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mercredi, 14 septembre 2016

Amoris Laetitia ou la quadrature du cercle ?

Amoris Laetitia, la joie de l'Amour, impossible à interpréter ?

Unknown-1.jpegOn ne sait plus ce qu'il faut penser, le Pape François ferait tellement bouger les lignes: son texte sur la famille n'est qu'une médiation personnelle, qui n'engage pas l'Eglise; ou encore: enfin le Pape a abattu le mur d'intolérance d'une Eglise fermée et rétrograde.

Pas facile en effet d'aller à la source de la pensée du Saint-Père, tant chacun semble pousser sa petite chansonnette. Essayons d'y voir plus clair. 


Le blog italien « Come Gesù » tente d’énumerer une liste des différentes interprétations de la dernière exhortation apostolique du Pape François sur la famille ( AL - Amoris Laetitia), la joie de la l’Amour.

Il discerne quatre groupes:

- le premier est, d’une manière assez nette, contraire à AL: les représentants les plus extrêmes soutiennent, bien que le Pape dise le contraire, qu’en réalité il désire changer l’enseignement de l’Eglise. Selon eux, en pratique, la vraie indissolubilité n’existe plus. Ce ne sont pas seulement les tenants de Mgr Lefebvre qui soutienne cette position, mais différents catholiques rigoristes qui, pour ne pas tomber dans le paradoxe de devoir dire que le Pape est hérétique, tentent de soutenir qu’AL n’a pas le rang d’un texte du Magistère.

- un second groupe se limite à offrir des discours généraux qui applaudissent l’exhortation papale ou des synthèses du document et qui pointent du doigt certains aspects sans toutefois entrer dans le chapitre VIII (accompagner, discerner, intégrer -situations irrégulières)

- une troisième groupe est simplement enthousiaste de la nouveauté et dit substantiellement: il y a des années que nous donnons la communion aux personnes divorcées remariées, et donc finalement le Pape également dit que cela peut se faire.

- une quatrième groupe, toutefois moins nombreux, souligne avec des arguments difficiles et bien réfléchis que le Pape ne change pas la doctrine sur le mariage, mais change l’attitude pastorale: cela concerne le fameux « discernement », ou encore mieux la vision du cas par cas qui cherche à intégrer les personnes dans la communion avec Jésus.

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Amoris Laetitia est un texte du Magistère

Pour ma part, je suis résolument dans le quatrième groupe, car le Pape montre que l'Eglise est ouverte, attractive et positive pour tous et chacun; il y a une place pour chaque personne avec sa vie difficile. Il faut alors approfondir la loi de la gradualité, du pas à pas ( le Pape du petit pas ) et de la conversion afin de marcher avec espérance pour gravir le plan incliné de notre chemin qui mène vers la vie éternelle. Cela exige un effort de discernement, spécialité des disciples de Saint Ignace de Loyola.

La lecture patiente du long texte papal m'a confirmé dans mon jugement. Il y a un approfondissement et une continuité de l'enseignement classique de l'Eglise sur le mariage, sans rupture ni contradiction. 

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Amoris Laetitia et la pastorale: accueillir, accompagner, discerner, intégrer

Un texte pour l'Argentine, Buenos Aires ou l'ancien diocèse de Cardinal Bergoglio, donne une interprétation (la seule possible selon le Pape) du chapitre VIII. François a également envoyé une lettre, publiée ci-dessous. 

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en espagnol - document pour Buenos Aires

A lire: Zenit et la pastorale de la famille en Argentine, Buenos Aires

La réponse du Saint-Père


Mon cher frère, 


images-1.jpegJ'ai reçu l’écrit de la région pastorale Buenos Aires “critères de base pour l'application du chapitre 8 d’Amoris laetitia”. Je vous remercie beaucoup de me l'avoir envoyé, et je vous félicite pour le travail que vous avez accompli : un véritable exemple d'accompagnement des prêtres… et nous savons tous combien est nécessaire cette proximité de l'évêque avec son clergé et du clergé avec l'évêque.

Le prochain « le plus prochain » de l'évêque et le prêtre, et le commandement d'aimer son prochain comme soi-même commence, pour nous autres évêques, précisément avec nos curés. 

L'écrit est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n'y a pas d'autre interprétation. Et je suis sûr que cela fera beaucoup de bien. Que le seigneur vous rétribue cet effort de charité pastorale. 

