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vendredi, 06 octobre 2017

Le silence de la vierge: "j'ai vécu sous l'emprise d'une communauté religieuse" de Marie-Laure Janssens

Le silence de la vierge: "j'ai vécu sous l'emprise d'une communauté religieuse" de Marie-Laure Janssens

 

Onze ans dans une « secte catholique »

 

source: René Poujol: "sur onze ans dans une secte catholique" 

Un livre impitoyable pour les sœurs contemplatives de Saint-Jean et les silences de l’Eglise. 

Marie-Laure Janssens est entrée à 23 ans chez les sœurs contemplatives de Saint-Jean, à Saint-Jodard (Loire). Elle est restée onze ans dans la communauté devenant à partir de 2005, selon sa propre expression, un «rouage essentiel du système». Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, elle livre dans un récit (1) écrit avec le journaliste Mikael Corre, une plongée accablante au cœur des dérives de certaines communautés catholiques – « J’ai bel et bien passé onze ans dans une secte. » écrit-elle dès l’introduction – et des complaisances ou paralysies épiscopales.

livre 

Le livre commence en mode mineur, piano, sur une centaine de pages, comme pour mieux nous préparer au pire. On y retrouve les ingrédients désormais bien connus de l’emprise psychologique et spirituelle. Ou comment une jeune fille, diplômée de Sciences politiques, se laisse séduire par une communauté religieuse où elle pense pouvoir satisfaire sa soif d’absolu et sa quête de vérité, dans un total abandon à l’amour de Dieu.

Au nom de la «docilité confiante à la volonté du Seigneur»

Et c’est bien là que, très vite, le bât blesse. Tant la «docilité confiante à la volonté du Seigneur» dérive rapidement vers une totale sujétion à la responsable des novices : sœur Marthe. A Saint-Jodard, la formation intellectuelle est superficielle, l’approche des Ecritures réduite à la seule lecture des écrits du fondateur : le dominicain Marie-Dominique Philippe.

Les sœurs sont dissuadées de nouer entre-elles des relations d’amitié, de se confier à qui que ce soit, notamment à leur famille «qui n’a pas la grâce». La correction fraternelle, au moyen de «billets» transmis par la supérieure, peut porter sur le simple «fait de marcher trop vite, signe de manque d’esprit communautaire». Pas de prise de médicament sans l’aval de sœur Marthe. «Mon corps ne n’appartenait pas. Je me diluais dans un tout…» se souvient l’ancienne novice.

Quelques années plus tard, en mission aux Philippines, ce seront, pendant deux ans, des brimades quotidiennes de la part de sa responsable sœur Marie-Ségolène.

Une absence totale de discernement 

La communauté ne propose aux postulantes aucun type de discernement, aucun recul pour juger du sérieux de leur engagement. Lorsque le poisson est ferré, il faut tout faire pour le garder dans le vivier. Ainsi, durant onze ans, et cela dès les premiers mois, Marie-Laure oscille-t-elle entre l’adhésion sincère à une projet de vie exigeant et le doute sur la réalité de sa vocation. Un doute dont il lui est interdit de faire part à quiconque, fut-il prêtre ou confesseur, au risque de voir – lui dit-on – le démon s’immiscer dans cette faille et la dissuader de poursuivre sur les sentiers abrupts de la sainteté.

Déjà consternant, le récit bascule alors une première fois, à l’évocation des départs et suicides de religieuses ; de la nécessaire reprise en main de la congrégation par le cardinal Barbarin puis de la dégradation de l’état de santé de la jeune sœur.

Départs, dépressions, suicides…

Début 2001, elle découvre que «des sœurs disparaissent». Des départs accompagnés parfois d’une demande de relève des vœux. A Saint-Jodard ces départs sont perçus comme autant de trahisons qui ne doivent en rien remettre en cause les manières de vivre de la communauté. Deux ans plus tard, la presse se fait l’écho du possible suicide d’une sœur Hélène. «Elle avait un grand désir d’aller vers le ciel, a-t-elle voulu partir plus vite ?» interroge le prieur général des frères de Saint-Jean.

