Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 19 avril 2010

Au nom des victimes et des prêtres

images Esprit Saint.jpegQuelques journalistes qui perdent la simple éthique professionelle et le BAba de leur noble métier, un Pape calomnié et traîné dans la boue, quelques prêtres et évêques qui ont jeté le déshonneur sur la Sainte Eglise en ne vivant pas selon leur état, voilà bien un dramatique bilan.

Le Saint Curé d'Ars sera proclamé en juin par Benoît XVI patron de tous les prêtres de l'Univers en présence de milliers de prêtres à Rome, voilà l'espérance qui est en mouvement.

Et puis les victimes ? Ce sont elles qui ont payé un très lourd tribu de ces crimes abominables. Aussi, après avoir reçu des confidences, des mails, des messages, il est temps de les mettre à la toute première place. Le Pape Benoît XVI va dans ce sens, il va rencontrer des victimes, certes loin des médias, pour ne pas les exposer et respecter leur intimité, leur vie et leur souffrance.

Ce petit blog, tel une goutte d'eau dans l'océan médiatique, comme une larme jaillie des yeux du Christ et de Marie, coeur de la Sainte Eglise, veut penser et prier pour les victimes. Aussi pourquoi ne pas prier l'Esprit Saint, jusqu'à la Pentecôte, afin qu'il lave ce qui est soullié, guérisse ce qui est blessé, rende droit ce qui est faussé. Chers lecteurs, soyons solidaires, plein de compassion, humains, simplement chrétiens, catholiques.

 

Prier pour les victimes

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, Père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos;
dans la fièvre, la fraîcheur;
dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu'à l'intime
le cœur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n'est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
redresse ce qui est dévié.

À tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne vertu et mérite,
donne le salut final,
donne la joie éternelle. Amen.

images ARS.jpegLa conclusion de l’Année Sacerdotale, par le cardinal Hummes

« L’Église vous aime, vous admire et vous respecte »

 

ROME, Mercredi 14 avril 2010 (ZENIT.org) - Le cardinal Hummes dit la « reconnaissance » de l'Eglise pour les prêtres : « L'Église vous aime, vous admire et vous respecte. Vous êtes même une joie pour notre peuple catholique, à travers le monde, qui vous accueille et vous soutient, surtout en ces temps de souffrances ».

Le site en ligne « Annus sacerdotalis » publie aujourd'hui le message du cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation romaine pour le clergé, à l'occasion de la conclusion, à la mi-juin, de l'Année sacerdotale.

La Conclusion de l'Année Sacerdotale

Chers Prêtres

L'Église est vraiment très heureuse de cette Année Sacerdotale et elle remercie le Seigneur d'avoir inspiré au Saint-Père sa promulgation. Toutes les informations qui arrivent ici à Rome sur les initiatives nombreuses et variées entreprises par les Églises locales dans le monde entier pour vivre cette année spéciale prouvent qu'elle a été bien reçue et - nous pouvons le dire - qu'elle a répondu à un vrai et profond désir des prêtres et de tout le peuple de Dieu. Le moment était venu de porter une attention particulière de reconnaissance et d'initiative en faveur du grand, diligent et irremplaçable presbyterium, ainsi que de chaque prêtre de l'Église.

Il est vrai que quelques prêtres, cependant proportionnellement très peu, ont commis d'horribles et très graves délits d'abus sexuels sur des mineurs, des faits que nous devons rejeter et condamner de manière absolue et intransigeante. Ils doivent en répondre devant Dieu et devant les tribunaux, même civils. Nous prions aussi pour qu'ils parviennent à la conversion spirituelle et au pardon de Dieu. Pour sa part, l'Église est décidée à ne pas cacher ni minimiser de tels crimes. Mais surtout nous sommes du côté des victimes et nous voulons les soutenir dans leur reconstruction et leurs droits bafoués.

Cependant, les délits de certains ne peuvent absolument pas être utilisés pour salir tout le corps ecclésial des prêtres. Qui s'y emploie commet une injustice criante. L'Église, en cette Année Sacerdotale, veut dire cela à la société humaine. N'importe quelle personne de bon sens et de bonne volonté le comprend.

Il fallait le dire. Mais revenons à vous, chers prêtres. Nous voulons vous dire encore une fois que nous reconnaissons ce que vous êtes et ce que vous faites dans l'Église et dans la société. L'Église vous aime, vous admire et vous respecte. Vous êtes même une joie pour notre peuple catholique, à travers le monde, qui vous accueille et vous soutient, surtout en ces temps de souffrances.

Dans deux mois, nous serons parvenus à la conclusion de l'Année Sacerdotale. Chers prêtres, le Pape vous invite de tout cœur à venir du monde entier à Rome pour cette conclusion, les 9, 10 et 11 juin prochains. De tous les pays du monde. Des pays plus proches de Rome, il faudrait attendre des milliers et des milliers d'entre vous, n'est-ce pas ? Alors ne refusez pas l'invitation pressante et cordiale du Saint-Père. Venez et Dieu vous bénira. Le Pape voudra confirmer les prêtres de l'Église. Leur présence nombreuse sur la place Saint-Pierre constituera une manifestation de la volonté responsable des prêtres, à se montrer disponibles et non timorés, dans le service de l'humanité qui leur est confiée par Jésus Christ. Leur visibilité sur la place, face au monde d'aujourd'hui, sera une proclamation de leur envoi au monde, non pour condamner le monde mais pour le sauver (cf. Jn 3, 17 et 12, 47). Dans ce contexte, le grand nombre aura une signification spéciale.

udi14aprile9.jpgA cette présence nombreuse des prêtres à Rome, lors de la conclusion de l'Année Sacerdotale, il y a encore un motif particulier, qui concerne le cœur de l'Église aujourd'hui. Il s'agit d'offrir à notre bien-aimé Pape Benoît XVI notre solidarité, notre soutien, notre confiance et notre communion inconditionnelle, face aux attaques fréquentes qui lui sont faites à l'heure actuelle, dans le domaine de ses décisions concernant les clercs ayant commis des délits d'abus sexuels sur des mineurs. Les accusations portées à son encontre sont évidemment injustes et il a été démontré que personne n'a fait autant que Benoît XVI pour condamner et combattre de tels crimes de façon appropriée. La présence massive des prêtres sur la Place autour de Lui sera donc un signe fort de notre claire désapprobation des attaques injustes dont il est victime. Alors venez également pour soutenir publiquement le Saint Père.

