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Le Synode et le Pape François sous pression
Le Pape François ou le jeu du téléphone
Chacun a expérimenté, en étant petit, la transformation et le changement des phrases lors du jeu du téléphone. Dès la 3ème personne, la transmission ne s'opère plus très bien. Pas pour rien que les téléphones du Pape sont instrumentalisés. Cela vise à nous faire perdre le fil !
Même chose avec la communication de l'Eglise catholique. Benoît XVI fut rigidifié, "traditionalisé" et déformé par un certain milieu de la blogosphère. Les "main stream", les médias leaders ne l'aimaient guère. La médiatisation du Pape a changé, mais les filtres et les rapports de force sont toujours présents.
Le Pape François est récupéré par un autre milieu médiatique, et déformé par la blogosphère qui défendait Benoît XVI ( livre: "les brebis de Bergoglio". Or, les brebis sont à Jésus, et Pierre guide non pas ses brebis, mais celles du Christ. Donc lire ce livre avec toute la prudence que cela requiert )
Pape François: un Synode sur la famille sous haute tension
La communion pour les divorcés remariés est précisément ce terrain de "combat". On fait dire au Pape François ce qu'il n'a jamais dit (conférence de presse dans l'avion Terre Sainte, pour lire ce que pense le Pape), et on se concentre sur les divorcés remariés alors que c'est un faux débat. Là aussi, une certaine propagande est à l'oeuvre.
Le conseiller médiatique de la Secrétairerie d'Etat Greg Burke avait déjà pressenti qu'un "faux" Bergoglio risquait d'être présenté.
Le Pape François sait "manoeuvrer" et pour le Synode sur la famille, il veut un large débat afin de faire résonner la Vérité. Sachons lire les signes des temps: le Pape Paul VI sera béatifié à l'issue du premier Synode sur la famille. Paul VI fut le Pape martyr de l'Encyclique "Humanae Vitae" ( sur la sexualité humaine et la contraception ) explicité par la théologie du corps de Saint Jean-Paul II.
Le Pape François est un Pasteur et il connaît la fragilité humaine qui s'améliore peu à peu, en gravissant la montagne du Calvaire, le chemin de Croix du Golgotha. Les moralistes appellent cela la loi de la gradualité. L'homme sauvé par le Christ avance en boitant sur le chemin de la sainteté. Saint Augustin préférait les saints qui boitent sur le chemin de ciel, que les "sans foi ni loi" qui courent d'un pas ferme dans le sens opposé.
Ce petit jeu d'opposition entre les deux Papes n'est qu'une fiction, une création virtuelle. Le Pape François est bel et bien le rocher pour notre temps, la boussole pour trouver l'orientation de notre vie quotidienne.
mardi, 09 septembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (6)
Un Synode ou un Concile ?
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Aucun des Pères Synodaux n'étaient au Concile Vatican II
Qui se souvient des interventions des Pères conciliaires ? Le Concile Vatican II les a presque tous oubliés. Ce sont les textes qui demeurent la référence doctrinale. De même pour le Synode. Cet immense travail produira un texte pastoral pour la famille. En l'état, les discussions ont lieu pour chercher en Eglise la voix de l'Esprit Saint. L'Eglise est bien vivante. Aucune précipitation, mais l'esprit de prière, de travail et de bienveillance est à l'oeuvre.
Une certaine ivresse semble toutefois toucher quelques Pères Synodaux. Alors que le Synode est consultatif, pétrinien, un Cardinal s'emballe, sans doute un peu trop ... :
Plusieurs pères synodaux ont affirmé avoir senti l'esprit du Concile Vatican II lors des discussions synodales, souligne @CardinalChito
— I.MEDIA ن (@AgenceIMEDIA) 13 Octobre 2014
lundi, 13 octobre 2014 | Lien permanent
Synodes sur la famille: comment se former, où s'informer, que lire ?
