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mardi, 15 mars 2016

Depuis 3 ans, François peint l'histoire de l'Eglise avec le pinceau de la Miséricorde

Aleteia

Très Saint-Père,

images-2.jpegvoici déjà trois ans que vous êtes notre Pape, le doux Christ sur la terre.

Je suis trop proche des événements et je n'arrive pas à les mettre spontanément ensemble, pour les lire dans toute leur amplitude et leur potentiel, avec un regard libre et détaché de l'immédiat. Un peintre ne doit pas être scotché devant ses couleurs.

Ce temps m'a permis une certaine décantation pour mieux découvrir la fresque que Dieu dessine dans l'histoire de l'Eglise, du monde et sur la toile de nos âmes. 

Le coup de tonnerre de la renonciation

Je ne fus pas vraiment surpris par la renonciation de votre grand prédécesseur, Joseph Ratzinger, Sa Sainteté Benoît XVI; mais j'avais été marqué par le tonnerre, le coup de foudre tombé si soudainement sur la coupole de la basilique Saint Pierre. Ce jour là, il faisait sombre. 

Il avait laissé entendre qu'il pourrait renoncer au pontificat, et je le sentais très fatigué. Pour moi, c'est un saint vivant, un géant digne de Saint Jean Paul II, un prince, un Père et un fidèle serviteur de l'Eglise. J'ose le dire: la crise et la corruption dans l'Eglise catholique m'avait fait douter. Cette corruption interne me donnait une certaine nausée. L'action décisive de Joseph Ratzinger m'avait convaincu de demeurer dans la grande famille de l'Eglise. Je suis resté grâce à lui !

Autant son élection m'avait fait quitter mes genoux pour sauter sur mes deux jambes, autant votre élection m'a certes réjouis, mais m'a laissé dans l'expectative. J'ai bondis vers mon ordinateur ! Je ne vous connaissais pas. 

Je l'avoue ... lorsque le Cardinal Tauran a prononcé joyeusement votre nom, avec un air un brin taquin - il mesurait déjà la divine surprise - ce fut la toute première fois que je l'entendais. Ce fameux 13 mars, après que l'épaisse fumée blanche ait recouvert les toits du Vatican, j'avais une interview à la télévision. J'ai foncé sur Internet pour mieux vous connaître et glaner un maximum d'information. 

L'oiseau de bonne augure

images.jpegL'oiseau posé sur la cheminée de la chapelle Sixtine me reste également en mémoire, comme si l'oiseau de bonne augure, annonçait un Pape venu d'au-delà des mers. Je le dis sans complexe: je pensais que le Pape viendrait d'Amérique !

Dès vos premiers pas, je vous ai suivi, lu, observé, écouté et aimé. Je confesse que votre sens liturgique m'a un peu étonné, tant j'avais pris l'habitude de prier avec Benoît XVI, dans des liturgies splendides, rayonnantes de beauté, de sobriété et de foi. L'équilibre liturgique avait été atteint. Je l'avais vu de tout près. 

Avec émotion, je vous ai vu aller vers les malades, les pauvres, les prisonniers et les petits. Je vous ai admiré, car très à l'aise avec les journalistes, au point que des larmes de joie ont arrosé mes joues. Vous communiquiez comme mes professeurs de la Sainte Croix m'avait appris durant mon séjour romain: images percutantes, sens de la formule, avec ces mots ficelés et ciselés pour les salles de rédactions et pour les gens simples, comme Jésus avec ses paraboles. Depuis le début, je suis fan de votre sens de la communication. 

J'ai dévoré presque tous les livres vous concernant: celui d'Andrea Tornielli, l'un de mes vaticanistes préférés, celui d'Arnaud Bedat, un journaliste de mon pays, ravi et saisi par votre personnalité, ceux du correspondant de l'AFP Jean-Louis de la Vaissière et bien d'autres articles de différentes agences de presse, sans oublier ma préférée I.Media.

Le livre d'Austen Ivereigh, "le Grand Réformateur, l'avénement d'un Pape radical" (The making of a radical Pope), m'a permis de mettre des mots sur l'espérance qui m'habitait. L'Esprit Saint réforme toujours l'Eglise, la met dans sa forme originelle et nous entraîne a sa suite. La prière et la conversion sont des entraînements pour nous mettre en forme. 

Au Brésil, j'avoue avoir été d'abord fâché quant à votre décision de ne pas rencontrer les journalistes lors de votre vol outre Atlantique. Puis, j'ai confessé ma grossière erreur lorsque je vous ai vu si à l'aise lors lors du vol de retour, passant plus d'une heure avec les journalistes. Vous m'avez conquis. L'effet "post voyage" donnait un rayonnement mondial à vos conférences de presse. 

La lumière du confessionnal

Grâce à vous, ma vie spirituelle a fait un bon en avant, tant vos homélies du matin à Sainte Marthe sont concrètes, pétries de réalisme et de sagesse, avec ce génie de Saint Ignace. Avec vos propos, je cours plus vite au confessionnal - vous ne vous gênez pas de vous confessez publiquement - car je vois mieux mes péchés, mes manquements.

Vos mots sonnent comme des doux reproches affectueux et bienveillants, qui ne m'écrasent pas, qui ne me culpabilisent pas, mais me poussent à me convertir, pour ne pas m'installer, m'établir ou demeurer dans la tiédeur. Vos propos ne sont pas piqués des vers, ils picotent l'espace d'un instant, comme un aftershave, avant de me faire sentir la bienfaisance du baume et reposer dans la quiétude et la paix de la conscience.

