Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 03 janvier 2018

Amoris Laetitia: Mgr Schneider ne comprend toujours pas le Pape

Amoris Laetitia: Mgr Schneider ne comprend toujours pas le Pape

Unknown.jpegLa juste interprétation du document magistériel du Pape François Amoris Laetitia continue d'agiter les esprits présents sur la toile. 

Rappelons qu'AL n'a pas changé l'enseignement de l'Eglise. Pour communier, l'état de grâce est toujours requis  (la conscience ne doit pas discerner de péchés graves ou mortels).

La conscience est formée par l'enseignement de l'Eglise. Il se peut que la conscience soit erroné d'une manière non-coupable, un classique dans la pratique du confessionnal. 

Avec toute l'Eglise, le Pape François est un Pasteur qui désire intégrer les personnes, pour cheminer, discerner et trouver un chemin praticable pour avancer pas à pas vers la Vérité tout entière. 

Malheureusement, Mgr Schneider, un évêque auxiliaire, ne comprend toujours pas la loi de la gradualité, la formation de la conscience et le discernement. Il entre malheureusement dans la nébuleuse numérique d'opposition au Pape François. 

Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel (L'Homme Nouveau)

Rédigé par la rédaction L'Homme Nouveau le dans Religion

Profession des vérités immuables <br> sur le mariage sacramentel

À la demande de Mgr Athanasius Schneider, Évêque Auxiliaire de l´archidiocèse de Saint Marie en Astana, nous publions cette profession de foi relative aux vérités touchant le mariage sacramentel. Elle est signée de trois évêques du Kazakhstan et rappelle la doctrine catholique traditionnelle concernant le mariage.

Cette profession de foi s’inscrit dans les débats soulevés par certains passages de l’exhortation apostoliqueAmoris Laetitia du pape François. Sa publication a lieu alors que la lettre du Saint-Père, félicitant les évêques de la région de Buenos Aires pour leur interprétation (large) d’Amoris Laetitia, a été rendue officielle par sa publication dans les Acta Apostolicae Sedes (AAS). 

Après la publication de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (2016), divers évêques ont émané, au niveau local, régional et national, des normes d’application sur la discipline sacramentelle des fidèles, dits « divorcés-remariés » qui, bien que le conjoint auquel ils sont unis par un lien valide du mariage sacramentel vive encore, ont toutefois entamé une cohabitation stable à la manière des époux avec une personne autre que leur conjoint légitime.

... suite

mardi, 02 janvier 2018

Interview du Cardinal Müller à l'hebdomadaire "Die Zeit" journal allemand


Interview du Cardinal Müller à l'hebdomadaire "Die Zeit" journal allemand

mueller_450.jpg

 

Gerhard Ludwig Müller. Benoît XVI lui avait confié la charge de préfet de la CDF.  François, comme le droit le lui permet depuis le bienheureux Paul VI, n'a pas renouvelé son mandat.

Une conversation du journal avec l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi 

N.B. Les trois prêtres collaborateurs avaient rencontré le Pape lors d'un colloque. Afin de garder le bon esprit à l'intérieur même de la Congrégation, ils avaient reçu quelques recommandations de François. 

Interview par Evelyn Finger
Die Zeit 
27 décembre 2017
source Traduction


DIE ZEIT : Eminence, puis-je vous demander comment vous avez passé la nuit de Noël ?

Gerhard Ludwig cardinal Müller: La nuit de Noël, j’étais évidemment à Saint-Pierre. A part cela, nous avons lu, dans la communauté où je vis, l’Evangile de la Naissance du Christ, nous avons prié et chanté des chants de Noël selon la bonne tradition allemande.

ZEIT : Avez-vous aussi prononcé vous-même une homélie pendant la période de Noël ?

Müller : Depuis des années, le lendemain de Noël, je suis invité à la messe au Campo Santo Teutonico, avec une assemblée allemande. Le thème de l’homélie de ce jour est le martyre de saint Etienne, le premier martyr de l’histoire de l’Eglise. Noël, ce n’est pas seulement du romantisme et une ambiance particulière ; Noël indique aussi la croix du Christ qui s’approche, alors même qu’il est cet enfant nouveau-né couché dans la crèche.