Documents de base à lire
Familiaris Consortio de Jean Paul II
Conseil Pontifical pour la Famille quelques textes
Humanae vitae du Pape Paul VI
Catéchisme de l’Église Catholique Catéchisme de l'Eglise catholique
LES DÉFIS PASTORAUX DE LA FAMILLE
DANS LE CONTEXTE DE L’ÉVANGÉLISATION
Document de préparation
Cité du Vatican
2013
I. Le Synode: famille et évangélisation
La mission d’annoncer l’Évangile à toutes les créatures a été confié directement par le Seigneur à ses disciples et l’Église en est le messager dans l’histoire. À l’époque à laquelle nous vivons, l’évidente crise sociale et spirituelle devient un défi pastoral qui interpelle la mission évangélisatrice de l’Église pour la famille, noyau vital de la société et de la communauté ecclésiale. Proposer l’Évangile sur la famille dans ce contexte s’avère plus que jamais urgent et nécessaire. L’importance du thème se manifeste par le fait que le Saint-Père ait décidé d’établir pour le Synode des Évêques un itinéraire de travail en deux étapes: la première, l’Assemblée Générale Extraordinaire de 2014, visant à préciser le “status quaestionis” et à recueillir les témoignages et les propositions des Évêques pour annoncer et vivre de manière crédible l’Évangile de la famille; la seconde, l’Assemblée Générale Ordinaire de 2015, pour chercher des lignes d’action pour la pastorale de la personne humaine et de la famille.
Aujourd’hui se présentent des situations inédites jusqu’à ces dernières années, depuis la diffusion des couples en union libre, qui ne se marient pas et parfois en excluent même l’idée, jusqu’aux unions entre des personnes du même sexe, auxquelles il est souvent consenti d’adopter des enfants. Parmi les nombreuses situations nouvelles qui réclament l’attention et l’engagement pastoral de l’Église, il suffira de rappeler: les mariages mixtes ou interreligieux; familles monoparentales; la polygamie; les mariages arrangés avec le problème de la dot qui en découle, parfois assimilée à un montant d’acquisition de la femme; le système des castes; la culture du non-engagement et de la présupposée instabilité du lien; les formes de féminisme hostiles à l’Église; les phénomènes migratoires et la reformulation de l’idée même de famille; le pluralisme relativiste dans la conception du mariage; l’influence des media sur la culture populaire pour la conception des noces et de la vie familiale; les courants de pensée qui inspirent les propositions législatives qui dévaluent la permanence et la fidélité du pacte matrimonial; l’expansion du phénomène des mères porteuses (location d’utérus); les nouvelles interprétations des droits humains. Mais surtout dans le milieu plus strictement ecclésial, l’affaiblissement ou l’abandon de la foi en la sacramentalité du mariage et en la puissance thérapeutique de la pénitence sacramentelle.
De tout cela, on comprend combien est urgente l’attention de l’épiscopat mondial “cum et sub Petro” face à ces défis. Si, par exemple, on pense au seul fait que dans le contexte actuel tant d’enfants et de jeunes, nés de mariages irréguliers, ne pourront jamais voir leur parents recevoir les sacrements, on comprend combien sont urgents les défis posés à l’évangélisation de la situation actuelle, par ailleurs répandue partout dans le “village global”. Cette réalité trouve un écho particulier dans l’accueil immense que reçoit de nos jours l’enseignement sur la miséricorde divine et sur la tendresse envers les personnes blessées, dans les périphéries géographiques et existentielles: les attentes qui s’en suivent sur les choix pastoraux à propos de la famille sont énormes. Une réflexion du Synode des Évêques sur ces thèmes apparaît donc tant nécessaire et urgente que juste comme l’expression de la charité des pasteurs envers ceux qui leur sont confiés et de la famille humaine toute entière.
II. L’Église et l’Évangile sur la famille
La bonne nouvelle de l’amour divin doit être proclamée à ceux qui vivent cette expérience humaine personnelle fondamentale, de couple et de communion ouverte au don des enfants, qu’est la communauté familiale. La doctrine de la foi sur le mariage doit être présentée d’une manière communicative et efficace, pour qu’elle en mesure d’atteindre les cœurs et de les transformer selon la volonté de Dieu manifestée en Jésus-Christ.
Pour ce qui est du rappel des sources biblique sur le mariage et la famille, on ne reportera ici que les références essentielles. De même, pour les documents du Magistère, il semble opportun de se limiter aux documents du Magistère universel de l’Église, en y ajoutant quelques textes du Conseil Pontifical pour la Famille et laissant aux Évêques participants au Synode le soin de rapporter les documents de leurs Organes Épiscopaux respectifs.
