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mercredi, 29 mars 2017

Livre sur l'affaire Preynat: "Grâce à Dieu c'est prescrit. L'affaire Barbarin"

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Livre sur l'affaire Preynat: "Grâce à Dieu c'est prescrit. L'affaire Barbarin"

Je viens de lire ce livre de Marie-Christine Tabet. Tout d'abord, le titre reprend une phrase erronée, une erreur avouée et reconnue par le Cardinal lors de la conférence de presse en 2016 des évêques de France à Lourdes. Barbarin a été corrigé par un journaliste, qu'il a d'ailleurs remercié. Pour avoir écouté et entendu en direct son intervention, le propos de l'archevêque de Lyon était d'exprimer son soulagement face à la non-récidive du Père Preynat, autrement dit qu'il n'aurait pas fait encore d'autres victimes depuis 1991

1. Avec ce titre, la phrase prend dans l'ouvrage un tout autre sens: le Cardinal exprimerait sa satisfaction, car il ne serait pas pénalement puni, justement pour une autre prescription, celle de sa mise en accusation. Très sincèrement, cela consiste à mettre sur les lèvres du prélat des pensées qui ne sont pas les siennes. 

2. Ma seconde impression: comment un prêtre comme Bernard Preynat a-t-il pu passer entre les mailles du filet et agresser et saccager la vie de plus de 100 enfants et causer plus de 1000 agressions ? C'est simplement inconcevable, ahurissant, injustifiable, satanique. Je me suis dit que son profil psychologique penche nettement vers un homme "pervers narcissique", un manipulateur. Le Père Pascal Ide a écrit un bon livre sur les manipulateurs. Sa lecture s'impose pour détecter de telle tare psychiatrique et mettre immédiatement hors d'état de nuire de tel personnage. 

3. Ma troisième impression: le dialogue entre les hommes d'Eglise et les victimes est douloureux et très complexe. Nous ne pouvons pas exiger une profession de foi chez les victimes. Elle ont été trahies, elles sont blessées par "un homme d'Eglise". Cela augmente encore la gravité des agressions ! La confiance est brisée. Je me rends compte que cela devient le pot de fer contre le pot de terre. Le Cardinal O'Malley a cependant un axe fondamental: priorité aux victimes. 

4. Ma quatrième impression: seule la vérité rend libre. Si des "hommes d'Eglise" mentent, pourquoi devrions-nous croire lorsque ceux-ci nous annoncent la résurrection ? Un seul petit mensonge et la crédibilité d'un témoin de la foi s'écroule. La seule puissance de l'Eglise repose sur la Parole: "Combien de divisions" demandait Staline au Vatican.. L'Amour de la Vérité doit encore et toujours nous mobiliser. L'Eglise n'a jamais peur de regarder la vérité en face. Cette vérité, qu'elle soit favorable à "l'institution Eglise" ou défavorable n'a aucune importance. Nous prenons la vérité comme elle est. Nous n'avons pas à défendre une institution, mais des personnes innocentes et blessées. Seule la vérité et la Parole libérée nous rendront libres. 

5. Cinquième impression: comment savoir s'il le contenu du livre est exact ? Après la lecture, je reste intimement persuadé que le Cardinal n'a jamais couvert le moindre acte de pédophilie commis sous sa juridiction. Il a commis des erreurs certes, au niveau de la communication trop défensive par moments, et peut-être aussi une sous-évaluation des aspects "médicaux", émotionnels et psychologiques, tant du côté du coupable - un pervers narcissique pédophile - que du côté du retentissement effroyable, sur le long terme, des agressions criminels chez les victimes. L'Eglise se doit d'être experte en humanité. 

Je pense aussi que les parties du livre qui racontent les drames des victimes sont exactes. Ces récits donnent la nausée, incitent presque à vomir, car insoutenables. Parfois, je lisais vite, en priant pour la victime. Je ne peux qu'encourager les victimes à secouer le cocotier. Nous leur devons la justice et la vérité, toute la vérité. Je ne me suis d'ailleurs jamais gêné de manifester mon soutien à la Parole Libérée. 

6. Dernière impression: comme aux USA, les médias ont joué malgré tout un rôle positif: éviter l'enlisement d'actes criminels. Le Cardinal a d'ailleurs remercié La Parole Libérée.

Après la lecture de ce livre, tout de même à charge, il manque l'avis du Cardinal. Un "procès médiatique" (alors qu'il s'agit d'abord d'une question qui touche à la justice) exige d'entendre tous les sons de cloches pour juger correctement. 