ZEIT : Peu avant Noël, le pape a de nouveau sonné les cloches à la curie. S’il a fait l’éloge de ses collaborateurs fidèles et expliqué le sens spirituel profond de sa réforme de la curie, il a aussi fustigé ceux qui s’y opposaient. Il s’en est pris, entre autres, aux ecclésiastiques haut placés « qui se présentent comme des martyrs, lorsqu’ils ont été délicatement écartés du système ». – On a aussitôt fait le rapport avec vous. Vous êtes-vous senti visé ?

Müller : Certainement pas. Parce que je ne me suis pas présenté comme un martyr et que je n’ai pas été « délicatement » éloigné du « système » – lequel et de qui ? Un chrétien devient martyr par l’assistance de l’Esprit-Saint et pas en se présentant lui-même comme tel. Par mon baptême et ma confirmation, j’appartiens à l’Eglise de Jésus-Christ et pas à un quelconque système fait par des hommes.

ZEIT : Après que le pape vous a fait savoir en juillet que votre mandat ne serait pas prolongé, vous auriez, dit-on, critiqué sa manière d’agir. Est-ce juste et, si oui, qu’est-ce qui vous a dérangé ?

Müller : Il ne s’agissait pas de moi. J’ai voulu protéger trois des meilleurs collaborateurs de ma congrégation, qui ont été licenciés stante pede sans motif déclaré. Si on considère cela comme inacceptable ou imprudent, tant pis ! Je suis prêtre et pas courtisan. Basta !

ZEIT : Dans son discours de Noël à la curie, François a mis en garde contre les intrigues et a parlé d’« une logique du complot ». Etait-ce justifié ?

Müller : J’ignore, s’il était question de faits réels ou d’abstractions. En tout cas, intrigues et complots sont incompatibles avec l’honneur professionnel d’un ecclésiastique.

ZEIT : Plusieurs collaborateurs de la curie trouvent peu charitable que le pape les malmène avant la fête de Noël. Qu’avez-vous pensé du discours ?

Müller : Qui suis-je pour tout commenter ? En aucun cas, je n’aimerais que la presse allemande fasse de moi le portrait d’un adversaire du pape. J’étais présent et je n’ai pas oublié le souhait du pape demandant que l’on prie pour lui.

ZEIT : Avez-vous été surpris lorsque le pape François, durant l’été 2017, au terme de votre mandat de cinq ans, ne l’ait pas prolongé ?

Müller : Oui, vu l’absence d’indication de raisons tant objectives que subjectives.

ZEIT : Votre congrégation a été souvent âprement critiquée. N’y a-t-il pas aussi quelque chose que vous êtes soulagé d’avoir laissé derrière vous en même temps que votre charge de préfet ?

Müller : Dans une telle charge, le ressenti personnel ne compte pas ; ce qui importe c’est de remplir les devoirs liés à la charge. Que ce soit agréable ou pas, j’ai dirigé la Congrégation dans un esprit de service envers le magistère du pape.

ZEIT : Vous êtes originaire de Mayence et vous avez été longtemps évêque de Ratisbonne. Êtes-vous à présent de nouveau plus en Allemagne qu’à Rome ?

Müller : En tant que cardinal, à Rome, j’ai toujours une responsabilité un niveau de l’Eglise universelle. Je fais partie du Sacré-Collège, le sénat du pape et suis un membre actif de plusieurs congrégations de la curie. En plus, je reçois, du monde entier, trop d’invitations à contribuer à des publications scientifiques, des conférences et des colloques pour que je puisse les honorer toutes. Cela n’empêche : l’Allemagne reste ma patrie, où j’ai le plus de liens de famille et d’amitié. C’est tout à fait naturel. Mais je n’y remplis pas de mission spécifique dans l’Eglise.

ZEIT : Votre devise épiscopale est : Dominus Jesus – qui renvoie à un passage de la Lettre aux Romains et à un texte du pape Benoît. Qu’est-ce que cela signifie : Jésus est le Seigneur ?

Müller : Cette expression constitue la plus ancienne profession de foi chrétienne dans l’église primitive de Jérusalem. Jésus est reconnu comme « le Seigneur ». Dans l’Ancien Testament, Dieu se révèle comme « le Seigneur ». Il libère son peuple de l’esclavage de l’Egypte ; il conclut avec lui l’alliance du salut. La puissance de Dieu se manifeste dans le salut et la libération de son peuple élu. Appliquer à Jésus ce titre réservé à Dieu seul montre la spécificité de la foi chrétienne : en Jésus, le Messie, le royaume et la seigneurie de Dieu sont présents. Il libère l’homme des entraves de la maladie, de l’isolement, de la marginalisation. Il nous sauve du désespoir d’une vie sans espérance. Il nous apporte, comme on le lit dans la Lettre aux Romains, « la liberté et la gloire des enfants de Dieu ».