La conclusion de l'Année Sacerdotale ne sera pas une conclusion proprement dite, mais un nouveau départ. Nous, le peuple de Dieu et les pasteurs, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour ce temps privilégié de prière et de réflexion sur le sacerdoce. Nous nous proposons aussi d'être toujours attentifs à ce que l'Esprit Saint veut nous dire. Ainsi nous retournerons à l'exercice de notre mission dans l'Église et dans le monde avec une joie renouvelée et avec la conviction que Dieu, Seigneur de l'histoire, reste avec nous, tant dans les crises que dans les temps nouveaux.

Que la Vierge Marie, Mère et Reine des prêtres, intercède pour nous et nous éclaire dans notre suite de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur.

Rome, le 12 avril 2010

Cláudio Cardinal Hummes

Archevêque Émérite de São Paulo

Préfet de la Congrégation pour le Clergé

lundi, 22 mars 2010

Quelques médias à la dérive

BM.jpgLa société de communication qui est la nôtre est une chance. Les journalistes sont nécessaires à nos démocraties et des agents de vérité. La liberté de l'information a permis d'abattre bien des dictatures et de nombreux murs. Mais ils peuvent aussi être les promoteurs de mensonges, de calomnies et de propagandes mortifères.

Professeur de Media Relation à Rome, Bruno Mastroianni dénoncent quelques graves erreurs:

Traduction: Benoît et moi

Mardi 16 mars 2010


Ce n'est pas en attaquant l'Eglise qu'on lutte contre la pédophilie


Bruno Mastroianni

Ils ont déterré des abus sexuels dans le chœur dirigé par le frère du Pape, puis on a découvert qu'il s'agissait d'affaires remontant aux années cinquante qui étaient déjà connues et juridiquement closes, datant d'avant la nomination Georg Ratzinger.

Ils nous ont dit que la ministre de la justice allemande avait accusé l'Eglise d'avoir dressé "un mur de silence", puis on a découvert qu'elle en avait après les écoles où les événements s'étaient produits.

Ils nous ont fait penser que le document de delictis gravioribus était une directive secrète pour gérer la pédophilie en silence, puis on a découvert que le document, publié en 2001 (tout autre que secret), avait été conçu pour confier à Rome la gestion des cas les plus graves afin d'empêcher leur enlisement.

Ils ont dépeint l'Allemagne comme un nid de frelons rempli de prêtres pédophiles, puis on a découvert que, de 1995 à aujourd'hui, sur 210.000 cas de crimes contre les enfants, seulement 94 concernaient des prêtres, soit un taux de 1 sur 2.000.

Ils nous ont raconté que le cardinal Schönborn avait établi un lien entre la pédophilie et le célibat, puis le lendemain, ils ont dit qu'ils s'étaient trompés.

Ils ont continué à insister sur le lien entre célibat et pédophilie, alors que les experts soulignent que la plupart des pédophiles sont mariés. 

Ils ont insinué que dans l'Église, on met en question le célibat des prêtres, puis il s'est avéré que dans les documents, dans la vie et dans les intentions, cette pratique est demeurée immuable.

 

mirino.gif



Question: sommes-nous vraiment sûrs que la pédophilie est le principal problème qui afflige l'Eglise de Ratzinger? 
Il nous semble qu'il ne s'agit que de la énième page quelque peu hystérique de confusion médiatique.

 

vendredi, 12 mars 2010

Mea culpa du vicaire général de Joseph Ratzinger

images.jpeg(ASCA) - Roma, 12 mar

© Copyright Asca

Pédophilie: L'ex-vicaire général de Münich: "cela fut ma grave erreur, j'en demande pardon"

L'ex-vicaire général de l'archidiocèse de Münich, Gerard Gruber, en charge durant les années au cours desquelles Joseph Ratzinger, désormais Benoît XVI, en était l'archevêque, assume la pleine responsabilité personnelle de la désignation du prêtre pédophile H. dans une paroisse münichoise en 1980. "La nouvelle assignation de H. dans une paroisse fut une grave erreur - a déclaré le prêtre, aujourd'hui âgé de 81 ans dans une déclaration diffusée par l'archevêché de Münich - et j'en assume la pleine responsabiltié. Je suis profondément désolé que cette décision ai permis de donner lieu à des crimes et blessures envers les jeunes et je demande pardon à tous ceux qui en ont souffert".

Traduit de l'italien par le Suisse Romain

Article de la Croix (dépêche de l'AFP)

RSR (Radio Suisse Romande)

mardi, 09 mars 2010

Pédophilie: des délits les plus graves

images.jpeg

L'Eglise n'a pas attendu les scandales en Europe pour s'engager avec fermeté. Les scandales des USA ont permis de mettre à jour les actions afin de protéger les enfants, punir les coupables et venir en aide aux victimes. Depuis 2001, Jean Paul II, avec le Cardinal Ratzinger et Mgr Bertone, ont pris des mesures. Le Cardinal Ratzinger est devenu le Pape actuel, sans doute pour purifier l'Eglise dans ses membres, et Mgr Bertone est l'actuel cardinal secrétaire d'Etat, sorte de premier ministre du Saint Siège. Ils sont donc les personnes les mieux placées pour lutter contre ce fléau, ce cancer qui ronge l'institution.

