mercredi, 27 novembre 2013
Première exhortation apostolique du Pape médiatique
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle ne fait que peu de vagues médiatiques.
Le Monde - Le Figaro - Le Point - Euronews
- d'un côté le texte est très long et le Pape redit également ce qu'il a laissé entendre durant ses premiers mois de pontificat.
- de l'autre, les points polémiques (homosexualité, gender, mariage de personnes de mêmes sexes, communion des personnes divorcées remariées, contraception, mariage des prêtres, ordination des femmes ... ) ne sont guère présents.
Le texte n'offre pas de prise à la polémique. Pourtant le conflit reste un puissant vecteur médiatique. Le Pape, grand communicateur invite à parler positivement.
Enfin, Ecône semble visé frontalement:
Mondanité spirituelle:
.... le néo-pélagianisme autoréférentiel et prométhéen de ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique justement propre au passé.
C’est une présumée sécurité doctrinale ou disciplinaire qui donne lieu à un élitisme narcissique et autoritaire, où, au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres, et, au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle. Dans les deux cas, ni Jésus-Christ, ni les autres n’intéressent vraiment. Ce sont les manifestations d’un immanentisme anthropocentrique. Il n’est pas possible d’imaginer que de ces formes réductrices de christianisme, puisse surgir un authentique dynamisme évangélisateur.
Cette obscure mondanité se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment opposées mais avec la même prétention de “dominer l’espace de l’Église”. Dans certaines d’entre elles on note un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu et dans les besoins concrets de l’histoire ne les préoccupe. De cette façon la vie de l’Église se transforme en une pièce de musée, ou devient la propriété d’un petit nombre.
16:35 | Lien permanent | Commentaires (11) | | |
Commentaires
Bonjour,
Je comprends bien qu'il vous vienne à l'idée que "Ecône semble visé frontalement" en lisant le passage que vous citez ici.
Toutefois, en lisant un autre document: celui que vous avez cité juste avant, concernant le questionnaire alternatif, son contenu, le fait qu'il existe, et ce que cela exprime (par exemple de "non-écoute" de ce qu'on croit pouvoir saisir du projet du pape: dresser un état des lieux de ce qui est vécu et ressenti par les chrétiens pour mieux annoncer et vivre la foi ET PAS demander aux chrétiens leur avis pour en faire une nouvelle norme de la vie dans la foi)... Donc, considérant tout cela, ne pensez-vous pas que bien des communautés catholiques, implantées notamment dans les pays riches, devraient se sentir directement visées par le passage cité ici? Par exemple en Suisse, par exemple en France où, même si elle est moins riche matériellement que l'Eglise en Suisse, l'Eglise a très largement cultivé les travers que le passage met en relief: tirer des plans sur la comète, créer des structures et des formes d'expression liturgiques qui ne parlent qu'à un groupe d'initiés qui tirent une phénoménale prétention d'être 'tournés vers l'avenir et de marcher vers ta lumière" comme dit une chansonnette très prisée dans les groupes d'initiés, lesquels feraient indéniablement mieux - et nous avec - de se tourner vers la lumière de Dieu pour que l'avenir en soit éclairé; ce qu'essaye justement de faire le pape François qui, je le crains une fois encore, est beaucoup encensé mais peu écouté voire pris comme prétexte au développement de projets alternatifs.
Sincères salutations.
Écrit par : C.J. | mercredi, 27 novembre 2013
Vrai que parfois les extrêmes se touchent. Mais là, très honnêtement, je ne pense pas. Certes, le Pape François est filtré et déformé à son tour, mais par d'autres. Vrai aussi qu'il invite à une décentralisation, mais de l'Europe.... qui par le gallicanisme et le complexe anti-romain ne correspond pas au catholicisme d'Amérique du Sud. N'oublions pas que le Pape est d'une autre culture que les Papes précédents, et en ce sens votre tentative est assez bonne, bien qu'elle ne touche pas le thème d'Ecône.
Écrit par : Dominique Fabien | mercredi, 27 novembre 2013
Malheureusement, je crains que le pape vise réellement la frange tradi de l'Église, sous les espèces d'une caricature assez mordante mais aussi assez étrange. Le nom de Pelage est associé à l'erreur qui consiste à tenir que l'homme peut vouloir efficacement s'abstenir de pécher, et se sauver lui même sans le secours de la grâce, par son libre arbitre. Or, ce point conviendrait mille fois mieux aux progressistes optimistes de tous poils qu'aux tradis qui a la rigueur sont plus en danger de sombrer parfois, en France du moins, dans un augustinisme jansénisant, mais qui dans l'ensemble sont particulièrement équilibrés doctrinalement par la fréquentation du magistère autorisé, des meilleurs auteurs thomistes et de Saint Thomas lui même.
