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Rechercher : Synode sur la famille discours de clôture

Le Synode et le Pape François sous pression

Le Pape François ou le jeu du téléphone

th.jpegChacun a expérimenté, en étant petit, la transformation et le changement des phrases lors du jeu du téléphone. Dès la 3ème personne, la transmission ne s'opère plus très bien. Pas pour rien que les téléphones du Pape sont instrumentalisés. Cela vise à nous faire perdre le fil !

Même chose avec la communication de l'Eglise catholique. Benoît XVI fut rigidifié, "traditionalisé" et déformé par un certain milieu de la blogosphère. Les "main stream", les médias leaders ne l'aimaient guère. La médiatisation du Pape a changé, mais les filtres et les rapports de force sont toujours présents. 

cura_92.jpgLe Pape François est récupéré par un autre milieu médiatique, et déformé par la blogosphère qui défendait Benoît XVI ( livre: "les brebis de Bergoglio". Or, les brebis sont à Jésus, et Pierre guide non pas ses brebis, mais celles du Christ. Donc lire ce livre avec toute la prudence que cela requiert )

Pape François: un Synode sur la famille sous haute tension 

La communion pour les divorcés remariés est précisément ce terrain de "combat". On fait dire au Pape François ce qu'il n'a jamais dit (conférence de presse dans l'avion Terre Sainte, pour lire ce que pense le Pape), et on se concentre sur les divorcés remariés alors que c'est un faux débat. Là aussi, une certaine propagande est à l'oeuvre.

Le conseiller médiatique de la Secrétairerie d'Etat Greg Burke avait déjà pressenti qu'un "faux" Bergoglio risquait d'être présenté. 

Le Pape François sait "manoeuvrer" et pour le Synode sur la famille, il veut un large débat afin de faire résonner la Vérité. Sachons lire les signes des temps: le Pape Paul VI sera béatifié à l'issue du premier Synode sur la famille. Paul VI fut le Pape martyr de l'Encyclique "Humanae Vitae" ( sur la sexualité humaine et la contraception ) explicité par la théologie du corps de Saint Jean-Paul II. 

Le Pape François est un Pasteur et il connaît la fragilité humaine qui s'améliore peu à peu, en gravissant la montagne du Calvaire, le chemin de Croix du Golgotha. Les moralistes appellent cela la loi de la gradualité. L'homme sauvé par le Christ avance en boitant sur le chemin de la sainteté. Saint Augustin préférait les saints qui boitent sur le chemin de ciel, que les "sans foi ni loi" qui courent d'un pas ferme dans le sens opposé. 

Ce petit jeu d'opposition entre les deux Papes n'est qu'une fiction, une création virtuelle. Le Pape François est bel et bien le rocher pour notre temps, la boussole pour trouver l'orientation de notre vie quotidienne. 

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mardi, 09 septembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (6)

Un Synode ou un Concile ?

Fable

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Aucun des Pères Synodaux n'étaient au Concile Vatican II

La Vie

Qui se souvient des interventions des Pères conciliaires ? Le Concile Vatican II les a presque tous oubliés. Ce sont les textes qui demeurent la référence doctrinale. De même pour le Synode. Cet immense travail produira un texte pastoral pour la famille. En l'état, les discussions ont lieu pour chercher en Eglise la voix de l'Esprit Saint. L'Eglise est bien vivante. Aucune précipitation, mais l'esprit de prière, de travail et de bienveillance est à l'oeuvre. 

Une certaine ivresse semble toutefois toucher quelques Pères Synodaux. Alors que le Synode est consultatif, pétrinien, un Cardinal s'emballe, sans doute un peu trop ... : 

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lundi, 13 octobre 2014 | Lien permanent

Synodes sur la famille: comment se former, où s'informer, que lire ?

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Documents de base à lire

Familiaris Consortio de Jean Paul II

Conseil Pontifical pour la Famille quelques textes

Humanae vitae du Pape Paul VI

Les personnes homosexuelles

Catéchisme de l’Église Catholique Catéchisme de l'Eglise catholique

LES DÉFIS PASTORAUX DE LA FAMILLE 
DANS LE CONTEXTE DE L’ÉVANGÉLISATION

Document de préparation

Cité du Vatican

2013 

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I. Le Synode: famille et évangélisation

La mission d’annoncer l’Évangile à toutes les créatures a été confié directement par le Seigneur à ses disciples et l’Église en est le messager dans l’histoire. À l’époque à laquelle nous vivons, l’évidente crise sociale et spirituelle devient un défi pastoral qui interpelle la mission évangélisatrice de l’Église pour la famille, noyau vital de la société et de la communauté ecclésiale. Proposer l’Évangile sur la famille dans ce contexte s’avère plus que jamais urgent et nécessaire. L’importance du thème se manifeste par le fait que le Saint-Père ait décidé d’établir pour le Synode des Évêques un itinéraire de travail en deux étapes: la première, l’Assemblée Générale Extraordinaire de 2014, visant à préciser le “status quaestionis” et à recueillir les témoignages et les propositions des Évêques pour annoncer et vivre de manière crédible l’Évangile de la famille; la seconde, l’Assemblée Générale Ordinaire de 2015, pour chercher des lignes d’action pour la pastorale de la personne humaine et de la famille.         

Aujourd’hui se présentent des situations inédites jusqu’à ces dernières années, depuis la diffusion des couples en union libre, qui ne se marient pas et parfois en excluent même l’idée, jusqu’aux unions entre des personnes du même sexe, auxquelles il est souvent consenti d’adopter des enfants. Parmi les nombreuses situations nouvelles qui réclament l’attention et l’engagement pastoral de l’Église, il suffira de rappeler: les mariages mixtes ou interreligieux; familles monoparentales; la polygamie; les mariages arrangés avec le problème de la dot qui en découle, parfois assimilée à un montant d’acquisition de la femme; le système des castes; la culture du non-engagement et de la présupposée instabilité du lien; les formes de féminisme hostiles à l’Église; les phénomènes migratoires et la reformulation de l’idée même de famille; le pluralisme relativiste dans la conception du mariage; l’influence des media sur la culture populaire pour la conception des noces et de la vie familiale; les courants de pensée qui inspirent les propositions législatives qui dévaluent la permanence et la fidélité du pacte matrimonial; l’expansion du phénomène des mères porteuses (location d’utérus); les nouvelles interprétations des droits humains. Mais surtout dans le milieu plus strictement ecclésial, l’affaiblissement ou l’abandon de la foi en la sacramentalité du mariage et en la puissance thérapeutique de la pénitence sacramentelle.