ZEIT : Vous étiez le gardien de la doctrine de la foi en un temps de rapides transformations sociales. La doctrine peut-elle se transformer ?

Müller : Toute la question est de savoir ce qu’on entend par « transformations ». Il y a une croissance de la foi et un approfondissement dans la manière dont on comprend la doctrine – parce que, au cours de l’histoire de l’Eglise, elle rencontre différentes cultures et philosophies. Ce que l’on ne peut pas entendre par « transformation », c’est une dilution de la confession de foi ou un rabais de l’éthique chrétienne. Le christianisme consiste à marcher à la suite du Seigneur crucifié et ressuscité. Il ne peut pas être réduit aux commodités d’une religion civile.

ZEIT: Le pape François utilise volontiers l’expression « Ecclesia semper reformanda », que les protestants revendiquent pour eux-mêmes. Rome deviendrait-elle aujourd’hui évangélique ?

Müller: En effet, l’expression vient du protestantisme et signifie la correction de la doctrine et des pratiques cultuelles que les réformateurs jugent en contradiction avec la parole de Dieu dans la Bible. Mais dans la conception catholique, au contraire, l’Esprit-Saint préserve l’Eglise de toute contradiction de sa doctrine avec la parole de Dieu. Cependant, nous, comme chrétiens, nous devons toujours, à titre individuel, nous laisser corriger dans notre vie spirituelle et morale. Nous devons toujours nous remettre sur le chemin de la conversion et du renouveau. L’Eglise, comme groupe humain, peut naturellement aussi faillir à sa tâche : devant les défis de le vie spirituelle et culturelle, les bouleversements sociaux, des développements politiques dangereux. Ici, un retour critique sur soi-même est nécessaire. Malheureusement, nous, les hommes, nous apprenons seulement de l’histoire profane et de l’histoire de l’Eglise à condamner l’échec de nos pères, pas à éviter nos propres erreurs.

ZEIT: Vous-même, sous le nouveau pontificat, avez souvent été attaqué en tant qu’antipode conservateur de François. Voyez-vous les choses ainsi ?

Müller : Par principe, je ne suis pas un antipode du pape. Et je ne proviens absolument pas d’un courant idéologique, qu’on l’appelle conservateur ou progressiste, de droite ou de gauche. Cette division de l’humanité en deux camps, que ce soit en fonction de visions du monde, de religions ou de partis politiques, n’est rien d’autre qu’une offense à la raison. Nous avons l’intelligence pour distinguer, argumenter, échanger. Ce n’est qu’ainsi que nous arrivons finalement à un jugement droit. Le plus grand savant dans sa propre discipline peut aujourd’hui, malgré toute sa science, être facilement disqualifié, si l’un ou l’autre dilettante l’accule à droite ou à gauche. L’absurdité de ce classement en tiroirs se révèle aussi quand on fait du stalinisme un marxisme orthodoxe, alors que l’Eglise orthodoxe en était la victime. Le pape François n’est ni libéral ni conservateur et il n’a pas besoin d’adversaire, ni conservateur ni progressiste.

ZEIT : Etes-vous un proche des cardinaux qui ont envoyé au pape une lettre ouverte avec leurs « dubia », leurs doutes, concernant son document Amoris Laetitia ?

Müller : Ce sont là des spéculations superflues. La seule vraie question ici est de savoir comment il est possible que le magistère de l’Eglise garde une fidélité sans réserve à la parole de Dieu, sans interprétations et détours sophistiques, et que soient en même temps réintégrés pleinement à la vie de l’Eglise les catholiques en situations familiales difficiles et qui connaissent souvent aussi des destins tragiques dans leur vie conjugale. Ici, il n’y a pas d’alternative « soit…soit » mais seulement un « en même temps ».

ZEIT : Que dites-vous à ceux qui insultent le pape François en le traitant d’hérétique ?