Et c'est précisément la charité pastorale qui nous pousse à sortir pour rencontrer ceux qui sont éloignés, et une fois que nous les avons rencontrés, a entamé un chemin d'accueil, d'accompagnement, de discernement et d'intégration dans la communauté ecclésiale. Nous savons que cela est fatiguant, il s'agit d'une pastorale du “corps à corps” qui ne se satisfait pas des médiations programmatiques, organisationnelles ou légales, même si elles peuvent être nécessaires. Simplement accueillir, accompagner, discerner, intégrer.

Parmi ces quatre attitudes pastorales, la moins cultivée, la moins pratiquée et le discernement ; et je considère urgente la formation au discernement, personnelle et communautaire, dans nos séminaires et dans nos presbytères. 

Pour finir je voudrais rappeler qu’Amoris laetitia est le fruit du travail et de l'horizon de toute l'église, avec la médiation de deux synodes et du pape. C'est pourquoi je vous recommande une catéchèse complète de l'exhortation qui certainement aidera à la croissance, à la consolidation et à la sainteté de la famille. 

Je vous remercie à nouveau du travail accompli et je vous encourage à aller de l'avant, dans les différentes communautés des diocèses, pour l'étude et la catéchèse d’Amoris laetitia. 

S'il vous plaît n'oublier pas de prier et de faire prier pour moi. 

Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge vous garde, 

Fraternellement, François

Commentaires

Merci de ce commentaire qui éclaire! Effectivement on entend de tout. Il faut lire et relire, et c'est en prenant le temps que l'on peut comprendre la finesse pastorale. Une conclusion hâtive après une lecture rapide nous empêche de comprendre totalement et on interprète faussement les propos du Pape. Merci

Écrit par : Myriam | mercredi, 14 septembre 2016

Que répond ce quatrième groupe dont vous vous réclamez à cette question toute simple:

Est-ce que le nouveau "discernement pastoral" prôné dans le chapitre VIII d'Amoris Laetitia autorise, "au cas par cas", des époux en situation objective d'adultère à recevoir l'absolution sans ferme propos d'amendement et à communier sans qu'il y ait une sincère disposition à mener une vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage, conformément au très clair enseignement de Familiaris Consortio au chapitre 84?

Répondre non est difficile, puisque le pape semble estimer qu'il n'y a pas "d'autre interprétation possible".

Répondre oui est problématique, parce qu'il est alors impossible de défendre une prétendue continuité, "sans rupture ni contradiction"...

Écrit par : Ph.Martin | mercredi, 14 septembre 2016

Le Pape,l'exhortation apostolique, les évêques du monde entier invitent les personnes à rencontrer un prêtre. Ce dernier aidera pour le discernement. Chacun est unique. Aussi, ce qui se dit en confession ne peut pas faire directement l'objet d'un texte du Magistère.

Mais il reste des étoiles pour nous guider:
- on ne communie qu'en état de grâce (sans péché grave ou mortel sur la conscience)
- pour recevoir l'absolution, il suffit d'au moins désirer vouloir se convertir, alors la petite porte ouverte de notre coeur laissera jaillir le torrent de la Miséricorde.
- si on ne peut pas recevoir l'absolution, alors demander la bénédiction, la prière.
- le Pape François est le Pape du petit pas, à la suite de la petite Thérèse de l'enfant Jésus: lever son petit pied.
- tout l'enseignement de l'Eglise n'est nullement remis en cause (encore faut-il le comprendre et le percevoir comme positif), mais approfondit afin que l'Eglise soit cet hôpital de campagne, et non pas une grosse institution qui condamne, réfute, dénonce, mais attire. Il faut accueillir, comprendre, discerner, accompagner, cheminer et intégrer. Si nous montrons une attitude défensive, ce n'est pas le Christ Miséricordieux.

François n'arrête pas de parler de la confession, du confessionnal, c'est génial ! C'est là que le colloque et la communication sont les meilleurs.

Aussi, on ne communie pas en état d'adultère.

Mais la communion ne regarde pas que l'état d'adultère, faut pas se fixer uniquement et pharisaïquement sur cet unique péché.

Écrit par : Don Dom | mercredi, 14 septembre 2016

Pas sûr de vous suivre. Ma question appellait un oui ou un non. Si AL dit la même chose que Familiaris Consortio 84 au sujet des divorcés soit-disant "remariés" pourquoi le redire et de le redire si mal au point que presque tout le monde y voit autre chose?