De tout cela, on comprend combien est urgente l’attention de l’épiscopat mondial “cum et sub Petro” face à ces défis. Si, par exemple, on pense au seul fait que dans le contexte actuel tant d’enfants et de jeunes, nés de mariages irréguliers, ne pourront jamais voir leur parents recevoir les sacrements, on comprend combien sont urgents les défis posés à l’évangélisation de la situation actuelle, par ailleurs répandue partout dans le “village global”. Cette réalité trouve un écho particulier dans l’accueil immense que reçoit de nos jours l’enseignement sur la miséricorde divine et sur la tendresse envers les personnes blessées, dans les périphéries géographiques et existentielles: les attentes qui s’en suivent sur les choix pastoraux à propos de la famille sont énormes. Une réflexion du Synode des Évêques sur ces thèmes apparaît donc tant nécessaire et urgente que juste comme l’expression de la charité des pasteurs envers ceux qui leur sont confiés et de la famille humaine toute entière.

II. L’Église et l’Évangile sur la famille

Unknown-1.jpegLa bonne nouvelle de l’amour divin doit être proclamée à ceux qui vivent cette expérience humaine personnelle fondamentale, de couple et de communion ouverte au don des enfants, qu’est la communauté familiale. La doctrine de la foi sur le mariage doit être présentée d’une manière communicative et efficace, pour qu’elle en mesure d’atteindre les cœurs et de les transformer selon la volonté de Dieu manifestée en Jésus-Christ.

Pour ce qui est du rappel des sources biblique sur le mariage et la famille, on ne reportera ici que les références essentielles. De même, pour les documents du Magistère, il semble opportun de se limiter aux documents du Magistère universel de l’Église, en y ajoutant quelques textes du Conseil Pontifical pour la Famille et laissant aux Évêques participants au Synode le soin de rapporter les documents de leurs Organes Épiscopaux respectifs.

En tout temps et dans les cultures les plus diverses n’ont jamais fait défaut ni l'enseignement clair des pasteurs ni le témoignage concret des croyants, hommes et femmes, qui en des circonstances très différentes ont vécu l’Évangile sur la famille comme un don incommensurable pour leur vie et celle de leurs enfants. L'engagement pour le prochain Synode Extraordinaire est motivé et soutenu par le désir de communiquer à tous ce message, avec une plus grande force, espérant ainsi que «le trésor de la Révélation, confié à l’Église, comble de plus en plus le cœur des hommes» (DV 26).

Le projet du Dieu Créateur et Rédempteur

La beauté du message biblique sur la famille a sa racine dans la création de l'homme et de la femme faits tous deux à l’image et la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,24-31; 2, 4b-25). Unis par un lien sacramentel indissoluble, les époux vivent la beauté de l'amour, de la paternité, de la maternité et de la dignité suprême de participer ainsi à l’œuvre créatrice de Dieu.

Unknown.jpegDans le don du fruit de leur union ils assument la responsabilité d’élever et d’éduquer d’autres personnes pour l’avenir du genre humain. À travers la procréation l'homme et la femme accomplissent dans la foi la vocation d’être les collaborateurs de Dieu pour la sauvegarde de la création et la croissance de la famille humaine.

Le Bienheureux Jean-Paul II a commenté cet aspect dans Familiaris Consortio: «Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,26s): en l'appelant à l'existence par amour, il l'a appelé en même temps à l'amour. Dieu est amour (1Jn 4,8) et il vit en lui-même un mystère de communion personnelle d'amour. En créant l'humanité de l'homme et de la femme à son image et en la conservant continuellement dans l'être, Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité correspondantes, à l'amour et à la communion (cf.Gaudium et spes, 12). L'amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain» (FC, n. 11). Ce projet du Dieu créateur, que le péché originel a bouleversé (cf. Gn3,1-24), s’est manifesté dans l’histoire à travers les vicissitudes du Peuple élu jusqu’à la plénitude des temps, alors qu’avec l’incarnation le Fils de Dieu non seulement confirma la volonté divine de salut, mais avec la rédemption il offrit la grâce d’obéir à cette même volonté.

Le Fils de Dieu, Verbe fait chair (cf. Jn 1,14) dans le sein de la Vierge Mère vécut et grandit dans la famille de Nazareth et participa aux noces de Cana dont il enrichit la fête avec le premier de ses « signes » (cf. Jn 2,1-11). Il accepta avec joie l'accueil familier de ses premiers disciples (cf. Mc 1,29-31; 2,13-17) et consola la famille de ses amis dans leur deuil à Béthanie (cf. Lc 10,38-42; Jn 11,1-44).

Jésus-Christ a rétabli la beauté du mariage en proposant à nouveau le projet unitaire de Dieu qui avait été abandonné, en raison de la dureté du cœur de l’homme, même au sein de la tradition du peuple d’Israël (cf. Mt 5,31-32; 19.3-12; Mc 10,1-12; Lc 16,18). En retournant aux origines, Jésus a enseigné l'unité et la fidélité entre les époux, refusant la répudiation et l’adultère.

C’est justement à travers l’extraordinaire beauté de l'amour humain – déjà exalté avec des accents inspirés dans le Cantique des Cantiques, et du lien conjugal exigé et défendu par des Prophètes comme Osée (cf. Os 1,2-3,3) et Malachie (cf. Ml 2,13-16) –, que Jésus a affirmé la dignité originelle de l’amour conjugal entre l'homme et la femme.

L’enseignement de l’Église sur la famille

images.jpegDans la communauté chrétienne primitive la famille apparut également comme l’«Église domestique» (cf. CEC 1655). Dans lesdits “codes familiaux” des Lettres apostoliques du Nouveau Testament, la grande famille du monde antique est reconnue comme le lieu de la solidarité la plus profonde entre femmes et maris, entre parents et enfants, entre riches et pauvres (cf. Ep 5,21-6,9; Col 3,18-4,1; 1Tm 2,8-15; Tt 2,1-10; 1P 2,13-3,7; cf. aussi la Lettre à Philémon). En particulier, la Lettre aux Éphésiens a reconnu dans l'amour nuptial entre l'homme et la femme «le grand mystère» qui rend présent dans le monde l'amour du Christ et de l’Église (cf. Ep 5,31-32).