Sacramentorum sanctitatis tutela (Motu Proprio, initiative, "mouvement propre" du Pape Jean Paul II)

Lettre de la Congrégation (en latin sur le site du Vatican) pour la Doctrine de la Foi aux Évêques et aux autres Ordinaires et Hiérarques des Églises catholiques orientales intéressés par les délits (les) plus graves réservés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi

Pour appliquer la loi ecclésiastique, qui énonce dans l'article 52 de la Constitution Apostolique sur la Curie Romaine que « La Congrégation pour la Doctrine de la Foi instruit les délits contre la foi et également les délits d'une part contre les mœurs, d'autre part commis pendant la célébration des sacrements et qui lui ont été rapportés, et quand c'est nécessaire, procède à la déclaration ou à l'imposition des sanctions canoniques, selon les normes du droit, soit commun, soit particulier », il était en premier lieu nécessaire de définir la façon de procéder au sujet des délits contre la foi, ce qui a été fait selon les normes qui ont reçu le nom de Agendi ratio in doctrinarum examine, ratifiées et confirmées par le Souverain Pontife Jean-Paul II, en même temps que les articles 28-29, approuvés en forme spécifique. 

À peu près dans le même temps, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, au moyen d'une Constitution instituée ad hoc, accordait son attention à l'étude attentive du canon des délits, soit le Code de droit canonique soit le Code des Canons des Église orientales, pour déterminer « les délits d'une part contre les mœurs, d'autre part commis pendant la célébration des sacrements », et pour parfaire les normes processuelles spéciales pour « la déclaration ou à l'imposition des sanctions canoniques », parce que l'Instruction Crimen sollicitationis, en vigueur jusque là, éditée par la Suprême Congrégation Sacrée du Saint Office le 16 mars 1962, devait être révisée lors de la promulgation des nouveaux codes canoniques. 

images-1.jpeg- Les délits plus graves, soit dans la célébration des sacrements, soit contre les mœurs, réservés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sont: 

- Les délits contre la sainteté du très auguste sacrifice de l'Eucharistie et sacrement, à savoir 

1 - Le fait de prendre ou de retenir les espèces sacrées à des fins sacrilèges, ou de les jeter à terre 

2 - Le fait d'attenter l'action liturgique du Sacrifice de l'eucharistie ou de simuler cette dernière 

3 -La concélébration interdite du Sacrifice de l'eucharistie avec les ministres des communautés ecclésiales qui n'ont pas la succession apostoliques et qui ne reconnaissent pas la dignité sacramentelle de l'ordination sacerdotale 

4- La consécration à une fin sacrilège l'une des matières sans l'autre lors d'une célébration eucharistique, ou même des deux en dehors d'une célébration eucharistique 

- Les délits contre la sainteté du sacrement de pénitence, à savoir 

1 - L'absolution d'un complice du péché contre le sixième commandement du Décalogue 

2 - Le fait de solliciter en acte soit à l'occasion d'une confession soit sous prétexte d'une confession le péché contre le sixième commandement du Décalogue, si cela est dirigé vers le péché avec le confesseur lui-même 

3 - La violation directe du sceau sacramentel 

- Les délits contre les mœurs, à savoir le délit contre le sixième commandement du Décalogue commis par un clerc avec un mineur âgé de moins de dix-huit ans

Seuls ces délits, qui ont été décrits plus haut avec leur définition, sont réservés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. 

Chaque fois qu'un Ordinaire ou un Hiérarque a une connaissance pour le moins vraisemblable d'un délit réservé, après avoir mené une investigation préalable, qu'il la fasse connaître à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui, si elle ne se réserve pas la cause en raison de circonstances particulières, qui ordonne à l'Ordinaire ou au Supérieur de poursuivre la procédure à travers son propre tribunal en transmettant les normes opportunes. Le droit de faire appel de la sentence en première instance, soit de la part de la partie soit de la part du défenseur de la partie soit de la part du Promoteur de la Justice demeure valide uniquement auprès du Tribunal Suprême de cette même Congrégation.

Il faut noter qu'une action criminelle au sujet des délits réservés à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est éteinte par une prescription de dix ans. La prescription court selon la norme du droit universel et commun; mais dans le cas d'un délit commis par un clerc sur un mineur, la prescription commence à courir à partir du jour où le mineur a achevé sa dix-huitième année.

Dans les Tribunaux établis par des Ordinaires ou des Hiérarques, seuls des prêtres peuvent validement remplir pour ces procès-ci les charges de Juges, de Promoteurs de Justice, de notaire / greffier (plus vraisemblable). Quand le procès devant le tribunal est terminé, de quelque manière que ce soit, tous les actes de la cause / du dossier doivent être transmis ex officio le plus rapidement possible à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

Tous les tribunaux de l'Église Latine et des Églises Orientales Catholiques doivent observer les canons au sujet des délits et des peines et aussi au sujet des processus pénaux de leurs Codes respectifs en même temps que les normes spéciales qui doivent être transmises par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour chaque cas singulier et qui sont à appliquer entièrement. 

Les causes de ce genre sont soumises au secret pontifical. 