Si être neopélagien de nos jours c'est rappeler que du côté de l'homme l'accueil de la grâce du salut et de la miséricorde n'est pas un automatisme involontaire et ne va pas sans impliquer une certaine conversion des mœurs, je crois devoir dire que l'Église a été neopélagienne depuis ses origines jusqu'au printemps de l'an de grâce 2013.
Écrit par : ph. martin | jeudi, 28 novembre 2013
Aussi, lorsque l'Eglise se referme sur elle-même elle tombe malade. Sortons de nos conflits et évangélisons. Le Pape a le droit d'inviter une certaine frange à la conversion, il est le Bon Pasteur sur terre.
Écrit par : Don Dom | jeudi, 28 novembre 2013
Bonjour,
Je ne sais pas si le pape "vise" précisément un groupe quand il rédige un texte de portée universelle. Je pense qu'il s'adresse à tous et à chacun, aussi bien à ceux dont le groupe peut venir à l'esprit quand on lit tel passage qu'à ceux dont le groupe vient moins rapidement à l'esprit sous prétexte que le pape aurait des amitiés progressistes. Je pense que tout le monde "en prend pour son grade" et que c'est très bien comme ça; je ne fréquente pas les traditionnalistes mais je suis certain qu'ils ont autant besoin d'être "renouvelés" que ceux qui se croient à la pointe et qui, personnellement, me "saoulent" depuis x années et qui, même s'ils essayent de récupérer le pape, fanfaronnent beaucoup moins qu'avant parce qu'ils vieillissent, parce que leur public s'amenuise et change en devenant plus critique vis à vis de leurs recettes pastorales qui ont généré tant d'échecs justement à cause de choses qui correspondent aux "critiques" émises par le pape dans le texte dont on parle ici. D'ailleurs, si l'on regarde un autre passage, évoqué aussi sur ce site, et qui s'intéresse au rôle des laïcs tout en s'inquiétant de leur éventuelle cléricalisation, je ne pense pas qu'on puisse beaucoup l'imputer aux tradis mais bien davantage à leurs vis à vis progressistes à l'endroit de qui des critiques s'élèvent dans le "peuple" chrétien dans beaucoup d'endroits que je connais. Critiques pas exprimées de manière idéologico-combative (les tradis contre les progressistes) mais très concrètement par des chrétiens, par exemple lorsqu'ils disent leur déception au sujet d'une catéchèse trop alambiquée, au sujet de telle organisation paroissiale bâtie sur les a priori de personnes qui s'imaginent proches d'un terrain qu'elles ne connaissent pas... Or je ne serais pas surpris que le pape soit avisé de toutes ces choses concrètes, pas par magie mais en raison d'une manière d'écouter qu'il a développée depuis x années et qui donne des résultats assez comparables de part et d'autre des océans même si la vie de l'Eglise y connaît des différences. C'est ce que j'ai retenu de la lecture du livre-témoignage d'un prêtre de l'Opus Dei, lequel est un ami du pape et qui présente l'histoire de cette amitié aussi bien que "le fonctionnement" de l'ex-cardinal Bergoglio devenu pape François. Quant au questionnaire en question depuis quelques temps, si je puis dire, l'auteur du livre en explique le processus lorsqu'il en vient à parler des méthodes pastorales du cardinal Bergoglio; les questionnaires de ce type font penser à un relooking intelligent, ni tradi ni progressiste, des enquêtes pastorales de jadis.
Voici les références du livre: "Le Pape François, les clés de sa pensée", de Mariano Fazio, éditions Le Laurier, 11 euros.
Sincères salutations.
Écrit par : C.J. | jeudi, 28 novembre 2013
Merci d'avoir citer l'excellent livre de Mariano Fazio, qui est très instructif et nous aide à comprendre notre Saint Père. Grand merci
Écrit par : Dominique Fabien | jeudi, 28 novembre 2013
Évidemment que le pape vise la Fsspx. Depuis de nombreux mois il gesticule dans tous les sens, donne des interviews souvent ambiguës, parfois scandaleuses, se rétracte, attaque à demi-mot Benoît XVI, prend des mesures contraires au motu proprio de 2007, puis en fait l'éloge...dans son exhortation apostolique il semble en fait aussi peu connaître le milieu Traditionaliste que l'islam dont il ose dire " le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence ", tout cela devient pathétique et grotesque.