Et si AL introduit un changement d'approche, est-ce à dire qu'avant François les prêtres n'étaient pas déjà à disposition pour accompagner, discerner, encourager? Que l'Église était une institution sans miséricorde pour les pécheurs? Ce serait de la pure calomnie.

Mais peut-être qu'aujourd'hui le fait de rappeler à un paroissien qui se présente les conditions décrites en FC 84 doit déjà être considéré comme un manque de compassion? Un légalisme rigoriste qui méprise le "petit pas" consistant à encore bien vouloir désirer les sacrements alors que tant d'âmes désertent l'Église?

Enfin en ce qui concerne la confession, le ferme propos d'amendement c'est un peu plus qu'un vague désir abstrait que les choses soient différentes. Il faut poser des actes. Non?

Écrit par : Ph.Martin | jeudi, 15 septembre 2016

Je vous invite à lire mon article sur le langage positif du Pape, du Cardinal Müller.
Pourquoi voulez-vous savoir pour les autres ? Nous nous regardons nous-même, en examinant notre conscience avant la communion, et non pas regarder les autres si oui ou non ils sont divorcés remariés etc....

Laissons Jésus éclairer chaque conscience, c'est la mission de l'Eglise. Je m'inquiète bien plus pour ceux qui s'avancent sans discerner la présence aimante de Jésus, et qui se croient justes, parce qu'ils n'ont pas divorcés, parce qu'ils ne sont pas homosexuels .... Mais il y a bien d'autres réalités pour un examen de conscience.

Sachez simplement que le Pape François n'a pas modifié ni le catéchisme de l'Eglise catholique, ni le Compendium de Benoît XVI; c'est parfois une attitude pharisienne, chercher chez le Pape un dérapage doctrinal, pour dire: ha ha vous voyez, c'est bien ce que je disais, il déraille, il n'est pas clair .... Les pharisiens faisaient cela: "Maître, nous savons que tu parles vrai, est-il permis ... ". Nous pouvons faire la même chose avec le Pape, les Cardinaux, les évêques, les prêtres, nos frères et soeurs dans la vie. Ce qui arrive dans beaucoup de blogs, de sites, agressifs, qui dénoncent au lieu de rendre compte et d'expliquer, et d'inviter à contempler d'abord la personne de Jésus.

Je me parle à moi-même, car je ne suis pas immaculée, mais j'essaie malgré tout de rester fidèle.

Écrit par : Don Dom | jeudi, 15 septembre 2016

Mes interventions n'avaient pour seul objectif que de "challenger' la position du quatrième groupe que vous décrivez dans votre article. Je n'arrive pas encore à en saisir la consistance. Pour moi, sur le sujet des divorcés "remariés" AL avait très clairement pour objectif, et c'est réussi, de faire voler en éclat le condensé doctrinal et pastoral, conforme à ce que l'Église a toujours enseigné, de FC 84. C'est réussi en effet, il suffit de vous lire. Je trouve ça triste, car il ne suffit pas de nier le péché pour qu'il s'effacé réellement. Et tant d'âmes risquent de se perdre parce qu'ils auront été guidées par des aveugles volontaires. A Dieu ne plaise.

Écrit par : Ph.Martin | vendredi, 16 septembre 2016

Mes interventions n'avaient pour seul objectif que de "challenger' la position du quatrième groupe que vous décrivez dans votre article. Je n'arrive pas encore à en saisir la consistance. Pour moi, sur le sujet des divorcés "remariés" AL avait très clairement pour objectif, et c'est réussi, de faire voler en éclat le condensé doctrinal et pastoral, conforme à ce que l'Église a toujours enseigné, de FC 84. C'est réussi en effet, il suffit de vous lire. Je trouve ça triste, car il ne suffit pas de nier le péché pour qu'il s'effacé réellement. Et tant d'âmes risquent de se perdre parce qu'ils auront été guidées par des aveugles volontaires. A Dieu ne plaise.

Écrit par : Ph.Martin | vendredi, 16 septembre 2016

Non, elle ne fait pas voler en éclat ni le catéchisme, ni l'enseignement de l'Eglise qui sont des étoiles qui brillent dans notre nuit.

La vie c'est le mouvement, la vie de l'âme c'est la conversion. Si un mouvement du détachement du péché est perceptible, par la loi de la gradualité, du petit pas, de la conversion, du détachement, opérés par la grâce, cela peut être reconnu par le discernement, dans le for interne, avec un prêtre. Si une personne reste fixée, figée, le pardon n'est pas possible. Le Pape nous fait entrer dans le sacrement du pardon, dans le secret de la conscience, du lieu ou le parcours d'une âme n'est pas toujours aussi limpide qu'une déclaration du Magistère. C'est là que se joue le discernement.