En tout temps et dans les cultures les plus diverses n’ont jamais fait défaut ni l'enseignement clair des pasteurs ni le témoignage concret des croyants, hommes et femmes, qui en des circonstances très différentes ont vécu l’Évangile sur la famille comme un don incommensurable pour leur vie et celle de leurs enfants. L'engagement pour le prochain Synode Extraordinaire est motivé et soutenu par le désir de communiquer à tous ce message, avec une plus grande force, espérant ainsi que «le trésor de la Révélation, confié à l’Église, comble de plus en plus le cœur des hommes» (DV 26).
Le projet du Dieu Créateur et Rédempteur
La beauté du message biblique sur la famille a sa racine dans la création de l'homme et de la femme faits tous deux à l’image et la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,24-31; 2, 4b-25). Unis par un lien sacramentel indissoluble, les époux vivent la beauté de l'amour, de la paternité, de la maternité et de la dignité suprême de participer ainsi à l’œuvre créatrice de Dieu.
Dans le don du fruit de leur union ils assument la responsabilité d’élever et d’éduquer d’autres personnes pour l’avenir du genre humain. À travers la procréation l'homme et la femme accomplissent dans la foi la vocation d’être les collaborateurs de Dieu pour la sauvegarde de la création et la croissance de la famille humaine.
Le Bienheureux Jean-Paul II a commenté cet aspect dans Familiaris Consortio: «Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,26s): en l'appelant à l'existence par amour, il l'a appelé en même temps à l'amour. Dieu est amour (1Jn 4,8) et il vit en lui-même un mystère de communion personnelle d'amour. En créant l'humanité de l'homme et de la femme à son image et en la conservant continuellement dans l'être, Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité correspondantes, à l'amour et à la communion (cf.Gaudium et spes, 12). L'amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain» (FC, n. 11). Ce projet du Dieu créateur, que le péché originel a bouleversé (cf. Gn3,1-24), s’est manifesté dans l’histoire à travers les vicissitudes du Peuple élu jusqu’à la plénitude des temps, alors qu’avec l’incarnation le Fils de Dieu non seulement confirma la volonté divine de salut, mais avec la rédemption il offrit la grâce d’obéir à cette même volonté.
Le Fils de Dieu, Verbe fait chair (cf. Jn 1,14) dans le sein de la Vierge Mère vécut et grandit dans la famille de Nazareth et participa aux noces de Cana dont il enrichit la fête avec le premier de ses « signes » (cf. Jn 2,1-11). Il accepta avec joie l'accueil familier de ses premiers disciples (cf. Mc 1,29-31; 2,13-17) et consola la famille de ses amis dans leur deuil à Béthanie (cf. Lc 10,38-42; Jn 11,1-44).
Jésus-Christ a rétabli la beauté du mariage en proposant à nouveau le projet unitaire de Dieu qui avait été abandonné, en raison de la dureté du cœur de l’homme, même au sein de la tradition du peuple d’Israël (cf. Mt 5,31-32; 19.3-12; Mc 10,1-12; Lc 16,18). En retournant aux origines, Jésus a enseigné l'unité et la fidélité entre les époux, refusant la répudiation et l’adultère.
C’est justement à travers l’extraordinaire beauté de l'amour humain – déjà exalté avec des accents inspirés dans le Cantique des Cantiques, et du lien conjugal exigé et défendu par des Prophètes comme Osée (cf. Os 1,2-3,3) et Malachie (cf. Ml 2,13-16) –, que Jésus a affirmé la dignité originelle de l’amour conjugal entre l'homme et la femme.
L’enseignement de l’Église sur la famille
Dans la communauté chrétienne primitive la famille apparut également comme l’«Église domestique» (cf. CEC 1655). Dans lesdits “codes familiaux” des Lettres apostoliques du Nouveau Testament, la grande famille du monde antique est reconnue comme le lieu de la solidarité la plus profonde entre femmes et maris, entre parents et enfants, entre riches et pauvres (cf. Ep 5,21-6,9; Col 3,18-4,1; 1Tm 2,8-15; Tt 2,1-10; 1P 2,13-3,7; cf. aussi la Lettre à Philémon). En particulier, la Lettre aux Éphésiens a reconnu dans l'amour nuptial entre l'homme et la femme «le grand mystère» qui rend présent dans le monde l'amour du Christ et de l’Église (cf. Ep 5,31-32).
