mercredi, 26 mars 2014
Kosovo et Crimée, deux poids deux mesures ?
La rhétorique du "Kosovo et de la Crimée"
La propagande "russe" est assez gigantesque, tant la petite voix de l'Ukraine peine à être entendue. L'argument choc consiste à comparer la Crimée au Kosovo. Ce que l'Europe a fait pour le Kosovo, la Russie ne pourrait pas le faire. Or, ces deux questions sont fort dissemblables.
Pour le Kosovo, il s'agissait de mettre fin à une situation de violence, une guerre. Dans cette situation précise, au regard du droit international, l'autodétermination joue donc son rôle.
Russie et Ukraine: deux pays frères
Pour la Crimée, la situation est bien différente. Il n'y pas de guerre entre l'Ukraine et la Russie. Ce sont deux pays frères, le russe étant une langue couramment parlée en Ukraine. Le droit à l'autodétermination ne peut pas jouer son rôle, au regard de ce même droit international.
La diplomatie suisse et saint Nicolas de Flüe
La raison, la force du droit et l'expérience des bons offices suisses ( pensons à Monsieur Didier Burkhalter, président de la Suisse, ministre des affaires étrangères et président de l'OSCE - et la Sagesse d'un Saint Nicolas de Flüe, canonisé en 1947 comme le saint patron de la paix) peuvent être des atouts diplomatiques forts et raisonnables pour éviter à tout prix le droit de la force.
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Wikipedia *(principe de l'intégrité territoriale et de l'intangibilité des frontières), depuis longtemps consacré par le droit international. La résolution 1514 (XV), adoptée le 14 décembre 1960 par l'Assemblée générale de l'ONU, admet cette limite et lui consacre le paragraphe 6 qui dispose clairement que « toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays est incompatible avec les buts et les principes des Nations Unies ».
La Résolution 2625 (XXV) relative aux principes du droit international touchant aux relations amicales et à la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU le 24 octobre 1970, a réitéré la condamnation de la sécession en précisant que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ne peut être interprété, « comme autorisant ou encourageant une action, quelle qu'elle soit, qui démembrerait ou menacerait, totalement ou partiellement l'intégrité territoriale ou l'unité politique de tout État souverain et indépendant ».
Toutefois, à partir de 1990, les résolutions 1514 et 2625 firent l'objet de nombreuses transgressions avec la reconnaissance internationale de l'indépendance de l'Érythrée et du démembrement de la Yougoslavie ou de l'URSS.
Le second est le principe de non-ingérence, défini dans le Chapitre I, Article 2.7 de la Charte des Nations unies : « Aucune disposition de la présente charte n'autorise les Nations unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État. » Seules deux exceptions contournent cette règle de droit. Dans le cas de menace contre la paix ou de non-respect des droits de l'homme, le droit international autorise de façon partielle et contrôlée l'intervention internationale dans les affaires d'un État souverain (« ingérence humanitaire »). L'aide extérieure est donc en principe exclue pour un peuple tentant d'accéder à l'indépendance.
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Commentaires
Demandez aux Israéliens ce qu'ils pensent des résolutions de l'ONU*. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas du droit canon universellement reconnu! Je vous ai déjà dit que la notion de "droit international" habille élégamment un simple rapport de force entre Etats souverains. Ce qui s'est passé en Crimée n'est pas une agression unilatérale d'une puissance voisine venue de nulle part, c'est la conséquence de l'histoire longue et de l'histoire courte. C'est l'insurrection de rue à Kiev, soutenue par les puissances occidentales, qui a tout déclenché, ne l'oubliez pas. Un président démocratiquement élu a été contraint de fuir. Un régime a été renversé. mais le nouveau pouvoir n'a pas été immédiatement reconnu par ceux à qui ce changement ne convenait pas. Une fenêtre d'opportunité s'est ouverte pour les Russes, ils se sont servis, sous les applaudissements de la population concernée...
Vous faites bien de dénoncer la propagande russe. Vous feriez mieux de vous intéresser à la propagande qui sévit chez nous. Un regard critique sur nos propres médias, ça ne doit pas être trop difficile quant on est déjà sensibilisé aux "péchés mortels" (pape François) que commettent les journalistes: calomnie, diffamation, désinformation, dans le traitement de l'actualité de l'Eglise catholique.
Wikipedia enseigne aussi que: "Une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies est une décision votée par l'Assemblée générale des Nations unies n'ayant pas de valeur juridique contraignante en droit international public contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies"
Écrit par : ph.martin | mercredi, 26 mars 2014
Je regrette, mais je me base sur le droit international, oeuvre de la raison. La Suisse est une puissance, pas militaire, mais de neutralité active, donc morale. Je me base sur des professeurs de droits, sans idéologie. La loi c'est la loi, sinon c'est la jungle et la force du droit, de la raison, meurt au profit du droit de la force. Poutine va hélas, dans ce sens, droit de la force. Il suffit de voir sa médiatisation, ses images et sa démarche, sorte de mise en scène. La volonté de puissance est toujours dangereuse. .... Je vous remercie de me pas entrer dans une idéologie et une propagande, qui jouissait dans un passé trop récent, d'une impunité assez impressionnante. Méfions nous des émotions, des ressentiments (anti USA, anti...), pour entrer dans une diplomatie raisonnable. C'est la carte que la Suisse doit jouer, et je pense qu'elle le fait très bien en ce moment. Cela provient des bons offices, reconnus au plus haut niveau. Merci pour votre compréhension.
Écrit par : Don Dom | mercredi, 26 mars 2014
Cependant un point m'a choqué dans cette affaire : que faisaient BHL et McCain sur la place Maïdan pour s'en prendre vertement à la Russie qui respectait tout simplement la trêve olympique pendant ce temps. Où est le respect du droit international ici ? N'est-ce pas étonnant que la situation se soit envenimée alors que tous les projecteurs étaient braqués sur la Russie ?
Je terminerai avec ce qu'a dit Henry Kissinger, « diaboliser Poutine n’est pas une politique, mais une manière de masquer une absence de politique ».
Écrit par : JeanV | mercredi, 26 mars 2014
Je suis en tout cas entièrement d'accord pour dire que la meilleure position à tenir est de garder une diplomatie cohérente et de conserver une position de neutralité face à ces rapports de force, attitude à adopter quelque soit l'interlocuteur...
Écrit par : JeanV | jeudi, 27 mars 2014
Il a toujours des idéologues. Cependant, je tente de me baser sur le droit international, oeuvre de la raison, de négociations et de reconnaissances par les Etats. Sinon, c'est la jungle. Je n'ai rien contre Poutine, ni Obama, ni qui que ce soit. Il est de notre devoir, car des vies en dépendent, de rechercher le vrai avec la raison droite. Mais effectivement, sur la fin, nous sommes d'accord. Bien à vous
Écrit par : Don Dom | jeudi, 27 mars 2014
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