D’autres cas sont portées à sa connaissance de sœurs anorexiques hospitaliéses d’urgence, mais également de cas de suicides ou de tentatives de suicide. Sans parler des «pétages de plombs» nécessitant ultérieurement un long suivi psychiatrique. Les dérives sont les mêmes du côté de la communauté des frères de Saint-Jean. La presse (La Vie, le Monde, le Figaro…) s’en fait régulièrement l’écho depuis 1999, tout comme l’AVREF, association créée l’année précédente pour dénoncer les dérives sectaires dans les communautés religieuses

La persécution… premier pas vers la sainteté

Au printemps 2005, le cardinal Philippe Barbarin, décide de dissoudre les sœurs mariales, rattachées à la communauté Saint-Jean, en raison du comportement de la fondatrice et des plaintes formulées, pour manque de liberté et violences, par des familles de religieuses. Cette première alerte sera suivie, quatre ans plus tard, par la destitution de sœur Marthe elle-même et de tout le Conseil de Saint-Jodard, placé sous la juridiction canonique de l’archevêque de Lyon.

Dans l’un et l’autre cas la réaction des religieuses est la même : réflexe de victimisation, dénonciation de campagnes de calomnies, refus de se soumettre, tenue de chapitres clandestins… Pour toutes «la persécution subie apparaissait comme un premier pas vers la canonisation.»

Des «messes de guérison de l’arbre généalogique»

En 2007, de violentes douleurs abdominales contraignent sœur Marie Laure à rentrer des Philippines. On la confie alors à un exorciste, prêtre de Saint-Jean, le père Paul-Marie. Le diagnostic est immédiat : toute douleur est considérée d’origine diabolique. Supposant une complaisance personnelle de la part de la religieuse et un antécédent familial, le prêtre célèbre des «messes de guérison de l’arbre généalogique» et lui appose, sur le dos, la lunule (2) de l’ostensoir portant l’hostie consacrée…

Revenant sur cette période de sa vie, sœur Marie-Laure confie : «Les troubles que je ressentais n’avaient pas d’autre cause que l’emprise dans laquelle ma supérieure me maintenait. (…) Je me sentais de plus en plus coupée de Dieu. Ma foi n’a jamais été aussi aride que durant ma vie communautaire.»

«Ce n’est pas avoir peur de la vérité que de garder le silence.»

Le lecteur qui, au travers du récit, suit la religieuse dans son calvaire «consenti» (toujours au nom de la volonté de Dieu) n’est pas au bout de ses surprises. Il découvre qu’en 2004, Mgr Poulain et Mgr Madec (3) chargés de suivre la communauté de Saint-Jean, répliquent aux accusations de l’Avref et se disent «témoins de la vitalité de cette communauté et de la fécondité de la consécration de ses membres au service de l’Evangile.» En février 2006, accueillant la communauté à Rome au nom du Saint Père, le cardinal Poupard déclare à l’adresse du père Marie-Dominique Philippe : «Continuez, cher père, à accompagner de votre sagesse et de votre fervente charité, ces filles et ces fils de l’Eglise.»

En 2009, au plus fort de la crise, le Vatican nomme auprès des sœurs de Saint-Jean un administrateur en la personne de Mgr Bonfils (4). L’année suivante, Marie-Laure Janssens qui a quitté définitivement la communauté lui adresse un rapport accusateur et lui rend visite à Saint-Jodard, avec le sentiment que ses récriminations importunent le prélat. En 2012, elle se tourne vers Mgr Brincard (5) qui lui a succédé et lui fait meilleur accueil. Lorsque, quelques mois plus tard, elle lui demande l’autorisation de rendre public son témoignage, elle reçoit de lui la réponse suivante :

«Votre témoignage est impressionnant. Il est très éclairant. Je vous en remercie. Le silence de l’Eglise est, à sa manière, un acte de miséricorde à l‘égard des personnes. Ce n’est pas avoir peur de la vérité que de garder le silence lorsque celui-ci est le langage du don de soi, le langage du service comme la Vierge Marie vous le fait comprendre.»