Au cours des siècles, surtout dans les temps modernes jusqu’à nos jours, l’Église a produit un enseignement constant et progressif sur la famille et sur le mariage qui la fonde. Une des expressions les plus remarquables a été proposée par le Concile Œcuménique Vatican II, dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui, en traitant quelques-uns des problèmes les plus urgents, consacre un chapitre entier à la promotion de la dignité du mariage et de la famille, comme cela est montré dans la description de sa valeur pour la constitution de la société: «Ainsi la famille, lieu de rencontre de plusieurs générations qui s’aident mutuellement à acquérir une sagesse plus étendue et à harmoniser les droits des personnes avec les autres exigences de la vie sociale, constitue-t-elle le fondement de la société» (GS 52). L'appel à une spiritualité christocentrique pour les époux croyants est d’une intensité toute spéciale: «que les époux eux-mêmes créés à l’image d’un Dieu vivant et établis dans un ordre authentique de personnes, soient unis dans une même affection, dans une même pensée et dans une mutuelle sainteté, en sorte que, à la suite du Christ, principe de vie, ils deviennent, à travers les joies et les sacrifices de leur vocation, par la fidélité de leur amour, les témoins de ce mystère de charité que le Seigneur a révélé au monde par sa mort et sa résurrection» (GS 52).
Les Successeurs de Pierre également, après le Concile Vatican II, ont enrichi par leur Magistère la doctrine sur le mariage et sur la famille, en particulier Paul VI avec l’Encyclique Humanae vitae, qui offre des enseignements spécifiques tant sur les principes que sur la pratique. Successivement, le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique Familiaris Consortio voulut insister en proposant le dessein divin à propos de la vérité sur l’origine de l’amour entre époux et celui de la famille: « le «lieu» unique, qui rend possible cette donation selon toute sa vérité, est le mariage, c'est-à-dire le pacte d'amour conjugal ou le choix conscient et libre par lequel l'homme et la femme accueillent l'intime communauté de vie et d'amour voulue par Dieu lui-même (cf. Gaudium et spes, 48), et qui ne manifeste sa vraie signification qu'à cette lumière. L'institution du mariage n'est pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, ni l'imposition extrinsèque d'une forme; elle est une exigence intérieure du pacte d'amour conjugal qui s'affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessein du Dieu créateur. Cette fidélité, loin d'amoindrir la liberté de la personne, la met à l'abri de tout subjectivisme et de tout relativisme, et la fait participer à la Sagesse créatrice» (FC, 11).
Le Catéchisme de l’Église Catholique recueille ces données fondamentales: «L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une intime communauté de vie et d’amour, a été fon
mercredi, 05 février 2014 | Lien permanent
Synode pour la famille: George Weigel et l'hiver démographique européen
Synode pour la famille: une opinion de George Weigel, théologien.
Titulaire de la chaire des Etudes catholiques à l'EPPC (Ethics and Public Policy Center - Washington). Auteur et consultant.
Auteur d’une vingtaine de livres, dont une biographie de référence du pape Jean-Paul II. Il est aussi consultant au sujet des questions vaticanes pour NBC News. Sa rubrique - "The Catholic Difference" est publiée chaque semaine dans six journaux anglophones.
Cet article a été publié le 9 octobre 2015, sous le titre "Eurocentricity, Demographic Winter, and the Synod" sur le site américain First Things.
Traduction et adaptation : Laurent Verpoorten, journaliste pour la Radio chrétienne francophone belge (www.rcf.be)
Source: Lalibre.be
Un instrument de travail trop européen
Dès la première semaine du Synode sur la famille, on a pu entendre de nombreux pères synodaux regretter le caractère eurocentré de l’Instrumentum Laboris, le document de travail de base du synode. […] Selon une majorité des évêques africains et asiatiques, mais aussi pour une bonne partie des évêques d’Amérique du Nord et du Sud, la proposition du cardinal allemand Walter Kasper, qui envisage d’autoriser les conférences nationales des évêques à prendre pour les divorcés remariés civilement des dispositions pastorales particulières, aurait ainsi occupé une trop large part des débats au détriment de l’expérience et des préoccupations des églises du reste du monde.
Derrière cette plainte, on peut entendre une question profonde. Les préoccupations des pays d’Europe du Nord ont bien évidemment la pleine légitimité d’être exprimées au cours du synode, mais est-il normal d’en faire une priorité alors que ces pays, malgré leur noble passé catholique, sont devenus aujourd’hui les endroits les plus religieusement desséchés de la planète ?