Müller : L’hérétique est un catholique qui, avec obstination, nie une des vérités de foi contenue dans la révélation et imposée par l’autorité de l’Eglise. Ce point devrait être strictement vérifié. En ce qui concerne les critiques du pape : on n’attend d’aucun catholique qu’il approuve toutes les déclarations, les mesures et le style des responsables de l’Eglise. A l’inverse, pour ceux qui critiquent ceux qui critiquent : celui qui vénère un haut dignitaire de l’Eglise comme une popstar n’a rien compris à la véritable nature de l’autorité dans l’Eglise. Toute espèce de culte de la personnalité ne pourrait être qu’une méchante caricature de la sympathie naturelle que tout catholique doit avoir pour le pape. Et d’ailleurs aussi pour son évêque et pour le curé de sa paroisse.

ZEIT : On peut aussi détourner cette sympathie, de façon très grave, par la violence et l’abus. Quand les cas d’abus dans l’Eglise catholique ont été rendus publics, les victimes vous ont reproché d’avoir favorisé l’étouffement de ces scandales. Rétrospectivement, qu’auriez-vous envisagé de faire autrement ?

Müller : Votre question est non pertinente, parce que le reproche sur lequel elle repose est dénué de fondement. On a manié le mot « étouffement » de façon très imprudente et parfois même démagogique, pour diffamer des personnes impopulaires. En réalité, l’étouffement d’un délit aussi grave que l’abus sexuel commis sur des enfants ou des jeunes revient à soustraire un criminel à la justice. Cela vaut aussi bien pour la procédure d’un tribunal civil que – de manière complémentaire et pas comme substitut d’une procédure pénale ! – pour la sanction canonique contre un clerc qui est accusé. Pour ce qui relève de ma responsabilité, à Ratisbonne comme à Rome, toutes les accusations contre des membres du clergé ont été soumises à la justice civile, pour autant qu’elles n’étaient pas prescrites. Et elles ont toujours été traitées, abstraction faite de la prescription, selon les normes du droit canonique en vigueur

ZEIT : L’image de « hard-liner » (tenant de la ligne dure, n.d.t.) et d’adversaire des réformes que vous avez en Allemagne vous dérange-t-elle ?

Müller : Par réforme j’entends le renouvellement religieux et spirituel de l’Eglise dans le Christ et non pas la réalisation d’un programme, à force d’agitation plutôt que d’arguments.

ZEIT : Votre carrière académique a commencé par une dissertation sur un héros protestant, Dietrich Bonhoeffer. Qu’avez-vous appris de lui ?

Müller : Je cite ce que Bonhoeffer lui-même disait en 1943 du national-socialisme, à savoir que : « Tout grand déploiement extérieur de puissance, qu’il soit de nature politique ou religieuse, frappe de stupidité une grande partie de l’humanité ». Ce qui compte, ce n’est pas d’emboîter le pas à la majorité, mais d’être à l’unisson de la vérité. C’est là l’attitude du chrétien.

ZEIT : A l’intérieur de l’Eglise universelle, vous passez pour un progressiste, d’autant plus que vous avez étudié de près la théologie de Luther. Avez-vous déjà été attaqué comme trop progressiste ?

Müller : Je ne me suis pas occupé de la théologie de Luther pour me faire décerner, au moins une fois dans ma vie, le titre flatteur de progressiste – mais parce que cela fait partie du programme standard de la dogmatique et de la théologie œcuménique. Aujourd’hui, on identifie volontiers le protestantisme avec la modernité, quoi que ce mot puisse recouvrir, et le catholicisme avec le moyen âge, quoi que ce mot puisse recouvrir. Cela a peu de rapport avec la réalité des confessions. Je tiens cela plutôt pour une projection. L’œcuménisme aujourd’hui ne peut en tout cas pas être une course pour arriver le premier à la modernité. Nous ne devons pas chercher à nous dépasser les uns les autres, mais nous retrouver dans le Christ et dans sa vérité, afin que devienne possible la pleine communion ecclésiale.

ZEIT : Après la « Christusfest » célébrée en commun par les catholiques et les protestants allemands en 2017, êtes-vous satisfait de la situation actuelle de l’œcuménisme ? A-t-on atteint tout ce qui pouvait l’être ?

Müller : C’est une question trop vaste, à laquelle on peut difficilement répondre par oui ou par non. Je suis en tout cas heureux que, pour la première fois depuis 1517, ait eu lieu une fête jubilaire de l’affichage des thèses qui était une commune confession de Jésus Christ, le fils de Dieu et l’unique médiateur du salut. Tel est le point central qui nous liait et nous obligeait tous.

ZEIT : Depuis le début, vous vous êtes toujours résolument prononcé contre les tendances de droite radicale de la Fraternité-Pie-X. Pourquoi était-ce important pour vous ? Est-il vrai que le pape régnant soit plus tolérant sur ce point ?