Pour celle qui, durant onze ans, a été victime «d’abus spirituel», c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Miséricorde à l’égard des responsables de ces dérives ? Mais quelle miséricorde pour leurs victimes ? La réponse ne lui parviendra jamais. Quelques mois plus tard Mgr Brincard meurt d’un cancer.

Rien n’avait changé…

L’ancienne religieuse aurait pu en rester là. Après tout, elle vivait désormais heureuse avec son mari rencontré au Québec et leurs deux enfants. Quelle idée lui a-t-elle pris, en 2013 à son retour en France, d’aller consulter sur Internet, le site de la Communauté Saint-Jean ? Elle y découvre « les mêmes mensonges », les « hommages mielleux du père Zanotti-Sorkine et de Daniel Ange » à l’adresse du fondateur, décédé en 2006, que le nouveau général de la Communauté Saint-Jean vient pourtant de reconnaître coupable d’abus sexuels, euphémisés sous le vocable : «gestes contraires à la chasteté».

Elle apprend que les sœurs dissidentes, interdites par Rome, sont désormais accueillies en Espagne par l’évêque de Saint-Sébastian… «Le nom de la communauté avait changé. Le nom des évêques protecteurs et responsables avaient changé. L’habit avait changé. Mais je savais rien qu’en lisant (…) que cette nouvelle communauté était un fac simile de celle qui m’avait fait souffrir.»

«Face au silence criminel de l’institution…»

Les dernières pages du témoignage sonnent douloureusement. «J’ai cru pendant des années que pour que la vérité éclate, il fallait s’adresser aux évêques.» (…) Je sais aujourd’hui que «témoigner auprès d’un évêque c’est comme hurler dans une pièce insonorisée.» (6)

Dès 2013, pourtant, «L’appel de Lourdes» lancé par un collectif de victimes et parents de victimes (7), a interpellé directement les évêques de France sur la question des dérives sectaires dans les communautés catholiques. En leur nom, Mgr Pontier Président de la Conférence des évêques de France, a «assuré les victimes de leur compassion et appelé à faire la vérité.» Mais, pour beaucoup, la question reste posée de la détermination réelle de l’Eglise à mener ce combat jusqu’au bout en totale transparence et vérité.

Que dans son travail d’écriture, l’auteure du livre omette, à l’heure du bilan, de verser au crédit de l’Eglise la double intervention du cardinal Barbarin dans la gestion de la crise, est significatif. Cet « oubli » en dit long sur sa conviction, partagée par d’autres victimes en d’autres affaires, que l’Eglise reste finalement paralysée par la peur du scandale et ne va pas jusqu’au bout de son devoir de vérité.

Certes, il lui arrive d’agir, lorsque la situation est devenue intenable, mais sans ce travail pédagogique en toute clarté qui permettrait aux principaux intéressés  – ici les religieuses – comme à l’opinion publique de comprendre, d’entendre vraiment ce que veut dire l’Eglise.

Il faut lire le Silence de la Vierge, il faut entendre dans sa rudesse l’ultime message de celle qui a finalement choisi de témoigner à visage découvert  : «Face au silence criminel de l’institution, face aussi à l’aveuglement de « mes sœurs » qui, par dizaines, souvent de manière anonyme, viennent régulièrement sur la toile témoigner de l’innocence de leurs fondateurs et du trésor de leur vocation, j’ai choisi de simplement vous raconter une autre histoire, mon histoire.»