Il me semble que pour traiter cette problématique dans le cadre d’un synode consacré aux questions du mariage et de la famille, il est utile d’avoir à l’esprit, au-delà des statistiques de fréquentation des églises, la situation démographique européenne, que les démographes ont pris l’habitude de surnommer "l’hiver démographique". Les chiffres sont en effet pour le moins interpellants.
…..ce que ces statistiques nous disent de la situation d’aujourd’hui est sans équivoque : l’Europe échoue systématiquement et délibérément à se reproduire. …. cet hiver euro-démographique est sans précédent historique. ….
Accès aisé à la contraception
…
Lorsque tout un continent, je le répète, plus sain, plus riche et plus sûr que jamais, cesse de construire son futur dans le sens le plus élémentaire en refusant d’avoir des enfants, c’est le signe que quelque chose ne tourne pas rond, quelque chose de l’ordre d’un assèchement de l’âme. Au-delà des pressions économiques, idéologiques et culturelles, ce qui pousse à la stérilité volontaire, c’est un manque de générosité envers l’avenir. Nous sommes donc face à une crise spirituelle, une crise de l’esprit humain.
Cette crise, les églises de l’Europe occidentale depuis une période plus longue, et les églises locales des nouvelles démocraties depuis 1989, doivent accepter d’en porter une part de responsabilité. Et le synode actuel devrait susciter un examen euro-catholique de conscience afin de répondre à cette question :
pourquoi l’Eglise d’Europe n’est-elle pas parvenue à inspirer et à inculquer une éthique de générosité envers l’avenir qui se traduit par le désir de procréation et d’éducation des enfants ?
Mais il faudrait également interroger les propositions émanant principalement des évêques d’Europe du Nord mises en avant lors du synode 2014 et réitérées à celui de 2015. Il n’est en effet pas difficile d’y discerner la volonté de re-apprécier "Humanae Vitae", l’encyclique publiée en 1968 par le bienheureux pape Paul VI traitant des moyens moralement appropriés de régulation de la fécondité. […]
La "mentalité contraceptive"
Il faut se rappeler que dans son encyclique, Paul VI - qui n’a jamais prôné une éthique de la procréation à tout prix - était profondément préoccupé par la "mentalité contraceptive" qui s’ensuit de la fracture entre les dimensions d’union et de procréation du mariage. Deux dimensions dont la complémentarité a toujours été affirmée par l’Eglise et qui étaient menacées, selon le Pape, par les moyens artificiels de contraception.
Taxé de développer un pessimisme digne de "Hamlet", il fut à l’époque largement ridiculisé. Aujourd’hui, il serait dépeint comme un évêque combattant et sans doute cloué au pilori pour cela. Pourtant, le pape Paul VI apparaît de plus en plus comme un prophète qui a examiné les signes de son temps et a vu, clairement, les futurs dangers qui s’y profilaient.
[…]
En termes d’intuition prophétique, l’encyclique "Humanae Vitae" s’avère, pour ceux qui l’ont lue, spectaculairement exacte dans sa description des effets de la "mentalité contraceptive" sur l’avenir humain. Le pape François l’a reconnu très facilement. Et il faut faire montre de candeur historique, d’aveuglement volontaire ou d’un orgueil intellectuel borné pour le nier, surtout lorsqu’on regarde l’Europe.
Donc, s’il doit y avoir une dimension européenne aux discussions du synode 2015, elle pourrait peut-être se concentrer sur l’hiver démographique volontaire que traverse ce continent, sur le rôle complexe de l’Eglise dans cette situation et sur les stratégies pastorales les plus à même de faire renaître ce qui fut autrefois le centre de monde comme le centre de l’Eglise, l’Europe, à une vision plus généreuse de l’avenir.
jeudi, 22 octobre 2015 | Lien permanent
Synode pour la famille: le Pape écrira bel et bien une exhortation apostolique
LE PAPE PUBLIERA UNE EXHORTATION APOSTOLIQUE SUR LA FAMILLE, ASSURE LE CARDINAL PAROLIN
Vatican - le 29/10/2015 | Par Agence I.Media
Oui, le pape François promulguera une exhortation apostolique post-synodale sur la famille et ce texte ne devrait “pas beaucoup tarder“. C’est ce qu’a assuré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le 28 octobre 2015.
