Erratum XVI: Un livre très peu professionel

Article du Matin Dimanche 25 octobre 2009

Benoît XVI: une «catastrophe»

ÉGLISE CATHOLIQUE. Le biographe Bernard Violet dresse un portrait à charge du successeur de Jean-Paul II, pape «réactionnaire»

Antoine Menusier

Après Alain Delon, Mylène Farmer et  Yannick Noah, Bernard Violet accroche Benoît XVI à son tableau de chasse. C'est moins une biographie qu'une charge contre ce gibier de Bavière, tout en cervelle et peu de viande, installé depuis quatre ans  — déjà quatre ans, se lamente l’auteur — sur le trône de saint «Erratum XVI», titre de l’ouvrage, dit bien l’ «erreur de casting que fut, aux yeux de Violet, l’élection de Joseph Ratzinger à la la fonction pontificale. «C'était joué d’avance, déplore-t-il. Il n'a fallu que quelques heures au conclave des cardinaux pour l'élire. Quoi de plus normal? C'est Ratzinger lui-même qui, aux hautes charges qui étaient les siennes à Rome aux côtés de Jean-Paul II, avait nommé les trois quarts d'entre eux.» Mais, bien avant 2005, il y eut 1927. La naissance. L'enfance. L'adolescence. A Traunstein, en Haute-Bavière, à deux pas de Salzbourg, où les Ratzinger, au lendemain de l'Anschluss, allaient en famille et à prix réduit écouter de la belle musique. Comme il s'y était essayé avec Mylène Farmer pour expliquer les obsessions névrotiques de la chanteuse, Bernard Violet emprunte de nouveau à la psychanalyse. Le meilleur détour qui soit, pense-t-il, si l'on veut comprendre «le manque de compassion de cet homme pour l'humain».

Entrons dans les secrets: la mère du petit Joseph, Maria, était «une fille naturelle», soutient Bernard Violet. Elle s'est mariée passé 30 ans, fort tard pour l'époque, à un gendarme qui n'était plus très jeune non plus, par voie de petites annonces. Original là encore. Et bien peu catholique, même si toute la famille était pieuse. Cette mère sans doute très aimée mais très impure au regard du jeune Joseph n'aura de cesse, avance l'auteur, de guider les pas du futur cardinal vers le rachat et la pureté. D'où son côté psychorigide, dont il donnera la pleine mesure à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ex-Saint-Office, en parfait «flic des prêtres». Bernard Violet ne pardonne pas au pape l'excommunication d'une petite Brésilienne de 9 ans «coupable» d'avortement après un viol; la réintégration dans la communauté catholique de l'évêque négationniste Williamson; son adhésion, prime adolescent, aux Jeunesses hitlériennes, alors que d'autres, au même âge que lui, avaient osé résister à cet embrigadement; son idéologie «réactionnaire»; sa froideur  avec les Juifs, ses peurs de l'islam; sa condamnation du préservatif; son hypocrisie en matière de mœurs (Benoît XVI mène la chasse aux prêtres pédophiles mais sait être magnanime avec ceux d'entre eux qui ont le bon goût d'être de droite).

«Ce pape, estime Violet, pouce en bas, est une catastrophe.» Au suivant!

Bernard Violet utilise la psychanalyse pour comprendre le «manque de compassion de Benoit XVI pour l'humain».

Bernard Violet, «Erratum XVI», Editions Favre, 255 p.

Note: Chacun est libre de croire, ou de ne pas croire. Se lancer dans une biographie de Benoît XVI est une bonne chose, mais autant le faire en toute connaissance de cause, et, à défaut de l'ultra Violet, avec la lumière infrarouge de la foi. Or, tel n'est pas le cas. Il y a bien plus que 16 erreurs dans ce livre écrit à la va vite. Les deux plus grosses (ci-dessus): Benoît XVI n'est aucunement lié à l'affaire de Recife, et surtout, la petite fille de 9 ans, atrocement victime de pédophilie, ne fut jamais excommuniée.

J'ai lu ce livre, et relevé notamment: le Pape a demandé pardon lors du Jubilé de l'an 2000 devant la Pietà de Michelange, or c'était devant une croix dans le coeur de la basilique Saint Pierre. Puis Mgr Fellay habiterait à Genève en Suisse....

Espérons un journaliste connaisseur pour écrire une vraie biographie.

Courrier des lecteurs:

Merci tout de même à Antoine Menusier d'avoir au moins relevé qu'"Erratum XVI" n'est pas une biographie, mais bien une lourde charge envers Benoît XVI.
Pour avoir lu ce livre, il m'est impossible de parler ici des multiples erreurs (bien plus que 16) et des trop nombreuses approximations que contient ce livre écrit rapidement et sans professionalisme.Toutefois, il est  gravement inexact d'avancer que la petite fille brésillienne, victime de pédophilie, puis enceinte, fut excommuniée. Le Pape est toujours avec et pour les victimes, sans tenir compte de la provenance sociale, artistique ou politique des auteurs de ces crimes.
Enfin, pour les millions de personnes qui, ici à Rome ou dans le monde entier, sont charmées à l'écoute de la douce pensée du Pape, remplie de foi, et sont heureuses de prier avec cet homme élégant, pacifié et raffiné, cela résonne, pour prendre une image,  comme devoir entendre un amateur de sport affirmer que Federer est un très bon patineur... A défaut de pleurer, autant sourire. Aussi, attendons une prochaine biographie et l'article suivant.