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vendredi, 19 mai 2017

Le Pape émérite Benoît XVI remercie le Pape François pour la nomination du Cardinal Sarah

Le Pape émérite Benoît XVI remercie le Pape François pour la nomination du Cardinal Sarah

Nous devons être reconnaissants au pape François d'avoir nommé un maître spirituel à la tête de la congrégation responsable de la célébration de la liturgie dans l'Église. ...

... Avec le cardinal Sarah, maître du silence et de la prière intérieure, la liturgie est en bonnes mains.

Benoît XVI

Extrait de la postface du livre du Cardinal Sarah "La Force du Silence" en allemand

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Le Cardinal Sarah et le Pape émérite Benoît XVI en 2017: deux génies de la liturgie.

Zenit

Avec le cardinal Sarah, maître du silence et de la prière intérieure, la liturgie est en bonnes mains (Benoît XVI)

A l'occasion de la sortie du livre du Cardinal Sarah "La Force du Silence" en allemand, le Pape émérite Benoît XVI signe une magnifique postface. Benoît XVI et le Cardinal Sarah partagent non seulement une filiale obéissance envers le Pape François mais également une grande compétence, alliée à douce finesse, pour la liturgie. 

Cette préface de Benoît XVI figurera également dans l'édition italienne de l'ouvrage du cardinal Sarah, dont la sortie est prévue au mois de juin prochain.

Le Cardinal Sarah et "La Force du Silence": la postface du Pape émérite Benoît XVI

sarah-silence_540.jpgDéjà quand je lisais les lettres de saint Ignace d'Antioche dans les années 1950, un passage de sa lettre aux Ephésiens m'a particulièrement touché: "Il est préférable de garder le silence et d'être [chrétien] que de parler et de ne pas l'être".

Enseigner est une excellente chose, pourvu que l'orateur pratique ce qu'il enseigne. Maintenant, il y a un Maître qui a parlé et c'est arrivé. Et même ce qu'il a fait en silence est digne du Père.

Celui qui a vraiment fait sienne les paroles de Jésus peut également entendre son silence, afin qu'il soit parfait: afin qu'il puisse agir par son discours et être connu par son silence» (15, 1 s).

Qu'est-ce que cela signifie: entendre le silence de Jésus et le connaître par son silence? Nous savons par les Évangiles que Jésus a fréquemment passé des nuits «sur la montagne» en prière, en conversation avec son Père. Nous savons que son discours, sa parole, viennent du silence et ne peuvent mûrir qu'en lui. Il est donc conforme à la raison que sa parole ne soit correctement comprise que si nous entrons aussi dans son silence, si nous apprenons à l'entendre par son silence.

Certes, pour interpréter les paroles de Jésus, la connaissance historique, qui nous enseigne à comprendre le temps et le langage à cette époque, est nécessaire. Mais cela seul n'est pas suffisant si nous voulons vraiment comprendre le message du Seigneur en profondeur. Quiconque lit aujourd'hui les commentaires de plus en plus épais des Évangiles reste finalement déçu.

Il apprend beaucoup de choses utile sur cette époque et beaucoup d'hypothèses qui ne contribuent finalement en rien à la compréhension du texte. En fin de compte, vous sentez que, dans l'excès de mots, il manque quelque chose d'essentiel: entrer dans le silence de Jésus, dont naît Sa parole. Si nous ne pouvons pas entrer dans ce silence, nous entendrons toujours la parole uniquement en surface et nous ne la comprendons donc pas vraiment.

Tandis que je lisais le nouveau livre du cardinal Robert Sarah, toutes ces pensées traversaient à nouveau mon âme. Sarah nous apprend le silence - être silencieux avec Jésus, un véritable calme intérieur, et de cette manière il nous aide à saisir de nouveau la parole du Seigneur. Bien sûr, il ne parle que peu de lui-même, mais de temps en temps il nous donne un aperçu de sa vie intérieure. En réponse à la question de Nicolas Diat:

«Parfois, dans votre vie, avez-vous pensé que les mots devenaient trop encombrants, trop lourds, trop bruyants?», il répond: «Dans ma prière et dans ma vie intérieure, j'ai toujours ressenti le besoin d'un silence plus profond et plus complet.... Les jours de solitude, de silence et de jeûne absolu ont été un grand soutien. Ils ont été une grâce sans précédent, une purification lente et une rencontre personnelle avec ... Dieu. ... Des jours de solitude, de silence, et de jeûne, nourri par la seule Parole de Dieu, permet à l'homme de fonder sa vie sur ce qui est essentiel».