Müller : Pour moi, il ne s’agissait pas d’abord de positions politiques peut-être douteuses, mais de la négation de l’holocauste par un représentant de cette communauté, un acte moralement monstrueux. Grâce à Dieu, il a été exclu depuis lors. Au-delà de cette question, voici qui me semble important : l’Eglise catholique, dans ses relations avec le judaïsme, ne peut revenir en-deçà de la position nouvelle décidée au concile Vatican II. Au contraire ! Nous devons continuer à développer tout le positif qui fut inauguré alors. Et cela en dépit d’un long et douloureux passé d’antisémitisme. Le pape partage cette vision.

ZEIT : L’Eglise devrait-elle faire encore plus contre les populistes de droite, en Pologne par exemple ?

Müller : Nous les Allemands, moins que tout autre, ne devrions nous ériger en professeurs de démocratie à l’égard de nos voisins polonais. Cela ne peut que nuire à la confiance réciproque des pays en Europe. Car, pour les Polonais, l’enjeu est aujourd’hui de maintenir l’identité d’une grande nation de culture à l’intérieur de la Communauté européenne. Considérez que, pendant 123 ans, des états européens se sont partagé la Pologne et qu’ils ont voulu anéantir culturellement et physiquement ce pays. Ce que des Allemands ont fait aux Polonais pendant l’occupation, de 1939 à 1945, doit nous remplir de honte. Au lieu d’envisager des mesures de rétorsion politique envers la Pologne, on ferait mieux de rechercher le dialogue. Et les Polonais nous apprendront aussi comment accepter le sacrifice pour la liberté et la démocratie.

ZEIT : Les chrétiens d’Orient se plaignent que l’Europe, et les chrétiens d’Europe, ne s’intéressent pas à la persécution qu’ils subissent. Faisons-nous assez pour ceux qui sont persécutés ?

Müller : Non ! Une fois de plus, nous manquons scandaleusement à notre devoir !

ZEIT : Vous avez dit un jour que la supposée tolérance des « tenants du pluralisme religieux et ecclésial » est en réalité une intolérance envers Dieu et l’expression d’une « arrogance de la créature ». Qu’est-ce qui vous dérange dans le pluralisme ?

Müller : Vous avez fondu ici deux déclarations en une seule. J’ai dit que ceux qui exigent des autres la tolérance, de manière souvent vigoureuse et catégorique, ne sont pas aussi pointilleux quand il s’agit de la liberté d’expression des autres. Quel est le chrétien qui se moque de gens d’autres croyances ou même des athées dans des cabarets, des émissions de télévision satiriques et au théâtre ? C’est bien la foi des chrétiens que l’on ridiculise au nom la liberté d’expression. Livrer quelqu’un à la risée publique, c’est blesser sa dignité d’être humain. Personne aujourd’hui ne peut plus se permettre de dénigrer collectivement tout un groupe pour la méconduite de quelques individus – sauf quand il s’agit « des » prêtres catholiques.

ZEIT : Voilà pour la tolérance. Un mot à présent sur « l’arrogance de la créature », si vous voulez bien ?

Müller : Par cette expression, je vise la théorie philosophique selon laquelle l’homme serait incapable de connaître la vérité – raison pour laquelle il ne pourrait y avoir de témoignage légitime de la vérité de la révélation de Dieu. La foi, dans cette hypothèse, ne peut être qu’imposture ou illusion. Toute prétention à la vérité d’une religion révélée serait à priori une idéologie de domination, et une blessure infligée à la liberté de tous ceux qui ne croient pas. Je m’inscris en faux contre cela ! Les sceptiques métaphysiques ne peuvent prétendre à la vérité de leurs prémisses sans se mettre en contradiction avec eux-mêmes. Leur scepticisme ne leur donne pas le droit d’accuser les croyants de fondamentalisme et de leur attribuer, en bloc, une propension latente à la violence.

ZEIT : Puisque nous parlons de violence … Nous faisons actuellement l’expérience que, dans les pays plutôt marqués par le laïcisme, règne la liberté religieuse et qu’en revanche, les pays où l’empreinte de la foi est forte connaissent des troubles, notamment dans le monde musulman. L’Eglise doit-elle en tirer la conclusion : mieux vaut un peu moins de piété, mais la paix ?