Au cours des siècles, surtout dans les temps modernes jusqu’à nos jours, l’Église a produit un enseignement constant et progressif sur la famille et sur le mariage qui la fonde. Une des expressions les plus remarquables a été proposée par le Concile Œcuménique Vatican II, dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui, en traitant quelques-uns des problèmes les plus urgents, consacre un chapitre entier à la promotion de la dignité du mariage et de la famille, comme cela est montré dans la description de sa valeur pour la constitution de la société: «Ainsi la famille, lieu de rencontre de plusieurs générations qui s’aident mutuellement à acquérir une sagesse plus étendue et à harmoniser les droits des personnes avec les autres exigences de la vie sociale, constitue-t-elle le fondement de la société» (GS 52). L'appel à une spiritualité christocentrique pour les époux croyants est d’une intensité toute spéciale: «que les époux eux-mêmes créés à l’image d’un Dieu vivant et établis dans un ordre authentique de personnes, soient unis dans une même affection, dans une même pensée et dans une mutuelle sainteté, en sorte que, à la suite du Christ, principe de vie, ils deviennent, à travers les joies et les sacrifices de leur vocation, par la fidélité de leur amour, les témoins de ce mystère de charité que le Seigneur a révélé au monde par sa mort et sa résurrection» (GS 52).

Les Successeurs de Pierre également, après le Concile Vatican II, ont enrichi par leur Magistère la doctrine sur le mariage et sur la famille, en particulier Paul VI avec l’Encyclique Humanae vitae, qui offre des enseignements spécifiques tant sur les principes que sur la pratique. Successivement, le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique Familiaris Consortio voulut insister en proposant le dessein divin à propos de la vérité sur l’origine de l’amour entre époux et celui de la famille: « le «lieu» unique, qui rend possible cette donation selon toute sa vérité, est le mariage, c'est-à-dire le pacte d'amour conjugal ou le choix conscient et libre par lequel l'homme et la femme accueillent l'intime communauté de vie et d'amour voulue par Dieu lui-même (cf. Gaudium et spes, 48), et qui ne manifeste sa vraie signification qu'à cette lumière. L'institution du mariage n'est pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, ni l'imposition extrinsèque d'une forme; elle est une exigence intérieure du pacte d'amour conjugal qui s'affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessein du Dieu créateur. Cette fidélité, loin d'amoindrir la liberté de la personne, la met à l'abri de tout subjectivisme et de tout relativisme, et la fait participer à la Sagesse créatrice» (FC, 11).

images-1.jpegLe Catéchisme de l’Église Catholique recueille ces données fondamentales: «L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une intime communauté de vie et d’amour, a été fon

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mercredi, 05 février 2014 | Lien permanent

Synode pour la famille: George Weigel et l'hiver démographique européen

Synode pour la famille: une opinion de George Weigel, théologien.

 

images.jpegTitulaire de la chaire des Etudes catholiques à l'EPPC (Ethics and Public Policy Center - Washington). Auteur et consultant.

 

Auteur d’une vingtaine de livres, dont une biographie de référence du pape Jean-Paul II. Il est aussi consultant au sujet des questions vaticanes pour NBC News. Sa rubrique - "The Catholic Difference" est publiée chaque semaine dans six journaux anglophones.

 

Cet article a été publié le 9 octobre 2015, sous le titre "Eurocentricity, Demographic Winter, and the Synod" sur le site américain First Things.

 

Traduction et adaptation : Laurent Verpoorten, journaliste pour la Radio chrétienne francophone belge (www.rcf.be)

 

Source: Lalibre.be

 

Un instrument de travail trop européen

 

Dès la première semaine du Synode sur la famille, on a pu entendre de nombreux pères synodaux regretter le caractère eurocentré de l’Instrumentum Laboris, le document de travail de base du synode. […] Selon une majorité des évêques africains et asiatiques, mais aussi pour une bonne partie des évêques d’Amérique du Nord et du Sud, la proposition du cardinal allemand Walter Kasper, qui envisage d’autoriser les conférences nationales des évêques à prendre pour les divorcés remariés civilement des dispositions pastorales particulières, aurait ainsi occupé une trop large part des débats au détriment de l’expérience et des préoccupations des églises du reste du monde.

 

Derrière cette plainte, on peut entendre une question profonde. Les préoccupations des pays d’Europe du Nord ont bien évidemment la pleine légitimité d’être exprimées au cours du synode, mais est-il normal d’en faire une priorité alors que ces pays, malgré leur noble passé catholique, sont devenus aujourd’hui les endroits les plus religieusement desséchés de la planète ?

 

Il me semble que pour traiter cette problématique dans le cadre d’un synode consacré aux questions du mariage et de la famille, il est utile d’avoir à l’esprit, au-delà des statistiques de fréquentation des églises, la situation démographique européenne, que les démographes ont pris l’habitude de surnommer "l’hiver démographique". Les chiffres sont en effet pour le moins interpellants.

 

 …..ce que ces statistiques nous disent de la situation d’aujourd’hui est sans équivoque : l’Europe échoue systématiquement et délibérément à se reproduire.  …. cet hiver euro-démographique est sans précédent historique.  …. 

 

Accès aisé à la contraception

Lorsque tout un continent, je le répète, plus sain, plus riche et plus sûr que jamais, cesse de construire son futur dans le sens le plus élémentaire en refusant d’avoir des enfants, c’est le signe que quelque chose ne tourne pas rond, quelque chose de l’ordre d’un assèchement de l’âme. Au-delà des pressions économiques, idéologiques et culturelles, ce qui pousse à la stérilité volontaire, c’est un manque de générosité envers l’avenir. Nous sommes donc face à une crise spirituelle, une crise de l’esprit humain.

 

Cette crise, les églises de l’Europe occidentale depuis une période plus longue, et les églises locales des nouvelles démocraties depuis 1989, doivent accepter d’en porter une part de responsabilité. Et le synode actuel devrait susciter un examen euro-catholique de conscience afin de répondre à cette question :

 

pourquoi l’Eglise d’Europe n’est-elle pas parvenue à inspirer et à inculquer une éthique de générosité envers l’avenir qui se traduit par le désir de procréation et d’éducation des enfants ?

