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samedi, 24 janvier 2015

Pape François: réponse à Jean-Marie Guénois

Ces papiers d'analystes qui troublent la vision sur le Pape François

man-69283__180.jpgLe trouble et le malaise que sèment certains analystes deviennent persistants. L'idée centrale est la fameuse rupture opérée par le Pape François. Ces papiers introduisent chez les catholiques un mal-être qui n’a pas lieu d’être.

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Afin de rester dans une saine intelligence de la foi et une juste compréhension de l'Eglise, je reprends un excellent article de Henri Rude publié sous Liberté Politique. 

source: Liberté politique

Henri Hude est philosophe, ancien professeur à l’Université du Latran (Institut Jean-Paul II). Il connaît bien les États-Unis où il se rend régulièrement pour donner des cours dans le cadre d’échanges académiques et universitaires. Il a été teaching assistant à Amherst College, MA, et plus récemment senior fellow à l'US Naval Academy d'Annapolis.

Le rédacteur en chef « religions » du Figaro, Jean-Marie Guénois, a publié dans le FigaroVoxun texte très ambigu sur le pape : « Populaire, le pape François n’a peur de personne. » Sa thèse n’est rien moins que celle-ci : l’Église catholique de François est en phase de destruction massive de l’héritage de ses deux prédécesseurs. 

Ce papier (sous forme d'interview), que j’ai lu avec attention, paraît après plusieurs autres allant dans le même sens, mais celui-ci va plus loin que les précédents. Il est aisé de montrer sur d’importants points de fait, que cet article n’est pas précis.

Un exemple. Le pape, écrit Jean-Marie Guénois, vient de nommer « au prestigieux siège de Chicago, le plus progressiste des évêques américains, relégué [jusqu’] alors dans un minuscule diocèse ».

Progressiste ? On en jugera.

Il y a exactement un an, le 21 janvier 2013, « le plus progressiste des évêques américains », alors évêque de la « minuscule » ville de Spokane (210.328 habitants), a prononcé le sermon d'une messe pour le respect de la vie. C’était peu de temps après la tuerie de Newton, où un déséquilibré avait massacré vingt enfants.

Ce grand progressiste a donc déclaré, ce jour-là : « La vérité finira par l’emporter et nous devons croire qu’une nation dont le cœur peut collectivement se briser de douleur à la pensée des bébés massacrés à Newton, a la capacité et la grâce de Dieu pour éprouver un jour la même douleur, à la pensée des bébés tués dans le sein maternel [1]. »  

Le « plus progressiste des évêques américains » (comment sont donc les autres…?) se nomme Mgr Blase Cupich.

Un évêque choisi par Jean Paul II

Parlons un peu de sa carrière. Chacun comprend que, dans l’esprit parisien de notre chroniqueur, Mgr Cupich vient de ce que le cardinal de Richelieu appelait un « évêché crotté ». C’est donc une sorte d’intrus à Chicago (6 millions d’habitants, 2,3 millions de catholiques, soit 28,57 fois plus qu’à Spokane-Ville). Mgr Cupich fut en effet nommé par Jean-Paul II évêque de Rapid City, 68.000 habitants, 83 paroisses, Dakota du Sud. À côté, en effet, et vu de Paris, Luçon (10.000 habitants), c’est Broadway. Il a ensuite été transféré par Benoît XVI à Spokane, État de Washington, 210.000 habitants, autant de paroisses (qu’à Rapid Ciy), mais avec en prime une université (jésuite). En somme, une promotion. En plus, un très joli coin de l’Ouest (comme Luçon).

Allez faire un tour sur le website du diocèse de Spokane. Mgr Cupich y est encore indiqué comme l’Ordinaire du lieu. Vous n’aurez pas précisément l’impression de débarquer à Evreux dans la grande époque Gaillot.

Ce n’était pas jusque-là une carrière fulgurante, mais chacun a compris que la performance carriériste n’est pas exactement au nombre des qualités que recherche le redoutable François.

En tout cas, il est clair que, pour Jean-Marie Guénois, n'avoir été que le pasteur de ces gens-là ne devrait normalement pas suffire à obtenir une charge aussi importante. Dont acte. On dira au pape d’être plus prudent la prochaine fois.

Toute la dignité humaine

Un bon connaisseur du monde religieux américain John J. Allen, le vaticaniste du Boston Globe a écrit, au sujet de Mgr Cupich [2] : « Cupich est clairement un modéré, qui adopte et défend clairement l’enseignement de l’Église sur toutes les questions culturelles brûlantes et conflictuelles, telles que l’avortement, la contraception et le mariage homosexuel, mais, comme François, il tend à éviter la grosse rhétorique sur ces sujets. »

Il est exact que Mgr Cupich s’est démarqué de la pratique des mouvements pro-life et anti gay-marriage. Mais son intention en cela est parfaitement claire :

1/ il ne veut plus d’un découplage entre la défense de la vie et le souci de la solidarité, les deux étant exigés par la dignité humaine ; il n’admet pas la juxtaposition pharisaïque entre une grande sévérité envers le libertarisme sexuel et une grande indulgence envers le libertarisme économique ou financier. Mgr Cupich veut que nous commencions par le respect de la vie, mais que nous finissions par envisager l’ensemble des questions qui concernent la dignité humaine. Et il entend par là aussi bien le racisme que l’économie libertaire (conférence de juin 2014 à la Catholic University of America).  