Müller : Les chrétiens ont eu, dans l’ancien empire romain, de mauvaises expériences avec le pluralisme religieux pacifique. Et que la liberté religieuse soit mieux garantie dans les pays fortement laïcisés me semble relever du « on-dit ». Il y a trop d’exemples du contraire. Il suffit de penser à la révolution française et aux batailles culturelles anticléricales du XIXe siècle, en Prusse et en Italie. Ou encore aux dictatures athées en Allemagne, en Union Soviétique, en Albanie, en Corée du Nord. Ce n’est pas l’attitude laïciste des puissants, mais la reconnaissance générale des droits fondamentaux dans une démocratie libre qui garantit la liberté religieuse.

ZEIT : Et qu’en est-il de la reprise en force des militants islamistes ?

Müller : Le terrorisme sanglant au nom de Dieu foule aux pieds la dignité humaine. Celle-ci, d’après la conviction chrétienne, est fondée sur le dessein inconditionnel du Créateur à l’égard de chaque être humain. C’est précisément parce que je suis, comme chrétien, convaincu de la vérité de la foi en Jésus-Christ, que je défends la dignité humaine, l’état de droit démocratique qui n’impose à personne ce qu’il doit croire et penser. Si, dans une démocratie, les laïcistes revendiquent l’espace public et veulent cantonner les chrétiens dans une sous-culture privée, cela n’est pas la neutralité de l’état mais le début de sa destruction.

ZEIT : La Place-Saint-Pierre est, depuis quelque temps, protégée contre le terrorisme. Que dites-vous aux fondamentalistes religieux ?

Müller : Qu’ils ne sont pas religieux. Car la religion est un culte rendu à Dieu et, par-là, respect de l’homme, de sa liberté et de sa vie. C’est pourquoi le cinquième commandement dit : « Tu ne tueras pas ! » En langage chrétien, rendre un culte à Dieu signifie : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même ».

ZEIT : A la fin de l’année, vous fêterez vos 70 ans. Le pape Benoît vous a félicité. Le voyez-vous encore souvent ?

Müller : Régulièrement, et aussi souvent que sa santé le permet. J’édite ses œuvres complètes en 16 volumes chez Herder. Il y a donc beaucoup à discuter ensemble.

ZEIT : Vous était-il plus facile d’être préfet sous le pontificat de Benoît ou sous celui de François ?

Müller : Le premier m’a appelé à cette charge, et le second a mis un terme à mon mandat.

ZEIT : Depuis bientôt six mois, vous n’êtes plus préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Quel point positif voyez-vous au fait de ne plus occuper une telle position de pouvoir ?

Müller : Le concept de pouvoir est ambivalent. Dans la position d’autorité ecclésiale ou profane, le pouvoir est la possibilité de soutenir les autres et de bien conduire une communauté. Mais nous savons aussi que les puissants abusent de leur pouvoir sur les hommes. Jésus à dit à ses disciples : « Parmi vous il ne doit pas en être ainsi » (Matthieu 20, 26). Remplir sa tâche et son devoir à l’égard de l’Eglise est autre chose que suivre la logique du pouvoir dans le mauvais sens du terme.

ZEIT : Quel est l’aspect de votre mandat de préfet qui vous manque le plus ?

Müller : C’était un mandat temporaire. J’ai travaillé pour l’Eglise en tant que prêtre et évêque et continuerai à la faire. Je suis reconnaissant aux membres de la Congrégation, cardinaux et évêques, collaborateurs, théologiens, canonistes et aussi aux personnes de bonne volonté parmi le personnel non scientifique. Ensemble, nous avons fait un excellent travail.

ZEIT : Vous avez d’étroits liens d’amitié avec le fondateur de la théologie de la libération [G. Gutierrez, n.d.t.]. N’était-ce pas là, pour vous, un pont vers François, le pape des pauvres ?

Müller : Mes contacts avec l’Amérique Latine ont commencé en 1988. Ainsi ne peut-on pas me soupçonner d’opportunisme quand je trouve très important le fait que le pape François place les pauvres au centre de la société universelle.

ZEIT : Quelle est la tâche la plus difficile que l’Eglise d’aujourd’hui aura à affronter ?

Müller : La mission de l’Eglise est la même à toute époque : gagner les hommes au Christ. Nous sommes convaincus que Dieu nous donne l’orientation décisive – dans la question du sens de la vie, dans la détresse de la mort mais aussi quand nous donnons forme, dans notre société, aux principes de liberté et de justice.