À travers cette lettre, transmise par mandat du Souverain Pontife à tous les évêques de l'Église Catholique, aux supérieurs généraux des instituts religieux cléricaux de droit pontifical et des sociétés de vie apostolique cléricales de droit pontifical, et aux autres Ordinaires et Hiérarques intéressés, il est espéré / souhaité non seulement que de plus graves délits soient entièrement évités mais que surtout les Ordinaires et les Hiérarques accordent un soin pastoral attentionné à s'occuper de la sainteté des clercs et des fidèles même au moyen des sanctions appropriées.

images-2.jpegÀ Rome, du siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 18 mai 2001, 

Joseph, cardinal Ratzinger, préfet 

Archévêque Tarcisio Bertone, SDB

 

 

jeudi, 27 août 2009

Année sacerdotale et célibat du prêtre

En bref :

- le célibat des prêtres remontent aux temps apostoliques et pas au Moyen-Age.

- la tradition latine du célibat est antérieure à la tradition orientale

- les évêques, prêtres ou diacres, étaient par vocation appeler à la continence parfaite après leurs ordinations sacerdotales.

- seul le Pape, et non un Concile peut "revoir" cette sagesse bi-millénaire. La thèse du conciliarisme, un Concile supérieur au Pape, fut rejetée par l'enseignement de l'Eglise.

- le Concile Vatican II et toute l'Eglise reprend en cette année son enthousiasme pour continuer à marcher sur cette voie. Le Saint Curé d'Ars, le serviteur d Dieu Jean Paul II et une foule de saints prêtres en sont témoins.

"Les Origines apostoliques du célibat ecclésiastique"

par le P. Cochini, sj A l’occasion d’une présentation à Rome

« Les Origines apostoliques du célibat ecclésiastique », c’est le titre de l’étude du P. Christian Cochini, sj, publiée aux éditions Ad Solem (www.ad-solem.com).

Le P. Christian Cochini est né à Marseille en 1929. Il est entré dans la Compagnie de Jésus en 1958 et il a soutenu sa thèse de théologie en 1969 devant le Jury de la Faculté de théologie de Paris présidé par le cardinal Daniélou. Il est actuellement en Chine, à Macau, engagé dans le dialogue interreligieux avec les communautés bouddhistes du continent chinois.

Zenit : P. Cochini, vous publiez un livre sur l’origine apostolique du célibat ecclésiastique. Or le fait que l’Eglise catholique latine choisisse ses prêtres parmi des hommes dont le charisme du célibat est vérifié est justement souvent contesté par qui prétend que le célibat sacerdotal est une invention...médiévale !

P. Cochini : L’ouvrage publié aujourd’hui aux éditions Ad Solem est la réédition, augmentée d’une préface du cardinal Castrillon Hoyos, de mon livre sur Les Origines apostoliques du célibat ecclésiastique, publié pour la première fois en 1981 chez Lethielleux. Il a été jugé utile de le republier parce que la question des origines, c’est-à-dire la question historique, est aujourd’hui au centre du débat. Il est frappant, en effet, de voir la quantité de livres ou d’articles qui contestent la discipline de l’Eglise latine concernant le célibat obligatoire des clercs en arguant de l’origine tardive de la loi. Certains, comme vous le dites, y voient une invention médiévale, en se référant au 2ème concile du Latran de 1139, mais ils sont de moins en moins nombreux, car l’argument ne résiste pas à une simple lecture du texte conciliaire : le document du Latran n’établit pas l’obligation du célibat, mais frappe de nullité tout mariage contracté par un clerc déjà ordonné. En revanche, la critique basée sur le concile d’Elvire des années 300, le premier en date des synodes faisant état d’une obligation de continence parfaite pour les membres du clergé supérieur, ainsi que sur l’existence de nombreux évêques, prêtres et diacres mariés au cours des premiers siècles de l’Eglise, est certainement à prendre en compte.

C’est un argument très sérieux, car il oblige la réflexion théologique à vérifier sa cohérence avec l’histoire. Dans son encyclique sur le célibat, Paul VI écrivait : « Jésus, qui choisit les premiers ministres du salut, qui les voulut initiés à l’intelligence des mystères du royaume des cieux, coopérateurs de Dieu à un titre très spécial et ses ambassadeurs, et qui les appela amis et frères, pour lesquels il s’est sacrifié lui-même afin qu’ils fussent consacrés en vérité, a promis une récompense surabondante à quiconque aura abandonné maison, famille, épouse et enfants pour le royaume de Dieu. » C’était reconnaître par là même l’importance exceptionnelle de l’exemple des apôtres dans la genèse de la pratique du célibat. Car comment concevoir que ces « amis et frères du Seigneur » n’aient pas été les premiers à vivre ce mode privilégié d’imitation du Christ qu’est le renoncement à « famille, épouse et enfants pour le royaume de Dieu », et qui sera demandé par l’Eglise à ses prêtres.

Et si eux ne l’ont pas été, si ceux d’entre eux qui, comme saint Pierre, étaient mariés, ont continué à mener la vie conjugale, comment fonder la théologie sous-jacente à la loi du célibat sur des bases qui soient absolument incontestables ? Les théologiens des siècles passés en avaient conscience. C’est ce qui faisait dire, par exemple, au jésuite François Zaccaria, auteur de plusieurs ouvrages remarquables sur le célibat au XIXème siècle, que l’avenir de la loi sur le célibat sacerdotal dépendait, en un certain sens, de la connaissance de ses origines et de son évolution ; une conviction, ajoutait-il, qui l’animait dans ses recherches. Qu’en a t-il donc été des apôtres, et qu’en a t-il été de leurs successeurs pendant les premiers siècles ? La réponse à cette question incontournable, c’est la tradition primitive de l’Eglise qui l’éclaire, par la notion de « continence parfaite » . C’est là, si j’ose dire, la clé d’interprétation de l’histoire vécue dès le temps des apôtres par les ministres du Christ. J’ai été pour ma part conduit fortuitement à la redécouvrir lorsque, voici maintenant plus de 40 ans, je mettais en chantier ma thèse de théologie.