Ces lignes rendent visible la source dont vit le cardinal, ce qui donne à sa parole sa profondeur intérieure. De ce poste d'observation il peut alors voir les dangers qui menacent continuellement la vie spirituelle, des prêtres et des évêques aussi, et ainsi mettent en danger l'Église elle-même, dans laquelle il n'est pas rare que la Parole soit remplacée par une verbosité qui dilue la grandeur de la Parole.

Je voudrais citer une seule phrase qui peut devenir un examen de conscience pour chaque évêque: «Il se peut qu'un prêtre bon et pieux, une fois qu'il a été élevé à l'épiscopat, tombe rapidement dans la médiocrité et s'inquiète du succès mondain. Accablé par le poids des tâches qui lui incombent, inquiet de son pouvoir, de son autorité, et des exigences matérielles de sa charge, il s'essouffle rapidement».

Le cardinal Sarah est un Maître spirituel, qui parle des profondeurs du silence avec le Seigneur, de son union intérieure avec lui, et a donc vraiment quelque chose à dire à chacun de nous.

Nous devons être reconnaissants au pape François d'avoir nommé un maître spirituel à la tête de la congrégation responsable de la célébration de la liturgie dans l'Église. Avec la liturgie aussi, comme pour l'interprétation de l'Ecriture Sainte, il est vrai qu'une connaissance spécifique est nécessaire.

Mais il est vrai aussi de la liturgie que la spécialisation peut passer à côté de l'essentiel, à moins qu'elle ne soit ancrée dans une union profonde, intérieure avec l'Église en prière, qui constamment apprend du Seigneur lui-même ce qu'est l'adoration. 

Avec le cardinal Sarah, maître du silence et de la prière intérieure, la liturgie est en bonnes mains.

Commentaires

Excusez-moi Padre mais vous me manquez de subtilité. Le Pape François a désavoué le Cardinal Sarah au sujet de la réforme de la réforme que voulait le Pape émérite. Cette postface prend du coup une toute autre vision

Et j'aimerais savoir si vous savez pourquoi tout le monde a été remplacé d'un coup, hormis le Cardinal Sarah, à la Congrégation pour le Culte Divin?

Écrit par : Sagramor | samedi, 20 mai 2017

Mon article ne concernait pas cette idée largement répandu par les milieux intégristes. Le Pape émérite soutient ce grand Cardinal et remercie le Pape de l'avoir nommé. C'est le cœur de la postface.

C'est un secret pour personne : Francois n'est pas doué en liturgie ... il ne peut pas être brillant partout. En attendant il a bien nommé Sarah qui lui est fidèle. Un homme de Dieu !

Écrit par : Don Dom | dimanche, 21 mai 2017

N'est-ce pas sans précédent que le Pape Émérite sorte ainsi de la réserve qu'il s'est imposée en faisant l'éloge appuyé d'un responsable actuel de la Curie, qui par ailleurs a été publiquement désavoué par le Pape François (la suggestion de célébrer Ad orientem, sans parler du renouvellement complet des hommes qui composent son dicastère, venant majoritairement de l'aile hostile à la réforme de la réforme voulue par Ratzinger et Sarah )? Faut-il être grand clerc pour percevoir l'importance et de la teneur explosive d'une telle prise de parole dans le monde feutré et impitoyable des coulisses du Vatican? A Sainte Marthe les murs ont dû trembler.