Le site du diocèse de Lyon - affaire Preynat, ce qu'il faut savoir - donne des réponses sur les points fondamentaux. 

pardoncardinalbarbarin1.pngComme j'accorde la priorité absolue aux victimes, l'amour de la vérité est aussi un guide. Je crois sincère et vrai le primat des Gaules. Il s'est par ailleurs excusé publiquement pour ses erreurs de management, à genoux face à la croix. Je sais aussi que la conscience d'un homme d'Eglise est mise à rude épreuve lorsque pour la loi civile, les abus sont prescrits. Peut-on l'accuser de n'avoir rien dénoncé ?  

Dieu merci, il reste la justice canonique, le droit de l'Eglise ne connaît pas de prescription pour la souffrance. Les Papes ont certes fixé les 38 ans de la victime comme date "butoir". Or, elle peut-être levée dans des cas graves.

Lorsque l'on sait qu'il faut parfois 40 voir 50 ans pour que ces drames reviennent à la surface, la bataille se situe bien au niveau de cette "foutue" (pardonnez-moi) prescription. Le droit de l'Eglise permet de la lever. Le Père Preynat sera jugé par ce droit de l'Eglise. Le Cardinal Barbarin, sous la houlette de la congrégation pour la doctrine de la foi, souveraine pour ces crimes depuis 2001 (et non 2010 comme indiqué dans le livre) se dirigent vers un procès Preynat. Grâce à Dieu !

Commentaires

Le procès canonique a commencé début février et rien ne fuite depuis ce qui n'est pas plus mal

Et contrairement à ce qui est paru dans la presse, Preynat se porte bien. Il a été vu dans son ancienne paroisse, conduisant lui même sa voiture et son avocat le dit tout à fait apte pour un procès

Écrit par : Flo | mercredi, 29 mars 2017

Merci pour vos informations. Prions pour les victimes.

Écrit par : Don Dom | mercredi, 29 mars 2017

Ce geste honorable du cardinal se mettant à genoux devant la croix est sans doute arrivé bien tard et après beaucoup trop d'incompréhensions et de maladresses pour être considéré comme sincère par les victimes qui étaient les grandes absentes de cette cérémonie à la cathédrale...

Écrit par : Anne | mercredi, 29 mars 2017

Je comprends ... je pense que le pardon et le repentir sont des démarches à recevoir.

Pour les victimes, je ne peux pas exiger une demande de pardon. Chacun à son rythme et la blessure est telle qu'une démarche de pardon est parfois simplement impossible. Le français le dit bien: je présente mes excuses, et non je m'excuse. L'autre, la personne blessée doit faire une démarche pour dire: j'accepte la présentation de ton repentir et je te pardonne.

Certes, cela peut sembler tardif, en effet. Cette lenteur est d'ailleurs inclue dans la demande de pardon.

Comme je l'ai écrit, je crois que le Cardinal est sincère et vrai. Je le crois. Tout comme je crois dans le récit des victimes. Quel calvaire ....

C'est tellement délicat, tellement dramatique, tellement délicat. La Miséricorde implique la justice, et assume la vérité. Le Pardon réclame la justice. Aussi je comprends très bien ...

Les victimes n'étaient pas présentes en effet ... sauf une semble-t-il. Je ne peux pas juger. Ce pardon entraînera j'espère d'autres pardon ... je constate que le dialogue entre les victimes et les membres de l'Eglise est comme bloqué, comme le dialogue avec le Pape François. Je ne connais pas tous les détails.

J'exprime encore une fois, car j'appartiens à l'Eglise catholique répandue sur toute la terre, toute ma solidarité et ma compassion pour les victimes. Pour avoir parlé avec nombres d'entre elles, j'ai pu entrevoir l'abime de leur souffrance. Je demande à Dieu un coeur qui écoute, qui pleure ...

Je prie pour toutes les victimes, je prie pour le Cardinal, je confie toutes ces difficultés à la Vierge Marie. Je confie cela aussi aux bienheureux de Fatima, François et Jacinthe, qui ont beaucoup souffert. Peut-être que ces deux petits enfants pourront aussi comprendre, depuis le ciel, le drame des enfants abusés, violés, humiliés, violés ...

Aimer, c'est comprendre.

Bien à vous

Écrit par : Don Dom | jeudi, 30 mars 2017

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