Un canon du concile de Carthage de l’an 390 attira mon attention, car il y était dit ceci : « il convient que les saints évêques et les prêtres de Dieu, ainsi que les lévites, c’est-à-dire ceux qui sont au service des sacrements divins, observent une continence parfaite, afin de pouvoir obtenir en toute simplicité ce qu’ils demandent à Dieu ; ce qu’enseignèrent les apôtres, et ce que l’antiquité elle-même a observé, faisons en sorte, nous aussi, de le garder. » S’il n’y eut pas de loi sur le célibat proprement dit aux origines, étant donné que nombre d’évêques, de prêtres et de diacres étaient mariés, comme l’avaient été saint Pierre et peut-être d’autres apôtres, il y avait donc par contre une tradition ferme, remontant à l’âge apostolique, pour demander aux clercs liés par le sacrement du mariage l’observation de la continence parfaite à dater du jour de leur ordination. Je me suis attaché à démontrer dans ma thèse, puis dans mon livre, autant qu’il pouvait se faire, que cette tradition avait bien été celle de l’Eglise des origines, tant en Orient qu’en Occident, et ce jusqu’à la fin du 7ème siècle. Je n’ai pas la prétention de croire que le débat sera clos pour autant. Mais les conclusions identiques auxquelles sont parvenus l’éminent canoniste qu’est le cardinal Alfonse Marie Stickler, et les excellents travaux du théologien ukrainien Roman Cholij, du patrologue allemand Stefan Heid, et d’autres, me paraissent autoriser un pronostic optimiste. Le courant principal de la recherche, aujourd’hui, s’oriente de plus en plus vers ce point alpha des origines de la continence parfaite des clercs qu’a été le Seigneur lui-même, et, à sa suite, le collège des apôtres. J’aimerais aussi rappeler le témoignage du cardinal Newman qui va dans le même sens : « Il y avait aussi, écrit-il, le zèle avec lequel l’Eglise romaine maintenait la doctrine et la règle du célibat, que je reconnaissais comme apostolique, et sa fidélité à bien d’autres coutumes de l’Eglise primitive qui m’étaient chères ; tout ceci plaidait en faveur de la grande Eglise romaine. »

Zenit : C’est au moment du diaconat que le candidat au sacerdoce opte pour le célibat perpétuel. Le diaconat aussi a une origine apostolique...

P. Cochini : Depuis le Concile Vatican II, l’Eglise latine a rétabli le diaconat « en tant que degré propre et permanent de la hiérarchie » (LG 29), et le considère à juste titre comme un « enrichissement important pour la mission de l’Eglise. » On a par conséquent aujourd’hui dans l’Eglise deux catégories de diacres : les candidats à l’ordination sacerdotale, pour lesquels le diaconat n’est en quelque sorte qu’une étape intermédiaire, et les diacres « permanents ». Aux premiers, il est demandé de s’engager librement, mais définitivement, dans le célibat, conformément à la pratique séculaire de l’Eglise. Dans le texte du concile de Carthage que j’ai cité tout à l’heure, on peut voir, en effet, que les « lévites », c’est-à-dire les diacres, sont tenus à la continence parfaite, au même titre que les évêques et les prêtres, car ils sont comme eux « au service des sacrements divins ». Dans tous les textes conciliaires des premiers siècles relatifs à cette question, -et qu’on pourra trouver cités dans mon livre-, les diacres sont toujours associés aux évêques et aux prêtres, et de ce fait liés par la même obligation. Quant aux « diacres permanents », il est important de noter plusieurs points : les célibataires ordonnés sont soumis à la loi du célibat, et ne sont pas autorisés à se marier par la suite ; de même pour les diacres qui ont eu le malheur de perdre leur femme ; devenus veufs, il ne leur est pas permis de se remarier ; enfin, les diacres mariés qui vivent avec leur épouse sont invités à donner le témoignage d’un « amour qui grandit grâce à la vertu de chasteté, qui fleurit toujours...dans l’apprentissage du respect pour le conjoint et dans la pratique d’une certaine continence ». (Normes fondamentales pour la formation des diacres permanents).

Zenit : Dans l’Eglise orientale, les prêtres sont aussi choisis parmi des hommes mariés. C’est souvent un argument pour le « mariage des prêtres »...Pouvez-vous expliquer la différence ?

