vendredi, 07 juin 2013
Succession de Mgr Brunner: une surprise au rendez-vous ?
Séquence humour avec l'abbé Philippe Aymon
DEMISSION DE MGR BRUNNER
© Sabine PAPILLOUD
06 Juin 2013
Quel évêque et quelle Eglise pour le Valais de demain?
Le pape François a donc pris en considération la renonciation de l'évêque de Sion à exercer sa charge. La succession d'un évêque est chose complexe, secrète, et elle tient compte de nombreux facteurs. Notre enquête.
Un évêque s'en va. Un autre arrive. Et c'est souvent dans un diocèse, l'essence même de l'Eglise et de la communauté des croyants qui change, davantage même que le simple visage du berger. Les règles de nomination des évêques dans l'Eglise latine sont établies par le code de droit canonique de 1983 (c. 377-378).
Le rôle du nonce apostolique en Suisse
Au commencement, il y a dans le cas qui nous occupe aujourd'hui ce croisement entre la ma foi bien nommée Kirchenfeldstrasse et l'Elfen strasse à Berne: soit le siège de la nonciature apostolique, occupé depuis deux ans par un brillant diplomate italien, Mgr Diego Causero, 73 ans, polyglotte, homme de culture, avec de solides antennes dans toutes les régions de Suisse. Il y a de longues semaines déjà, alors que Mgr Brunner venait de timbrer sa lettre au Saint-Siège, où elle fut mise en attente, Mgr Causero eut donc la lourde tâche de rédiger la "terna", cette liste de trois noms d'"épiscopables" soumise à Rome.
Consultations
Pour ce faire, il a suivi l'étroit couloir canonique qui encadre la nomination de tout évêque. Il a consulté le président de la Conférence des évêques suisses, l'évêque en partance (qui peut ou non compléter la liste en son nom propre), voire le chapitre de la cathédrale où trône cet évêque, sans oublier diverses personnalités remarquables de l'Eglise suisse: pères abbés, théologiens, prêtres aux mérites reconnus de tous, laïcs de poids engagés aux côtés de l'Eglise. Parfois, diplomatie vaticane oblige, le nonce n'hésitera pas à nouer des contacts discrets avec le gouvernement pour déjouer d'éventuels pièges politiques. "Compte tenu des problèmes historiques de notre Conférence des évêques avec le diocèse de Coire ou avec la Fraternité Saint-Pie X d'Ecône, gageons que Mgr Causero ne s'est pas privé de telles consultations!" , nous chuchotait hier un des plus hauts prélats de ce pays.
Le pape décide
Parvenue à Rome, la "terna" est enfin examinée par le président de la Congrégation pour les évêques - qui la retourne parfois à la nonciature (pour étoffer les CV) - avant de la soumettre aux membres de son dicastère pour départager les trois noms. Généralement, le pape se contente in fine d'entériner le vote des membres de la Congrégations pour les évêques, mais il lui arrive, notamment lorsqu'il ignore tout des noms qu'on lui susurre, qu'il demande à la Congrégation de lui trouver des princes de l'Eglise qui lui seraient plus familiers. Si tel était le cas aujourd'hui, ce serait ainsi à la demande du pape François que Diego Causero devrait compléter personnellement l'enquête et auditionner les candidats. A notre connaissance, le nonce en Suisse aurait d'ores et déjà reçu deux des "épiscopables" pour le diocèse de Sion.
Les "épiscopables"
Quels sont les trois noms qui figurent aujourd'hui sur la "terna" transmise par le nonce au Vatican? Deux sont certains, pour les responsables ecclésiaux que nous avons contactés: l'abbé Pierre-Yves Maillard, directeur de notre séminaire diocésain à Fribourg; et le Père Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein à Epinassey. Soit un homme de consensus jugé trop terne par certains, et un réformateur au charisme dérangeant pour d'autres.
Deux autres noms sont régulièrement cités: le dominicain et théologien Gilles Emery (qu'on dit de santé très fra- gile), et son collègue profes- seur à Fribourg François-Xavier Amherdt, connu du grand public pour sa passion de l'arbitrage qu'il a pratiqué à un haut niveau dans le football.
Et un non-Valaisan?
A noter qu'une surprise est toujours possible, avec le parachutage d'un évêque non valaisan, puisque le diocèse de Sion ne bénéficie pas, comme celui du Tessin, d'un concordat avec le Vatican, qui lui garantit la nomination d'un évêque du cru. En revanche, la tradition des relations Sion-Rome laisse peu de chance à ce scénario. Historiquement, le Saint-Siège écrivit même au Gouvernement valaisan, le 30 décembre 1918, "qu'il prendrait soin de ne pas élire un évêque qui n'aurait pas l'agrément du(dit) gouvernement" . Réponse imminente, puisque le pape François a pris l'habitude depuis son accession au trône de Pierre d'effectuer la plupart des nominations en une semaine, montre en main.
Par Jean-François FOURNIER, REDACTEUR EN CHEF
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