 

Mais il faudrait également interroger les propositions émanant principalement des évêques d’Europe du Nord mises en avant lors du synode 2014 et réitérées à celui de 2015. Il n’est en effet pas difficile d’y discerner la volonté de re-apprécier "Humanae Vitae", l’encyclique publiée en 1968 par le bienheureux pape Paul VI traitant des moyens moralement appropriés de régulation de la fécondité. […]

 

La "mentalité contraceptive"

 

Il faut se rappeler que dans son encyclique, Paul VI - qui n’a jamais prôné une éthique de la procréation à tout prix - était profondément préoccupé par la "mentalité contraceptive" qui s’ensuit de la fracture entre les dimensions d’union et de procréation du mariage. Deux dimensions dont la complémentarité a toujours été affirmée par l’Eglise et qui étaient menacées, selon le Pape, par les moyens artificiels de contraception.

 

Taxé de développer un pessimisme digne de "Hamlet", il fut à l’époque largement ridiculisé. Aujourd’hui, il serait dépeint comme un évêque combattant et sans doute cloué au pilori pour cela. Pourtant, le pape Paul VI apparaît de plus en plus comme un prophète qui a examiné les signes de son temps et a vu, clairement, les futurs dangers qui s’y profilaient. 

[…]

 

En termes d’intuition prophétique, l’encyclique "Humanae Vitae" s’avère, pour ceux qui l’ont lue, spectaculairement exacte dans sa description des effets de la "mentalité contraceptive" sur l’avenir humain. Le pape François l’a reconnu très facilement. Et il faut faire montre de candeur historique, d’aveuglement volontaire ou d’un orgueil intellectuel borné pour le nier, surtout lorsqu’on regarde l’Europe.

 

Donc, s’il doit y avoir une dimension européenne aux discussions du synode 2015, elle pourrait peut-être se concentrer sur l’hiver démographique volontaire que traverse ce continent, sur le rôle complexe de l’Eglise dans cette situation et sur les stratégies pastorales les plus à même de faire renaître ce qui fut autrefois le centre de monde comme le centre de l’Eglise, l’Europe, à une vision plus généreuse de l’avenir.

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jeudi, 22 octobre 2015 | Lien permanent

Synode pour la famille: le Pape écrira bel et bien une exhortation apostolique

LE PAPE PUBLIERA UNE EXHORTATION APOSTOLIQUE SUR LA FAMILLE, ASSURE LE CARDINAL PAROLIN 

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Vatican - le 29/10/2015 | Par Agence I.Media

Oui, le pape François promulguera une exhortation apostolique post-synodale sur la famille et ce texte ne devrait “pas beaucoup tarder“. C’est ce qu’a assuré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le 28 octobre 2015. 

Père Thomas Michelet dans Famille Chrétienne: deux lectures possibles

thomas-michelet_article.jpgPour le père dominicain Thomas Michelet, auteur d’une réflexion remarquée sur l’ordre des pénitents, les articles sur les divorcés remariés présents dans le rapport final sont équivoques. Ils demandent donc à être précisés, ce que pourrait faire le pape dans une exhortation apostolique.

Que pensez-vous des numéros 84 à 86 (sur les divorcés remariés) du rapport final ?

Ces trois numéros sont ceux qui ont obtenu le plus de votes négatifs, tous étant passés à une très faible majorité des deux tiers, et le numéro 85 à une seule voix près. Ce n’est pas une surprise : cette question des « divorcés remariés » faisait déjà partie des trois numéros formellement rejetés lors de l’assemblée synodale de 2014.

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jeudi, 29 octobre 2015 | Lien permanent | Commentaires (1)

Synode 2015 pour la famille par le Cardinal Dolan: passer des contradictions ”aux tensions créatives”

images.jpegLe Cardinal Dolan, figure marquante du Synode et de l'Eglise aux USA (Cardinal de New York) a publié une note fort inspirante sur son blog - Je l'ai résumée, en substance. 

 

Cardinal Dolan et le Synode pour la famille: tensions créatives ?

 

Comment les appeler ? « contradictions ? » « paradoxes? » Et pourquoi pas « tensions créatives ? »

 

Durant le Synode, je me sens en retraite, ou en jour de récollection. Tant de choses me donnent à réfléchir. Mais ce qui souvent m’intrigue; les observations me semblent à première vue assez bizarres, voir contradictoires … Est-ce que nous nous contredisons ? sont-elles les deux faces d’une même pièce de monnaie ?

 

Quelques exemples: 

 

1. Miséricorde ou (contre) vérité

 

Jésus nous donne toujours sa Miséricorde et il nous appelle toujours à changer, à nous convertir, à cesser de pécher. Il y a la Miséricorde mais il y a aussi les exigences, la porte étroite. 

 

2. « Les exclus » ou (contre) « la nouvelle minorité »

 

Il est vrai que quelques groupes dans l’Eglise nous disent qu’ils se sentent exclus de la vie de l’Eglise: les divorcés remariés, les sans sacrement; les gays, les parents célibataires … Il faut en effet des changements. 

 

Et il y a ceux qui nous confient ressentir un certain froid provenant de la culture, et même parfois dans l’Eglise, parce qu’ils essaient de donner le meilleur pour vivre vertueusement et parfois ils se sentent seuls: des couples mariés qui luttent pour rester ensemble, des personnes gays qui s’engagent à vivre les vertus décrittent dans la Bible, des jeunes qui veulent vivre l’abstinence avant le mariage....

 

Ceux-ci nous disent aussi qu’ils se sentent exclus, et attendent de l’Eglise une affirmation, un soutien, une confirmation. Dans le diocèse, un rassemblement du samedi soir attire des milliers de jeunes, et encore d’avantage, qui viennent pour la Messe, la confession avec des chants. Le nom de ce rassemblement est révélateur: les catholiques souterrains.

 

3. La Miséricorde de Dieu ou (contre) "la reconnaissance dont nous avons besoin"

 

Bien des pasteurs rapportent que la plus grosse difficulté ne provient pas que leurs gens ne se sentent pas dignes de la Miséricorde, qu’ils ne la méritent pas, mais que les personnes pensent qu’ils n’en ont pas besoin. 

 

Ce n’est pas tellement que nous pensons que nous sommes tellement des grands pécheurs, que Dieu ne va pas nous pardonner, mais que nous pensons que nous sommes tellement des saints rayonnants que nous n’avons pas besoin de Son Pardon. 

 

4. Demander les Miséricorde ou (contre) "vouloir une approbation" 

 

La Tradition biblique révèle que le pardon de Dieu ne signifie pas Son approbation. Ce que les personnes désirent, ce n’est pas le pardon pour de leurs péchés, mais une approbation de leurs décisions de vivre en opposition avec ce que Dieu nous enseigne. 