Écrit par : Don Dom | lundi, 19 septembre 2016

Tout ceci ne peut que nous faire re-souvenir, avec une nostalgie infinie, de l'homélie mémorable prononcée le 18 avril 2005 par celui qui allait devenir le pape Benoît XVI:

"Posséder une foi claire, selon le Credo de l'Eglise, est souvent défini comme du fondamentalisme. Tandis que le relativisme, c'est-à-dire se laisser entraîner "à tout vent de la doctrine", apparaît comme l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs."

Écrit par : B.S. | mercredi, 21 septembre 2016

"La foi est une aurore" dit aussi Mgr Charles Morerod mon évêque à Fribourg. Je partage totalement les phrases du tout grand Joseph Ratzinger, dont le Pape a fait l'éloge encore dans une préface d'une biographie.

Amoris Laetitia chap. VIII descend dans l'obscurité des situations pour y mettre un peu de lumière. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas se réjouir, que des personnes en souffrance, en fait nous le sommes tous ! qui vivent le drame dans leur amour, sont blessées,ne puissent pas bénéficier de l'aide de la grâce, et selon le for interne, dans un dialogue avec un prêtre, l'aide d'une bénédiction, d'une prière, et si la petite porte ouverte du coeur est là, l'absolution.

Écrit par : Don Dom | mercredi, 21 septembre 2016

N'oublions le droit canon, une étoile un peu trop souvent méprisée dans notre grande nuit ecclésiale:

https://canonlawblog.wordpress.com/2016/09/13/may-i-demur-re-mirus-this-once/

"As has been explained many times, in certain cases ministers of holy Communion are bound not by the would-be recipient’s assessment of conscience, but by the demands of canon law responding to one’s external, objective status. Long story made short, Catholics who have entered marriages subsequent to mere divorce are objectively disqualified from being given holy Communion (CCC 1650, 2384), whatever might be their subjectively reduced culpability for their state. This is a crucial point: two canons (and the values behind two canons) come into play every time a minister and recipient meet over the Host. Yes, Amoris seems to miss this point and the Buenos Aires Directive clearly misses it. Still."

Écrit par : Ph.Martin | vendredi, 23 septembre 2016

Je ne vois pas en quoi vous ne pourriez pas recevoir l'absolution... Il suffit d'avoir au moins le désir de suivre le Christ... La force de la grâce fera le reste. Je vous conseille de retourner vers votre confesseur régulier et parler aussi ouvertement. Le Pape ne dit pas autre chose ... Il ouvre une partie du voile qui recouvre la pudeur du confessionnal.

Écrit par : Don Dom | vendredi, 23 septembre 2016

Merci pour votre conseil, mais je n'ai pas besoin qu'un prêtre me dise le contraire de ce que dit le Christ ou les Saints Docteurs pour me réconforter.

Pour moi, il y a clairement deux doctrines : Celle de François, plus commode mais moins sûre pour notre Salut et celle de l'Eglise, bien plus exigeante mais très sûre pour accéder au Salut.

Pour l'instant, je fais partie des maudits selon l'Eglise et des sains époux selon François (enfin, si j'étais divorcé-remarié, mais on ne peut pas être parfait)...

Écrit par : Pierre | vendredi, 23 septembre 2016

A votre liberté. Avec ma prière

Écrit par : Don Dom | vendredi, 23 septembre 2016

Mon témoignage était si gênant pour qu'il soit supprimé ?

Vous disiez plus haut que la non-réception de l'Eucharistie n'était pas réservée aux divorcés-remariés, mais à toutes les âmes qui n'étaient pas en état de grâce.

Mon témoignage confirmait votre affirmation, tout en se désolant de la discrimination que subissent ceux qui ne sont pas divorcés "remariés".

Écrit par : Pierre | vendredi, 23 septembre 2016

Pardonnez-moi, mais je n'ai rien supprimé. Votre commentaire est certainement sous un autre article.

Écrit par : Don Dom | vendredi, 23 septembre 2016

Une erreur de manipulation alors, il était entre le commentaire de Ph. Martin ci-dessus, et votre réponse : "Je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas recevoir l'absolution..."
Visiblement, vous répondez à un autre commentaire que celui de Ph. Martin, mais ça a disparût.

Bonne soirée

Écrit par : Pierre | vendredi, 23 septembre 2016

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