P. Cochini : L’argument est en effet souvent invoqué de nos jours, et ne pèse pas peu sur la décision de certains prêtres qui quittent le ministère. Là aussi, l’histoire joue un rôle important, dans la mesure où il est généralement admis que la tradition des Eglises orientales remonte aux temps apostoliques, tandis que celle de l’Eglise latine ne serait apparue que bien plus tard. Or, c’est précisément ce point que les recherches actuelles sur les origines du célibat remettent en question. Je voudrais d’abord relire avec vous un passage de l’encyclique de Paul VI : « Si la législation de l’Eglise Orientale en matière de discipline du célibat ecclésiastique est différente, selon ce qui fut finalement établi par le Concile " in Trullo " de 692 et ouvertement reconnu par le second Concile du Vatican, cela est dû aussi à des circonstances historiques différentes et propres à cette partie très noble de l’Eglise : à cette situation spéciale, le Saint Esprit a providentiellement et surnaturellement adapté son assistance. » Le Concile in Trullo (c’est-à-dire tenu « sous la Coupole » du palais impérial de Justinien), encore appelé Quinisexte, est effectivement le dernier mot de la discipline de l’Eglise orientale en matière de célibat des clercs. Rappelons-la en deux mots : les évêques sont choisis parmi les célibataires, et ne peuvent pas se marier ; les prêtres ne peuvent ni se marier, ni se remarier, après leur ordination, mais peuvent continuer la vie conjugale s’ils se sont mariés auparavant ; il leur est toutefois demandé de s’abstenir des relations sexuelles avant la célébration de l’Eucharistie. Tenu à la fin du 7ème siècle, le concile in Trullo se réclame d’une tradition apostolique, mais, et c’est ici le coeur du problème, en se référant précisément à ce concile de Carthage de 390, dont nous savons qu’il demande des ministres de l’autel une « continence parfaite ». Faisant une lecture différente du même texte, les Pères orientaux décident que « les sous-diacres,..., les diacres et les prêtres aussi, s’abstiennent de leurs femmes pendant les périodes qui leur sont particulièrement (assignées ) » Ainsi, la mention des évêques a disparu, et la continence demandée aux clercs « qui touchent aux saints mystères » n’est plus que temporaire. A quoi est due cette lecture différente ? A une erreur de traduction, ou à une correction intentionnelle ? Il ne m’appartient pas de trancher. Le fait est qu’à partir de ce moment-là, la discipline de l’Eglise orientale se démarque de celle de l’Eglise encore une et indivise. Contrairement à une opinion encore trop répandue, l’analyse des textes relatifs à la question tend donc plutôt à inverser les positions, et à reconnaître à la tradition de l’Eglise latine une antiquité plus haute que celle de l’Eglise orientale. Mais, plutôt que de souligner les différences, il est important de remarquer les points importants de convergence. Comme l’indique encore Paul VI dans son encyclique : « Il ne sera pas inutile non plus d’observer qu’en Orient l’épiscopat est également réservé aux prêtres célibataires et que les prêtres, une fois ordonnés, ne peuvent plus se marier. D’où il apparaît en quel sens ces Eglises si respectables possèdent jusqu’à un certain point le principe du sacerdoce célibataire et celui d’une certaine convenance entre le célibat et le sacerdoce chrétien, dont les Evêques possèdent le couronnement et la plénitude. » Loin d’être un obstacle à l’oecuménisme, la discipline du célibat peut être un facteur de rapprochement, dans la mesure où l’Orient et l’Occident prennent conscience, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, de leur commun héritage.

Zenit : P. Cochini, les évêques sont toujours choisis dans l’Eglise orthodoxe qui admet aussi au sacerdoce des hommes mariés, parmi des moines. Pourquoi ?

P. Cochini : Le fait que l’Eglise orthodoxe choisisse les évêques exclusivement parmi les célibataires est significatif. Il témoigne de ce que la discipline du célibat remonte à une très haute antiquité, car les Pères orientaux du concile in Trullo ont maintenu cette obligation pour les évêques malgré leur lecture originale du concile de Carthage, qui aurait dû normalement les conduire à autoriser l’usage du mariage non seulement pour les prêtres mais pour tous les ministres de l’autel, à commencer par les évêques. Ils ne l’ont pas fait, signe que la tradition du célibat pour les évêques était à leurs yeux un patrimoine intangible. Cette convergence importante avec la discipline de l’Eglise latine est d’un poids décisif en faveur de l’origine apostolique du célibat-continence. Quant à la question de savoir pourquoi l’Eglise orthodoxe choisit les candidats à l’épiscopat parmi les moines, et non parmi d’autres catégories de célibataires, ni parmi des hommes pratiquant la continence avec leur épouse (comme c’était le cas dans le monde romain), ou parmi des veufs, la réponse est sans doute à chercher dans la législation de l’empereur Justinien. Le « droit justinien », compilé en 533, décréta en effet que les évêques seraient recrutés parmi les moines, c’est-à-dire parmi des clercs n’ayant pas d’héritiers, afin de ne pas aliéner les biens d’Eglise, qui constituaient alors la plus grande fortune de Byzance. La tradition s’est conservée jusqu’à nos jours, bien que la situation financière du clergé orthodoxe, il va sans dire, ne soit plus la même !

Zenit : Le pape Benoît XVI vient -après examen du cas Milingo- de réaffirmer la « valeur » du célibat sacerdotal. Comment définir cette « valeur » ?