 

5. L’Eglise souffrante ou (contre) "l'Eglise confortable"

 

Mes frères évêques de pays qui affrontent la persécution sont mis au défi tous les jours pour survivre. Lorsqu’ils parlent des « challenges » que les familles affrontent (l’objet du Synode) ils veulent dire « rester en vie ». Ils perdent leur vie pour demeurer fidèles à leur foi. 

 

Ces familles sont unies, fortes, aimantes, ils restent proches et prient pour demeurer en vie, pour survivre. Ils sont exclus du travail et risquent leur vie seulement par la simple volonté d’être loyal envers l’Eglise. 

 

Nous, dans les Eglises « plus sûres » nous devons plutôt parler des personnes qui s’éloignent de la foi. Nous sommes inquiets des personnes qui se sentent exclues de l’Eglise; et ces évêques nous décrivent des croyants qui sont exclus de leur profession, de leurs cultures, de leurs maisons. 

 

Je ressens que parfois ces évêques nous regardent comme « l’Eglise confortable » et pensent: « je voudrais avoir ce temps, cette énergie et ce luxe pour m’inquiéter des problèmes que vous apportez. Mais ma préoccupation est pour la survie de mon peuple »

 

Un évêque quelque peu exaspéré me chuchotta un soir à la sortie: « si tous ce dont nous allons parler sont les personnes avec une attraction pour le même sexe et la communion pour ceux qui sont mariés d’une façon invalide, alors cela doit être un Synode régional, seulement pour l’Europe »

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6. Rejoindre les gens où ils sont ou (contre) « les appeler vers le lieu où le Seigneur veut qu’ils soient »

 

Il y a bien des années. un directeur spirituel très sage me dit : "Dieu t’aime là où tu es, mais, Il t’aime tellement qu’il ne souhaite pas que tu restes là ». 

 

Le Cardinal Thomas Collins décrit d’une façon fort éloquente, la tension créative dans son commentaire émouvant des disciples d’Emmaus: "oui, Jésus accompagne ces deux qui sont découragés sur leur chemin, mais il leur tourne autour pour littéralement les orienter et les faire revenir vers Jérusalem. Ils étaient sur la fausse voie. Jésus les accompagne mais leur pointe du doigt la bonne direction". 

 

Quelques fois la tension créative est exprimé par la phrase «  tous sont bienvenus » mais «  bienvenus à quoi ? » Oui, nous obéissions à un mandat clair de Jésus de tous les inviter. Tous sont bienvenus. Mais nous les invitons à entrer dans une famille spirituelle avec des convictions claires et une invitation à la conversion du coeur qui est chaleureuse comme celui qui invite à entrer à l'intérieur. 

 

7. Convaincus par la Miséricorde de Dieu ou (contre) convaincus que nous sommes pécheurs

 

Billy Graham: « nous ne pouvons pas être convaincus de la Miséricorde que Dieu a pour nous tant que nous ne sommes pas convaincus que nous sommes pécheurs ». 

 

8. Etre sauvés ou (contre) « admettre que nous avons besoin d’un Sauveur »

 

Le Cardinal Fulton Sheen suggère que la raison pour laquelle Noël est devenu tellement matérialiste provient du faite que nous ne ressentons plus la naissance du Sauveur comme une grande nouvelle ! Nous pensons que nous n’avons pas besoin d’un Sauveur ! On peut se sauver soi-même. Nous sommes déjà sauvés. 

 

Un évêque a commenté ici au Synode que désormais, maintenant, le plus gros problème pastoral provient que la plupart d’entre nous, dans l’Eglise, nous sommes des alcooliques qui ne veulent pas admettre que nous avons une difficulté. Les alcooliques anonymes nous enseignent que tu ne peux atteindre la sobriété tant que n’admettons pas d’être sou. 

 

9. Le Pape de la Miséricorde: « je suis un pécheur ». 

 

Tous le monde s’en émerveille. 

 

François est un Pape qui n’a pas peur de montrer les péchés lorsqu’ils les voient. Lors d’une audience assez récente, il parla d’une grand maman laissée seule, dont la famille ne l’avait pas visitée depuis huit mois. : Le Pape s’exclama: « C’est un péché mortel ». Il n’est jamais timide pour parler souvent du péché, en admettant qu’il est un pécheur, nous avertissant aussi de l’influence du diable, comme un prophète de l’Ancien Testament, appelant à nous repentir de nos péchés. 

 

10. Thérapie ou (contre) soins spirituels

 

Quelques pères synodaux ont mentionné qu’aujourd’hui, nous avons tendance à penser que tous les problèmes, toutes les difficultés peuvent être résolus par la médecine, la psychologie, l’argent, l’économie et la réforme politique. Oui, ils admettent, tout cela est fort valable et cela peut vraiment être une grande aide. 

 

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mercredi, 28 octobre 2015 | Lien permanent | Commentaires (6)

Synode des évêques pour la famille: le Père Thomas Michelet dans la Revue théologique Nova et Vetera

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Que dit vraiment le synode sur les divorcés remariés ?

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Note: le Père Michelet, depuis peu docteur en théologie, analyse les textes du Synode et explique les divergences d'interprétation (ou herméneutique) par "l'herméneutique de la continuité" (Benoît XVI parlait d'herméneutique de la réforme) et de "l'herméneutique de la rupture". 

Ce texte synodal est provisoire et ne contient pas de fait le mot communion. Avec cette réalité, les passages délicats n'auraient d'ailleurs pas eu les 2/3 des voies. La difficulté provient sans doute de là.  

Le Pape François pourra s'appuyer sur ce labeur synodal, qui par deux fois n'a pas changé l'enseignement de l'Eglise (Vetera), toujours ouvert sur la Miséricorde. La nouveauté (Nova) provient du ton rempli de compassion et de miséricorde, qui rendent la vérité attrayante. "L'hérméneutique de la réforme" devient encore plus clairement celle de la Miséricorde. C'est une authentique théologie de la libération. 

 

par Thomas Michelet O.P.

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Il n’aura échappé à personne que la question des "divorcés remariés" (que l’on devrait plutôt appeler "séparés-réengagés") aura été la plus âprement discutée tout au long de ce synode sur la famille, tant parmi les pères synodaux que chez les fidèles, et jusque dans le grand public – faisant même régulièrement la "une" des journaux, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps. Peu de questions auront finalement suscité autant d’intérêt que celle-là.