ZEIT : Qu’est ce qui peut, pour nous tous, chrétiens ou non, être signe d’espérance en 2018 ?

Müller : Le nouveau-né dans sa crèche de Bethléem avec la paix qui vient de lui.

Préface du Pape émérite Benoît XVI pour les 70 ans du Cardinal Müller

Préface du Pape émérite Benoît XVI pour les 70 ans du Cardinal Müller

«Le Dieu Trinitaire – La foi chrétienne à l'époque séculière»

Unknown.jpeg

Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie – celle du Préfet et du Secrétaire – ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie.

Benoît XVI

- en ne prolongeant pas le mandat du Cardinal Müller, le Pape François n'a pas réglé ses comptes avec le Cardinal Müller. 

- le non-renouvellement d'une charge romaine était déjà prévu par le bienheureux Paul VI. 

- le conflit avec Marie Collins, victime de la pédophilie, pourrait éventuellement être à l'origine de la décision du Pape François. 

-----

Le Pape émérite Benoît XVI a écrit préfet émérite de la CDF dans la préface d'un livre publié en Allemagne pour célébrer son 70ème anniversaire.

«Le Dieu Trinitaire – La foi chrétienne à l'époque séculière», tel est le titre de l'ouvrage qui recueille les contributions d'autres évêques et théologiens.

Dans la préface, Benoît XVI dresse les louanges du cardinal Müller et souligne la consonance théologique qui l'unit à lui :

Muller-benedetto_540

"Eminence, cher confrère,

Ton 70e anniversaire approche, et bien que je ne sois plus en mesure d'écrire une véritable contribution scientifique pour le recueil d'analyses qui te sera consacrée pour cette occasion, je voudrais y participer malgré tout avec un mot de salutation et de remerciement.

Vingt-deux ans se sont écoulés depuis que tu m'as offert ton Katholische Dogmatik für Studium und Praxis der Theologie en mars 1995. Ce fut pour moi à ce moment-là un signe encourageant que même dans la génération théologique post-conciliaire, il y avait des penseurs avec le courage d'oborder la totalité, c'est-à-dire de présenter la foi de l'Église dans son unité et son intégralité.

En effet, tout comme l'exploration des détails est importante, il n'est pas moins important que la foi de l'Église apparaisse dans son unité interne et dans son intégrité, et qu'en fin de compte la simplicité de la foi émerge de toutes les réflexions théologiques complexes.

Parce que le sentiment que l'Eglise nous charge d'un fardeau de choses incompréhensibles, qui finalement ne peuvent intéresser que les spécialistes, est le principal obstacle à la proclamation du oui au Dieu qui nous parle en Jésus-Christ. À mon avis, on ne devient pas un grand théologien parce qu'on est capable de traiter des détails minutieux et difficiles, mais parce qu'on est en mesure de présenter l'unité ultime et la simplicité de la foi.

Mais ton Dogmatik en un volume m'a également intéressé pour une raison autobiographique. Karl Rahner avait présenté dans le premier volume de ses écrits un projet pour une nouvelle construction de la dogmatique, qu'il avait élaboré avec Hans Urs Von Balthasar. Ce fait éveilla évidemment en nous tous une soif incroyable de voir ce schéma rempli de contenu et mené à son terme. Le désir d'une dogmatique signée Rahner-Balthasar, qui nacquit à cette occasion, se heurta à un problème éditorial. Dans les années 1950, Erich Wewel avait convaincu le père Bernard Häring d'écrire un manuel de théologie morale qui, après sa publication, devint un grand succès.

Alors, l'éditeur eut une idée: que dans la dogmatique aussi, quelque chose de semblable devait être fait et qu'il était nécessaire que ce travail soit écrit en un seul volume, d'une seule main. Il s'est évidemment adressé à Karl Rahner, lui demandant d'écrire ce livre. Mais Rahner s'était entre-temps empêtré dans une telle masse d'engagements qu'on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il accomplît une si grande entreprise. Curieusement, il conseilla à l'éditeur de s'adresser à moi qui, au début de mon chemin, enseignai la théologie dogmatique et fondamentale à Freising.

Cependant, bien que j'en fusse à mes débuts, j'étais moi aussi impliqué dans de nombreux engagements et je ne me sentais pas capable d'écrire un travail aussi imposant en un temps acceptable.