P. Cochini : Il est fréquent d’entendre critiquer le célibat comme étant une cause de déséquilibres psychiques et générateur de scandales. Le récent scandale des prêtres pédophiles n’a fait hélas ( !) qu’alimenter davantage ce courant d’opinion. Sans nier les échecs, il serait toutefois injuste de faire de la pathologie du célibat un critère d’évaluation d’une discipline qui a fait ses preuves pendant 20 siècles en donnant à l’Eglise et au monde d’innombrables prêtres admirables, vivant leur engagement dans la fidélité, et dont l’amour puisé à la source eucharistique a vivifié le ministère. Parler de la « valeur » du célibat sacerdotal, c’est évoquer des figures aussi exemplaires que le curé d’Ars, St Jean Bosco, St François Xavier, le Père Chevrier, et des milliers d’autres, qui ont vécu leur don comme un épanouissement de leur liberté et une réserve inépuisable d’énergie spirituelle. Qui veut approfondir la spiritualité du célibat n’a que l’embarras du choix, entre les ouvrages des auteurs spirituels, les textes de Vatican II sur le ministère des prêtres, ou les documents pontificaux de Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Une mine de réflexions, infiniment plus substantielles que les commentaires trop souvent déprimants de l’actualité sur des épisodes malheureux, est à la disposition de ceux qui veulent prendre le temps de les lire, et de les méditer. En étudiant l’histoire des premiers siècles, j’ai été frappé, pour ma part, par le témoignage de tous ces évêques, prêtres et diacres mariés qui acceptaient, à partir de leur ordination, de mener une vie de continence parfaite avec leur épouse. Beaucoup d’entre eux étaient des hommes d’expérience, ayant une situation en vue, des chefs de famille heureux... et pourtant, ils ont fait le pas, renoncé à tout, pour répondre à l’appel du sacerdoce. Comme le négociant de l’évangile qui vend tout ce qu’il a pour acquérir une perle fine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, quand on parle du sacerdoce : une dignité supérieure à toute autre, car elle vient d’en-haut, et élève un homme pour qu’il élève à son tour ses frères humains jusqu’à Dieu. Je crois qu’il faut se libérer du sentiment malsain d’infériorité qui s’insinue parfois dans la conscience de certains prêtres, et retrouver le grand souffle qui animait les Pères de l’Eglise quand ils parlaient du sacerdoce. Relire les grands traités qui ont formé des générations de prêtres, comme la « Regula pastoralis » de St Grégoire le Grand, le « de Sacerdotio » de St Jean Chrysostome, ou le « de Fuga sua », de St Grégoire de Nazianze. Structuré intérieurement par une spiritualité sacerdotale authentique, et conscient d’être ancré sur une tradition venue des apôtres, le prêtre d’aujourd’hui peut vivre son célibat dans la joie et dans la liberté. Il découvre, et fait découvrir autour de lui, que le célibat n’est pas un « moins », mais un « plus ». Un amour qui rayonne, qui parle d’amour à ceux qui n’y croient plus, et qui purifie. Car la « valeur » du célibat du prêtre, il faut avoir l’audace de l’affirmer, est de disposer le coeur du prêtre à révéler aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, époux ou célibataires, le sens profond de l’amour humain.

Zenit : Le Siège apostolique accorde cependant certaines dispenses, comme dans le cas de prêtres anglicans qui rejoignent l’église catholique : leur ordination est valide ? En raison de la succession apostolique ?

P. Cochini : Je ne suis pas spécialiste des questions concernant l’Eglise anglicane. Voici ce que je crois savoir : En 1896, dans sa Lettre « Apostolicae Curae », Léon XIII avait déclaré nulles et non avenues les ordinations anglicanes. Vatican II, au contraire, reconnut à l’Eglise Anglicane une "place particulière" parmi les Eglises issues de la Réforme, en raison des structures et des traditions catholiques qu’elle a retenues. En 1966, Paul VI reconnut implicitement l’ordination de Mgr. Ramsey archevêque de Cantorbéry, en l’invitant à bénir la foule romaine. En 1980, l’archevêque catholique de Westminster assista à l’intronisation de Robert Runcie, primat de l’Eglise Anglicane, et en 1984, Runcie assista à la messe pour l’unité célébrée par l’archevêque de Lyon. Il semble que Rome avait envisagé en 1986 la levée de l’invalidation des ordinations anglicanes, mais que la décision récente d’ordonner des femmes dans l’Eglise anglicane ait eu pour conséquence d’ajourner cette mesure. Quoi qu’il en soit, l’ordination des prêtres anglicans reçus chez les catholiques n’est faite, canoniquement, que "sous condition".

Zenit : Dans de nombreuses cultures, le célibat n’est pas une valeur, mais au contraire le mariage et la procréation. Dans ces cas, on entend souvent l’objection : pourquoi ne pas envisager dans ces cultures l’ordination d’ « hommes mariés », plutôt que d’admettre au sacerdoce des hommes qui se trouvent alors en contradiction parfois même intérieure avec leur culture ? Cela « éviterait des scandales », dit-on.

P. Cochini : Je ne parlerai, si vous voulez bien, que de la culture chinoise, que je connais mieux, pour avoir passé de nombreuses années en Chine. Confucius disait que le plus grave des manquements à la piété filiale était de ne pas engendrer de fils (ou de fille). Cette conception a marqué profondément la civilisation chinoise, jusqu’à l’époque moderne. Rien se semblait donc plus opposé à la mentalité chinoise que l’idée d’un célibat, qu’il fût volontaire ou obligatoire. Les Bouddhistes furent les premiers à relever le défi, qui paraissait un obstacle insurmontable. Ils y parvinrent cependant, et réussirent si bien que moines et nonnes ont été à toutes les époques, et sont encore aujourd’hui, des personnes entourées d’un grand respect. Du côté de l’Eglise catholique, le célibat des prêtres, -peut-être en raison du précédent créé par les moines Bouddhistes-, a été reçu sans difficulté d’ordre culturel. Certes, le départ d’un fils pour le séminaire n’a pas toujours été approuvé sans drame par les parents, mais d’une manière générale le sacerdoce, précisément à cause du célibat, jouit auprès des Chrétiens chinois de l’estime générale. La crise qui a secoué l’Occident dans les années 70, avec le départ de nombreux prêtres, n’a pratiquement pas touché l’Eglise de Chine. Les Chrétiens chinois ne sont pas encore à la veille de demander des « prêtres mariés » pour leurs diocèses. On peut dire, sans risque de se tromper, que le célibat sacerdotal est depuis longtemps « inculturé » en Chine, et ne pose pas pour l’instant de problème au niveau institutionnel.

Zenit : Votre enquête vous a-t-elle fait découvrir des éléments nouveaux sur l’origine du célibat sacerdotal ?