Père Thomas Michelet dans Famille Chrétienne: deux lectures possibles
Pour le père dominicain Thomas Michelet, auteur d’une réflexion remarquée sur l’ordre des pénitents, les articles sur les divorcés remariés présents dans le rapport final sont équivoques. Ils demandent donc à être précisés, ce que pourrait faire le pape dans une exhortation apostolique.
Que pensez-vous des numéros 84 à 86 (sur les divorcés remariés) du rapport final ?
Ces trois numéros sont ceux qui ont obtenu le plus de votes négatifs, tous étant passés à une très faible majorité des deux tiers, et le numéro 85 à une seule voix près. Ce n’est pas une surprise : cette question des « divorcés remariés » faisait déjà partie des trois numéros formellement rejetés lors de l’assemblée synodale de 2014.
jeudi, 29 octobre 2015 | Lien permanent | Commentaires (1)
Synode 2015 pour la famille par le Cardinal Dolan: passer des contradictions ”aux tensions créatives”
Le Cardinal Dolan, figure marquante du Synode et de l'Eglise aux USA (Cardinal de New York) a publié une note fort inspirante sur son blog - Je l'ai résumée, en substance.
Cardinal Dolan et le Synode pour la famille: tensions créatives ?
Comment les appeler ? « contradictions ? » « paradoxes? » Et pourquoi pas « tensions créatives ? »
Durant le Synode, je me sens en retraite, ou en jour de récollection. Tant de choses me donnent à réfléchir. Mais ce qui souvent m’intrigue; les observations me semblent à première vue assez bizarres, voir contradictoires … Est-ce que nous nous contredisons ? sont-elles les deux faces d’une même pièce de monnaie ?
Quelques exemples:
1. Miséricorde ou (contre) vérité
Jésus nous donne toujours sa Miséricorde et il nous appelle toujours à changer, à nous convertir, à cesser de pécher. Il y a la Miséricorde mais il y a aussi les exigences, la porte étroite.
2. « Les exclus » ou (contre) « la nouvelle minorité »
Il est vrai que quelques groupes dans l’Eglise nous disent qu’ils se sentent exclus de la vie de l’Eglise: les divorcés remariés, les sans sacrement; les gays, les parents célibataires … Il faut en effet des changements.
Et il y a ceux qui nous confient ressentir un certain froid provenant de la culture, et même parfois dans l’Eglise, parce qu’ils essaient de donner le meilleur pour vivre vertueusement et parfois ils se sentent seuls: des couples mariés qui luttent pour rester ensemble, des personnes gays qui s’engagent à vivre les vertus décrittent dans la Bible, des jeunes qui veulent vivre l’abstinence avant le mariage....
Ceux-ci nous disent aussi qu’ils se sentent exclus, et attendent de l’Eglise une affirmation, un soutien, une confirmation. Dans le diocèse, un rassemblement du samedi soir attire des milliers de jeunes, et encore d’avantage, qui viennent pour la Messe, la confession avec des chants. Le nom de ce rassemblement est révélateur: les catholiques souterrains.
3. La Miséricorde de Dieu ou (contre) "la reconnaissance dont nous avons besoin"
Bien des pasteurs rapportent que la plus grosse difficulté ne provient pas que leurs gens ne se sentent pas dignes de la Miséricorde, qu’ils ne la méritent pas, mais que les personnes pensent qu’ils n’en ont pas besoin.
Ce n’est pas tellement que nous pensons que nous sommes tellement des grands pécheurs, que Dieu ne va pas nous pardonner, mais que nous pensons que nous sommes tellement des saints rayonnants que nous n’avons pas besoin de Son Pardon.
4. Demander les Miséricorde ou (contre) "vouloir une approbation"
La Tradition biblique révèle que le pardon de Dieu ne signifie pas Son approbation. Ce que les personnes désirent, ce n’est pas le pardon pour de leurs péchés, mais une approbation de leurs décisions de vivre en opposition avec ce que Dieu nous enseigne.
5. L’Eglise souffrante ou (contre) "l'Eglise confortable"
Mes frères évêques de pays qui affrontent la persécution sont mis au défi tous les jours pour survivre. Lorsqu’ils parlent des « challenges » que les familles affrontent (l’objet du Synode) ils veulent dire « rester en vie ». Ils perdent leur vie pour demeurer fidèles à leur foi.