  1. Marie-Laure Janssens avec Mikael Corre, Le silence de la vierge, Bayard, 2017, 250 p. La sortie du livre en librairie est annoncée pour le 11 octobre.
  2. La lunule est la partie vitrée de l’ostensoir qui contient l’hostie consacrée.
  3. Mgr Poulain évêque émérite de Périgueux a été nommé «assistant religieux» par le cardinal Barbarin pour vérifier que la vie communautaire des sœurs est saine. Mgr Madec est alors assistant pour la congrégation des frères.
  4. Mgr Bonfils est évêque émérite de Nice.
  5. Mgr Brincard, aujourd’hui décédé, est alors évêque du Puy.
  6. Dans cette affaire, la seule lueur semble être venue de Mgr Benoît-Gonnin, évêque de Beauvais auquel elle signale en 2014 la présence d’une communauté sur le territoire de son diocèse. Un an plus tard il l’informe qu’il vient de fermer le prieuré, non sans avoir du affronter des pressions de tous ordres.
  7. L’appel est signé de Yves Hamant, Xavier Léger, Aymeri Suarez-Pazos que l’on peut joindre ainsi que par une quarantaine de victimes ou parents de victimes de différentes communautés.

Commentaires

Merci d'avoir relayé cet article de René Poujol. Je viens de commander ce livre qui me semble fort nécessaire à notre époque de radicalisation d'une frange de l'Eglise catholique, qui utilise toujours l'excuse de la recherche de sainteté pour tous ses excès d'emprise psychologique. Je peux moi-même - qui n'ai jamais vécu dans une communauté religieuse mais ai des choses à faire entendre à l'Eglise - témoigner d'une phrase qui m'a été dite alors que je me confiais sur mes combats personnels à un prêtre franciscain. Il m'a montré la crèche et m'a dit : "Regardez les personnages de la crèche. Ils ne disent rien, ils se taisent. Imitez-les."

Écrit par : Véronique Belen | samedi, 07 octobre 2017

https://www.youtube.com/watch?v=hJxbYutst1k

https://www.youtube.com/watch?v=VtJNa9TDxWM

Le père MM Zanotti Sorkine a écrit une chanson à la gloire du père MDP et a consacré une homélie aussi à la messe des Réformés!

Si il cautionne ce genre de personnage, on devrait s'inquiéter sur les suites de ce livre....

Et les victimes? Vaut- il mieux avoir de nombreux séminaristes au détriment des victimes?

Écrit par : Elisabeth | samedi, 07 octobre 2017

Merci pour les sources Elisabeth

Écrit par : Don Dom | samedi, 07 octobre 2017

Le site que j'ai indiqué plus bas concernant une homélie du père ZS a été supprimé il y a quelques heures par le propriétaire du blog.....Aurait il peur que l'on puisse lire combien la teneur de l'emprise transparaît dans cette homélie?

Si il n'y avait rien à craindre , cette homélie n'aurait pas dû être retirée....

Homélie concernant la prise d'habit de treize fiancées pour le Seigneur en 2008 à Saint Jodard dans la communauté de Saint Jean.

Écrit par : Élisabeth | dimanche, 08 octobre 2017

Il faut toujours être prudent avec ce genre d'infos. Je constate que sur ce blog tous les bruits sur ce Dominicain sont illico presto publié.
On peut trouver des centaines de livres de ce genre sur l'Opus Dei par exemple.

Après d'autres abus passent inaperçu. Le protecteur de pédophiles et grand électeur du Pape le Cardinal Daneels n'est jamais abordé. Sa présence d'invité spécial par le Pape au deux Synodes est scandaleuse.

Mais bon deux poids deux mesures.. Comme toujours

Écrit par : Hervé T. | samedi, 07 octobre 2017

@Hervé

un tantinet provocateur!
Le père MDP avait une chaire à l'université de Fribourg et sa notoriété philosophique était impressionnante!

C'est la première fois qu'une ex-soeur de la communauté de Saint Jean raconte son calvaire avec un grand discernement!
Elle a été emprisonnée psychologiquement et mentalement pendant de longues années. Grâce à Dieu elle a su surmonter cette terrible emprise.

Un grand merci à elle de témoigner à visage découvert après de longues années qui lui ont volées sa jeunesse et son équilibre.

Une homélie du père ZS pour la prise d'habit le 2 mai 2008 à Saint Jodard de treize soeurs contemplatives de la communauté de Saint Jean.
Elle est assez cruelle...

https://unegoutte.wordpress.com/2013/04/29/homelie-du-pere-michel-marie-zanotti-sorkine-treize-fiancees-pour-le-seigneur/

Écrit par : Elisabeth | dimanche, 08 octobre 2017

Comme je suis l'actu, je ne peux pas choisir et dicter les choix des médias mainstream ...

