lundi, 26 octobre 2015
Relation finale du Synode pour la famille: cas par cas et conservateurs ?
" ... aujourd'hui, l'Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité. Elle estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine".
Saint Jean XXIII (discours ouverture Concile Vatican II)
"Aujourd’hui est un temps de miséricorde !"
Pape François (homélie de clôture du Synode 2015)
Le Synode pour la famille, un succès pastoral: la musique attrayante de la Miséricorde
Le Synode pour la famille a révélé d'avantage le style du pape François, héritier du Concile Vatican II, de Saint Jean XXIII, du bienheureux Paul VI, de Saint Jean-Paul II et de Benoît XVI. Un Pape résolument pastoral, rempli de compassion et de Miséricorde. La continuité est défini par le terme pastoral :
Pastoral ? "Un terme qui doit au contraire vouloir dire: partir d'une attention positive à l'homme d'aujourd'hui, qui n'a jamais été aidée par ces condamnations qu'il a longtemps entendues sur tout ce qui est faux, tout ce qu'il ne doit pas faire, pour arriver à ce qu'il a trop peu entendu et qu'il veut vraiment entendre, à savoir ce qui est vrai, ce que le message de la foi peut apporter à notre temps, ce que celle-ci a de positif à lui enseigner et à lui dire".
Joseph Ratzinger
La communication du texte du rapport final est désormais très importante, car le même texte donne des interprétations divergentes (AFP):
Ouverture à la confession et à la communion au cas par cas ?
"Le pape avait reçu samedi soir le rapport final du synode, voté par les 265 évêques et cardinaux présents. Diverses ouvertures y sont exprimées, notamment pour permettre un discernement au cas par cas, qui puisse amener certains divorcés remariés civilement à accéder aux sacrements de la confession et de la communion".
Synode pour la famille: les conservateurs ?
"Un petit groupe de cardinaux conservateurs, très rigoureux dans la doctrine et ne voulant rien changer, notamment vis à vis des divorcés et homosexuels, peut se sentir visé par ces critiques".
source: (afp/nxp)
Bien qu'erronées, ces deux idées circulent largement sur le Synode.
- Le cas par cas est la pratique séculaire de l'Eglise: accompagner les personnes individuellement. C'est ce qui est écrit dans la proposition rendue au Pape ( le mot communion n'y figure pas ).
« Le processus d’accompagnement et de discernement oriente ces fidèles vers la prise de conscience de leur situation devant Dieu. L’entretien avec le prêtre, au for interne, contribue à la formation d’un jugement correct sur ce qui fait obstacle à la possibilité d’une plus pleine participation à la vie de l’Eglise et de mesures qui peuvent la favoriser et la faire grandir. »
- Les conservateurs ont eu droit à un traitement spécial de la part de la majorité médiatique catholique, accusés d'avoir empêché la Réforme du Pape. Or, l'herméneutique du complot consiste précisément à accuser les Cardinaux fidèles et loyaux envers le Pape, tels que les Cardinaux Dolan, Pell, Sarah ou Chaput. Ces derniers ont aidé le Saint-Père. Cette herméneutique de complot, de la rumeur ne saurait être leur oeuvre.
Le Pape François et l'herméneutique de la Réforme de Benoît XVI
Le Pape se situe clairement dans l'herméneutique de la Réforme si chère à Benoît XVI, exprimée lors de son célèbre discours de 2005 à la Curie romaine. L'Eglise, qui laisse retentir la Parole de Dieu, est le lieu de l'Unité entre la Vérité et la Miséricorde. La Réforme est celle du ton ou de la note de la Vérité: la tendresse, l'appel en douceur à la conversion et la Miséricorde. La Réforme n'est pas celle de la vérité, qu'il faut changer, mais bien celle de la Miséricorde. La Vérité est Miséricordieuse et la Miséricorde est la Vérité.