Ces familles sont unies, fortes, aimantes, ils restent proches et prient pour demeurer en vie, pour survivre. Ils sont exclus du travail et risquent leur vie seulement par la simple volonté d’être loyal envers l’Eglise.
Nous, dans les Eglises « plus sûres » nous devons plutôt parler des personnes qui s’éloignent de la foi. Nous sommes inquiets des personnes qui se sentent exclues de l’Eglise; et ces évêques nous décrivent des croyants qui sont exclus de leur profession, de leurs cultures, de leurs maisons.
Je ressens que parfois ces évêques nous regardent comme « l’Eglise confortable » et pensent: « je voudrais avoir ce temps, cette énergie et ce luxe pour m’inquiéter des problèmes que vous apportez. Mais ma préoccupation est pour la survie de mon peuple ».
Un évêque quelque peu exaspéré me chuchotta un soir à la sortie: « si tous ce dont nous allons parler sont les personnes avec une attraction pour le même sexe et la communion pour ceux qui sont mariés d’une façon invalide, alors cela doit être un Synode régional, seulement pour l’Europe ».
6. Rejoindre les gens où ils sont ou (contre) « les appeler vers le lieu où le Seigneur veut qu’ils soient »
Il y a bien des années. un directeur spirituel très sage me dit : "Dieu t’aime là où tu es, mais, Il t’aime tellement qu’il ne souhaite pas que tu restes là ».
Le Cardinal Thomas Collins décrit d’une façon fort éloquente, la tension créative dans son commentaire émouvant des disciples d’Emmaus: "oui, Jésus accompagne ces deux qui sont découragés sur leur chemin, mais il leur tourne autour pour littéralement les orienter et les faire revenir vers Jérusalem. Ils étaient sur la fausse voie. Jésus les accompagne mais leur pointe du doigt la bonne direction".
Quelques fois la tension créative est exprimé par la phrase « tous sont bienvenus » mais « bienvenus à quoi ? » Oui, nous obéissions à un mandat clair de Jésus de tous les inviter. Tous sont bienvenus. Mais nous les invitons à entrer dans une famille spirituelle avec des convictions claires et une invitation à la conversion du coeur qui est chaleureuse comme celui qui invite à entrer à l'intérieur.
7. Convaincus par la Miséricorde de Dieu ou (contre) convaincus que nous sommes pécheurs
Billy Graham: « nous ne pouvons pas être convaincus de la Miséricorde que Dieu a pour nous tant que nous ne sommes pas convaincus que nous sommes pécheurs ».
8. Etre sauvés ou (contre) « admettre que nous avons besoin d’un Sauveur »
Le Cardinal Fulton Sheen suggère que la raison pour laquelle Noël est devenu tellement matérialiste provient du faite que nous ne ressentons plus la naissance du Sauveur comme une grande nouvelle ! Nous pensons que nous n’avons pas besoin d’un Sauveur ! On peut se sauver soi-même. Nous sommes déjà sauvés.
Un évêque a commenté ici au Synode que désormais, maintenant, le plus gros problème pastoral provient que la plupart d’entre nous, dans l’Eglise, nous sommes des alcooliques qui ne veulent pas admettre que nous avons une difficulté. Les alcooliques anonymes nous enseignent que tu ne peux atteindre la sobriété tant que n’admettons pas d’être sou.
9. Le Pape de la Miséricorde: « je suis un pécheur ».
Tous le monde s’en émerveille.
François est un Pape qui n’a pas peur de montrer les péchés lorsqu’ils les voient. Lors d’une audience assez récente, il parla d’une grand maman laissée seule, dont la famille ne l’avait pas visitée depuis huit mois. : Le Pape s’exclama: « C’est un péché mortel ». Il n’est jamais timide pour parler souvent du péché, en admettant qu’il est un pécheur, nous avertissant aussi de l’influence du diable, comme un prophète de l’Ancien Testament, appelant à nous repentir de nos péchés.
10. Thérapie ou (contre) soins spirituels
Quelques pères synodaux ont mentionné qu’aujourd’hui, nous avons tendance à penser que tous les problèmes, toutes les difficultés peuvent être résolus par la médecine, la psychologie, l’argent, l’économie et la réforme politique. Oui, ils admettent, tout cela est fort valable et cela peut vraiment être une grande aide.