La complexité du débat se traduit dans les documents officiels, les points directement concernés étant ceux qui ont recueilli à chaque fois le moins de votes positifs, malgré des rédactions successives en vue d’obtenir un large consensus. Mais cela se retrouve également dans les conclusions les plus contradictoires des médias, qui crient selon les cas à la victoire de l’un ou l’autre camp, que ce soit d’ailleurs pour s’en réjouir ou pour le déplorer : les uns retenant l’accès au cas par cas des divorcés remariés à la communion comme inaugurant la révolution tranquille d’une Église nouvelle ; les autres, au contraire, son absence criante dans le rapport final et donc le maintien ferme du "statu quo ante".

N’opposons pas trop vite le "synode des médias" au synode réel, et reconnaissons avec honnêteté que ce conflit d’interprétation trouve au moins en partie sa source dans la formulation elle-même du texte, qui sur ce point précis manque de la clarté et de la précision que l’on aurait pu souhaiter après deux ans de travaux. Comme nous l’avions prédit au mois de juillet sur www.chiesa, il est à craindre que nombre de Pères synodaux se soient satisfaits de ce point d’accord pour des raisons au fond très différentes, voire opposées, le texte autorisant plusieurs lectures et permettant de couvrir une division qui demeure malgré tout, et qui risquera dorénavant de s’accroître si l’on ne fait pas toute la lumière.


1. Un consensus difficile


6a00d83451619c69e201bb088b2f9c970d-320wi.jpgOn se souvient que dans la "Relatio synodi" du 18 octobre 2014, le numéro 52 sur l’accès des divorcés remariés aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie et le numéro 53 sur la communion spirituelle avaient été largement rejetés, faute d’avoir obtenu la majorité des deux tiers, soit 122 sur 183 Pères synodaux (n° 52 : 104 placet / 74 non placet ; n° 53 : 112 placet / 64 non placet). Il faut ajouter celui sur la pastorale des personnes à orientation homosexuelle (n° 55 : 118 placet / 62 non placet). Pourtant ces numéros formellement écartés s’étaient trouvés maintenus dans le texte officiel servant de document de travail pour la suite du processus synodal, sans doute pour favoriser une franche discussion qui n’occulte aucune difficulté.

Dans l’"Instrumentum laboris" du 23 juin 2015, sous le titre "la voie pénitentielle", le numéro 122 reprenait le précédent numéro 52 en y ajoutant un numéro 123 qui ouvrait sur l’affirmation surprenante selon laquelle "un commun accord existe sur l’hypothèse d’un itinéraire de réconciliation ou voie pénitentielle". On a pu alors s’interroger sur un tel accord mystérieux. D’autant plus que la majorité des Pères synodaux réunis en 2015 semble avoir marqué plutôt une large réserve à son endroit, ce qui fait que l’hypothèse n’a pas été adoptée "in fine", au moins sous cet intitulé.

Dans la "Relatio synodi" du 24 octobre 2015, les numéros 84 à 86 exposent désormais une proposition pastorale nouvelle sous le titre de "Discernement et intégration". Le nombre des Pères synodaux ayant été porté à 265, la majorité des deux-tiers passée à 177 n’a été obtenue que difficilement sur ces trois numéros, jusqu’à une voix près (n° 84 : 187 placet / 72 non placet ; n° 85 : 178 placet / 80 non placet ; n° 86 : 190 placet / 64 non placet).

La "Relatio synodi" 2015 donne trois références magistérielles, toutes contenues dans le numéro 85, que l’on trouvait déjà dans la "Relatio synodi" 2014 ou dans l’"Instrumentum laboris" : "Familiaris consortio", n° 84 ; Catéchisme de l’Église catholique, n° 1735 ; Déclaration du 24 juin 2000 du Conseil pontifical pour les Textes législatifs. En revanche, le document du 14 septembre 1994 de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui était évoqué dans le n° 123 de l’"Instrumentum laboris", n’a pas été repris.


2. La citation de "Familiaris consortio"


Examinons tout d’abord la citation de "Familiaris consortio" n° 84 :

"Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide."

Ce texte est présenté ici comme "un critère global, qui reste la base pour l'évaluation de ces situations", tant pour le prêtre dont le devoir est "d'accompagner les personnes concernées sur la voie du discernement", que pour le fidèle, dans son propre "examen de conscience, au moyen de temps de réflexion et de repentance".

Si l’on parle de repentance, cela implique la nécessité de reconnaître ses fautes et son péché en vue d’en obtenir le pardon. Il n’est donc pas juste d’affirmer que toute notion de péché est écartée dans ce document. Il reste qu’elle n’est plus exprimée dans le titre de la proposition, qui ne parle plus directement de pénitence mais de discernement ; ce que l’on peut regretter au plan doctrinal même si c’est certainement plus sympathique au plan pastoral. D’autre part, il est possible que l’on ait tendance à comprendre la repentance davantage pour des fautes du passé (l’Église faisant repentance pour les péchés de ses membres), tandis que la pénitence vise plus habituellement des situations passées aussi bien que présentes (et même le péché d’autrui), afin d’obtenir la conversion du pécheur et la réparation du mal causé par sa faute. Le choix du mot "repentance" risque donc de conduire à ne considérer le remariage après divorce que comme une faute du passé plutôt qu’une "situation objectivement désordonnée" toujours actuelle, voire à ne plus examiner que les fautes du passé qui auraient conduit à cette situation jugée non voulue pour elle-même et dès lors non fautive. À l’égard de ce processus, tant dans sa compréhension que dans sa pratique, il faut donc savoir faire preuve d’un véritable "discernement sémantique".

D’autre part, "Familiaris consortio" n° 84, tout en rappelant la nécessité de distinguer ces diverses situations, en tirait une même conclusion dans tous les cas : l’impossibilité de communier, à moins d’avoir "régularisé" sa situation, d’une manière ou d’une autre :

"L'Église, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Écriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Église, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. Il y a, par ailleurs, un autre motif pastoral particulier : si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l'Église concernant l'indissolubilité du mariage.

"La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie – ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par l'exemple l'éducation des enfants – remplir l'obligation de la séparation, 'ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux'".

Que conclure de la non-reprise explicite de cette conclusion pourtant massive de "Familiaris consortio" par le document ?