Je parie aussi de ce que je connais, car la calomnie est une grave erreur, un péché .. Donc je ne reprends pas les rumeurs concernant le Cardinal Daneels. Je ne peux pas les vérifier et n'en suis pas convaincu du tout. Alors je me tais car ne peux pas être hasardeux

Écrit par : Don Dom | samedi, 07 octobre 2017

Ça a été filmé avec le Cardinal Daneels et vous le savez bien.

Parce que bien évidemment vous savez que ce livre n'est pas de la calomnie...

Ça fait partie de votre"pastorale"positive je pense

Écrit par : Hervé T. | samedi, 07 octobre 2017

Mettez le lien alors ...

Oui je pense, avec un croisement d'infos, que cela n'est pas une calomnie. Même l'évêque accompagnateur a conseillé de ne rien dire. Comme je connais malheureusement des victimes de la communauté contemplative, je pense qu'il faut informer des dangers provenant de personnes manipulatrices, narcissiques ou pervers. Le livre du Père Pascal Ide, très soft, est un livre à lire par ceux qui exercent dès responsabilités. Il ne faut pas tout spiritualiser, pour rester au niveau psychologique, et humain.

Écrit par : Don Dom | samedi, 07 octobre 2017

herve t votre attitude est hallucinante ! d un cote vous appellez a la prudence de l autre vous nous annoncez comme acquise une fake news !

Écrit par : remix | dimanche, 08 octobre 2017

Non, Hervé fait juste une erreur. Daneels n'a pas été filmé, mais enregistré par le neveu d'un évêque sous sa juridiction, qui venait se plaindre des agressions sexuelles de son oncle (l'évêque).

L'entretien est typique du prélat qui veut protéger l'image de l'Eglise, il insiste et insiste pour que le neveu se taise, et termine par un hallucinant : "Allez mon fils, allez voir votre oncle, demandez lui pardon et faites la paix".

Face à ça, le neveu à publié l'enregistrement, que Daneels n'a jamais nié, le jeune a essayé de faire valoir son droit, et il me semble qu'à la fin, l'évêque a eu quelques ennuis.

Mais ça date un peu, je ne me souviens plus exactement de tout, la seule chose que j'avais trouvé indigne, c'est que lors de l'apparition du nouveau pape au balcon, ce cardinal soit là à ses côtés. Pour moi, il s'agit d'un nuisible que Benoît XVI aurait dû mettre sur la touche.

Écrit par : P.F | dimanche, 08 octobre 2017

Et ce lien ou cette source pour le Cardinal Daneels ?

Écrit par : Don Dom | lundi, 09 octobre 2017

L'enquête sur les affaires de pédophilie en Belgique suscite des interrogations



Raphaëlle D'YVOIRE, à Bruxelles , le 31/08/2010 à 19h29
Mis à jour le 31/08/2010 à 19h32


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L'enregistrement d'une conversation avec une victime met en cause la gestion de ces affaires par le cardinal Danneels


L'enregistrement d'une conversation avec une victime met en cause la gestion de ces affaires par le cardinal Danneels

Deux mois après la perquisition spectaculaire menée par le parquet général à l'archevêché de Malines-Bruxelles, le 24 juin dernier, l'instruction par la justice belge des affaires de pédophilie de l'Église de Belgique n'a pas réellement avancé. Les griefs exposés par Me Keuleneer, l'avocat de l'archevêché de Malines-Bruxelles et du cardinal Danneels, sur la manière dont a été menée cette « opération calice » ont conduit la justice belge à procéder pendant l'été à un double examen de la légalité de la procédure.

Un premier arrêt a été rendu à huis clos le 13 août et, selon des informations révélées par la chaîne de télévision flamande VTM la semaine dernière, la chambre des mises en accusation de Bruxelles y contesterait la légalité de l'ensemble des perquisitions, jugeant déjà que tous les dossiers de la commission Adriaenssens, qui avaient alors été saisis, devaient être restitués à l'Église.

