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lundi, 08 juillet 2013

Le Pape à Lampedusa: le sang du Christ se mêle au bois de la croix

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le calice avec lequel le Pape a célébré la messe étaient réalisés avec du bois récupéré sur des embarcations de migrants.

Vatican - le 08/07/2013 à 11:47:00 Agence I.Media

Immigration : A Lampedusa, le pape François dénonce avec force la “mondialisation de l’indifférence“.

Face au drame de l’immigration, “nul ne se sent responsable“ du sang versé, a déploré le pape François avec force lors de son premier déplacement en Italie, le 8 juillet 2013 sur l’île de Lampedusa, point de chute de milliers de migrants désireux de tenter leur chance en Europe. Au cours de la messe qu’il célébrait sur un terrain de sport de Lampedusa en présence de plusieurs habitants et immigrés africains, le pape a dénoncé la “mondialisation de l’indifférence“ et s’en est pris aux passeurs pour qui “la pauvreté des autres“ est “une source de profit“. Il a également salué plusieurs immigrés musulmans, à quelques heures du début du jeûne du Ramadan.

C’est en des termes particulièrement sévères que le pape François a évoqué l’indifférence des sociétés occidentales face aux tragédies subies par les candidats à l’émigration, cherchant à “réveiller les consciences pour que ce qui est arrivé ne se répète pas“. “Le rêve de puissance (…) mène à un enchaînement d’erreurs qui est un enchaînement de mort et mène à verser le sang de nos frères !“, a dénoncé le pape qui a confié avoir décidé de venir à Lampedusa après avoir entendu parler d’un naufrage resté comme “une épine“ dans son cœur.

“Beaucoup d’entre nous, moi compris, sommes désorientés, nous ne sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons“, a encore relevé le souverain pontife. “Et quand cette désorientation passe au niveau mondial, a-t-il poursuivi, on en arrive à des tragédies comme celle à laquelle nous avons assisté“. “S’il vous plaît, a alors lancé le pape, que cela ne se répète pas !“

Mondialisation de l’indifférence

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“Où est ton frère ?“, a demandé le pape aux quelque 10 000 fidèles présents en citant la question que Dieu adresse à Caïn qui vient de tuer son frère Abel, dans le livre de la Genèse. “Cette question n’est pas adressée à d’autres, mais à moi, à toi, à chacun d’entre nous“, a-t-il poursuivi. Et d’insister : “Ces frères et ces sœurs cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix, ils cherchaient un endroit meilleur pour eux et leur famille, mais ils ont trouvé la mort. Combien de fois ceux qui cherchent cela ne trouvent pas la compréhension, l’accueil, la solidarité ! Leur voix crie vers Dieu !“

“Qui est responsable de ce sang ?“, s’est encore exclamé le pape. “Tous et personne ! Nous répondons tous de cette façon : pas moi, je n’ai rien à voir avec cela“, a-t-il regretté, avant d’ajouter : “Aujourd’hui, nul ne se sent responsable de cela, nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle, nous sommes tombés dans l’attitude hypocrite du prêtre ou du servant d’autel dont parle Jésus dans la parabole du Bon Samaritain“.

“La culture du bien-être nous mène à penser à nous-mêmes, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans une bulle“, a encore déploré le pape avant de dénoncer à plusieurs reprises “la mondialisation de l’indifférence“. Et le pape d’ajouter : “Nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, elle ne nous concerne pas, elle ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire !“

Vœux de Ramadan

Au cours de cette homélie aux accents forts, le pape est plusieurs fois sorti de son texte, entre autres pour fustiger les passeurs. Revenant sur sa rencontre, un peu plus tôt, avec un groupe d’immigrés récemment débarqués à Lampedusa, il a rappelé qu’ils étaient “passés entre les mains des trafiquants, ceux qui profitent de la pauvreté des autres, ceux pour qui la pauvreté des autres est une source de profit“.

Le pape François a également demandé davantage de compassion envers les immigrés, soulignant que notre société “a oublié l’expérience des pleurs“. “Demandons au Seigneur de pleurer sur notre indifférence, sur la cruauté qui se trouve dans le monde, en nous et en ceux qui dans l’anonymat prennent les décisions socio-économiques qui ouvrent la voie à de tels drames“, a ajouté le souverain pontife.

Au cours de l’homélie, le pape François a adressé un salut particulier aux immigrés musulmans présents, alors que le jeûne du Ramadan est sur le point de commencer. “L’Eglise est proche de vous dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles“, a-t-il assuré. Il a aussi remercié les habitants de Lampedusa pour leur “solidarité“.
 
Avant de conclure la messe, le pape a tenu a remercier les habitants du lieu pour leur “exemple d’amour, de charité et d’accueil“. “L’évêque (Mgr Montenegro, ndlr) a dit que Lampedusa était un phare“, a poursuivi le pape en improvisant, souhaitant que l'île située entre l'Italie et l'Afrique du Nord “soit un phare pour le monde“, afin que tous “aient le courage d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure“.

Le pape François a célébré en chasuble violette cette “messe pour la rémission des péchés“, en mémoire des victimes de l’immigration. L’autel était placé dans une barque et le bâton pastoral du pape ainsi que le calice avec lequel il a célébré la messe étaient réalisés avec du bois récupéré sur des embarcations de migrants.

Au cours de sa toute première visite en Italie, très forte en symboles, le pape n’a pas souhaité que les autorités civiles et politiques l’accompagnent, au-delà du strict minimum. C’est ainsi qu’il était seulement entouré de l’évêque d’Agrigente, Mgr Francesco Montenegro, et du maire de Lampedusa, Giusi Nicolini.

MM/AMI

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