Dans une "herméneutique de la continuité", on tiendra que le silence vaut accord, que la citation d’un texte renvoie au texte en son entier, lequel fournit à la citation son vrai contexte. De sorte qu’un tel processus de discernement ne peut conduire à l’Eucharistie que dans la mesure où le fidèle est effectivement parvenu à sortir de cette situation objectivement désordonnée au titre d’un engagement tenu par un ferme propos, qu’il a pu ainsi demander pardon de ses fautes et en recevoir enfin l’absolution. Jusque là, il ne saurait communier.

Dans une "herméneutique de la rupture", on tiendra que le silence vaut désaccord. Si la conclusion de "Familiaris consortio" n’est pas reprise expressément, c’est qu’elle est devenue obsolète ; le contexte familial ayant été complètement modifié depuis, au terme d’un changement dont le document dit qu’il est non seulement culturel mais "anthropologique". Ce qui était la discipline de l’Église du temps de Jean-Paul II ne devrait plus l’être dans l’Église nouvelle que l’on appelle de ses vœux. On conclura probablement que ce processus de discernement peut aboutir à l’Eucharistie, même sans changement de vie, pourvu que l’on ait fait repentance des fautes passées et qu’on ait discerné que l’on pouvait "en conscience" communier.


3. Le Catéchisme de l’Église catholique


Le même numéro 85 de la "Relatio synodi" 2015 cite plus loin le n° 1735 du Catéchisme de l’Église catholique :

"En outre, on ne peut nier que, dans certaines circonstances, 'l’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées' (CEC, 1735) en raison de divers conditionnements".

La citation est incomplète. Il faut se reporter au texte en son entier :

"1735. L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées par l’ignorance, l’inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, les affections immodérées et d’autres facteurs psychiques ou sociaux".

Ce numéro est-il vraiment applicable à la situation des divorcés remariés ? Il faut d’abord noter que les mêmes conditions se retrouvent en partie pour le mariage, qui le rendent invalide :

"1628. Le consentement doit être un acte de la volonté de chacun des contractants, libre de violence ou de crainte grave externe (cf. CIC, can. 1103). Aucun pouvoir humain ne peut se substituer à ce consentement (CIC, can. 1057, § 1). Si cette liberté manque, le mariage est invalide".

Peut-on alors imaginer que telles circonstances puissent rendre non imputable au plan moral le remariage après divorce ? Si tel était le cas, il serait par conséquent invalide. Certes, il l’est déjà parce que, le mariage étant indissoluble, il ne saurait y avoir de remariage du vivant de son conjoint. Mais il ne serait pas seulement nul en tant que mariage : il le serait aussi en tant qu’acte humain, ce serait un "acte manqué". On ne pourrait donc plus parler de divorcés remariés : il n’y aurait donc aucun réengagement véritable, et plus aucune espèce de lien entre les deux. Dans ces conditions, il n’est pas sûr que l’on veuille toujours faire valoir la possibilité d’une suppression totale de l’imputabilité. D’ailleurs, de tels conditionnements psychiques devraient d’abord conduire à remettre en question l’existence du lien sacramentel lui-même. La situation serait alors toute différente.

À l’inverse, lorsque les personnes sont capables d’échanger un "oui" pour la vie en pleine conscience de ce qu’elles font, elles ne peuvent pas ne pas se rendre compte qu’elles portent atteinte à ce "oui" en s’engageant de nouveau avec une autre personne. Dès lors, on voit mal comment la responsabilité de cet acte de réengagement pourrait être remise en cause. Certes, il peut y avoir toutes sortes de raisons qui poussent à agir ainsi, comme le dit ensuite le numéro 85 : "Dans certaines circonstances, les gens trouvent qu'il est très difficile d'agir différemment". Il n’empêche que ou bien ils savent qu’ils portent atteinte à leur lien matrimonial en se réengageant, et il s’agit là d’un acte libre et responsable ; ou bien ils ne le savent vraiment pas, et l’on peut alors douter de l’existence même de leur lien matrimonial.


4. La Déclaration du Conseil pontifical pour les Textes législatifs


L’article 85 de la "Relatio synodi" 2015 poursuit ainsi :

"En conséquence, le jugement d'une situation objective ne doit pas conduire à un jugement sur la 'culpabilité subjective' (Conseil pontifical pour les Textes législatifs, Déclaration du 24 Juin 2000, 2a)".

Le texte en question est le suivant, remis dans son contexte :

"2. Toute interprétation du canon 915 qui s’oppose à son contenu substantiel, déclaré sans interruption par le Magistère et par la discipline de l’Église au cours des siècles, est clairement déviante. On ne peut confondre le respect des mots de la loi (cf. canon 17) avec l’usage impropre de ces mêmes mots comme des instruments pour relativiser ou vider les préceptes de leur substance.

"La formule 'et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste' est claire et doit être comprise d’une façon qui n’en déforme pas le sens, en rendant la norme inapplicable. Les trois conditions suivantes sont requises :

"a) le péché grave, compris objectivement, parce que de l’imputabilité subjective le ministre de la communion ne peut juger ;

"b) la persistance obstinée, ce qui signifie qu’il existe une situation objective de péché qui perdure au cours du temps et à laquelle la volonté des fidèles ne met pas fin, tandis que d’autres conditions ne sont pas requises (attitude de défi, monition préalable, etc.) pour que la situation soit fondamentalement grave du point de vue ecclésial ;

"c) le caractère manifeste de la situation de péché grave habituel.

"Par contre ne sont pas en situation de péché grave habituel les fidèles divorcés remariés qui, pour des raisons sérieuses, comme par exemple l’éducation des enfants, ne peuvent 'satisfaire à l’obligation de la séparation, et s’engagent à vivre en pleine continence, c’est-à-dire à s’abstenir des actes propres des conjoints' (Familiaris consortio, numéro 84), et qui, sur la base d’une telle résolution, ont reçu le sacrement de la pénitence. Puisque le fait que ces fidèles ne vivent pas 'more uxorio' est en soi occulte, tandis que leur condition de divorcés remariés est en elle-même manifeste, ils ne pourront s’approcher de la communion eucharistique que 'remoto scandalo'".

Cette Déclaration du Conseil pontifical pour les Textes législatifs établit donc que le remariage après divorce est une situation de "péché grave habituel", ce que le canon 915 vise au titre de "ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste". Le passage cité par la "Relatio synodi" précise que cette qualification s’entend objectivement et non pas subjectivement, "parce que de l’imputabilité subjective le ministre de la communion ne peut juger". Autrement dit, on apprécie la situation au for externe, n’ayant pas accès au for interne. Or dans le contexte de la "Relatio synodi", ce passage semble prendre un autre sens : o

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samedi, 07 novembre 2015 | Lien permanent

Synode pour la famille: la voie pénitentielle par le Père Thomas Michelet (o.p)

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Liberté politique

LA VOIE PÉNITENTIELLE par Thomas Michelet O.P.