Écrit par : B.S. | lundi, 22 mai 2017

Bien que Benoît XVI soit toujours vivant, François essaie de l’enterrer.
Lors de son élection en 2013, François a commencé par poursuivre un programme que Joseph Ratzinger avait combattu tout au long de son ministère de professeur, d’évêque, de cardinal et de pape. Ce programme si cher à François consistait - et consiste toujours - à privilégier une pastorale privée de fondements doctrinaux et disciplinaires. Le cardinal Walter Kasper s’en est fait le champion.
Aujourd’hui, pour le meilleur ou pour le pire, François cherche à détruire tout ce qu’a fait Joseph Ratzinger : il faut réduire Benoît XVI au silence.
Le conflit a commencé lorsque François, reprenant les idées de Kasper, a ouvertement enseigné que bien que la doctrine doive être tenue pour universelle et immuable, elle peut être adaptée aux différentes réalités pastorales : elle peut être libérale ici et conservatrice ailleurs.
En 1993 déjà, le Cardinal Kasper, actuel phare du pontificat de Jorge Bergoglio, avait compris qu’il fallait s’arrêter de demander un changement de doctrine mais qu’il fallait jouer sur un autre tableau : celui de la “flexibilité pastorale” conduisant à introduire en douceur l’idée d’une doctrine adaptable, fluctuante. Contre cette idée qui rend la doctrine fluctuante et incertaine, le pape Jean-Paul II et le Cardinal Ratzinger, lequel était alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avaient clairement enseigné que l’Eglise universelle était “une réalité ontologique et antérieure à la constitution de chaque Eglise particulière”.
En 1994, le Vatican avait officiellement rejeté la proposition du Cardinal Kasper. La lettre était signée du Cardinal Joseph Ratzinger. Mais Walter Kasper n’entendait pas reculer : dans un article de 1999, il critiquait la position de l’Eglise défendue par Jean-Paul II et insistait sur la légitimité de l’indépendance des Eglises locales, diocésaines ou paroissiales. Le Cardinal Ratzinger avait répliqué en expliquant que “l’Eglise n’est pas une simple structure qui n’ayant rien à voir avec la réalité de la foi en tant que telle, pourrait de ce fait être changée ou démolie à volonté.”
Dans un autre domaine, celui de la liturgie, Joseph Ratzinger a toujours soutenu l’idée selon laquelle seule une “réforme de la réforme” - c’est-à-dire une correction des erreurs introduites sous couvert du Concile - pouvait éviter les perturbations liturgiques conduisant tout droit vers des perturbations doctrinales. Le Cardinal Kasper, au contraire, a salué les perturbations liturgiques qui ont suivi Vatican II pour justifier d’autres changements dans la vie catholique : “Les fidèles sont désormais bien conscients de la souplesse des lois et règlements ; ils ont connu beaucoup de changements au cours des dernières décennies et ils en espèrent d’autres.”
Aujourd’hui encore, le Cardinal Kasper défend l’idée selon laquelle la révolution liturgique, superficielle en apparence, justifiera d’autres révolutions plus profondes.
Cependant, les débats mettant en scène Walter Kasper et Joseph Ratzinger ont semblé s’achever lorsque ce dernier est devenu pape : les propositions du Cardinal Kasper ont été mises au fond d’un tiroir. C’était sans compter avec l’élection de Jorge Berglio qui, à peine devenu pape, a souhaité mettre en œuvre les propositions de Walter Kasper. Dans l’un de ses premiers discours François s’est empressé de faire l’éloge de Kasper, le faisant passer pour un théologien hors norme. Nous savons pourquoi : avant son accession au pontificat suprême, Jorge Bergoglio lisait avec délectation les écrits de Kasper en mûrissant l’espoir que l’Eglise les accueillera un jour pour en faire la base de sa pastorale.
Aujourd’hui, alors qu’il est retiré dans le calme de la maison “Mater Ecclesiae”, Benoît XVI - qui n’est certes plus pape mais demeure incontestablement théologien - voit le danger qui se profile. Conscient de ses responsabilités de pasteur, il multiplie les discrètes mises en garde ; la dernière étant faite à travers l’éloge appuyé du Cardinal Sarah que François n’apprécie pas du tout.
On le voit : les deux papes, l’actif et l’émérite, le bavard et le silencieux, sont en désaccord. On ne trouve plus personne qui se risquerait à affirmer, comme ce fut le cas au début de l’actuel pontificat, qu’entre Benoît et François, c’est la continuité la plus totale.
Lorsque les mots avisés de Benoît sont comparés aux banalités de son successeur, il est difficile de ne pas remarquer une différence de taille : on a, d’un côté, un pape émérite qui fait écho à l’enseignement des apôtres et d’un autre côté, un pape en exercice qui ne sait que répéter du Walter Kasper.
Cette différence dans la parole reflète une profonde différence de foi. Une différence qui permet de faire dès maintenant une prédiction : indépendamment de qui des deux papes disparaîtra en premier, aux yeux de l’Eglise et des fidèles avisés, Benoît survivra à François.

Écrit par : Reinfo | mardi, 23 mai 2017

Cher Reinfo,

vous parlez avec beaucoup d'assurance et d'autorité de ce qui passe dans la tête de nos papes...
Il est heureux de disposer de tels contributeurs tout en nuance à ce forum.

Il semble évident que le pape a le souci de l'union de l'église en permettant aux sensibilités de s'exprimer pour une synthèse qui va de l'avant inspiré du christ. Le dernier synode sur la famille n'a pas été "vertical" bien au contraire !

Merci au cardinal Sarah de nous appeler au silence et au sens du sacré nous pouvons effectivement aller plus loin dans ces domaines pour augmenter encore notre foi !

Écrit par : remix | lundi, 29 mai 2017

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