Tourner la page de l'ère « du silence et du camouflage »

L'autre aspect du dossier porte sur le fait de savoir s'il y a eu, dans ces affaires, une politique claire de dissimulation de la part de la hiérarchie catholique. Lors de la conférence de presse du 23 avril, après la démission de Mgr Roger Vangheluwe, évêque de Bruges, qui reconnaissait avoir « abusé sexuellement d'un jeune » de son entourage proche (son neveu) pendant plusieurs années, Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles depuis janvier 2010, avait insisté sur la volonté de l'Église de Belgique de totale transparence en la matière, « tournant résolument la page par rapport à l'époque pas si éloignée où, dans l'Église comme ailleurs, on préférait la solution du silence ou du camouflage ». « Je n'ai jamais entrepris quoi que ce soit pour étouffer l'affaire », avait alors déclaré son prédécesseur, le cardinal Godfried Danneels.

Or, la victime de l'ancien évêque de Bruges vient de rendre public un enregistrement fait lors d'une rencontre qui eut lieu le 8 avril dernier avec le cardinal Godfried Danneels, soit quinze jours avant de faire éclater le scandale. Ce verbatim, publié samedi 28 août dans les journaux flamands De Standaard et Het Nieuwsblad, indique que l'ancien primat conseille à la victime qui réclame la démission de l'évêque de Bruges d'attendre la retraite de ce dernier, programmée pour 2011, avant de parler.

«Le cardinal est allé à cette rencontre comme un médiateur»

Affirmant ne pas avoir de pouvoir sur la démission des évêques, une prérogative exclusive du pape, le cardinal propose à la victime d'« offrir son pardon ». Le cardinal Danneels maintient aujourd'hui qu'il n'a rien à se reprocher. Selon lui, l'objectif de la réunion était surtout qu'il puisse écouter.

« Le cardinal est allé à cette rencontre comme un médiateur, persuadé qu'il s'agissait d'une réunion de famille, mais il s'est retrouvé dans un contexte qu'il n'a pas pu évaluer », explique le porte-parole du cardinal Danneels, soulignant qu'« à aucun moment, une pression n'a été exercée, ni sur la famille, ni sur la victime, pour garder les faits secrets ».

Raphaëlle D'YVOIRE, à Bruxelles

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A Eguilles, le 2 octobre, la population avait manifesté sa solidarité avec les f...
à suivre : A Rillieux-la-Pape, les scouts

Écrit par : gs | lundi, 09 octobre 2017

Il se trouve que j'étais à Rome pour la conférence de presse des Évêques de Belgique suite à leur visite chez le Pape Benoît XVI. J'ai pu parler longuement avec des prêtres et des Évêques, avec des journalistes et des chargés de communication. Je ne peux pas publier ce qu'il m'a été dit. Je peux juste dire que bien des accusations lancées sont inexactes. Les affaires sont plus complexes. J'ai pu voir à l'œuvre Mgr Léonard, un homme droit et intègre.

Écrit par : Don Dom | lundi, 09 octobre 2017

Oui il faut toujoursdans ce genre de situation protéger les victimes.

On a trop souvent chercher à prendre la défense de l'institution au détriment de la victime - j'en ai été témoin - Et ce phénomène n'est pas limité à l'église même si cela peut paraitre plus choquant quand c'est l'église.

Je me réjouis - peut on toutefois parler de réjouissance ?- quand je vois que l'église aujourd'hui met de plus en plus la transparence et la défense de la victime au coeur de ses préoccupations. Cela reste un long chemin. Mais merci à Benoit XVI et au pape François pour le travail accomplis !

Il est vrai que si la formation théologique, psychologique et spirituelle de nos bons pretres est remarquable ils doivent aussi devenir des vrais managers clairvoyant et courageux et ce n'est pas toujours leur vocation première.

La route est encore longue et il aura encore des scandales...

Écrit par : remix | lundi, 09 octobre 2017

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