Écrit par : Marc | vendredi, 29 novembre 2013
C'est une interprétation de pontificat de François, qui ensuite devient votre réalité. Or, le Pape peut s'exprimer tout de même ? Sans pour autant que tout ses mots soient d'autorité absolue. Il y a des degrés... Ensuite: donnez moi les phrases, la source des attaques à demi-mot contre le Pape Benoît XVI ? des exemples ? Les mesures contraires au Motu Proprio ? lesquelles ? Quant à l'islam, il est multiple, car l'islam n'existe pas, il y a des islams, car l'unité n'existe pas chez eux. Aussi, vous voudriez entrer en conflit violent avec le monde de l'islam ? La prudence, la non-provocation, l'exigence de la liberté religieuse sont cruciaux. Merci dès lors de me donner des sources à vos affirmations, car la lecture de ce pontificat en est fausée .
Écrit par : Don Dom | vendredi, 29 novembre 2013
Quelques rappels pour vous rafraichir la mémoire.
Sur la question liturgique, le pape François a interdit à la congrégation des religieux franciscains de l'Immaculée de célébrer la messe selon le rite ancien, ce qui constitue une authentique restriction à la liberté de célébrer reconnue par le motu proprio. J’ajoute que le pape François, dans "La Civiltà Cattolica" en qualifiant la libéralisation de l’usage du rite tridentin de simple "choix prudentiel lié à l’aide apportée à des personnes qui avaient cette sensibilité particulière" a totalement déformé la perspective de Benoît XVI qui espérait que "les deux formes d’utilisation du rite romain puissent s’enrichir réciproquement".
Quand il affirme, ensuite, à Scalfari : « Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Vatican II, inspiré par le pape Jean et par Paul VI, a décidé de regarder l’avenir avec un esprit moderne et d’ouvrir à la culture moderne. Les pères conciliaires savaient qu’ouvrir à la culture moderne voulait dire œcuménisme religieux et dialogue avec les incroyants. Depuis ce moment-là, très peu a été fait dans cette direction. J’ai l’humilité et l’ambition de vouloir le faire ». Le pape de l’humilité ne se gonfle-t-il pas d’orgueil sur le dos de ses prédécesseurs? Car enfin, autant Jean Paul II que Benoît XVI, les papes d’Assise I à IV, des visites dans les synagogues, dans les mosquées, les papes qui ont prétendu avoir intégré la culture révolutionnaire libérale à la doctrine de l’Eglise et ont clamé partout leur passion pour les droits de l’homme ont-ils si peu fait ? Mais il est vrai que dans le camp révolutionnaire, les Girondins vivent toujours sous la menace des humeurs de la Montagne.
Cette dernière citation du pape François témoigne en plus d’une rupture profonde avec la perception du monde moderne de Jean Paul II et Benoît XVI. Car Jean Paul II et Benoîi XVI avaient compris que nous nous situions à un tournant anthropologique et qu’il fallait combattre pied à pied les offensives de la culture de mort. Or que n’a pas dit le pape François pour décrier ceux qui sont en première ligne de ce combat, les accusant d’être des « obsédés » ?
Et je ne vous parle pas des horreurs sur la subjectivité de la conscience que le pape à dites et que jamais Jean Paul II ou Benoît XVI n’auraient pu soutenir.
Écrit par : Marc | mercredi, 04 décembre 2013
Donc oui je maintiens...lorsque le pape dit que le véritable islam s'oppose à la violence alors que le Coran et la vie du "prophète" transpirent la violence il ne sait pas de quoi il parle et ferait mieux de se taire par respect pour tous les chrétiens victimes de cette violence, de même il ferait mieux de se taire quand il parle de la prétendue mondanité spirituelle de la Fsspx, car il ne sait pas là non plus de quoi il parle.
en fait c'est en pape du silence que devrait se muer ce pape pour le bien de l'Eglise.
Écrit par : Marc | mercredi, 04 décembre 2013
L'interview avec Scalfari ne reprend pas exactement les propos du Pape; le journaliste l'a reconnu. C'est une reconstruction subjective. Aussi grande prudence.
Quant à la forme extraordinaire, il suffit de lire son message à la Fraternité Saint-Pierre pour se rendre compte qu'il continue sur la même ligne. Le Pape est fils de l'Eglise.... Enfin, Benoît XVI n'est pas exactement celui que vous voulez présenter. Il suffit de lire et relire ses oeuvres complètes, notamment sur le premier volume consacré à la liturgie.
Écrit par : Don Dom | mercredi, 04 décembre 2013
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