P. Cochini : Je crois que le retour aux sources, c’est-à-dire aux temps apostoliques, est l’élément le plus neuf de mon enquête sur les origines du célibat sacerdotal. Mutatis mutandis, je dirais que c’est un peu une sorte de révolution copernicienne, en ce sens qu’elle fait à nouveau graviter la discipline du célibat autour de son vrai centre, qui est la personne même du Christ. L’exemple du Christ vierge, et des apôtres qui l’ont imité, est le foyer qui a donné naissance à la tradition, d’abord non-écrite, puis formulée dans les décisions canoniques à partir du 4ème siècle, demandant aux ministres de l’autel, évêques, prêtres et diacres, de s’abstenir du commerce sexuel avec leur épouse. Comme je l’ai suggéré tout à l’heure, cette conviction de se soumettre à une discipline remontant à l’âge apostolique a été un facteur d’équilibre psychologique et de stabilité en profondeur qui a fait ses preuves aux premiers siècles de l’Eglise et a solidement structuré à toutes les époques la personnalité des prêtres célibataires. Il est souhaitable qu’elle le reste de nos jours encore, car la crise qui a malheureusement provoqué l’abandon de trop de prêtres dans l’après-concile est due en grande partie à ce que j’appellerai une absence d’ancrage. La discipline du célibat est ancrée sur le roc des apôtres, et c’est ce qui explique ce que les contestataires n’arrivent pas à s’expliquer, à savoir la pérennité de l’institution à travers les siècles en dépit des violents séismes qui ont tenté à plusieurs reprises de l’ébranler.

Je voudrais terminer cet entretien, si vous le permettez, sur une réflexion du pape Sirice dans une lettre aux évêques des Gaules :

« Comment un évêque ou un prêtre oserait-il prêcher à une veuve ou à une vierge la continence ou l’intégrité, ou encore (comment oserait-il) exhorter les époux à la chasteté du lit conjugal, si lui-même s’est plus préoccupé d’engendrer des enfants pour le monde que d’en engendrer pour Dieu ? » L’idée que les pasteurs de l’Eglise sont responsables de la chasteté, sous toutes ses formes, - de la chasteté conjugale des époux comme de la chasteté parfaite des vierges -, peut aussi aider à comprendre pourquoi la discipline de la continence sacerdotale à pu être conçue dès les origines comme une priorité d’où dépendait la perfection du peuple chrétien. Ce n’est pas un hasard si la plupart des traités patristiques sur la virginité, qui ont tant fait pour l’essor de la vie religieuse, ont été composés par des évêques (saint Cyprien, Méthode d’Olympe, saint Athanase, Basile d’Ancyre, saint Augustin...). « Gardiens de la pureté », les chefs de l’Eglise avaient la conviction qu’ils devaient prêcher d’exemple et exhorter sans cesse (126), afin d’entraîner les fidèles sur la voie royale, mais étroite, qui conduit au Christ. Exactement comme l’avaient fait les Apôtres. La voix de l’Eglise, aujourd’hui, est celle des conciles d’Afrique de jadis, où se faisait entendre aussi le grand saint Augustin : « Ce que les apôtres ont enseigné, faisons en sorte, nous aussi, de l’observer ».

ZF06120508

.......................................................................................................................................

Le Célibat est le joyau le plus précieux dans le trésor de l’Eglise catholique

Intervention du Cardinal maronite du Liban lors du Synode sur l’Eucharistie d’octobre 2005

ROME, Lundi 10 octobre 2005 (ZENIT.org) -

« Le célibat est le joyau le plus précieux dans le trésor de l’Église Catholique ». Le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir est intervenu au cours de la 8e congrégation générale de la XI assemblée générale ordinaire du synode des évêques, sous la présidence du cardinal Juan Sandoval Iñiguez, en présence du pape et de 239 membres du synode, vendredi 7 octobre.

Le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche libanais d’ Antioche des Maronites, chef du synode de l’Église Maronite évoquait cette proposition : « pour suppléer à la pénurie des prêtres, certains guidés par le principe : « salus animarum suprema lex », réclament l’ordination des fidèles mariés, de foi et de vertu éprouvées, plutôt que de laisser des paroisses sans service sacerdotal ».

Il reconnaissait : « Il y a là un problème que personne ignore. Il mérite qu’on y réfléchisse sérieusement. Dans l’Église maronite, on admet des prêtres mariés. La moitié de nos prêtres diocésains sont mariés. Mais il faut avouer que le mariage des prêtres, s’il résout un problème, il en crée d’autres aussi graves. Un prêtre marié a le devoir de s’occuper de sa femme et de ses enfants, leur assurer une bonne éducation, les caser socialement. Aussi la prêtrise a-t-elle été un moyen de promotion sociale au Liban ».

« Une autre difficulté surgit pour un prêtre marié, soulignait le patriarche Sfeir, c’est celle de ne pas s’entendre avec ses paroissiens. Malgré cela, il arrive que son Evêque ne peut pas le muter, en raison de l’impossibilité pour sa famille de se déplacer avec lui. Malgré tout, ces prêtres mariés ont préservé la foi du peuple dont ils ont partagé la vie dure. Sans eux, cette foi aurait disparu ».

« D’autre part, le Célibat est le joyau le plus précieux dans le trésor de l’Église Catholique, affirmait le cardinal libanais. Mais comment le garder dans une atmosphère érotisée : journaux, Internet, affiches, spectacles, tout s’étale sans honte et ne manque pas de blesser la vertu de la chasteté. Il va de soi que, une fois ordonné, un prêtre ne peut plus contracter mariage. Envoyer des prêtres dans un pays qui en manque, d’un pays qui en a beaucoup, n’est pas une solution idéale, si l’on tient compte des traditions, des habitudes et des mentalités. Le problème reste posé. Il faut prier le Saint Esprit de suggérer à son Église les moyens de lui trouver une solution adéquate ».