mercredi, 20 septembre 2017
Lyon et Cardinal Barbarin: pour bien comprendre la suspension du procès canonique (ecclésiastique) du Père Preynat
Lyon et Cardinal Barbarin: pour bien comprendre la suspension du procès canonique (ecclésiastique) du Père Preynat
"C’est un problème qui date de quarante ans et il (Monseigneur Barbarin) pensait qu’il y avait prescription".
Pape François, rencontres avec Dominique Wolton
(Golias) J’avoue n’avoir pas immédiatement compris la mesure prise par le Cardinal Barbarin de suspendre temporairement le procès canonique du Père Preynat.
Après avoir lu attentivement les interviews disponibles, voici ce que je retiens :
- S’il y a une lacune, elle se trouve surtout du côté de la justice civile pour laquelle la prescription intervient vite. Pour l’Eglise, il n’y a pas de prescription à la souffrance. Le Pape a justement levé la prescription canonique ou ecclésiale, à la demande du cardinal Barbarin, pour que le procès du P. Preynat puisse se tenir. Si les victimes obtiennent justice et vérité, c’est justement par le truchement de cette loi ecclésiastique qui ne fait pas de la prescription un absolu. Il faut donc se battre pour que la justice civile change ses modalités relatives aux délais de prescription.
- En l’état trois prêtres instruisent le dossier Preynat. Dans une interview au journal Le Monde*, le primat des Gaules rappelle qu’il veut mettre les victimes à la première place. Ultimement, il faut savoir que la sentence ecclésiale, canonique, sera prise par Monseigneur Barbarin, puisqu’il est l’évêque du lieu. Comme le procès Preynat interroge également les victimes, d’une certaine façon de la part du cardinal, il a été estimé qu’il fallait éviter une collusion entre les instructions civiles et canoniques.
En effet, le prélat lyonnais est mis en cause par les victimes devant la justice française pour non-dénonciation, il convenait donc d’attendre la décision de justice de son pays pour ne pas instrumentaliser une décision aussi importante. Sinon le reproche aurait été inévitable : vous sanctionnez maintenant le Père Preynat pour peser dans la décision civile. Il vaut mieux distinguer, justement pour permettre la vérité dans les deux domaines.
- Monseigneur Ladaria, nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi avait donc raison lorsque qu’il invitait le Cardinal Barbarin à prendre des mesures disciplinaires, en évitant le scandale public. Civilement, il n’y avait malheureusement pas de moyen d’action, puisque le témoignage d’Alexandre Dussot de l’été 2014 présentait de lui-même les faits dont il avait été victime, comme prescrits.
- A mon avis, il ne fait guère de doute que le Père Preynat sera reconduit, à terme, à l’état laïc. Pour l’instant, il vit seul, interdit de tout ministère public.
P.S. Un ami, connaisseur en droit canon, me rappelle que pour le droit ecclésial, par exemple pour un procès en nullité d'un mariage, l'Eglise attend d'abord la décision civile (sentence du divorce) pour instruire la cause au niveau canonique.
*Le Monde: Où en est la procédure canonique (un procès interne à l’Eglise catholique) concernant le père Bernard Preynat ?
- Card Barbarin: Une procédure judiciaire visant le père Preynat est en cours. Mais, comme elle était ralentie par différents recours, j’ai décidé d’ouvrir sans plus tarder un procès canonique. Pour cela, j’ai dû demander à Rome de lever la prescription des faits. Le pape a donné son accord. Le procès canonique est en cours. Il a lieu à l’officialité de Lyon, mais aucun des juges n’est de Lyon. Beaucoup a été fait.
Tous ceux qui voulaient parler ont été entendus. Je ne sais pas quand la sentence sera rendue, car, entre-temps, une autre procédure judiciaire a été réenclenchée à la demande des victimes et on lui donne la priorité. En accord avec le procureur, qui a été consulté, nous avons suspendu la procédure canonique pour respecter la procédure civile actuelle.
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Merci à La Parole Libérée. Par leur action, ces crimes sont sortis du silence.
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