Alors je demandai de pouvoir impliquer un collaborateur – mon ami le père Alois Grillmeier. Dans la mesure du possible, j'ai travaillé sur le projet et j'ai rencontré le Père Grillmeier à plusieurs reprises pour une consultation approfondie. Cependant, le Concile Vatican II requit tous mes efforts, en plus de me demander de réfléchir d'une manière nouvelle à toute l'exposition traditionnelle de la doctrine de la foi de l'Église. Lorsque je fus nommé archevêque de Münich-Freising en 1977, il était clair que je ne pouvais plus penser à une telle entreprise.

Quand en 1995 ton livre m'est arrivé entre mes mains, je vis de façon inattendue qu'un théologien de la génération suivant la mienne avait réalisé ce qui avait été souhaité plus tôt, mais qu'il n'avait pas été possible d'accomplir.

J'ai pu ensuite te connaître personnellement, quand la Conférence épiscopale allemande te proposa comme membre de la Commission théologique internationale. Tu t'y distinguas avant tout pour la richesse de ton savoir et pour ta fidélité à la foi de l'Église qui jaillissait de toi. Lorsque le Cardinal Levada quitta son poste de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour des raisons d'âge en 2012, tu apparus, après diverses réflexions, comme l'évêque le plus apte à recevoir cette charge.

Quand j'acceptai cet office en 1981, l'archevêque Hamer – alors secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – m'expliqua que le Préfet ne devait pas nécessairement être un théologien, mais un sage qui, en abordant les questions théologiques, ne fît pas d'évaluations spécifiques, mais reconnût ce qu'il fallait faire à ce moment pour l'Église. La compétence théologique devait plutôt se trouver chez le secrétaire qui dirige les Consulta, c'est-à-dire les réunions d'experts, qui ensemble donnent un jugement scientifique précis.

Mais comme en politique, la dernière décision n'appartient pas aux théologiens, mais aux sages, qui connaissent les aspects scientifiques et, en plus de ceux-ci, savent considérer l'ensemble de la vie d'une grande communauté. Durant les années de mon office, j'ai cherché à répondre à ce critère. Dans quelle mesure j'y ai réussi, d'autres peuvent en juger.

Dans les temps confus que nous vivons, l'ensemble de compétence théologique et scientifique, et de sagesse, de celui qui doit prendre la décision finale me semble très important. Je pense, par exemple, que dans la réforme liturgique, les choses se seraient terminées différemment si la parole des experts n'avait pas été la dernière instance, mais si, en plus, une sagesse capable de reconnaître les limites de l'approche d'un "simple" spécialiste avait jugé.

Au cours de tes années romaines, tu t'es toujours employé à ne pas agir seulement comme spécialiste, mais aussi comme sage, comme père dans l'Église. Tu as défendu les traditions claires de la foi, mais selon la ligne du Pape François, tu as cherché à comprendre comment elles peuvent être vécues aujourd'hui.

Le Pape Paul VI voulait que les grandes charges de la Curie – celle du Préfet et du Secrétaire – ne fussent assignées que pour cinq ans, afin de protéger ainsi la liberté du Pape et la flexibilité du travail de la Curie. Entre-temps, ton contrat quinquennal dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a pris fin. De cette façon, tu n'as plus de charge spécifique, mais un prêtre et surtout un évêque et un cardinal ne part jamais en retraite.

C'est pour cette raison que tu peux, et que tu pourras aussi à l'avenir servir publiquement la foi, à partir de l'essence intime de ta mission sacerdotale et de ton charisme théologique. Nous sommes tous heureux qu'avec ta grande et profonde responsabilité et le don de la parole qui t'est fait, tu seras aussi présent dans le futur, dans la lutte de notre temps pour une juste compréhension de la condition d'homme et de chrétien. Que le Seigneur te soutienne.

Enfin, je tiens également à exprimer un remerciement tout personnel. En tant qu'évêque de Ratisbonne, tu as fondé l'Institut Papst Benedikt XVI, qui – dirigé par l'un de tes élèves – accomplit un travail vraiment louable pour maintenir publiquement présent mon travail théologique dans toutes ses dimensions. Que le Seigneur te récompense de tes efforts.

Cité du Vatican, Monastère Mater Ecclesiae

31 juillet 2017 Fête de saint Ignace de Loyola

Ton Benoît XVI"

 

L’opinion publique suisse, en s'appuyant sur des valeurs chrétiennes, était pour l'accueil des Juifs

L’opinion publique suisse, en s'appuyant sur des valeurs chrétiennes, était pour l'accueil des  Juifs