Vous êtes une sorte de Dalaï Lama de la Sagesse, un Père Teresa, non pas de Calcutta, mais de Buenos Aires. Vous me rappelez que la foi ne consiste pas d'abord à mettre la virgule théologique au bonne endroit, mais qu'elle est d'abord une vie concrète, quotidienne et ordinaire, qui m'engage dans ma relation avec mes frères et soeurs. 

Benoît XVI fut passablement chahuté par le monde médiatique. Depuis 1982, son service fidèle et précis à la Congrégation de la doctrine de la foi, en a laissé plus d'un avec une rancune contre son action limpide. Autant vous étiez un inconnu depuis votre élection, autant Benoît XVI avait eu le temps de voir naître des ennemis fort puissants depuis belle lurette. 

Votre sens de la communication 

La médiatisation de son pontificat pécha par manque de lumière, tant ses interventions n'étaient pas reprises, censurées et ignorées. Votre pontificat a trop de lumière. C'est toujours la même histoire: le trop et le trop peu, les excès sont souvent déformants.

Vous êtes partout. C'est phénoménal. Mais vous êtes devenu un objet commercial. Il est tellement facile d'être avec vous quand le vent vous est encore favorable.

Je fus stupéfait comment votre simple "bonsoir" ai pu donner à croire que vous alliez enfin abattre les vérités de la foi qui brillent comme des étoiles dans la nuit de notre monde. Vous alliez décapiter l'infaillibilité papale, renverser les tables, déformer et même casser enfin l'Eglise, changer la doctrine poussiéreuse que Joseph Ratzinger avait patiemment précisée et sculptée, telle une montre sortie des ateliers suisses les plus prestigieux.

La majorité vous voyait changer la nécessité, pour tous et chacun, d'être en état de grâce pour recevoir le Corps de Jésus. Autrement dit, vous seriez celui qui abolirait cette funeste et injuste interdiction de communier des personnes divorcées remariées. J'épluchais vos prises de positions et ne lisais manifestement pas la même chose. Je fus aussi fort surpris de voir votre phrase aérienne: "si une personne homosexuelle suis droitement le Seigneur, qui suis-je pour juger" être raccourcie en sa finale "qui suis-je pour juger ?". Or, il y a la prémisse: chercher droitement le Christ. 

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Pour terminer, je dois dire que je vous vois comme le grand électeur de Joseph Ratzinger. En avril 2005, vous avez croisé le fer avec vos collègues cardinaux afin qu'ils ne vous élisent pas sur le Siège de Pierre. Vous avez dû vous fâcher ! pour les convaincre d'élire l'élu de votre coeur: le bras droit de Saint Jean-Paul II, l'héritier, le Cardinal, Joseph Ratzinger !

Avec vous c'est toujours le Pape, l'aventure de la foi qui résonne dans l'espace et le temps, Jésus Christ qui continue d'être annoncé partout, surtout à l'extérieur de la sacristie et du monde clérical renfermé et étroit. Vous continuez à présider la famille qui est née le jour de la Pentecôte, alors que les portes étaient d'abord fermées et verrouillées. L'Eglise est née en sortie dites-vous ! 

La Miséricorde

At last but not the least ! Vous êtes le Pape de la Miséricorde. Avec vous, j'ai découvert pourquoi le Christ m'a appelé: parce que je suis un pécheur. La Miséricorde appelle, votre devise est comme l'étendard. Elle me fait sortir de mon moi, de ma médiocrité, de mes défauts, de mes infirmités, un peu comme Lazare du tombeau: "viens dehors". Les bandelettes qui entourent les blessures de mon âme tombent et me laissent gambader comme un homme libre, un peu ivre l'Esprit Saint, pour me jeter vivant dans le bras affectueux de Dieu mon Père, mon Papa, Abbà Père. 

images-1.jpegVous peignez l'histoire de l'Eglise avec le pinceau de la Miséricorde.

Karol Wojtilà fut élu car il manquait de saints pour nous donner l'exemple. Joseph Ratzinger fut appelé car l'Eglise souffrait de la confusion doctrinale. L'Eglise avait mal à son image ! Alors Dieu vous a désigné.

Avec votre visage, vos mimiques dignes de Don Camillo, la foi est attractive, bienveillante et suscite l'intérêt. Vous dites ne jamais regarder le petit écran, mais vos expressions sont une petite lucarne, une mise en image de la foi. On y entrevoit sa profondeur, son intériorité et son humanité: la joie, la souffrance, les rires, les pleurs, la colère et la compassion. 

Je vous tire mon chapeau. Les Papes se succèdent, mais c'est toujours blanc bonnet et bonnet blanc. Les sceptiques vous opposent, alors qu'il faut vous ajouter. En fait, l'herméneutique de la Réforme de Benoît XVI, décrite dans un discours simplement magistrale à la curie romaine en 2005, est en pleine expansion. Vous n'avez pas vécu le Concile Vatican II, mais vous le vivez

Pour tout cela, très Saint Père, merci d'avoir accepté ce choix de Dieu, merci d'avoir dit oui à l'Esprit Saint, pour être depuis 3 ans, notre Pape bien-aimé. 

 

Commentaires

"...casser l'Eglise et changer la doctrine poussièreuse..."
Pauvre Jésus... Je pleure avec Toi.

Écrit par : Corinne | mardi, 15 mars 2016

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