ROME, le 14 juillet 2015 – Depuis la faculté de théologie de Fribourg, en Suisse, le théologien dominicain français Thomas Michelet attire l'attention sur un passage de l’"instrument de travail" du synode consacré à la famille, document qui prépare la session de ce synode qui aura lieu au mois d’octobre prochain.

L'article du Père explique l'origine du terme: un commun accord. 

Par Sandro Magister

123. Pour affronter ce thème, un commun accord existe sur l’hypothèse d’un itinéraire de réconciliation ou voie pénitentielle, sous l’autorité de l’évêque, pour les fidèles divorcés et remariés civilement, qui se trouvent dans une situation de concubinage irréversible. En référence à Familiaris Consortio 84, un parcours de prise de conscience de l’échec et des blessures qu’il a produit est suggéré, avec le repentir et la vérification de l’éventuelle nullité du mariage, l’engagement à la communion spirituelle et la décision de vivre dans la continence.

D’autres, par voie pénitentielle entendent un processus de clarification et de nouvelle orientation, après l’échec vécu, accompagné d’un prêtre député à cela. Ce processus devrait conduire l’intéressé à un jugement honnête sur sa propre condition, où ce même prêtre puisse faire mûrir son évaluation pour pouvoir faire usage du pouvoir de lier et de dissoudre en fonction de la situation.

Pour ce qui est de l’approfondissement de la situation objective de péché et de l’imputabilité morale, certains suggèrent de prendre en considération la Lettre aux évêques de l’Église catholique sur l’accès à la Communion eucharistique de la part des fidèles divorcés remariés de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (14 septembre 1994) et la Déclaration sur l’admissibilité des divorcés remariés à la Communion eucharistique du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs (24 juin 2000).

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Ce que propose le père Michelet, c’est de créer un "ordo pænitentium" à l’usage des personnes qui se trouvent dans une situation durable de non-conformité à la loi de Dieu et qui entreprennent une démarche de conversion qui peut s’étaler sur plusieurs années ou même sur toute leur vie, mais toujours dans un contexte ecclésial, liturgique et sacramentel qui accompagne leur "pèlerinage".

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mercredi, 15 juillet 2015 | Lien permanent

Document post-synodal sur la famille signé le 19 mars

1917889_1060966990666503_1745730572594843298_n.jpgL'Evangile de la famille, tout imprégné par la Miséricorde

Saint Joseph, protecteur de l'Eglise et père virginal de Jésus, époux de Marie, père de la Sainte Famille, préside à la diffusion de ce document signé par le Pape le 19 mars, fête de Saint Joseph. 

De sources romaines, ce document est une traduction pastorale de l'Evangile de la famille. Comme attendu, désiré et prévu, il y aura des changements pastoraux, comme la possibilité pour les personnes divorcées remariées de donner le catéchisme, car la parole fondamentale de ce document pastoral est "intégration". Les mots clé sont: vérité, miséricorde, intégration et traduction pastorale. 

Les évêques interviendront d'avantage dans les procès en nullité. 

Mais pas une révolution copernicienne de l'Eglise, comme l'annonce le Cardinal allemand. 

Les partisans du Cardinal Kasper seront déçus, car malgré sa puissante campagne de presse, la réforme de la Miséricorde est à l'oeuvre, miséricorde qui n'annule pas la bonne nouvelle libérante enseignée par l'Eglise, notamment par Saint Jean Paul II, le Pape de la famille, et Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI.

L'Evangile continue d'être la lumière pour les familles

Ce document post-synodal reflète la maternité et la paternité de l'Eglise qui continue de scruter et de méditer la Bonne Nouvelle en son sein. 

N.B. Malgré son génie incontestable pour parler de la Miséricorde, le Cardinal Kasper souffre sans doute d'avoir été mis dans l'ombre d'un certain Joseph Ratzinger, le Mozart de la théologie. Ce complexe d'infériorité peut expliquer, en partie tout au moins, l'insistance de Kasper pour Sa proposition. Pas facile d'accepter l'autre comme une personne supérieure à soi. Pourtant, c'est une invitation de l'Evangile qui sonne comme un invitation à considérer les autres supérieurs à soi. 

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lundi, 21 mars 2016 | Lien permanent | Commentaires (1)

Synode pour la famille: Interview du Cardinal Vingt-Trois sur KTO

Source: site Béatrice de La Coste - Twitter

Synode pour la famille: le Cardinal Vingt-Trois sur KTO

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Voici que le Synode vient de conclure sa première phase. Je voulais partager avec vous cette très intéressante vidéoNote_211213_192311_0 dans laquelle Etienne Loraillère interroge le Cardinal Vingt-Trois pour KTO.

L’entretien est franc et posé. Il nous permet, à mon sens, de comprendre plus en profondeur ce qui s’est réellement joué pendant ce Synode.

Loin de l’agitation médiatique de ces derniers jours, retour sur l’essentiel donc.

Prenez le temps, ça vaut la peine! :-)

En bref:

- les débats ne furent pas concentrés uniquement autour des divorcés remariés et des personnes homosexuelles ( note: c'est le frame médiatique qui a mis la lumière sur ces deux points )

- les femmes célibataires sans travail, le veuvage, les difficultés économiques, les familles pauvres ... furent aussi beaucoup discutés. 

- les personnes divorcées vivent une blessure et une souffrance, dont ils ne peuvent pas parler autour d'eux, et se retrouvent souvent seules. L'Eglise veut les rejoindre avec compassion pour les soutenir et les aider, également dans leur vie de foi. 

- si les catholiques furent troublés, c'est plutôt bon signe car au moins ils réfléchissent et ne prennent pas les nouvelles de quelques médias pour l'Evangile. 

- le Pape, dans sa première intervention au tout début du Synode, a demandé que chaque Père synodal puisse s'exprimer en toute liberté pour dire ce qu'il pensait, sans aucune crainte. 

Excellente interviewe de KTO ! Des propos calmes, pondérés, d'un Cardinal témoin de première main des débats dans l'aula synodale, qui ne correspondent pas exactement aux nouvelles diffusées. 

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mardi, 21 octobre 2014 | Lien permanent

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