document, mais pas pour autant de même nature


ROME, Lundi 19 juillet 2010 (ZENIT.org) - Le Saint-Siège a clairement précisé que, à aucun moment, les abus sexuels sur mineurs n'ont été comparés à l'ordination de femmes prêtres, apportant ainsi un démenti aux informations parues dans de nombreux médias.
Ce jeudi 15 juillet, la Congrégation pour la doctrine de la foi a rendu publiques les nouvelles  « Normes sur les délits les plus graves » (Normae de gravioribus delictis), qui prévoient les délits commis contre la foi, contre les sacrements de l'Eucharistie, la Pénitence et l'Ordre, et sanctionnent l'ordination sacerdotale de femmes, et, naturellement, les délits d'abus sexuel commis sur des mineurs par des membres du clergé. L'inclusion dans un même document de ces actes de nature différente a été critiquée dans divers médias, notamment par ceux qui promeuvent l'ordination sacerdotale des femmes au sein de différentes institutions ecclésiales.
Le « promoteur de justice » du Saint-Siège, Mgr Charles Scicluna, qui avait déjà clarifié la distinction entre ces deux actes lors de la présentation du document, a dû s'adresser une nouvelle fois à la presse ce vendredi pour préciser que le fait de traiter des comportements différents dans un document unique ne signifie pas pour autant les mettre sur le même plan.
« Ils sont abordés dans le même document mais cela ne les met pas au même niveau, ni leur confère la même gravité », a expliqué ce vendredi Mgr Scicluna, qui a collaboré à la rédaction de ces normes.
Pour sa part, Mgr Donald W. Wuerl, archevêque de Washington, président du Comité de la Doctrine de la Conférence épiscopale des Etats-Unis (USCCB), a salué ce document qui, constate-t-il, témoigne de l'importance que l'Eglise attribue au sacrement de l'Ordre.
« Les sept sacrements sont une partie intégrante et identifiante de l'Eglise catholique et de la vie de foi de chaque catholique », affirme-t-il pour montrer la gravité de l'acte dont se rend coupable quiconque s'attribue l'autorité pour ordonner des femmes prêtres.
« L'Eglise catholique, à travers son long et constant enseignement, affirme que l'ordination a été réservée dès le début aux hommes, un fait qu'on ne peut changer, malgré les temps qui changent » indique le prélat.
Mgr Wuerl rend un hommage vibrant à la contribution de la femme au sein de l'Eglise.
« Tous les catholiques sont appelés au service chrétien. Les femmes ont répondu avec une générosité extraordinaire. Historiquement, les femmes ont joué un rôle essentiel dans la vie de l'Eglise. Cela est particulièrement vrai à travers leur bénévolat dans les paroisses, leur service professionnel et leur appartenance à des communautés religieuses, mouvements laïcs et autres organisations, où elles sont impliquées dans une série de domaines comme la santé ou l'éducation ».
« Aujourd'hui, les femmes assurent un service actif dans l'Eglise à des postes de responsabilité à tous les niveaux. Les femmes couvrent près de la moitié des postes administratifs et professionnels des diocèses, une situation favorable si on la compare avec l'ensemble de la main d'oeuvre aux Etats-Unis. Les femmes occupent environ un quart des postes diocésains les plus élevés, comme celui de rectrices d'université, directrices d'école, directrices financières. Environ 80 pour cent des agents pastoraux laïcs sont des femmes ».
« Comment l'Eglise saurait-elle exprimer avec suffisamment de force sa gratitude envers les femmes, conclut-il. Les femmes ont une approche unique, des capacités créatives et une générosité caractéristique au coeur même de l'Eglise catholique. Leur activité et leur participation décisive expliquent beaucoup de ce qui fait de l'Eglise catholique une force puissante pour le bien et la sainteté ».


Jesús Colina