2/ il ne veut nullement décourager les militants, mais prévient que l’esprit chrétien ne doit pas se transformer en esprit de guerre des cultures, qui ne vaut pas mieux que l’esprit de lutte des classes. 

Il insiste pour qu’on soit charitable envers les pécheurs. Y compris ceux qu’on aime le moins. Car nous sommes tous pécheurs. Ce n’est pas si original pour un apôtre de Jésus-Christ.

Cupich (en cela plus original), vivait, ai-je lu quelque part, à Spokane, dans une simple chambre, et ne possédait pas de meubles en propre. Ce n’est pas le chemin de tout le monde, mais il se trouve que c’est le sien.  

Un François américain

Il fut depuis 2002 membre et depuis 2008 président du « comité de nettoyage » de l’Église américaine après les scandales de pédophilie. Quand certains ont traîné les pieds, il ne l’a pas admis (Philadelphie, février 2011). La conférence épiscopale des États-Unis d’Amérique n’a évidemment placé à un tel poste clé qu’une personne jouissant en son sein d’un parfait crédit.

En somme, populaire, non-libéral, profondément catholique, courageux, sans langue de bois, c’est un François américain.

Ajoutons pour finir que Mgr Blase Cupich, d’origine croate, est fils d’une famille de neuf enfants. Forcément dépourvu de sens de l’humour, comme tous les idéologues progressistes (et quelques conservateurs), il aura sans doute été mortifié par les récents propos de François au sujet des lapins — que ne sont pas les catholiques. Cette formule choc a été employée pour éviter les malentendus dans le contexte d’une intervention où le pape parlant de paternité responsable se disait préoccupé par le malthusianisme (mêmes idées, sans les formules choc, dans Vatican II, Gaudium et Spes, n. 50, et dans Paul VI, Humanae vitae, n. 10.)  

En résumé, ce papier introduit chez les catholiques français un trouble qui n’a pas lieu d’être. 

Commentaires

Je ne sais pas pour qui travaille vraiment ce journaliste mais il a le don de semer la suspicion envers le pape et semble très favorable aux groupes financiers, si j'en juge par ces écrits lors de la visite de Jérome Kerviel au Vatican.

Écrit par : Père Gourrier | samedi, 24 janvier 2015

A l'époque, je ne l'avais pas compris, en effet. J'ai toujours apprécié J.-M Guénois, et continue de le respecter. Toutefois, dans ses idées, livres et publications, je ne comprends pas ses prises de positions, qui sont quelque part pas du tout au niveau de sa bonne réputation. Etrange son changement de cap et de perception.

Écrit par : Don Dom | samedi, 24 janvier 2015

Le nouvel archevêque de Chicago, Monseigneur Blaise Cupich, dont la nomination avait soulevé l’indignation de la frange conservatrice du catholicisme américain, n’a pas chômé. Installé depuis deux semaines, le prélat vient de créer une polémique en déclarant qu’il ne fallait pas « politiser les barrières de communion », et donc que donner la communion à des politiciens ouvertement favorables à l’avortement ne devait pas poser de problème. Monseigneur Cupich considère que le débat « fait partie du passé » et que la communion serait un moyen « de faire accéder à la vérité ceux qui la reçoivent ». Une affirmation qui va totalement à l’encontre des enseignements magistériels du Pape émérite, qui considérait qu’il était « nécessaire » de refuser la communion à de telles personnes, et tout simplement de ceux de saint Paul (1 Cor 11, 27).

Écrit par : calmel | samedi, 24 janvier 2015

On savait déjà que c’est François qui avait explicitement voulu que les paragraphes du rapport final du synode rejetés par les pères y figurent quand même. Il se confirme aujourd’hui que le pape avait explicitement approuvé l’immonde rapport intermédiaire (celui qui donnait le droit à la communion aux divorcés remariés et reconnaissait des « aspects positifs » aux paires homosexuelles).

C’est le cardinal Baldisseri, le secrétaire général du synode, qui l’a avoué, à l’ouverture d’une conférence internationale de mouvements familiaux à Rome le 22 janvier, à la faveur d’une question sur l’approbation par le pape des 46 questions des Lineamenta pour le prochain synode :

« Les documents ont tous été vus et approuvés par le pape. Même les documents pendant le synode, comme la Relatio ante disceptationem, et la Relatio post disceptationem, et la Relatio synodi, ont été vus par lui avant d’être publiés. »

Et il a ajouté :

« Ce point est important, non seulement à cause de son autorité, mais aussi parce qu’il met le secrétaire général à l’aise. »

Sic. C’est pas nous. C’est lui.

Écrit par : calmel | samedi, 31 janvier 2015

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