dimanche, 15 septembre 2013
Le célibat et la marotte
Une petite définition d'une marotte:
Idée fixe, opinion, sentiment dont on s’est engoué, qu’on adapte à toutes les circonstances et dont on ne cesse de parler: Elle parle de musique sans arrêt, c’est sa marotte. - Ce sujet est revenu dix fois dans sa conversation : c’est sa marotte
Dans le langage journalistique, on parle de marronnier, un thème récurent qui revient en fonction des saisons.
Dans l'argot journalistique, le marronier est un sujet qui revient de façon cyclique au fil des saisons (comme les feuilles des arbres). Exemples : les prix de l'immoblier, la rentrée des classes, le salaire des cadres, etc.
Dans nos conversations, le célibat des prêtres est une marotte; dans les médias, le célibat des prêtres est un marronnier.
Changement de Pape, changement de marronnier ?
Depuis l'élection du nouveau Pape François, presque toutes ses interventions sont jaugées en fonction de l'hyper conservateur (idée fixe) Benoît XVI, Joseph Ratzinger, gardien du dogme depuis les années 80 et Pape de triste mémoire pour à peu près l'ensemble des médias. Aussi, le Pape François est-il progressiste ? Va-t-il enfin changer ce catholicisme, certes attirant, mais tellement ringard sur la morale ? sur la sexualité ? sur l'homosexualité ?
L'homosexualité
Les propos sur l'homosexualité du Pape François dans l'avion de retour de la JMJ de Rio sont simplifiés en "qui suis-je pour juger une personne homosexuelle" alors que ces propos disent: " Qui suis-je pour juger une personne homosexuelle de bonne volonté qui cherche le Seigneur ? "
Joseph Ratzinger, Benoît XVI n'aurait pas dit autre chose. Mais l'effet est là. Médiatiquement, la tension entre le catholicisme et l'homosexualité est nettement moindre. Je pense que le Pape doit prendre des cours de media training avec son conseiller en communication. Il a le sens de la communication, dire la même chose, mais autrement.
Le dogme: pas de dogme
Le changement de Secrétaire d'Etat fait office de changement de saison, temps propice pour voir si l'Eglise va enfin changer sur le célibat des prêtres. Les propos parfaitement catholiques du nouveau secrétaire d'Etat, Mgr Parolin, semble une nouveauté, alors qu'il s'agit exactement de l'enseignement classique de l'Eglise sur le célibat.
Cela n'est pas un dogme (remarquons qu'il est pourtant permis de discuter sur un dogme). Mais pour l'ambiance relativiste, sorte de dictature de la pensée, une vérité semble empêcher la discussion, et donc un dogme encore bien davantage. Pourtant un dogme, tel que l'Immaculée Conception ou l'Assomption, est un fenêtre ouverte sur l'infini, qui ouvre vers un mystère tellement grand, que l'on n'en fera jamais le tour.
Le relativisme affirme, tel un dogme, qu'il n'y a pas de vérité. C'est le dogme absolu: il n'y a pas de dogme. Ainsi, le célibat, qui n'est effectivement pas un dogme, peut être discuté, donc revu et changé. La vérité est dans le changement.
Or, Mgr Parolin n'a pas dit que le célibat des prêtres allait tomber, que cela allait changer. Il a simplement rappeler que cet appel, cette vocation et cette réalité du célibat, qui vient du Christ qui lui-même était célibataire, a été gardée par l'Eglise au long histoire. L'Eglise a toujours eu comme pratique, non pas de marier les prêtres, mais d'ordonner parfois des hommes mariés. En cela, l'histoire, soumis au changement, intervient.
Finalement, dès qu'un nouveau Pape arrive, dès qu'un changement de poste se profile, le célibat est bien l'une des thèmes, l'idée fixe, la marotte qui détermine le climat médiatique. C'est le marronnier qui revient à chaque saison.
La marotte: les deux Papes sont en rupture ?
Parce que avant toute chose, l'idée fixe est celle d'un soupçon de rupture entre les deux papes. Changement de style, certainement; changement de personnalité, assurément; mais changement de foi, d'Eglise et d'enseignement ? pas vraiment ou vraiment pas. Des sites qui aidaient à comprendre le Pape Benoît XVI versent malheureusement du côté d'une certaine rupture. Mais le christianisme n'est pas un programme politique, le Pape n'est pas un élu politique, mais le vicaire du Christ, le représentant d'un Autre. Et le Pape actuel ne doit pas être compris seulement avec nos critères culturels occidentaux. Il est d'Amérique du Sud.
Le fonctionnement médiatique, qui fonctionne pas contraste, se borne à comparer les deux Papes, en sautant sur la moindre petite phrase, afin de prouver la révolution, le changement de saison, passant de l'hiver glacial de Benoît XVI au doux printemps du Pape François. Pourtant, l'Eglise traverse toutes les saisons de l'histoire, avec différentes couleurs et aspects extérieurs, mais elle reste la même, comme un marronnier, avec une marotte, une personne fixe: le Christ.
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