L'hérméneutique de la Réforme est celle de la Miséricorde
Le Synode, un événement guidé par l'Esprit Saint, va dans le même sens que l'Eglise et du Pape. Ce dernier en ressort renforcé et moins isolé. François peut s'appuyer sur ce Synode.
Marie qui défait les noeuds
Le Pape a réussi son pari. Lui qui a une grande dévotion envers Marie qui défait les noeuds, les évêques et les cardinaux se sont regardés droit dans les yeux pour se parler (Marx et Kasper, Dolan, Pell ou Sarah). Le génie du Pape François est d'inclure ceux qui pensent différemment. Grâce à son charisme, la vérité que l'Eglise annonce prend la mélodie attractive de la Miséricorde, de l'appel à la conversion.
Pour un Pape qui n'a pas participé en personne au Concile Vatican II (Karol Wojtilà et Joseph Ratzinger l'ont suivi de bout en bout), Bergoglio en reprend l'essentiel:
"Ce qui est très important pour le Concile œcuménique, c’est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d’une façon plus efficace" Saint Jean XXIII
Le Pape François est un Pasteur
Joseph Ratzinger développe ce but pastoral du Concile Vatican II dans son livre"Mon Concile" (Ed.Artège, p.72):
Pastoral:
un terme qui ne veut pas dire nécessairement flou, dépourvu de substance, purement édifiant, comme cela a pu être compris ici ou là.
Un terme qui doit au contraire vouloir dire: partir d'une attention positive à l'homme d'aujourd'hui, qui n'a jamais été aidée par ces condamnations qu'il a longtemps entendues sur tout ce qui est faux, tout ce qu'il ne doit pas faire, pour arriver à ce qu'il a trop peu entendu et qu'il veut vraiment entendre, à savoir ce qui est vrai, ce que le message de la foi peut apporter à notre temps, ce que celle-ci a de positif à lui enseigner et à lui dire.
Pastoral:
un terme qui ne veut pas dire non plus édulcoré et vague, mais exempt de querelles d'écoles, de questions disputées bonnes pour les spécialistes, de raffinements sans fin dans la controverse à un moment où se font jour précisément des tâches nouvelles qui réclament de tous une discussion ouverte.
Pastoral:
veut dire exempt de jargon scolastique (qui a sa légitimité et peut-être aussi une nécessité, mais précisément dans les facultés et non pas dans la prédication et l'exposition de la foi), mais au contraire enraciné dans le language de l'Ecriture, des Pères, des hommes d'aujourd'hui, bref dans le langage vivant de l'homme de tous les temps.
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Commentaires
Tout ça pour ça, pourrait-on dire. Le Synode accouche d'un document modéré contenant toutefois des ambiguïtés permettant aux kasperiens de jubiler. Conscience, discernement au cas par cas, sont les mots clés qu'on retrouvera grossis dans le futur éventuel document du pape (sans oublier la décentralisation "synodale" attendue sous forme de renforcement des prérogatives des conférences épiscopales). Si on écoute celui-ci on voit très bien vers quoi il veut aller, et ce n'est pas la direction montrée par Pell, Sarah, Chaput et les autres. Ceux-là, ce sont ceux dont les coeurs durs ont été mis à nu à l'occasion du synode, pour reprendre l'expression de l'effarant discours de clôture qu'on a de la peine à considérer comme l'expression d'un pape.
Écrit par : B.S. | lundi, 26 octobre 2015
Il ne faut pas lire les textes de l'Eglise comme en politique ... Ce texte qui n'a pas de valeur normative exprime que l'Eglise est une communion. La majorité des deux tiers est un signe que la vérité salvatrice s'y trouve. Je trouve extraordinaire comment l'Eglise fonctionne. A travers les fragilités de tous, la foi passe... C'est prodigieux ! Attendons le texte du Pape, avec grande confiance.
Écrit par : Don Dom | lundi, 26 octobre 2015
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